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Dans une autre peau.Saerelys Riahenor.

Collège des Mages & Mois 11, An 1066.

Cet après-midi là, Saerelys s’était enfermée dans l’une des salles du Collège. L’une de ces salles de petite taille, dépourvue de fenêtre. Les mixtures qu’elle préparait là ne devaient entrer en contact avec la lueur du jour avant que le processus soit achevé. Alors, malgré la précision de la tâche qui s’annonçait, la jeune femme fredonnait. Non lui d’elle, sur un pupitre, un livre était resté ouvert, dévoilant la nature de ses desseins. Ce n’était pas la première fois que la novice préparait un tel sort, bien au contraire. Elle avait du l’expérimenter plusieurs fois avant sa Grande Épreuve, et davantage encore auparavant. Dès lors, la jeune femme dansait entre le pupitre et sa table de préparation, s’assurant que les dosages étaient respectés, qu’elle n’avait pas oublié une étape.


Puis, inlassablement, Saerelys reprenait sa tâche. D’une main avertie, elle broyait plantes, cristaux orangés et autres petits éléments. Non loin d’elle, suspendu au-dessus d’un brasero, un petit chaudron de fer noir bouillonnait. Pour le moment, il ne s’agissait que d’une eau portée à la chaleur. Si l’Art que la jeune femme souhaitait perfectionnait était avant tout lié à la Sang Magie, il existait quelques artifices pour le stabiliser, pour s’assurer que la Toile serait plus magnanime à son égard. Vidant son  mortier dans un bol de bois, la novice nettoya le récipient à l’eau claire avant d’y déposer quelques petits fragments d’os quelque peu arrondis. Son dernier ingrédient. Ensuite, les choses sérieuses débuteraient.


« Nous y voilà. murmura la jeune femme, alors qu’elle laissait s’écouler la poudre blanchâtre dans un autre pot. Ambre, neuf vertèbres réduites en poudre, charbon. Il ne me manquera plus qu’une bougie, un peu de mon sang et le tour sera joué. »


Au-dessus du brasero, l’eau bouillonnait encore et toujours, comme douée d’une vie propre. La première partie du sortilège pouvait débuter. Prenant le récipient remplit d’arbre dans une main, les vertèbres réduites en poudre dans l’autre, Saerelys versa délicatement leur contenu dans l’eau. A l’aide d’une longue cuillère d’acier valyrien, la novice remua le liquide qui avait pris une couleur quelque peu orangée. La cuisson durerait plusieurs heures. Puis, elle laisserait la mixture reposer, refroidir. Seule la nuit pouvait clore le rituel. Jusqu’à ce moment, jamais la lumière du soleil ne devait frôler la surface ondulante, frétillante.


Satisfaite de la teinte plus foncée prise par le liquide, Saerelys se saisit d’un morceau de tissu. L’enroulant autour de petite crémaillère, la jeune femme récupéra son chaudron, le déposant sur sa table de travail. Le couvrant à l’aide d’une autre pièce de fonte, la novice laissa échapper un soupir. La partie la plus dure de l’épreuve était désormais passée. Elle devait faire preuve de patience. Qui plus est, il lui restait une dernière partie du rituel à préparer avant que la nuit ne tombe ou que les cours ne reprennent. Séparant une partie des braises des flammes désormais mourantes, la Riahenor les déposa dans son mortier avec le charbon qu’elle avait gardé de côté. Les broyant ensemble, la jeune femme délaissa ensuite son pilon. Il y avait un ingrédient qu’elle n’avait pas encore utilisé. Il se trouvait là, dans ce minuscule coffre de bois, que Saerelys ouvrit d’un seul mouvement.


Un os d’une blancheur immaculée, à peine plus long qu’une phalange, reposait sur un petit morceau de tissu. Prenant l’os entre son pouce et son index, Saerelys le déposa dans les cendres mêlées au charbon, le recouvrant totalement. Il ne lui restait plus qu’à attendre que la nuit soit tombée, désormais.




(Image de delyriaesthetic.)
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Dans une autre peau.Saerelys Riahenor.

Collège des Mages & Mois 11, An 1066.

La lune était au plus haut.

Le moment était venu.

Saerelys se trouvait là, dans l’une des tours du Collège. Une légère brise soulevait sa chevelure argentée, parée de nouveaux reflets sous les rayons opalins de l’astre en présence. Entre ses mains, la jeune femme tenait le petit récipient remplit de cendres. A sa ceinture, la dague en fer de météorite pendait dans son fourreau de cuir. Les traits tendus, les mains resserrées autour du petit récipient, la novice s’approcha jusqu’à la rambarde, où elle déposa le fruit de son travail du jour. Ainsi, la cendre était couverte par les rayons lunaires, donnant une teinte tantôt bleutée, tantôt grisâtre au mélange.

Le moment était venu.

D’un mouvement lent, Saerelys dégaina sa lame, l’observant quelques instants. Puis, délicatement, la novice déposa le tranchant sur la paume de sa main. Un geste qu’elle avait effectué tant de fois. Qu’elle effectuerait encore et encore, si les Dieux le voulaient. Telle était la base de la Magie Valyrienne. Un geste vif suivit alors, de même d’une sensation tout aussi vive de douleur. Tendant son poing lésé au-dessus du récipient, un fin filet carmin s’écoula jusqu’aux cendres. Assez. Il y en avait assez. Alors, dans un murmure, la novice prononça quelques mots. La sensation de douleur s’effaça alors, ses chairs et ses nerfs se retissant comme si rien ne s’était produit. Quant à la lame, elle retrouva bien vite son fourreau, ne laissant, pour seule trace de sa présence, qu’une petite flaque de sang dans le récipient.

Du sac qu’elle avait emmené avec elle, la novice sortit une chandelle, qu’elle alluma à l’aide d’un de ses index. Une fine fumée blanchâtre s’échappa de la flamme, s’évaporant en partie dans la brise nocturne. De sa main libre, Saerelys esquissa quelques mouvements circulaires, forçant le filet de fumée à lui obéir. Tous les éléments étaient réunis. Déposant la chandelle non loin du récipient, la novice esquissa un sourire. Voilà la partie du rituel qu’elle préférait. De ses deux mains, la jeune femme commença par réunir la fumée, en formant une petite sphère. Petite sphère que la Riahenor modela à sa guise, s’arrêtant par moment, avant de hocher la tête, visiblement satisfaite. Le petit animal retrouva les airs, alors que la novice esquissait un mouvement vers les cieux.

« Mes pas dans tes pas,
Je danse avec toi,
Mes pas dans tes pas,
Ma peau se fond en toi,

Que mes cheveux deviennent ton pelage,
Que mes ongles deviennent des griffes,
Que que tes nombreuses vies camouflent mon âge,
Que mes prouesses rendent les Mortels admiratifs,

Tes pas dans mes pas,
Tu danses avec moi,
Tes pas dans mes pas,
Ta peau se fond en moi. »


Il ne s’agissait-là que de murmures. Et pourtant, la brume modelée s’animait encore et toujours, dansant au son de sa voix, sautillant sur d’autres lambeaux de fumée, semblant même s’amuser avec certains d’entre eux. La fumée se rapprocha du récipient remplit de cendres et de sang, masquant toujours le petit os. La Magie cessa alors, se fondant dans ce sang remontant à la création même de Valyria. Soufflant sur la bougie, Saerelys couvrit le récipient d’un morceau de tissu. Le rituel était achevé. Le moment était venu. Le moment était passé.




(Image de delyriaesthetic.)
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Dans une autre peau.Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & Mois 11, An 1066.


Naturellement, les bras d’Aedar étaient venus s’enrouler autour des épaules. Quelque peu dérangé par certaines des mèches bouclées de sa cadette de quelques secondes, le jeune homme souffla dessus, non sans grommeler. Une réaction qui fit sourire la jeune femme, qui ne leva pourtant pas les yeux de son œuvre. La touche finale. Il n’y avait pas d’autre terme, dans ce cas. Si son sort semblait avoir abouti, elle devait procéder à quelques ajustements pour le transporter plus efficacement à l’avenir. C’était donc à cette tâche que la novice s’était attelée, patientant ainsi jusqu’au retour de son frère. Il lui restait une heure, peut-être deux, avant de devoir s’éclipser à nouveau. Le Collège n’attendait pas. Le Collège n’attendait jamais. Il ne pouvait attendre, ni ne voulait agir en ce sens.


A l’aide d’un instrument en acier valyrien, Saerelys traçait quelques légers motifs dans le petit os qu’elle tenait entre ses doigts. Ce dernier était déjà percé dans sa largeur, comme si la novice avait prévu d’y dissimuler ou d’y glisser quelque chose. L’étreinte d’Aedar ne l’aidait en rien pour se concentrer, il est vrai. La Riahenor ne le repousserait pour rien au monde, cependant. Neuf années, cela représentait une grande épreuve pour deux âmes jumelles comme les leurs. Dès lors, la novice profitait de chacun de ces instants, de chacun de ces contacts, ne les trouvant que trop rares. Délaissant quelques instants son ouvrage minutieux, Saerelys le déposa devant elle, dans un petit coffret, l’une de ses mains venant caresser celle de son aîné.


« Hüra. décrypta Aedar sur l’os, en fronçant légèrement les sourcils. Qu’as-tu donc derrière la tête, ma chère sœur ?
- Ce n’est qu’une petite expérience. avoua Saerelys, tout sourire. Je dois encore demander son avis à quelques Mages de ma connaissance mais je dois avouer que ce premier résultat me plaît assez. »


D’un mouvement, la jeune femme referma le coffret, masquant ainsi la vue de l’os à son frère. Sans laisser le temps à son jumeau de répliquer, Saerelys se dégagea doucement de son étreinte, se levant de sa chaise. Alors, le jeune homme s’écarta légèrement, les bras croisés. Dans ses prunelles si semblables aux siennes, la Riahenor pouvait lire bien des choses. Des questionnements. Beaucoup de questionnements. Comme pour y couper court, la novice glissa ses bras autour du cou de son frère, le forçant ainsi à se rapprocher d’elle. A nouveau, leurs regards se croisèrent, alors que la pointe de leurs nez se frôlaient. Nul baiser ne fut échangé, cependant. Juste un unique regard. Un seul et unique regard qui en disait long pour les deux Êtres qui le partageaient.


« Un bon Mage ne révèle pas aussi aisément les secrets de son Art. Comme tu dois t’en douter, cet adage s’applique aussi aux novices. laissa finalement échapper Saerelys, tout sourire. Mais il y a sans doute d’autres choses que je pourrais te révéler. Qu’en dis-tu ?
- Je me demande bien de quels mystères il peut bien s’agir. répliqua son double, amusé. Dois-je craindre d’être déçu ? »


Pour toute réponse, Saerelys laissa échapper un rire. Un rire léger, d’une grande douceur. Une douceur qui s’évanouit finalement dans un baiser.





(Image de delyriaesthetic.)
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