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Il faut cultiver notre jardin.

Palais Riahenor & An 1065, mois 8.

« Sae, regarde ! Mère m’a acheté une nouvelle robe ! Elle est jolie, non ? »

Voyant que son aînée ne semblait pas décidée à lui répondre, Rhaelys rouvrit la bouche, prête à répéter à nouveau ces quelques mots… Avant de la refermer presque immédiatement. Assise à son bureau, sa longue chevelure bouclée déliée, une main retenant son menton, Saerelys était toute à ces ouvrages disposés devant elle. Du haut de ses huit ans, qu’elle n’aurait que dans quelques jours dans les faits, l’enfant savait lire. Elle lisait très bien même, savait depuis longtemps déclamer des poèmes et connaissait par cœur les noms et les couleurs des glorieux dragons qui avaient appartenu à ses ancêtres ! Et pourtant, malgré tout cela, Rhaelys n’avait jamais été capable de comprendre ces textes que sa sœur semblait pourtant lire si aisément. Tout comme elle ne parvenait pas à comprendre ce qui retenait ainsi son intérêt.

Se rapprochant à petits pas, Rhaelys finit par être assez proche de son aînée pour tirer la manche de sa robe. L’enfant éprouva une certaine fierté à voir que la couleur de cette dernière était presque identique à la sienne ! Rhaelys ne l’avait pas fait exprès, dans les faits. Les choses étaient cependant mieux ainsi. Bien qu’elle ne pouvait pas s’en rendre compte par elle-même, la toute jeune fille était à cet âge où l’on glorifiait ses aînés, les prenant comme modèles à suivre, au point de toujours trouver le moyen d’être dans leurs jambes. N’obtenant cependant pas de réponse malgré ses petites mains agrippées au tissu, l’enfant tira un peu plus fort.


Après avoir passé une partie de la journée au Collège, Saerelys s’en était retournée parmi les siens. Qu’il était doux et bon de faire partie du Troisième Cercle, de retrouver ce marbre familier qui avait servi de berceau à tant de générations issues de la belle, de la glorieuse, de l’éclatante Riahenys ! La jeune femme n’avait pas coupé à ce rituel qui était devenu le sien d’aller saluer chacun des membres de sa fratrie, ainsi que Mère. Croisant certains de ses cousins et certaines de ses cousines, Saerelys n’avait pu que leur réserver un pareil traitement. Une journée idéale en somme. Presque, du moins. Car de bien trop nombreuses personnes manquaient à l’appel, parties au loin combattre la Harpie de Ghis. Alors, il fallait s’accommoder de tout cela pour encore quelques mois, disait-on. Quelques mois ou quelques années ? Comment en avoir la certitude alors même que les flammes semblaient se montrer peu bavardes à ce sujet ?

Son rituel achevé, la jeune femme s’en était retournée dans sa tanière, étalant livres et parchemins sur son bureau. Elle retrouverait le reste de sa famille pour le souper. En attendant, il lui restait quelques heures que Saerelys comptait consacrer à une étude bien particulière. Car entre ces grimoires couverts de runes, ces schémas et ces esquisses qui auraient semblé obscurs aux yeux de bien des Mortels, se cachaient des savoirs plus terre-à-terre, comme quelques livrets traitant d’agronomie, de l’étude des pierres et de bien d’autres choses encore qui semblaient des plus éloignées de la Magie. Noircissant parchemins et feuillets, il arrivait à la novice de fredonner. Car il s’agissait-là d’un de ces projets qui lui tenait particulièrement à cœur. L’un de ces projets pour lesquels seules quelques personnes des plus fiables avaient été mises dans la confidence. Un projet qu’elle destinait pourtant à des personnes encore absentes.

Sortant de ses pensées dans un sursaut alors que la jeune femme sentait désormais que quelque chose lui avait attrapé le bras, le regard améthyste de la jeune femme se posa immédiatement sur Rhaelys. Alors, ce mélange de colère et de surprise que Saerelys avait pu ressentir jusque-là s’évanouit d’un seul coup, ne laissant place qu’à la plus grande des douceurs. Adressant un éclatant sourire à sa plus jeune sœur, qui le lui rendit avec un entrain manifeste, la novice se courba, lui déposant un baiser sur le haut du crâne, faisant rire sa cadette. Ce simple contact suffit à ce que son corps soit envahit d’une douce et délicate chaleur.

« Es-tu là depuis longtemps, petite dragonne ? s’enquit Saerelys, se redressant finalement. Si tel est le cas, je te prie de m’excuser. Je ne t’avais pas entendue entrer. avoua-t-elle, sur le ton de l’excuse.
- Je n’ai pas attendu très longtemps ! s’exclama la petite, affichant un grand sourire. Mère a dit que j’avais le droit de venir, pour te montrer ma robe ! Regarde comme elle est jolie ! Et elle vole bien ! »

Comme pour appuyer ses propos, Rhaelys s’écarta, tournant sur elle-même à grands renforts de rire, faisant virevolter l’étoffe bleutée dans laquelle avait été taillée sa robe flambant neuve. Alors, le sourire de Saerelys s’attendrit. Leur petite dragonne avait encore cette innocence qui n’appartenait qu’aux enfants de son âge. Une enfance marquée par la guerre, une guerre que Rhaelys semblait pourtant réussir à occulter. Avec les mois et les années, alors que son esprit se formait, ses questions s’étaient cependant faites plus pressantes, de même que sa capacité à lire les visages de certains adultes. Où est Père ? Où est Aedar ? Quand vont-ils revenir ? Pourquoi l’une de leurs cousines pleurait à chaudes larmes ? Était-ce des larmes de joie ou de tristesse ? Alors, il fallait répondre à cette mine enfantine qui se faisait tout d’un coup bien plus grave.

Mais en ce jour, Rhaelys ressemblait à toutes ces petites filles, heureuse d’avoir eu droit de se faire belle que ses aînées, en témoigne ces quelques discrets bijoux que la petite avait du emprunter à Mère. A moins que ce ne soit Grand-Mère qui ait consentit à sortir ces parures d’argent et d’acier valyrien qui avaient sans doute appartenu à sa propre fille, lorsqu’elle était plus jeune ? Saerelys n’eut pas le temps de s’interroger d’avantage à ce sujet. Cessant ses pirouettes, Rhaelys s’était rapprochée, tendant ses bras dans sa direction, cherchant son étreinte. Une étreinte que la novice offrit volontiers à la plus jeune de ses sœurs, l’attirant sur ses genoux pour cela.

« Est-ce Mère qui a choisi cette robe ? A moins que cela ne soit toi, petite dragonne ? demanda Saerelys, amusée, frôlant du bout de son index la pointe du nez de Rhaelys.
- C’est moi ! s’exclama la petite fille, pour première réponse. Elle est du même bleu que la tienne, tu as vu ? Mais je ne l’ai pas fait exprès. poursuivit l’enfant, presque penaude.
- Ne sois pas gênée, Rhaelys. Cette couleur te va magnifiquement bien. Je suis sûre que nos cousines en sont déjà jalouses. acheva la jeune femme, sur un ton mutin.
- Mère m’a même laissé porter ses bijoux ! continua la petite, tirant sur la petite chaîne argentée qui retenait une breloque en forme de dragon autour de son cou. Même que quand je serais plus vieille, elle a dit que j’aurai le droit d’avoir un bijou de la couleur de mon dragon !
- En voilà une bonne idée. répondit Saerelys, réarrangeant certaines des mèches de sa plus jeune sœur.
- Mais que faisais-tu, Sae ? s’enquit l’enfant, changeant de sujet d’un coup. Tes précepteurs te donnent plus de travail ?
- Les Mages se doivent de travailler en toutes circonstances, petite dragonne. Saerelys laissa échapper un petit rire. Pourtant, je dois avouer que tu n’as pas tout à fait tour. Disons que… La jeune femme se baissa un peu, au point de pouvoir murmurer à l’oreille de la petite. Disons que c’est une surprise. Pour nous tous. Je ne peux donc pas t’en dire plus. »

Redressant la tête, Saerelys dut retenir un nouveau rire en voyant la mine qu’affichait Rhaelys. Sa plus jeune sœur affichait une moue quelque peu mitigée, à la fois intriguée et boudeuse de ne point en avoir appris plus de la bouche de son aînée. Cette dernière se fit cependant la promesse de ne point en dire plus. Son projet devait rester secret pour le moment. Mais un jour, elle le montrerait à tous. Un jour, lorsque cette guerre serait achevée. Lorsqu’elle pourrait serrer Aedar dans ses bras, lui offrir ce baiser qu’elle avait rêvé de lui donner avant son départ. Lorsqu’elle pourrait voir Père, le regarder droit dans les yeux et lui dire…

« Voilà ce que je suis devenue, Père. Après tant d’années, voilà ce que je suis devenue, dans la dignité et la lumière de notre merveilleuse ancêtre. » songea la jeune femme, un sourire aux lèvres.



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Il faut cultiver notre jardin.

Palais Riahenor & An 1065, mois 9.

Les genoux appuyés contre une planche de bois recouverte d’une étoffe sombre, Saerelys fredonnait avec un certain entrain, ses mains gantées de cuir dans la terre. Quelle étrange scène se déroulait là. Une descendante de Riahenys, l’une des premières d’entre elles qui plus est, plongeait ses mains dans la terre, en avait les gants couverts, et ce, sans en être dérangée le moins du monde. Au Collège, il y avait bien des activités salissantes. Si tous et toutes penseraient tout d’abord à l’alchimie, au point qu’il était souvent nécessaire de porter de lourds tabliers de cuir afin d’éviter certains désagréments, il y a avait bien d’autres choses encore. Qu’importe leur rang, qu’importe le sang qui pouvait être le leur, il arrivait aux novices d’effectuer des tâches d’ordre ménager ensemble. Saerelys n’avait pas fait exception à cette règle, bien qu’elle fusse une descendante de Riahenys en personne.

Aussi la jeune femme ne voyait aucun inconvénient à se trouver ainsi agenouillée, son tablier de cuir sur les genoux, quelques outils posés non loin d’elle. Elle fredonnait tantôt des prières, tantôt des chants plus profanes qui se mêlaient au doux clapotis de l’eau toute proche. Sa gaieté était due à un fait tout particulier. Après plusieurs mois de recherches et de préparation, elle s’apprêtait à faire son premier essai sur le terrain. Un terrain qu’elle avait choisi avec précaution. Le Palais Riahenor était étendu. Étendu et tortueux au point qu’il était complexe pour bien des personnes de s’y retrouver. Il en allait de même pour ces autres anciennes bâtisses, qui semblaient parfois vieilles de plusieurs millénaires. Elles avaient été agrandies au fil du temps, au fil des fantaisies de leurs occupants.

Saerelys avait donc trouvé refuge dans l’un de ces petits atrium peu utilisés. L’un de ces endroits que seules quelques personnes connaissaient, qui était fréquemment oublié le reste du temps. Elle avait demandé à ce qu’il soit débarrassé des plantes fanées, de ces arbres maigrichons qui ne convenaient que peu à leur grandiose demeure. Ne restait donc que de la terre battue qui attendait un nouvel ouvrage, ainsi qu’une petite fontaine de marbre blanc, pourvue de deux statuettes présentant Meraxes et Caraxes, qui semblait comme ciselés de veines d’or. Une fontaine qu’Aelys avait observé avec un certain dédain lorsque Saerelys l’avait emmené jusqu’ici, trouvant par ailleurs fort dommage qu’un marbre d’une telle beauté soit ainsi utilisé. Devant sa moue, son aînée n’avait pu que laisser sous-entendre que son art serait le bienvenu ici.

Dès lors, Aelys s’était faite plus discrète dans ses paroles à ce sujet, de même que dans ses travaux. De temps à autre, il arrivait à Saerelys de la percevoir du coin de l’œil, alors qu’elle se trouvait ici. Sa cadette ne restait jamais fort longtemps, s’éclipsant aussi rapidement qu’elle avait pu apparaître. Un fait qui amusait toujours grandement la novice. Gaelor n’était encore jamais venu, pour le moment du moins, bien que la jeune femme lui ait fait part du fait que sa présence était, et serait, toujours la bienvenue. Chassant ses pensées de son esprit, la novice se redressa en partie, posant ses mains gantées sur ses genoux.

S’étirant quelques instants puis se frictionnant les mains, la jeune femme observa quelques instants son œuvre. Cette dernière était cependant bien loin d’être achevée comme il se devait, même pour un premier essai. Tout d’abord, Saerelys avait tracé plusieurs carrés dans le parterre principal de l’atrium, délimitant ainsi plusieurs aires qui lui permettraient de se rendre compte pour le mieux de l’évolution de son office. La première aire délimitée était d’assez petite taille mais cela serait suffisant pour le moment. Le regard améthyste de la jeune femme se posa alors sur les petits sacs de toile qui étaient disposés non loin du parterre, lui-même étant délimité par une bordure de marbre blanchâtre qui arrivait aux chevilles d’un adulte.

Les petits paquets tenaient aisément au creux d’une main et avaient déjà leur place toute trouvée dans le parterre. Leur poids était aussi peu important, bien qu’on devenait, en les tenant, qu’ils contenaient de nombreux petits éléments différents. Saerelys avait préparé chacun de ces paquets par elle-même. A présent, il ne faudrait que quelques mots pour leur donner un intérêt tout à fait différent. Portant l’un des paquets au niveau de ses lèvres, la jeune femme cessa ses chants et ses prières, prononçant, en un souffle, une formule de sa création.

Alors, une douce chaleur envahit ses veines. Une chaleur habituelle mais des plus plaisantes à la fois. Cela ne dura que quelques fugaces instants. Après, le phénomène cessa bien que rien ne semblait avoir changé. Saerelys avait cependant la certitude que cela n’était pas le cas. Que son sort avait trouvé son but. Néanmoins, ouvrir le sac pour s’en assurer ne serait pas bien utile. Certaines choses prenaient du temps. Celle-ci en faisait partie, afin de ne pas tirer de trop sur ses capacités magiques. La jeune femme avait conscience du fait qu’elle aurait pu se faciliter la tâche, qu’avec d’autres mots, elle aurait pu atteindre le résultat voulu en un rien de temps.

Mais il fallait apprendre à ménager son sang, comme à cet instant. Le temps était une certaine forme de Magie, après tout. Il permettait aux choses de grandir, de devenir plus puissantes, avant d’amorcer leur déclin. Aussi, Saerelys prenait son temps. Trois petits sacs se trouvaient non loin de la bordure. Deux d’entre eux avaient déjà rejoint le sol lorsqu’une petite voix, quelque peu aiguë, se fit entendre. Alors, la novice posa le dernier sac sur son tablier de cuir, relevant la tête vers l’entrée de l’atrium.

Afin de ne point être dérangée, un homme lié à sa famille gardait l’entrée, armé d’une lance. Non pas que Saerelys craignait d’être attaquée en sa demeure. Il s’agissait-là de l’équipement de base des hommes qui veillaient sur sa famille. Une lance et une épée courte, parfois d’autres choses encore en fonction de leur rang. Toujours est-il que l’homme se tenait toujours à son poste et ne le quittait qu’en sa compagnie. Sa posture restait calme et apaisée, signe que l’élément perturbateur n’était en rien un danger. Déposant le petit sac à côté de la bordure, la jeune femme se redressa, quittant le parterre. Après avoir tapoté son tablier afin d’en ôter la terre et la poussière, Saerelys se rapprocha de l’entrée de l’atrium.

Rhaelys se trouvait là, scrutant l’homme en armes d’un air accusateur, les bras croisés. Dans les faits, cela donnait lieu à une moue quelque peu outrée chez elle, qui aurait aisément amusé un adulte. Du haut de ses huit années, l’enfant n’était guère impressionnante. Un jour viendrait où les choses seraient sans doute différentes. Mais pour le moment, Rhaelys n’était qu’un petit dragon qui cherchait à se rendre plus gros et plus féroce qu’il ne l’était réellement. Alors, Saerelys s’approcha, un sourire aux lèvres. Sa plus jeune sœur la remarqua rapidement. Alors, sa mine s’éclaira quelque peu, bien que son regard semblait toujours jeter des éclairs en direction de l’homme qui ne semblait plus lui accorder d’attention.

« Que fais-tu ici, Rhaelys ? Tu ne devrais pas être avec tes précepteurs ? s’enquit Saerelys, frictionnant ses mains gantées entre elles.
- J’ai terminé à l’instant ! Ils sont avec Mère maintenant et ils parlent avec elle. répondit l’enfant, avec un léger haussement d’épaules. Pourquoi je ne peux pas entrer ? continua-t-elle, sur un ton qui s’était fait bien plus attristé tout d’un coup.
- Tu le peux petite dragonne, tu le peux. assura la jeune femme, en lui faisait signe d’approcher. Ne tiens pas rigueur à Taegon. Il ne fait que suivre mes ordres et ne s’attendait pas à te voir ici. »

Adressant un dernier regard à Taegon, Rhaelys finit par courir se réfugier derrière sa sœur, comme pour rappeler au garde qu’elle était dans son bon droit. Saerelys contint à grande peine un rire avant de prendre sa sœur par la main, l’emmenant avec elle. Rhaelys en profita pour l’observer de bas en haut, intriguée par cette tenue qui était la sienne. Il fallait dire que l’enfant était d’avantage habituée à voir son aînée vêtue avec élégance, qu’avec ce lourd tablier et ces épais gants de cuir. N’avait-elle pas chaud avec tout cela sur le dos ?

« Que faisais-tu Sae ? s’enquit l’enfant. Tu ressembles aux forgerons qui viennent parfois discuter avec Galreon !
- Leurs tenues sont fort pratiques pour ne point se salir. commenta doucement son aînée, tout sourire. Pour répondre à ta première question, je profitai d’un peu de temps libre pour entretenir cet endroit. Il y a des choses qu’il est bon de faire par soi-même, et celle-ci en fait partie ! »

Rhaelys ne semblait que peu convaincue par ce fait, au vu de la moue qu’elle affichait à la place de son précédent sourire. Alors, Saerelys la prit par la main, l’entraînant doucement jusqu’au parterre. Indiquant à sa sœur de rester derrière la bordure, la jeune femme s’en retourna à sa planche, reprenant par la même occasion le dernier paquet qui lui restait à ensevelir. S’il n’avait s’agit que de graines comme les autres, si tout est qu’on puisse parler de graines dans ce cas, la novice n’aurait pas hésité à faire participer sa cadette. Il n’était jamais trop tôt pour apprendre une certaine forme d’humilité.

« Vois-tu Rhaelys, cet endroit est désormais ma tanière. reprit la jeune femme, une pointe d’amusement dans la voix. Une tanière que j’aimerai avoir à mon image, bien que je suis certaine qu’elle vous plaira également, à Mère, Aelys, Gaelor et toi. Il faudra une pointe de Magie et beaucoup de temps, c’est un fait. Mais le jeu en vaudra la chandelle. »

Après avoir prononcé ces quelques mots, Saerelys porta le dernier paquet à ses lèvres, prononçant cette même formule que précédemment. Ceci fait, la jeune femme le déposa dans la terre, le recouvrant précautionneusement. Puis, la novice se releva, récupérant la planche par la suite. Que le temps fasse son œuvre à présent, de même que les Dieux. Alors, il ne lui resterait plus qu’à ajouter une dernière touche de Magie pour que son œuvre puisse réellement voir le jour.



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Il faut cultiver notre jardin.

Palais Riahenor & An 1065, mois 10.

Cela faisait maintenant deux mois. Deux mois pendant lesquels Saerelys avait veillé sur cet atrium. Deux mois pendant lesquels elle avait prit le soin d’arroser ces plantes quand la chaleur valyrienne se faisait trop forte pour elles. Deux mois qu’elle attendait un signe de vie de ces pousses, de ces bulbes qu’elle avait enseveli. Qu’elle avait nourri de la manière la plus opportune, qu’elle avait couvert lorsque le soleil se faisait trop fort. Un dernier acte qui serait bientôt inutile, la saison froide approchant. Seule une partie du parterre était encore ombragée, pour les besoins des plantes se trouvant dessous.

Et pourtant, les résultats n’étaient en rien concluants. Sans doute l’étaient-ils aux yeux des Dieux. Car il était vrai que ces diverses plantes suivaient le cycle de vie qui était le leur. Sous le petit auvent, des pousses ne se montreraient pas avant le retour des beaux jours, si tout se passait pour le mieux. Comment savoir si elles sortiraient réellement de terre ? Saerelys poussa un soupir. Seuls les Dieux pouvaient le savoir. Si la jeune femme savait sa Magie puissante, elle n’en usait qu’avec parcimonie et pour des sorts de faible importance la plupart du temps, il est vrai. Et s’il était dans ses plans d’aider la Nature à nouveau, il n’était en rien prévu de le faire dès à présent. Son objectif était de profiter de la pousse naturelle des plantes et non pas de la forcer pour épuiser ses propres forces…  

Assise non loin d’elle, devant un pilier, Rhaelys ne semblait pas lui prêter attention. Armée d’un pinceau et recouverte d’un tablier qu’elle avait emprunté à son autre sœur alors que cette dernière avait le dos tourné, la petite traçait ce qui ressemblait, de loin tout du moins, à un dragon. La langue retenue entre ses dents, la petite prêtait la plus grande des attentions à son œuvre, toute enfantine puisse-t-elle être. Saerelys avait consentit à ensorceler pour une heure ou deux la surface du pilier, lui permettant de s’y amuser comme bon lui semblait sans pour autant tâcher durablement l’enduit peint qui le recouvrait. Ce dernier resterait donc intact après son passage, comme si son œuvre n’avait jamais existé. Mais l’enfant ne voyait pas cela comme un inconvénient. Au contraire ! Cela lui permettrait de dessiner autre chose la prochaine fois, si son aînée était disposée à renouveler l’expérience !

A cette vue, Saerelys retrouva le sourire. Rhaelys sembla ressentir son regard sur elle. Bien que gardant le pinceau en main, la petite fille se tourna vers son aînée, affichant le plus grand des sourires dont elle était capable. Déposant le pinceau dans un petit plateau de bois qui se trouvait juste à côté d’elle, l’enfant se leva, prenant garde à ne pas s’emmêler les pieds dans le tablier qu’elle portait. Alors, Saerelys tapota la bordure de marbre sur laquelle elle s’était installée, invitant ainsi Rhaelys à faire de même. Durant quelques instants, la plus jeune de ses sœurs ne prononça pas le moindre mot, observant ce carré de terre qui semblait être au centre des pensées de son aînée. Il y avait là quelques fines tiges verdâtres ainsi que ce qui ressemblait à des touffes d’herbe de la même couleur. C’était là tout, et la petite devait avouer qu’elle avait du mal à y percevoir cette même Magie qui lui avait permis de dessiner comme elle le désirait sur le pilier…

« Tu es triste, Sae ? s’enquit la petite fille, craignait quelque peu la réponse de son aînée.
- Pourquoi penses-tu cela, petite dragonne ? l’interrogea l’intéressée, étonnée par de tels propos.
- Tu regardes ces tiges depuis tout à l’heure… argua l’enfant. Quelque chose ne va pas ? Je peux t’aider ?
- Voilà une proposition des plus appréciables, petite dragonne, bien que je sois dans l’obligation de la refuser. avoua Saerelys, un fin sourire aux lèvres. Les choses ne sont pas aussi rapides que ce que j’avais pu imaginer, voilà tout. Mis à part cela, tout semble se dérouler pour le mieux.
- Tout vient à point qui sait attendre ! s’exclama l’enfant, visiblement sûre d’elle. C’est ce que Mère dit toujours !
- Oh, Rhaelys... »

Saerelys se laissa aller à un rire. Un rire des plus doux. Attirant sa petite sœur contre elle, la novice lui frôla le nez du bout de son index, faisant rire l’enfant. Rhaelys avait raison. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, après tout. Les livres étaient formels à ce sujet. Brusquer la Nature de trop n’était pas une bonne chose et ces quelques tiges étaient le signe que son expérience fonctionnait au moins en partie. Il fallait que le temps fasse son œuvre. La sienne était terminée pour le moment. D’ici quelques mois, les choses se préciseraient sans doute.

Et là, sans doute lui faudrait-il un soupçon de Magie pour continuer de cultiver son jardin.



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