La situation était grave.
Maesella ne pouvait se faire d’illusions à ce sujet. Au-delà des débuts du frimas, des blizzards qui devaient frapper les contrées les plus au nord d’Essos, la Grande Prêtresse avait bien d’autres raisons de ressentir des tremblements. Si elle avait réussi à retenir un certain nombre de marchands Andals, il ne lui fallait pas pour autant mettre de côté les personnes venues de d’autres contrées. Il ne fallait pas que Valyria devienne une sorte de glacis commercial. C’était pour cette raison que la Fille Aînée de Vermax avait décidé de reprendre les choses en main, sans prendre de gants. Sa convalescence l’avait tenue éloignée bien trop longtemps du plus important, du primordial. C’était ainsi que la Nohgaris avait fait en sorte de mettre de l’ordre dans ces différentes tâches avant de prendre quelques jours afin de se rendre à Valyria. Le Temple de Vermax de la ville serait un lieu de choix pour voir dans quel état se trouvait la capitale.
La journée avait commencé comme tant d’autres, avec les premières prières prononcées au lever du jour. Un certain nombre de chandelles avaient été allumées également, tandis que de l’encens était répandu dans les vasques des différentes pièces. Maesella était ensuite restée un temps seule, priant sa Déesse, avant de rejoindre le commun des Mortels. Les temples de Vermas étaient comme un Essos miniature. Il y avait là des personnes de toutes les origines, de bien des horizons. Si les Andals et les Ghiscaris s’étaient faits un peu plus rares pour des raisons évidentes, la Grande Prêtresse fut néanmoins rassurée de les savoir toujours présents. Elle accueillit bien volontiers ces personnes à ces côtés, échangeant quelques mots avec eux, leur promettant de transmettre un message ou une idée.
Quelques Estiviens vinrent ensuite. L’après-midi était bien entamée, alors que Maesella s’autorisait une pause de quelques instants. Menée dans les jardins du Temple, flanquée d’Ozzak et d’un novice mis à son service le temps de son séjour, la Grande Prêtresse s’installa sur un banc de pierre. Profitant de la fraîcheur qui se dégageait de la végétation hétéroclite, entretenue avec un soin tout particulier, la Fille de Vermax s’apprêtait à se sustenter lorsqu’un bruit attira son attention. Dans les faits, il s’agissait davantage d’un certain tintamarre que d’un simple bruit. Ozzak, alors assis sur le sol, fut le premier à se lever. Suivant le regard de son esclave, les yeux de lynx de la Grande Prêtresse se posèrent alors sur un garde, qui se trouvait non loin de l’entrée du jardin.
« Mon brave, que se passe-t-il donc ? s’exclama alors Maesella, sur un ton gélif. Qui viens troubler la quiétude de Vermax de la sorte ?
- Rien qui ne nécessite ton attention, Dame Nohgaris. Une personne s’est perdue, voilà tout. Je comptais la raccompagner jusqu’à la sortie de notre temple.
- Si les Dieux mènent des âmes jusqu’en ces lieux et que leurs intentions sont pures, il convient de les laisser entrer. Mène donc cette personne à moi, je te prie. »
Alors qu’Ozzak venait naturellement se poster derrière elle, Maesella suivit le garde du regard. Ce dernier était accompagné d’un jeune homme, que la Grande Prêtresse imagina être Rhoynar. Un Rhoynar boitant et qui ne semblait pas se trouver au meilleur de sa santé. Lui offrant un regard compatissant, Maesella fit un léger signe de main à Ozzak, qui se baissa dans sa direction. Lui demandant d’aller chercher un siège pour leur nouvel invité, l’homme s’inclina respectueusement avant de s’exécuter. Un siège fut apporté, tandis que le garde s’en retournait à son poste.
« Sois le bienvenu dans la demeure de Vermax, Celle qui parle mille langues et une, mère des voyageurs et des commerçants. débuta doucement Maesella, en dialecte Rhoynar. Il est rare que des personnes parviennent jusqu’ici sans y avoir été conviée. Puis-je te demander ton nom et la raison de ta venue ? »
Nulle colère ne perçait dans la voix de la Nohgaris. Au contraire. Elle était pour le moins intriguée par la présence de cet inconnu. Peut-être s’agissait-il d’un voyageur de passage s’étant perdu et n’ayant que peu d’informations au sujet des convenances valyriennes ? Si tel était le cas, il était du devoir de Maesella d’en apprendre davantage à son sujet. Peut-être était-il possible de lui porter assistance d’une manière ou d’une autre.
(Gif de andromedagifs.)