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Voix de l'Ombre
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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face à son destin

Drivo : complexe capitolin de Valyria,
la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

La nuit était belle en ce soir d’été à Valyria. Le ciel était entièrement dégagé et baigné de milliers d’étoiles dont on percevait les variations à l’œil nu. Pour qui avait une bonne vue et du temps à passer le nez en l’air, on pouvait même apercevoir les nuages de matière céleste parsemant l’immensité infinie du ciel noir. Au loin, le rougeoiement des volcans cerclait l’horizon d’une douce lueur chaude rappelant que l’âme de la Péninsule vivait toujours aussi brûlante qu’au premier jour de la Fondation.

Ce tableau était complété par la plus belle vue possible à Valyria, celle de la Salle d’Audience. La véritable salle du trône de Valyria : là où se réunissait le Conseil des Cinq : les Lumières de Sagesse qui étaient élues par le Sénat pour cinq ans à présider à la destinée des leurs ; et du monde. Sertie de quatorze épaisses colonnes supportant le toit de la structure, elle était ouverte aux quatre vents et permettait aux dirigeants de Valyria d’observer la cité et ses quadrants de n’importe quel côté où ils se tournaient. La grande table circulaire en son centre symbolisait tout ce que l’égalité et la justesse était sensée être entre ces grands personnages. Puissants, ils l’étaient assurément. Riches, c’était vrai pour la plupart. Ils partageaient surtout une faculté spécifique de détermination couplée à un conscience aigüe de la République : c’était ce qui leur avait donné les ailes pour se hisser aussi haut. De toute la hauteur de la Flamme, ils pouvaient regarder le monde s’étendre à leurs pieds et guider Valyria comme un phare dans la nuit du monde.

Ce soir, malgré tout, le décorum n’était pas tout. Les sièges avaient été rapprochés pour faire en sorte que les Lumières soient également disposées le long d’une moitié de la table. De l’autre côté, la seconde moitié ne disposait que d’un siège faisant face à celui au centre des cinq. Parmi les Cinq, on comptait des personnages publics et bien identifiés. Les trois plus connus étaient Valerion Qoherys, Edarion Vaelgaris et le dernier arrivé, Baelor Cellaeron. Les deux autres étaient plus discrets, plus renfermés. Ils étaient aussi retors que les autres mais disposaient de moins de pouvoir et la raison de leur présence à cette table était le fruit d’habiles compromis entre les différentes factions du Sénat. Ce soir, toutefois, le Conseil était monolithique, du moins en théorie. Il jugeait une affaire grave qui avait dû être reportée pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’en période d’élection, il avait été jugé inopportun de réunir le Conseil dans ces conditions. Ensuite parce que le développement diplomatique du Rêve de Caraxes avait plongé Valyria dans une tourmente conséquente sur le plan extérieur. L’enquête diligentée par Valyria s’était heurtée aux réticences de Ghis et de la méfiance ancestrale entre les deux civilisations. Il s’agissait toutefois de pouvoir aujourd’hui définir des responsabilités. Ni le Sénat, ni le Conseil n’étaient ravis de devoir rendre des comptes à Ghis et cette expédition à Sothoryos, pourtant sanctionnée par la République, avait désormais des airs de prétexte parfait pour réactiver la guerre entre la Harpie et le Dragon.

La controverse avait gagné progressivement les couloirs du Sénat alors que la matriarche des Haeron, l’une des membres de l’assemblée, était impliquée. Bien que la faction mercantiliste ait relativement fait bloc, cela n’avait guère suffit à calmer le jeu. Tout le monde savait qu’il allait falloir désigner des responsables et pointer des doigts. Une telle situation ne pouvait pas se résoudre sans pertes.

Rhaenys Haeron, Sénatrice de Tolos et cheffe de la famille descendant de l’une des légendaires héroïnes de Valyria, comparaissait aujourd’hui devant les dirigeants de Valyria. Elle avait pu se faire déposer quelques étages plus bas, sur l’une des multiples terrasses qui parsemaient la hauteur de la tour pour permettre aux nobles de ne pas gravir des milliers de marches à chaque fois qu’ils s’y rendaient. La tour était gardée par une unité spéciale de la première armée valyrienne, portant des armures d’acier valyrien recouvert d’une fiche couche de cuivre leur donnant un aspect rouge sombre. Lorsque Rhaenys fut introduite dans la Salle d’Audience, les Lumières se levèrent dans un même mouvement, sans un bruit. Valerion siégeait au centre, face à la Sénatrice. Baelor et Edarion étaient à ses côtés. Les deux autres Lumières complétaient le tableau sur les extrémités. Valerion prit la parole d’un ton solennel.

« Sylvio Ono reconnaît la Sénatrice Rhaenys Haeron, de Tolos. Nous te souhaitons la bienvenue en ces lieux, Sénatrice. Nous te demandons de rester debout pour l’instant. »

Sans un mot de concertation, les Cinq retrouvèrent leur place assise. Autour d’eux, un habile système de poulies et de cordages dissimulé dans les murs fit tirer les rideaux disposés entre chaque colonne, enfermant symboliquement ces six personnes dans la salle. L’air devint plus lourd et les bruits de l’extérieur – le vent, la rumeur nocturne de la ville, les cris des dragons – furent absorbés. Valerion continua une fois que les rideaux furent tirés.

« Sénatrice, tu t’es présentée devant nous à la suite de notre convocation relative aux événements survenus voici trois lunes en Sothoryos, et plus particulièrement dans la colonie ghiscarie de Zamettar. Tu n’es pas sans savoir que ce qui s’est déroulé là-bas a entraîné des conséquences fâcheuses pour nos relations déjà compliquées avec Ghis. »

Il n’y avait plus aucun bruit à part le ronflement discret des braseros autour de la pièce qui donnaient une chaleureuse lumière à l’endroit.

« Cette rencontre a pour objet de déterminer dans quelle mesure tu as été impliquée dans ce qui s’est passé lors de cette expédition outre-mer et ta part de responsabilité générale dans l’affaire. N’oublie pas que lorsque tu nous répondras, tu réponds devant les dirigeants élus du Sénat, lui-même représentant du peuple élu des Dieux. Nous mentir, c’est mentir aux Dieux. Et si nous découvrons que tu as menti, tes problèmes ne feront que débuter. L’inquisitrice Valineon y pourvoira. Si tu es prête à répondre, nous sommes désormais disposés à écouter ta plaidoirie d’introduction, si tu en as une, et nous présenter ta version des faits. »





Le dragon de Pâques est passé par ici:
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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face au Conseil des Cinq

Drivo : complexe capitolin de Valyria,
la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

Une prière pour un objet possédant un pouvoir si puissant, autant bénéfique que dévastateur. Des mots désespérés tentant de trouver de la force alors que son esprit lui avait renvoyé les images du Consignataire si âgé bénéficiant du pouvoir de la Pierre de Vie et des ossements du capitaine Barlaris qui lui avait payé le prix fort de ce même pouvoir. La Bête était gravement blessée et le voile qui la ferait passer dans le domaine de Balerion était fin, ils devaient puiser dans leur dernières forces avant d’emporter cette âpre bataille qui se jouait face à la terrible Sentinelle. Une puissante lumière verte aveugla Rhaenys signifiant que la Pierre de Vie activait son pouvoir mais pour quelle finalité ? Elle ferma ses paupières, ne pouvant désormais plus qu’écouter ce qu’il se passait autours d’elle : les respirations haletantes de ses pairs, les cris d’agonie de la vouivre. Après plusieurs secondes elle rouvrit les yeux pour constater que tous se trouvaient à présent sous une sorte de dôme lumineux dont les proportions étaient aussi incalculables que celles du bâtiment qu’ils avaient quitté plusieurs minutes auparavant. Plus que ça : tout Yéen semblait prise sous ce dôme. Etait-ce là le pouvoir de protection que la Pierre fournissait à la ville depuis tout ce temps ?

Pour seule réponse elle comme Alyrea, Naema, Herya et Laedor n’avaient eu le droit qu’à une absence après laquelle ils n’avaient gardé qu’un vague souvenir de ce qu’il s’était passé au sein de la cité perdue. Incapable de se souvenir avec qui ils avaient pu converser. La place était intacte et pourtant le cadavre en décomposition avancée de la vouivre était encore présent. Rhaenys s’était relevée, non loin de la Pierre de Vie qui paraissait inerte, un frisson la parcourant alors même qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien mais de nouvelles questions s’étaient bousculées : que s’était-il passé, ne venaient-ils pas tout juste de mettre à mort la créature ? Qu’en était-il de l’équipage ? La réponse fut obtenue lorsqu’ils tentèrent de rejoindre leur camp de base, lorsqu’ils constatèrent de la présence en nombre de ghiscaris et de cette bribe de conversation qu’ils avaient discrètement entendue. Mais ils n’avaient guère pu agir, devant fuir sur le dos des trois dragons lorsque l’alerte fut donnée. Peur. Incompréhension. Colère. Pourquoi ne les avaient-ils pas laissés en paix alors qu’ils avaient concédé à laisser derrière eux deux des leurs et le transport de troupes ?


Les paupières de la matriarche s’ouvrirent subitement et ses yeux se posèrent sur cet horizon qui en cet instant semblait si lointain. De nombreuses semaines s’étaient écoulées, se transformant par la suiteen lunes, à présent qu’elle parcourait à nouveau les pavés de Valyria et pas un seul instant depuis que Daenar s’était dirigé vers elle, elle n’avait cessé de songer à ses mots et ce qu’elle avait vu lorsqu’elle avait tenté de rejoindre le port de Yéen avec les autres. Zamettar attaquée. De nombreux morts. L’inquiétude l’avait alors saisie, Raemor se trouvait là-bas. Lui était-il arrivé quoi que ce soit ? Avait-il été blessé, humilié d’une quelconque façon ou tué ? Elle lui avait envoyé une lettre, lui demandant de ses nouvelles, lui ordonnant de rentrer à Tolos et si pour le moment elle n’avait obtenu aucune réponse, elle espérait qu’il avait déjà pris un navire pour revenir chez eux. Un léger soupir qui la bouche de Rhaenys. Si d’ici quelques jours aucune missive de Tolos ne lui parvenait, elle enverrait Zalalthal à la recherche de leur cousin. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine tandis que sa gorge se serrait.

Ce soir n’était pas un soir comme elle les passait d’ordinaire à son bureau, lisant des lettres ou feuilletant de quelconques livres. Non. Ce soir elle avait été menée sur l’une des terrasses composant la Tour des Cinq, à quelques étages à peine de cette salle où elle se consacrerait à la nécessité d’expliquer aux Lumières de Sagesse ce qu’il s’était passé sur Sothoryos, à défendre son honneur et par extension son nom pour que les siens ne puissent en pâtir. Lorsqu’une voix s’éleva derrière elle, Rhaenys décrocha son regard de cet horizon indigo teinté par le rouge des Flammes et suivit à nouveau les gardes qui étaient chargés de l’escorter. Dans un silence des plus pesants elle fut menée à la Salle d’Audience où lorsqu’elle y pénétra les Cinq se levèrent. Tous d’un seul et même côté face à ce siège qui serait destiné à la Haeron. Le visage fermé elle se rapprocha et vint se poster face à Valerion tandis que se dernier lui souhaitait la bienvenue avant de lui demander de rester debout. Serrant les mâchoires et gardant la tête haute alors que les Lumières reprenaient place et que des rideaux étaient tirés comme pour tous les enfermer dans cette pièce, elle écouta les paroles prononcées par Valerion avant de prendre une discrète profonde inspiration lorsque ce dernier l’invita à parler.

Estimées Lumières, pensez-vous qu’un tel évènement ait pu avoir lieu sans la moindre raison ? Êtes-vous certains que l’Empire attaqué soit réellement victime ?  Il y a trois lunes de ça une attaque a été perpétrée à l’encontre d’une colonie ghiscarie, Zamettar, alors même que les hommes et les femmes que vous jugez responsables de cette expédition étaient pour grande partie dans la jungle Sothoryenne. Une attaque perpétrée envers un empire dont nous avions pourtant consentis à suivre les termes afin de mener à bien cette expédition financée par de grandes familles et encouragée par la République elle-même. Qui est coupable de cette incartade en ces temps déjà troublés, impliquant un peuple battu ? C’est à vous, Lumières de Sagesse, et aux dieux d’en décider, déclara-t-elle en s’imposant un rythme calme sans perdre la possibilité que ses mots puissent être percutants. Son regard dévia légèrement sur Edarion avant de revenir sur le visage de Valerion.

A la huitième lune de cette année, peu après que la première expédition nous soit revenue, j’ai fait part de mon intérêt de participer au financement d’une nouvelle expédition sur Sothoryos, après m’être entretenue auprès du légat Iason Valralys. En tant que marchande et descendante d’une héroïne telle que Haera je n’ai pu qu’être séduite par ce continent empli de mystères mais en particulier de ressources inconnues. Je me suis donc investie pour que des meilleurs équipements et qu’une meilleure préparation puissent voir le jour, pour que cette expédition ne puisse tourner court comme la première. La lune suivante c’est donc sous le capitanat du commandant Barlaris que j’ai embarqué sur l’Inébranlable. Aux côtés de Naema Vaelarys, Herya Valgaris, Laedor Arlaeron ainsi qu’Alyrea Lyseon et Lornaelon Haeron. Comment en sommes-nous arrivés à une finalité telle que l’attaque de Zamattar ?

Vous conviendrez que cela n’a pu commencer que par ce blocage de l’embouchure du fleuve Zamoyos par trois lourds navires ghiscaris. Leur but ? Rien de plus que de nous empêcher d'accéder à un territoire encore non revendiqué par quelque peuple que ce soit. Des solutions ont été recherchées et la diplomatie est venue comme une évidence, de part cette voie choisie il a été mis au clair que l’Empereur veut maintenir la neutralité de ce territoire. Ironique lorsqu’il est au fait de tous qu’il y a établit deux colonies. Les hommes et les femmes sur les navires de notre République auraient-ils dû opérer un demi-tour, risquant ainsi de jeter l’opprobre sur leur nom et faisant naître dans leur cœur des foules la colère que tant d’or ait été utilisé pour une expédition qui n’avait même pas débuté ?


Cette fois Rhaenys observa chacun des hommes assis de l’autre côté de la table.

Des heures de négociations ont été nécessaires avant qu’un accord ne soit trouvé : le transport de troupe devait soit se rendre à Zamettar soit retourner à Valyria, et le légat ainsi que sa garde du corps devaient rester auprès de la Harpie pour s’assurer de notre comportement irréprochable. Aucune objection n’a été émise et la route maritime a été poursuive. Alors que le Zamoyos était remonté, c’est sous une chaleur étouffante qu’une attaque a été subie, l’usage des dragons et de la magie a été d’une nécessité sans pareille afin de venir à bout de crocodiles dont la taille et l’agressivité hanterai les nuits de n’importe qui. Nombreuses ont été les pertes humaines et je prie chaque soir Balerion de prendre soin de ces âmes. Après cet évènement il fut décidé à l’unanimité de poursuivre cette mission et ce ne fut que le lendemain après-midi que nous put amarrer à des quais qui avaient survécu aux attaque du Temps. C’est ensuite au côté de dame Vaelarys, du seigneur Arlaeron et des mages Valgaris, Lyseon et Haeron que j’ai exploré une partie de cette immense cité jusqu’à un bâtiment central. Les lieux étaient vides de la moindre trace vie, ni végétation ni animal n’avait pu y trouver sa place, mais tout ce que je sais c’est que nous avons tous conversé avec quelqu’un, nous avons par la suite été attaqués par une vouivre dont nous sommes parvenus à bout avant que je ne perde connaissance. J’ignore la raison mais à mon réveil le cadavre de la créature était dans un état de décomposition avancé, comme si des mois s’étaient écoulés, et que la Pierre de Vie était près de moi. Quand nous sommes revenus au quai les ghiscaris étaient là, prenant le contrôle de tout ce que nous avions fait, comme s’ils nous avaient laissé passer pour mieux récolter les fruits de cette âpre avancée. C’est à cet endroit que les premières paroles révélant l’attaque de Zamettar ont été prononcées…

Calmant les tremblements de ses mains croisées dans son dos, en les posant sur le dossier du siège sur lequel elle n’avait point encore été invitée à s’asseoir, Rhaenys déglutit enfin. Elle s’était attelée à prendre son temps pour soulever des questions venait hanter son esprit, poser ce contexte particulier qui était venu perturber leur expédition mais aussi pour relater ces faits qui s’étaient déroulés de bout en bout jusqu’à cette rencontre avec l’amiral Valineon.

- Des familles valyriennes sont en deuil, je leur adresse mes plus sincères prières. Des familles ghiscaries le sont tout autant alors que nous nous étions employés à ne point commettre d’impair, à user de la voie de la diplomatie, et je regrette qu’elles soient éplorées… Moi Rhaenys, matriarche des Haeron et sénatrice, je déclare devant le Conseil des Cinq et devant les Quatorze que je n’ai aucunement donné l’ordre d’attaquer Zamettar et que je ne me doutais pas qu’un tel fait puisse ce produire alors même que nous risquions notre vie pour atteindre une cité perdue au milieu d’une jungle mortelle.



Arrax
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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face à son destin

Drivo : complexe capitolin de Valyria,
la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

Lorsque Rhaenys Haeron cessa de parler, le silence reprit sa place écrasante.

La Salle d'Audience était le lieu le plus fantasmé de toute la République. Là où le Sénat était l'endroit le plus sacré et le plus emblématique, l'endroit où siégeait le Conseil des Cinq traînait une réputation d'endroit innacessible qui le rendait autant plus désirable pour la plupart des personnes de Valyria. Rhaenys Haeron était l'une des rares à être convoqués par le Conseil. Cela n'avait rien d'une expérience plaisante, même pour une sénatrice aussi influente et puissante comme Rhaenys.

Les Cinq faisaient face à un choix difficile. Ils n'avaient pas véritablement de coupables à livrer aux Ghiscaris qui tempêtaient d'une telle force que même Valyria devait convenir qu'ils avaient des raisons d'être en colère. Le principal responsable de ce désastre diplomatique et militaire était le légat de la troisième armée, Iason Valralys, qui avait disparu. Jusqu'à présent, le Conseil avait imaginé qu'il était prisonnier des Ghiscaris mais des rapports provenant de Zamettar attestaient de sa disparitione avant même que sa capture ne soit effective. A la demande du Conseil, la redoutable inquisitrice Jaenera Valineon avait envoyé des agents et des mages explorer sous couverture la colonie ghiscarie endommageé. Leur rapport, bien qu'édifiant, posait un gros problème à Valyria car il n'y a pas de coupable à désigner fermement.

La voix posée de Valerion se substitua au calme apparent.

« Le Conseil te remercie, Sénatrice. Nous entendons bien que tu clames n'avoir eu aucune connaissance ni aucune responsabilité directe dans ces événements et nous te remercions de ton témoignage. Toutefois, les faits demeurent. Si tu n'as pas donné les ordres, qui l'a fait ? Et surtout, pourquoi une telle décision ? »

La question était une vraie chausse-trappe car Valerion connaissait pertinamment les raisons avancées par ses agents dans le saccage de Zamettar. Toutefois, il restait malgré cela des zones d'ombres à éclaircir.

« Ce que nous cherchons à te faire comprendre, Sénatrice, c'est que tu étais l'unique représentante de la République tenant un rôle parlemantaire parmi cette expédition. Les mages sont à l'heure actuelle interrogées par le conclave de Talaegar Perzygon et les autres suspects principaux comparaissent devant une commission d'enquête du Sénat. »

Valerion se pencha légèrement au-dessus de sa table, planta son regard qui semblait éteint sur Rhaenys.

« Toutes ces personnes connaissent ton statut et la responsabilité qui était tienne durant cette expédition. Tout le mérite te revient d'y avoir pris un rôle mais je voudrais que tu t'interroges avant de nous répondre. Ces personnes ne sont pas protégées comme toi par ton statut de membre du Sénat. Elles ont encore moins l'habitude de faire face à des autorités aussi officielles que celles qu'elles rencontre en ce moment. Ne risquent-elle pas de te pointer du doigt, pour se dédouaner ou au contraire à juste titre ? »

Baelor interrompit la tirade de Valerion en toussotant légèrement. Valerion arrêta son discours mais conserva la même expression, continuant de sonder Rhaenys. En tant que marchand, il avait - lui aussi - tout à perdre d'un nouveau conflit avec Ghis et cette situation ne lui convenait pas du tout. Il revint en arrière et retrouva sa position intiale. Sans quitter la matriarche des Haeron du regard, il prononça d'une voix calme :

« Je t'en prie, Lumière Baelor. Si tu souhaites t'exprimer, le Conseil et la Sénatrice t'écoutent. »

La voix de Baelor, moins joviale que d'ordinaire mais toutefois plus chaleureuse que celle de Valerion, perça à son tour le silence.

« Vous n'ignorez pas forcément les liens qui me lient à la Sénatrice accusée. Je souhaite néanmoins faire valoir qu'il m'apparaît impensable que la Sénatrice Rhaenys soit à l'origine d'une quelconque malversation dans cette expédition. Je renouvelle devant vous ma foi en elle et sa loyauté envers cette République. »

Adressant à la jeune matriarche un signe de tête, Baelor se rengonça dans son siège, déposant les mains sur sa bedaine ventripotente. Une voix légèrement mal assurée mais pleine de détermination douteuse se fit alors entendre.

« J'entends ce que tu dis, Baelor. Mais qu'en est-il de ses compagnons ? De ce que j'ai sous les yeux, il y avait un autre membre de sa famille, une proche des Tergaryon d'Oros, une membre de dynastie, une mage pratiquement inconnue et l'héritier Arlaeron. Sans compter ce légat et son - pardon, sa garde du corps ? Sénatrice, je te le demande en ton âme et conscience. Vas-tu te porter garante de chacun des membres de ton expédition ? Et Valerion porte à ton attention un point intéressant qu'il convient de ne pas négliger : as-tu confiance en chacun d'entre eux pour ne pas s'interroger sur ta responsabilité devant d'autres ? »




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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face au Conseil des Cinq

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la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

Conserver un masque de neutralité était un exercice particulièrement difficile en cet instant. La salle d’audience du Conseil des Cinq était un lieu sur lequel avait toujours régné le mystère, se voyant être fantasmé par bon nombre de Valyriens mais combien d’entre seraient encore restés debout sans s’écrouler sur le sol ? Probablement une bonne poignée. Elle essayait de tenir bon face aux Lumières de Sagesse, face à Valerion Qoherys qui tenait là une occasion inestimable de se saisir de ce que les boucles brunes de Jaekar n’avaient réussi à obtenir. Elle transféra de sa force dans ses doigts pour venir enserrer plus fermement le dossier de son siège. Elle ne pouvait se permettre de courber l’échine face à lui, elle devait tenir autant pour elle que pour les siens et la mémoire de sa défunte mère. Elle venait de déclamer son discours et à présent le pesant silence reprit sa place, venait exercer de nouveau sa pression sur les épaules de la jeune femme qui s’attelait à résister. Viendraient-ils remettre en cause sa parole ? A n’en point douter. Elle était celle qui tenait la place la plus haute dans la hiérarchie de l’expédition et ils voudraient obtenir des réponses.

Le ton posé qu’adoptait Valerion contrastait grandement avec l’atmosphère pesante et les lourdes conséquences qui devaient s’amonceler à chaque mots que la native de Tolos venait de prononcer. Qui avait donné les ordres ? Pour quelle raison ? Voilà deux questions qui venaient frapper avec force la jeune femme qui serra les mâchoires. Elle n’avait pas la moindre réponse à leur apporter alors que c’était ce qu’ils attendaient de sa part… à moins qu’ils soient au fait de ce qui lui échappait et en cela elle ne pouvait que vainement venir se défendre devant eux. Que s’était-il passé ? Si elle s’attela à rester de marbre lorsque Qoherys lui annonça ce dont elle se doutait, elle fronça cependant légèrement les sourcils lorsque ce dernier l’informa de la situation dans laquelle se trouvaient les autres.  Ne lui laissant guère le temps d’émettre la moindre pensée pour ses camarades d’expédition, Valerion se pencha légèrement au-dessus de la table et poursuivit. Les mots prononcés effacèrent peu à peu cette crainte qu’elle ressentait depuis qu’elle était arrivée dans la Tour, au profit de la colère. Où voulait-il en venir ? Sous prétexte qu’elle disposait d’un rang plus élevé, elle serait désignée comme coupable ? Se penchant légèrement en avant, elle entrouvrit la bouche, prête à répondre aux allégations qui venaient d’être proférées, mais la toux légère émise par Baelor l’empêcha de prononcer le moindre mot.

Rhaenys se redressa, cherchant à trouver de ce bon sens et de ce calme qui se cachaient derrière la crainte et la colère, puis elle braqua son regard sur Baelor. Celui avec qui elle s’était alliée, celui pour lequel avait voté pour être à ce poste. Elle l’écouta attentivement, ses mots lui permettant de retrouver un semblant de force sans que toutefois l’espoir de s’en sortir sans dommages ne vienne adoucir les traits de son visage. Il lui adressa un signe de tête et si elle le remercia silencieusement, elle s’empêcha de lui répondre d’un même geste, ignorant comment cela pourrait perçu par les quatre autres Lumières. Probablement mal perçu au vu des mots que prononçait l’un d’entre eux. Si elle connaissait Naema, Alyrea, Lornaelon et Iason, elle ne pouvait pas en dire de même du jeune Arlaeron, d’Herya et de la garde du corps du légat. Pourtant malgré la brume qui enveloppait son esprit, la native de Tolos restait confiante à leur encontre.

- Ce membre de ma famille et cette dynaste sont des mages du cinquième cercle, sans leur puissance nous aurions perdu cette bataille menée sur le fleuve. Cette proche des Tergaryon d’Oros, sans ses connaissances et le soutien de sa dragonne, le mien n’aurait pu pleinement faire le poids face à la menace. La mage pratiquement inconnue se nomme Herya Valgaris, elle comme l’héritier Arlaeron avaient les connaissances et la force nécessaire pour eux aussi aider à faire face à ces crocodiles. Par deux fois j’ai été à leur côté au milieu d’un affrontement face aux créatures de Sothoryos et nuls autres êtres que les Quatorze sont mieux au fait que moi de leur valeur. Pour ce qui est du légat Valralys, aussi emporté puisse-t-il être, il est un homme de parole et il n’aurait prit la décision d’attaquer les ghiscaris sans une raison suffisamment importante, sachant pertinemment que sa réaction mettrait en péril nos vies et la réussite de cette expédition… L’honnêteté m’amène cependant à vous dire que je ne suis pas en mesure de vous exprimer la même certitude concernant sa garde du corps et ce malgré son expérience du continent.

Elle se tut quelques instants, le temps de prendre une profonde inspiration et d’expulser doucement l’air de ses poumons pour tenter de dissiper ce brouillard.

- Il est aisé de me rendre responsable du moindre fait ayant eu lieu, de la moindre décision prise alors que tout a été fait pour respecter les termes fixés par les ghiscaris, pour faire honneur à la République. Je sais ce que j’ai fait. Je sais que je ne l'aurais pas mise ainsi en péril au risque de verser tant de sang dans le présent et d’être la cause d’une nouvelle guerre dans le futur. Et je sais ce que j’ai vécu auprès de Lornaelon Haeron, Alyrea Lyseon, Naema Vaelarys, Herya Valgaris et Laedor Arlaeron. Je vous le dis sous l’œil d’Arrax, j’ai confiance en chacun d’entre eux, ils ne s’interrogerons pas sur ma responsabilité.



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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face à son destin

Drivo : complexe capitolin de Valyria,
la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

A l’écoute des dernières paroles de la Sénatrice, l’ensemble des Lumières – Baelor compris – fronça les sourcils. Il y eu un moment de flottement suivi de tout un conciliabule entre les puissants de Valyria. Les chuchotements étaient inaudibles pour Rhaenys depuis l’autre côté de la table mais il était manifeste que sa réponse ne satisfaisait pas pleinement le Conseil des Cinq. Parfois, l’un d’eux jetait un regard fugitif vers Rhaenys avant de revenir à son interlocuteur.

Les enjeux avec lesquels traitaient les Lumières dépassaient de loin tout ce que les autres Valyriens pouvaient imaginer. Ils présidaient à la destinée de toute une civilisation qui devait s’imposer face à un empire plurimillénaire, une puissance si ancestrale et si hégémonique que personne n’avait encore imaginé que celle-ci puisse être un jour vaincue. Pourtant, Meereen avait été prise, Bhorash réduite en cendres et l’Empereur avait concédé sa défaite. Une seule erreur de jugement pouvait avoir des conséquences cataclysmiques. C’était ainsi qu’une erreur d’appréciation du Conseil avait conduit à envoyer des puissants aristocrates le représenter à Bhorash dans ce qui était devenu l’étincelle qui avait embrasé le conflit entre Valyria et Ghis. Valerion Qoherys reprit la parole, mais cette fois son timbre de voix était glacial et ses intonations se faisaient menaçantes. Il joignît ses mains devant lui sur la table et posa son regard directement au fond de celui de la Sénatrice.

« Rhaenys Haeron, il me semble que tu n’as pas tout à fait saisi la situation malgré nos explications pourtant claires. Je vais donc les préciser en des termes plus simples. Il n’est pas envisageable que nous n’ayons aucun nom sur lequel nous entendre ce soir. »

Baelor prit sur lui d’intervenir avec une rare lueur d’agacement teintant sa parole.

« Nul besoin de manquer de respect à la Sénatrice, Lumière Valerion. Je pense que Rhaenys comprend parfaitement nos impératifs du soir. Maintenant que cela est précisé, je suis certain que sa mémoire ne lui fera pas défaut. »

Le jeune Vaelgaris n’avait encore rien dit et conservait le silence, les bras croisés sur son torse dans un évident déploiement d’insatisfaction. Les autres Conseillers n’étaient guère plus affables. Valerion essayait de garder contenance, espérant encore pouvoir bénéficier d’un premier nom sur lequel s’accorder.

« Des hommes sont morts, de valeureux serviteurs de la République sont encore dans les cachots ghiscaris. Personne ici ne souhaite te rendre responsable de cet état de fait, mais si nous ne présentons rien aux Ghiscaris, c’est un second conflit avec eux qui nous tend les bras. Ne penses-tu pas qu’un seul nom à leur donner pour les apaiser vaut des centaines des vies ? Une dernière fois, Sénatrice, je te conjure de repenser une ultime fois ton témoignage. »



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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face au Conseil des Cinq

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la Tour des Cinq, Valyria - An 1066, mois 12

Le semblant d'assurance de Rhaenys vacilla, brisant définitivement ce masque de neutralité qu’elle s’était pourtant attelée à conserver dès le premier instant où Valerion Qoherys avait pris la parole. Elle affrontait une difficulté aussi grande, si ce n’était bien plus, que la vouivre. Un monstre à cinq têtes dont seule l’une d’entre elle avait fait preuve de mesure et d’une relative compréhension à son encontre. Seule face aux quatre hommes les plus puissants et habiles de Valyria ainsi que le jeune Vaelgaris qu’elle ne connaissait que trop pour avoir un quelconque brin de confiance en lui.

Chaque Lumière fronçait les sourcils alors qu’elle venait de cesser de s’exprimer. Tous les mots qu’elle venait de prononcer semblaient ne pas avoir satisfait les hommes assits de l’autre de côté de table. Ces derniers laissèrent un pesant silence s’installer quelques instants avant qu’ils ne se penchent les uns vers les autres pour s’adresser des murmures que la jeune matriarche était bien incapable d’entendre. Il en était mieux ainsi. Cela n’aurait rien changé si elle avait pu comprendre un traite de mot de ce qu’ils disaient, elle n’en aurait été que plus déstabilisée, plus en proie à la crainte et à la colère qui en cet instant se battaient toujours dans son cœur. De toute évidence ils attendaient une réponse qu’elle prenait trop de temps à fournir et seul Baelor s'attelait à apaiser Valerion... Malgré cette preuve de soutien, contournant le siège, Rhaenys vint poser avec force ses mains sur la table.

- Par les dieux, comment ose-tu ? J’ai parfaitement compris que toi et les quatre autres Lumières attendez de moi que je vous fournisse un nom à jeter en pâture à l’Empereur, nul besoin de t’adresser à moi comme à une enfant. N’ai-je pas moi-même été suffisamment claire en énonçant les noms en lesquels j’ai entièrement confiance et en mentionnant les deux qui étaient les plus sujets à se battre contre les représentants de la Harpie ? Un conflit à Zamettar, jamais je n’aurais permis que cela se produise alors même que l’un des miens s’y trouvait en qualité de négociant. De toute manière il ne s’agit que d’une occasion unique pour que tu me…

Se rendant compte de son ton et des conséquences que ses mots pourraient avoir si elle poursuivait sous le joug de la colère, Rhaenys se pinça les lèvres en détournant son regard du natif de Mantarys. Il était probable qu'il avait guère apprécié qu'elle rejette les avances de Jaekar en s'unissant à son propre frère, cela pouvait-il l'influencer inconsciemment ? Ou bien se trompait-elle et faisait-il simplement preuve d'une grande impartialité ? Tout était possible mais il fallait qu'elle retrouve son calme. Elle prit une profonde inspiration avant de se redresser et d’ôter les mains du meuble pour venir les mettre derrière son dos, là où les Cinq ne pourrait la voir se masser nerveusement la paume.

- Lumière de Sagesse Qoherys, je te prie de bien vouloir pardonner mes mots et mon emportement, je ne souhaite pas à t’offenser, ni aucun d’entre vous, reprit-elle en braquant à nouveau son regard sur Valerion. Justice doit être rendue pour les morts causées, pour libérer les prisonniers, et je comprends le besoin plus qu’urgent de trouver une réponse, ajouta-t-elle d’un ton bien trop déterminé au regard de la situation délicate dans laquelle elle se trouvait, chaque instant pouvant la faire basculer vers un avenir peu enviable.

- Estimées Lumières, croyez-vous sincèrement que l’Empereur se contenterait d’Adhara Nahram, rhoynare et ancienne esclave ? De moi-même, femme et sang-mêlé ? Ou encore de Iason Valralys, simple légat et sang-mêlé ? Je doute grandement qu’un seul nom les satisfera autant que la tête offerte pour calmer nos propres esprits et celui d’Andalos à la suite du désastre du Rêve de Caraxes, parce que je suis certaine d’une chose : chacun d’entre nous dans cette pièce sait pertinemment ce dont sont capables les ghiscaris.  Ils attendaient la meilleure occasion pour se venger de leur défaite, elle leur a été offerte à notre insu à tous et s’il est possible de la retarder, une nouvelle guerre reste cependant inévitable... Lumière Vaelgaris ? Arrax et Tyraxes ne t’ont-ils pas montré la vérité, la voie à plus sage à emprunter ?


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Lorsque Rhaenys Haeron chargea nommément l’une des Lumières de Sagesse de Valyria, les quatre autres se murèrent dans un silence de plomb. Si tous avaient leurs objectifs et leurs histoires respectives, ils représentaient un tout et insulter l’un d’eux, c’était les défier tous. Et défier les Cinq, c’était la dernière chose qu’un Valyrien sain d’esprit souhaitait faire. Aussi, si ces derniers cherchaient avant tout à ce que Rhaenys leur donnât un nom, ils pouvaient être tentés de s’accorder rapidement sur son nom à elle, si cela pouvait leur permettre de parvenir à leurs fins.

Même Baelor fronçait les sourcils. Rhaenys avait beau ne pas être n’importe qui, elle s’adressait aux dirigeants de son pays et un peu déférence aurait été la bienvenue. Bien entendu, il comprenait son agacement mais il jugeait que c’était là une faute. Les efforts multiples qu’avait dû déployer Baelor pour parvenir au pouvoir suprême, Valerion avait également dû y consentir. Tous les hommes autour de cette table méritait le respect dû à cet investissement de temps et d’or. Mais parmi tous les membres des Cinq, Valerion était celui qui goûtait le moins de cette familiarité. Le Conseil n’eût cependant pas le temps de pouvoir réagir que déjà, comprenant l’étendue de son erreur, Rhaenys faisait machine arrière et présentait de plates excuses qui, à défaut de la sauver du courroux de Qoherys, la mettait au moins à l’abri d’une exécution sommaire pour avoir manqué de respect à ses dirigeants.

Toutefois, malgré ses sautes d’humeur, Rhaenys venait enfin de donner au Conseil ce qu’il attendait : des noms. Aucun de ceux qui étaient auditionnés au Sénat et au Collège des Mages en ce moment, mais c’était mieux que rien. Un légat et une ancienne esclave rhoynare étaient bien suffisants. Il y avait là de quoi pointer du doigt vers ailleurs que la simple République valyrienne et c’était là un développement très intéressant car les Lumières étaient friandes de pouvoir dévier la responsabilité et la partager avec d’autres. Le peuple de la Rhoyne ferait un très bon paravent à une partie de leurs problèmes. Et si cela devait se solder par une expédition punitive entraînant un petit conflit localisé et quelques centaines de morts, cela les valait bien car ces morts ne seraient pas valyriennes. Lorsque Valerion reprit la parole, toutefois, sa parole était bien plus froide qu’auparavant. S’il se contenait par égard à son rang de Lumière, à ses collègues et au rang de Sénatrice de Rhaenys, sa voix ne trahissait qu’une dangereuse et sourde colère. Rhaenys Haeron s’était faite un ennemi de poids, ce soir.

« Je m’adresserai à toi comme je l’entends, Sénatrice, car tu n’es que cela, une sénatrice là où je suis l’un de ceux qui guident les Valyriens. Ce mandat, je l’ai obtenu par la voix du Sénat là où tu n’as fait qu’hériter du tiens. Epargne-nous donc tes sautes d’humeur féminines et tâche de te montrer à la hauteur de l’endroit où tu te trouves et de la compagnie en laquelle tu te tiens. Tes excuses, toutefois, sont acceptées. »

Tout dans sa voix semblait indiquer le contraire, et sans doute que cela aurait des répercussions plus tard pour Rhaenys mais au moins elle avait un allié dans la place en la personne de Baelor. Cela risquait de lui être utile par la suite. Toutefois, Valerion avait prononcé ces paroles en présence du reste des Lumières et dans leur plus sainte salle, cela devait compter pour une forme d’assurance qu’il ne la ferait pas disparaître dès la fin de la nuit. Il reprit, d’un ton légèrement plus démonstratif.

« Il sera noté ce soir que la Sénatrice Rhaenys Haeron accuse le légat Valralis et sa garde du corps native de la Rhoyne de collusion visant à saccager la colonie de Zamettar dans une initiative non sanctionnée par le Sénat de la République ou les Lumières de Sagesse. Comme ils ont visiblement réussi à échapper aux Ghiscaris et qu’ils ne sont jamais revenus ici, cela me semble une résolution satisfaisante de cette situation. Espérons que les Ghiscaris l’achètent aussi. »

Le reste de l’assemblée hocha du chef d’un air satisfait. Un officier supérieur traître et une étrangère collaborant pour tuer des Ghiscaris ferait toujours meilleur ménage qu’une attaque préemptive ordonnée par le Sénat. Restait maintenant à discrètement – ou non, car après tout Valyria était une nation souveraine – amener les autres qui témoignaient ce soir à donner leur version sur Iason et Adhara. Avec un peu de chance, quelqu’un aurait des souvenirs d’un moment particulier qui serait accablant. Déjà on faisait signe à un serviteur de porter un message au Sénat et aux mages. Bientôt, les compagnons d’infortune de Rhaenys se verraient suggérer d’orienter leurs témoignages vers ces deux personnes. Pourtant, les Lumières n’en avaient pas encore terminé avec Rhaenys. Ce fut Edarion Vaelgaris qui prit la parole. Dans son regard luisait une forme d’intérêt mêlé de respect pour la Sénatrice qui lui faisait face.

« Les dieux ne nous guideront pas, ils nous observent et nous jugent. Mais leurs enfants doivent apprendre à marcher par eux-mêmes, sinon ils ne seront jamais en mesure d’accomplir quoi que ce soit digne des dieux. Tu es persuadée de l’explosion d’un conflit prochain avec Ghis, Sénatrice. Personne ici ne te donnera tort car c’est une éventualité que nous avons tous en tête. Mais je suis curieux : quelle serait ta stratégie à notre place ? Que ferais-tu différemment de ce que nous mettons en place aujourd’hui ? »



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Plus haut l’orgueil, plus dure la chuteRhaenys Haeron face au Conseil des Cinq

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Le cœur de Rhaenys battait à nouveau à tout rompre dans sa poitrine, menaçant d’en briser les côtes afin de s’échapper. Elle sentait ses muscles vibrer à chaque mots supplémentaire quelques prononçait alors qu’elle avait cherché à se contenir, à conserver une certaine dignité malgré les raisons qui l’avaient amenée en ces lieux et pourtant elle la perdait à chaque seconde qui s’écoulait. Répliquant face à ces paroles froides prononcées d’un ton menaçant qui cherchaient à obtenir d’elle un nom dont elle-même n’était pas totalement certaine de la culpabilité. N’avaient-ils pas cherché à ce qu’elle se porte garante pour chaque membre de l’expédition ? Ne lui avaient-ils pas demandé si elle vouait sa confiance en chacun quant au fait qu’ils ne chercheraient pas à s’interroger sur sa responsabilité ? Cela ne leur suffisait-il pas qu’elle prononce uniquement le nom de ceux en qui elle croyait ? Non, il leur fallait des aveux et son bon sens s’était envolé lorsque les derniers mots de Valerion avaient été prononcés. En lui répondant ainsi elle commettait un acte grave qui se répercuterai irrémédiablement sur les siens, fait qu’elle ne souhait aucunement voir se produire, et lorsqu’elle se rendit compte du chemin qu’elle empruntait, Rhaenys cessa de parler.

Par les dieux, comment avait-elle pu se laisser aller ainsi ? Ô que ses aïeux devaient bien avoir honte d’assister à de tels faux pas en si peu de temps écoulé. Adoptant une position plus digne et se reprenant sous les regards légitiment courroucés des Cinq, la jeune femme s’attela à prononcer des excuses convaincantes dans l’espoir d’étouffer quelque peu ces flammes qui avaient tant grandit et menaçaient de la consommer. Aucun de ceux qui l’avaient côtoyée durant des jours en un territoire hostile ne méritaient une quelconque suspicion. Le légat avec lequel elle avait pourtant longuement discuté, lui avait fait en revanche preuve de sa capacité à changer de comportement. Et si elle savait qu’un certain honneur était abrité en lui, elle devait se rendre à l’évidence qu’il avait probablement quelque chose à voir avec l’attaque de Zamettar et ne pouvait se permettre de risquer plus que de raison. Et la garde du corps Adhara Nahram était celle pour qui elle ne pas parierait de l’innocence en mettant sa main au feu. Mais que vaudrait ces deux noms pour l’Empire alors même qu’ils connaissaient l’importance que revêtait le sang pur ? S’ils pouvaient être berné un temps, ils ne le serraient pas comme la population valyrienne.

Alors qu’elle clôturait son temps de parole en s’adressant à la Lumière de Sagesse Edarion Vaelgaris, un silence pesant s’installa. Ce qui était dit ne pouvait être défait, malgré les noms prononcés, malgré les excuses, et assurément elle s’apprêtait à faire les frais de cette colère qu’elle venait de réveiller chez Valerion Qoherys. Lorsque la Lumière reprit la parole, Rhaenys s’attela à ne pas décrocher son regard du Qoherys, à maîtriser ses traits mais surtout à ne pas avoir un regard pour Baelor dont elle ne voulait lire les pensées dans ses yeux clairs. La voix de Valerion trahissait l’étendue de la faute qu’avait commise la matriarche et les mots n’en étaient que plus tranchants. Aussi durs pouvaient-ils être, la Haeron ne pipa mot, ni quand il lui rappela la manière dont elle avait obtenu le siège sénatorial, ni quand il mit son coup d’éclat sur le compte de sa condition… ni quand lui dit qu’il acceptait ses excuses. Son instinct lui criait qu’il n’en avait pas pour autant terminé avec elle, était-ce le signe qu’elle devait revoir sa collaboration avec Jaekar ? Ce dernier serait-il loyal envers son ordre ou les ordres de son père seraient-ils un chant plus mélodieux à ses oreilles ?

Lorsque Valerion reprit d’un timbre bien différent de celui qui venait d’utiliser, Rhaenys rangea cette pensée dans un coin de son esprit pour se concentrer sur les paroles prononcées. Iason Valralys. Adhara Nahram. Tels étaient les noms notés sur le parchemin. Tels seraient les noms livrés à ce peuple belliqueux avec lequel pourtant elle commerçait. Son regard fut attiré par un mouvement et son regard se décrocha momentanément de Valerion afin d’observer ce serviteur à qui l’on confiait un message et avant de repartir aussi vite qu’il ne s’était approché de la table. Lorsqu’une nouvelle voix vint prendre la parole, Rhaenys aurait presque pu laisser un léger soupir de soulagement s’échapper de sa bouche si toutefois cela ne risquait de la mettre à nouveau dans une position délicate. Son regard se posa alors sur Edarion Vaelgaris et ses sourcils se froncèrent sous l’effet de la surprise face aux mots qu’il lui adressait, souhaitait-il réellement connaître sa réponse ou s’agissait-il d’un sombre stratagème ? Elle ne pouvait se permettre d’hésiter.


- Lumière Vaelgaris, je te remercie pour tes mots et si je vais répondre à tes questions, je tiens à dire que je ne me prétends aucunement être une stratège hors pair.
En effet, je suis persuadée qu’un nouveau conflit d’envergure va éclater et si j’éprouve un grand respect pour nos soldats, je crains qu’en l’état un conflit n’entraîne les même pertes humaines et matérielles... Je sais que le Conseil et le Sénat ont tout mis en œuvre afin de faire construire de nouveaux navires pour notre marine, de renouveler les équipements et les hommes aussi rapidement que possible afin que l'armée soit prête. Mais je doute que cela soit suffisant au regard des pertes qui ont encore été subies il y a trois mois de cela et je parle aussi bien de l’expédition à Sothoryos que du Rêve de Caraxes… Estimées Lumières, nous avons autours de nous des peuples dont les qualités pourraient être d’une grande utilité et ne pas s’allier avec au moins l’un d’entre eux serait une erreur de calcul car cela ferait une nation conciliante envers l’Empire ou pire… un allié. Oui nous pouvons être fiers de ce que nous sommes et c’est aussi grâce à l’association de notre savoir avec les apports extérieurs que nous pouvons nous vanter d’être le peuple que nous sommes. Je vous prie de considérer l’apport marin et en archerie des estiviens, de considérer l’importance que revêtirait une alliance avec la Rhoyne dans ce conflit qui s'approche… Attendre que l'Empire arrive ou fasse preuve de retenue n'est pas une solution enviable et qui a coûté très cher à notre peuple.



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Le Conseil n’avait pas pour habitude de donner tant d’importance à la parole d’une femme.

À part, peut-être, l’inquisitrice Jaenera, mais celle-ci n’avait guère son mot à dire sur la politique extérieure de Valyria. La suite de cette soirée avait pris un tournant stupéfiant. Après avoir été mise en accusation par les Cinq, voilà que Rhaenys Haeron se trouvait désormais en mesure de pouvoir influencer les décisions des Lumières. Le retournement était inattendu, peut-être même pour les quatre autres conseillers que la question d’Edarion Vaelgaris avaient pris en défaut.

Aux suggestions de Rhaenys, les Cinq se tournèrent de nouveau les uns vers les autres, se murmurant parfois des commentaires sur la dernière tirade de la Sénatrice. Baelor n’était guère surpris de la pertinence de cette dernière. En bonne commerçante, Rhaenys se devait de garder un œil sur ce qui se passait à l’étranger, et connaître les forces et faiblesses de ces états avec lesquels elle pouvait échanger. Valerion s’était emmuré dans un silence vexé, ne commentant plus que par monosyllabe. Edarion, toutefois, arborait un sourire satisfait. Le jeune homme avait beau être désigné comme une marionnette de sa grand-mère, il semblait prendre grand plaisir à échanger avec une femme aussi intelligente et intéressante que Rhaenys. Dans ses mots, la Sénatrice de Tolos les poussait à l’action. Et selon certains au sein-même de ce conseil, elle avait raison.

La dernière fois que Valyria avait été attentiste avec les Ghiscaris, elle avait failli être rayée de la carte. Une politique plus proactive en termes d’alliances et de pressions diplomatiques pouvait être payante. À défaut, les Valyriens auraient pris les devants et laissé le moins d’espace possible aux Ghiscaris pour négocier. Le Conseil était satisfait des conseils de Rhaenys, mais on pouvait faire mieux. Edarion reprit la parole.

« Ton conseil démontre que tu as l’étoffe d’une grande politicienne et d’une grande défenseuse de notre belle République, ô Sénatrice. Tu seras heureuse d’apprendre que nous travaillons depuis de longues semaines à une rencontre de haut vol avec les Rhoynars. Nous voudrions négocier d’un seul coup d’un seul une alliance avec toutes les principales cités. Une alliance défensive, pour nous protéger des Andals et nous laisser les mains libres sur les Ghiscaris. »

Il se tourna vers ses collègues pour en collecter l’assentiment silencieux.

« Toutefois, nous n’avions jamais envisagé les Estiviens comme des partenaires. Ils semblent si lointains et si peu en mesure de nous aider… Mais, ma foi, si tu nous soutiens qu’ils peuvent être utiles, peut-être devrions-nous organiser une rencontre. J’ai souvenir que leur ambassadeur ne parle que de cela à chaque fois que je le rencontre. J’espère que tu feras partie de notre ambassade si nous nous rendons sur place ! »

Certaines Lumières, dont Baelor Cellaeron, hochèrent vigoureusement la tête. Visiblement, les dirigeants de Valyria souhaitaient voir la matriarche des Haeron dans un rôle plus diplomatique au cours des prochains mois. Avec la menace d’un second conflit, tous les atouts de Valyria devaient être utilisés dans la protection et la sauvegarde de ses intérêts. Se priver des compétences de Rhaenys aurait été criminel. Baelor fut le suivant à prendre la parole.

« J’aimerais même proposer que, si nous parvenons à un accord, la Sénatrice soit notre représentante principale là où elle se rendra si elle rejoint l’une de nos missions diplomatiques prochaines. »

Valerion ne pipa mot, les autres acquiescèrent et ce fut ainsi que Rhaenys Haeron fut désignée représentante officielle des Lumières de Sagesse de Valyria pour son prochain déplacement à l’étranger. Baelor, toutefois, n’en avait pas terminé avec son alliée. Il souhaitait désormais exposer l’un de ses projets et recueillir l’avis de Rhaenys aux côtés de ceux du Conseil.

« Si un conflit semble inévitable avec Ghis, il convient de se poser la question d’ores et déjà de ce que nous ferons des vaincus. Car nous vaincrons la Harpie, nous en sommes tous assurés. Le cas échéant, je propose que nous annexions toutes les terres du Nord de la Baie des Serfs ; dont Meereen et tout ce qui se trouve au Nord de cette dernière, jusqu’à Gohleen. Coupons pour de bon la route aux Ghiscaris vers le Nord, qu’ils aillent coloniser Sothoryos et le Désert Rouge, et qu’ils nous laissent Essos. Penses-tu que nous pouvons nous le permettre, Rhaenys ? Et surtout : comment gouverner ces étendues si nous les annexons ? Des colons pour remplacer les Ghiscaris que nous asservirions tous ? Au risque de faire chuter la valeur des esclaves ici ? Une gouvernance locale avec une forme d’autonomie pour nous assurer du contrôle des populations ? Une solution mixte avec un gouverneur et des élites valyrienens mais un peuple libre Ghiscari ? »



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Edarion Vaelgaris était probablement l’une des Lumières que Rhaenys connaissait le moins et autours de laquelle courraient de nombreuses rumeurs sur l’influence que pouvait avoir sa famille sur lui. Pourtant dans les instants qui s’écoulèrent à la suite de la dernière prise de parole de Valerion et du départ d’un esclave, elle pu s’attarder sur le visage du jeune homme et de ses yeux qui reflétaient des sentiments bien plus apaisants que le regard de Valerion qui la faisait frissonner d’horreur. Elle avait commis une erreur en s’emportant alors qu’elle s’était rendue compte de la manœuvre que le Conseil effectuait. Si elle pouvait se montrer déloyale, Sothoryos lui avait montré qu’elle pouvait faire confiance envers ceux auprès desquels elle se battait pour survivre… sauf peut-être cet idiot d’Arlaeron qui avait causé la mort du capitaine du fait de son manque de prudence. Mais Arrax soit loué, le Vaelgaris détournait l’attention de tout un chacun dans cette pièce en s’adressant directement à elle. Etait-ce un piège ou bien souhaitait-il connaître sa réponse aux questions qu’il lui posait ? Elle l’ignorait et son visage affichait probablement à quel point cette intervention pouvait la décontenancer mais elle ne pouvait se permettre de laisser s’échapper une telle occasion de s’exprimer devant les cinq hommes les plus puissants de Valyria.

Elle s’exprima alors, prenant grand soin de remercier Edarion pour une telle marque de confiance -ou du moins cela y ressemblait- et de bien choisir ses mots pour ne pas froisser une fois de plus le Conseil. Présenter les forces et les faiblesses. Le potentiel d’alliances vers lequel ils n’avaient qu’à tendre la main. Suggérer et non marteler. Ils avaient été tous surpris par la question du plus jeune des leurs et pourtant aucun ne vint couper la parole de la native de Tolos qui les regardaient tour à tour alors qu’elle répondait. Lorsqu’elle eut terminé, à nouveaux les Lumières se tournèrent les unes vers les autres pour réagir sur ce qu’ils venaient d’entendre, leur murmure venant animer la salle. Silencieuse, elle les observa. Baelor ne semblait pas mécontent tandis que Valerion s’était muré dans un silence semblable aux oiseaux avant une tempête. La réaction d’Edarion était en revanche plus lisible, de ce fait relativement surprenante mais relativement agréable à observer. Il avait voulu sa réponse et il semblait satisfait de ce qu’il avait entendu. Il reprit la parole et elle l’écouta. Rhaenys lui adressa un hochement de tête respectueux alors qu’il la complimentait avant de focaliser son esprit sur les informations qu’il lui donnait. Une rencontre de la plus haute importance avec les Rhoynar était donc préparée afin d’en négocier une alliance avec les principales cités. Une alliance stratégique et de poids au vu de sa position au sud d’Andalos. A la suite des paroles du Vaelgaris, Rhaenys senti son cœur manquer un battement : était-il vraiment en train de lui signifier qu’ils pourraient songer à organiser une rencontre avec les estiviens ?

- J’en serais honorée, Lumière Vaelgaris, répondit-elle avant que Baelor ne prenne la parole.

Si elle avait pu retrouver la maîtrise de ses traits, elle la perdit entièrement lorsqu’il annonça la proposer comme représentante principale du Conseil si elle rejoignait l’une de leur prochaine missions diplomatique. Une annonce dont elle n’aurait pu se douter, encore moins à la suite des dernières minutes qui s’étaient écoulées. Elle se pinça les lèvres et laissa toutefois Baelor terminer. Oui un conflit avec Ghis était inévitable, ce ne serait guère bon pour ses affaires mais l’Île aux Cèdres ne cessait de l’appeler, les pyramides de Ghozaï la hantait alors qu’Aelora se complaisait dans le faste et l’art…

- Nous le pourrions mais comme tout projet, il y a des aléas. Contrôler le nord de la Baie des Serfs ce serait garantir une route commerciale et de nouvelles terres dont nous pourrions user des ressources. Dans le même temps, étirer ce contrôle jusqu’à Gohleen ce serait s’exposer à une réponse militaire tardive en cas de besoin, aller là-bas ce serait se rapprocher des raids de Dothrakis. Pour ce qui est de la gouvernance de ces terres… Elle se tut quelques instants. Mettre en esclavage les ghiscaris ferait assurément chuter la valeur des esclaves déjà présents ici et je doute que nos compatriotes se bousculent pour coloniser ces terres. La gouvernance locale serait probablement la solution la plus enviable, ce pays est certes proche du notre, il a ses spécificités que nous ne pouvons comprendre qu’en nous rendant sur place et conserver la liberté du peuple Ghiscari empêcherait de nombreux désirs de rébellion bien que toutefois ce sentiment finirait par faire surface… finit-elle alors de laisser le Conseil réagir.


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Drivo : complexe capitolin de Valyria,
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Les Cinq hochèrent chacun la tête à l’écoute des paroles de Rhaenys. La diplomatie jouerait un grand rôle dans les prochains mois, et le salut de Valyria s’y trouverait en partie. Pourtant, la perspective d’une guerre n’effrayait plus personne. Les enfants d’Arrax s’étaient découverts eux-mêmes durant ce conflit, prouvant qu’ils étaient capables d’infliger un violent soufflet au plus puissant empire du monde.

Il n’y avait aucun chiffre sur la population précise d’un empire aussi vaste et aux territoires si disparates. Certains estimaient toutefois que l’Empereur commandait à une population trois à quatre fois plus nombreuse que celle de Valyria, qui pourtant se développait vite. La prochaine confrontation serait probablement d’une violence bien supérieure à celle du conflit passé. Les Valyriens seraient mieux préparés, et plus agressifs. Et les Ghiscaris auraient probablement développé moult stratagèmes pour neutraliser le principal avantage des Valyriens : les dragons.

Quelques heures plus tôt, Rhaenys Haeron était dans une position plus que précaire. Désormais, elle comptait parmi les rares à avoir pu échanger avec les Cinq ensemble, directement au sommet de Drivo. Le retournement de situation était complet, et il devait autant à l’habileté de Rhaenys qu’à la situation changeante dans les autres endroits de la capitale. Des dizaines de mètres plus bas, Laedor Arlaeron et Naema Vaelarys étaient auditionnés par plusieurs Sénateurs. Quant aux mages de l’expédition, ils étaient consultés par le Magister et ses archimages directement au Collège.

« Ta vision est intéressante, Sénatrice. Tu m’as donné à réfléchir. Pourtant, je ne peux m’empêcher de songer que les Ghiscaris sont inférieurs. Leurs coutumes barbares sont indignes de notre belle civilisation valyrienne. Malheur aux vaincus, si vous voulez mon avis. Nos mines auront toujours besoin d’esclaves, et notre population sera prompte à s’installer sous les oliviers de Meereen, vous verrez tous ! »

Bien que sympathique, Edarion Vaelgaris restait tout de même le petit-fils de sa tristement célèbre grand-mère Saelyra. Et surtout, il était issu de la lignée la plus pure de Valyria, peut-être même devant les dynasties. Pour les Vaelgaris, les sang-mêlés étaient déjà peu dignes de leur attention, alors les étrangers, les non-Valyriens, étaient au même niveau que des insectes. Baelor Cellaeron, lui, adopta une position plus conciliante.

« Tu as ton avis, Edarion. Nous avons le nôtre. Il n’est pas nécessaire de faire étalage de nos avis devant la Sénatrice. Ce sujet devra se régler d’abord entre nous, et ensuite nous proposerons au Sénat de statuer dessus. Telle est notre voie. Il me semble toutefois effectivement intéressant de prendre en considération le propos de la Sénatrice… que nous devrions peut-être libérer, désormais. »

Il consulta les autres Lumières d’un regard. Tous hochèrent du chef. Rhaenys était tirée d’affaire.

« Tu es libre de partir, Sénatrice. Tu as bien servi la République ce soir, ainsi qu’ à Sothoryos. Cela donne à réfléchir sur les avantages que Valyria aurait à retirer de la présence de représentants sénatoriaux dans ce genre d’expéditions. Nous devrions nous pencher sur la question. Les Dieux soient avec toi, Rhaenys. Merci pour ton temps ce soir. »


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