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La rancœur nait au fond des verres !L'alcool et la magie ne font pas bon ménage...

Quadrant Nord, mois 11 de l'an 1066

L'homme déambulait dans les ruelles de la capitale de l'empire le plus puissant du monde. Ça cogitait sec dans sa tête tellement il n'en revenait toujours pas d'avoir sa journée pour lui seul. Aucun message à porter, personne à menacer ou suivre, aucune protection à assurer. Plusieurs affaires suivirent leur cour mais il n'avait rien à faire en plus pour tenter d’accélérer les choses. Il devait faire confiance aux hommes que son père avait choisi pour cette mission. Arraxios était tout justement tourné vers sa possible réélection au poste de Lumière de Sagesse et n'arrêtait pas de courir partout. Hordar s'était proposé de courir à ses côtés pour l'aider dans ses tâches ou assurer sa protection mais le Patriarche avait poliment refusé. Il y avait suffisamment d'hommes pour faire ce travail, il n'allait pas gâcher les talents du jeune Kihzeznis pour si peu.

Est-ce qu'Arraxios gardait une quelconque rancune d'avoir perdu cette bataille navale durant le rêve de Caraxes ? Le statut d'Hordar n'avait pour autant pas beaucoup évolué. Certes, il lui arrivait d'être reconnu de quelques uns ayant assisté à l'événement ce jour là mais il était loin d'être devenu une personnalité publique. D'ailleurs, cela l'aurait beaucoup dérangé surtout en regard du secteur d'activité dans lequel il évoluait. La seule différence notable qu'il pouvait indiquer, c'était d'avoir presque été forcé par le destin ou Caraxes en personne d'adopter le cormoran qui s'était posé sur lui ce jour là. Certes, cela ne se fit pas automatiquement et l'oiseau n'était pas resté droit et fier comme celui qui s'était posé sur l'épaule de Rhaenys Haeron. Non, celui d'Hordar avait cru bon s'accrocher à son dos. Bien sûr, il avait repris son envol après quelques secondes mais au contraire de ses congénères, il n'était pas allé très loin. Depuis lors, la plupart des phrases d'Hordar se ponctuent de cris de cormoran et d'odeur de poisson !

Pourquoi cet animal sauvage s'était attaché à la personnalité d'Hordar ? Y avait-il un message des dieux à comprendre ? Est-ce qu'il représentait une sorte de messager ? L'homme s'interrogeait et avait tenté de faire fuir l'animal en criant, en faisant de grands gestes parce qu'il ne comprenait pas le message de l'oiseau, il n'entendait que des cris et recevait des coups de bec quand ce dernier avait faim... Hordar avait même à un moment pensé se rendre au Temple de Caraxes pour demander conseils auprès d'un prêtre histoire d'y voir un peu plus clair mais s'était abstenu finalement. Il avait eut peur de passer pour un original...

« Hey mais c'est le Navarque Kihzeznis là les gars ! »

Un brouhaha répondit à cette information et plusieurs personnes appelèrent Hordar. Ce dernier sortit de ses rêveries et regarda en direction de la source des bruits. Il vit plusieurs marins dont certains avaient également participé au rêve de Caraxes avec lui. Il leur fit un geste de la main et ces derniers l'invitèrent à boire un verre avec eux. Après quelques secondes de réflexions, il se dit pourquoi pas, il n'avait rien de mieux à faire après tout. Autant en profiter. Il s'installa au milieu d'eux et se laissa glisser un verre de bière dans la main. Un cris d'oiseau vint perturber légèrement les discussions qui commencèrent à s'engager entre les membres de cette joyeuse bande. Les regards convergèrent vers l'enseigne de la taverne. Ce n'est pas tant le cri d'oiseau que la faible distance à laquelle il avait été entendue qui perturbèrent les clients.

« Bah, que fais ce cormoran là ? On n'est pas près de la mer pourtant ! »

L'oiseau fixait Hordar et se moquait des autres. Il attendait quelque chose et il ne lâcherait pas tant qu'il n'aurait pas obtenu ce qu'il voulait. Pour le coup, Hordar était tombé sur un animal vraiment têtu. L'homme sortit de sa besace un morceau de poisson et le lança en direction de Raxes. Oui, quitte à avoir un oiseau qui vous suivait partout, autant lui trouver un nom. Comme il était venu après le rêve de Caraxes, Hordar s'était dit qu'en l'honneur du dieu marin, il lui donnerait un nom s'en rapprochant. Ce moment suspendu fit rouler des yeux les plus éméché et s'écarquiller les plus sobres. Après une brève explication de la part d'Hordar, les marins, des gens assez superstitieux, se dirent que c'était encore une fois un geste qui montrait que leur navarque était un favori du dieu marin. La soirée ne pouvait que se passer sous les meilleurs auspices se dirent-ils !

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La rancoeur naît au fond des verres !Hordar Kihzeznis et Saerelys Riahenor.

Thermopolium du Quadrant Nord & An 1066, mois 11.


Pour les novices qu’ils étaient, la journée avait été longue.


Son regard améthyste plongé dans le verre qui reposait devant elle, Saerelys écoutait d’une oreille distraite la discussion d’Aemond et Daeron. Tout juste hochait-elle la tête de temps à autre, lorsque les deux jeunes Mages semblaient s’adresser à elle. Ils avaient tous trois passé la majeure partie de l’après-midi à vaquer à diverses occupations dans le Quartier Nord, à la demande de quelques Mages du Cinquième Cercle. Depuis les catastrophes qui avaient fait tourner le Rêve de Caraxes au drame, Mages et novices étaient sur le qui-vive. Ils se devaient d’être irréprochables. Ces apparitions dans tous les recoins de leur si belle Valyria servaient ce but également. Il fallait faire oublier leurs échecs. Oublier ces drames affreux pourtant encore si récents.


Le petit groupe avait donc passé la majeure partie de l’après-midi dans le Quadrant Nord. Ne manquait que Kaerys, qui avait du s’éloigner davantage pour ses propres tâches. Daeron, Aemond et Saerelys l’attendaient cependant d’un instant à l’autre. Aussi, la jeune Riahenor jetait de temps à autre un regard en direction de l’entrée toute proche, espérant voir la silhouette familière de leur amie apparaître. Leurs missions avaient été diverses, au point que les novices n’avaient pu rester ensemble pour travailler comme à leur habitude. Aussi avaient-ils convenus de ce point de rendez-vous, afin de se retrouver plus aisément. Ensuite, ils auraient tout le loisir de s’en retourner au Collège et de profiter d’un repos somme toute mérité.


A la demande d’un prestigieux lanista, Saerelys s’était rendue jusqu’aux Arènes afin d’ausculter l’un de ses gladiateurs. Le dernier combat avait été rude, d’après ses dires, et malgré les soins conventionnels donnés, l’homme ne parvenait à se remettre totalement. Totalement et surtout promptement. Le lanista était donc bien décidé à faire appel à la Magie pour régler cet épineux problème. Un problème qui n’était pas unique, dans les faits. La novice avait rapidement remarqué que la blessure qui lui avait été décrite par l’homme dans sa lettre, puis verbalement, n’était pas le seul mal dont souffrait son malheureux patient. C’était de telles pensées qui plongeaient Saerelys dans un certain mutisme. Au-delà de la fatigue physique ressentie, une colère froide n’avait pu qu’animer la novice, en voyant la tâche qui lui incombait. Le prestige du maître n’avait en rien protégé son esclave, les faits avaient parlé d’eux-mêmes.


C’est alors que Daeron et Aemond cessèrent leur discussion, levant les yeux dans la direction de l’entrée. Intriguée, Saerelys ne manqua pas de faire de même. Qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle remarqua, par la porte laissée ouverte, un oiseau au plumage sombre et aux pattes palmées, posé là-haut, sur l’enseigne. Un cormoran. Pour l’Appelée de Caraxes qu’elle était, la jeune femme ne pouvait ignorer de quel animal qu’il s’agissait. Ses deux camarades s’en détournèrent cependant rapidement, leurs regards se posant sur la Riahenor. Se rendant compte de cela, Saerelys fronça les sourcils, ne comprenant guère pourquoi elle se retrouvait au centre de leur attention.


« Il est à toi ? demanda sommaire Aemond, en indiquant l’oiseau, d’un geste du pouce.
- Je t’avoue que nous sommes plus dragons qu’oiseaux, dans ma famille. répliqua Saerelys, amusée, son index frôlant le bord du gobelet posé juste devant elle. Mais il est vrai qu’il ressemble énormément à celui que Caraxes m’a envoyé.
- C’est un miracle qu’il ne se soit pas fait dévoré par un dragonnet. nota Daeron, avant de boire une gorgée de la bière que le maître des lieux venait de déposer devant lui.
- C’te piaf ? Il est avec l’navarque. S’vez, celui qui a été désigné vainqueur par Caraxes, qu’on dit. J’saurais pas dire si c’est l’homme qui s’est attaché au piaf ou l’contraire mais ils sont venus ici ensemble.
- Le navarque Hordar Kihzeznis ? s’enquit Saerelys, son regard croisant celui de l’homme qui les servait.
- Oui, m’Dame Riahenor. Lui-même ! »


Remerciant l’homme d’un signe de la tête, Saerelys rechercha la silhouette familière du navarque dans les groupes qui les entouraient. Tous deux avaient été dans le même équipage, durant le Rêve de Caraxes. S’ils avaient tous deux été nommés Appelés de Caraxes, en compagnie de Rhaenys Haeron, la froideur de l’homme avait été manifeste, à leur retour sur la terre ferme. A la joie d’avoir survécu à la bataille navale s’était rapidement mêlé une certaine colère de la part de bien des personnes. Des sorts manqués avaient fait bien des victimes, ce qui avait mené à une profonde méfiance envers ceux et celles qui avaient été désignés par les Dieux pour pratiquer la Magie. Hordar n’avait pas fait exception, semblait-il. Dès lors, sans doute était-il préférable de faire profil bas.


« Kaerys se fait attendre… remarqua finalement Saerelys, avec un soupir.
- Elle ne devrait pas tarder. Tu connais Kaerys et sa propension à croiser des gens qui sont de sa connaissance. tempéra Aemond, avec un sourire. Nous avons la permission de la soirée, pour une fois. Ce n’est pas tous les soirs que ça arrive. »


Quelque peu de mauvaise grâce, la jeune femme acquiesça. Aemond avait raison. Les Mages les plus âgés leur laissait bien volontiers davantage de leste, les mois passant. Jour après jour, ils faisaient davantage leurs preuves, menant à ces quelques moments de liberté. Saerelys savait qu’ils ne s’attarderaient pas de trop, cependant, une fois que Kaerys serait apparue. Les cours du lendemain matin leur seraient bien amers, dans le cas contraire. Portant le gobelet qui se trouvait devant elle à ses lèvres, la jeune femme s’étonna de voir d’autres novices et Mages dans l’établissement où ils se trouvaient. Syrax leur avait donc inspiré la même idée. Un fait qui, pour une raison qui lui était inconnue, ne lui inspirait rien de bon.


Son sang en crépitait.




( Gif de markantonys. )
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La rancœur nait au fond des verres !L'alcool et la magie ne font pas bon ménage...

Quadrant Nord, mois 11 de l'an 1066

Depuis combien de temps Hordar se trouvait parmis les siens ? Il n'en savait rien mais par les Quatorze, que cela lui avait manqué. La plupart du temps, il passait son temps avec des personnalités de Valyria ou au contraire avec des êtres peu recommandables. Tantôt il protégeait, tantôt il tuait. Là, il n'avait pas à faire attention à sa manière d'être, c'était un marin entouré de ses frères. C'est la vie qu'il avait choisi d'avoir ! Il avait fait le tour du monde avant de s'engager dans la Marine Valyrienne, il sentait que la mer était son élément. Il avait fallu une décision politique pour lui arracher sa vie et lui faire prendre un tournant drastique.

Pendant ce temps, Raxes avait pas mal bougé lui aussi. Il ne s'était pas contenté de rester sur l'enseigne de l'auberge en attendant que son maître se décide à le nourrir ou à s'en aller. Ce qui fait qu'au long de la soirée, le cormoran s'était invité à table ou sur l'épaule d'Hordar. Personne n'avait osé faire de mouvements pour chasser l'oiseau. Il était le signe que le Navarque était quelqu'un d'important. Du coup, ils avaient accepté ses humeurs et ses cris pour réclamer à manger. Maintenant, l'oiseau était un des leurs et il semblait plutôt accepté la situation avec beaucoup de plaisir.

Comme dans toute assemblée regroupant un nombre de personnes faisant le même métier, il y a bien sûr le moment où l'un commence à raconter une anecdote qui est elle-même suivie d'une autre et ainsi de suite. Le fils Kihzeznis ne bottait pas en touche quand c'était son tour de raconter et le mieux, c'est que certains présents avec lui ce soir, étaient également là quand il parlait de choses s'étant passé durant son service. Mais ce qu'ils attendaient également, c'est qu'il raconte ce qu'il avait vu avant de s'engager pour de bon. Plusieurs gars étaient au courant du fait qu'il avait visité les pays voisins et poussé si loin qu'il avait également foulé du pied un autre continent. Des gens, il en avait croisé, des coutumes, des façons différentes de voir le monde. Il racontait donc tout ça parce qu'il avait un réel besoin de partager ça avec ces hommes.

Alors qu'il racontait une anecdote s'étant passée en Andalos, il fut interrompu par une course et des cris semblant dirigés vers le groupe avec lequel il était attablé.

« Les gars, les gars, les gars ! Vous ne devinerez jamais ce qu'on a trouvé en quittant la taverne où l'on était pour venir vous r'joindre. »

Des regards s'attardèrent à regarder derrière le marin en question pour voir de quoi il parlait mais il n'y avait encore rien derrière lui, il était venu seul.

« Ah non, les gars ne sont pas encore là, ils arrivent avec un petit cadeau. Disons un petit paquet ! Mais pour tout vous avouer, ce paquet est un peu réticent à venir, il faut le forcer un peu. »

Voyant que son auditoire semblait ne pas comprendre de quoi il parlait, il s'approcha de la table où était Hordar et leur dit dans un murmure :

« On a r'trouvé l'un de ces mages qui était présent sur nôt' bateau durant la bataille ! Et avec les gars, on s'est dit que comme vous étiez ici, on allait l'apporter pour que l'on soit pas les seuls à s'amuser... »

Hordar attrapa le marin par le col de sa chemise et lui demanda :

« Vous comptiez lui faire quoi à ce mage toi et tes petits copains ? »

« Euh.. Bah... C'est une jolie demoiselle... Je... Tu vois quoi. »

Il rapprocha sa tête de celle déjà bien avinée de celui qu'il tenait par l'habit et lui dit :

« C'est comme ça que tu comptes te venger de cet échec cuisant ? Tu comptais quoi... La violer avec tes petits camarades ? Alors les dieux se fâchent parce que des amateurs s'amusent avec la magie et toi tu trouves que c'est une bonne idée de toucher une femme pareille ? »

L'homme ne savait plus quoi répondre et les yeux d'Hordar qui ne lâchaient pas les siens lui faisait un peu peur. Il baragouina quelque chose puis le Navarque lâcha le gars et lui intima l'ordre de le conduire jusqu'à son groupe. Ce qu'il fit prestement. Comme le marin déjà bien entamé l'avait dit, ses camarades étaient en train d'arriver avec un paquet sur l'épaule de l'un d'eux. La demoiselle semblait crier pour que l'on la lâche. Pour l'instant, elle n'avait trouvé personne pour lui venir en aide mais ça n'était pas de suite que ça allait arriver. D'ailleurs, elle dû se méprendre méchamment quand elle crut qu'Hordar arrivait en sauveur. Oui, il demanda à l'homme qui la tenait sur ses épaules de la déposer au sol et oui, il réitéra sa demande de ne pas la violer ! Il ne fallait pas se souiller avec une femme comme elle. Elle dû tiquer sur certains mots qu'il avait employé mais au moins, sa vertu serait sauve. Sa tête changea néanmoins complètement quand elle entendit Hordar dire :

« Ce jour là, nous avons perdu des frères d'armes, le rêve de Caraxes ne s'est pas passé comme prévu parce que des apprentis mages ont tenté de jouer aux dieux. Pour ça, ils ont des comptes à rendre et nous allons commencer par elle ! Elle va répondre à nos questions et pour être sûr qu'elle ne s'échappe pas, vous allez l'attacher à un poteau. Ensuite, l'interrogatoire va pouvoir commencer... »

Là, ils étaient dans la rue, il n'y avait pas de poteaux pour l'attacher. Il fallait revenir sur ses pas quitte à investir la taverne d'où ils venaient pour trouver le matériel adéquat. Et si poteau il manquait, l'établissement ne manquait pas de chaises. L'important était que la petite mage ne puisse bouger quoique ce soit. Et pour l'empêcher de crier à tout va, ils lui mirent un bâillon dans la bouche. Ils arrivèrent donc à l'endroit qu'ils avaient quitté quelques minutes auparavant avec l'apprentie mage qui était ficelée et bâillonnée. Ils déposèrent le paquet sur une chaise et ils attachèrent les pieds de la demoiselle aux pieds de la chaise. Là, ils attendirent les nouvelles instructions du Navarque. Ce dernier s’avança vers la captive et lui fit bien comprendre, avant d'enlever le bâillon, que c'est pas parce qu'elle n'allait plus rien avoir pour l'empêcher de parler qu'elle ne pouvait pas perdre la vie en agissant comme une idiote. Le sous entendu était clair pour tout le monde, elle criait ou commençait la moindre incantation et sa vie s'arrêterait là.!

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La rancoeur naît au fond des verres !Hordar Kihzeznis et Saerelys Riahenor.

Thermopolium du Quadrant Nord & An 1066, mois 11.

Kaerys ne venait toujours pas. Une certaine inquiétude se lisait désormais sur les traits de la jeune Riahenor. Un sentiment que ses deux camarades semblaient partager, désormais. Bien sûr, leur amie n’avait jamais été la plus ponctuelle, au point qu’ils leur était déjà arrivé de dissimuler ses quelques retards. Mais jamais elle n’aurait manqué un rendez-vous comme celui qui se déroulait à présent. Coupes et verres étaient désormais vides, Daeron proposant de partir à la recherche de Kaerys en reposant son propre récipient. S’ils étaient des membres du Troisième Cercle, les Mages les plus âgés ne manqueraient pas de leur faire quelques remontrances, s’ils tardaient trop à s’en retourner au Collège. Plus encore sans prévenir. D’un même mouvement, Saerelys et Aemond acquiescèrent à la proposition du membre le plus âgé de leur groupe.


« Saerelys, Aemond, Daeron, enfin je vous trouve ! »


Les trois intéressés, déjà debout, se retournèrent. Alors que Saerelys entreprenait de s’envelopper à nouveau dans son châle aussi sombre que sa tunique, son regard améthyste se posa sur la nouvelle-venue. Il s’agissait d’une autre membre du Troisième Cercle, Rhaelle, qui partageait un certain nombre de leurs cours. Il avait été décidé par les Mages qui les encadraient que Kaerys et elle travailleraient ensemble pour la journée. Fronçant les sourcils, l’Appelée de Caraxes observa rapidement les alentours. Il n’y avait personne avec Rhaelle. Ses traits étaient défaits, sa chevelure dans un grand désordre. On aurait dit qu’elle avait cavalé dans tout le Quadrant Nord avant d’arriver ici !


« Du calme, Rhaelle, du calme. tempéra Saerelys, s’approchant d’elle. Inspire profondément, là, voilà. La Riahenor avait délicatement appliqué ses mains sur le ventre et le dos de l’autre jeune femme, afin de s’assurer que tout allait pour le mieux. Tout va bien, nous sommes là, tu nous a trouvé. Que se passe-t-il ? Kaerys n’est pas avec toi ? »


La question de Saerelys ne resta pas sans réponse bien longtemps. Alors que Rhaelle résumait la situation, son souffle lui étant désormais revenu, le visage de la jeune Riahenor se décomposa. Il en fut de même pour Aemond et Daeron, qui échangèrent finalement des regards effarés. Kaerys avait été prise à parti par plusieurs hommes, passablement avinés. Quelques coups avaient été échangés, Kaerys n’étant guère âme à se laisser capturer. Elle avait ordonné à Rhaelle de fuir, faisant diversion en ce but. C’était ainsi que l’autre novice s’était retrouvée devant eux, expliquant qu’elle avait du faire profil bas pour arriver jusqu’ici. Car ces hommes avinés, elle les avaient recroisé sur son chemin, ce qui expliquait son propre retard.


« Rhaelle, reste ici, d’accord ? Saerelys tâchait de se montrer rassurante. Il y a d’autres de nos camarades dans la taverne, tu ne peux pas les manquer. Alors que Rhaelle acquiesçait, l’autre novice reprit, à voix basse. Tu vas leur expliquer la situation calmement, et vous allez retourner au Collège par petits groupes, pour ne pas attirer l’attention. Trouvez nos supérieurs et expliquez leur la situation. Dites leur que nous sommes encore ici, que nous allons retenir ces brutes jusqu’à leur arrivée. D’accord ? »


L’air grave, Rhaelle avait acquiescé avant de se diriger vers les quelques tables où les novices s’étaient réunis. Se frictionnant les mains, inquiète, Saerelys posa ses prunelles sur ses deux autres amis. Ils devaient retrouver Kaerys et la ramener au Collège. Au plus vite. Rhaelle leur avait donné suffisamment d’informations pour qu’ils puissent retrouver la quatrième membre de leur quatuor. Combien de temps faudrait-il pour que leurs camarades arrivent au Collège ? Au vu de l’urgence de la situation, sans doute assez peu de temps. Alors que le trio était en train de s’interroger sur la suite des événements, un premier groupe passa devant eux, l’un de ses membres adressant un signe de tête à Saerelys en quittant la taverne. Rhaelle menait la marche, encadrée par les deux autres novices. Au vu de leur nombre, deux autres groupes composés d’une semblable manière ne tarderaient pas à faire de même.


« Ma famille a quelques amis dans les environs. rappela alors Aemond, songeur. Il ne me faudra que peu de temps pour rallier la demeure la plus proche et demander du secours en attendant que les autres arrivent au Collège.
- Nous ne pouvons pas nous passer d’une telle aide si tu penses pouvoir nous la procurer. Tout en prononçant ces quelques mots, Saerelys avait ôté l’épingle ornée d’un petit cormoran qui se trouvait plantée dans sa chevelure. Lorsque que tu voudras nous retrouver, jette mon épingle sur le sol. Elle est ensorcelée de manière à me revenir qu’importe ce qu’il se passe. Elle te guidera jusqu’à nous quoiqu’il arrive. »


Récupérant l’épingle, Aemond l’observa quelques secondes avant de hocher la tête. Il disparu ensuite à l’extérieur, suivant le deuxième groupe de novices qui s’en retournait au Collège. Instinctivement, Saerelys se saisit de l’une des mains de Daeron. Ce dernier la serra fermement, promettant à sa camarade qu’ils la retrouveraient. Que tout irait bien. Alors, silencieusement, la Riahenor hocha à son tour la tête et tous deux disparurent dans la rue. D’un mouvement discret du menton, Daeron indiqua un homme qui quittait la taverne peu de temps après eux, emportant une chaise avec lui. Quel étrange comportement. Plus encore au vu de son apparence. Rhaelle aurait sans doute pu confirmer leurs craintes, à ce sujet. N’écoutant que leurs instincts respectifs, Daeron et Saerelys suivirent l’homme, qui ne tarda pas à s’engouffrer dans une ruelle située non loin de la taverne.


« Grands Dieux Kaerys, si tu m’entends, réponds-moi ! songea Saerelys, son sang crépitant dans ses veines.
- Sae ? Sae !!! Par Arrax, tu ne peux pas savoir comme je suis contente de t’entendre ! Tu es avec Daeron et Aemond ? Rhaelle va bien ?
- Doucement, doucement ! Une migraine n’arrangera en rien nos affaires. Saerelys se massa les tempes, sous le regard intrigué de Daeron. Rhaelle va bien. Elle est retournée au Collège, pour chercher de l’aide. Aemond ne devrait pas tarder, mais Daeron est avec moi. Comment te sens-tu ?
- Je suis la moins amochée, je pense. Le visage de Kaerys se dessina alors dans l’esprit de la Riahenor, montrant ainsi qu’elle se portait bien. Un visage qui fut rapidement accompagné d’un rire. Tu te rends compte, il y en a un qui pense que je ne sais pas incanter par la pensée. Je ne suis pas une novice du Deuxième Cercle, pourtant !
- Peux-tu me montrer où tu te trouves exactement ? Une nouvelle image se formait dans l’esprit de la novice, qui hocha la tête, les yeux clos. L’homme dont tu me parles est seul ou non ?
- Ils sont assez nombreux. Six en tout, je pense. Faites vite, ils me pensent responsables de quelque chose. Je ne saurais pas te dire quoi exactement. Quelque chose en lien avec la bataille navale, d’après ce que j’ai entendu. La voix de Kaerys cessa de résonner dans son crâne pendant quelques secondes. En d’autres circonstances, j’aurai pu me transformer et fuir, mais je pense manquer de temps pour agir de la sorte.
- Tiens bon, ma sœur ! Nous arrivons ! »


Un dernier rire mental résonna dans les pensées de Saerelys. Alors, la jeune femme rouvrit les yeux, faisant part de sa conversation mentale à Daeron. Six hommes. L’aide d’Aemond ne serait pas de trop, de même que celle du Collège. Néanmoins, la jeune femme voulait encore croire qu’il était possible d’arranger les choses. A l’aide des images mentales de Kaerys, découvrir le lieu du petit tribunal populaire ne fut pas une chose complexe. Ce fut aux côtés de Daeron que Saerelys pénétra dans la ruelle. Les deux jeunes gens n’avaient pas pris la peine de se cacher, au contraire. Les Dieux étaient témoins du fait qu’ils n’avaient rien à se reprocher.


« Messieurs, puis-je vous interroger quant à la raison d’un tel attroupement ? »


Empreinte d’une étrange douceur, la voix de Saerelys avait résonné. Resserrant son châle sur ses épaules, la jeune femme quitta la présence apaisante de Daeron, sous le regard surpris de ce dernier. Comme s’il avait s’agit de la chose la plus naturelle du monde, la jeune femme s’était approchée de l’un des hommes, reconnaissant là des traits familiers. Un sourire factice s’étira alors sur ses lèvres. Et pourtant, comme elle aurait été heureuse de le revoir, en d’autres circonstances. Comme il était regrettable de voir l’un de ses anciens patients prendre à parti l’une de ses plus proches amies.


« Heureuse de voir que Tessarion t’a rendu l’entièreté de ta santé après la  bataille, Maenar. N’avais-je pas raison ? Tu n’as gardé aucune cicatrice de la bataille. Il faudra que tu reviennes me voir, lorsque tes responsabilités te le permettront. Je vois que tes muscles sont encore quelques peu raides, sous ta peau. La main de Saerelys s’était posée sur le bras de l’homme, le palpant doucement. Ne t’en fais pas, cela ne t’empêchera pas de travailler d’ici-là. Le but est surtout de t’éviter de nouvelles blessure dans le fut... »


Mimant l’étonnement, Saerelys remarqua finalement la présence de Kaerys. Son sang se para alors d’une douce chaleur. Son regard croisa à nouveau celui de Maenar. Ôtant sa main de son bras, la Riahenor interrogea son ancien patient du regard, avant que son regard ne dévie en direction d’Hordar. Ainsi, lui aussi faisait partie de cette mascarade. Un fait regrettable de plus à ajouter à la liste, déjà bien trop longue. Contenant son aura, qui n’aurait pu qu’être écrasante et agressive, Saerelys demanda alors, son ton emprunt d’une certaine tristesse et d’étonnement :


« Messieurs, puis-je savoir la raison de cette curieuse scène ? Ne reconnaissez-vous donc pas Kaerys ? Les prunelles améthystes de la jeune femme se posèrent sur les autres personnes qui se trouvaient là, les interrogeant du regard. Il me semble reconnaître certains d’entre vous. Serais-ce une méprise de votre part, à son sujet ? Elle a été parmi les premières à se jeter dans les flammes afin de vous en sortir. L’attacher de la sorte, voilà une bien étrange manière de saluer l’aide qu’elle vous a spontanément apportée. Puis-je vous demander de la libérer ? Le regard de la Riahenor s’était posé par la suite sur Maenar. Sa famille serait fortement attristée de la savoir ainsi traitée et je gage que ses parents seraient prêts à vous récompenser tous autant que vous êtes s’ils apprenaient que leur fille a été escortée jusqu’à leur demeure par vos soins. »


Comme bien des novices, Kaerys était de noble sang. Ses traits en étaient la preuve la plus évidente. Une jeune femme pour laquelle sa famille ne manquerait pas de faire justice, s’il lui arrivait malheur. Saerelys ne manquerait pas d’appuyer une telle demande, qui plus est. Ils avaient tout à perdre, à retenir sa camarade de la sorte. Tout à gagner à la libérer immédiatement. La novice ne mentionna pas ce fait, cependant. Elle gageait que leurs esprits étaient encore assez clairs pour arriver par eux-mêmes à une telle conclusion.




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