Malthar Xoraq est né dans une riche famille estivienne de Tête d’Ebène, troisième enfant d’une longue lignée d’artisans connus pour leurs arcs en orcoeur, un bois très rare qui fait la fierté des Iles d’Eté et est considéré comme un trésor traditionnel. Fournisseurs exclusifs du prince de Jhala, le plus puissant des princes estiviens, les Xoraq occupaient une place de plus en plus prépondérante au sein de sa cour, qui leur attira bien des jalousies.
Le jeune Malthar révéla cependant des aptitudes toutes autres très vite. Irrésistiblement attiré par la mer et ses embruns, excellent nageur, fier navigateur, conscient également de ne pas avoir les qualités pour rivaliser avec ses autres frères et sœurs pour aider au commerce familial, il s’engagea à quinze ans comme matelot sur l’un des célèbres bateaux-cygnes des Iles d’Eté, réputés pour être les navires les plus rapides du monde connu, au service d’une compagnie commerciale qui avait commencé à s’implanter en Essos. Pendant des années, il gravit les échelons, jusqu’à obtenir de commander son propre navire. Il a parcouru les murs jusqu’en Ibben, découvrant les côtes sud de Westeros, longeant celles hantées de Sothoryos, et poussant jusqu’à Andalos.
Ce fut là qu’il rencontra sa première épouse, la fille d’un orfèvre. Le coup de foudre fut immédiat, le succès de l’union auprès de la belle-famille beaucoup moins. Bon gré mal gré, car le paternel n’était pas mauvais bougre, et parce que le prétendant offrait un vrai pont d’or pour contracter mariage selon les coutumes andales, les tourtereaux purent convoler.
Le bonheur fut de courte durée. Arrivée dans les Iles d’Eté, l’aimée enceinte contracta une maladie pulmonaire et mourut peu de temps après avoir donné naissance à un fils, le premier de Malthar, la prunelle de ses yeux. Ebranlé par le deuil, il repartit vite sur les flots, confiant cet enfant à la double ascendance à l’une de ses sœurs. Capitaine intrépidité, explorateur vaillant, négociateur habile, il fit la fortune de ses employeurs, et bientôt la sienne, au point de fonder sa propre compagnie commerciale. Il parvint même en Yi-Ti et réussit, fait exceptionnel pour un étranger, à arracher un accord pour vendre de la soie. Extrêmement lucratif, ce négoce acheva de le rendre riche.
Quand il revint enfin à Jhala, celui qui était surnommé « Trompe-les-flots », devenu presque une légende parmi les siens, chercha à s’établir plus sereinement et à renouer avec son fils, qui avait désormais bien grandi. Le Prince, en difficulté financière, lui proposa sa sœur en mariage contre un renflouement financier important. L’affaire fut conclue, et les nouveaux mariés apprirent à se connaître, et aussi à connaître les amants et amantes de chacun, comme il était normal dans les Iles d’Eté. Son épouse avait trois enfants de deux amants, qu’il accueillit comme les siens. Lui-même avait semé quelques gamins au gré de ses voyages, et la famille continua de s’agrandir avec les deux filles qu’elle lui donna, et celle qu’il eut d’une jeune fille de la cour, passion éphémère mais sincère.
Personnage puissant, il se plaça comme le choix le plus raisonné quand les différents princes des Iles d’Eté s’accordèrent pour nommer un ambassadeur commun à Valyria, constatant les liens commerciaux grandissants et prospères avec la République, ainsi que sa force de plus en plus évidente. En conflit larvé avec les ghiscaris depuis des siècles, les estiviens voyaient là le moyen idéal de bénéficier d’un appui … voire d’un état-tampon fort utile. Or, Malthar avait déjà été à de nombreuses reprises dans la péninsule, et connaissaient de nombreuses familles occupant de solides places parmi les guildes commerçantes et au Sénat. Il était tout désigné. L’aventure le tentait.
Contrairement à d’autres ambassadeurs, les mœurs valyriennes ne heurtèrent guère le placide Malthar. Leur libéralité sexuelle faisait écho aux coutumes estiviennes, et si leurs mariages incestueux le laissaient perplexe, il s’intégra sans mal aux cérémonies de la haute-société valyrienne, y brillant autant par sa verve et ses histoires de vieux loup de mer que par sa séduction tranquille.
Quand Valyria déclara la guerre à l’Empire Ghiscari, il y vit l’occasion tant attendue par son peuple, et s’employa autant que possible à soutenir la République, en négociant discrètement des exportations d’armes et autres biens. La victoire des valyriens le ravit. Quant à l’importation de l’esclavage, ma foi, tant qu’il restait circonscrit à la péninsule …
Le Grand Effondrement fut cependant une épreuve douloureuse, puisque sa femme n’y survécut pas, ce qui manqua créer une crise diplomatique de grande ampleur avec Jhala, et par extension l’ensemble des Iles d’Eté. Ironie atroce, Malthar a conscience qu’il doit apaiser au plus vite les tensions entre son beau-frère et le Sénat valyrien, alors qu’il est le veuf endeuillé. Mais il a conscience que les Iles d’Eté ont besoin de Valyria, et son sens du devoir le pousse à demeurer ce roc inflexible qu’il a toujours été.
Le meurtre de Lucerys Arlaeron par ce qui est attesté comme une arbalète ghiscarie a renforcé la certitude de Malthar qu'une alliance est possible avec Valyria. Bien qu'il est démarché par les Bleus qui souhaitent une alliance avec les Iles d'Été pour décourager Ghis d'attaquer, il soutient les Rouges car il souhaite une guerre contre la Harpie.
- Chronologie de Malthar Xoraq depuis le Triomphe de Valyria:
• An 1066, mois 5 : Grand Effondrement à Valyria. Malthar perd son épouse dans la catastrophe et doit apaiser au plus vite les tensions entre les Iles d’Été et les Valyriens.
• An 1066, fin du mois 9 : Rêve de Caraxes. De part l'importance de l'événement, Malthar a pu être présent. Comme les autres spectateurs, il a assisté à la mort de l'ambassadeur Andal Hugor Arryn.
• An 1066, mois 12 : Rapprochement de Ghis et d'Andalos en termes politiques. Cette nouvelle peut inquiéter Malthar, Ghis pratiquant un certain nombre de raids sur les Iles d’Été pour obtenir des esclaves.
Malthar soutient la faction belliciste et militariste des Rouges.