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Voix de l'Ombre
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Un mot de tropL’enquête (Première partie de la quête)
On aurait pu penser que, pendant un temps au moins, la victoire de Valyria et le triomphe qui s’en suivrait auraient calmé la tendance du peuple à voir le mal dans son gouvernement, et ce quelles que soient les décisions qu’ils auraient prises. Mais les traditions perdurent, et il n’avait pas fallu plus d’un jour après les festivités pour qu’à nouveau, le peuple reprenne ses habitudes de protestation contre l’ordre établi. Après tout, dans une démocratie, la contestation est une forme de sport national…

Les graffitis en sont une bonne illustrations, et les portes du Sénat étaient régulièrement affublées de l’un ou l’autre message plus ou moins insultant et véridique envers un sénateur particulier, ou tout l’institution, si bien que l’organe politique disposait d’une dizaine de travailleurs dont la seule occupation était d’en nettoyer les murs et les portes dès qu’un de ces messages faisait son apparition. Personne ne s’était donc étonné de voir les mots « Justice » et « Menteurs » apparaître sur les portes du Sénat, effacés en journée pour réapparaître le lendemain. Peut-être une famille lésée par l’effort de guerre, ou un quartier qui avait l’impression d’être délaissé par ses représentants suite à des promesses non tenues… Ou bien même un sénateur cherchant à en déstabiliser un autre. Le seul vrai point d’intérêt de cette affaire consistait peut-être dans le fait que les mêmes mots réapparaissaient tous les jours, là où d’habitude les messages étaient aussi variés que ceux qui les écrivaient.

Du moins c’était ce qui se disait au Sénat, avant que l’on ne commence à murmurer à demi-mot que peut-être cette fois, l’affaire avait une autre importance : on parlait de lettres directement adressées au Conseil des Cinq, de serviteurs un peu trop bavards qui avaient mentionné du chantage, ou de sessions du Conseil qui avaient duré jusqu’à tard dans la nuit. Petit à petit, l’odeur du scandale commençait à se faire sentir, et chaque sénateur avait sa petite idée de ce que ça pouvait concerner, ainsi que de comment en faire bon usage au moment où les choses éclateraient. Bien évidemment, il convenait de rester muet, ou au mieux outré que l’on tente ainsi de soutirer quelque chose aux dirigeants de la ville, mais en politique, il fallait savoir être prêt à faire feu de tout bois…

Dans ce contexte, les Sénateurs Bellarys et Tergaryon furent convoqués à la tour du Conseil, un soir après une session du Sénat. La chose se fit en toute discrétion, un serviteur leur faisant passer une invitation au détour d’un couloir avant de retourner à ses occupations, la note indiquant clairement qu’il n’était pas question de faire étalage de la chose d’une manière ou d’une autre. Ils ne furent pas reçus dans la Chambre du Conseil elle-même, mais furent plutôt amenés dans un petit bureau annexe, derrière lequel un homme plutôt âgé était en train d’écrire consciencieusement. Il ne s’agissait pas d’un membre du Conseil, mais d’un de leur nombreux secrétaire, un homme de confiance généralement chargé de transcrire les décisions prises par ses maîtres, ainsi que de s’occuper de toutes leurs correspondances. Il était également connu que ces employés étaient généralement considérés comme d’une loyauté infaillible à l’institution qu’ils servaient, et prêtaient serment de ne jamais révéler quoi que ce soit des documents qui passaient entre leurs mains, ou des instructions qu’on leur donnait. A l’arrivée des sénateurs, il leva les yeux et posa ses coudes sur le bureau, les mains jointes, avant de désigner les deux chaises devant lui du menton.

« Sénateurs, merci de vous être déplacés. Prenez place, je vous prie. Je suis Taedar Lantheon, secrétaire impérial au service du Conseil. Désirez-vous du vin ? »

Sans attendre de réponse, il frappa deux coups de ses mains et un serviteur fit son entrée, déposant un cruchon d’or et deux coupes qu’il servit avant de disparaître. Taedar attendit qu’il disparaisse pour reprendre la parole, sur le ton calme de celui qui ne voulait pas être interrompu.

« Je vous ai fait mander sur ordre du Conseil, qui espère pouvoir compter sur les héros de guerre et les patriotes que vous êtes. Vous êtes donc ici en tant que fidèles soldats, et non en tant que sénateurs, j’espère que vous le comprenez bien. Vous avez entendu les rumeurs, j’en suis certain : et bien, il est inutile de faire dans le mystère, elles sont fondées. Récemment, certains membres du Conseil ont reçu plusieurs lettres les exhortant à donner des sommes colossales en échange de quoi, on tairait des informations disons… Sensibles, et enterrerait les preuves permettant de les appuyer.

Je sais déjà ce que vous allez me demander, et non, nous ne savons pas de quoi ils veulent parler. Je ne vous apprendrai pas que notre Conseil doit souvent gérer des choses sensibles, et que si le peuple avait connaissance de tout, il est possible qu’il n’apprécie pas certaines décisions. Nous devons empêcher cela, et c’est pour ça que vous êtes là. J’ai ici une des lettres reçues, pour que vous puissiez vous faire une idée...
 »

L’homme tira un tiroir de son bureau, et en sortit un parchemin visiblement usé, avant de le tendre aux Sénateurs :

La lettre:

Le secrétaire attendit patiemment que les deux hommes aient fini leur lecture avant de poursuivre :

« La nouvelle lune sera là dans exactement une semaine, et nous n’avons pas pu trouver qui pouvait avoir écrit cette… Oeuvre entre temps. Trouvez de qui il s’agit, et empêchez le de nuire, discrètement bien sûr, et le Conseil vous sera redevable, avec ce que cela implique pour votre carrière et votre vie, je suis certain que vous comprenez… Il est toujours bon d’être un ami des dirigeants de notre République, n’est-ce pas ? »

Se reculant dans son siège Taedar observa ses interlocuteurs, avant d’ajouter :

« J’ai pour instruction de répondre à vos questions sur le sujet, dans la mesure de mes moyens. Demandez-moi ce que vous voulez savoir. »

Le Mot du MJ

Bienvenue dans cette première partie de votre quête épique ! Avant d’agir, il est evidemment important de bien comprendre ce qu’il se passe, et bien sûr, qui est le maître chanteur… Vous avez donc au maximum une semaine (en jeu, pas en vrai, sinon c’est chaud  [Quête] Un mot de trop  4077433769 )  pour découvrir l’identité de cette personne, ainsi qu’autant de détails que vous le voudrez ! Pour certaines actions, vous devrez attendre le jour ou la nuit, sans oublier que par moment, il faudra bien vous reposer… Ou pas, mais cela risque d’avoir des conséquences plus tard  What a Face . D’autres actions prendront un certain temps pour être résolues (par exemple, une éventuelle expertise de la lettre pourrait prendre deux jours), le temps vous sera toujours indiqué dans mes posts, et vous aurez le choix de poursuivre dans cette voie ou de tenter autre chose. Pour l’instant, la nuit ne va pas tarder à tomber, il vous reste donc sept jours pour élucider ce mystère…

A tout moment, vous pouvez déclarer votre enquête close, et faire votre rapport à Taedar, nous embrayerons alors sur la suite des événements… Cette quête pourrait vous amener aux quatre coin de la ville (et peut-être même au-delà), aussi par souci de facilité, le post restera ici mais si vous deviez bouger, mes réponses indiqueront en sous-titre où vous vous trouvez.

Bonne chance, et amusez vous bien !  [Quête] Un mot de trop  413476221
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Un mot de tropAeganon
Le Sénat bourdonnait doucement, semblable à une immense ruche qui commençait à reprendre son activité. Une fois les excès des célébrations du Dragon passés, ce qui pour certains avait pris plus de temps que pour d’autres, chacun avait pris ou repris ses marques au sein de Drivo, et la parenthèse des quatre ans de guerre semblait se refermer petit à petit, à mesure que les querelles mesquines reprenaient, et que les affaires d’antan revenaient sur le devant de la scène. Pour autant, un nouveau venu tel qu’Aeganon n’entendait pas laisser les événements se dérouler sans lui, c’est pourquoi il avait fait en sorte d’être actif très rapidement au sein des militaristes, comptant il est vrai sur sa proximité avec Lucerys Arlaeron pour percer, ainsi que sur son statut de héros de guerre. Oh certes, ce dernier finirait par s’effacer, car la gloire n’avait qu’un temps, mais pour le moment, il tentait de faire fructifier ses acquis. Ainsi, il s’était pleinement immergé dans la préparation de la future loi portée par leur faction, à l’état de proposition pour l’instant, mais qui pourrait bien s’inscrire dans la législation valyrienne, et couronner leurs efforts d’une popularité qu’il convenait de continuer à cultiver auprès du peuple.

Quelle ne fut donc pas sa surprise quand, à la sortie d’un débat, il se retrouva accosté par un serviteur du Conseil qui lui tendit un billet au contenu aussi énigmatique que curieux. A un collègue qui lui demandait de quoi il s’agissait, Aeganon se contenta de répondre un sourire canaille, ce dernier partant dans un rire gras avant de lui taper dans le dos, supputant sans que ce dernier n’ait rien à confirmer qu’il s’agissait là encore d’une conquête qui demandait des retrouvailles ardentes. Après tout, en la matière, il avait été fort généreux durant les quatorze jours de célébration qui avaient suivi le Triomphe, les rumeurs lui prêtant un nombre de maîtresses au nom des dieux qui, même de son avis, frisait le grotesque tant il paraissait humainement impossible qu’un seul homme ait une endurance suffisante pour un tel marathon. Bien entendu, cela l’arrangeait, et il n’avait nié ni confirmé, autrement que par ce rictus en coin transparent qu’il affectionnait. Qu’il était pratique, parfois, d’être catégorisé aussi stupidement. Cela évitait les réponses à donner, car ses interlocuteurs les fabriquaient tous seuls. Et ainsi, il n’avait pas à donner de détails gênants, remplissant ainsi les conditions de ce billet tout sauf salace.

Aeganon déposa quelques affaires dans son propre bureau et en profita pour arranger sa toge d’apparat, picorant quelques amandes avant de se mettre en route. Une fois arrivé devant le bureau indiqué, le Sénateur vit une silhouette massive qu’il reconnut aisément. Un certain nombre de questions lui vinrent immédiatement en tête. Que pouvait-on donc vouloir à Maekar Tergaryon et lui-même ? Préparer le déroulé des futurs débats ? Absurde. Lucerys Arlaeron aurait été là, vraisemblablement, peut-être même un membre d’une autre faction opposée à la proposition. Ils n’étaient pas programmés pour être orateurs d’un débat prochain non plus. Cela avait-il à voir avec l’armée ? Était-ce un moyen de sonder la facilité avec laquelle leurs électeurs revenaient à la vie civile pour beaucoup ? Etrange, là encore, ils auraient pu panacher les avis, plutôt que de voir auprès de deux jeunes loups. A moins que cela n’ait à voir avec le Triomphe. Soudain très prudent, le seigneur-dragon laissa ses yeux améthyste traîner sur son homologue, attentif à la moindre indication corporelle qui montrerait que Maekar avait la moindre idée de la raison de cette convocation. Rien ne le trahit cependant, et l’homme finit donc par statuer l’évidence :

« As-tu la moindre idée de la raison de notre présence ici ? »

Autant jouer carte sur table. Il n’y avait pas de risque à être honnête et dévoiler son ignorance à Maekar. Son meilleur ami était un allié en ces lieux, peut-être la seule personne sur laquelle il pouvait réellement compter dans cet antre du mensonge. Davantage que sur son frère, qui poursuivait des buts différents, et même que son mentor, qui avait ses propres ambitions. Il n’était pas dupe, là-dessus, du fait que Lucerys se servait de lui autant qu’il se servait lui-même du pouvoir accordé par ce dernier. L’affection n’excluait pas la lucidité. Maekar n’était pas de ces êtres. A vrai dire, Aeganon s’était souvent dit au cours des derniers jours qu’il paraissait presque déplacé entre ces grands murs de marbre, avec sa vertu fièrement affichée. C’était voir un dragon tenter de devenir serpent : toujours un reptile, mais peut-être pas le bon.

Une fois qu’ils purent entrer et s’asseoir face à un des gratte-papiers du Conseil, Aeganon ne mit pas longtemps à se détendre très légèrement : point de paperasserie ou de reproches ici, mais … bon, en toute vérité, le jeune homme sentit un bref instant un léger souffle de colère à l’idée qu’on les avait vraisemblablement choisi pour ce qui s’apparentait être une véritable mission secrète à cause de leur statut de jeunes sénateurs, suffisamment sans importance encore pour devenir les commis des Lumières. Néanmoins, il se reprit en quelques secondes, conscient de l’opportunité. Déjà, son cerveau esquissait quelques avantages à retirer d’une telle situation. Il n’était jamais désagréable d’en savoir davantage sur les petits secrets des puissants. Pour beaucoup de raisons. Composant son sourire le plus affable, il répondit donc au secrétaire :

« Il est toujours bon d’aider à protéger la République en aidant les Lumières qui la guident, Taedar. »

Qui plus est, Aeganon était réellement curieux du fin mot de l’histoire, de tels agissements ne pouvant être laissés impunis. De tels groupes de pression pouvaient être de véritables plaies pour l’ensemble du Sénat, et il n’était pas question de les laisser agir. Qui était capable de dire, du reste, s’ils n’avaient pas un commanditaire extérieur, son esprit paranoïaque s’emballant déjà à moitié. Valyria était victorieuse, mais menaçante, et beaucoup donneraient cher pour la déstabiliser.

« A quel Conseiller cette lettre était destinée ? J’ai bien remarqué le singulier utilisé … Et quels étaient les autres destinataires de ces courriers ? En fait, pouvons-nous jeter un coup d’œil à cette … correspondance ? Est-ce la même écriture sur l’ensemble des parchemins ?

Est-ce un palimpseste ? »


Compte tenu du caractère usé du parchemin, Aeganon ne doutait pas qu’il ait déjà été utilisé pour écrire autre chose par-dessus, après avoir été gratté. Surtout si les expéditeurs cherchaient de l’argent, ils n’allaient pas investir dans du parchemin propre pour chaque missive. Mais de son expérience, ce genre de choses était rarement fait par un scribe professionnel, et pouvait donc révéler ses secrets antérieurs facilement. Restait à déterminer si les sbires du Conseil y avaient déjà pensé et avaient enquêté, par exemple en faisant appel à un mage du Collège, ou s’il soulevait la question pour la première fois.
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Un mot de tropMaekar


Valyria était une cité qui ne dormait jamais, c'était fou à quel point Maekar avait pu oublier cette activité débordante en quatre courtes années d'absente mais, maintenant qu'il était de retour, une partie de lui aurait voulu ne jamais revenir. Non il n'était pas fou ou assoiffé de sang, il avait simplement appris à apprécier le calme et la froide sécheresse qui régnaient dans sa tente la veille d'une bataille, mais ici même les nuits étaient...suffocantes. Bien entendu il ne regrettait pas son retour, pour la simple et bonne raison que cela lui avait permis de retrouver les bras et le cœur de sa moitié, cette seule raison suffisait à le convaincre que sa place était ici, dans cette ville, mais pour le reste...il lui faudrait encore un temps d'adaptation.
S'il ne comptait pas se reposer sur sa réputation de héros de guerre qu'il ne pensait pas mériter, Maekar n'était pas passif de nature et avait donc décider de s'atteler à son nouveau rôle, épaulé par son camarade de toujours Aeganon. Ensemble et avec leur officier supérieur, ils s'étaient tous les trois penchés sur l'élaboration d'une nouvelle fois qui, ils l'espéraient, profiteraient à toutes les victimes de cette guerre autant qu'à leur propre réputation. En effet, si le Tergaryon n'était pas homme à chercher activement la gloire ou les lauriers, il était conscient qu'il avait été élu à ce poste pour une bonne raison et entendu honorer ce vote de confiance du mieux qu'il le pourrait.

Réussirait-il à se faire une place dans cette fosse aux serpents ? D'autres pourraient dire que non, qu'un dragon ne pourrait pas évoluer dans ces étroits couloirs mais, en son for intérieur, Maekar était convaincu qu'en rétractant ses ailes massives il pourrait y évoluer sans problème. Certes ce terrain ne ressemblait pas aux cieux dans lesquels il était censé évoluer, mais l'évolution était nécessaire afin d'avancer et, si pour un temps il devait ranger son épée dans son fourreau, alors il le ferait sans l'ombre d'une hésitation. C'était avec cette idée en tête qu'il se levait chaque matin, enfilait cette toge ridicule et pénétrait dans le sénat et, c'était également avec cette conviction qu'il s'endormait chaque soir.
S'ennuyait-il ? Par moments, oui, mais il pouvait y avoir des journées comme celle-ci, pleine de surprise. En effet, à la sortie du Sénat il fut accosté par un serviteur qui lui remit un mot, une lettre, une invitation que Maekar parcourut en quelques instants avant de la range dans sa toge. Bien entendu un sénateur curieux ne manqua pas de passer par-là, lui demandant ce que contenait cette missive mais, à cette demande, le nouveau sénateur ne répondit que laconiquement en affirmant qu'il s'agissait d'une affaire personnelle.

S'il y avait bien un homme qui savait garder un secret c'était le général. Les autres sénateurs ne tarderaient pas à s'en rendre compte et, à ces mots, le soldat se dirigea donc vers la tour où il était convié, en se mettant à réfléchir aux différentes raisons de cette invitation. Une demande particulière ? Peut-être le conseil voulait-il des informations sur ce qui se tramait au sein du sénat, ou de sa propre faction ? Fort heureusement, tout réfléchi qu'il était, le Tergaryon savait quand stopper des efforts inutiles et, dans le cas présent, il stoppa bien vite cette intense réflexion en sachant qu'il n'obtiendrait pas les réponses de lui-même.
Si cette demande était une surprise en soi, pas l'une des plus agréables en plus de cela, l'arrivée de celui qu'il considérait comme son meilleur ami parvint à mettre le général d'une bien meilleure humeur. Pourquoi ? Parce que dans ce nid de serpents, au sein de cette antre de la langue de bois et des coups en douce, Aeganon était sans doute le seul pilier sur lequel Maekar pensait pouvoir se reposer. Il ne donnait pas sa confiance mais à cet homme-là, oui, il la donnait sans aucun problème.

« Les ennuis nous appellent, comme toujours. »

Si la réponse fut accompagnée d'un léger hochement d'épaules, preuve de sa propre ignorance, le Tergaryon fut quelque peu soulagé de voir qu'il n'était pas le seul dans le flou. Il s'avança donc vers l'entrée de la pièce où ils étaient tous deux attendus et, en chemin, replaçant sa toge, ne manqua pas de faire un commentaire sur un ton un peu plus léger.

« Décidément, je ne me ferai jamais à cette toge. Mon armure me manque. »

Commentaire déplacé ? Sans doute, car personne ne devrait recherchait la guerre mais bien plus la paix, heureusement Aeganon ne jugerait jamais Maekar pour un tel commentaire. Bientôt les deux hommes se retrouvèrent donc face à quelques grattes-papiers et, lorsqu'il leur fut proposé du vin, le soldat discipliné répondit simplement :

« Non. »

Jamais d'alcool pendant le service, c'était la base de toute éducation militaire. Si dans un premier temps Maekar laissa son camarade poser toutes les questions qui lui vinrent en tête, le général fit ensuite le tri dans sa propre tête avant de conclure par les quelques questions qui lui vinrent en tête.

« Par quel biais la lettre a t-elle été remise ? Quand ? Y a t-il des témoins ayant pu remarquer quelque chose ? »
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Un mot de tropAeganon
« Je vois que vous prenez cette affaire très au sérieux, Sénateurs, si j’en juge à l’ardeur de vos multiples questions …

Chaque Conseiller en a reçu une. D’où le singulier, qui ne veut donc pas dire grand-chose, pour ce que nous pouvons en dire. Toutes les lettres identiques, jusqu’à présent. Et je peux attester que l’écriture est similaire – pour ce que je puis dire.

Les lettres ont déposé devant le Sénat. De nuit. Elles ont été trouvées au petit jour. Nos gardes ont été interrogé, sans succès. Peut-être que les malandrins ont profité d’une relève, d’un assoupissement … C’est difficile à dire. Mais vous pouvez toujours les interroger, bien entendu.

Quant à votre dernière question … j’admets ne pas avoir de réponse. »


Taedar avait terminé ses explications, et Aeganon, conscient d’avoir peut-être mis le doigt sur un problème particulier, tendit la main pour récupérer le parchemin, avant de pointer un des stylets sur la table du secrétaire, et de déclarer :

« Puis-je … ? »

Le conseiller ayant acquiescé, le Bellarys entreprit de gratter délicatement la surface du parchemin, attentif à ne pas trouer ce dernier. Après plusieurs minutes d’un minutieux travail, une expression de triomphe fleurit sur ses lèvres, et il pointa son doigt vers un coin de l’objet, pour que Maekar et Taedar puissent voir ce qu’il montrait, à savoir une infime trace d’une couleur différente du parchemin actuel.

« Manifestement, il y avait quelque chose d’autre écrit sur ce parchemin. Mais je vais être incapable de le trouver sans une expertise magique. »

Cependant, cela leur faisait une piste supplémentaire : interroger les gardes, aller voir les mages … Bref, ils avaient de quoi s’occuper en première intention. Se levant donc, Aeganon remercia le secrétaire avant d’indiquer qu’il n’avait plus de questions et pensait que tout était en ordre, avisant son compagnon pour savoir si ce dernier était d’accord. Une fois sortis du bureau, le Bellarys fit un signe de tête à Maekar afin de ne pas parler de ce qu’ils avaient entendu dans les couloirs, à découvert. A la place, il le conduisit dans son propre bureau, étriqué et en désordre – déjà – mais où ils seraient tranquilles. Une fois la porte refermée, le Sénateur put dire à son vis-à-vis le fond de sa pensée :

« Je pense que la lettre a été envoyée pour brouiller les pistes, ou obtenir le maximum d’argent. Cela nous verrons en temps utiles. »

En clair, il était fort possible que les allégations soient fondées. Si elles l’étaient, au moins, ils auraient un mobile, mais avaient conscience que personne n’allait le leur confirmer sur un plateau d’argent. Donc autant considérer pour le moment l’envoi comme commun à l’ensemble des Lumières, sans perdre de vue cette possibilité.

« On devrait interroger les gardes, et faire expertiser le parchemin. Et je ne serai pas contre observer les environs de jour … et de nuit. Si tu vois ce que je veux dire.

Je ne sais pas si tu veux te charger des gardes pendant que je vais au Collège, histoire de gagner du temps, ou si tu préfères que nous y allions ensemble. Si tu restes avec moi ce soir, nous avons un peu de temps, mais peut-être que tu as une autre idée également ? »


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Un mot de tropMaekar


C'était compliqué d'ignorer d'où l'ennemi allait arriver mais, comme tous les militaires finissaient par l'apprendre, on guerrier ne choisissait que très rarement son champ de bataille. Les deux sénateurs ne savaient donc pas qui était l'auteur de cette menace écrite, pour le moment en tout cas mais, en observant ledit texte sous toutes les coutures, ils espéraient en apprendre un peu plus afin de les mener vers leur première réelle piste. Aeganon, observateur et malicieux, fut le premier à découvrir un morceau d'indice, en révélant qu'il y avait quelque chose d'écrit sous le texte qui avait suscité l'intérêt des deux sénateurs. Bien entendu ils auraient besoin d'aide extérieur pour découvrir la nature du texte originel, en espérant que cela puisse les mener quelque part, mais c'était déjà un bon début, non ?
Les deux sénateurs quittèrent donc la compagnie du gratte-papier, retrouvant le confort sommaire des appartements du Bellarys, afin de faire l point sur ce qu'ils savaient pour réfléchir à un plan d'action. Tout général de son état, Maekar n'avait eu que peu d'occasions de se concerter de la sorte avec son meilleur ami, à la veille d'une bataille féroce mais, maintenant qu'ils étaient réunis, tout semblait plus clair et évident aux yeux du Tergaryon. Ils étaient la lune et le feu, deux faces d'une même pièce car si l'un était froid et pragmatique, l'esprit du second pouvait lui permettre de fouiller dans des recoins un peu plus...sombres. À deux ils finiraient bien par trouver une solution, non ?

Le premier constant que les deux firent fut que la lettre envoyée servait principalement de diversion. Après tout si elle avait été envoyée à un seul sénateur, cela aurait rendu l'enquête beaucoup plus simple, non ? Le but était donc de masquer la véritable cible derrière un brouillard de fumée, pour qu'on ne puisse pas remonter jusqu'aux responsables de ces menaces. Lorsque Aeganon fit ce constat, Maekar ne put que soutenir cette hypothèse d'un hochement de tête assuré, alors qu'un début de plan fut enfin établi.

« Je peux me charger d'aller questionner les gardes, sans problème.»

Certes il aurait pu lui-même aller au collège de magie, mais il savait aussi que sa réputation de guerrier ainsi que son intimidation naturelle pourraient permettre de délier quelques langues. Il n'était pas éhontément naïf au point de croire que les gardes allaient soudainement se rappeler de quelque chose, mais s'étaient avaient été réduits au silence ou s'ils se rappelaient du moindre petit détail, le Tergaryon s'assurer de leur tirer les vers du nez.

« Nous pouvons aller chacun de notre côté, en profitant du couvert de la nuit. Autant éveiller le moins de soupçons possibles. »

Certes il n'était pas un espion ou un éclaireur aguerri, il préférait largement la pureté d'une bataille brutal, mais plus d'une fois il avait avancé sous le couvert de la nuit, pour observer la progression des troupes ennemies. Le terrain était peut-être différent, l'ennemi plus difficile à repérer, mais l'idée restait la même : faire attention au moindre détail. Lorsque le Bellarys mentionna la nécessité d'explorer et de surveiller les environs, Maekar passa dans sa tête la configuration des lieux, des bâtiments et maisons autour, d'un lieu qu'il connaissait par cœur, avant de déclarer :

« J'ai déjà quelques lieux et chemins, en tête, tout autour du Sénat, pour l'observation. À deux nous ne pourrons pas couvrir tous les angles, mais il faut tout de même essayer. »

Ils ne pouvaient pas impliquer davantage d'effectifs, au risque d'éveiller trop de soupçons. Moins ils étaient impliqués, plus longtemps ils pourraient maintenir leur action secrète. Après tout, ils n'étaient peut-être pas habitués à travailler dans l'ombre mais, tout bon soldat qu'ils étaient, ils avaient appris à s'adapter à merveille à leur environnement.

« On décolle maintenant ? Pendant qu'il fait encore nuit. »

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Un mot de tropAeganon
« Soit. Partons pour effectuer le tour du Sénat, et demain matin, après un peu de repos, tu interrogeras les gardes, et moi je me rendrai au Collège. »

Ce qu’il y avait de pratique, à travailler avec un homme comme Maekar, c’était qu’il n’y avait pas de perte de temps. Au moins, ils avaient un début de protocole d’enquête, quoiqu’un peu fruste, bien évidemment. Aeganon, tout en parlant, avait commencé à chercher des frusques dans une malle qui le distingueraient moins que sa tenue sénatoriale. Certes, elles demeuraient de belle qualité, cependant, l’ensemble était moins improbable. Par-dessus son chiton, il passa quelques cuirs, afin de s’offrir une protection minimale, ainsi que les protections pour les jambes et les avant-bras, partant du principe que le couvert de la nuit dissimulerait cette vêture plus martiale que ce que le commun des mortels portait, suffisamment du moins à distance. Compte tenu des problèmes auxquels ils allaient potentiellement être confrontés, mieux valait être prudent. Et, évidemment, il équipa une ceinture avec fourreau et y rangea sa fidèle épée. Voilà qui était fait, et bien fait. Se tournant vers son comparse, il conclut sobrement :

« Tu devrais regagner ton bureau et trouver de l’équipement. Pas trop, pour ne pas être ralenti, faire trop de bruit ou être visible malgré la pénombre, mais suffisamment pour être préparé en cas de visite nocturne. »

Aeganon le quitta donc, et entreprit de trouver un endroit d’observation, préférant ne pas faire de grand tour pour ne pas attirer les soupçons, si quelqu’un surveillait l’endroit, même à distance. S’éloignant, il traversa quelques rues et arriva dans des quartiers moins fréquentables. Trouvant la première péripatéticienne venue, il lui glissa quelques pièces contre la promesse de le suivre et de faire ce qu’il lui dirait. Constatant l’or dans sa main, la fille ne barguigna pas, trop heureuse d’avoir trouvé un si beau pigeon, vu qu’il avait offert probablement trois fois le prix d’une nuit complète – et encore – dans ce cloaque pour petites gens, qui n’avait rien en commun avec les munificences des établissements les plus huppés de Valyria, où se pressaient le gratin de leur société, et que lui-même fréquentait avec une assiduité toute pieuse – réflexion, qui, évidemment, lui arracha un mince sourire. Il mena son aide jusqu’au Sénat, dans une rue adjacente, et la plaqua contre le mur d’une maison, dont le toit faisait une avancée afin de supporter un balcon splendide, qui les dissimulaient partiellement. La prostituée lui adressa un sourire édenté et murmura à son oreille :

« Dis-moi mon tout beau, ça t’excite tant que ça de montrer tes ardeurs devant la Flamme ? »

Réprimant un rire – bigre, à défaut d’avoir des dents, elle avait de l’esprit - , Aeganon se nota mentalement de la remercier de quelques piécettes supplémentaires, avant de chuchoter à son oreille, mimant l’exaltation de l’amant :

« Change de position avec moi, et montre-moi tes talents d’actrice. Mais sans bruit. »

Un peu interloquée, sa compagne accepta néanmoins d’intervertir leurs positions, Aeganon se retrouvant donc contre le mur et dans un angle direct pour observer une partie des allées et venues devant le Sénat, sur le côté droit, ainsi que sur une partie du mur droit. Ce serait suffisant pour le moment. Soulevant le bras de la fille, il fit attention à conserver sa vision, et pour le reste, feignit les plus grands élans. Quant à la fille de joie, si elle ne comprenait guère les ressorts de ces facéties, au moins s’y pliait-elle de bonne grâce. De loin, ils ressemblaient réellement à un couple en pleine action, sans doute aviné ou tout simplement pressé d’en finir, comme c’était parfois le cas aux heures les plus sombres. Certes, l’on n’y était pas encore, mais il y avait toujours des affamés qui ne savaient contenir leurs élans charnels. Bref, quelqu’un qui n’y regarderait pas de trop près n’y aurait rien à redire et passerait son chemin. Ce fut le cas d’ailleurs d’un certain nombre de passants, certains pressant le pas, d’autres maugréant quand les derniers sifflaient, amusés.

Soudain, une ombre apparut sur le toit d’une maison alentour. Aeganon ne l’aperçut pas immédiatement, cependant, il la vit clairement se diriger vers l’entrée. Il réalisa alors que le timing était parfait : l’heure était particulièrement avancée, et il s’agissait pile du moment où la garde roulante effectuait une rotation, ce qui laissait donc un laps de temps de quelques secondes pour déposer le parchemin et s’enfuir. Repoussant la femme, il se précipita vers l’ombre, espérant que Maekar l’avait vue également – ou bien que ce dernier avait également découvert quelque chose. Pour autant, il ne s’agissait pas d’une canaille ordinaire. Les mouvements étaient rapides, précis, fins, et il dut faire, malgré ses précautions, trop de bruits pour une oreille fine, puisque le félon se retourna, pivotant sur ses talons, et commença à courir. Le Bellarys le suivit immédiatement dévalant les rues vides, ou peu s’en fallait, des beaux quartiers de la capitale à la poursuite de cette silhouette.


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Un mot de tropMaekar


La plupart des soldats ne prêtaient que peu d'importance au poids des mots mais, lorsque deux anciens soldats étaient propulsés sur la scène politique, ils se devaient de prendre les menaces écrites avec autrement plus de sérieux. Fort heureusement les deux sénateurs avaient été sélectionnés précautionneusement car ils étaient connus pour faire une bonne équipe, aussi ils n'avaient pas besoin de perdre de temps en concertation et en organisation. Aeganon pouvait être assez exubérant et farfelu par moment, Maekar pouvait peut-être paraître trop rustre et fermé d'esprit pour son propre bien mais, lorsque sonnaient les cloches du devoir, ils redevenaient tous deux des officiers de l'armée avec l'organisation et l'inventivité qui allaient avec. En un rien des deux les deux dragonniers se mirent d'accord sur un plan d'attaque, incluant une bonne dose de patience et d'observation pour dénicher la moindre piste, tout en ayant en tête un plan d'attaque pour le lendemain matin. Se redressant tout en hochant la tête, approuvant silencieusement la validation de son ami et frère de toujours, Maekar se dirigea vers la sortie et s'arrêta, pivotant en observant son camarade se changer et l'enjoindre à en faire de même.
Certes ils ne pouvaient pas se pavaner en toges de sénateurs et espérer être discrets, mais ils ne pouvaient pas non plus revêtir de lourdes armures guerrières et espérer maintenir leur couverture, même emmitouflés dans le rideau de ténèbres qu'apportait la nuit. Il s'agissait donc d'être pratique et de privilégier la mobilité, sans pour autant le faire au détriment de leur protection au cas où quelques échauffourées surviendraient. Certes ils étaient des guerriers, parmi les meilleurs de tout Valyria, mais un coup de dague mal placé était vite arrivé, surtout sous le couvert de la nuit.

Un pas après l'autre, Maekar quitta donc la compagnie de son camarade pour se diriger vers son bureau où, dans le calme que lui offrait cette intimité, il se débarrassa de sa toge pour préférer une tenue en cuir dans les tons sombres. Un pantalon, un haut puis une veste pour masquer en partie la lame courte attachée à sa ceinture et le tour était joué, sans oublier les habituelles protections cachées sous ses vêtements afin de se protéger de quelques assaillants chanceux. Après tout, qui autre que Dame Chance pouvait espérer atteindre Aeganon et Maekar ? Se redressant, le Tergaryon jaugea sa tenue pendant quelques secondes, effectuant des  mouvements afin de tester les limites de son agilité et de la gêne qu'amènerait cette nouvelle tenue, avant de poser sa large main sur le pommeau de son épée. Cela ne valait pas la sublime lame qui l'avait accompagné durant les récentes guerres mais, contre quelques coups-jarrets et autre anarchistes en puissance, cela ferait largement le travail. N'était-il pas Le Téméraire, le fléau de Bhorash, après tout ? L'espace d'un instant il resta là, les yeux perdus dans le vide, à se demander comment il en était arrivé là.
Oh il avait tranché et tué avec une aisance surnaturelle, mais jamais encore il n'avait envisagé l'idée que son épée puisse se retourner contre les citoyens de sa propre nation, traîtres ou non. Était-ce pour cela qu'il s'était battu ? Pour cela que ses camarades étaient morts ? Cette seule idée fit fermer son autre poing avec une force surprenante, avant que le guerrier ne reprenne ses esprits, pour ne laisser la colère prendre le dessus. Prenant une profonde inspiration, il pivota et s'engouffra dans les rues qui entouraient le Sénat, passant son regard à droite et à gauche pour trouver un point d'observation correct.

Ça et là les badauds avançaient, les couples s'embrassaient parfois, mais ce fut sur un groupe de poivrots que le regard de Maekar s'accrocha. Ce dernier s'avança, mimant une démarche chancelante d'un homme alcoolisé comme il en avait souvent vu ou fait l'expérience, attrapant une cruche presque vide jetée à même le sol, avant de s'adosser au mur, collé au groupuscule bien trop occupé à chanter quelques chansons paillardes pour remarquer l'arrivée de l'intrus. Attrapant la cruche et faisant mine de la porte à ses lèvres pour se délecter de son contenu inexistence, Maekar profita de cette levée de coude pour observer les ruelles alentours, jusqu'à ce que son regard perçant ne capta une ombre. Il aurait pu ne pas y faire attention, s'il n'avait pas repéré un homme – qu'il devina être son ami – se mettre à sa poursuite et, l'instant d'après, Maekar laissa tomber cette cruche vide pour ordonner à ses jambes de se mettre en mouvement. L'ombre pensait-elle pouvoir échapper à son poursuivant dans les beaux quartiers, là où sa présence serait la plus incongrue ? Le Tergaryon ne se posa pas la question et, plutôt que de rejoindre le Bellarys, préféra contourner le poursuivant et le poursuivi, en courant dans une ruelle parallèle, faisant son possible pour ne rien percuter et réduire le bruit de sa course à son strict minimum.


« Eh bien, voilà. »


Bien entendu, si jamais le Bellarys croisait son regard il comprendrait rapidement l'intention de l'autre sénateur. Que la course dure quelques secondes ou quelques minutes, ce fut une éternité durant laquelle tous les muscles de Maekar furent mis à rude épreuve, alors que l'ombre passait d'une rue à une autre, bousculant les rares passants et faisant s'écrouler les obstacles sur son chemin, afin de ralentir l'avancée de son poursuivre. Peut-être que l'activité finirait par réveiller les habitants de quelques villas çà et là, mais il serait déjà trop tard, car déjà l'ombre accélérait le poids, pivotant subitement en espérant que le Bellarys le perdrait de vue, sans c'était sans compter sur son camarade ayant pris un peu de recul, pour avoir plus de perspective et ne pas lâcher sa proie d'une semelle.

Aeganon et Maekar, Bellarys et Tergaryons : deux formidables guerriers et deux encore plus incroyables charognards pour qui la signification de l'abandon était inconnue.


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Un mot de tropAeganon
Aeganon, s’il n’avait jamais été l’homme le plus rapide de Valyria, avait pourtant toujours eu des résultats plus qu’honorables à la course, notamment lors des entraînements militaires. La course en armure avait toujours eu ses faveurs, ainsi que celle de fond, cependant, il était capable de pointe en cas de besoin, l’adrénaline aidant, ainsi que la rigueur d’une vie destinée à la soldatesque depuis ses dix-sept ans et son service militaire. Et pourtant, alors qu’il slalomait, ses sandales accrochant les pavés – il est vrai que le terrain urbain constituait d’emblée un obstacle par rapport à un cirque ou une plaine en extérieur – il devait se rendre à l’évidence, son rival – ou sa, puisque sous le capuchon et dans l’obscurité, difficile de savoir avec précision – était d’une autre trempe que la sienne. Manifestement, il ne s’agissait pas d’un vulgaire sous-fifre, de ces ribauds qui offraient leurs muscles ou leur ruse pour quelques pièces dans les bas quartiers, et accomplissaient des tâches brutales avec une efficacité parfois relative. Là, il s’agissait au moins d’une personne avec un certain entraînement dans l’art de la rue, avec tout ce que cela comportait, ou alors tout simplement, de réellement doué. Le Sénateur perdait du terrain, et sentait déjà ses poumons le brûler. Distancé, il ne vit donc pas Maekar se positionner à l’intersection.

Tout se passa en quelques secondes. Alors que le Tergaryon s’apprêtait à lui couper la route, un nuage décida de flotter plus loin de sa lune, la découvrant. Son rayon de lumière se refléta, à la faveur d’un angle particulier, sur la chevelure argentée de Maekar. L’œil aguerri de leur cible fit le reste. Au dernier moment, elle se baissa et s’écarta, avant d’effectuer une roulade sur le côté qui le laissa sur place. Se relevant souplement, la silhouette inatteignable poursuivit sa course, avant d’agripper une colonnade et de grimper à un balcon privé, puis de disparaître à l’intérieur de la belle demeure, typique de l’endroit. Aeganon arriva quelques instants plus tard, soufflant et ahanant lourdement. Avant de crachoter, les mains sur les genoux, penché momentanément pour reprendre sa respiration :

« Désolé je ne t’ai pas … J’étais déjà distancé. Bon sang, on est à deux doigts de recruter le meilleur marathonien de Valyria … »

Apercevant la domus par laquelle leur cible était entrée, Aeganon lorgna la belle entrée, les feux qui éclairaient la rue depuis son intérieur et les bruits qui en filtraient : pas de doute, une réception s’y tenait. Là encore, rien d’étonnant, le quartier était coutumier des banquets des sénateurs et de leurs familles, en plus ou moins grand comité. En toute honnêteté, cela était autant un avantage qu’un inconvénient, puisqu’ils pourraient aisément tenter de se mêler à cette dernière – on ne refuserait pas deux héros de guerre – tout en sachant qu’enquêter s’avèrerait compliqué dans une telle configuration, et qu’ils risquaient sérieusement d’être distancés. Sauf que de toute manière, ils n’avaient pas non plus beaucoup de choix :

« Je vais essayer d’entrer, je ne sais pas si tu préfères faire le tour ou m’accompagner, mais au moins, je saurai à qui cet endroit appartient. »

Traduction : il chercherait si leur insaisissable adversaire s’était introduit dans l’endroit au hasard ou s’il y avait quelques complicités. C’était l’inconvénient avec des corbeaux : on finissait par soupçonner tout le monde. Et honnêtement, pour connaître avec autant de précision les roulements de garde du Sénat, Aeganon avait quelques soupçons sur une éventuelle compromission à l’intérieur de Drivo – que ce soit d’un haut-placé, ou d’une autre personne. Epoussetant ses vêtements, conscients qu’il ferait bien martial dans sa tenue, il en conclut qu’après tout, son assurance naturelle pourvoirait à toutes les explications. Première règle du menteur : ne jamais douter de soi-même, cela amenait les autres à ne pas douter non plus. Tapant grâce au lourd battant, le Bellarys attendit, puis un serviteur entrebâilla la porte. Le Sénateur bomba le torse et parla d’une voix aussi claire que possible :

« Holà, le Sénateur Aeganon Bellarys demande ton maître ! J’ai eu vent de ses merveilleuses célébrations, et je suis déterminé à en voir les fruits de mes propres yeux. C’est pourquoi je suis prêt à l’honorer devant les dieux de ma présence, et à leur rendre culte en sa compagnie. »

A sa grande surprise, le serviteur ne chercha même pas à bouger et répondit avec rapidité :

« Un grand pardon, Sénateur, mais mon maître ne reçoit pas, ce soir. Il s’agit d’une fête privée destinée uniquement à sa famille.

Que les Quatorze veillent sur votre nuit. »


Et il referma la porte, laissant Aeganon passablement soufflé par l’impudence, et aussi définitivement agacé. A croire que rien ne fonctionnait comme prévu cette nuit ! Maugréant, il s’écarta de l’entrée et revint sur ses pas, persuadé que l’ombre avait dû amplement filer. A défaut, il nota tout de même l’emplacement de la maison, déterminé à se renseigner plus tard sur ses propriétaires.


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Un mot de tropMaekar


La musculature de Maekar rendait sa course un peu moins rapide et souple que celle de son camarade de toujours, le dénommée Bellarys, mais ce qu'il perdait en vitesse il le regagnait largement en endurance, lui permettant de rattraper ses proies sur la distance, si une telle poursuite le lui permettait. Bien entendu dans un cadre aussi urbain les poursuites s'avéraient bien plus complexes, car il y avait bien plus de paramètres à prendre en compte et d'obstacles sur leur route, humains ou matériels, mais Maekar avait-il vraiment le choix ? Malgré la difficulté et la pénibilité de cette traque il ne pouvait pas abandonner maintenant, ce n'était pas une question de maintient de sa réputation mais simplement du respect de son sens du devoir. Que dirait-il de lui ? Qu'il était capables de remuer et embraser des armées entières, mais incapable de poursuivre un simple gueux dans les rues de sa Valyria adorée ? Quel genre d'homme était-ce que cela ? Se respecter soi-même commençait par ne pas abandonner alors qu'il sentait ses poumons s'embraser, mais bien harnacher cette douleur et s'en servir pour continuer d'avancer, un pas après l'autre, sans se demander combien de temps encore il allait courir comme un dératé.
Oh qu'il aurait aimé être en armure, poursuivant un adversaire avec sa fidèle épée à la main, mais le terrain était bien différent. Aujourd'hui il ne pouvait se permettre la même brutalité et sauvagerie habituelle, car ce n'étaient pas ses frères d'armes mais ses concitoyens, des innocents dont il allait forcément croiser la route. Ce n'était pas un soldat ou un conscrit qu'il poursuivait mais quelqu'un habitué à travailler dans les ombres, habitué à faire des ruelles sont propre terrain de jeu, ce qui voulait dire que les deux soldats n'avaient guère l'avantage, mais qu'ils devaient se débrouiller malgré tout.

Tel un chasseur ayant son prochain repas en visuel, Maekar modifia sa course et, alors qu'il s'apprêtait à lui couper la route et le plaquer vigoureusement à terre, une rayon de lumière vint se refléter sur sa chevelure d'argent  ce qui ne manqua pas de trahir sa position et donner au fuyard toute la latitude pour l'esquiver et s'enfuir de plus belle. Pestant contre lui-même pour cette erreur de débutant, n'ayant pas pensé à prendre une veste à capuche pour masquer sa chevelure étincelante, n'ayant jamais eu de problème de discrétion lors d'une bataille frontale et brutale, Maekar se releva et posa son regard sur son camarade, tout aussi essoufflé qu'il pouvait lui-même l'être.


« Trahi par mes cheveux. On aura tout vu. »


Autre terrain, autre méthode, non ? Prenant une profonde inspiration pour ne pas laisser cette frustration prendre le dessus, Maekar s'avança et leva les yeux pour essayer de reconnaître ou identifier la villa dans laquelle le fuyard s'était faufilé , sans succès. S'il était utile de savoir qui habitait ici, le guerrier doutait que cette information soit pertinente, car tout espion ou assassin qui se respectait ne ferait pas l'erreur de retourner voir ses commanditaires, en ayant toujours des chiens à ses trousses. Que faire ? Se joindre à son frère d'armes et frapper à la porte ? Non, il avait une autre idée en tête.


« Je fais le tour. Même s'il doit s'attendre à une telle manœuvre de ma part, nous couvrirons au moins plus de terrain..»


Laissant au Bellarys le bon soin de s'annoncer, en espérant qu'on lui ouvrirait les portes, Maekar contourna la village mais, plutôt que de se coller au mur opposé et ne lever les yeux au ciel il prit de la distance, se cachant au coin d'une ruelle en prenant garde à ce que l'astre lunaire ne vienne pas l'éclairer à nouveau. Lentement, silencieusement, il scruta chaque mur ou porte seconde à sa portée, soufflant à voix basse son souhait le plus cher, en ce moment.


« Allez. Montre moi le bout de ton nez, salopard. »



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Un mot de tropAeganon
Ils attendirent … longtemps. Mais rien ne vint. Et Aeganon, qui commençait à s’agacer, finit par tourner vers le mur de la rue, à prendre son élan, et à … escalader la colonnade avec souplesse. Arrivé au balcon, comme le dernier des voleurs, il se réceptionna souplement, avant de se cacher derrière un pot de fleur particulièrement bien fourni, le temps d’observer deux jeunes gens galéjer joyeusement. Soupirant, il compta les minutes que dura la plaisanterie, qui fut heureusement fort courte, le galant étant un peu trop foudre de guerre pour le plaisir de la dame, mais pour son plus grand soulagement, puisque l’affaire conclue, le couple s’en retourna à l’intérieur, lui permettant de sortir de son couvert et de se glisser à l’intérieur. Comme il s’y était attendu, l’endroit était tapissé de couples divers, trop occupés pour lui porter une réelle attention ou trop ivres pour remarquer quoi que ce soit. Il se fit cependant aussi discret que possible, évitant les serviteurs autant que possible. L’un d’entre eux manqua le surprendre, aussi se glissa-t-il dans une alcôve où se tenait un duo là encore fort occupé. L’homme, de dos, étendu sur les coussins, ne le remarqua pas, mais sa compagne à califourchon, si. L’œil égrillard, le Bellarys se contenta d’apposer un doigt sur sa bouche et de lui envoyer un baiser, misant sur sa confiance en lui légendaire et sur le fait que la dame avait clairement d’autres dragons à fouetter. Cela eut l’air de fonctionner, puisqu’elle lui sourit légèrement, avant de reprendre son ouvrage. Vérifiant que la voie était libre, le Sénateur les laissa donc tranquilles, avançant toujours plus dans la maisonnée.

Finalement, il parvint, après une bonne heure de progression difficile et de jeu du chat et de la souris, à ce qu’il voulait, à savoir le bureau du maître de maison. S’emparant des parchemins divers, Aeganon les balaya du regard, trouvant bien vite le nom auquel ils étaient destinés ou qui les ornait de sa signature : Echyos Demostos. Ce dernier lui disait vaguement quelque chose, pour avoir entendu son père et son frère le mentionner. Sûrement un marchand donc, mais il faudrait qu’il vérifie. Cependant, la correspondance lui indiqua qu’il était sur la bonne voie, puisque cela parlait beaucoup de contrats de marchandises. Un coffret en acajou attira son attention, sur le bureau. Fouillant le pot de fleurs devant lui – ne connaissant que trop bien cette ruse – Aeganon trouva rapidement la clé et l’ouvrit après un petit « clic » sonore pour trouver un autre parchemin. L’empoignant, il le scanna rapidement, y voyant une reconnaissance de dettes à l’attention de la Lumière Qoherys. Intéressant. La somme était du reste important. Très intéressant. Du bruit au dehors l’empêcha de continuer son enquête. Ayant trouvé ce qu’il cherchait – et même plus – le Sénateur décida d’être prudent, ouvrit la fenêtre et entreprit de redescendre comme un chat, non sans avoir tout remis soigneusement en place. Une fois revenu, il attendit de retrouver Maekar, puis lui expliqua sa découverte :

« Il s’agit de la maison d’un Echyos Demostos, je crois que c’est un marchand, mais mes souvenirs sont plus que vagues. En revanche, je sais qu’il doit de l’argent et pas qu’un peu à Valerion Qoherys au moins. Ce qui fait un motif de suspicion.

On devrait peut-être rentrer, dormir un peu, puis nous rendre au Collège demain. Enfin, aujourd’hui, vu l’heure.

Et je vais demander à mon secrétaire de se renseigner sur ce Echyos Demostos, tu devrais faire de même. Mais discrètement, bien entendu. »


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Un mot de tropMaekar


Pourquoi fallait-il toujours courir ? Pourquoi est-ce que ce scélérat n'avait pas le courage de faire face aux deux guerrier, dague à la main ? Cela arrangerait bien les affaires du duo, au lieu de courir les rues à la faveur de la nuit, mais ils avaient suffisamment vu l'aspect le plus horrible de l'humanité pour savoir que l'honneur était une chose assez rare. C'était pour cela que Maekar ne se berçait pas d'illusions quant à l'issu de cette course-poursuite, conscient que le traître préférait s'ôter la vie plutôt que de trahir ses commanditaires ou ses croyances, ce qui ne rendrait sa tâche que plus difficile. Combattre et pourfendre un adversaire était simple pour les deux frères d'armes, cela avait été leur quotidien pendant de très longues années, mais capturer une proie ? La garder en un seul morceau ? C'était un exercice auquel le Tergaryon n'était que trop peu familier.

Enfin bon, qui avait dit que son travail devait s'arrêter au moment où il était devenu sénateur ? Qui avait dit que sa vie serait de tout repos ? Pas lui en tout cas. Son travail était politique, certes, mais l'âme qui brûlait au fond de lui était guerrière, définitivement. Il attendit donc et observa chaque recoin de la villa dont il s'était rapproché, passant son regard sur chacun pan de mur, chaque fenêtre, chaque point d'entrée possible en espérant y apercevoir quelqu'un ou quelque chose, espérant repérer le moindre détail à exploiter
Les bras croisés contre la poitrine, Maekar lutta contre l'envie de taper du pied au risque le bruit ne le fasse repérer mais, au lieu de cela, il changea plusieurs fois de position pour avoir d'autres angles de vue, mais ce changement ne se trouva pas être plus bénéfique pour autant. Au bout d'une heure il abandonna sa surveillance et fit le tour de la village pour retrouver son collègue qui, de son côté, semblait avoir fait des découvertes plus intéressantes. Un marchand endetté ? Cela expliquerait la somme colossale qui avait été demandée dans la mystérieuse lettre déposée, mais restait à vérifier cette piste pour savoir si le marchand était véritablement responsable, ou simplement un rouage d'une machine plus grande. Après tout, qui  pouvait dire au duo que l'ombre n'avait pas fait que chercher à se réfugier dans cette villa, sans en avoir de réelle connexion ?

Maekar essayait de faire de son mieux pour oublier l'échec qu'ils venaient de recevoir, pour oublier cette ombre qui venait de leur filer entre les doigts. Il se tourna donc vers son collègue qui rappela l'autre piste qu'ils avaient en tête, concernant la lettre qui avait été reçue. Il avait raison, cela ne servait à rien de ressasser cet échec car le travail était loin d'être terminé. Il hocha donc la tête, les bras croisés contre sa poitrine, en se contentant de répondre :

« Espérons que nous aurons plus de chances, demain. »

Les deux guerriers se mirent donc en marche en direction de leur quartier, le Tergaryon plongé dans un silence dont il avait le secret alors qu'il repassait les souvenirs de cette course-poursuite dans sa tête. Il avait été stupide, il n'avait pas été prudent mais espérait pouvoir encore corriger le tir. Aussi, lorsqu'il arriva dans ses quartiers il se dirigea vers son secrétaire, un homme de confiance aussi fiable que discret, auquel il ordonna :

« J'ai un travail pour toi. Lorsque je me réveillerai, trouve moi tout ce que tu sais sur Echyos Demostos. Sa situation, ses connexions : tout. Et discrètement, évidemment. »

Le secrétaire connaissait le passif et la personnalité du héros de guerre, il ne lui fallait donc pas plus d'un seul regard entendu pour comprendre les réelles motivations du Téméraire. Il ne demandait pas cela par curiosité malsaine, mais parce qu'il avait réellement besoin de savoir à qui il allait avoir à faire. Il devait trouver une fenêtre, une ouverture dans laquelle s'engouffrer, un angle d'attaque à étudier et espérait que son secrétaire pourrait lui fournir une telle ouverture.
Il lui fallait à présenter grappiller quelques courtes heures de sommeil car, demain, lui et son frère d'armes avaient encore beaucoup de travail. Le monde continuerait de tourner, il fallait donc faire vite.

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