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Beati pauperes spiritu.Maesella Nohgaris.

Temple de Vermax de Mhysa Faer & Mois 10, an 1066.

Elle le revoyait toujours.


Encore et toujours, inlassablement. Les tempes douloureuses, le cœur au bord des lèvres. Une vision qui tournait dans ses pensées, comme une odieuse pièce de théâtre dont elle était encore et toujours la spectatrice. Un fait que n’avait pu qu’être amplifié par sa convalescence. Les Mages médecins avaient jugé son état suffisamment préoccupant pour lui demander de tenir le lit le mois durant. Quelques sorties lui étaient cependant autorisées, pour se rendre aux offices religieux notamment. Pour recevoir certaines de ses ouailles, bien qu’elle ne pouvait s’éterniser comme la Grande Prêtresse aimait pourtant le faire. Les personnes à venir quémander sa présence s’étaient faites plus nombreuses, après le Rêve de Caraxes. Le reste de son temps, Maesella le passait ici, dans sa couche, ou sur une chaise confortable, installée au plus près de la fenêtre. Au moins pouvait-elle profiter du charme particulier de Mhysa Faer, ainsi installée.


« Maesella, tu somnolais encore. Il te faut te reposer davantage. »


Son poing appuyé contre sa joue, son coude reposant sur l’accoudoir de sa chaise, la Nohgaris rouvrit plus largement les yeux. Son regard glycine se posa alors sur Rhaedor, qui se trouvait devant elle. Son époux tenait un plateau dans les mains, sur lequel reposait un gobelet d’argent. Déposant ce qu’il tenait sur un meuble tout proche, le Mage tira un autre siège dans sa direction. Ainsi installés, les deux époux se faisaient désormais face. Maesella laissa alors Rhaedor prendre ses mains dans les siennes, appréciant la chaleur qu’elles dégageaient. Depuis son retour sur la terre ferme, il semblait à la Nohgaris qu’elle avait perdu une grande partie de sa propre chaleur. L’épuisement, sans doute. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle était convalescente, et pourtant, ses pensées restaient comme plongées dans un épais brouillard.


« … Tu avais raison. lâcha finalement la Grande Prêtresse, à voix basse. L’autre jour… Tu avais raison. J’aurai du t’écouter, mon aimé.
- Ce n’est rien, Maesella. Ce n’est rien. Rhaedar frictionna délicatement ses mains dans les siennes, comme pour les réchauffer. Caraxes t’as mise à l’épreuve et tu nous es revenue, Vermax en soit louée. C’est là tout ce qui compte.
- Rhaedor… Ils… Ils étaient... »


Le masque de fermeté que Maesella portait en permanence s’était comme fendillé, laissant entrevoir quelques larmes. A chaque fois qu’elle fermait les yeux plus de quelques instants, ces visages en lambeaux lui revenaient à l’esprit. Quand ce n’était pas ce dragon transpercé qui obnubilait ses songes. Aux quelques larmes vinrent s’ajouter des frissons, malgré la douceur de la saison. Dans un bruissement de tissus et d’étoffes, Rhaedor se leva, rejoignant le lit tout proche. Alors, la Grande Prêtresse masqua son visage avec ses mains. Balerion l’avait déjà mainte et mainte fois éprouvée. Combien de fois avait-elle cru que le crépuscule de sa vie arrivait ? C’est alors que la Grande Prêtresse sentit un léger poids sur ses épaules. Redressant la tête, les regards des deux Nohgaris se croisèrent alors.


« Veux-tu… Veux-tu m’en parler, Maesella ? Rhaedor lui frictionna légèrement les épaules, au-travers de la couverture qu’il venait de lui apporter.
- Aide-moi à me lever, je te prie. » répondit simplement l’intéressée.

Grimaçant à cause de sa cheville douloureuse, Maesella eut toutes les peines du monde à se maintenir sur ses jambes. Tremblante comme une feuille, se sentant aussi fragile qu’un vieux parchemin, la Grande Prêtresse trouva refuge dans les bras de son époux. Posant sa tête sur son épaule, la Nohgaris lui murmura quelques mots. Avec le temps, et le temps passé en sa compagnie et parmi les Enfants de Vermax, Rhaedor en était venu à maîtriser des rudiments de d’autres langues. La garder serrée contre lui, voilà ce qu’elle lui avait demandé en Yi-Tien. Pas d’autres mots, elle n’en avait pas la force. Pas pour le moment, du moins. Toutes ces images… Elle ne parvenait pas encore à les formuler.


« … M’accompagneras-tu ? murmura finalement Maesella, après plusieurs minutes passées ainsi.
- Comme toujours. Viens donc, il te faut te reposer. Nous reparlerons plus tard. »


Maesella se contenta de hocher la tête, s’appuyant sur Rhaedor pour rejoindre sa couche. Une fois installée, la Grande Prêtresse sentit ses muscles se détendre quelque peu. Il en fut de même pour la douleur à sa cheville. Ces… Ces choses ne l’avaient pas manquée. Que cela soit son bras ou sa cheville, il lui faudrait attendre quelques jours avant que les Mages ne puissent réellement la soigner. Elle était encore trop faible pour supporter l’un de leurs sorts. Son époux ne tarda pas à se glisser à ses côtés, lui tendant le gobelet qu’il lui avait ramené. Acceptant silencieusement le petit récipient, Maesella le vida d’une traite, ne connaissant que trop bien son contenu. Une mixture qui lui assurerait un sommeil sans rêve, si Gaelithox le souhaitait. Dormir. La Grande Prêtresse posa sa tête contre l’épaule de son époux, les yeux clos, poussant un soupir de soulagement. Dormir.




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Beati pauperes spiritu.Maesella Nohgaris.

Temple de Vermax de Mhysa Faer & Mois 10, an 1066.

L’odeur de sel. Le goût de sang sur sa langue. Ses pieds, bottés, s’enfonçant dans le sable comme s’il n’avait s’agit là que d’humus. Cette douleur cuisante, rubéfiante, qui lui parcourait le bras et la cheville. Ses phalanges resserrées sur la garde de sa lame, de son stylet improvisé, au point de lui en faire blanchir les articulations. Le sang ruisselant, rubicond, depuis les sillons creusés dans sa chair, gouttant, tâchant sa tunique terne puis le sol. Et cette immonde odeur de chair en putréfaction, comme imbibée de sel, d’algues putrides et de bois décomposé. Et pourtant, ce visage aux nombreuses flétrissures, décrépi de la pire des manières, ne put que lui arracher un cri. Un cri qu’elle n’avait pourtant pas poussé, alors qu’elle se trouvait devant lui, en réalité. Sous la férule de Tyraxes et de Vermax, la Grande Prêtresse s’était battue, défendue comme la dragonne qu’elle avait toujours été.


Tout cela, Maesella ne le connaissait que trop bien. Car cette scène, elle ne l’avait que trop revécue, comme un grimoire au récit bien trop réaliste qu’elle ne pouvait quitter des yeux. Si la Grande Prêtresse voulut lever sa lame, son bras, pourtant intact, refusa de s’animer. Alors, Maesella força, encore et encore, tentant d’animer muscles, nerfs et tendons. Rien n’y faisait, malgré ses efforts. Aussi ne put-elle retenir un nouveau cri de douleur, alors que des doigts osseux se plantaient dans sa chair, la déchirant, la morcelant profondément. Plus les secondes passaient, plus la poigne macabre se resserrait sur ses chairs. Une poigne qui la secoua comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon, comme pour lui faire lâcher sa lame. Fermant les yeux, Maesella tenta de retrouver le contrôle de son enveloppe charnelle, faisant fi de la douleur qu’elle ressentait pourtant.


Ce fut les yeux embués de larmes, le front comme couvert de bruine, que Maesella reprit conscience. Empêtrée dans les étoffes qui couvraient sa couche, la Grande Prêtresse chercha un long moment à retrouver son souffle. Ce ne fut qu’après cela que son regard glycine, apeuré, se posa sur Rhaedor qui se trouvait à ses côtés. Leurs regards effarés se croisèrent, alors que la Fille de Vermax remarquait que son époux s’était saisit de son bras. Son autre main se trouvait sur son épaule, bien qu’à la réflexion, Maesella ne pouvait savoir si son époux avait cherché à la maîtriser, ou à la sortir de ses cauchemars en l’empoignant de la sorte. La Grande Prêtresse et le Mage s’observèrent longuement ainsi.


Les secondes s’égrainèrent, petit à petit, devenant finalement des minutes. Si Maesella voulut parler, l’envie ne lui en manquait pas, ses lèvres ne laissèrent cependant pas transparaître le moindre mot. Une larme perla, silencieuse. Une nouvelle la suivi, signe de cette peur, de cette mélancolie, de cette langueur qui s’était saisie de l’esprit. De part l’âge qui était le sien, de part la vie qui avait été la sienne, qui avait été la leur, la Fille de Vermax pensait ne plus pouvoir être surprise. Ne plus pouvoir être apeurée comme une enfant. Et pourtant, ni la scolastique, ni la dialectique n’avaient pu la préparer à tout cela. A être à nouveau si faible, si fébrile également. Combien de temps tout cela allait-il durer ? Jusqu’à la prochaine équinoxe ?


Alors, silencieuse, Maesella se laissa aller aux larmes, son front trouvant appui contre celui de Rhaedor. Les yeux clos, la Nohgaris peinait encore à rassembler ses pensées. Plusieurs fois, son époux avait cherché à connaître l’exacte nature de ses troubles. Plusieurs fois avait-il tenté de l’interroger, avec toute la douceur nécessaire. Hélas, jamais la Grande Prêtresse n’avait pu décrire ces visions qui étaient les siennes. Elles se mêlaient encore de trop à ses cauchemars, à la fatigue intense qu’elle ressentait encore et que les décoctions et autres breuvages des Enfants de Tessarion ne parvenaient pas encore à apaiser. Démêler vrai du faux lui était encore douloureux. Quand le jour se lèverait-il ?





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Beati pauperes spiritu.Maesella Nohgaris.

Temple de Vermax à Mhysa Faer & Fin du mois 10, an 1066.

Assise non loin de la fenêtre, laissée ouverte, Maesella observait la cohorte des habitants de Mhysa Faer, en contrebas. Dans sa main droite, la Grande Prêtresse tenait un feuillet, froissé à force de le faire rouler entre ses phalanges. Sa main gauche était refermée, glissée sous son menton afin de retenir sa tête durant son observation. Sur un guéridon, une coupe d’argent ciselé reposait, laissant échapper une légère volute de fumée blanchâtre. Songeuse, le poing de Maesella quitta son menton quelques instants, afin de se saisir de la coupe. Ses phalanges tracèrent quelques instants les motifs creusés dans le métal, alors que son regard glycine était toujours posé sur la foule qui vaquait à ses occupations.


L’espace de quelques instants, la Fille de Vermax se fit la réflexion que sa place n’était guère dans cette pièce, mais en leur compagnie. Portant le récipient à ses lèvres afin de boire quelques gorgées de son contenu, la Nohgaris réprima à un soupir. A présent que son corps la faisait moins souffrir, ni lui, ni son âme ne supportaient cet enfermement. Maesella n’avait jamais été de ces membres du clergé qui se complaisent dans les hauteurs de leurs temples. Elle était une Enfant de Vermax. Son temple, cela pouvait bien être cette petite caverne découverte alors qu’elle cherchait à se protéger de la pluie. Ou cette boutique dont le toit lui était gracieusement offert pour peu qu’elle offre la force de ses bras pour quelques menus travaux. Comme ce temps des errances pouvait lui manquer. Et dire que dans quelques années, elle ne pourrait sans doute plus se déplacer comme son coeur le souhaitait, non pas la faute à ses responsabilités, mais à son corps qui avait été, pour la première fois, poussé dans ses ultimes retranchements.


« Tu l’as fait. nota Rhaedor, alors qu’il voyait son épouse porter une nouvelle fois sa coupe à ses lèvres.
- Tu énonces ce fait comme s’il s’agissait d’une mauvaise chose. éluda la Grande Prêtresse, en reposant finalement le petit récipient. Je doute que ce breuvage m’ait été mortel. Si les Dieux voulaient m’ôter la vie, ils n’avaient qu’à demander à… à ces choses de le faire à sa place. Dame Saelyra a été d’un grand secours, contre ces horreurs. Nous n’avons fait qu’échanger quelques banalités et elle m’a offert son aide spontanément. Maesella se tut. Il ne s’agissait que de plantes. Ne penses donc pas que les récents événements m’ont fait perdre tout sens du danger. »


Une décoction qui lui avait fait le plus grand bien. Saelyra était une magicienne aux pouvoirs incommensurables. Au commencement, Maesella n’avait pu que se méfier d’elle, comme bien des Valyriens. Ce qu’il s’était produit sous les flots lui avaient cependant permis d’entrevoir des choses que nul autre n’aurait pu voir au sujet de la Sorcière. Le pochon qui accompagnait la lettre ne contenait qu’un assemblage de plantes, accompagnées de Magie. La Grande Prêtresse avait fait vérifier le mélange, avant de demander à ce qu’il lui soit servi. Fort était de constater qu’elle avait pris là une bonne décision. Ce remède était en train de la remettre sur pied. Bientôt, la Nohgaris pourrait espérer quitter Mhysa Faer pour d’autres lieux.


« … Les Prêtres de Tessarion m’ont donné l’autorisation de faire quelques pas en dehors du Temple. Mon état s’est fortement amélioré. Je commence à étouffer entre ces quatre murs, que dirais-tu de m’accompagner ? proposa Maesella, préférant passer à autre chose. D’après les Enfants de Tessarion, l’air marin ne pourrait que me faire du bien.
- … Pas plus d’une heure, en ce cas. commenta son époux, en croisant les bras. Ils ont aussi dit que tu devais encore te ménager, si ma mémoire ne me fait pas défaut. »


Hochant la tête, Maesella délaissa le feuillet qu’elle tenait jusqu’alors, le déposant à côté de la coupe. Une heure… Une heure après presque un mois passée enfermée. Ce n’était que peu de choses, mais elle devrait s’en contenter, semblait-il. Lissant d’un mouvement de main les plis qui couvraient sa toge brunâtre, la Grande Prêtresse accepta volontiers la cape tendue par son époux. A la longue étoffe sombre s’ajouta sa pétase, que la Nohgaris glissa juste derrière sa tête. Elle pourrait toujours la porter sur sa tête si vraiment le soleil lui faisait tourner la tête. Ne manquer plus que son fidèle bâton de marche. Il s’agissait d’une vieille pièce de bois, usée par les ans, le soleil et la pluie, pourvue d’une gangue de métal à l’une de ses extrémités. Il n’y avait là rien de mieux pour se maintenir sur un sol instable. Ou pour donner quelques coups bien sentis, le cas échéant.


« Mon cher époux, je t’ai connu avec une meilleure mine. commenta Maesella, amusée, avant de lui effleurer l’arrière d’une jambe de son bâton de marche. Hâtes-toi donc, il pourrait me venir l’idée de te distancer.
- Tu n’en ferais rien. » répliqua l’intéressé, un sourire en coin.


Pour toute réponse, la Grande-Prêtresse se saisit du bras de son époux, calant sa main libre au creux de son coude. C’est ainsi qu’ils quittèrent la pièce, puis le temple de Vermax de Mhysa Faer. Un trajet qui n’aurait du prendre que quelques minutes si Maesella n’avait pas du s’arrêter, échangeant quelques mots avec les personnes qui s’étaient massées dans le naos du temple. Des conservations que la Fille de Vermax ne tarda pas à occulter, alors qu’ils arrivaient à l’extérieur. Alors, la Nohgaris prit une grande bouffée d’air frais. Comme il pouvait être bon de sortir à nouveau.





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