Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Valyria, an 1067, mois 10.

Les thermes demeuraient l’endroit où Maegon se sentait le plus tranquille. Il pouvait y réfléchir tranquillement à loisir. Il laissait son regard se perdre sur les décors somptueux de la partie des thermes qu’il privatisait systématiquement lorsqu’il s’y rendait. Il aimait, dans ces moment-là, sa solitude. Il priait, les yeux fermés. Ses lèvres bougeaient imperceptiblement tandis que l’écrasante chaleur du sauna faisait perler la sueur sur les muscles de son corps d’athlète. Assis sur le bois dur, vêtu seulement d’une serviette blanche, les bras croisés, la tête basculée vers l’arrière. Il cuisait, et détestait en général les chaleurs étouffantes. Ici, la tranquillité d’esprit surpassait l’inconfort de la chaleur. Au reste, il venait souvent ici après son entraînement matinal et cette élimination des mauvaises humeurs par un bain froid le rendait plus serein pour traiter les affaires politiques de l’après-midi.

Mais aujourd’hui, les choses étaient différentes. Aujourd’hui, Maegon avait privatisé une autre partie des thermes, plus reculée, plus tranquille et surtout, une heure plus tôt qu’à l’habitude. Il ne s’était pas assis, mais allongé sur le long banc de bois brut, ses deux bras sous la base de son crâne faisant office d’oreiller. Sa serviette n’était pas nouée autour de sa taille, mais négligemment posée là où il fallait pour cacher ce qu’il fallait. Il ne priait pas aujourd’hui, il ne dormait pas non plus en dépit des apparences. Il ne réfléchissait pas davantage. Il se contentait simplement de se laisser aller, pour une fois, à quelque méditation captivante sur le plancher après avoir légèrement tourné la tête. Il en constatait, là, la régularité, là, au contraire, il notait mentalement une écharde qu’il pourrait prendre au pied. La vapeur n’embrumait pas trop sa vue, ni la vue de celui ou celle qui serait entré et aurait vu le sénateur Tergaryon, aurait ainsi vu le corps quasiment offert du puissant valyrien, dans cette posture négligemment lascive.

On toqua à la porte du sauna ou Maegon suait. Maegon invita à entrer, trois serviteurs vinrent les bras chargées de victuailles. C’était une exception, Maegon, en bon valyrien, ne mangeait jamais à cette heure-ci, encore moins à profusion, il ne buvait pas d’avantage avant le coucher du soleil. Cependant les règles étaient faites pour être parfois brisées et même aux thermes, il fallait savoir se mettre en scène et recevoir. Car oui, ici, aux thermes, Maegon Tergaryon avait décidé de recevoir.

Qui donc ? Une mystérieuse personne. Non pas que Maegon ait tenu à ce que la rencontre fut secrète, mais qu’à tout le moins, il dispose de l’assurance d’être tranquille pour faire ce qu’il avait à faire. Aller au fond des choses demandait la sérénité, agrémenté de pas mal de viandes et de vins, ce que Maegon avait pourvu. L’odeur des morceaux de bœuf rôti ne manqua pas, d’ailleurs, de lui titiller les narines. Sa main quitta mollement le bas de son crâne, et s’étendit avec une magnifique nonchalance pour en prendre un et le porter à sa bouche. Les serviteurs sortirent rapidement après que la boisson -un des meilleurs vins de la cave Tergaryon- fut amenée sur un plateau d’argent, avec deux coupes de très belle facture. Continuant de manger tranquillement, il se mit à attendre. Lorsqu’un autre bruit lui fit légèrement lever la tête, avant de la reposer tranquillement sur son bras restant et de fermer les yeux.

-J’ai failli croire que tu ne viendrais pas. Je reconnais que mon invitation était osée, à la limite du cavalier, mais enfin je me suis dit que ce serait plutôt à ton goût.
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Flanquée par la présence de son cousin Zalhaltal, la matriarche des Haeron avait quitté l'enceinte de son hôtel particulier afin d'honorer cette demande d'entrevue qui lui avait été formulée par le sénateur Maegon. Des trois Tergaryon, il était probablement celui dont elle était le moins proches mais elle avait longuement pu l'observer et l'écouter au cours des différentes séances sénatoriales depuis qu'elle siégeait à Drivo. De sa conclusion il était un très bon orateur dont l'ambition et la passion pouvaient se faire entendre dans la force qu'il mettait dans sa voix. D'ici deux lunes, cela ferait un an que Lucerys Arlaeron avait été assassiné et que Valyria s'était divisée en plusieurs couleurs. La guerre civile avait été évitée et il avait été mis fin au couvre-feu. Un calme relatif était revenu même s'il pouvait s'agir d'un écran de fumée, les différents événements qui étaient survenus depuis la fin de la guerre contre la Harpie avaient bien démontré que la paix était fragile. Dans deux lunes se tiendrait une grande séance où il faudrait voter des réformes pour qu'une telle situation ne puisse se reproduire à l'avenir. Mais il avait tout d'abord le procès de Vagar Nohtigar qui devait se tenir et dont l'issue pouvait tout autant servir d'exemple qu'être l'étincelle qui déclencherait un nouveau brasier. A mesure que ses pas la guidaient le long des bâtiments, son esprit commença peu à peu à comprendre que le point de rencontre énoncé dans la missive par Maegon était surtout le lieu où se tiendrait leur entrevue. Roulant des yeux avant de regarder un instant le mêlé estivien et lorsqu'ils arrivèrent enfin devant ce grand bâtiment ouvragé qui caractérisait les thermes de Valyria, ce fut sans la moindre hésitation que la jeune femme gravit les quelques marches la séparant des portes d'entrée. Et elle entra.

- Attends ici, il n'est pas encore l'heure pour que tu puisses entrer. Avisant son regard, elle vint presser délicatement son épaule. Tu profiteras des bienfaits des thermes et nous nous retrouverons ici une fois que j'aurai terminé avec le sénateur Tergaryon.

A ces mots, elle se dirigea vers les vestiaires pour y laisser sa stola puis venant se vêtir deux pièces de tissus couvrant ses atours, elle se laissa ensuite guider à travers les différentes pièces. Elle n'y passa que peu de temps dans chacune d'entre elles afin de ne pas se mettre en retard puis elle fut enfin menée jusqu'à la partie des thermes privatisée par Maegon. La femme qui avait guidé Rhaenys frappa à la porte de la chambre de chauffe puis l'ouvrir pour la marchande qui s'engouffra rapidement dans la pièce afin d'éviter que trop vapeur ne s'échappe. A l'intérieur tout avait été préparé pour accueillir la matriarche qui balaya les alentours du regard jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une silhouette allongée nonchalamment sur un banc de bois, le corps transpirant de part cette chaleur ambiante et une pièce de tissus négligemment posée sur lui pour ne point montrer ce qui ferait rougir bien des femmes. Il fut le premier à prendre la parole et les yeux pers de la jeune femme se posèrent sur ce visage aux paupières closes.

- Osée, en effet elle l'est mais malgré tout me voici devant toi. Alors dis-moi Elle prit un gâteau de miel et vint prendre place sur ce banc où se trouvait, venant occuper cet espace laissé libre par le sénateur pourtant étendu de tout sa longueur. que me vaut le plaisir de cette entrevue aujourd'hui ?

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Lorsque Maegon Tergaryon avait invité la Matriarche Haeron à le rejoindre, l’audace de son sang avait parlé. Il doutait presque que l’héritière de l’héroïne Haera acceptât les thermes comme lieux de la rencontre qui allait voir le Patriarche converser avec la Matriarche. Les avatars de la vie politique Valyrienne ayant mené dans la Faction Rouge des militaristes et des mercantilistes, il se retrouvait ainsi à marchander avec les marchands. Cela ne le dérangeait pas, même si son idéal de richesse résidait plus dans l’exploitation de la terre et d’un domaine foncier. La terre ne mentait pas, contrairement à l’aéropage de margoulains qui hantaient les marchés de Valyria. Les valyriens demeuraient quand même un peuple marchand dont les routes commerciales irriguaient l’ensemble d’Essos et c’était une force avec laquelle il fallait compter.

Maegon, en bonne aragne, tissait ainsi tranquillement sa toile. Il avait magnifiquement manœuvré jusqu’ici. La tête endormie du dragon bicéphale Tergaryon s’était réveillée, et son rugissement, quoiqu’il ne soit pas encore assez terrifiant pour faire trembler la terre, rappelait à chacun son existence. En l’espace de quelques mois, il avait remis un peu ses cadets dans le rang, engagé un rapport de force avec Aeganon pour cesser les folies de cet ambitieux, et, il avait initié le mouvement de boycot du Sénat devant la volonté de certains de faire entériner la fin du couvre-feu militaire. Ce coup paraissait anodin, mais il avait ainsi préservé l’autorité de la hiérarchie militaire. La plaie pouvait ainsi se refermer sans que l’armée ne perde la face. Il était bien temps de passer à la phase supérieure. Telle était le sens de la démarche du maître du Palais Hoskagon.

Rhaenys et Maegon avaient des intérêts communs clairs. Les Haeron, du moins Maegon le supposait, voulaient la guerre contre Ghis pour, enfin, s’approprier le contrôle de leur ilot, cet ilot n’intéressait pas Maegon, mais la guerre, elle, il la souhaitait. Depuis la fin de la précédente, remportée par Valyria, il avait la conviction profonde qu’aucune paix ne serait possible tant que Ghis n’était pas réduite en cendres par le feu des dragons. Les rivalités comerciales et territoriales entre les deux puissances d’Essos étaient trop grandes, Borash avait achevé littéralement toute possibilité de compromis. Chaque fois qu’il y pensait, Maegon ne pouvait s’empêcher d’en être quasiment malade, proposer un tribut à l’Empereur pour avoir la paix... Cette guerre avait coûté cher, mais elle avait au moins eu le mérite de mettre à bas certaines naïvetés vis à vis du dehors de la société valyrienne.

Et ainsi, ils étaient là. Maegon gardait les yeux fermés, immobiles. Il senti cependant le poids du banc changer légèrement, tandis que la sénatrice, s’asseyant, frôla le bout des pieds du sénateur. Elle prenait ainsi ses aises, tant mieux. Maegon ouvrit doucement les yeux et se redressa à la seule force de ses abdominaux, comme un vampire se levant de son cercueil, la serviette ne bougea pas d’un iota, mais on pouvait désormais avoir une vue imprenable sur les pectoraux saillant du Tergaryon, luisant de sueur. Comme un chat au réveil, il s’étira en levant les bras et bougeant légèrement son bassin et craquant dans un bruit sinistre les jointures de son cou. Il resta là, les jambes bien étendues et le haut du corps redressé. Il considérait son interlocutrice. Maegon analysait les corps avec autant de finesse qu’il planifiait ses coups politiques. Il avait imaginé des théories très poussées sur la relation entre le type de beauté d’une femme et son caractère. Il y avait les beautés fragiles, comme celle de sa cousine Daenyra, toute en nuance, capable de s’effondrer tout comme de révéler dans ses fêlures une énergie redoutable. Il y avait les magnétiques, comme Daera, qui vous attrapaient le cerveau par une force de conviction dans une sorte d’obscène violence que leur beauté dure et implacable donnait envie de les prendre à la hussarde. Il y avait aussi les sauvages, les brutes, celles qui ne se laissaient pas prendre, mais prenaient elle-même, celles qui bondissaient, toute griffes dehors. Rhaenys lui semblait de celles-là et ainsi vêtu de ses deux bouts de tissus, cette femme ressemblait à une sorte d’amazone au regard jetant des flammes plus terribles que celles d’un Ancien. La voyant déguster son gâteau de miel, il se dit que la finesse de ses gestes masquait remarquablement bien son caractère impitoyable. Maegon avait parfois le sang chaud, et en la regardant ainsi, à mi-chemin entre la matrone et la femme fatale, il espérait très sincèrement ne pas faire un mauvais geste qui aurait fait tomber sa serviette qui aurait rendu la situation parfaitement gênante au vu de l’état sans équivoque de la partie de son anatomie qui s’y trouvait. Il ne perdit cependant pas contenance, loin s’en fallait.

-Parce que je ne suis pas content. Et toi non plus. Lorsque nous avons tous deux soutenus Baelor il y a quelques mois, on nous a promis une guerre contre Ghis à moyenne échéance. On nous a promis une expansion commerciale, des terres, des esclaves, bref, rien moins que le monde.

Il se rallongea, et referma les yeux.

-Et voilà que depuis des mois, au lieu de m’adonner aux préparatifs d’une guerre, j’ai dû m’atteler avec nos camarades de faction à circonvenir le parvenu qui s’estime notre « chef » parce qu’il s’est cru autorisé à abuser de sa position de Capitaine Général par intérim. Et maintenant, nous voilà embourbés dans une réforme institutionnelle qui promet d’être une véritable boite à malice, et avec un ex-Légat mis en procès pour avoir désobéi à un ordre direct du haut commandement. Sans parler du petit croc-en-jambe des trois familles dynastiques qui sont en train de nous imposer leur agenda, avec, parmi eux, un malade mental obsédé par la vengeance et le sang qu'il veut répandre, particulièrement le nôtre et qui ne rêve que de tous nous placer sous son empire...

Il claqua la langue.

-En résumé, ce n’est pas pour demain que tes belles mains tiendront dans leurs paumes l’île aux Cèdres, ni qu’une légion Ghiscarie sera calcinée par mon dragon Caraxès. Et je pense que si nous ne travaillons pas ensemble dans la séquence politique qui s’annonce, nous pourrons toujours attendre pour que cela arrive, en vain. Non ?
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Il existait bien des lieux dans la cité au sein desquels aurait pu se tenir cette entrevue, pourtant le Tergaryon avait porté son choix sur le plus valyrien d’entre eux. Les thermes étaient un lieu de détente par définition au sein duquel tout un chacun possédant suffisamment d’or pour payer son entrée pouvait ôter toute impureté s’étant déposée sur sa peau au cours de la journée, faire de l’exercice avec les différentes activités proposées tout en profitant de bains dont l’alternance de température permettait de raffermir les muscles. Un lieu où le terme de soin et d’entretien de ce temple qu’était le corps côtoyait les discussions politiques sous la forme d’entretiens plus ou moins informels enveloppés par la vapeur dégagée par les lieux. Un endroit à même d’offrir suffisamment de tranquillité pour que les esprits puissent se trouver plus apaisés et plus enclins aux échanges. Si elle pouvait comprendre ce choix, la nature renfermée sur elle-même de Rhaenys l’amenait à ne pas se sentir pleinement à l’aise, sentiment traduit par sa décision de porter ces deux pièces de tissus habituellement réservée à la pratique d’activités physiques lorsqu’elle se présenta enfin à un sénateur Maegon déjà fort bien à l’aise.

Pour la femme qu’elle était l’invitation en ces lieux se révélait osée comme il le disait si bien et pourtant elle se tenait là, non loin de lui et goûtant à ce gâteau de miel qui faisait partie des nombreux mets qui avaient été préparés et portés jusqu’ici. Mais l’heure n’était pas à plaire à son palais mais bien de connaître la raison pour laquelle il souhaitait s’entretenir avec elle. Le sénateur se releva un instant et commença alors à lui répondre. Il n’était pas content. Peu nombreux étaient ceux qui pouvaient se satisfaire d’une telle situation qui avait tant duré. Prenant une nouvelle bouchée, elle l’écouta, l’observant par moment du coin de l’œil. Promesse de guerre. Promesse d’expansion commerciale et terrestre. Cela avait pu être annoncé lors de la séance à Drivo afin d’élire le siège de Lumière remis en jeu par Arraxios Maerion arrivé en fin de mandat. Les affres de la guerre elle en avait connues et si elle ne souhaitait pas particulièrement en connaître à nouveau, un nouvel affrontement entre Valyria et Ghis serait pour elle une opportunité de conquérir une bonne fois pour toutes l’Île aux Cèdres dont elle rêvait tant.

Maegon se rallongea et poursuivit. Il se languissait face à cette absence d’affrontements qu’il attendait tant, devant combler ce sentiment de manque en s’attelant à évincer Aeganon Bellarys dont le zèle n’avait pu être ignoré. Il y avait aussi tant à préparer avec le procès de l’ancien légat de la Première Armée dont la lecture de ses devoirs envers la République l’avait fait se positionner à l’encontre des institutions. Et enfin il y avait le retour en force des dynastes mené par un Riahenor encore plus avide de pouvoir, probablement toujours enivré par le nombre de voix qu’il avait reçu lors de l’élection et qui l’avaient porté à la seconde place. En somme, le sénateur Tergaryon souhaitait travailler avec elle afin de préparer la séquence politique qui s’approchait à grands pas, lui rappelant que ce ne serait pas dès demain qu’elle observait Tolos du sommet de la pyramide de Ghozaï. Finement mentionné, probablement afin de la piquer et d’obtenir une réaction emportée. Croisant les jambes, elle se tourna quelque peu vers son interlocuteur toujours nonchalamment allongé sur lequel ils se trouvaient tous les deux.

- L’expansion commerciale et terrestre de notre chère République ne se fait pas uniquement sous son giron, il faut savoir aussi s’associer avec les bons noms et dépenser de son or pour y parvenir. Lys est fort prometteuse et il y a encore tant de terres à s’approprier au nom de Valyria, répondit-elle tout d’abord avant de prendre une nouvelle bouchée de son gâteau. Pour ce qui est de la guerre, elle aurait pu survenir bien plus tôt si toutefois il le chaos n’avait pas été engendré en l’un de nos jours saints, piquant au vif l’armée et amenant ce que nous avons connu. Mais je te concède qu’il est plus que temps en tant que sénateurs de travailler sur ces différents sujets que tu as mentionnés. A commencer par Nohtigar, il a interprété son serment ce qui l’a amené à désobéir, l’issue de son procès peut autant servir d’exemple comme à nouveau embraser nos rues. En tant que sénateur militariste, quelle est ta préconisation ?

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Jusqu’ici, l’entretient se déroulait bien. Derrière la nonchalance généralisée, l’ambiance légèrement décadente du rendez-vous et la décontraction des protagonistes, bien des choses se jouaient. Comme prévu, l’amazone Haeron n’avait pas été déstabilisée par le cadre ni l’attitude de son hôte. Bien des femmes en auraient été décontenancée. Ne déviant guère du but de l’entrevue, elle allait doucement là où Maegon voulait que la discussion arrive.

Il n’avait pas prévu pourtant que l’on passerait tout de suite dans le vif du sujet et que les quelques considérations générales déboucherait sur le sujet Vagar. À l’évocation du nom de famille du Légat de la Première Armée en sursis, Maegon bougea doucement, comme un serpent qui sortait de sa sieste au soleil. Il quitta un peu ses manières distantes et s’assit convenablement sur le banc, s’adossant au mur. Il croisa les bras sur sa poitrine, il n’en fit pas autant avec les jambes, mais posa vaguement une cheville sur l’autre en les étendant.

Nohtigar, Nohtigar... Maegon gonfla les joues pour souffler longuement de lassitude. Insignifiance du nom, fermeté des principes et un orgueil démesuré à se prendre pour le sauveur de l’univers. Dans un univers à peu près normal, jamais un Tergaryon n’aurait eu à discuter directement avec ce genre de personne, sinon pour se faire amener un verre de vin ou lui dire qu’il avait engrossé sa femme au détour d’un couloir. Encore que, Maegon ne pratiquait pas le troussage de domestique, c’était d’une vulgarité sans précédent à ses yeux, mais enfin tout le monde ne possédait pas de telles pudeurs.

Le sénateur n’avait pourtant rien de personnel contre le Légat, il faisait partie de ces gens essentiels au fonctionnement d’une société apaisée : prêt à mourir à la guerre, et, en cas de survie, soucieux de faire des enfants pour qu’ils meurent à la prochaine avec lui. Un honnête homme en somme. Cependant, mettez un type pareil au milieu d’une situation politique tendue, et l’on arrivait au résultat que l’on savait : un fiasco. Si seulement il avait fait ce qu’on lui avait ordonné, la République ne serait pas aujourd’hui entre les mains d’on ne savait quels tripatouilleurs qui allaient devoir troquer des sièges contre d’autres. Seulement voilà, il avait fallu qu’il ramène sa science.

Les hommes honnêtes étaient une plaie, tous infatués de leur mentalité de croisé de la veuve et de l’orphelin, incapable de voir l’image globale ni de comprendre les équilibres subtils qui régissaient une civilisation. Des puceaux de la réalité qui découvraient, horrifiée, que ce qui faisait se mouvoir une société humaine reposait bien plus sur l’appât du gain, le vice et la corruption que l’honneur, la piété et la justice. L’homme d’Etat, le vrai, devait trouver la ligne de crête, et éviter que les premiers ne pourrissent entièrement l’architecture de l’Etat et les moeurs du peuple tout en empêchant les imbécilités des seconds de renforcer les premiers. Un art difficile s’il en était, qu’on appelait politique.

Le vrai responsable du fiasco, cependant, était Aeganon, et Maegon saurait lui faire payer bien assez tôt d’avoir entrainé les Tergaryon dans son aventure personnelle. Ainsi, sur un ton las et désabusé, la réponse à sa collègue brune fusa à peine avait-elle terminée.

-Le fait que Vagar soit un sinistre imbécile ne l’exonère pas d’être un traitre. La seule raison pour laquelle sa tête n’a pas été plantée sur une pique le jour même de sa rébellion réside dans le souci qu’il fallait avoir sur le moment de sa popularité auprès de ses hommes, la fragilité politique de notre faction dans l’affaire du couvre-feu et les imbécilités des Bellarys.

Il haussa les épaules en tournant la tête pour regarder Rhaenys et faire une moue agacée.

-Cependant... Je n’ai rien contre ce brave crétin, je ne souhaite pas sa mort ni même son exclusion de l’armée. D’abord parce que ce serait lui donner l’importance conférée par la dureté. Je suis Maegon Tergaryon, qu’ai-je à faire à vouloir poursuivre de ma vindicte un être aussi insignifiant ?  Quand on est grand, on ne s’acharne pas sur les petits plus que nécessaire. Dans son cas, se pose juste la question du respect de la hiérarchie militaire et du fait qu’il a démontré être capable de désobéir à un ordre direct en étant Légat de l’armée qui protège Valyria. C’est là que la politique commence. Je compte ainsi voter pour sa culpabilité, avec circonstances atténuantes, et le muter à un rang d’officier dans une autre armée. C’est un compromis que la troupe comme le haut commandement pourra soutenir. Personne n’y perdrait la face.

Maegon se pencha en avant et son bras bint prendre doucement l’un des gâteaux au miel dont la sénatrice semblait apprécier. Il y mordit à pleine dent, il fallait reconnaitre que son pâtissier avait été à la hauteur de sa réputation. Vorace, le Tergaryon acheva sa proie en deux bouchée, un exploit digne d’un Baelor. Le sujet de l’expansion était moins trivial, et il pouvait se rallier à ce que disait Rhaenys.

-Oh j’ai bien conscience que notre influence marchande n’exige pas forcément des conquêtes militaires pour les biens de consommation, mais enfin pour les esclaves, il en faudra bien. On ne fait pas encore des élevages d’esclaves comme j’en fais pour le bétail. Encore que, peut-être devrais-je y penser, après tout, passer de la chasse à l’élevage est bien la base de toute civilisation prospère.

Maegon dut s’approcher un peu de Rhaenys en se penchant pour se saisir de la carafe en argent dans laquelle se trouvait le vin. Il manqua de frôler son épaule de son bras, mais sa cuisse effleura fugacement celle de son invitée.

-Du vin ? Collègue ?
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Malgré toutes ces douceurs et autres mets qui avaient été préparés pour l’entrevue ainsi que le lieu dans lequel elle se déroulait, il fallait garder à l’esprit le sujet principal : un échange entre deux sénateurs sur des faits dont ils auraient à trancher dans les jours ou les lunes à venir. La concentration devait alors être de mise et ce même s’il était aisé de se laisser aller à se prélasser dans la chaleur ou encore de céder à l’appel des corps. Bien que n’ayant peu apprécié le rappel de l’Île aux Cèdres et de sa possession promise qui n’avait toujours pas été acquise, Rhaenys conserva l’esprit clair et choisit le premier sujet qu’elle voulait qu’ils abordent : le procès de Vagar Nohtigar, désormais ancien légat de la Première armée. Les mots avaient beau être gravés dans le marbre ou couchés dans l’encre sur des parchemins, s’ils régissaient bien partie de leur vie ils restaient cependant -pour certains- libres d’interprétation en fonction du contexte dans lequel ils étaient lus ou encore de la volonté et la morale de ceux qui les lisaient. Depuis son coup d’éclat, l’ancien légat en faisait partie. Si le peuple devait être protégé du zèle des institutions, la République elle-même devait être protégée du monde pour que la base de sa stabilité ne puisse être renversée. Il avait prit une décision qui avait été la bonne pour les uns, la mauvaise pour les autres dont le rôle était désormais menacé à travers une demande de réforme. De fait l’issue de son procès devrait servir d’exemple pour les autres membres de l’armée, soldats comme officiers, sur les conséquences d’une interprétation de leur serment, tout en montrant la volonté magnanime de ceux qui rendraient le jugement. Si l’éloigner de Valyria et de ne lui accorder que le rang le moins élevé des officiers était une solution plus qu’enviable du point de vue de la jeune femme, terminant sa dernière bouchée de gâteau au miel elle écouta tout de même attentivement les paroles du sénateur militariste qui était de part sa fonction le mieux placé pour émettre une position ferme.

A peine Rhaenys eut-elle le temps de terminer sa question que Maegon lui répondit, bien que prononçant ses mots sur un certain ton las. Imbécile. Traître. Des mots forts pour décrire cet homme dont les « Rouges » s’étaient servi de la popularité auprès de ses hommes pour accomplir leur desseins. Sans compter la fragilité de ladite faction face à l’agacement populaire d’un couvre-feu qui ne durait que trop et un leader dont le zèle avait tout autant fini par agacer les siens. Silencieuse, elle le laissa poursuivre et ainsi exprimer quelle sanction il souhaitait voire être appliquée pour le Nohtigar. Fier Tergaryon qu’il était il ne voulait pas s’embarrasser d’une quelconque préoccupation envers un autre venant d’une famille bien moins reconnue. Soit. Tandis qu’elle se passait une main sur la nuque alors qu’elle penchait légèrement sa tête sur le côté, Rhaenys approuvait ce qu’énonçait le sénateur : voter la culpabilité tout en accordant des circonstances atténuantes et le placer dans une autre armée. Une manœuvre qui pourrait être votée par les différentes factions sénatoriales et de couleur sans que quiconque ne puisse y voir une honte particulière en accordant leur vote. Elle hocha légèrement la tête mais alors qu’il venait de se saisir à son tour d’un gâteau de miel -qu’il mangea avec une certaine voracité- il revint sur le sujet de l’expansion de Valyria. Il n’était pas nécessaire de s’étendre par la guerre, le choix avisé de Lys ayant mené à sa conquête aisé représentait là un exemple à ne pas ignorer, mais il existait des points stratégiques qui nécessiteraient une guerre et l’Île aux Cèdres n’en était qu’un exemple parmi d’autres.

- Cela me fait penser que les pirates des Îles du Basilic ne s’embarrassent pas d’entrer en guerre avec quelques nations que ce soit pour mener des raids et capturer la moindre âme survivante pour la commercialiser en tant qu’esclave. Si tu souhaites toutefois voir l’exploitation des esclaves à bien plus grande échelle, c’est effectivement une expansion par la guerre dont tu as besoin. Mais aussi insignifiants soient-ils tu devrais garder à l’esprit que contrairement à un esclave, un mouton n’éprouvera jamais l’envie d’un jour planter un poignard dans ton dos, répondit-elle alors qu’il s’était rapproché d’elle pour une nouvelle fois se pencher en avant pour se servir. Elle ne cilla pas un seul instant qu’il était si proche d’elle que son épaule pouvait presque toucher la sienne et pourtant ce fut la cuisse du Tergaryon qui vint frôler la sienne. Un contact léger, fugace, qui vint tendre un instant les muscles de la jeune femme qui darda son regard vers le visage de Maegon.

- Je veux bien. Elle le laissa la servir puis prenant la coupe qu’il lui tendit, elle vint tremper ses lèvres pour goûter le vin. Excellent. Je voterai ta recommandation de peine pour Nohtigar, c’est ce qu’il y a de plus exemplaire pour les hommes qui auront été sous ses ordres et de plus magnanime pour un homme qui s’est perdu. Pour ce qui est de conserver un grade d'officier dans une autre armée, il va de soit qu’une position de légat ne saurait être envisagée après ce qu’il s’est passé…

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Lorsque Rhaenys passa sa main sur sa nuque tout en penchant la tête, Maegon resta difficilement stoïque. Enfin, elle rentrait dans la danse. Et de quelle manière, elle se mettait, consciemment ou inconsciemment à imiter le style Tergaryon mêlant délassement et gestes calculés dissimulés par l’envie de plaire. Comment pouvait-on penser, après un tel geste de sa collègue, que la violence pouvait être autre chose que femelle. Maegon s’était fait serpent, animal à sang froid jouant le détachement, se contorsionnant autour de sa serviette, il fleurait et effleurait sa proie qui, enfin, se défendait dans ce jeu redoutable consistant à savoir qui voulait séduire l’autre. Elle s’était faite fauve, dissimulant la puissance dans l’agilité du mouvement. Aucune valyrienne ayant passé le Rêve de Meleys n’ignorait que la nuque d’une femme demeurait l’une des parties du corps les plus suggestives et érotiques de cette incroyable machine à produire des fantasmes qu’était le corps d’une femme.

Le serpent regardait donc, l’œil brillant. Il commençait à passer le stade où il écoutait ce qu’elle avait à dire. Nohtigar, pas Nohtigar, coupable, innocent, cela commençait à lui passer au-dessus de la tête, sans parler du reste. Ebranlé le sénateur ? Probablement, la tension qu’il ressenti lorsque sa cuisse frôla l’austère brune fit infuser dans l’esprit du maître des Tergaryon que la jeune femme n’était pas indifférente non plus. Il fallait dire que Maegon et son corps d’athlète offrait à ceux qui aimaient l’esthétique des corps des raisons de l’admirer. Beaucoup de souffrances et d’efforts se cachaient derrière ces proportions, ces muscles et cette harmonie obtenus dans le but de lui fournir, à l’amour comme à la guerre, une substance biologique apte à remplir sa mission. Le corps de Maegon était une auxiliaire précieuse dans la séduction, mais, en définitive, comme le lui avait dit son père, lorsqu’on est noble, et immensément riche, la beauté masculine ne faisait gagner qu’un quart d’heure.

La beauté, comme le génie, sans travail, n’était rien de plus qu’une sale manie. Et le travail dans la séduction, comme d’ailleurs en politique, résidait dans les mots. Surtout avec les femmes, ces créatures étranges, avides d’attention. Les hommes n’étaient pas des choses si complexes, ils agissaient, et réagissaient. Ils soufraient d’une douleur égale à tout, capables d’être à l’article de la mort pour une vulgaire toux, et de surmonter dans un suprême effort la perte d’un membre, ou des tortures atroces. Dans la souffrance comme dans le plaisir, l’homme était un être unidimensionnel, souffrant la même douleur, jouissant toujours du même endroit. Les séduire était donc chose aisée et ce sexe, si fait pour la conquête et l’offensive, s’écrasait lorsqu’il était mis sur la défensive. Dès lors que le champ s’ouvrait, et que la partie se transformait d’une chasse en un duel, une fois que l’on avait fait ouvrir le champ et vu les deux assaillants, la femme l’emportait, ayant dans ce combat des armes qui prenaient au dépourvu n’importe quel homme.

Maegon, quoique doté d’une volonté inébranlable, n’échappait pas à la règle. Il pouvait masquer sa déstabilisation, pas la nier. Lui qui croyait valoir quelque chose en politique, voilà qu’après un aperçu sur la superbe nuque de sa partenaire de danse, et il aurait été à peine capable de restituer si elle était, finalement, d’accord avec lui ou pas. Il en concevait un peu de la pitié mais enfin, cette nuque valait bien plus d’attention que des affaires obscures de Vagar, de Première armée, d’expansion pour acheter des esclaves et les élever, ou les élever pour les acheter, peu importait au fond. Il fallait réagir et retomber sur ses deux pieds, ce qui constituait pour un serpent un exploit remarquable. Maegon devait laisser sortir cette part de lui qu’il n’appréciait guère mais qui, en l’espèce, serait une arme essentielle pour arriver à sa fin parapolitique. Il fallait être tentateur. Buvant sa coupe de vin d’un coup, il se resservi. Son cerveau commençait à se désembrumer et quand il fonctionnait normalement, celui de Maegon tournait à une cadence folle qui laissait d’ailleurs son propriétaire sujet à de douloureuses insomnies tant les idées parfois, le torturaient. Le pouvoir, la guerre et les femmes permettaient de dompter cet organe boulimique qui ne savait se rassasier que du sang des ennemis et de la chair des maîtresses. Il plongea son regard dans le sien, un léger sourire en coin.

-Les pirates prennent ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils le veulent, c’est le propre des rufians. Ils prennent…Ou meurent.

Maegon n’était pas un rufian. Il savait, lui, mettre les formes et jouer de la situation. Il commença par nouer, enfin, correctement sa serviette autour sa taille. Il se leva et s’étira de nouveau, finissant sa coupe. Il tapa une fois de plus dans le bœuf qu’il dévora avec le même instinct prédateur, un léger filet de sang lui coulant au coin de la lèvre.

-Ton soutien me sera précieux lors de ce procès afin de rallier les mercantilistes et pour souder la faction Rouge avec fermeté mais magnanimité. L’affaire est donc conclue. Sur ce point du moins.

Là-dessus il fit quelques pas pour s’approcher du bassin d’eau chaude, une fois bien certain d’être totalement de dos à la Haeron, d’un geste d’une remarquable insolence il décocha sa serviette et l’envoya voler dans un coin de la pièce. Le bout de tissu blanc vint planer, sa tâche accomplie, sur le sol des thermes. Les vapeurs pourtant ne laissaient pas voir l’entièreté du Maegon Callipyge qui s’offrait en guise de statue à une Rhaenys qui n’avait pas dû s’y attendre, où qui ne s’y attendait que trop. Il tourna légèrement la tête, juste assez pour la regarder en coin par-dessus son épaule de ses yeux violets maintenant luisants, les paupières légèrement plissées, un sourire limite carnassier dévoilant ses dents blanches.

-Je t’ai sentie tendue, l’eau chaude te délasserai.

Puis, il fit une moue en haussant les épaules avec une insolence consommée.

- Enfin, si c’est cela ce que tu souhaites, je saurais m’adapter à tes désirs, collègue.

Les mots étaient choisis, puis, il tourna la tête afin de regarder droit devant lui et entra dans le bassin d’eau chaude, expirant par ses naseaux un soupir de relâchement et de satisfaction. Il se mû dans l’eau et vint coller son dos sur la paroi du bassin, regardant de nouveau droit la sénatrice dans les yeux et se plongeant dans l’eau jusqu’à ce que le liquide chaud ne touche son menton. Le serpent venait presque de se faire crocodile.
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Qui pouvait croire qu’un simple geste effectué aussi bien par réflexe que pour détendre cette nuque mise à l’épreuve à force de lectures pourrait autant provoquer d’émois chez son interlocuteur ? Probablement pas Rhaenys qui ne cherchait pas à séduire le sénateur. Peut-être qu’au fond d’elle la matriarche savait de quelle manière pouvait se terminer cette entrevue, après tout si cela devait se conclure par une poignée de mains il se serrait contenter de son bureau de Drivo et dans ce cas-là elle se serait laissée piégée telle une ingénue n’ayant pas encore accompli son Rêve de Meleys. Alors combien de temps tiendrait-elle avant de se laisser céder à ce corps musclé où la sueur perlait doucement le long de sa peau, une vision qui s’offrait allègrement à elle et bien des dames en tomberaient rapidement en pâmoison. Ô elle voyait bien cette lueur dans le regard du sénateurs qui la toisait alors qu’elle prenait soin de répondre précisément à chacune de ses questions, ne remplissant que son rôle de sénatrice échangeant avec un collègue sur des questions importantes qui seraient débattues prochainement. Ils avaient beau ne pas faire partie de la même faction sénatoriale, ils étaient tout de même sous la bannière rouge et s’accorder restait d’une certaine importance si chacun souhaitait obtenir ce qu’ils désiraient.

A quel point un simple geste avait pu déstabiliser l’assurance arrogante de Maegon Tergaryon ? Une fois qu’elle eut terminé, elle porta à nouveau sa coupe jusqu’à ses lèvres et elle n’y préleva qu’une quantité minimale avant de laisser le liquide se diffuser sur la totalité du tissus de sa langue. Il faisait définitivement partie des meilleurs vins qu’elle avait pu goûter au gré des banquets, la réserve des Tergaryon comprise. Décidément le patriarche natif de Gelios avait mis les moyens pour la faire tomber un peu plus dans la toile qu’il avait tissée. Elle ne détacha pas son regard de son interlocuteur alors que ce dernier venait terminer le contenu de sa propre coupe d’une seule gorgée, comme s’il n’avait bu depuis des lunes, avant de s’empresser à la remplir à nouveau. Les yeux violet du sénateurs vinrent accrocher ceux pers de la matriarche et lui adressa un léger sourire en coin avant de réagir à ses propos. Soutenant son regard, la jeune femme l’écouta à nouveau avant de plisser légèrement les paupières.

- Certes mais si tu achètes leur loyauté, toi aussi tu prends ce que tu veux et quand tu le veux.

Il se leva et noua correctement cette serviette qu’il avait conservé sur lui toujours d’une manière nonchalante avant de s’étirer allègrement et de terminer cette coupe préalablement remplie à nouveau quelques instants auparavant. Il se pencha instant et se servit de cette viande de bœuf qui semblait avoir été longuement préparé, mangeant comme si l’on ne l’avait pas nourri depuis bien longtemps, une vision loin de le rendre désirable aux yeux de Rhaenys ou du moins pas désirable à ce moment précis.

- Oui, il nous reste d’autres points à aborder

La réforme de la République qui découlait des évènements survenus à la suite de l’assassinat de Lucerys Arlaeron et poussée par cette marche populaire jusqu’au Sénat. Mais là encore le sénateur jouait encore avec elle, lui tournant le dos afin de faire quelques pas en direction du bassin d’eau chaude. Elle leva les yeux ciel et si elle aurait voulu que son regard détaille le plateau de fruits devant elle ce fut cependant le dos -dont la vision était partiellement altérée par les vapeurs- que ses yeux observèrent longuement alors qu’il s’éloignait d’elle. La voix de Maegon s’éleva à nouveau et attira le regard de la matriarche faire son visage sur lequel il affichait un grand sourire dévoilant ses dents. Ainsi donc malgré le contact fugace de leur peau l’une contre l’autre il l’avait senti se tendre ? Par les dieux, Syrax ne pouvait-elle pas se tenir éloignée de discussions sérieux plus longtemps que quelques minutes à peine ? Prenant une profonde inspiration de cet air chaud et expulsant rapidement ce même air, la jeune femme posa sa coupe sur le banc puis elle se leva et avança d’un pas rapide jusqu’au sénateur, allant se placer à genoux derrière lui et posant fermement ses mains sur ses larges épaules.

- Ou peut-être que l’eau chaude briserait ma retenue et me laisserait t’exprimer mon agacement quant aux formes que tu mets pour t’exprimer, pour m’amener là où tu le souhaite. Je t’ai suffisamment écouté et observé au sénat pour te savoir ambitieux Maegon, je sens que tu brûle d’envie de me partager tes réflexions quant aux plans de réforme qui pourraient être proposés. Alors fais-le et je te concèderai peut-être à te rejoindre dans ce bassin, dit-elle avant d’ôter ses mains et de se relever, commençant à marche le long de bassin, derrière lui.


Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Lorsque Rhaenys s’était levée et s’était approché de lui, Maegon Tergaryon avait su qu’il avait perdu une petite bataille dans la guerre secrète de séduction qu’il avait engagé. Le sénateur militariste était beau joueur, contrairement aux pirates dont elle parlait, il ne prenait pas quand il le voulait ni là où il voulait. D’ailleurs, Maegon ne voulait pas prendre, Maegon voulait qu’on se donne à lui. Elle semblait l’avoir compris et elle en jouait pour tirer les vers du nez du sénateur militariste.

Parler de la réforme institutionnelle, voilà une demande audacieuse. Ce sujet demeurait quelque chose de bien plus sensible, et révélait beaucoup des plans du Tergaryon pour l’avenir, pas forcément l’avenir de la République, mais son avenir personnel, et là où il se voyait. Il ignorait également om se situait Rhaenys, ni les autres membres de la faction. Et tant qu’Aeganon était encore politiquement vivant, s’exposer à parler de ce sujet pouvait être risqué. Après tout, le patriarche s’était exposé en déclarant ouvertement à la Haeron qu’il ne souhait plus être subordonné à un officier de basse extraction politiquement imprudent.
Lorsque les mains de la brune vinrent se poser sur les épaules de Maegon, il n’en fut pas aussi déstabilisé, car il s’attendait à ce qu’elle tente de lui donner l’illusion de la victoire pour mieux le défaire. Elle lui jetait un morceau de contact à ronger comme on jetait un os à un chien. Il n’était pas un chien mais il n’était pas assez brut pour ne pas apprécier le contact. Il fit une moue d’enfant déçu lorsque ces précieuses mimines prirent congé de ces musculeuses épaules.
Pourquoi tout devait-il être si compliqué ? Maegon bascula la tête vers l’arrière, posant quasiment son front sur le sol du bassin, regardant la sénatrice à l’envers, manifestant une déception toute factice. Il savait bien que celle qu’il avait en face de lui n’était pas une pouliche envieuse de se faire débourrer par le premier cavalier venu. Elle défendrait les remparts de son corps avec la même détermination qu’elle protégerait les intérêts financiers et politique de son lignage. Ils entraient donc dans la phase du jeu dans laquelle Maegon était le meilleur, la contre-proposition.

Il failli prendre mal qu’elle le trouve ambitieux. Maegon ne l’était pas. Il aimait le pouvoir, oui, mais l’ambition n’était pas son vice. Est-on ambitieux lorsqu’on se considère déjà comme le meilleur ? Les Ambitieux, comme Aeganon ou Daera, n’étaient que des revanchards avides de bouleverser un ordre social dans lequel Maegon était au sommet par sa naissance, par sa fortune, par ses dragons et par l’histoire de sa famille. Le considérer comme un ambitieux c’était le mettre au même rang que les dynastes déchus, soucieux de récupérer un pouvoir perdu par l’incompétence de leurs ancêtres. C’était, finalement, l’assimiler à deux parties de la société dont il ne se sentait pas proche : noblesse déchue et parvenus. Il se voyait bien plus comme occupant la place que son rang lui dictait. Pour tout dire, il n’ambitionnait même pas, dans un avenir futur, d’être plus que ce qu’il était. Maegon se plaisait dans les jeux d’influence du Sénat et dans la complexité des intérêts qui s’entremêlaient dans les arcanes du pouvoir. Il aimait sa part d’ombre comme de lumière.

Après la petite rebuffade qu’elle venait de lui infliger, il s’enfonça dans l’eau jusqu’aux lèvres, et, tout à fait puérilement, commença à faire des bulles dans l’eau du bassin en fronçant légèrement les sourcils. Elle voulait jouer ? Et bien, Maegon jouerait. Et cette fois-ci, il comptait bien ne pas se laisser distraire ni par une nuque, ni par autre chose. Il se releva progressivement, et d’un mouvement souple, vint s’asseoir sur le bord du bassin, puis, il abaissa son buste pour s’allonger à moitié sur le sol, une partie de ses jambes restant dans l’eau. Il se dévoilait entièrement physiquement, non pour l’appâter, mais parce que cette fois-ci, il allait devoir faire montre de bien plus de détachement.

-Allons collègue, je sais que les vapeurs peuvent empêcher la vue mais tu m’accorderas que les hommes et les femmes n’ont pas des corps similaires. Aussi, bien qu’ils soient cachés par un tissu, mon bon sens seul me suffit à dire que tu as des pis bien mieux formés que les miens. Ne t’en offusque pas je t’en prie, je le pense. Assurément, ils sont splendides. C’est là l’apanage du beau sexe, et tu lui fais grand honneur. Qui pis est -si j’ose dire- cela donne un deuxième désavantage au camp des hommes.

Il venait de décaler, l’heure était venue de piquer.

-On ne leur tire pas si facilement le lait, collègue.

Le sénateur vint se replonger dans l’eau en se laissant glisser comme une anguille. Puis, prenant un air faussement dramatique il fit mine de se défendre d’une accusation

-Qui plus est, tu donnes bien trop de crédit à ma modeste intelligence. Tu sur-estimes de loin ma capacité à planifier dans les moindres détails les aspects de ma vie. Je ne suis qu’un simple sénateur, je n’ai pas fait la guerre glorieuse de mon cousin, je n’ai pas le caractère intrépide d’un Bellarys, ni le coté retors du Seigneur Soie.

Il n’en ajouta pas plus, point n’était besoin de surjouer. Au reste, s’il était vrai qu’il n’avait pas démontré jusqu’ici de grands éclats politiques, Maegon avait clairement envoyé le message, lors de son irruption à la manifestation de Daera, qu’il ne craignait personne, pas même le peuple, et qu’il était un tacticien redoutable, capable de s’adapter contre la colère de la foule aussi bien que d’organiser le boycott du vote par sa faction. C’était sans doute pour cela d’ailleurs que Rhaenys tenait tant que cela à le faire parler. Fatalement, lorsqu’on avait réussi un joli coup, tout le monde voulait savoir ce que l’on préparait pour la suite. Maegon fit cependant mine de céder un peu de terrain.

-La preuve, tu m’as bien percé à jour. Il est vrai que je brûle d’envie d’aborder avec toi la question des réformes institutionnelles de la République, et pour te dire la vérité, je n’avais pas forcément prévu de jouer un tel badinage. Certes, je comptais bien jouer un peu, comme on choque les gens, collègue, on les connait un peu. Au reste, le jeu n’a pas semblé te déplaire. Et de fil en aiguille, cela m’a paru bien plus intéressants dans l’immédiat que des affaires institutionnelles. Il faut savoir, parfois, essayer de profiter de l’instant présent collègue, si les affaires n’attendent pas, elles ne courent pas aussi vite que cela, surtout en Valyria.

Maegon fit une moue pensive et leva les mains, paumes vers le ciel, comme s’il pesait quelque chose dans l’une comme l’autre.

-Je te propose un marché. Si tu me dis droit dans les yeux que me rejoindre dans ce bassin n’a absolument aucun intérêt pour toi, et bien, soit, je hisserai pavillon blanc et nous pourrons alors nous amuser à nous écouter parler en dissertant longuement sur ma vision -et un peu la tienne j’imagine- des institutions valyriennes, ce sera important, parfaitement mortel, et il en sortira, je n’en doute pas, une merveilleuse relation de travail : ce sera une réussite totale.


Il pencha la tête du coté de l’autre main, qu’il leva légèrement.

-Ou alors, tu peux me rejoindre dans ce bassin parce que tu en as envie, et non parce que tu penses concéder à mes mâles pulsions le fait que tu m’y rejoignes. Tu pourras alors apprécier la douceur de mes bras lorsqu’ils t’enserreront, et tester si les murmures qui franchissent le seuil de mes lèvres ne sont pas toujours pour ourdir quelque complot qui rythment la vie politique de la République. Tu pourras prendre tes aises sans te dévoiler plus que tu ne le souhaites avec l'assurance que je suis dépourvu de l'orgueil imbécile d'un amant qui pense que l'on se sent plus femme parce que l'on est les bras d'un homme. Et quand nous aurons été aussi loin que tu le désire, ma foi, je ne manquerai pas de satisfaire ton besoin urgent d’avoir ma vision des réformes nécessaires dont les institutions de la République ont besoin.

Maegon leva son autre main, puis de nouveau l’autre, en souriant. Debout dans le bassin, l’eau s’arrêtait juste à l’aine, laissant voir l’entièrement de son torse et le haut de son bassin. Elle avait joué de le prendre à rebrousse-écaille comme il convioent pour échauder les reptiles. Néanmoins, le sénateur Maegon Tergaryon savait à merveille transférer le mal de tête à celui qu’il avait en face de lui. Il se permit une dernière petite insolence avec un fin sourire.

-De ta croupe à ton attirance pour le droit constitutionnel, je flatterai l'intérêt qu'il te plaira de me donner dans l'ordre qu'il te plaira de me les présenter. La décision t’appartient, collègue.

Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
L’air devenait de plus en plus lourd à mesure que le sénateur poursuivait ce jeu qu’il avait mis en place, cette récréation où tout esthète qu’il était le voyait joindre l’utile à l’agréable avec une retenue toute maîtrisée. Les mains posées sur les épaules de Maegon, la native de Tolos pouvait sentir ces muscles noueux qui se trouvaient être le résultat d’un travail minutieux afin de rendre l’ensemble mortel dès que l’occasion pouvait se présenter. Elle pouvait presque se laisser aller à donner à ses doigts toute latitude pour parcourir cette surface sous laquelle se cachait la force du Tergaryon si toutefois elle ne voulait pas garder son esprit tourné vers le devoir politique. Voulait-elle céder aux influences de Syrax en pleine journée ou devait-elle garder la tête froide et conserver une distance entre eux ? Elle observa un instant cette cascade de cheveux clairs devant elle puis elle serra les mâchoires, il n'était guère aisé de résister a x influences des dieux et des corps bien bâtis. Une fois qu’elle eut prononcé ses termes elle ôta ses mains des épaules de Maegon puis elle se releva.

Alors qu’elle allait et venait le long du bassin, attendant patiemment la réplique du sénateur, un mouvement dans l’eau attira son regard et elle vit ce dernier les lèvres dans l’eau, jouant comme si en cet instant il était redevenu un enfant. Plissant légèrement les yeux elle cessa son avancée et se tourna vers lui. Qu’espérait-il en agissant ainsi ? Plaçant ses mains derrière son dos Rhaenys l’observa silencieusement jusqu’à ce qu’il décide finalement de sortir de l’eau, venant presque se coucher sur le flanc et il daigna enfin prendre la parole. Alors qu’elle l’écoutait les traits du visage de la matriarche s’étaient mué en une expression neutre tandis que son esprit l’imaginait en train de le pousser dans l’eau afin qu’il y réfléchisse à deux fois avant de mentionner sa poitrine, même s’il la complimentait. A peine sa pique lancée il se plongea à nouveau dans l’eau chaude. Sa modeste intelligence… elle leva les yeux au ciel avant de reprendre sa lente marche.

- Cesses cette fausse modestie, elle ne te sied guère Maegon. Avec le couvre-feu tu as eu suffisamment de temps pour réfléchir à la question des réformes…

Il lui indiquait ne pas avoir particulièrement prévu de jouer ainsi avec elle et comme il le soulignait, cela ne lui déplaisait pas autant qu’elle ne l’aurait préféré. S'il n'était pas pleinement de ces hommes qui pouvaient faire naître un quelconque désir chez la jeune femme, elle ne pouvait nier le fait qu'elle faisait face à une tentation qui mettait sa retenue à mal. Profiter de l'instant présent. Voilà bien quelque chose qu'elle ne s'était pas permise de faire depuis bien longtemps, elle agissait toujours dans l'intérieur des siens au point d'en avoir oublié d'être une femme. De céder aux plaisir auxquels bon nombre d'hommes s'adonnaient sans le moindre complexe. Mais le voulait-elle vraiment en cet instant, avec le Tergaryon ? A nouveau elle s'arrêta lorsqu'il s'exprima à nouveau. Ainsi donc deux possibilités s'offraient à elle. Elle pouvait refuser de le rejoindre et il concèderait lui faire part de sa vision sur les institutions de la Republique. Soit elle le rejoignait, s'offrant à lui jusqu'où elle le souhaiterait et ensuite satisferait sa volonté d'en apprendre plus sur sa vision des réformes.

Il lui adressa un sourire avant de conclure qui lui fit à nouveau lever les yeux au ciel.

- Tu as raison dans le fait que ton petit jeu ne me laisse pas indifférente... mais te rejoindre dans ce bassin n'a aucun intéret pour moi. Alors ne jouons pas plus longtemps, d'autres affaires m'attendent, finit-elle par répondre avant de contourner le bassin et de regagner la place qu'elle avait occupé sur le banc.


Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

A la guerre, il fallait savoir perdre des batailles. La bataille de la libido était perdue, en dépit d’un combat honorable. Le sénateur consenti alors à la retraite. Elle se refusait tout en admettant ne pas être indifférente. Allons bon, on s’en contenterait, les défaites du présent n’était que le ferment des victoires futures. Le masque de pusillanimité qu’il portait n’était plus nécessaire. S’il ne pouvait pas espérer butiner la sénatrice, rien ne servait alors de bourdonner.

Maegon accordait une suprême importance à la parole donnée. Il avait promis de ne pas insister, il tiendrait sa promesse. D’un seul coup, son attitude était moins souple, il sorti du bassin en marchant lentement, nu, il se dirigea lentement vers sa serviette et se pencha légèrement pour la saisir dans sa main. Il la passa avec minutie et la noua solidement avant de venir se remettre sur le banc, à bonne distance de la sénatrice.

Pouvait-il faire confiance à la mercantiliste ? la main du sénateur vint se poser sur son menton comme s’il était un vieux philosophe moisi par l’âge et les bouteilles venues tout droit du monde des idées vigneronnes. Si elle rechignait à se donner de corps, lui, rechignait à se donner d’esprit. Il aurait pu lui mentir et lui balançant deux ou trois banalités sur la nécessaire réforme, sur le fait qu’il fallait ouvrir, sur le fait qu’il fallait fermer, sur le fait qu’il fallait plus ou moins de religion dans le café, ou de café dans la religion, on ne savait plus.

Il aurait pu discourir des heures sur le fait que dans tout pays civilisé, il fallait que l’argenterie dans laquelle on servait la nourriture remarquable du Sénat devait être pure à 99% d’argent fin au lieu de 98. Et que dire du fait d’autoriser les handicapés à siéger ? Pouvait-on vraiment prendre la République au sérieux quand la Constitution de l’État permettait à un cul-de-jatte véhément et braillard de siéger ? Chacun devait être à sa place, les sénateurs devaient sénater, et les handicapés handicaper, de préférence à l’extérieur de cette auguste assemblée.

Et puis il obstruait les couloirs dès qu’il voulait se déplacer avec sa litière et ses porteurs. C’était proprement insupportable ! Oui, vraiment, il y en avait des réformes à faire.

Cependant, face à lui ne se trouvait pas une jeune biche, ni une lapine de trois semaine. Ces Matriarches, décidément, c’était quelque chose. Qui aurait pu croire que la faiblesse du con pu supporter une telle force d’esprit ? Il savait qu’elle savait qu’il savait qu’elle détecterait la moindre odeur de mensonge émanant de lui sur cette question précise. Au reste, il n’aimait pas mentir, il avait l’impression de se trahir lui-même plus qu’il ne trahissait la victime de ses mensonges.

La vérité pourtant, c’est que Maegon se fichait de ces histoires de réforme comme du dernier captif ghiscari. Il n’y avait vu là qu’une manœuvre pour clore la séquence. Il ne voulait absolument pas ouvrir la porte à des réformes institutionnelles d’ampleur qui risquaient de menacer la position de privilégiée de la faction Rouge dans l’équilibre des forces au Sénat. Il fallait cependant en profiter pour donner des gages aussi bien aux marchands qu’aux militaires qui constituaient la base de la faction dont il était à présent une figure en vue. La Bourse et l’épée se devaient d’être solidaires face au reste des forces en présence de la République.

Il la laissa donc quelques secondes dans le silence. Non pas pour organiser ses pensées, elles étaient en ordre impeccable. Il finit par briser le calme.

-Ces réformes n’auront aucun intérêt. De toute façon, nous allons être encore un moment sur la défensive, après tout, notre dernière proposition politique, le couvre-feu, a échoué, et les Dynastes ont pris l’initiative, il y a fort à parier que les principales propositions viendront de ce bord-là, Ragaenor et Maegon seront les principaux moteurs. Notre stratégie, à mon sens, doit consister à glaner le plus davantage possible pour l’armée en préparation de la guerre, et à juguler autant de changements que possible, notamment sur le Sénat. Nous devons noyer le processus dans les réformes accessoires, donner un os à ronger au Conseil des Cinq en lui laissant l’illusion du gouvernement. Je ne crois pas à une entente durable entre Daera et les Dynastes, ni même entre les Dynastes eux même. Nous devons en profiter pour avancer doucement. Réformer le service militaire me semble indispensable. Il faut le faire passer d’un à deux ans et ne plus simplement l’axer sur la défense du territoire. Notre armée doit changer profondément de doctrine et passer d’une armée défensive à une armée de conquête. Bien sûr, cela demandera du temps, et de l’or. Une hausse des taxes sur les produits de luxe étranger pourrait être un moyen de faire financer aussi bien par l’étranger que les riches valyriens les plus compromis avec Ghis l’effort de restructuration. Enfin, je suis opposé à toute réforme de la répartition des sièges au Sénat, le Sénat est très bien comme il est, il n’y a aucune raison de le changer, la crise qui nous a frappé est justement un deficit d’usage du Sénat, pas d’un trop plein. Voilà mon avis sur la situation. Quel est le tien ?
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Elle n’était pas femme à se laisser aisément conquérir par les influences de Syrax et de Meleys, d’autant plus lorsque l’astre qui illuminait le ciel était solaire et non lunaire. Elle ne pouvait nullement ignorer ce lieu dans lequel elle se trouvait et qui se prêtait tout à fait à ce genre de badinage. Elle ne pouvait non plus ignorer les traits dont avait été gratifiée Maegon par les dieux à la naissance et si la tentation était grande, elle ne pouvait se permettre d’y céder et le sénateur Tergaryon n’était pas le premier homme avec elle voulait céder aux influences des déesses. Elle devait rester concentrée sur la raison de sa venue : une discussion entre collègues sénateurs. Rien de plus, rien de moins. Alors ce fut avec franchise qu’elle apporta une réponse à Maegon lui signifiant que bien que son jeu ne la laissait pas indifférente, elle n’avait aucun intérêt de le rejoindre dans le bassin. D’autres affaires l’attendaient et si toutes ne revêtaient pas une urgence absolue, il ne fallait pas pour autant que leur échange s’éternise. Rejoignant alors le banc qu’elle avait précédemment quitté, elle laissa l’esprit du sénateur aspirer les mots qu’elle venait de prononcer.

Assise, elle observa un instant le sénateur quitter le bassin pour lentement aller se saisir de la pièce de tissus qu’il avait délaissée quelques instants plutôt. Détournant le regard pour reprendre sa coupe, Rhaenys en prit une gorgée tandis qu’il prenait un soin tout particulier à retirer l’eau de chaque partie de son corps avant de nouer le tissus autours de sa taille. Lorsqu’il s’assit, il prit cette fois le soin de mettre de la distance entre eux et un instant de silence s’installa dans la pièce, chaleureux et bienvenu, avant que le sénateur ne décide de prendre la parole.

Trempant à nouveau ses lèvres dans sa coupe avant de la poser près d’elle sur le banc, la jeune femme prêta une oreille attentive à ce dont il lui était fait part. Les réformes n’auraient aucun intérêt selon le Tergaryon et en un sens il ne se trouvait pas dans le faux, le contexte qui amenait ces réformes n’était pas le plus idéal mais dans le même temps cela permettait qu’enfin le Sénat s’active sur la résolution de lacunes existantes depuis plusieurs années et que la guerre avait pu mettre en lumière, même si la République avait été le camp vainqueur. Les violences qui avaient été perpétrées à la suite de l’assassinat de Lucerys Arlaeron étaient questionnables et le couvre-feu bousculé de nombreuses habitudes de la vie quotidienne, tout comme il avait impacté différents secteurs dont le commerce avec des réceptions de cargaisons avancées le plus possibles avant le coucher du soleil ou repoussées à l’aurore. Et si elle ne voulait pas regretter d’avoir miser sur le mauvais cheval, il lui fallait faire entendre sa voix auprès des bonnes personnes. A la mention de remporter le plus d’avantages pour l’armée dans la préparation de la guerre, la matriarche hocha légèrement la tête.

- Mon avis est qu’il faut que notre République soit prête à se défendre mais aussi à attaquer, de fait la réforme de l’armée est nécessaire pour que les pertes subies durant cette guerre contre l’Empire de la Harpie ne puissent être égalées ou surpassées. Je suis d’accord sur le fait que le service militaire doit être revu mais raisonnant en tant que matriarche je ne tiens pas à voir mes enfants partir deux années au lieu d’une quand je cherche à faire d’eux des marchands et des comptables accomplis. Un point pour lequel les mercantilistes éprouveraient des difficultés à voter cette réforme, le point d’équilibre que j’entrevois est le suivant : un classement. Les meilleurs peuvent se voir offrir un contrat dans l’armée ou retourner auprès de leur famille dès la première année, les suivants quant à eux doivent réaliser cette deuxième année de service et s’améliorer pour là encore s’engager librement ou retourner auprès des leurs. Pour ceux qui ne donnent satisfaction dès la première année et qu’à la fin de la seconde ce n’est toujours pas le cas… c’est alors aux officiers supérieurs de décider quel rôle pourrait leur être attribué comme soutien aux troupes ou tout simplement les renvoyer.

Elle reprit une gorgée de vin avant de prendre une fraise et d’en prendre une bouchée.

- Là encore les mercantilistes seront refroidis à l’idée d’augmenter leur prix et risquer une diminution de leurs ventes, tous ne tiennent pas une ville qui sert de point d’entrée et n’ont pas un passif de douaniers, mais je reconnais que c’est un mal pour un bien : il ne peut y avoir d’augmentation de budget sans trouver l’or nécessaire quelque part. Mais pour que l’armée soit proprement réformée il faut des nominations avisées et des maintiens fermes mais aussi récompenser certains officiers pour attiser les flammes de leur bravoure et leur loyauté... Enfin pour ce qui est de mon avis sur les sièges à Drivo… si je peux être ouverte à la présence d’un représentant du Collège sans qu’il ait pour autant un quelconque poids législatif, je suis contre la présence des prêtres. J’ai beau prier assidûment les Quatorze, les clergés n’ont pas à se mêler de la politique de la République ou du moins pas plus qu’à travers les sénateurs de la faction qui écoute les prêtres.


Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Nous y étions donc. Les « réserves » des mercantilistes à un éventuel renforcement de l’appareil militaire valyrien concernait, s’il comprenait ce que lui expliquait la Matriarche allait consister dans le fait qu’ils ne seraient pas content qu’on leur prenne leur rejeton deux ans pour en faire de vrais défenseurs de la République au lieu de les envoyer torturer des bouliers et des chiffres. Heureusement que Maegon lui-même avait une certaine appétence pour l’argent et le profit, sinon il aurait trouvé cela totalement ridicule. Il fallait cependant compter avec les désirs de ceux qui avaient pris l’argent pour maître et dont l’allégeance se vendait aux enchères au plus offrant. Si l’on avait cherché un lien qui unissait cette faction mercantiliste profondément divisée, on l’avait trouvé. Quel était ce lien fantastique qui unissait aussi bien Echya Odenys que Baelor, que Rhaenys et sa cousine Elaena ? Tout simplement la caisse. Valyria était une gigantesque caisse dans laquelle taper pour amasser toujours plus d’or. Pourquoi faire ? eux même ne devaient pas vraiment le savoir et on pouvait difficilement leur arguer que c’était inutile, ça ne l’était pas.

On était bien loin des effusions de vapeurs ni des courbes qui avaient fait tourner la tête -et le reste- du sénateur militariste. Comme il l’avait craint, la discussion confinait à l’ennui mortel. Il y avait de quoi tuer toute pulsion de vie dans ces histoires de classement, de dérogation, de tarifs. Le profit, hélas, régnait en seul maître de la conversation et Maegon devait supporter le pied de nez de n’avoir pas pu faire de son porte-parole sa maîtresse.

Cependant, si Maegon était prêt à réfléchir à de larges concessions sur la prise en compte du besoin qu’avaient les familles marchandes de former leurs enfants, il comptait faire preuve d’une certaine intransigeance sur la question douanière. Hors de question que les intermédiaires vendeurs de marchandises Ghis viennent l’ennuyer avec ce profit qu’il estimait préjudiciable à la République. D’ailleurs, la hausse des tarifs douanières sur les marchandises ghiscaries lui semblait déjà une concession. Dans l’absolu, Maegon était favorable à un embargo complet et au renvoi de tout marchand ghiscari du territoire de la République tant que l’Empereur n’aurait pas envoyé la tête de dix membres de sa famille pour réparer la trahison de Borash. Cependant, de telles exigences n’étaient pas envisageables pour les mercantilistes, et il l’intégrait. Là était d’ailleurs l’utilité de Rhaenys qui, plus ou moins consciemment, lui traçait les priorités de cette faction alliée dans laquelle il n’avait, pour l’heure, pas de réel soutien et qui était régie par des logiques très différentes des militaristes. Pour que la Faction Rouge se solidifie, il fallait trouver des points de ralliement programmatiques bien plus profonds que la mort de Lucerys ou la vague perspective d’une expansion militaire et commerciale.

L’idée du classement lui paraissait une piste incomplète. Maegon se frotta le menton, l’air pensif.

- Je ne suis pas pour un système qui permette l’exemption de la deuxième année de service. L’universalité du service militaire fait sa force. J’entends cependant tes observations sur le fait que certaines familles marchandes verront d’un mauvais oeil de sacrifier une année.

Il marqua une pause.

-Nous pouvons trouver un compromis qui nous satisfasse tous deux sur ce plan-là. La réforme plus globale de l’armée pourrait nous y aider. Après tout, une armée, ce n’est pas simplement des soldats qui tapent sur l’ennemi, je dirais même que c’est là la partie la plus facile. Une armée, c’est aussi une logistique, un ravitaillement, du transport, de la forge et de nombreux autres artisanats, c’est aussi un besoin de comptables et de marchands. Sans compter la logistique particulière que demandent les unités draconiques. Nous pourrions imaginer la création d’un corps de logisticiens militaires, spécialisés dans l’ensemble de cette partie « non combattante ». Des économistes militaires en quelque sorte. Ainsi, les grandes familles marchandes, qui disposent du savoir-faire pour remplir ces postes essentiels, pourront y trouver des débouchés pour leurs fils. De là, nous pouvons très bien imaginer un service militaire de deux ans pour tout le monde, avec un tronc commun la première année, et une spécialisation lors de la deuxième, avec, comme voie possible, une formation accrue dans un corps de logisticien militaire, qui serait simplement l’application militaire de tout ce qu’une marchande comme toi voudrait voir enseigné à ses enfants, cela permettrait même qu’ils soient formés à ton métier, dans l’armée, aux frais de l’Etat. Qu’en penses-tu ? je pense que c’est là une option de compromis gagnant-gagnant ?

Il enchaina ensuite.

-La question de la hausse des droits de douanes sur les produits de luxe ghiscaris me parait peu ouverte à négociation pour ma part. Ma famille est l’une des plus riches de Valyria, quoique militariste, je suis aussi propriétaire terrien, et je dois vendre, comme tout marchand, ma production. Mais je trace une frontière entre ce qui est nécessaire à la République afin que son peuple et ses institutions survivent, aux caprices d’un patricien qui veut s’offrir une esclave sexuelle via un intermédiaire Ghiscari, et qui va participer directement au financement de l’effort de guerre de notre futur ennemi. Je n’ai rien contre le luxe, à condition qu’il soit payé. Ceux qui seront visés par ma mesure ne seront pas mis à la rue par elle. Comme tu l’as souligné, si certains mercantilistes veulent s’étendre et trouver de nouveaux débouchés, il faudra bien, tôt ou tard, de l’argent pour financer les combats à venir. De mon côté, je serai prêt à user de mon influence auprès de l’armée pour garantir aux mercantilistes qui nous suivront, que les marchés juteux que seront la production d’arme, et le fait de transformer notre armée en une force militaire de conquête, leur profiteront. Après tout, je fournis l’essentiel de la viande de mon cheptel à l’armée, je peux t’assurer que c’est très lucratif. Les besoisn en bois, en fer, et en artisans seront très nombreux, il y aura des retombées économiques pour ceux qui feront le choix de ne pas tomber dans la mesquinerie consistant à privilégier leurs petites affaires avec Ghis.

L’enchainement lui sembla logique, par conséquent, il poursuivi sur la question épineuse des nominations à l’Etat Major.

- Il n’est pas question qu’Aeganon Bellarys reste capitaine-général en ce qui me concerne. Au reste, je doute fort que Baelor le proposera à nomination alors même qu’il y a des candidats autrement plus légitimes. Mon cousin Maekar, par exemple, serait bien plus indiqué qu’un Bellarys sorti de la fange. Néanmoins, Maekar était trop compromis dans le couvre-feu et sa proximité avec Bellarys y empêche. Il faut aussi contenter les autres familles impliquées dans l’armée qui, bien qu’elles soient dans la faction, ne sont pas militaristes. Or, les Maerion sont difficilement contournable à ce niveau. C’est pourquoi je suis résolu, pour ma part, à offrir mon soutien à l’un des leurs à la charge de Capitaine Général. Que ce soit Arraxios ou Jaehhaeragon. Etant entendu que je souhaite que mon cousin Maekar soit confirmé dans ses fonctions de Général, et que je brigue un poste de Général pour moi-même. Je pense ne pas y avoir démérité et être issu d’une assez bonne famille pour y prétendre. Au reste, cela suffira bien à me contenter... Sur le plan politique, j’entends.

Et, il gratifia d’un léger clin d’œil sa collègue. Chassez le naturel...
Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1432-rhaenys-haeron-les-
Smoke on the waterfeat Maegon Tergaryon

Thermes de Valyria, mois 10 de l’an 1067
Il y avait eu ce petit jeu instillé par Maegon à l’entrée de Rhaenys mais cette dernière bien que pouvant se laisser tenter de répondre à cette proposition de récréation, préféra que son esprit reste concentré sur des questions infiniment plus importantes que ce qu’il pouvait se cacher sous la pièce de tissus que le Tergaryon portait. Non. La mort de Lucerys Arlaeron avait provoqué un remous si important qu’il n’était guère possible pour la jeune femme de ne pas échanger sur des sujets politiques avec son confrère et lui fallait rappeler au sénateur qu’aussi importante leur discussion pouvait être, bien d’autres affaires l’attendaient en dehors des murs des thermes de Valyria. Un silence s’était alors installé dans la pièce, durant plusieurs secondes au cours desquelles la matriarche observant l’homme avant qu’il ne finisse enfin par lui exposer ce à quoi il songeait pour ces réformes qui ne tarderaient pas à être débattues, remaniée puis adoptées ou refusées selon le résultat des votes sénatoriaux. Elle l’écouta sans l’interrompre et lorsqu’il lui retourna la question elle exposa alors son propre avis, abordant des points d’amélioration tout comme elle énonçant certains points de crispation en réponse à la vision émise par Maegon.

Elle ne niait aucunement le fait que de meilleurs résultats fournis par l’armée passaient par une amélioration du service militaire déjà existant, elle n’était pas contre l’obligation d’une année mais deux… il s’agissait-là d’une toute autre affaire pour de nombreuses familles du Nord, la sienne comprise. Emettant des solutions sur ces points de discorde, elle voulait creuser ce qui lui avait été formuler et ainsi obtenir des garanties relativement satisfaisantes pour qu’elle puisse vote en faveur de la réforme présentée par le Tergaryon, montrant de fait la voie aux autres mercantilistes peu importe les couleurs arborées ces dernières lunes. Ensuite une bonne réforme de l’armée ne pouvait être réellement accomplie sans un nouveau à sa tête si la jeune femme en avait un tout trouvé, elle se doutait que Maegon ait déjà sa propre idée sur la question et qu’il pouvait en faire part à tout instant. Mais pour arriver à ce moment précis, il lui fallait continuer à l’écouter réagir et faire ses contre-propositions. Enfin il finit par en venir sur la question du prochain capitaine-général qui dirigerait l’armée et la jeune femme se tourna légèrement vers lui, pour mieux l’observer tandis qu’il s’exprimait.

Rhaenys prit une profonde inspiration. Aeganon Bellarys. Maekar Tergaryon. Tous deux avaient l’expérience du terrain. Tous deux étaient des Héros du grand Effondrement et s’étaient illustrés au cours du Rêve de Caraxes mais l’un comme l’autre, ils avaient pris des décisions qui les avaient compromis auprès de leurs pairs et du peuple ou avait fait un faux-pas poussés par leur fougue. Maekar avait l’étoffe d’un capitaine-général mais il n’était pas le seul au sein de l’armée à mériter une promotion. Ainsi donc il s’agissait d’un Maerion qui pourrait bénéficier de la faveur du Tergaryon : Arraxios ou Jaehaegaron. L’ancienne Lumière ou son aîné sénateur. Maekar confirmé général et Maegon lui-même désirait briguer la place.

- J’entends tout ce que tu proposes et j’y porterai une mûre réflexion, sois en assuré. Si Jaehaegaron devait être nommé Capitaine-général et que tu devais accéder au poste de général, la place restante devrait se jouer entre les légats. Peu importe leur ascendance, ils ont fait preuve de compétences pour mener leurs hommes au combats. Permettre à l’un d’entre eux de devenir générale serait une juste récompense, répondit-elle avant de s’étirer langoureusement et de se lever du banc. A nouveau elle s’étira puis lança un dernier regard à Maegon. Je te remercie pour cet échange fort enrichissant sur cet avenir dont nous devrons adopter les modalités sous peu mais je vais devoir te quitter, mes propres devoirs m’appellent et ne peuvent attendre.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

L’avantage des entretiens politiques était que l’on finissait toujours par soulever la roche sous laquelle l’anguille se cachait. Autant dire que lors Rhaenys jeta dans la discussion que si Jaehaegaron devait être élu Capitaine-Général, un des légats actuels devaient être nommé Général, un éclair de malice passa dans le regard de Maegon. Que signifiait cette demande ? Autant dire tout de suite que le sénateur Tergaryon n’accorda pas le moindre crédit à cette histoire de mérite. Non, il soupçonnait quelque chose de bien plus terre à terre là-dedans.

Quelque chose de plus excitant aussi : un nouvel objet de négociation future. Une femme comme Rhaenys ne pouvait pas prendre le risque de balancer une telle bombe incendiaire sans avoir un plan en tête. Elle avait donc au moins un allié, surement plusieurs, parmi les légats. Qui ? Le maître des Tergaryon finirait bien par le savoir.

La condition posée par Rhaenys était importante et pour dire le vrai, elle ne dépendait pas réellement de Maegon. Du moins, pas en définitive, elle était la prérogative de celui qui serait nommé, à savoir, si son plan se déroulait comme prévu, le Maerion. Il fallait qu’il accepte, puis qu’il tienne parole. Bien des choses qui ne dépendaient pas du sénateur, et qui pouvait, si les choses se passaient mal, lui aliéner le soutien de Rhaenys pour les futures réformes militaires qu’il envisageait.

Il se servi une autre coupe de vin qu’il porta avec un léger sourire à ses lèvres. Un légat. Les engrenages dans le cerveau à la fois malade et génial du Tergaryon se mirent à tourner à toute vitesse. Naturellement, il eut préféré mettre à contribution d’autres parties de son corps durant cet entretien, mais, les dieux ne l’avaient pas voulu ainsi. Il fallait se rabattre sur la tête sans quoi, il risquait de s’étioler en se crevant de mangeaille. L’indigestion ne guettait pas encore ni pour l’un ni pour l’autre. Ainsi, il se saisit d’une autre tranche de bœuf qu’il affligea du même destin funeste que les précédentes.

-Je ne peux pas prendre l’engagement ferme qu’un des légats sera nommé général. Je peux m’engager à défendre l’idée auprès de Jaehaegaron à la condition que tu acceptes de soutenir la proposition de réforme du service militaire que je pousse. Sous réserve bien sûr qu’il accepte, si je n’arrive pas à le convaincre, tu reprends ta liberté de vote. Il est d’ailleurs bien entendu que c’est un engagement de principe et non un engagement sur un nom. Cette question devra être réglée après l’élection du Capitaine-Général et sera, à ce stade, de son seul ressort.

Le sénateur était presque déçu que Rhaenys prenne congé si rapidement, mais enfin, il ne poussa pas le vice jusqu’à essayer de le retenir. Il savait faire preuve de patience et de toute façon, si l’austère sénatrice brune venait à devoir se dérider un peu en sa compagnie, elle saurait bien le faire savoir. Maegon n’était pas un homme insistant. Taquin, sans doute, provocateur, certainement, mais il abhorrait la lourdeur et l’insistance. Les humeurs avaient ceci de commun avec les cuisses qu’elles étaient toujours plus agréables quand elles étaient légères. Il tendit amicalement sa main vers la Haeron.

-Si nous sommes d’accord, alors je te retiendrais pas plus longtemps des affaires impérieuses qui t’appellent, collègue.
Contenu sponsorisé