La médecine avait toujours fasciné Saerelys.
La Magie était capable de bien des miracles. Le contrôle des flammes était sans doute son effet le plus connu. Cette manifestation magique n’était-elle pas la plus appréciée des Valyriens également ? Comment ne pouvaient-ils pas être subjugués par ces sorts aussi ardents que flamboyants ? Comment ne pouvaient-ils pas ressentir une joie des plus intenses en voyant des flammes, si proches de celles de leurs frères et de leurs sœurs à écailles ? Il était si aisé d’oublier les autres branches et racines tortueuses et noueuses de la Magie devant un tel spectacle.
Si Saerelys vouait une grande fascination à la Magie des flammes, les runes et la médecine avaient toujours eu son affection. Une affection sincère, mue par une volonté d’être utile sans doute. Retisser les chairs, apaiser les pleurs, replacer des os à leur juste place, faire disparaître les ecchymoses d’un souffle… C’était cela que Saerelys aimait apprendre, aimait écouter des heures durant. Prendre des notes en devenait parfois superflu. La novice se contentait d’écouter, avide de connaissances. Il en allait de même pour les runes, qui dansaient volontiers dans son esprit par moment. Les reproduire n’en devenait que plus simple encore. Les plus bénignes d’entre elles se retrouvaient parfois sur les coins de ses feuillets noircis de d’autres mots, de d’autres termes, tantôt en langue valyrienne, tantôt dans sa propre langue et celle de son frère.
En ce jour, la salle était pour le moins clairsemée. Saerelys n’y avait cependant pas prêté une grande attention. Certains cours avaient toujours eu plus de succès que d’autres. Les novices du Troisième Cercle avaient par ailleurs bien plus de responsabilités, ce qui pouvait expliquer un certain taux d’absentéisme. Kaerys ne manquait pas à l’appel cependant, se trouvant assise à côté d’elle. Son esprit semblait fréquemment divaguer ailleurs cependant. Si les esprits et les âmes des novices étaient sans aucun doute moins volages que celles du commun des Mortels, fort était de constater qu’ils avaient leurs propres limites. D’un coup de coude amical, Saerelys sortit donc sa camarade de ses pensées. Expliquer un tel cours était souvent une tâche malaisée. Aussi mieux valait que Kaerys en retienne le plus de choses possibles, ce qui leur simplifierait bien des choses.
« J’ai l’impression que cela fait des jours que nous sommes là… murmura l’autre jeune femme.
- Je suis au regret de t’annoncer que cela ne fait qu’une heure tout au plus que tu es assise ici. répondit tout aussi doucement la descendante de Riahenys, une lueur amusée dans le regard. Je crains que tu ne doives encore prendre ton mal en patience.
- Que Tessarion m’en donne la force... »
Saerelys leva les yeux au plafond, la lueur amusée persistant dans ses prunelles. Suite à cela, la jeune femme reporta son attention sur les quelques feuillets disposés devant elle. Si la Magie guérissait bien des maux, il fallait avant tout comprendre son effet avant d’en user. Visualiser les choses convenablement était d’une grande importance, afin de ne pas commettre d’impair le moment venu. La vie d’une autre personne pouvait en dépendre. Anatomie, connaissance du squelette… Toutes les informations étaient bonnes à écrire et à apprendre pour ne point se tromper sur une personne bien vivante ! La Magie devenait parfois le dernier rempart de la vie face à la mort, lorsque patriciens et disciples de Tessarion ne pouvaient plus offrir le moindre soin efficace à un malade ou à un blessé.
La manière dont était agencé le corps des Mortels était d’un grand intérêt. Il était également source de grands mystères. Combien de Mages et de disciples de Tessarion tentaient d’en apprendre d’avantage à ce sujet ? Était-ce seulement possible de comprendre toutes ces choses, tous les mécanismes qui permettaient à un Être de se mouvoir, de respirer, de parler, de comprendre le monde qui l’entourait ? C’était là tout l’intérêt de la médecine et de l’art de la guérison. Se rapprocher petit à petit de ces mystères et en faire partie d’une certaine manière.
Voilà ce qui rendait la médecine aussi fascinante.
( Gif de odairannies. )