Le chemin pour revenir jusque dans le quartier marchand et la rue qui abritait la boutique de son maître, fut bien plus aisé qu’à l’aller. Le chariot était plus léger à conduire mais surtout il n’y avait plus cette crainte du moindre vol, bousculade mais surtout nid-de-poule qui pouvait mettre à mal le bon déroulement de la livraison. Le natif de Volantis jeta un coup d’œil à son frère à son côté qui tenait les rennes de la brave monture qui tirait le chariot et les transportait dans le même temps. Il prit une grande inspiration lorsqu’ils entèrent enfin dans ce quartier qui était devenu le leur et son regard se porta devant eux tandis que peu à peu Jacaerys faisait ralentir le cheval à mesure que la foule s’amassait devant eux. Si durant plusieurs battements de cœur le volantin ne s’en alarma pas, il était courant que les rues du quartier des marchands soient remplies de vie, le doute l’envahit lorsqu’il constata que la foule s’agglutinait devant la boutique de leur maître. Que se passait-il ? Garaevon se leva du banc de bois à l’avant du chariot et tentant de voir de quoi il retournait, les commentaires allaient de bon train lui faisant ainsi froncer les sourcils.
- Viens ! dit-il en empoignant son frère par la manche. Sans plus de cérémonie il sauta du chariot pour se précipiter vers la foule de curieux. Avec force il s’attela à pousser et écarter ceux qui lui barraient le chemin, il se faufila péniblement et lorsqu’il atteignit enfin l’entrée, il fut stoppé net par une vision qui lui brisa le cœur autant qu’elle le choqua. Parmi les bris de verre, se trouvait deux autres apprentis-verriers qui… soutenaient Hesella. Inquiet, il se précipita vers celle qu’il considérait comme sa deuxième mère en ce monde. Le robe d’un bleu céruléen était tâchée par le sang qui avait coulé de son arcade sourcilière, une de ses lèvres était entaillée et la marque d’un poing sur sa mâchoire était particulièrement bien visible. Alors qu’il venait la prendre dans ses bras, il sentait la colère s’emparer de son âme et lui intimer l’ordre de partir à la recherche des voleurs qui avaient osé lever la main sur l’épouse du chef de la guilde.
- Que s’est-il passé ? demanda-t-elle avant de venir prendre avec délicatesse son visage entre ses mains. Peu importait qui ils étaient, ils paieraient pour ce qu’ils avaient commis.
- Trois hommes sont entrés avec la ferme intention de voler tout ce qu’ils pouvaient, elle a tenté de les en empêcher, elle en a griffé un sur la joue mais… commença l’un des apprentis sans toutefois terminer son explication, la vue qui s’offrait au volantin parlait d’elle-même. Son regard sombre se plongea dans celui un peu plus claire de la marchande tandis que se poitrine commençait à se soulever avec rapidité à mesure que l’adrénaline s’emparait de lui.
- N’y va pas, déclara-t-elle d’une voix éraillée. Elle avait beau avoir un sang inapte aux yeux de la société, elle savait anticiper ses pensées au point que Garaevon songeait parfois que les dieux avaient pu la doter d’une certaine clairvoyance. Il vint déposer un baiser sur son front avant de la laisser pour aller récupérer un des surins de l’atelier, on n’était jamais trop prudent, qu’il rangea sans son petit sac de cuir qu’il portait en bandoulière.
- Jacaerys emmène-la au Collège, dis que nous sommes liés à Saerelys Riahenor,lança-t-il quelques instants avant qu’il ne revienne dans la boutique où l’un des apprentis lui indiqua la direction que les voleurs avaient empruntés.
Sans plus tarder, il s’élança dans la rue aussi vite que l’engorgement des rues lui permettait. Le Quadrant est. Si le quartier marchand voyait ses rues être animées, le quartier du peuple était sans nul doute le plus peuplé de la ville et y vivaient tous ceux qui n’avait pas la possibilité de se loger dans les quartiers les plus élégant. Il courut, évita un maximum de personnes mais le drame survint quand il renversa une femme et tomba avec elle.
- Oh je suis terriblement navré, ma dame… mage, dit-il en se relevant aussi vite qu’il pouvait, alors que la douleur se diffusait dans sa hanche et son bras, avant d’aider la femme qu’il reconnut être une mage de part sa tenue, sensiblement similaire à celle que pouvait porter Saerelys. Je cherche trois voleurs, un a été griffé à la joue, les as-tu vus ?