L’air absent, à moitié allongée sur une méridienne et une coupe à la main, Maesella écoutait distraitement les conversations des invités quelques invités l’entourant. Il ne s’agissait pourtant pas là de l’une de ces réunions où les invités étaient trop nombreux pour les compter. Dans les faits, Maesella connaissait personnellement, ou presque, chacune des personnes se trouvant dans cette pièce. Daeragor se trouvait non loin d’elle, en compagnie de son épouse. Gaemor était également présent, de même que d’autres représentants des Haeron ou des personnes de leur entourage. Et dire que lorsque la Grande Prêtresse les avaient rencontré pour la première fois, certains d’entre eux ne tenaient même pas encore sur leurs jambes. Une pensée qui aurait pu l’amuser, alors que Maesella portait une nouvelle fois sa coupe à ses lèvres. Son esprit se perdait cependant en conjonctures, dans une sorte de brouillard cotonneux. Fort heureusement, cette brume était bien moins épaisse qu’au cours de sa convalescence.
Offrant un sourire à Ereanna qui lui tendait une coupe contenant diverses victuailles, Maesella finit par y choisir quelques gâteaux au miel. Ces derniers se mariaient fort bien avec ce vin épicé qui devait achever ce repas. Les dernières vendanges avaient été fructueuses. La nuit était encore jeune, le crépuscule marquant encore certaines parcelles du ciel, l’atmosphère de la Tour n’étant troublée que par les bruissements des flots, en contrebas de la ville. Le regard glycine de la Fille de Vermax se perdit dans l’embrasure d’une fenêtre toute proche. La toison nocturne était nuageuse, annonciatrice d’un climat pluvieux pour la journée suivante. Si l’automne était désormais derrière eux, les pluies restaient nombreuses.
Tout en retenant une grimace et un frisson, Maesella se redressa sur la couche qu’elle occupait jusqu’à présent. Si la période où elle tremblait comme une feuille était désormais derrière elle, il arrivait que ses muscles auparavant blessés se rappellent encore à elle. Un masque de sérénité masquant ses traits, la Grande Prêtresse déposa sa coupe sur un meuble tout proche. Il manquait une personne, dans cette pièce. Une personne d’importance, qui les avaient quitté avant que les vins et les diverses sucreries ne leur soient apportées. Cette même personne pour laquelle la Fille de Vermax avait fait le déplacement jusqu’à cet hôtel particulier. Comment aurait-elle pu refuser l’invitation d’une des Appelée de Caraxes ?
« Daeragor, où est donc passée ta sœur ? Gaelithox l’aurait-il déjà ravi et emportée jusqu’au monde des rêves ? »
Maesella avait déjà une réponse à cette question. Rhaenys était une femme d’importance, profondément occupée de ce fait. Tout comme Gaerion en son temps, et à présent Rhaegel, il lui fallait prendre connaissance d’affaires d’importance à tout heure du jour ou de la nuit. Le cartographe ne tarda pas à confirmer ses soupçons. Le temps manquait cependant à la Nohgaris pour attendre patiemment le retour de Rhaenys Son Temple ne pouvait se passer de trop de sa tête pensante. Tout comme la Fille de Vermax qu’elle était ne pouvait se passer trop longtemps de son foyer. Le Rêve de Caraxes avait causé un bien grand désordre. S’il avait été apaisé, la Nohgaris avait de bien mauvais pressentiments. Dès lors se devait-elle de retrouver les siens au plus vite, bien que ce voyage l’avait grandement réjouie !
« Trouves-tu notre compagnie ennuyeuse, Rhaenys ? »
Telle une ombre d’argent, Maesella s’était glissée dans ce bureau qu’elle ne connaissait que trop bien. Aera avait siégé bien des années ici. Si Rhaenys n’avait pas démérité pour asseoir son autorité, la Fille de Vermax ressentait toujours comme un pincement au cœur, lorsqu’elle songeait à cette femme qui avait été sa mère. Qui lui avait été une amie fort précieuse également. Affichant un fin sourire, malgré la nature de ses pensées, c’était sur le ton de l’amusement que la Grande Prêtresse s’était adressée à la maîtresse des lieux, espérant la sortir de ses parchemins. Puis, d’un pas guidé par l’habitude, la Nohgaris se dirigea vers le bureau, avisant l’un des sièges qui se trouvait là.
( Gif de andromedagifs. )