Le Rêve de Caraxes était terminé depuis un mois à présent et les faits qui s’étaient déroulés durant les célébrations restaient vifs, comme s’ils avaient été marqués au fer rouge dans la mémoire collective. Durant de nombreuses semaine les noms glorieux de ceux qui s’étaient distingués étaient passés sur toutes les lèvres, du Nord comme au Sud de la Péninsule, parmi le peuple comme parmi les nobles de la société. Il y avait eu ceux qui étaient rentrés d’une chasse périlleuse avec des trophées. Celles qui avaient participé à une chasse au trésor ou encore ceux qui s’étaient affrontés dans l’âpre bataille de Caraxes. Une liesse durant les premières heures de leur retour avant que dans les jours qui suivirent avant que la légèreté ne disparaisse au profit d’accusations. Si tout avait été accusé, un groupe en particulier avait attiré l’attention : les mages.
La nouvelle de l’ouverture d’une enquête avait ébranlé le Collège. Une ambiance étrange était alors née, régnant durant plusieurs jours avant que l’Archimage Valineon et Grande Inquisitrice pour le Conseil des Cinq n’accomplisse la rude mission d’interroger ses pairs. Créant ainsi encore plus d’agitation dans les rangs des confrères et consœurs de Mealys. Il ne lui avait pas été rare d’entendre certains parler des événements survenus lors du Rêve de Caraxes et spéculer sur leur origine mais les murmures avaient aussi résonné dans les couloirs du grand bâtiment du Quadran Sud. Tous s’étaient plus ou moins dévisagés, consciemment ou non, et tout cela été venu gripper les rouages parfaitement graissés du Collège. Déambuler dans les rues de la capitale s’était révélé moins agréable qu’à l’accoutumée sous les regards suspicieux ou les invectives et ce jusqu’à ce qu’un nom se révèle, un mage du Quatrième. Un mage talentueux au regard de son origine pauvre du Quadran Est et des habilités dont il avait fallu faire preuve pour dérégler le rituel tenu à Mhysa Faer.
Toute cette suspicion s’était arrêtée à sa mort mais de nombreuses questions restaient en suspens. Pour quelles raisons venir ainsi perturber des cérémonies sacrés ? Comment cela avait-il été monté pour que cela réussisse ? Mais surtout, y avait-il des complices et combien ? De nombreux valyriens se contentaient de la mort du jeune mage, du fait que l’enquête était désormais close. Après tout il fallait passer à autre chose, continuer à travailler, apprendre et former… mais il faudrait surtout rester vigilent sur les prochains rituels qui les mettraient à contribution.
Le Collège était un grand bâtiment qui était fonctionnel une fois les premiers jours de perdition définitivement éloignés tant il y avait de pièces, de couloirs. Les tours du bâtiment offraient une vue sur la ville tandis que les jardins permettaient d’obtenir des instants de paix bien loin des foules de la capitale. Après avoir scruté la cour principale, baignée de soleil, à la recherche d’un visage qu’elle appréciait de tout son cœur, Mealys l’avait traversée pour prendre le chemin qui la mènerait à la tour ouest du bâtiment. La tour était calme, les apprentis-mages étudiaient tandis que les mages vaquaient pour la plupart à leurs habituelles occupations ou bien à recopier leurs recherches au scriptorium. Parfait. Il s’agissait du moment idéal pour grimper au sommet et profiter d’un peu de solitude mais pour l’alchimiste ce calme lui était nécessaire pour discuter en toute sérénité, sans craindre la moindre interférence d’un confrère demandant son avis ou d’un novice nécessitant un pensum pour lui apprendre les valeurs du Collège. Alors que la mage montait les marches, elle laissait son esprit voguer vers l’apaisement tandis qu’elle se laissait écouter le bruit de ses sandales sur la pierre taillée.
Il ne lui fallut guère beaucoup de temps avant que la dernière marche soit gravie et que ses yeux d’un violet zinzolin ne se posent sur une Saerelys qui regardait par la grande fenêtre ce qu’il se passait au loin. Sans le moindre mot, un fin sourire venant étirer ses lèvres, Mealys plongea sa main dans son sac pour en sortir deux prunes purpurines et un morceau de tissus dont elle se servit pour retirer la fine couche de pruine qui recouvrait les deux fruits. Elle s’avança puis posant délicatement l’une des prunes devant la jeune femme, l’alchimiste mordit dans la seconde avant de venir s’accouder sur le rebord de la fenêtre. La prune était rafraîchissante, sucrée et sûre à la fois. Il s’agissait probablement d’un des fruits préférés de Mealys qui aimait tout autant les manger ainsi ou bien lorsqu’elle était havies par les flammes
-Le vois-tu aujourd’hui ? demanda-t-elle alors que ses yeux suivaient les mouvements des différents dragons qui volaient haut dans le ciel dégagé.