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Palais Riahenor & An 1057, mois 9.

Pâle comme la mort. C’était ainsi que Saerelys pouvait se décrire à cet instant, alors que sa grand-mère faisait en sorte d’ajuster sa longue chevelure argentée du mieux possible. En temps normal, la jeune fille aurait apprécié passer un tel moment avec sa grand-mère. Mais ce n’était pas le cas aujourd’hui. Saerelys doutait même pouvoir ressentir à nouveau du bonheur ou de la joie un jour depuis qu’on lui avait arraché son double ailé… Tout lui semblait si fade. Si morne. Si gris. C’était comme si, d’un coup d’un seul, tout le bonheur qui l’habitait avait disparu, aspiré dans les méandres de l’enfer. A cet instant précis, la jeune fille se demandait même comment elle faisait pour tenir assise, tant elle se sentait faible.

« Grand-Mère, est-ce que tout cela est vraiment nécessaire ? s’enquit Saerelys, d’une petite voix brisée.
- Il le faut, jeune fille. Il le faut. » déclara Daela, pour seule réponse.

La lèvre inférieure légèrement tremblante, Saerelys ne chercha pas à poursuivre la conversation. Elle savait que sa grand-mère ne tolérerait aucune plainte ou réplique de sa part. Aussi garda-t-elle son mal-être pour elle. Pourrait-elle juste un jour s’en débarrasser ? Comme cette brûlure qui rongeait ses veines et sa chair ? Il n’y avait guère qu’avec Aedar, Aelys et Gaelor que cette dernière passait, du moins, pour quelques heures. La jeune fille retient un soupir. Un tel mal ne se soignait sans doute pas, si ce n’est avec le temps. Peut-être arriverait-elle à le supporter, en fin de compte…

« Nous en avons presque terminé. finit par dire sa grand-mère, en ouvrant une petite boîte en ivoire, qu’elle avait ramené avec elle.
- … Qu’est-ce que c’est ? se risqua à demander sa petite-fille.
- Cela te donnera bonne mine. Regarde donc. »

Glissant ses doigts dans le petit récipient, sa grand-mère en sortit une fine poussière rougeâtre. La déposant délicatement sur les pommettes de sa petite-fille, cette dernière ne bougeant pas d’un cil, Daela l’étala ensuite d’un geste rendu habile par l’habitude. En regardant à nouveau son reflet dans le miroir, il sembla à Saerelys qu’elle avait retrouvé quelques couleurs. Bien sûr, il ne s’agissait-là que d’un artifice qui ne duperait sans doute que les inconnus qui ne l’avaient jamais vue sous son meilleur jour. Un soupçon de vie sur une peau livide. Encore un peu et la jeune fille se serait presque trouvé effrayante.

« Nous en avons fini. déclara alors Daela en posant ses mains sur ses cuisses après avoir essuyé ses doigts et réajusté le peigne retenant la dense chevelure de sa petite-fille, la sortant de ses pensées.
- Merci Grand-Mère... » murmura Saerelys, pour toute réponse.

Tout cela pour une simple rencontre. Pour qu’elle fasse bonne impression. Mais Saerelys n’en avait cure, à cet instant. Elle se sentait vidée de sa substance, de toute son énergie, de toute sa volonté. Sa seule envie était de se cacher du monde extérieur afin de se laisser aller aux larmes qui lui montaient si souvent aux yeux et qu’elle contenait toujours à grand peine. Mais elle n’en avait pas le droit. Pas même après la perte qui était la sienne. Elle devait tenir. Envers et contre ses sentiments et ces flammes qui lui léchaient les veines et les nerfs.

Et tout cela pourquoi ? Pour accueillir une Mage que ses parents avaient fait venir du Collège pour qu’elle puisse la préparer à prendre ce tournant dans sa vie qu’elle n’avait jamais désiré. Saerelys serra ses dents et ses poings. Comment pouvait-elle accepter une telle chose ? Comment ? Si seulement elle avait d’avantage recouvré ses forces. Si seulement. Là, elle aurait sans doute pu faire quelque chose pour se sortir de ce mauvais pas. Peut-être aurait-elle pu rejoindre Aedar ou se cacher quelque part ? Qu’importe que ce comportement paraisse puéril. Elle ne pouvait supporter une telle chose…

« Saerelys, Mealys est arrivée. » lui appris sa mère, de sa voix douce.

En entendant ces mots, Saerelys sentit un frisson lui parcourir le dos. Sa grand-mère fut la première à se lever et à quitter la pièce, emportant avec elle la petite boîte d’ivoire. Ne restait plus qu’elle et sa mère, non loin de la porte. Son dernier rempart avant ce monstre qu’elle ne pouvait et ne voulait pas voir. Un rempart qui s’effacerait bientôt. Beaucoup trop tôt. Poussant un soupir mais hochant la tête pour montrer qu’elle avait compris ce qui l’attendait, la jeune fille se pencha légèrement, l’une de ses mains agrippant le bureau devant lequel elle se trouvait, afin de prévenir le moindre risque de chute. De sa main libre, Saerelys ouvrit un tiroir et en sortit quelques feuillets. Sa plume et son esprit embrumé seraient ses seules armes pour faire cesser au plus vite ce combat. Plus tôt elle comprendrait ce que cette Mage voulait lui inculquer et plus tôt ce calvaire cesserait. Et peut-être qu’après cela, elle trouverait la paix quelques heures…

A cet instant précis, la colère était la seule force qui l’animait.



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Palais Riahenor & An 1057, mois 9.

Sensiblement plus jeune que ses parents, Mealys était une femme de grande taille, ne se vêtant que rarement de robes, fine de carrure et souple comme un roseau. Sa longue chevelure argentée, des plus raides, glissait le long de son dos jusqu’au creux de ses hanches, bien que Saerelys l’ait déjà vue plusieurs fois les cheveux noués de diverses manières. Le détail le plus marquant au sujet de son apparence se trouvait au niveau de son regard. Si les prunelles de la femme étaient mauves, comme celles de bon nombre de Valyriens et de Valyriennes, elles étaient également fort sombres, leur teinte se rapprochant presque de celle de l’onyx. Elle affichait toujours un vague sourire, tantôt avenant et encourageant, tantôt légèrement moqueur. Elle semblait également être d’une patience infinie. Le timbre de sa voix était doux, tintant, et son rire cristallin.

Si les circonstances avaient été différentes, Saerelys aurait pu l’apprécier.

Mais la situation à l’origine de son trouble ne pouvait lui permettre d’éprouver de la sympathie pour cette femme. Elle se contentait de tolérer sa présence et de ne pas se mettre dans l’embarras auprès de ses parents qui avaient demandé qu’un Mage leur soit envoyé afin de la préparer pour le ‘’ grand jour ‘’. Très tôt, Saerelys avait appris les projets de son père à ce sujet. Elle avait déjà trop tardé à rejoindre le Collège, à ses yeux. Et ce, malgré ses douze années à peine. Aussi fallait-il arranger cela au plus vite… Si son état avait été moins inquiétant, peut-être même serait-elle déjà parmi les novices à l’heure qu’il était. A moins que sa mère ne se soit opposée à un départ trop précoce. Comment le savoir ? Fort était de constater que si son état allait en s’améliorant, elle n’avait pas encore retrouvé toutes ses facultés.

« Tu me sembles quelque peu dissipée aujourd’hui, Saerelys. remarqua Mealys, sur le ton de la constatation, ses doigts tapotant légèrement sur le bureau.
- La fatigue, sans doute. se contenta de répondre l’intéressée, posant sa plume quelques instants pour se masser les tempes.
- Ce n’est rien. Nous avions bien avancé la dernière fois et nous ne manquons pas de temps. Rien ne nous empêche d’en rester là pour le moment. »

Saerelys ne prit pas la peine de répondre, s’appuyant contre le dossier de son siège. Comment Mealys pouvait-elle être si compréhensive, si patiente avec elle ? Parce qu’elle lui donnait satisfaction pour ce qui était de son apprentissage la plupart du temps ? A moins que cela ne fasse partie de sa nature profonde, ce qui pouvait expliquer pourquoi c’était elle que le Collège avait envoyé à sa famille ? La jeune fille cessa de se masser les tempes. Elle oscillait souvent entre plusieurs états. Tantôt son esprit était clair et il lui semblait ressentir moins de douleur qu’auparavant, tantôt elle devait regagner son lit pour s’y reposer, ou trouver le sommeil dans le meilleur des cas. Et il y avait toute une gamme de variations entre ces deux extrêmes. Dans le premier cas, il lui arrivait désormais de sortir de sa chambre, le plus souvent en compagnie d’Aedar, afin d’être soutenue. Ses cousins et ses cousines lui prêtaient également volontiers un bras ou une épaule, le cas échéant. Aujourd’hui, sans doute était-elle dans un mauvais jour…

« Nous pourrions peut-être continuer un peu… proposa finalement Saerelys, se saisissant de sa plume du bout des doigts.
- Je ne pense pas que cela soit nécessaire, Saerelys. Tu as déjà bien avancé et mieux ne vaut pas se précipiter. L’air de Mealys s’était fait plus grave. Dis-moi… Comment te sens-tu ? Cela t’arrive-t-il souvent de ressentir une telle fatigue ? »

Saerelys ne répondit pas immédiatement. Son esprit, bien que moins clair qu’à l’accoutumée, lui commandait la méfiance. Elle-même ne savait pas ce qui lui était arrivé, durant la nuit fatidique. Tout au plus lui restait-il quelques bribes de souvenirs, qui s’effaçaient petit à petit de son esprit, qui plus est. Mais comment savoir ce que Mealys pourrait déduire de ses propos ? Elle restait une Mage et la jeune fille avait l’intime conviction que la Magie était entrée en ligne de compte dans son malheur. Mieux valait en dire le moins possible. Cela ne lui donnerait que trop d’emprise sur elle pour une personne qu’elle ne connaissait, ou plutôt qui s’était imposée à elle, que depuis deux semaines, bientôt trois, à présent.

« Je suis encore un peu éprouvée mais je ne pense pas qu’il faille s’en inquiéter. Un peu d’air frais me ferait sans doute du bien. Je ne sors peut-être pas assez. »

Mealys devrait se contenter de cela. Saerelys ne lui accorderait rien de plus. Aedar était le seul à tout savoir et il le resterait. Il était hors de question de mettre une autre personne dans une telle confidence, encore moins une inconnue. Une inconnue qui ne pouvait pas comprendre, ni imaginer, l’importance et la profondeur abyssale de ce vide qu’elle ressentait dans sa poitrine. Aussi, la jeune fille trempa à nouveau sa plume dans son encrier, tâchant d’oublier, d’occulter, cette douleur lancinante qui courait en elle. Plus tôt elle se remettait au travail, plus tôt cette mascarade cesserait.

« Nous pouvons reprendre, je te l’assure. commença Saerelys. Je me sens mieux et nous avons beaucoup à faire. »

La Mage ne put qu’obtempérer. Intimement, la jeune fille eut l’impression d’avoir remporté une victoire. La première depuis fort longtemps. Aussi se remit-elle au travail avec d’avantage de volonté encore. A côté d’elle, Mealys avait repris son précédent discours, lui expliquant d’autres bases qu’elle se devrait de maîtriser pour la suite de leur apprentissage au commun. Pour le moment, cela ressemblait assez à ce que Saerelys pouvait apprendre avec ses précepteurs. L’apprentissage de la Magie ne pouvait se faire qu’entre les murs du Collège. Une idée que son esprit occulta cependant. Pour le moment, seul comptait l’instant présent.

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Palais Riahenor & An 1057, mois 9.

Aujourd’hui serait peut-être une bonne journée. Du moins, Saerelys l’espérait. Quand elle était sortie de son sommeil, il lui avait semblé ressentir une douleur moins importante que la veille ou l’avant-veille. Elle n’avait eu aucune difficulté à s’asseoir, ni même à se nourrir. Si son âme ne lui avait pas semblé si vide, Saerelys aurait presque cru que tout était rentré dans l’ordre. Que tout cela n’était que de l’ordre du cauchemar. Hélas, le mal était fait et si son corps semblait petit à petit panser ses blessures, il n’en allait pas de même pour ce qui se passait dans son for intérieur… Qui plus est, la jeune fille se montrait prudente face à son état et se retenait de se laisser aller à la joie. Plusieurs fois elle s’était sentie mieux avant de replonger quelques jours plus tard dans la douleur et l’affliction. Elle ne pouvait pas savoir combien de temps durerait cet état de grâce et ne pouvait donc pas en profiter pleinement.

Cela ne l’empêcha pas d’accueillir Mealys debout, bien campée sur ses deux jambes, ce jour-là. La jeune fille s’amusa presque en voyant sa réaction face à son acte. La Mage l’avait toujours vu assise, lorsqu’elle n’était pas à moitié allongée dans son lit, ne pouvant se lever ou rester assise trop longtemps. Si la femme ne fit pas de commentaire immédiatement, sa surprise sembla rapidement laisser place à du soulagement, ou à quelque chose y ressemblant du moins. Trois semaines. Cela faisait désormais trois semaines que Mealys venait lui rendre visite. Et malgré cela, Saerelys ne savait toujours pas la cerner aussi bien qu’elle le souhaiterait. Mais aujourd’hui, elle avait l’esprit clair. Aujourd’hui, tout s’éclairerait.

« Eh bien Saerelys, il semblerait que tu te sois rétablie. lui fit remarquer Mealys, un sourire chaleureux aux lèvres.
- Aujourd’hui est un bon jour. répondit l’intéressée avec un léger haussement d’épaules. J’espère continuer sur cette voie.
- Je ne doute pas que ton état ira en s’améliorant. Je suppose que tu es prête à te mettre au travail ? Nous reprendrons là où nous en étions restées la dernière fois puis nous passerons à autre chose. Je t’ai ramené des ouvrages que tu pourras conserver quelques jours. Je pense qu’ils te plairont, bien qu’ils soient sans doute un peu complexes par moment. Bien évidemment, je répondrai à tes questions si cela m’est possible. »

En disant ces quelques mots, Mealys avait tapoté la sacoche de cuir qu’elle avait toujours avec elle. Le sac semblait effectivement contenir plusieurs ouvrages mais aussi quelques rouleaux, qui en dépassaient en partie. Il y a quelques jours, la Mage lui avait proposé de lui prêter certains de ses propres livres afin qu’elle puisse en apprendre d’avantage sur l’histoire de la Magie ou sur celles des Mages les plus puissants ayant vécu à Valyria. Ces mêmes Mages qui avaient leurs statues au Collège, bien que tous n’aient pas pu être représentés, selon les dires de Mealys, tant ils étaient nombreux dans les faits et que leurs histoires se perdaient parfois dans les limbes des rêves. Saerelys avait accepté l’offre, tentant de masquer son enthousiasme. Très tôt, ses précepteurs avaient remarqué son intérêt pour l’histoire, bien qu’il ne s’agissait pas là du seul domaine qu’elle appréciait. Aussi ne pouvait-elle pas refuser une telle chose, qui lui permettrait également de se changer les idées.

« Dis-moi Mealys… commença Saerelys, tout en inscrivant quelques mots sur un feuillet. Cela va sans doute te sembler indiscret mais… Peux-tu me parler du Collège et de ce que tu y fais ? Ces pratiques ne sont-elles pas trop épuisantes pour toi ?
- N’aies aucune crainte à ce sujet. Je suis là pour répondre à toutes les questions que tu peux te poser. répondit la Mage, avec un léger rire. Comme les autres Mages, j’ai des connaissances et des compétences dans la plupart des branches de la Magie mais je dois t’avouer que j’ai toujours eu une petite préférence pour l’alchimie. C’est un art très précis et complexe. Un véritable défi, en soi. Quand je ne suis pas ici, je travaille surtout dans ce domaine mais je suis capable de bien d’autres choses encore. Mais je ne pourrai limiter mes activités à ces seuls faits. Tu apprendras très tôt qu’un Mage n’a jamais réellement achevé son apprentissage et qu’il continue d’apprendre qu’importe son Cercle. C’est pour cela que je continue mes recherches et mes apprentissages. Tu verras que devenir Mage est quelque chose de très gratifiant, bien que cela soit éprouvant et fatiguant. Mais nous agissons pour la bonne cause.
- Pour la bonne cause… Sans doute, oui. » murmura Saerelys, visiblement songeuse, tout en continuant d’écrire.

Pour la bonne cause. Mealys semblait croire ce qu’elle lui disait. Il était vrai que la Magie semblait avoir de nombreux bienfaits. La Mage qui se trouvait avec elle avait peut-être sauvé la vie de nombreuses personnes avec ses capacités et en avait peut-être protégé tout autant. Mais la jeune fille ne parvenait pas à oublier ce qui lui avait été fait avec ce même pouvoir, bien qu’elle n’en gardait que peu de souvenirs. Mealys n’était sans doute pas derrière ce phénomène doit elle gardait, et garderait encore longtemps, des séquelles. Mais le mal était fait. Et Saerelys doutait du fait de pouvoir l’oublier un jour pour se consacrer pleinement à ces arts que Mealys semblait tant apprécier.

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Palais Riahenor & An 1057, mois 9.

D’ici quelques heures, la nuit tomberait. Saerelys savait qu’elle avait encore du temps à occuper avant le repas du soir. Aujourd’hui, elle aurait sans doute la force de le prendre en compagnie de sa famille. Cela lui arrivait de plus en plus fréquemment, désormais. Elle n’avait été que peu présente pour les siens, durant ces dernières semaines, à cause de la fatigue que la jeune fille ressentait si souvent et de la douleur qui allait souvent de paire avec elle. Auparavant, il lui arrivait de dîner frugalement dans sa chambre, le plus souvent dans son lit, le dos appuyé contre des coussins. Aedar restait avec elle, mais pas tous les soirs. Aelys et Gaelor le secondaient volontiers, lorsque ce n’était pas leur mère qui venait lui tenir compagnie, afin de s’assurer qu’elle mangeait toujours un peu.

Jetant un regard en direction de la fenêtre la plus proche, Saerelys décida de s’installer sous elle, afin de profiter autant que possible de la lumière du jour. Cela serait plus agréable pour lire. Les beaux jours étaient encore là et si la jeune fille ne se rendait pas dans l’atrium ou sur l’un des balcons que comportait la demeure familiale, c’était pour être certaine de pouvoir lire dans le calme. Le Palais des Riahenor était une véritable ruche, plus encore à une heure avancée de la journée. Aussi, rester dans sa chambre semblait être le meilleur moyen de ne pas être dérangée et de ne déranger personne en retour. Si ses frères et sa sœur souhaitaient la voir, ils sauraient aussi où la trouver, ainsi.

S’installant dos contre le mur porteur de la fenêtre, Saerelys croisa ses jambes, s’asseyant en tailleur. La jeune fille déposa ensuite un ouvrage ouvert sur ses jambes. Il s’agissait d’un des livres que Mealys lui avait ramené, il y a de cela quelques jours à présent. Saerelys avait déjà dévoré un des ouvrages qui lui avaient été confié et passait désormais à un autre. Si le premier traitait de l’histoire de la Magie, celui que la jeune fille avait choisi pour son actuelle lecture mettait en lumière les diverses épopées et récits qui entouraient les plus grands Mages que Valyria avait connu. Saerelys devait avouer que ce livre était plus attrayant que le précédent.

Sur les pages, le texte se mêlait volontiers à quelques dessins représentant, selon les dires de l’auteur, les Mages présentés dans l’ouvrage. Ainsi, il en devenait possible de mettre un visage sur un nom et sur des actes. Le style d’écriture était aussi plus fluide et s’apparentait presque à des contes dans certains moments. Si les choses décrites n’étaient parfois pas des plus roses, Saerelys aurait presque pu lire certains passages à Aelys et Gaelor. L’espace de quelques instants, la jeune fille feuilleta l’ouvrage, s’arrêtant de temps à autre sur un récit, avant de finalement en changer. Les différentes histoires ne se mêlaient que rarement. Aussi, il était aisé de s’y retrouver et d’en changer selon son envie.

« Le Mage Taelar est à l’origine de nombreux sorts et a permis, avec d’autres confrères et consœurs, l’essor de l’alchimie en tant que discipline magique à part entière à une époque aujourd’hui perdue. lut Saerelys, à voix basse. Il doit être l’un des héros de Mealys. continua la jeune fille, pour elle-même, non sans esquisser un sourire. Selon d’autres écrits, notamment ceux de Maelion, il serait devenu archimage à une époque indéterminée. »

Saerelys poursuivit sa lecture encore un moment, dans le silence cette fois. Elle n’en sortit qu’au moment où elle remarqua que la lumière avait fortement diminué. Relevant la tête de son ouvrage, la jeune fille le referma délicatement. Puis, elle se redressa, chancelante tout d’abord à cause du temps qu’elle avait passé assise. Récupérant le livre qu’elle avait laissé sur le sol le temps de se relever, Saerelys alla le déposer sur sa table de chevet. On ne devrait pas tarder à venir la chercher pour le repas, vu l’heure qu’il semblait être. A cette pensée, la jeune fille se pressa d’ôter, à l’aide de ses mains, les plis qui s’étaient formés à cause du temps qu’elle avait passé sur le sol. Il fallait qu’elle soit présentable.

Alors que la jeune fille s’apprêtait à quitter sa chambre afin de rejoindre ses frères et sœur, son regard se posa une dernière fois sur l’ouvrage qui reposait toujours sur sa table de chevet. Combien avait-elle lu de récits aujourd’hui ? Un certain nombre sans aucun doute et il lui en restait d’avantage encore à lire. Mealys avait eu raison de lui proposer de telles lectures. Elles ne faisaient qu’éveiller son intérêt et sa curiosité. Peut-être même lui permettaient-elles de se rassurer.

La Magie lui plairait peut-être un jour, finalement.

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