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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

L’air absent, à moitié allongée sur une méridienne et une coupe à la main, Maesella écoutait distraitement les conversations des invités quelques invités l’entourant. Il ne s’agissait pourtant pas là de l’une de ces réunions où les invités étaient trop nombreux pour les compter. Dans les faits, Maesella connaissait personnellement, ou presque, chacune des personnes se trouvant dans cette pièce. Daeragor se trouvait non loin d’elle, en compagnie de son épouse. Gaemor était également présent, de même que d’autres représentants des Haeron ou des personnes de leur entourage. Et dire que lorsque la Grande Prêtresse les avaient rencontré pour la première fois, certains d’entre eux ne tenaient même pas encore sur leurs jambes. Une pensée qui aurait pu l’amuser, alors que Maesella portait une nouvelle fois sa coupe à ses lèvres. Son esprit se perdait cependant en conjonctures, dans une sorte de brouillard cotonneux. Fort heureusement, cette brume était bien moins épaisse qu’au cours de sa convalescence.


Offrant un sourire à Ereanna qui lui tendait une coupe contenant diverses victuailles, Maesella finit par y choisir quelques gâteaux au miel. Ces derniers se mariaient fort bien avec ce vin épicé qui devait achever ce repas. Les dernières vendanges avaient été fructueuses. La nuit était encore jeune, le crépuscule marquant encore certaines parcelles du ciel, l’atmosphère de la Tour n’étant troublée que par les bruissements des flots, en contrebas de la ville. Le regard glycine de la Fille de Vermax se perdit dans l’embrasure d’une fenêtre toute proche. La toison nocturne était nuageuse, annonciatrice d’un climat pluvieux pour la journée suivante. Si l’automne était désormais derrière eux, les pluies restaient nombreuses.


Tout en retenant une grimace et un frisson, Maesella se redressa sur la couche qu’elle occupait jusqu’à présent. Si la période où elle tremblait comme une feuille était désormais derrière elle, il arrivait que ses muscles auparavant blessés se rappellent encore à elle. Un masque de sérénité masquant ses traits, la Grande Prêtresse déposa sa coupe sur un meuble tout proche. Il manquait une personne, dans cette pièce. Une personne d’importance, qui les avaient quitté avant que les vins et les diverses sucreries ne leur soient apportées. Cette même personne pour laquelle la Fille de Vermax avait fait le déplacement jusqu’à cet hôtel particulier. Comment aurait-elle pu refuser l’invitation d’une des Appelée de Caraxes ?


« Daeragor, où est donc passée ta sœur ? Gaelithox l’aurait-il déjà ravi et emportée jusqu’au monde des rêves ? »


Maesella avait déjà une réponse à cette question. Rhaenys était une femme d’importance, profondément occupée de ce fait. Tout comme Gaerion en son temps, et à présent Rhaegel, il lui fallait prendre connaissance d’affaires d’importance à tout heure du jour ou de la nuit. Le cartographe ne tarda pas à confirmer ses soupçons. Le temps manquait cependant à la Nohgaris pour attendre patiemment le retour de Rhaenys Son Temple ne pouvait se passer de trop de sa tête pensante. Tout comme la Fille de Vermax qu’elle était ne pouvait se passer trop longtemps de son foyer. Le Rêve de Caraxes avait causé un bien grand désordre. S’il avait été apaisé, la Nohgaris avait de bien mauvais pressentiments. Dès lors se devait-elle de retrouver les siens au plus vite, bien que ce voyage l’avait grandement réjouie !


« Trouves-tu notre compagnie ennuyeuse, Rhaenys ? »


Telle une ombre d’argent, Maesella s’était glissée dans ce bureau qu’elle ne connaissait que trop bien. Aera avait siégé bien des années ici. Si Rhaenys n’avait pas démérité pour asseoir son autorité, la Fille de Vermax ressentait toujours comme un pincement au cœur, lorsqu’elle songeait à cette femme qui avait été sa mère. Qui lui avait été une amie fort précieuse également. Affichant un fin sourire, malgré la nature de ses pensées, c’était sur le ton de l’amusement que la Grande Prêtresse s’était adressée à la maîtresse des lieux, espérant la sortir de ses parchemins. Puis, d’un pas guidé par l’habitude, la Nohgaris se dirigea vers le bureau, avisant l’un des sièges qui se trouvait là.





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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

L'hotel particulier était en effervescence. Chaque homme et chaque femme au service de la famille Haeron défilait dans la moindre pièce qui seraient dédiées à l’accueil des différents invités, venant ainsi mettre les dernières touches dans cette décoration nécessaire pour offrir un cadre parfait. Un cadre digne d’une Appelée de Caraxes. L’activité pour préparer cette soirée était telle depuis les premières heures du jour que ce ballet donnait au batiment une apparence de ruche démesurée. Cela était plaisant de retrouver cette énergie qui avait tant manqué durant plusieurs années, comme si le moindre sentiment de joie et de légèreté s’était envolé en même temps que de nombreuses vies à Tolos.

Les souvenirs de l’Epreuve navale du Rêve de Caraxes restaient encore vivaces et comment aurait-elle pu oublier cette tempête infernale ? Ou encore ces hommes qu’elle avait dirigés et qui avaient été pour certains blessés à des degrés plus ou moins importants, ou morts pour certains ? Elle avait regardé des navires chargés de prêtres et de mages les rejoindre au large pour soigner ceux qui en avaient besoin et rendre un dernier hommage à ceux qui avaient rejoint Balerion. Le son du cor de cuivre avait résonné en la jeune femme, éloignant peu à peu l’adrénaline de l’affrontement pour laisser place à la fatigue. Aucun des deux groupes n’avait gagné et si elle avait espéré briller afin de mettre à mal l’aura d’Arraxios, il s’était agit d’un résultat des plus souhaitables pour toutes et tous : aucun n’aurait eu à subir la honte de la défaite.

Le ciel s’était découvert pour laisser mouettes et goélands reprendre leur domaine, venant virevolter autours des différents navires. Jouant entre les mâts et haubans ou encore plongeant redevenues sereines pour y pécher le moindre poisson se trouvant dans les parages. Parmi cette foule d’oiseaux blancs, étaient apparus trois cormorans noirs, un volatile qui n’était pas étranger à la native de Tolos. De taille moyenne ou grande, au corps allongé, au long cou si particulier et au bec crochu, combien de fois avait-elle pu en voir perchés sur la proue des boutres ou sur des rochers avec les ailes déployées afin de faire sécher leur plumes ? Il lui était impossible de le compter. Toujours était-il qu’alors qu’elle se préparait quitter sa trirème l’un d’eux vint se poser son épaule durant plusieurs secondes avant de s’envoler. Deux autres firent de même, gratifiant… Saerelys Riahenor et Hordar Kihzeznis de leur présence, le dernier semblant décider de rester auprès du navarque. Et ce fut que lorsque cet évènement fut conté aux prêtres de Caraxes qu’ils furent tous trois officiellement désigné vainqueurs choisis par la main du dieu des mers.

L’acclamation qui s’en était suivie, célébrant plus particulièrement les trois Appelés de Caraxes n’avait été pour déplaire à Rhaenys malgré le fait qu’elle puisse préférer une relative solitude. La cérémonie où chacun fut oint avec de l’eau salée marqua un peu plus cette désignation divine et la réussite de cette participation : elle avait on ne peut plus représenté les intérêts de Baelor face à son concurrent, tout en étant dans la même équipe que ce dernier. Une douce satisfaction pour elle et une fierté pour le Nord de Valyria pour qui un de leur noms avait supplanté deux grandes lignées du Sud.

Cette soirée devait célébrer cette réussite et celles qui étaient encore à venir, nombreux avaient alors été les Haeron et cousins à être invités tout comme d’autres personnalités avec lesquelles Rhaenys traitait régulièrement mais surtout Maesella Nohgaris pour qui elle nourrissait une sincère amitié. Les heures avaient défilé à une vitesse folle, voyant la jeune matriarche superviser autant les préparatifs que l’éducation de ses enfants et de son neveu tout en étant amenée à répondre à plusieurs sollicitations en ville. Le soir venu elle s’était alors employée à accueillir chaque membre de sa famille et personnalité invités. La Tour ne serait pas comme vide ce soir ni surpeuplée au point de mettre la Haeron mal à l’aise en sa propre demeure. Après avoir échangé quelques instants avec son cousin Zalalthal et son épouse, elle s’était ensuite attelée à récupérer la carte qu’elle avait demandé à son cadet de lui apporter avant de disparaître dans son bureau pour l’étudier quelques instants…

Rhaenys sursauta en entendant une voix venir perturber le calme de la pièce et dardant son regard pers sur l’âme qui venait d’entrer, elle se rendit compte qu’il s’agissait de la Grande Prêtresse de Vermax. Se passant deux doigts sous les yeux, la maîtresse des lieux laissa s’asseoir son amie mais surtout, cette femme qu’elle chérissait autant qu’une tante pouvait l’être.

- Je n’ai pas vu le temps passer, je n’avais pas prévu d’étudier avec autant d’attention la carte que j’ai demandé à Daeragor de m’apporter, expliqua-t-elle avant de reposer son dos contre le dossier de son siège. Elle laissa un silence s’installer quelques instants avant de reprendre. J’ai appris ce qu’il s’est passé pour l’ambassadeur Arryn… Tout devait être sous contrôle et pourtant tout s'est révélé plus dangereux que ce n'était supposé.



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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Un sourire compatissant étira les lèvres de Maesella, alors que Rhaenys faisait part de la raison de son absence. Bannir l’oisiveté, les plaisirs inutiles. Voilà des choses que d’autres personnes de la tempe de la jeune femme se devaient d’apprendre. Cependant, prendre un peu de repos n’était pas une mauvaise chose. Le regard glycine de la Fille de Vermax se posa alors sur la carte qui se trouvait déroulée là, devant la jeune Haeron. La forme de ces rivages lui était familière. Il fallait dire que n’importe quel disciple de Vermax se devait de pouvoir se repérer avec aisance sur des cartes ou avec divers instruments de mesure. A vue d’œil, la Nohgaris déduisait que ce lieu se situait à trois ou quatre semaines de navigation. A dos de dragon ? Moitié moins, sans aucun doute.


« Voilà qui est fort intéressant. remarqua Maesella. Permets-tu que je l’observe quelques instants ? Tu as su piquer mon intérêt. Les phalanges de la Grande Prêtresse frôlèrent l’une de ses joues, signe d’une certaine réflexion. La forme de ces rivages me dit quelque chose. Je pourrai te faire transmettre d’autres documents, si tu ressens le besoin d’effectuer quelques comparaisons. Si tu comptes voyager, ou envoyer d’autres personnes sur les mers, c’est bien là le moindre des choses venant du clergé de Vermax. »


Un voyage bien préparé permettait d’éviter bien des tourments. Ainsi, les bibliothèques du clergé de Vermax étaient bien fournies, que cela soit en cartes, en traités sur la faune et la flore ou encore sur les coutumes qui avaient court de part le monde. Ces ouvrages étaient bien sûr accessibles à tous et à toutes, pour peu d’en faire la demande. Il était même possible de demander des copies de certains de leurs passages, le cas échéant. Rhaenys n’aurait qu’à l’informer quant à la zone géographique et la Nohgaris ferait en sorte de réunir la documentation nécessaire dans les plus brefs délais.


« Pauvre homme... laissa échapper Maesella, dans un soupir. Hugor Arryn était un homme bon. Rigide et inflexible, bien sûr, mais c’était-là dans son caractère. Il a fait preuve d’une grande vaillance… Le Guerrier saura l’accueillir à ses côtés, je n’en doute pas. La Grande Prêtresse se tut quelques instants. Et toi, mon enfant, comment te portes-tu ? Bien des personnes n’ont pas manqué de me rapporter la tempête dans laquelle tu as été prise, avec les autres participants à la bataille navale. Je suis fort aise de me rendre compte que tu ne sembles pas en avoir souffert. »


Cela n’avait pas été le cas de d’autres personnes. Si les six commandants des deux flottes étaient revenus indemnes, ou presque, au port, il n’en avait pas été de même pour leurs équipages. Brûlures, noyades, plaies… Qui aurait pu croire qu’un incendie pouvait se déclencher sur les flots mêmes ? L’eau avait cependant eu le mérite d’enrayer une partie du phénomène. Le nombre de victimes aurait été encore plus élevé, dans le cas contraire. Une bataille navale enflammée, des morts qui se relevaient, des krakens et des dragons des mers sortis de leur sommeil abyssal… La Magie ne pouvait être à l’origine de tout cela. La nécromancie expliquait une partie du problème, il est vrai. Le reste ne pouvait s’expliquer de la sorte. Avaient-ils seulement été malchanceux ? Le Roi Dareth III ne pourrait se contenter de cette réponse. Personne ayant perdu un être cher ne pouvait se contenter de tels propos.


« Oublions Andalos quelques instants, veux-tu ? Maesella esquissa un sourire. Peux-tu me dire comment se portent Maelesys, Aevar et Galaedar ? Si Daeragor a pu me renseigner sur ses propres enfants, je veux entendre ta voix au sujet de ceux qui se trouvent dans ton sillage. Ils arrivent à un âge où il convient de commencer à les forcer. Je n’ai pas pu m’empêcher d’apporter quelques présents leur étant destinés. Je ne voudrais cependant pas remettre en cause tes propres préceptes en la matière en les offrant sans t’en faire une demande au préalable. »


Maesella ne voulait plus songer à la Mort. Pas après l’avoir frôlée de si près durant le Rêve de Caraxes. Il lui fallait se concentrer sur d’autres choses plus heureuses. Andalos attendrait pour cette soirée. Elle avait bien assez de paperasse à ce sujet sur son bureau, au Temple de la Douzième Flamme. Pour le moment la Grande Prêtresse ne souhaitait que deux choses. Etre une femme presque comme les autres et profiter des siens, qu’ils soient de son sang ou non. Les jeunes Haeron étaient de bons petits. Des bons petits qui avaient suffisamment souffert, durant le siège de Tolos et qui méritaient de vivre une enfance commune à celle des enfants de leur âge et de leur rang. Bateaux de bois et équipages pour Aevar et Galaedar, un petit oiseau chanteur que Maelesys semblait déjà avoir adopté en le remarquant dans ses appartements, ainsi que quelques livres pour eux-trois. Ce n’étaient que peu de choses, mais Maesella ne doutait pas qu’ils en feraient bon usage.




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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Lorsqu’elle s’affairait sur les éléments nécessitant sa plus grande attention, Rhaenys avait tendance à ne point faire attention à ce qui pouvait se dérouler autours d’elle et perdait toute notions du temps. Ce soir-là elle n’y échappait pas, happée par cette carte demandée à son frère et pour laquelle il avait passé du temps à faire ses propres recherches, pour se rapprocher de ceux pouvant l’aider le plus efficacement possible. Un archipel d’atolls et de petites îles luxuriantes. Voilà ce pour quoi la jeune matriarche focalisait son attention en lieu et place des réjouissances qu’elle avait elle-même organisées en sa demeure.

L’arrivée de Maesella permit à ce déclic d’avoir lieu, de lui signifier qu’il était temps qu’elle cesse de travailler pour se mêler aux autres. Le sourire de la Grande Prêtresse de Vermax avait toujours cette ombre de bienveillance que la jeune femme acceptait sa broncher, aimant cette femme comme si elle était de son propre sang et non celui de Baelor ou l’amie de sa défunte mère. Si l’oisiveté avait tout de même sa place dans le nord de la Péninsule, il n’en restait pas moins qu’elle avait une place bien plus réduite dans le sud où bien des accords se faisaient par ce biais. Rhaenys laissa son amie s’approcha et observer la carte, alors qu’elle venait appuyer son dos contre le dossier de son siège dans un léger soupir.

- Cet archipel n’a pas de nom ou alors les locaux surnomment chaque île en fonction d’une caractéristique dont elles regorgent en majeure partie. Sa localisation est au large de la côte occidentale d’Essos, à plusieurs lieues d’un détroit. Il y a d’intéressantes ressources à exploiter là-bas comme des perles, des coquillages, un bois probablement bien différent que ceux dont nous avons l’habitude d’user, et avec Baelor nous allons occuper ces terres et y fonder une colonie. Toutes les ressources que tu pourras me transmettre sur les peuples autochtones, leurs habitudes, leurs menaces, nous serons grandement utiles pour que cela soit une réussite ! répondit-elle en braquant son regard sur la prêtresse avant que la pensée du Rêve de Caraxes ne vienne prendre place dans son esprit.

L’Andal et ambassadeur Hugor Arryn avait trouvé la mort durant les festivités, d’une manière bien terrible, et la jeune femme ne pouvait qu’imaginer l’horreur qui avait pu toucher ceux qui y avaient assisté. Les mots de Maesella confirmèrent les sentiments qui assaillaient son amie au sujet d’Arryn, il avait son caractère de ce que la jeune femme avait pu entendre mais il avait de l’honneur et il semblait que celui-ci se soit manifesté jusqu’à son dernier souffle. Rhaenys se pinça légèrement les lèvres, lançant un regard désolé à la prêtresse avant de détourner le regard lorsque cette dernière mentionna la bataille navale.

- Il y a eu rapidement beaucoup de brouillard et j’avais demandé à faire abattre les voiles, en cas de besoin nous pouvions les hisser à nouveau sans craindre qu’elles soient endommagées par les projectiles adverses, mais avec la tempête qui s’est abattue avec force sur nous, si je n’avais rien fait elles auraient été détruites ou la force du vent aurait fait basculer la trirème. La foudre s’est abattue sur le pont… cette odeur de chair brûlée je crois que je m’en souviendrais encore longtemps. J’ai eu beaucoup de chance.

A onze, dix et neuf ans, Maelesys, Aevar et son neveux Galaedar n’étaient encore que des enfants qui méritaient de voir leur innocence perdurer encore quelques temps durant lesquels Rhaenys se devait les chérir tout en préparant cet avenir dont ils devraient se saisir selon les capacités qu’ils démontreraient. Aux dernières paroles de Maesella, la jeune femme eut un léger rire.

- Je ne souhaite que le meilleur pour eux mais ils sont encore trop jeunes pour être mis en compétition comme je l’ai été avec Gaemor. Maelesys et Aevar se portent pour le mieux même si parfois le souvenir de Tolos hante leurs nuits aussi bien que les miennes, nous essayons de tout faire pour que leur esprit soit occupé et ils peuvent se montrer aussi dissipés que mon frère. Pour ce qui est du fils de Zalalthal, sa curiosité est rafraîchissante et j’ai confiance quant au fait qu’il saura s’en sortir malgré le statut de son sang. Pour ce qui est des présents que tu leur as apportés, je n’ai aucune objection à émettre, ils méritent tous trois d’être des enfants, répondit-elle avant d’enrouler la carte sur elle-même.

Elle se leva ensuite de son siège pour s’approcher de la grande commande, elle ouvrit le plus grand tiroir et y rangea le rouleau de parchemin.


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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Attentive, Maesella écouta les propos tenus par Rhaenys. Il y avait par delà les flots des lieux encore inexplorés. Des lieux que la Harpie elle-même n’avait pas encore réclamé comme sa propriété. Si leur péninsule n’avait guère à se plaindre pour ce qui était de ses actuelles possessions, la Fille Aînée de Vermax pouvait entendre cette soif de découvertes. Cette soif de nouvelles richesses également. D’une gloire qui semblait être à portée de main. Elle-même, dans sa jeunesse, avait nourri de tels rêves. Sous ses airs de Valyriennes respectable à la chevelure opaline, de dame de la noblesse du Sud, Maesella avait longuement voyagé. Les Enfants de Vermax étaient de cette engeance. Celle du voyage, celle de ces chemins encore inexplorés qu’il fallait emprunter sans le moindre tremblement.


« Une colonie ? répéta doucement Maesella, tout sourire. Voilà bien longtemps que je n’avais pas entendu un tel mot. Je mettrai quelques uns de mes estimés confrères et estimées consœurs sur cette affaire, sois-en assurée. Vermax se doit de garder son regard sur vous et sur l’expédition que vous préparez. La Grande Prêtresse se tut quelques instants. Si une autre idée te vient à l’esprit à ce sujet, n’hésites pas à m’adresser un mot. Je ferai en sorte d’accéder à ta demande dans les plus brefs délais et selon mes possibilités. »


La guerre avait été un réel loup pour le commerce et les voyageurs en tous genres. Il en avait dévoré chaque parcelle, chaque miette avec une simplicité déconcertante. Pas un traîneau, pas une charrette, pas un navire n’avait été épargné. Le simple fait de faire parvenir du bois de chêne, de cyprès ou de conifère après le Grand Effondrement avait été une réelle bataille, à bien des égards. Dès lors, comment ne pas voir cette initiative d’un bon œil ? Ne s’agissait-il pas du signe que Vermax avait repris en main son domaine le plus touché par les batailles et le venin de la Harpie ?


« Caraxes vous a lourdement mis à l’épreuve, en ce jour. convint Maesella, à la fin du récit de la Haeron. Je ne doute pas du fait qu’il ait soigneusement choisi ses envoyés. Vous n’avez pas combattu que les flots, en ce jour, mais aussi la colère de Meraxes. A moins que nous ne nous soyons tous et toutes retrouvés pris entre les feux de nos deux Divinités ? La Nohgaris haussa doucement les épaules, prouvant qu’elle n’en savait rien, qu’il ne s’agissait-là que d’une hypothèse. Tu n’as pas démérité, Rhaenys. Cela n’augure que le meilleur pour vos projets au-delà des mers, à Baelor et à toi-même. »


Maesella n’avait pas vu de ses propres yeux ce manteau de nuages sombres qui avait envahi le ciel alors que la bataille battait déjà son plein. Elle n’avait pas vu les flots rendus gélifs, secoués par des vents monstrueux. Les récits avaient été nombreux, cependant. En y repensant, c’était comme si la Fille Aînée de Vermax avait assistée par elle-même aux événements qui lui avaient été comptés, tant ils lui semblaient clairs dans son esprit. En comparaison, ses propres souvenirs au sujet de ce qui s’était passé sous les flots ressemblait davantage à une valse incessante de flocons sans réel sens.


« Tu me vois ravie d’entendre ces mots. Je ne manquerai pas de leur offrir ce que j’ai pu emmener dans mes bagages à leur attention. As-tu pensé à les emmener avec toi à Valyria ? Cela aurait le mérite de leur changer les idées, il y a bien des choses à voir et à faire. Pour ce qui est de Galaedar, si tu le juges nécessaire, le Temple de Vermax lui est grand ouvert. Nul n’est étranger aux yeux de la Déesse qui parle Mille Voix et Une en un même temps. »


L’avenir des enfants de Rhaenys était tout tracé. Pour ce qui était de Galaedar, Maesella avait conscience du fait que les choses seraient plus complexes. Il était un enfant d’un ennemi d’hier, une chose que certaines personnes n’oublieraient pas de sitôt, si toutefois il était possible de l’oublier. Chassant ces pensées de son esprit, le regard glycine de la Grande Prêtresse se posa à nouveau sur Rhaenys, qui venait de ranger la carte dans un meuble à proximité, s’attendant à une réponse de sa part.




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Une fois de plus la présence de Maesella apportait à Rhaenys une paix et une force mêlées qui lui étaient salvatrices, et jamais elle ne pourrait suffisamment la remercier à ce propos. Comme toujours la Grande Prêtresse de Vermax faisait don de son expérience et de sa sagesse et la jeune matriarche ne cessait de l’accepter sans broncher parce qu’elle savait qu’esseulée elle ne pouvait parvenir à tirer le meilleur d’elle-même. La jeune femme voyait en la Nohgaris ce que sa propre mère aurait pu être si elle était encore de ce monde, cette voix derrière son épaule la guidant ou tout simplement ce regard scrutant et analysant ses actions. Rhaenys louait Shrykos avec une grande sincérité, le remerciant ne pas avoir séparé définitivement leur chemin après la mort d’Aera. Ô qu’elle aimait cette attention que lui dédiait Maesella lorsqu’elle s’adressait à elle, ses conseils. La Haeron ne pu s’empêcher de sourire à son tour lorsque son amie réagit à son annonce de fonder une colonie au côté du cousin de cette dernière, Baelor Cellaeron. Bien que les mots prononcés étaient accord avec les valeurs de Maesella et de son rôle, Rhaenys ne pu s’empêcher de hausser les sourcils, surprise d’une telle promesse.

- Je t’en remercie sincèrement Maesella et je ne manquerai de communiquer avec toi en cas de besoin. Et qui sait, peut-être pourras-tu inauguré le temple de Vermax qui sera bâti là-bas… réagit-elle avant de lui adresser un sourire quelque peu malicieux avant que son visage ne se fige en masque de neutralité durement maîtrisé, laissant transparaître tant l’incompréhension qu’une certaine note de colère.

Les tempêtes étaient loin d’être rares en pleine mer et surtout en cette période de l’année, pourtant Rhaenys n’avait su voir venir le moindre signe annonciateur la veille ni le jour-même. Et pourtant outre le brouillard épais qui était tombé, une tempête les avaient frappés. Des morts étaient survenues. Des hommes avaient été blessés. Avaient-ils commis un impair et mis en colère le dieu des mers ainsi que sa jumelle des cieux ? Etait-ce les autres ? La jeune femme ignorait qu’elle réponse pouvait venir éclaircir ses questionnements et les paroles de Maesella, aussi chaleureuses soient-elles, n’était guère une réponse viable pour autant.

- J’ose espérer que Caraxes saura se montrer clément et protègera les navires en direction de l’Ouest. J’ose espérer que Meraxes n’éprouve guère de jalousie à notre encontre lorsque nous parcourrons les cieux. Pour autant, je n’ai vu aucun signe annonciateur ce jour-là d’une querelle entre les jumeaux…

En parlant d’enfants. Les siens ne venaient que bien peu comme le soulignait la Grande Prêtresse et si la pensée de les avoir avec elle réjouissait Rhaenys, elle n’était cependant guère heureuse à l’idée de les voir évoluer à Valyria. Mais avait-elle le choix ? Elle qui éduquait son neveu comme s’il était son propre fils ? Elle se pinça les lèvres.

- J’y songerai, je te le promets. Pour l’instant seul Galaedar est à mes côtés parce que son père me l’a demandé mais il est seul bien trop régulièrement pour s’épanouir dignement. J’ignore s’il se ferait à la vie au temple, il ressemble tellement à Zalalthal que je le retrouve plus souvent couvert de poussière que le nez au-dessus d’un livre, répondit-elle avant de rire doucement à la vision de son neveu les cheveux ébouriffés, les vêtements sales. Son sourire se figea cependant rapidement. Pourrait-il seulement avoir les même aspirations que son père tout en arborant des traits bien plus ghiscaris, qu’estiviens ou valyriens ? D’un soupire elle chassa cette pensée de son esprit, elle lui offrirait les même chances qu’à ses propres enfants. Mais dis-moi, que s’est-il passé de ton côté ? Veux-tu m’en parler ? demanda-t-elle soudainement en braqua à nouveau son regard sur Maesella.


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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Au-delà de toutes les prétentions physiques, et des richesses qu’il était imaginables d’obtenir dans une telle entreprise, Maesella avait bien d’autres choses à l’esprit. Les Valyriens n’étaient pas pieux dans le sens où il était possible de l’entendre pour des croyants de Sept ou de la Rivière-Mère. En terminologie pure, sans doute étaient-ils davantage superstitieux que réellement dévots. Dès lors, il fallait rassurer ces marins et ces explorateurs qui quitteraient leur patrie pour sans doute plusieurs années, si ce n’est plus. Vermax serait la mère qu’ils avaient laissé dans l’une des nombreuses Cités de la péninsule, la guide qui leur lirait les étoiles afin de s’assurer que jamais ils ne seraient réellement perdus, celle qui saurait à s’adresser à Caraxes pour leur éviter bien des troubles. Son culte devait se poursuivre au-delà des mers et des Montagnes Peintes.


« Que Vermax t’entendes. répondit Maesella avec l’ombre d’un sourire. Lorsque votre entreprise se sera précisée, et si vous le souhaitez, je gage que quelques membres de mon clergé souhaiteront se joindre à vous. Nous ne sommes pas connus pour nous contenter de nos jardins pour  seul horizon. Je gage que leur présence saura rassurer ceux et celles qui vous accompagnerons, le moment venu. »


Si Maesella ne pouvait l’avouer, elle-même n’avait pu discerner la tournure qu’avaient pris les évènements durant le Rêve de Caraxes. Dans son entourage, Rhaedor avait été le seul à pressentir un dénouement funeste. La Divination pratiquée par les Nohgaris avaient encore fait ses preuves et la Fille Aînée de Vermax n’avait pas su l’écouter. Un fait pour lequel elle ne pouvait que ressentir bien des remords. Les Dieux s’étaient joués d’eux, allant jusqu’à cacher le réel déroulé du Rêve du Dieu des Mers. A moins que les flammes se soient montrées affaiblies de part le domaine qui était celui de Caraxes ? Durant sa convalescence, Maesella avait étudié ce problème sous bien des angles, sans pour autant trouver une réponse qui lui aurait semblé convaincante.


« Tu ne fut point la seule. Le regard glycine de la Grande Prêtresse se porta sur une fenêtre toute proche. Les Temples ne sont pas bien différents du Sénat et de ses jeux de pouvoirs. De cela, je pense que tu as conscience. Nous avons nos propres querelles, nos propres écrits qui peuvent se contredire, nos sentiments et ressentiments de Mortels également. Je me pose moi-même bien des questions au sujet de ces épreuves que nous avons traversé, chacun à notre manière. Maesella se tut quelques instants. Mais si le moindre soupçon de danger avait été évoqué dans mon clergé, les choses auraient été bien différentes. »


A son retour, des choses changeraient pour les Enfants de Vermax. La Grande Prêtresse revoyait encore et toujours cette vision que Caraxes leur avait offert. Durant sa convalescence à Mhysa Faer, ces images flottaient dans ses songes sans qu’elle ne puisse les chasser. Les prochaines semaines seraient déterminantes. Les flammes parleraient, Maesella en avait la certitude. Toutes les visions devraient être prises au sérieux, jusqu’à leur vérification. Il fallait à tout prix éviter une autre catastrophe. Lorsqu’il fut à nouveau fait mention de Galaedar, la Nohgaris se contenta de hocher la tête. Son offre était faite. A Rhaenys de l’accepter en d’autres temps, en d’autres circonstances le cas échéant.


« De mon côté ? répéta Maesella, fronçant les sourcils. Je crains n’avoir que peu de choses à te dire, hélas. La convalescence a été… Longue, très longue. Trop longue à mon goût mais tu connais les Mages comme je peux les connaître. Mieux vaut ne pas remettre en cause leur avis. La Grande Prêtresse se renforça dans son siège. Je ne suis plus la jeune femme que j’étais et Caraxes me l’a bien rappelé, hélas. »

En prononçant ces mots, Maesella avait retroussé l’une de ses manches. Une longue zébrure parcourait son avant-bras, creusant un sillon plus clair dans sa chair. Il s’agissait du dernier souvenir que la Grande Prêtresse gardait de ce qu’il s’était produit durant le Rêve de Caraxes. De l’ultime trace de cet affrontement dont elle était ressortie victorieuse à sa manière. Et pourtant, les mots ne parvenaient pas à quitter ses lèvres. Comme elle aurait voulu formuler ses craintes. Et pourtant, Maesella n’y parvenait pas. Seul ce geste lui permettait de mettre une image sur ce qu’elle avait vécu. Seul ce geste et ces larmes qu’elle retenait bien difficilement. Sur cette situation qui la rongeait encore.





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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hotel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Rhaenys ferma momentanément les paupières tandis qu’elle écoutait Maesella réagir à ses paroles. Il n’existait pas le moindre doute quand au fait que la perspective de participer à cette vaste entreprise que revêtait la conquête des cet archipel à l’ouest, réveillait une sorte de grisante impatience qui ne serait repue que lorsqu’elle arriverait là-bas. Pourtant le jour était encore bien loin d’arriver. Se projeter était autant un rêve qu’une nécessité et lui permettait d’occuper pleinement son esprit déjà fort mis à rude d’épreuve par cette injonction qui avait été émise contre elle. Que l’air marin de Tolos pût lui manquer à cet instant qu’il était pénible de rester dans l’expectative d’une entrevue d’aussi grande importance. La présence des siens avait ses bienfaits mais dès lors qu’elle était seule, son esprit ne cessait de la faire songer à ce qu’il pouvait avenir le jour suivant, la semaine suivante et jusqu’à présent rien n’était survenu. Attendait-on les élections et la garantie de la stabilité du Conseil des Cinq pour procéder à cette audition dont l’avait informée l’amiral Valineon ? Elle l’ignorait mais il s’agissait-là d’une probabilité qu’elle ne pouvait aucunement se permettre de mettre de côté, pour son propre bien.

Elle rouvrit ses paupières et adressa un hochement de tête entendu à la Grande Prêtresse. Vermax était une divinité révérée par de bon nombre de marchands, si ce n’était leur totalité, et Rhaenys ne faisait pas exception. Vermax, Shrykos, Caraxes, Aegarax, Meraxes et Gaelithox. Telles étaient les divinités qu’elle priait assidûment pour ses affaires ne se retrouvent perturbées, qu’elles se voient être favorisées. Il allait donc de soit que ces mêmes déités voient leurs temples respectifs être bâtis sur l’archipel, que leur figure soit exposée à la vue de tout un chacun. Et il n’était guère étonnant si des représentants de la déesse des voyages et des langues souhaiteraient se joindre à l’expédition menée. Non seulement ils accompliraient les tâches auxquelles ils avaient juré de se dédier en entrant au temple mais ils sauraient aussi parvenir à rassurer les hommes à bord des navires affrétés… Cela semblait encore si loin… Rhaenys jeta un regard à Maesella, lui répondant une ultime fois sur ce neveu auquel elle tenait, avant de s’enquérir de son état, cherchant à savoir comment s’était déroulée sa propre épreuve durant le Rêve de Caraxes.

Etait-il seulement possible que toutes les célébrations n’avaient point été touchées ? Elle avait l’espoir vain que cette amie si chère à ses yeux et son cœur ait été épargnée mais lorsque Maesella débuta sa réponse, Rhaenys compris que même la Grand Prêtresse avait subit l’ire divine. Elle se pinça les lèvres, l’écoutant avec attention avant qu’elle n’écarquille les yeux en avisant la longue zébrure qui parcourait l’avant-bras de la Première Enfant de Vermax. Sa langue claque contre son palais alors qu’elle lui adressait un regard empli d’une peine sincère.

- Maesella, tu as été sévèrement touchée ! parvint-elle à s’exclamer avant de se lever. Elle contourna son bureau et vint s’agenouiller près de la Nohgaris, tendant par la suite la main vers pour venir effleurer la cicatrice du bout des doigts. Elle vint prendre délicatement la main de son amie dans la sienne, déposant un baiser sur le dos de celle-ci avant de l’enfermer dans son autre main. Qu’est-il arrivé pour qu’une telle marque soit encore visible malgré l’intervention des mages et les soins prodigués ? Ce n’est pas rien, Hugor Arryn a trouvé la mort ! J’ai confiance en toi, tu m’as écoutée lorsque j’en avais besoin et je t’offrir mon écoute en retour, tu peux placer ta confiance en moi, poursuivit-elle sans toutefois relâcher la main de la Grande Prêtresse.

Elle voulait lui montrer qu’elle pouvait être présente pour elle, comme cette dernière l’avait été lorsqu’elle était venue la voir à Tolos une fois la guerre ayant touché à son terme. Elle savait à quel point se confier à la bonne personne pouvait être d’une grande difficulté mais elle connaissait tout autant ce sentiment libérateur d’avoir pu se confier tout en sachant de ses mots ne seraient répétés par la suite. Elle espérait donc que Maesella puisse puiser de cette force en elle pour sortir les mots dont les images hantaient son esprit.


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De la fille de Vermax à l’Appelée de Caraxes.Rhaenys Haeron et Maesella Nohgaris.

Valyria, Hôtel particulier des Haeron & An 1066, fin du mois 11.

Le Rêve de Caraxes était encore gravé dans sa mémoire en lettres de feu, de sel et de fumée. Il semblait à Maesella que jamais elle ne pourrait oublier ce qui s’était passé en ce jour qui aurait du être des plus joyeux. Si Caraxes était un dieu craint, n’étaient-Ils pas tous source d’une certaine crainte après tout, les marins et autres pêcheurs avaient attendu ce jour avec impatience. Il en allait de même pour le clergé de Caraxes. Des mois de préparation réduit à néant à cause des caprices du climat et de la Magie. Et que dire de ces images que le Dieu avait gravé dans son esprit ? Il y avait autre chose. Il devait y avoir autre chose. Un détail que la Grande Prêtresse n’avait pas remarqué. Un grain de sable qui l’empêchait d’imbriquer convenablement tous les rouages de cette énigme.


« Il ne s’agit que peu de choses, Rhaenys. En prononçant ces mots, Maesella avait détourné le regard de la cicatrice. Les Mages et les membres de mon clergé ont prit grand soin de moi. Mes jours n’ont pas été en danger, je puis te l’assurer. Cette cicatrice est plus impressionnante qu’elle n’en a l’air. »


Qui plus est, il ne s’agissait pas de la seule marque que Maesella portait. La Nohgaris n’était pas née Grande Prêtresse. Comme toute Prêtresse, elle avait passé un long temps sur les routes et les chemins, errant de ville en ville, de village en village. Dès lors, les possibilités de se blesser avaient été nombreuses. A cela s’ajoutait le fait que la jeune femme qu’elle était alors avait fréquemment proposé son aide pour quelques menus travaux afin d’obtenir le gîte et le couvert. Il lui était même arrivé d’aider quelques membres d’équipage à remonter ou descendre leurs voiles, s’écorchant les mains au passage. Toutes ces expériences avaient profité à la Grande Prêtresse qu’elle était devenue aujourd’hui. Quant à cette zébrure bien plus fraîche, elle n’était qu’une preuve de plus que sa Mère Céleste veillait sur elle. Que ce Rêve de Caraxes ne serait pas le dernier qu’elle connaîtrait.


« Ma chère Rhaenys… le ton de Maesella s’était fait fort doux. Il y a des choses que la Magie ou les soins les plus précautionneux ne peuvent résoudre totalement. Comme bien d’autres personnes, mon âme a été marquée par ce qu’il s’est produit durant le Rêve de Caraxes. Trouver le sommeil fut alors bien plus compliqué pour moi comme pour bien d’autres. Les lèvres de la Grande Prêtresse s’étirèrent en un fin sourire. Qui plus est, je n’ai jamais été une guerrière. Je n’ai toujours été qu’une voyageuse, une commerçante ou une traductrice. Mon corps ne pouvait point s’attendre à un tel combat. Sans doute est-ce là la raison de cette marque persistante. »


Il fallait qu’elle rassure Rhaenys. Maesella ne pouvait qu’en avoir conscience. Aera n’aurait pas souhaité que les choses en arrivent là. Doucement, la Grande Prêtresse replaça le tissu de sa manche sur sa chair, faisant disparaître la zébrure. Comment ne pas ressentir le point des années, en une telle circonstance ? Les choses auraient été bien différente si elle n’avait eu ne serait-ce que vingt années de moins. Les Mages avaient fait tout ce qu’ils pouvaient. Son corps n’en aurait sans doute pas supporté davantage. Plus de cinquante années que la Nohgaris foulait cette terre. Si Vermax lui avait permis de garder bien des charmes, elle se savait aussi mortelle que pouvaient l’être les autres Enfants des Dieux. Un jour, son règne s’achèverait et elle pourrait rejoindre sa chère sœur et ces enfants qu’elle n’avait guère eu l’opportunité de connaître.


Durant une poignée de secondes, Maesella ferma les yeux. Ce jour n’était pas encore venu, cependant. Caraxes lui avait fait bien comprendre ce fait en la remettant entre les mains de Tessarion et de Vermax. Et pourtant, comme Maesella se sentait épuisée, en cet instant. Et dire que le Rêve de Vermax se produirait prochainement. Serait-elle seulement capable d’y assurer sa charge ? De se montrer aux yeux de tous et de toutes dans la splendeur qui serait attendue d’elle, la Fille Aînée de la Déesse aux Mille et Une Voix.


Rouvrant ses paupières, les prunelles glycine de la Grande Prêtresse se posèrent à nouveau sur Rhaenys. Maesella n’était pas dupe. Jamais la Haeron ne la laisserait quitter cette pièce sans avoir les réponses qu’elle attendait. La Nohgaris en avait soit trop dit, soit trop peu. Alors, la Grande Prêtresse se renfonça dans son siège, faisant signe à Rhaenys de reprendre sa place.


« … Puis-je te demander quelque chose à boire ? s’enquit finalement Maesella. Je crains que ce récit ne soit plus long que celui que tu peux imaginer. »


Par quoi commencer ? Il y avait tant de choses à dire. Tant de fils sur lesquels elle pouvait tirer pour voir à quelle pelote cela pouvait bien la mener. Dans les faits, la Grande Prêtresse se rendait compte qu’elle n’avait même pas prêté attention aux rumeurs qui avaient pu naître de l’expérience que son groupe et elle-même avaient vécu. Son esprit avait été trop accaparé par sa propre convalescence mais aussi par les préparatifs de son Rêve ou par sa propre famille.


« Dis-moi Rhaenys, qu’as-tu entendu sur la mort d’Hugor Arryn ou sur ce qui est arrivé à mon groupe alors que nous étions sous les flots ? »


Voilà qui serait un bon point de départ auquel la Grande Prêtresse pourrait se rattacher. Rassembler ses propres souvenirs serait déjà une expérience douloureuse. Aussi lui fallait-il une ancre à laquelle se rattacher, afin de ne pas se perdre dans les limbes de son inconscient ou pire encore.





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