An 1066, mois 12

L'an de grâce 1066 touche à sa fin.

Trois mois ont passé depuis le Rêve de Caraxes et ses conséquences se font encore ressentir dans une capitale valyrienne plus vibrante que jamais. Après des mois et des mois d'anticipation, la fameuse élection est enfin arrivée. Valyria s'est revêtue de ses plus beaux atours alors que les grands candidats à la succession d'Arraxios Maerion déploient des trésors de faste pour ravir l'approbation du peuple. Bientôt, une nouvelle Lumière de Sagesse rejoindra les Cinq pour guider Valyria et son peuple vers l'avenir glorieux qu'ils méritent. A moins qu'Arraxios Maerion ne parvienne à conserver son siège : nombreux sont ceux qui parient sur une amère fin de règne pour le candidat des religieux, mais les connaisseurs savent qu'une élection valyrienne n'est jamais décidée avant que chaque vote ne soit donné.

Et bien qu'attentive à ce qui se passe à l'intérieur de ses frontière, Valyria ferait bien de ne pas négliger l'extérieur. Furieux de la mort accidentelle dans des circonstances affreuses de son frère, le roi Darreth d'Andalos a appelé à la plus grande hostilité envers les "fornicateurs de démons" de Valyria. Les Andals sont un peuple distant de Valyria mais profondément religieux et fier. Par la voix de leur clergé organisé, la fureur contre les Valyriens se propage comme une trainée de poudre dans tout l'Ouest d'Essos, là où les territoires vastes et peu revendiqué offriraient pourtant des sites prometteurs à coloniser. Malgré l'hostilité inhérente entre les cités-états de la Rhoyne et l'Empire de Ghis, des informations font état de plus en plus de galères de la Harpie remontant le long fleuve jusqu'à ses plus fins affluents, frontalier d'Andalos. Certains murmurent qu'une coalition regroupant les Andals et les Ghiscaris pourrait bien être en train de se constituer. Dès lors, quelle position adopteraient les Rhoynars, eux qui abhorrent l'esclavage que les Valyriens ont adopté avec tant d'empressement ?

Beaucoup ont peine à croire que l'équilibre instauré par la signature de la paix entre Ghis et Valyria serait déjà menacé, dix mois à peine après son entrée en vigueur.

Pourtant, au sein des cercles de pouvoir valyriens, certains fidèles du puissant Lucerys Arlaeron militent ouvertement à propos d'un second conflit, pour terminer ce qui n'a pu être achevé lors du premier. Les Valyriens n'ont rien fait pour endiguer l'influence des militaristes sur le Sénat, et la possibilité d'une nouvelle guerre totale avec le Vieil Empire est bien plus proche que la plupart des enfants d'Arrax, noble comme indigent, l'imaginent. L'influent Œil d'Argent n'a encore pris aucune position publique ou officieuse, mais certains estiment que ces murmures qui parcourent Valyria sont de son œuvre, afin de prendre la température du soutien à une éventuelle nouvelle guerre contre Ghis.

Selon toute vraisemblance, chacun dans la cité risque de devoir se prononcer à ce sujet plus tôt qu'imaginé.