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Le vin est l'aveu de l'amour des dieux
ft. Saerelys Riahenor





Que la belle Syrax bénisse cette soirée ! cria Jaekar en levant haut son calice rempli du précieux sang de son quotidien. Son appel fut repris par les invités et il but à longues gorgées le vin qui déborda, tâchant son menton. Avec un éclat de rire élégant, le jeune homme bondit de la table en s'essuyant de la manche de sa toge. Se rattrapant sur l'épaule de l'un de ses compagnons de beuverie, Jaekar lécha ses lèvres et ferma les yeux une seconde. Le goût épicée et mielleux de ce terroir de la Rhoyne valait bien de vivre intensément. Le doux éclat des rires de ses convives vint honorer son oreille ainsi que le bruit des verres qui trinquaient encore et encore. L'essence même de la Beauté ouvrait légèrement sa toge au jeune homme dans ces moments pour un aperçu aussi excitant que frustrant.

Ramené au moment présent par l'odeur des porcs grillés sur d'immenses broches, Jaekar s'étira tel un chat et jeta un nouveau regard satisfait autour de lui. La demeure de son père, au cœur du quartier marchand, accueillaient plus de cent convives de tout bord. Les galeries de l'atrium débordaient de vivres, boissons et quelques musiciens et artistes. Quelques courageux s'étaient déjà aventurés dans les jardins au-delà des murs protecteurs de la ville et des habitués pataugeaient dans la fontaine au centre de la cour intérieure. Passant son bras autour de l'épaule de son ami Oranys, le plus jeune fils d'un allié de son père, Jaekar montra l'espace autour de lui d'un grand geste de la main, éclaboussant quelques passants de vin.

Nul ne saura dire que les Qoherys ne savent pas recevoir ! N'est-ce pas mon ami ? lâcha le jeune homme avec un grand éclat de rire. Non, il était certain que personne n'oserait répandre son venin sur l'hospitalité de Valerion ou de son fils. Jaekar ne voyait pas seulement la beauté dans ces fêtes et les bals qu'il donnait. C'était une façon pour lui de montrer sa véritable nature. Les réticences de son sang Andal étaient vite oubliées alors que le vin et les liqueurs coulaient. Sa bâtardise n'était guère plus qu'un vague souvenir lorsqu'il prenait la parole pour faire battre les tambours plus vite ou qu'une blanche cuisse disparaissait derrière les riches rideaux qui menaient à sa chambre privée. Les plaisirs du la chère et de la chair n'étaient pas l'unique objectif de ces soirées. C'était également l'occasion de regrouper son cercle.

Jaekar serra sa main sur l'épaule de son ami et, le regard éclairci, il hocha la tête. Oranys lui répondit de la même façon et les deux jeunes hommes se séparèrent. Passant à travers la foule, Jaekar lança un regard discret à quelques autres personnes, qui discrètement emboîtèrent son pas. Il ne fallut que quelques minutes pour que la plupart ne se retrouvent à l'entrée de son salon personnel. La pièce, privée et discrète, s'ouvrait sur les jardins en contrebas. Quelques éclats de voix leur parvenaient mais nul n'aurait pu deviner la présence de la dizaine de jeunes gens qui s'y regroupaient. Certains étaient des officiers militaires, la plupart des marchands ou des héritiers, deux étaient des mages.

Jaekar les accueillit avec un grand sourire, étalant ses dents blanches comme il avait étalé ses richesses à la fête. Le Cercle, comme il les appelait, était le cœur de son réseau. Certains étaient des amis, d'autres des soutiens et enfin quelques outils. Chacun avait pour autant une valeur spéciale dans son esprit.  Intégrer cette compagnie, c'était compter pour Jaekar. Apercevant Maerion Tergaryon, le jeune homme poussa un rugissement de plaisir et vint prendre dans ses bras le jeune Mage. Les soirées en dehors de l'Académie se comptaient sur les doigts de la main pour Maerion, et plus rares étaient celles en compagnie de Jaekar. Ce dernier lui donna une claque amicale dans le dos avant d'apercevoir une silhouette suivre son ami dans la pièce. Reconnaissant les formes sensuelles d'une femme, il adressa un regard perplexe autour de lui.

Maerion, cela me fait plaisir de te voir ! Mais qui me ramènes tu donc ? Est-ce que ton amie est prête à entendre nos voix et nos plaisirs ? Qui es tu ma mie ?

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Le vin est l’aveu de l’amour des dieux.Jaekar Veltheon et Saerelys Riahenor.

Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

Cette soirée aurait pu être une soirée comme les autres. Une soirée que Saerelys aurait passé en compagnie des siens, blottie contre Aedar, ou chevauchant Vaerla en sa compagnie, appréciant le spectacle du soleil couchant sur Valyria. Peut-être aurait-elle aperçue Aelys tentant de croquer le portrait de Gaelor, le rabrouant quand ce dernier bougeait de trop à son goût ? Rhaelys serait peut-être venue lui réclamer une histoire, une étreinte ou un baiser sur le crâne avant que Mère ou Grand-Mère ne la force à aller dormir ? A moins qu’elle n’eut passé la soirée avec ses parents, dans ce bureau qui était rapidement redevenu celui de Père. Alors auraient-ils passé une partie de la nuit à parler de Magie, de ce mariage qui commençait à se faire attendre, et de bien des choses encore sans doute. Puis, la novice aurait pu aller se coucher, non sans s’être enquit de l’état de ses cousins et ses cousines qui seraient venus à sa rencontre.

Une soirée fort banale en sorte. Saerelys n’avait pu qu’apprécier ce tourbillon de réjouissances qui avait ébranlé le tout Valyria, lors du Triomphe. D’autres fêtes avaient ensuite suivi, bien qu’elles soient bien moins fastueuses. Si toute jeune femme de la noblesse aurait pu apprécier le fait de découcher plusieurs fois à la semaine, la novice était issue d’un autre moule. Celui des études qui commençaient parfois bien avant l’aube et qui se poursuivaient jusqu’aux heures les plus sombres de la nuit selon les besoins. Aussi ne pouvait-elle point se permettre un tel mode de vie.

Mais ce soir, tout était différent.

Contrairement à ses habitudes, Saerelys avait emporté avec elle l’une de ces tenues qu’elle ne pouvait point réserver à l’étude de la Magie. Elle l’avait dissimulée dans ces malles qui contenaient ses autres effets. Parmi eux se trouvaient par ailleurs quelques parures et ces effluves coûteuses qui rendaient plus charmantes encore les personnes qui pouvaient en user. Rien qui n’aurait eu grand sens à se trouver dans l’enceinte du Collège, dans les faits. Et pourtant, c’était élégamment vêtue que la jeune femme avait quitté ce lieu chargé de savoir qui avait abrité plusieurs années de sa vie. Si elle n’était en rien en infraction de part le Cercle qui était le sien, Saerelys ne pouvait pas s’empêcher de songer qu’il lui semblait fort étrange d’agir de la sorte. Fort heureusement, la nuit était claire. Aussi, n’aurait elle point besoin de sa Magie pour voir où elle mettrait les pieds.

Tout de mauve vêtue, sa robe arborant quelques discrets motifs rappelant des dragons et des oiseaux en vol, la jeune femme avait recouvert ses épaules d’une fine étole, couvrant ainsi ses bras nus. Parures et bijoux d’argent ornaient sa chevelure, son cou et ses poignets, bien que le plus impressionnant d’entre eux se trouvait entortillé entre ses mèches bouclées, laissées libres. La jeune femme avançait, rendue involontairement plus altière qu’à l’accoutumée. Il fallait bien agir ainsi pour éviter à ce filet d’argent qui paraît ses cheveux de s’emmêler d’une bien mauvaise manière. Cela n’empêchait pas Saerelys de jeter de temps à autre un regard en direction de la personne qui marchait à ses côtés et dont elle tenait le bras.

Maerion était tout guilleret quant à sa présence. Il parlait et riait volontiers, lui contant à nouveau ces événements qui s’étaient produits lors de la dernière soirée à laquelle il s’était rendu. La descendante de Riahenys l’écoutait, silencieuse, presque religieusement, hochant la tête de temps à autre pour signifier son accord. Ce récit, elle le connaissait déjà par cœur. Mais Maerion semblait ressentir une telle joie à l’idée de conter encore et encore ces histoires que l’autre novice le laissait volontiers faire. Si seulement elle ne pouvait pas feindre l’enchantement. Si seulement elle pouvait se réjouir de cette soirée qui s’annonçait. Hélas, elle n’avait l’impression que de se jeter dans la gueule d’un dragon. Une telle créature aurait au moins la décence de ne pas la dévorer. Ce n’était pas le cas de cet hôte chez qui Maerion la pressait de se rendre.

Jaekar Veltheon. Un jeune homme d’une grande intelligence disait-on. Un jeune homme doté d’un grand sens de la fête également. Dans ce dernier cas, il  n’y avait rien de bien étonnant pour tous ceux qui se targuaient de vivre à Valyria. On le disait intéressé par la Magie également. Au vu de tout cela, Saerelys ne comprenait que trop bien pourquoi les Dieux faisaient en sorte que leurs chemins se croisent. Hélas, il s’agissait d’un chemin couvert d’épines. Car Jaekar avait saisi entre ces serres l’une de ces personnes que Saerelys considérait comme ses amies. Maerion ne se rendait pas compte de son inquiétude, ou de celle de ses sœurs. Alors, la jeune femme l’accompagnait, souriant comme elle le pouvait.

Sans doute ne se rendrait-il jamais compte qu’elle veillait sur lui. D’une certaine manière, Saerelys l’espérait. Il s’agissait pourtant là de son rôle. Elaena n’était point présente pour pouvoir le jouer au Collège. Alors, la novice prenait sa place, s’assurant de l’usage raisonné que Maerion faisait de la Magie, s’assurant de son bien-être. Aussi ne pouvait-elle qu’être inquiète pour ce jeu auquel elle s’était mêlée ce soir-là. Un jeu qu’elle avait préparé savamment qui plus est. Le jeune Tergaryon lui avait fait part de l’intérêt de Jaekar pour la Magie et du ravissement que de telles prestations pouvaient provoquer chez lui.

En tant qu’invitée impromptue, la jeune femme s’était donc vue proposée de préparer quelques arcanes de sa composition. Instinctivement, Saerelys frôla du bout des doigts de sa main gauche les breloques qu’elle portait au poignet droit. De loin, rien ne semblait les différencier de ces bracelets qui semblaient réunir quelques écailles de dragon. Rien n’était plus faux cependant. En effet, la jeune femme avait fait en sorte de les graver sur leur face intérieure, pour s’assurer d’avoir toujours quelques runes sur elle. Si cela ne représentait pas grand-chose, leur présence restait rassurante, dans les faits.

Cette intrigante soirée se déroulait à l’abri des regards. Bien que de nombreuses personnes étaient présentes, Saerelys s’étonna même d’en reconnaître certaines d’entre elles, Maerion ne semblait pas souhaiter s’arrêter dans les pièces principales. Au lieu de cela, la tenant toujours par le bras, il l’entraîna  plus loin, à l’abri des regards. Ce n’est qu’à cet instant que la jeune femme remarqua une autre pièce, plus petite, cachée aux yeux du commun des mortels pour ainsi dire. Une dizaine de personnes se trouvaient là, conversant entre elles. Toutes semblaient avoir été réunies par ce jeune homme aux cheveux sombres. Il n’était pas mal aisé de se rendre compte qu’il s’agissait-là de l’hôte de ces lieux. La novice ne fit pas un pas de plus cependant, Maerion lui ayant fait signe de rester quelques pas derrière lui, alors qu’il allait à la rencontre du Veltheon.

Alors, Saerelys attendit, affichant un sourire de circonstances. Un sourire affable, aimable, avenant même. Bien qu’élevée au Collège, la jeune femme n’en restait pas moins une Riahenor et savait se tenir en de telles occasions. Toujours est-il que l’instigateur de cette soirée ne se rendit pas immédiatement compte de sa présence, saluant Maerion avec force de marques et de remarques amicales. La jeune femme laissa le feu envahir ses veines. Avec les années, cela devenait presque un automatisme. Un automatisme savamment contrôlé, ce qui n’était pas le cas durant ses jeunes années où les plus fortes émotions pouvaient lui causer de pareilles réactions.

« Ōrbar, rȳbagon naejot nyke.  Kostagon aōha qogron arlinnon se lilagon naejot ñuha elēni.  Kostagon ñuha udra maghagon ao naejot ābrar. » murmura la jeune femme, du bout des lèvres.

Levant légèrement sa main droite, Saerelys attira à elle les fumées et les effluves des alentours. Cela ne serait cependant pas suffisant. Alors, la jeune femme se laissa aller à sa Magie quelques instants, créant de son propre chef la fumée qui pouvait lui manquer. Le jeu en valait-il la chandelle ? Elle avait promis à Maerion un sort digne de ce nom. Un sort qu’elle avait perfectionné par elle-même, qu’elle avait embelli de ses découvertes et des propres dons. Toujours est-il qu’il n’avait fallu que quelques instants à Saerelys pour obtenir une sphère de fumée de taille moyenne, qui tenait entre ses deux mains.

A cette vision, la jeune femme esquissa un sourire, murmurant à nouveau quelques mots. Alors, la sphère se distordit, sembla danser sur elle-même, s’étira en tous sens. D’un mouvement vif d’un bras, Saerelys envoya le filament dans les airs. Celui-ci tournoya sur lui-même un instant, prenant l’apparence désirée. Un dragon néphélien se trouvait désormais là, battant de ses ailes des plus silencieuses. Tandis que le dragon factice voletait, faisant le tour de la pièce, frôlant la tête de certains invités avant de reprendre sa course, virevoltant dans les airs, se perdant dans les chevelures de certains avant de reparaître, Saerelys s’avança. Adressant un sourire en direction de Maerion, la novice leva finalement l’une de ses mains, intimant au dragon de s’y poser de quelques mots. Une fois que la petite créature vaporeuse lui eut obéit, enserrant sa queue autour de son poignet et repliant ses ailes, la novice le fit disparaître, le faisait redevenir fumée.

« Mon identité sonnera sans doute étonnamment à tes oreilles. commença Saerelys, tout sourire, alors que la fumée finissait de se dissiper. Pour Maerion, je suis une amie. Une novice plus âgée qui remarqua son arrivée alors qu’elle était elle-même présente depuis bien plus longtemps. Le regard de la jeune femme passa de Maerion à Jaekar. Pour toi et tes invités, je serais sans doute d’avantage connue sous le nom de Saerelys Riahenor, fille aînée du Sénateur Maegon Riahenor et de sa bienheureuse sœur-épouse Vaelya Riahenor et Novice du Troisième Cercle au plaisir des Dieux et des Déesses qui bénirent ces terres. »

Esquissant une légère révérence, Saerelys redressa bien rapidement la tête, remettant en place son étole sur ses bras nus. La jeune femme ne pouvait qu’avoir conscience de l’importance de son sang. Un sang qui commençait à refroidir, à présent que son œuvre était achevée. D’un gracieux mouvement de main, la novice écarta un filament de fumée qui ne semblait guère décidé à s’évaporer aussi rapidement que ses comparses. Avec un doux rire, la novice demanda à alors, d’un ton chaud :

« J’espère que ce tour fut à votre convenance ! Le feu est sans doute l’un des plus beaux éléments qui soient. Vous conviendrez cependant tous du fait qu’en intérieur, il vaut mieux ne point en user. Cela serait fort dommage au vu de la minutie avec laquelle ces lieux furent agencés et aménagés. La fumée et la brume me semblent être de bons remplaçants en un tel cas. Maerion ne peut que m’avoir prévenue de cet intérêt que tu portes à la Magie, Jaekar. Il m’a donc proposé de venir à ta rencontre, afin de faire montre de mes talents. »

La pyromancie était un art que Saerelys ne pouvait qu’apprécier. Elle trouvait cependant un tout autre attrait à la fumée. Plus douce, plus vaporeuse, plus discrète, elle nimbait de mystères ce qu’elle pouvait entourer comme le faisait la brume. Alors, la jeune femme en jouait volontiers, façonnant animaux, envolées de fleurs et de feuilles ou encore d’oiseaux selon son bon vouloir. Si la novice ne pouvait se vanter d’avoir conçu cette branche de la Magie, la faire évoluer d’avantage encore était de l’ordre du possible. Mais ces pensées que bien des Mages pouvaient partager n’avaient pas leur place ici. Car si la jeune femme pouvait divertir bien des âmes, elle en apprendrait bien plus sur cet étrange monde qui semblait déambuler en ces lieux que la raison avancée de sa présence laissait entendre.




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Le vin est l'aveu de l'amour des dieux
ft. Saerelys Riahenor



La réponse de la nouvelle venue ne se fit pas attendre. Pour spectaculaire, elle le fut. Les yeux de Jaekar brillèrent lorsqu'il ressentit cette sensation typique, cette douce chaleur qui hérissait ses poils alors que les mots de puissance traversaient les lèvres de l'amie de Maerion. Fasciné, tel le serpent sous la flûte du maître danseur, Jaekar observa sans dire un mot. Un sourire enfantin naquit sur ses lèvres alors que la fumée se tordait et dansait sous les doigts de la femme. Il savait que quelque chose de plus grandiose l'attendait encore. La raison d'un tel étalage de beauté et puissance lui était inconnue mais Jaekar appréciait un honneur lorsqu'il lui était fait. Il regarda du coin de l'œil Maerion mais son ami semblait aussi intrigué que lui.

Un soupir d'admiration s'échappa de Jaekar lorsqu'un dragon évanescent s'échappa soudainement des mains de son invitée impromptue. Les yeux écarquillés, le sang impur suivit du regard cette créature mythique et pourtant réelle, qu'il n'avait jamais touché que du regard. Il trouva une certaine beauté de découvrir le reptile faite dans la substance même de ce qui définissait sa fin et la destruction qu'il apportait. La nature macabre et mortelle rappelait qu'elle n'était qu'un souvenir de passage en ce moment même au plus puissant de ces enfants. Arrax et Balerion marchant main dans la main, à jamais. Si Syrax ne brisait pas quelques vasques pour se rappeler à son divin époux évidemment. Ce fut bouche bée que Jaekar observa le vol gracieux de la créature évanescente jusqu'à sa disparition.

Magnifique. fut sa seule remarque d'une voix rauque.

Bien vite, Jaekar redevint lui même et adressa un grand sourire à son invitée. Avec une profonde révérence moqueuse, il se rapprocha d'elle. Son identité se révéla des plus intéressantes. La surprise ne se peignit pas sur le visage de Jaekar mais il fut honoré et troublé par la présence d'une dynaste au sein même de sa maisonnée. Frayer avec la haute noblesse valyrienne était une chose, être vu aux côtés de la fille d'un dynaste réputé pour sa haine des sang impurs et de la République en était une autre. Observant attentivement Saerelys, Jaekar ne perçut aucune ressemblance avec le portrait que l'on avait dépeint de son père. Il finit par accepter sa présence et il passa un bras familier autour ses épaules.

Ah Saerelys ! J'appelle cela savoir en mettre plein les yeux ! Seul le spectacle des véritables dragons savent surpasser un tel tour de magie ! L'illustre nom que tu portes est une autre chose... Je suis honoré d'accueillir au cœur de mon humble villa la fille d'une de nos illustres familles. Comment tu as pu le deviner, je suis Jaekar Veltheon, fils d'une Lumière de Sagesse, guère plus sage qu'une adepte de Meleys et aussi mortel que Balerion un glaive à la main !

Un sourire en coin, Jaekar fit une nouvelle révérence irrévencieuse dont il avait le secret puis fit signe à Maerion et Saerelys de le suivre. La démonstration dont il avait été le témoin valait que son attention soit portée tout au long de la soirée sur les deux Mages. Il les mena jusqu'à l'extrémité de la pièce, face au balcon. Se trouvait bien en ordre quelques coussins et fauteuils, importés d'Andalos, ainsi qu'une desserte chargée de carafes tout autant chargées. Les invitant à prendre place, Jaekar se vautra sur l'un des sièges, ses jambes passées par dessus l'un des accoudoirs et sa toge de travers. Rejetant ses larges bouches en arrière, il découvrit ses dents blanches à l'intention de Saerelys.

Saerelys... Tu es une Mage accomplie, autant que mon doux Maerion à nos côtés. J'ai une question pour toi. Non, deux questions ! Considères-tu la magie comme un art ? Que me dirais-tu si je disais que la magie n'existe pas ?

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Le vin est l’aveu de l’amour des dieux.Jaekar Veltheon et Saerelys Riahenor.

Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

En son for intérieur, Saerelys devait avouer qu’elle était satisfaite de l’effet qu’avait eu sa prestation. On aurait dit que, l’espace de quelques instants, le temps s’était comme arrêté. Tous les regards s’étaient portés sur ce petit dragon qui tenait d’avantage de la fumerolle que de la créature d’écailles et de feu, suivant ses mouvements, s’amusant au moment où la petite créature les frôlait, dansait et tournoyait autour d’eux. A croire qu’en quelques secondes, certains étaient retombés dans cet enfance que tous et toutes avaient déjà quitté depuis longtemps déjà. La jeune femme se détourna cependant rapidement de ses pensées. Car ici, il n’y avait qu’une personne à convaincre. Jaekar Veltheon. La seule personne qui pouvait la remercier dès à présent et la faire quitter ces lieux si ce spectacle n’avait pas été à son goût.

Les choses tournèrent cependant à son avantage, au vu de la mine qu’affichait le maître de ces lieux. Un grand sourire ornait ses lèvres, comme un rappel de cette première réaction qui avait été la sienne. Magnifique. Le terme était juste et Saerelys ne pouvait que partager une telle observation. Magnifique et dangereuse selon ses envies, selon la situation. Car la Magie était un outil comme un autre. Et un outil ne pouvait pas être qualifié de mauvais par définition. Seule la main le maniant pouvait l’être.

Ou l’esprit se trouvant derrière ladite main.

Saerelys laissa cependant rapidement de côté ces conceptions métaphysiques. Elle était là pour observer, pour apprendre comme elle en avait l’habitude. Et pour cela, il fallait qu’elle se fonde dans la masse, dans cette jeunesse valyrienne qui prenait plaisir à festoyer encore et encore, à danser ou encore à échanger quelques bons mots. Un jeu auquel elle pouvait bien se prêter et qui finirait sans doute par l’amuser pleinement. La jeune femme conserva alors son sourire, laissant même échapper un petit rire empreint de surprise lorsque Jaekar entoura d’un bras ses épaules. De telles familiarités étaient sans doute mal vues dans bien d’autres contrées. A Valyria, si femmes et hommes n’étaient pas égaux en tous points, de tels gestes n’avaient rien d’étonnants. Comment s’en offusquer ? N’était-ce pas une preuve de plus que sa brumeuse prestation avait été appréciée ?

« Je suis flattée et heureuse que mes humbles travaux aient été à ton goût et à ceux de tes autres invités. Remercie en cela Maerion. commença la jeune femme, sur un ton avenant, indiquant d’un léger mouvement de main l’autre novice. C’est lui qui m’a arrachée à mes livres et mes grimoires pour la soirée et qui m’a soufflé le fait que tu étais un grand amateur d’arts magiques. La jeune femme étouffa un rire, portant sa main au niveau de sa bouche sans pour autant masquer cette dernière complètement. Pour le reste, tu ne fais que confirmer ce que je pensais déjà. Notre ami commun n’a pas manqué de me parler de toi. »

Et de fait, elle se devait de s’assurer par elle-même de la véracité de ces propos. Le tout en évitant l’écueil de passer pour une trouble-fête. Car en ces lieux, il y avait bien quelques têtes qui lui étaient connues et qui ne tarderaient pas à la reconnaître en retour. Si cela n’était pas déjà fait. Si Saerelys avait passé de nombreuses années à l’ombre du Collège, son apparence commençait à être connue. Quant à son nom et son prénom, la question ne se posait même pas. La jeune femme se contenta d’un sourire qu’elle voulait malicieux en voyant Jaekar s’incliner devant elle.

Suite à cela, elle emboîta le pas de Maerion, faisant cliqueter la parure d’argent qui se mêlait à sa chevelure. Jaekar les mena non loin d’un balcon, les invitant à prendre place sur les quelques sièges qui avaient été agencés là avec un goût certain. Saerelys s’installa sur l’un d’entre eux, resserrant légèrement son étole au niveau de ses épaules afin de ne pas avoir à se soucier de la voir glisser sur ses bras au cours de la discussion qui s’annonçait. Une discussion qui s’annonçait et qui ne tarda pas à débuter.

« Voilà des questions que tu pourrais poser à tous les Mages, Jaekar. commença Saerelys, avec comme une étincelle dans le regard. Permets-moi d’y répondre par une question, avant de te donner une réponse qui, je l’espère, tu sembleras convaincante. La jeune femme se tut quelques instants, aussi bien pour rassembler ses pensées que pour ménager son effet. A ta première question, il existe, selon moi, deux réponses possibles. Laquelle préféreras-tu au final ? Celle du savant ou celle du poète ? Le savant te dira que l’art n’existe pas. Qu’il n’est qu’une convention, un ensemble de techniques que les Hommes ont entremêlé d’une bien étrange façon, qu’il est par ailleurs inutile par définition. De ce fait, la Magie deviendrait une chose qui, pour ainsi dire, n’existerait pas car inutile, comme tu le sous-entend dans ta deuxième proposition. »

La jeune femme avait fermé les yeux à la fin de sa tirade. Le savant rechercherait toujours une explication rationnelle, logique, à tous les événements. Le poète, moins terre-à-terre, s’émerveillerait de la Magie, de tout ce qu’elle permettait bien qu’elle soit le plus souvent incompréhensible. En cela, Saerelys se considérait d’avantage comme poétesse que savante. Si la Science-Magie existait, il n’en restait pas moins qu’il fallait activer ces mécanismes, ces runes tracées dans le sable ou l’argile. Il fallait parfois donner un petit coup de pouce à ces mixtures qui donnaient par la suite des baumes et des soins efficaces. Le savant pouvait-il donner des réponses à ces questions ? A certaines d’entre elles, sans doute. Mais pas à toutes.

« Quant au poète, il te dira que la Magie est l’art de sublimer le réel, de le modifier, de le modeler à notre image. reprit la Saerelys, posant à nouveau son regard améthyste sur Jaekar. De rendre la vie plus belle, plus simple également. Que pour lui, la Magie n’est pas un art mais plusieurs. Que si son coût est des plus impressionnants, le jeu peut en valoir la chandelle. Qu’elle permet à tous et à toutes de rêver, de toucher du bout des doigts une parcelle minuscule de l’énergie que nos Dieux et nos Déesses nous ont offert pour nous permettre de mener à  bien leurs volontés. En cela, la Magie serait un art et tous les Mages, des artistes de talent. Une perspective des plus intéressantes, si tu veux mon avis. »

Du bout de son index, Saerelys frôla la pointe de son menton. Et si la Magie n’existait pas. Voilà un fait des plus… troublants. Il y avait fort à parier qu’à une époque reculée, la simple manière dont le corps pouvait se soigner par lui-même de blessures mineures avait pu être qualifié de Magie. A l’heure actuelle, les Mages et une partie du reste des Mortels savaient qu’il s’agissait-là simplement d’une réaction du sang qui menait à son durcissement dans la plaie le temps de la guérison. Aussi n’y avait-il rien de magique dans ce processus, juste une action naturelle. Mais que dire du reste ? De ces choses difficilement explicables, même avec toute l’imagination du monde ?

« La Magie pourrait très bien ne pas exister, ou plutôt ne se limiter qu’à quelques aspects bien précis de ces domaines qui nous sont enseignés au Collège. Le savant pourrait arguer que les personnes destinées à devenir Mages ont comme une glande dans leur corps qui secréterait une bile particulière, comme cela se passe pour le sang, et que cette bile entre en réaction avec d’autres éléments pour faire naître des flammes au creux de nos mains, ou pour nous permettre d’enclencher un processus de guérison chez autrui. Ou alors, il pourrait dire que certains aspects de ce monde nous sont encore trop peu connus pour savoir s’il s’agit-là de Magie ou juste d’un phénomène encore incompréhensible. Saerelys se tut à nouveau, laissant ses doigts tapoter sur l’un des bracelets qu’elle portait. La question serait tout autre, dans ce cas. Cela te semblerait-il concevable que la Magie puisse être expliquée aussi simplement ? Penses-tu que ce dragon que tu as vu naître entre mes mains ne puisse être qu’un simple fait savant ? »

La balle était désormais dans le camp de Jaekar. Si Saerelys pouvait aisément accepter que la Magie était une science pour certains aspects, un savant pourrait-il expliquer pourquoi son sang se chargeait d’un feu plus ou moins intense lorsqu’elle faisait l’usage de ses dons ? Pourrait-il expliquer pourquoi les enfants de noble sang sortent indemnes des flammes lors de leur Épreuve du Feu ? Pourrait-il expliquer ces auras qu’elle percevait par moments, différentes selon les personnes, selon les situations ? Leurs Divinités avaient béni Valyria, permettant à une poignée de familles élues de dompter leurs si précieux dragons. Pourquoi ne pas voir en la Magie une autre forme de bénédiction ? Une bénédiction qui pouvait devenir une réelle malédiction selon les cas, hélas, mais qui restait une bénédiction au commencement.




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Le vin est l'aveu de l'amour des dieux
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Jaekar écouta attentivement les paroles de Saerelys. Cultivée et intéressante, la Mage excitait ses sens. Sa grande beauté y jouait pour beaucoup mais les jeux de l'esprit étaient le véritable intérêt du jeune homme. L'héritier s'étira longuement sur son siège et prit une pose régalienne. Tel un lion lézardant sur son roc, il regarda avec intérêt Saerelys. Il avait pu observer son inquiétant père de loin, Maegon. L'homme semblait presque toujours écoeuré parce qu'il voyait, comme si Valyria ne méritait pas intérêt. C'était tout l'inverse de Jaekar. Il désirait la ville autant qu'elle le désirait. Fort heureusement, Saerelys n'était pas du même bois que son père, le vieux chêne, rigide et sec. Elle était plutôt une branche de sorbier, souple mais solide. Utile. Jaekar apprécitait déjà la tournure de la conversation qui pourtant débutait à peine.

Avec un grand rire, qui dévoila ses dents blanches et rejeta sa crinière noire en ailleurs, l'hôte de la soirée but une longue gorgée de vin. Levant la coupe à la santé de son invité, il secoua la tête d'un air de dépit. Il ne pouvait pas assumer avoir une vérité absolue mais il savait que sa parole serait différente de celle de Saerelys. Ses origines l'obligeaient à le penser différemment. Pourquoi, lui un bâtard au sang tâché par celui de sa mère, aurait il des sensibilités à la Magie ? Simplement parce qu'elle n'existait pas. Tout du moins n'était elle qu'un art à maîtriser, bien qu'il soit parmi les plus difficiles à appréhender.

Ah ! Puissante fille de dynaste, tes mots me remplissent à la fois de joie et d'effroi. De joie car tu n'es pas une de ces vieilles Mages rabougris qui n'ont jamais connues le dragon. D'effroi car je crains, douce créature de Vermax, devoir opposer mon esprit au tien. Tout d'abord, permets moi de revenir vers l'art. Qu'est ce que l'art ? L'esthétique correspond au domaine de science du beau ou plutôt la critique du goût à mes yeux. Chaque peuple, chaque individu aura sa propre vision de ce qui est magnifique. A mes yeux, tu l'es et je prierai cent jours Meleys pour goûter à tes lèvres alors que des Dothraki te prendrait comme une jument, sans commentaire sur ton physique. Se redressant, Jaekar s'éclaircit la voix avant de reprendre : On sépare souvent voir et savoir alors que rien n’est plus admirable que leur coïncidence. Science et art sont deux facettes d'une seule et unique chose : la beauté. Beaucoup répondront sans doute que la perception intuitive du beau est incomplète sans le savoir, et que sans le savoir on peut appréhender une chose dans sa totalité. La beauté est empirique et subjective. Certains diront qu'elle aliénée par la surproduction. La magie l'est elle vraiment ?

Soudainement debout, Jaekar montra les quelques fresques peintes sur le mur. Considère la Magie et rapportes là à l'œuvre des artisans. L'artisan est souvent considéré soit comme un faiseur soit comme un auteur. C’est souvent la distinction faite entre art et artisanat. Les bons citoyens de Valyria aiment critiquer les produits de consommation parce qu’ils font appel à un public préexistant pour répondre à leurs besoins, tandis que l’art et les objets dit d’exception créent leur propre public à travers le pouvoir unique de la sensibilité créative et personnel de l’artiste. Le jeune homme se tut, laissant ses mots imprégner l'esprit de ses convives. L'auteur crée une véritable émulation et un renouveau alors qu’un faiseur suit simplement les codes de son corps de métier. Cela est faux. Au contraire, la répétition - et parfois la distorsion - de ces codes ne sont pas un problème. Il ne faut pas considérer l’art prenant sa seule source dans l’originalité. Si un potier fabrique deux cent fois un vase quasi-identique, l’âme insufflée dans son savoir-faire est considérée à l’égal d’un peintre. Regarde l'importance du motif dans notre art. L’artiste peut exister au sein des codes, en insufflant sa sensibilité même au sein des traditions. Cette action aurait même par ailleurs tendance à rafraîchir les codes et éviter de tomber dans des schémas aliénants. La répétition a donc une valeur importante et même intrinsèque à l’esthétique commun de l’homme, de manière inconsciente. L’homme valyrien est donc sensible à un code et peut y trouver une forme d’art. Le motif crée un renforcement du beau. Il est le leitmotiv visuel qui permet de reconnaître la beauté d’une oeuvre. Le but d’une beauté irrégulière est la recherche de l’absence du temps, de l’effacement du bon et du juste pour aboutir à la beauté du « c’est ainsi ». Le Mage qui répète ses sorts, les apprends et les parfaire est à l'image du médecin ou du peintre. Il apprends les règles, les maîtrises puis les brises. C'est dans ce choc que l'art vit.

Essoufflé, Jaekar se rassit avant de vider d'une traite sa lourde coupe. Attrapant la carafe de vin, il tourna un visage rougi par la passion vers Saerelys. Avec un énième sourire charmant, il servit à même le contenant, tâchant son menton de rouge avant de le tendre à Maerion. Le jeune homme but également au goulot, timidement avant de le reposer la carafe. Pendant ce temps, Jaekar avait déjà attrapé trois pommes qu'il avait posé sur ses genoux.Maintenant que nous avons mis au clair, l'art en quoi la Magie n'existe t-elle pas ? Je suis déçu par vos réponses. Tous autour de cette table qui connaissaient le feu de la puissance, vous oubliez une seule et unique chose. L'apprentissage. Regardez. Jaekar commença à jongler avec une des pommes, puis deux avant d'enfin rajouter la troisième. A un moment ou l'autre, il se mit à croquer allégrement dans un fruit au passage. Ce fut la bouche pleine qu'il reprit. Personne ne sait naturellement jongler. Nous l'apprenons tous. Certains y arrivent plus ou moins car c'est dans leur nature. Maerion serait bien incapable de jongler avec plus d'une de ces délicieuses pommes. D'autres deux, ou trois comme moi. Je pourrais continuer à jongler encore et encore jusqu'à que le faire par la force de ma pensée, en vain. Car la Magie n'existe pas. Elle est un don de la Nature, un simple savoir-faire qu'il faut maîtriser, plier à sa volonté. Tout comme l'artisanat - et l'art donc. La Magie n'est pas. Elle est là. Jaekar se pencha vers son hôte et pointa son doigt vers sa poitrine, qu'il devinait opulente, et surtout con coeur. Qu'en penses tu ?

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Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

Tout au long de la première tirade de Jaekar, Saerelys s’était tut. Elle s’était tut comme cela était de rigueur lors de ces débats construits, elle s’était tut comme pour honorer un adversaire redoutable, comme pour honorer un adversaire à sa mesure. Ils n’étaient pas au Sénat, en ces lieux. Si la jeune femme n’avait jamais pu se targuer, ni ne serait-ce espérer, s’y rendre et parler en son nom propre, elle avait gardé des quelques récits qu’elle avait pu entendre l’image d’une réelle foire où les sentiments se mêlaient bien trop souvent aux inspirations de chacun et de chacune. A croire qu’il était impossible de gouverner une Cité, un territoire, leur foyer, autrement que par les cris et les attaques sournoises. Ces Sénateurs et ces Sénatrices tenaient parfois d’avantage de la vipère que du dragon, hélas. Et dire que son pauvre frère devrait se faire à un pareil monde et qu’elle ne pourrait point l’y soutenir directement… Et que dire d’Elaena ? Si Saerelys n’avait aucun doute quant à ses capacités, ce monde devait être bien difficile à apprivoiser…

Retenant un soupir à cette pensée, Saerelys secoua sensiblement la tête, faisant cliqueter la parure qui couvrait sa chevelure. Reportant son attention sur Jaekar, qui s’était lancé dans un autre laïus, la jeune femme le quitta à nouveau des yeux quelques instants alors qu’un serviteur s’adressait à elle. Acceptant la coupe tendue par ce dernier, la novice le remercia d’un hochement de tête. Après avoir levé le petit récipient en direction de Jaekar, selon les usages, la jeune femme trempa ses lèvres dans le breuvage, appréciant son goût parfumé, quoique d’un peu fort en bouche sur la fin. Gardant sa coupe en main, ses doigts tapotant le métal par intermittence, Saerelys poursuivit son écoute. Mieux valait ne pas abuser de trop du vin. La jeune femme ne connaissait que trop bien les effets qu’il pouvait avoir sur les êtres et les esprits. Qui plus est, elle ne souhaitait pas donner le spectacle d’une dynaste ivre. Si Syrax n’y verrait là qu’une offrande, il n’en irait pas de même pour les représentants de la lignée à laquelle elle appartenait.

C’est alors que Jaekar bondit sur ses pieds, se redressant d’un coup d’un seul. A bien des égards, il semblait pris d’une étrange frénésie qu’on remarquait d’avantage chez certains Sang-Purs qui avaient quelque peu abusé de la Magie. A moins que cela ne soit plutôt un effet du vin qu’il avait sans doute ingurgité avant leur arrivée ? Une hypothèse bien plus probable, bien que son discours restait des plus cohérents et des plus intéressants également, il est vrai. Malgré cela, Saerelys observa les fresques qu’indiquait leur hôte. Aelys l’aurait analysée avec plus de finesse qu’elle, cela allait de soi. Sa cadette avait toujours eu une grande sensibilité à l’art et des capacités toutes aussi grandes à ce sujet.

A la fin de sa seconde tirade, Jaekar s’était laissé retomber sur son siège. Si le souffle semblait lui manquer, il le retrouva bien vite après s’être désaltéré, attrapant trois pommes par la même occasion qui reposaient jusque-là dans un autre récipient. La suite des événements ne put que l’étonner, car leur hôte se mit à jongler avec les trois fruits avec la plus grande des aisances. Cela ne l’empêcha pas de pointer du doigt la novice. Cette dernière resta silencieuse encore quelques instants, déposant sa coupe à côté d’elle afin de passer plus aisément une main dans sa chevelure argentée. Dans les faits, il n’y avait pas qu’une question. La jeune femme ne pouvait donc pas se contenter d’une réponse. Encore moins d’une réponse simpliste qui plus est. D’un autre côté, Saerelys ne nourrissait pas pareille idée. Elle avait toujours l’esprit clair et si elle ressentait comme une pointe de fatigue, rien ne l’empêchait de répondre comme son esprit le souhaitait.

« Ce fut là un beau spectacle que tu nous présentas, Jaekar. commença Saerelys, tout sourire, faisant mention à son numéro précédent. Pour ce qui est de mes pensées, je pense que tu te doutes qu’elles sont nombreuses. Fort nombreuses dans les faits. Si j’avais su que pareille discussion m’attendait, sans aucun doute me serais-je d’avantage préparée. La jeune femme se tut, retrouvant son sérieux. Mais trêve de futiles bavardages. Il est bon de trouver d’autres esprits auxquels se confronter. Ton point de vue est des plus intéressants, il est vrai. »

Intéressant mais lié à une condition humaine dénuée de Magie. Car si le Collège prenait de jeunes gens sous son aile, ce n’était pas tant pour leur enseigner la Magie, que pour s’assurer que cet outil prodigieux ne serait pas utilisé à des mauvaises fins. Ou qu’il ne causerait pas de dégâts des plus involontaires. La Magie avait en cela un caractère inné et acquis. Elle était acquise de naissance par certaines personnes, mais se devait d’être surveillée par la Loi des Hommes, par la Loi des Mortels. Les choses étaient ainsi faites. Dès le Premier Cercle, Saerelys avait sentit ce pouvoir en elle. Elle l’avait sentit et aurait pu l’utiliser. Mais Mealys avait été là pour lui rappeler qe ce n’était pas ainsi que les choses devaient se faire. Que si Magie elle devait faire un jour, cela ne pourrait être, dans un premier temps, que sous les regards des autres Mages afin de prévenir toutes les catastrophes. Car les limites de la Magie étaient avant tout naturelles, jouant sur la chair et la santé d’une personne, avant d’être humaines.  

« Mais Maerion ici présent pourra te dire qu’il y a une grande place de l’inné dans la Magie. Nous sommes forgés pour la pratiquer. Nous sommes nés ainsi, et si nous devons nous entraîner, rien ne remplacera ce caractère inné qu’elle peut avoir. Les Mages savent ces choses-là. Nous les ressentons, au plus profond de nous. C’est là la différence fondamentale entre la Magie et le fait de jongler. Tout le monde peut jongler. Tout le monde ne peut pas pratiquer la Magie. Tout le monde peut prendre un pinceau et s’improviser peintre. Tout le monde peut se placer devant un tour et se dire potier. Les résultats ne seront sans doute pas concluants, il est vrai. Saerelys se tut à nouveau, récupérant sa coupe et la portant à ses lèvres. La Magie est là, en effet. Certains y sont sensibles sans pour autant devenir Mages. Mais pour la plier, il te faut cette étincelle de plus, cette étincelle que les Dieux insufflent eux-mêmes à leurs créations lorsqu’elles sont destinées à la Magie. Cette même étincelle, un peu plus faible, qu’ils insufflent aussi aux Prêtres et aux Prêtresses afin que nous puissions leur apprendre à lire dans les flammes. Même si mon frère jumeau, pourtant porteur du même sang que le mien, pourtant né et présenté aux flammes en même temps que moi, ne pourrait faire ce dont je suis capable. C’est là la différence entre l’art, l’artisanat, tes jongleries et la Magie. La jeune femme esquissa un sourire, amusé. Sinon, tout le monde pourrait se dire Mage. Et là, notre si belle Cité ne pourrait que courir à la catastrophe, tu en conviendras. »

Saerelys laissa alors échapper un rire. Un rire doux mais qui trahissait un amusement réel. La jeune femme avait toujours eu un grand respect pour les artisans et pour les artistes. Elle s’émerveillait devant les esquisses produites par sa cadette, par les bustes d’argile qu’elle lui présentait, fébrile d’avoir son avis. Elle s’émerveillait devant les tissages qu’Herya pouvait produire, devant leur douceur, la qualité de leurs finitions. Elle avait volontiers rit et applaudit les saltimbanques qui s’étaient produits devant elle, lors des festivités du Triomphe. Mais tout cela pouvait être appris. Tout cela pouvait être déconstruit, amplifié, magnifié, Jaekar avait amplement raison sur ce sujet. Mais la comparaison avec la Magie s’arrêtait là.

« Pour le reste, je ne peux que te complimenter pour la culture dont tu fais preuve au niveau artistique. avoua Saerelys, plantant ses prunelles mauves dans celles de Jaekar. C’est un plaisir de converser ainsi. »

Cela serait sans doute l’une des seules vérités que Saerelys laisserait échapper au cours de cette soirée. Face aux esprits aiguisés, la méfiance était toujours de mise, plus encore lorsqu’ils pensaient la Magie facilement accessible. Et pourtant, ce compliment était sincère. Les Dieux avaient parfois un bien étrange sens de l’humour, à mettre sur son chemin des personnes d’intérêt mais dont il fallait tout même se mettre en garde. Comme cela pouvait être regrettable.




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Le vin est l'aveu de l'amour des dieux
ft. Saerelys Riahenor

 

Où est la beauté d'une discussion si elle est déjà préparée ? Crois tu que mon discours venait des fruits d'une rhétorique aussi plate que les allocutions d'un Mage au Sénat. Si tant est que vous auriez un siège.

Jaekar éclata de rire et échangea un regard complice avec Maerion. Les deux amis avaient longuement discuté de l'intérêt de voir le Collège accéder au Drīvo Perzo. Leurs avis étaient fortement divergents à ce sujet et nombre de leurs disputes trouvaient leurs racines au cœur de ce désaccord. Le fils de Valerion considérait le Sénat largement écrasé sous le nombre de ses membres et factions. A ses yeux, les Mages ne suivraient que leur propre intérêt, tout à fait mystique et probablement inutile. Le Collège se devait rester au dessus de la politique. De toutes façons, il fricotait bien assez avec le Conseil pour ne pas se fatiguer à envoyer ses membres le représenter.

C'est la réflexion de la passion qui anime mes lèvres et mon cœur qui s'ouvre à toi. Peut être que les Riahenor ont perdu de vue le goût simple de la vie.

Jaekar gonfle ses joues et les vida lorsque Saerelys lui répondit. Ecouter les dogmes du Collège dans la bouche d'une de ses enfants prodigues était un déplaisir évident. Il cherchait en vain à débaucher cette jeunesse au codex enfoncé fermement dans le fondement. Roulant des yeux, Jaekar finit sa large coupe de vin. Les Mages avaient cette tendance à se croire au-dessus de tout. Quelle surprise peignait leurs visages lorsqu'une lame traversait leur ventre et que la vie s'écoulait au même titre que leurs entrailles, étalées par terre.

Dis moi, Saerelys, où étaient les Mages lorsque les enfants de Valyria mourraient sous les murailles de Mantarys ? Où étaient les enfants soit disant préférés des Dieux quand les Seigneurs Dragons menaient la charge à Mhysa Faer ? Où était votre divinité quand ton propre père guidait nos armées aux portes de Meereen ? Nulle part car elle n'existe pas.

Quelques rires moqueurs s'élevèrent des spectateurs tandis que d'autres, vétérans de la guerre, criaient leur approbation des paroles de Jaekar. Ce dernier sourit, le regard brillant. Il savait que les Mages n'appréciaient pas qu'aucun dieu n'honore leurs talents. Guerriers, poètes, potiers... Du plus humble citoyen valyrien jusqu'à ses généraux et ses dirigeants, tous trouvaient leur place sur le Panthéon. Tyraxes et sa protection des talents n'étaient guère plus qu'une facette parmi des milliers d'autres.

N'importe qui peut se prétendre Mage parce que ses poils s'hérissent en ressentant la magie, n'est ce pas ? Tout comme le premier venu peut se mettre devant une tour et se dire potier. Regardez, mes amis, moi Jaekar le demi-Andal je suis un mage !

Se levant dans un geste brouillon, Jaekar leva sa coupe pleine, laissant quelques gouttes tombaient en direction de Saerelys.

Myrka, toi qui est si bon de cette lame fine que tu nous ramènes de Qarth, ne serais-tu pas un tisserand de renom ? Et toi, ma belle Vysenya aux doigts de fée, tu es à ne pas en douter une douce musicienne et non pas cette prêtresse que tout le monde voit.

Les éclats de rire s'élevèrent sur la terrasse alors que Jaekar se rasseyait avec pour toute réponse un clin d'oeil en direction de Saerelys.

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Le vin est l’aveu de l’amour des dieux.Jaekar Veltheon et Saerelys Riahenor.

Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

Par le passé, Saerelys s’était plusieurs fois posée la question quant à une présence magique au Sénat. Les Mages restaient des citoyens à part entière, provenant par ailleurs souvent de lignées prestigieuses. Aussi auraient-ils pu sans aucun doute remplacer certains des leurs au Sénat, le cas échéant. La jeune femme s’était cependant rapidement rendue compte que cela était, en plus d’être inconcevable pour bien des Valyriens et bien des Valyriennes, une chose des plus complexes. Il y avait de ces Mages qui étudiaient la Magie toute leur vie durant. Avaient-ils réellement le temps de se mêler et de se consacrer à la politique ? La réponse était des plus simples. Non. Leurs propres tâches étaient tout aussi importantes et ne pouvaient souffrir d’un quelconque retard.

« Un siège au Sénat ? Saerelys étouffa un rire. Crois-moi Jaekar, nous avons déjà fort à faire. La politique n’a jamais été notre affaire, et pour bien des Mages et des novices, les choses sont mieux ainsi. »

La Magie était codifiée. Sa puissance forçait un tel fait. Ne disait-on pas que certains Mages avaient été capables de faire sortir des montagnes de terre ? Que d’autres avaient pu contrôler les ardeurs d’un volcan ? La Magie était puissante, dangereuse, grisante. C’était pour cette raison même que le Collège avait été crée, afin que tous et toutes puissent apprendre la Magie, la maîtriser et en faire bon usage. Les Dragons étaient une arme en soi. Une arme magnifique. La Magie en était une autre, tout aussi puissante et belle. Une autre des plus étroitement surveillées, au point que tous et toutes savaient que si le Magister avait la main sur l’institution qu’il dirigeait, le Conseil prenait des décisions qu’il se devait d’écouter et de mettre en pratique.

« Les Mages étaient là où le Conseil voulaient qu’ils soient. se contenta de répondre Saerelys. Penses-tu réellement que ces membres lacérés, ces visions obstruées par un œil manquant, ces gorges en partie tranchées se sont soignées par des soins que tout un chacun pourrait réaliser ? Nous étions présents, dans la mesure de ce que le Conseil pensait raisonnable. Nous ne nous sommes pas battus comme nos frères, comme nos sœurs, il est vrai. Notre aide était bien différente, mais elle était présente. Présente et réelle. Quand nos frères et sœurs d’écailles ont quitté Valyria pour Mhysa Faer, nous avons attendu. Nous avons attendus comme les personnes dénuées de Dragons que nous sommes. Nous avons attendu leur retour, préparant nos baumes, nos sorts, notre énergie, afin de soigner ceux et celles qui devraient l’être. Ce que tu sembles reprocher aux Mages, tu pourrais le reprocher aux Prêtres, dans les faits. Car nous ne nous battons pas de la même manière que vous autres, car les flammes ont décidé que notre sort serait différent. La jeune femme se tut quelques instants. Et toi, Jaekar ? As-tu combattu comme mon frère, comme mes cousins ? Comme ces guerriers que je vois autour de nous ? »

Une lueur amusée brillait dans le regard de Saerelys. Si les Mages n’avaient pas de Divinité qui leur était propre, c’était, dans les faits, car chaque type de Magie, chacune de ses parcelles, avait sa propre Déesse, son propre Dieu. Balerion veillait sur les Mages pratiquant la nécromancie, Tessarion sur ceux qui préféraient les flammes ou encore de ceux qui préféraient la Magie de la Guérison. Quant à Tyraxes, elle veillait sur tous ceux, toutes celles, qui s’intéressaient au savoir. Valyria n’avait pas un, mais des Dieux. Pourquoi se contenter d’un seul quand plusieurs pouvaient se pencher sur la Magie, protégeant une partie de ses adeptes en fonction de leurs inspirations ?

« Pourquoi n’avoir qu’un seul Dieu protecteur quand nous pouvons en avoir plusieurs ? rétorqua Saerelys, laissant échapper un léger rire. Pourquoi ne pas accepter l’assistance de Balerion de temps à autre ? Juste parce que Tyraxes veille déjà sur toutes les personnes qui se plaisent dans la contemplation et la compréhension du monde ? N’est-il pas utile d’invoquer Vermithor pour forger ces lames dont nous sommes si fiers ? Ou de faire de même avec Tessarion lorsque nous avons besoin qu’elle prenne en pitié un malade ou un blessé ? La Magie prend en compte bien des choses de ce monde. Elles sont aussi nombreuses que les Divinités qui peuvent nous prendre sous leur protection. »

D’un claquement de doigts, Saerelys fit s’évaporer les quelques gouttes qui avaient été projetées en sa direction. D’un nouveau claquement, la jeune femme fit léviter une petite partie du le vin d’une cruche posée non loin, le faisait finalement couler dans la coupe de Jaekar, qui semblait se vider à vue d’œil. Ceci fait, la jeune femme se renfonça dans son siège, jouant quelques instants avec l’une de ses mèches d’argent.

« Permets-moi de te servir à nouveau. reprit finalement Saerelys, après quelques instants passés dans le silence. Il serait dommage de gaspiller une boisson si coûteuse et parfumée. ajouta la jeune femme, faisait également référence aux quelques tâches et gouttelettes vineuses qui couvraient le sol ici et là, en rapport avec cette capacité qu’avait son hôte à bouger en tous sens. Je ne peux cependant m’empêcher de songer que tu as longtemps mûri tes réflexions au sujet des Mages et de la Magie en règle générale. Dois-je y voir un intérêt ancien, ou nourrit par la présence de Maerion et de d’autres Mages ou novices que tu as pu croiser plus récemment ? »

Nombreux étaient les Valyriens et les Valyriennes à poser un regard enchanté sur les manifestions magiques. Dans les faits, la Magie était cependant d’avantage présente à Valyria, qu’autre part ailleurs dans leur péninsule. La question semblait se poser pour Jaekar, dans les faits. Si ce dernier connaissait Valyria depuis au moins autant d’années qu’elle, la jeune femme devait avouer que sa vision peu commune de la Magie avait de quoi intriguer. Dans ses mots, elle perdait toute sa dangerosité, pourtant sous-jacente et bien réelle…




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Titre icisous titre là

Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

Jaekar haussa un sourcil devant la première réponse de Saerelys. Il avait du mal à croire que la jeune femme, et l'entité qu'elle représentait, ne put avoir aucune ambition politique. Les êtres qui entraient entre les murs du Collège descendaient de trop nobles familles pour n'en avoir aucune. A moins que leurs noms ne les empêchent de se fondre dans le moule et créent des tensions, que même l'esprit de corps ne pouvait faire disparaître. Quelle pensée intrigante ! Le jeune homme ne savait que trop bien que, même lorsqu'on est pas membre à part entière d'une famille, le sang comptait toujours et au delà de l'étiquette mondaine. Il restait malgré tout persuadé que Saerelys cachait son jeu ou alors elle n'était tout simplement qu'une membre si mineure de son ordre qu'on ne lui donnait aucun détail.

Evidemment elle défendit le Collège. Quel mage aurait pu faire autrement ? Les coups de butoir de Jaekar devaient leur faire bouillir le sang aussi bien que leur magie ou une caresse amoureuse. Fermant les yeux à demi, le bâtard d'Andalos eut un sourire arrogant et niais à la fois pour montrer ce qu'il pensait des pensées de Saerelys. Il ne voulait pas se montrer complaisant vis à vis de la Mage mais les beaux discours sur les corps soignants du Collège avaient un certain don pour l'agacer. L'espace d'une seconde, il pouvait presque ressentir ce qu'un Aerys Maerion souffrait de le rencontrer. Presque. D'un geste vague de la main, Jaekar fit signe à Saerelys de continuer.

Il connaissait bien trop de Mages et leur avis pour savoir que la jeune femme était une fine politicienne. Aussi démagogue que son effrayant père, Saerelys arrondissait les angles du mieux qu'elle pouvait. Elle ne cherchait pas le conflit, ni à choquer et on ne pouvait pas l'accuser d'un populisme aussi pauvre que certains cul de jatte dont il ne saurait détailler le nom. Quel odieux personnage que voilà... Il devait cependant bien avouer qu'elle avait raison concernant les Dieux. Jaekar ne voulait aucunement offenser ceux qui veillaient sur leur vie. Aussi il prit le verre que lui servait Saerelys avec attention.

Ce serait mentir de dire que tout le monde accepte la place aussi secondaire que simplement soigner nos blessés qu'à occuper le Collège au cours de la guerre. Une dizaine de pyromanciens aurait pu faire sauter le verrou de Borash aussi sûrement que je débouche des amphores. Jaekar éclata de rire à gorge déployée, la tête rejetée en arrière. Notre débat s'enfonce dans une certaine médiocrité n'est ce pas ? Bientôt nous nous demanderons de qui du Dragon ou de la Magie est apparu en premier... Jaekar marqua une pause, la tête légèrement penchée sur le côté. A vrai dire la question était excellente et vaudrait bien aller embêter quelques disciples d'Arrax pour en connaître la finalité. Pour répondre à ta question, aussi impur fut mon sang, je ressens la magie. Le jeune homme se pencha vers Saerelys et murmura, pour ne pas être entendu. Ne me frappes pas d'anathème mais cette sensibilité me permettrait presque de l'utiliser. Je ne prendrai jamais ce risque mais je m'intéresse à la chose. Plus particulièrement à la science-magie, qui d'après Maerion, est aussi technique que mystique au contraire de celle que tu uses.



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Le vin est l’aveu de l’amour des dieux.Jaekar Veltheon et Saerelys Riahenor.

Demeure des Qoherys & An 1066, mois 4.

Saerelys était d’une toute autre trempe que le reste de sa lignée, de sa Dynastie. Elle avait été forgée autrement, au sein du Collège, parmi les autres novices. Comme eux, elle avait récuré les sols, quand ce n’était pas les latrines, préparés potages et bouillons, avec parfois peu de succès, il est vrai. Comme eux, elle avait passé une partie de son temps le nez plongé dans d’épais grimoires. Tels étaient les affres du Premier Cercle. Il fallait faire preuve d’abnégation, de patience et de volonté, pour passer au Deuxième Cercle et passer de la théorie à la pratique. C’était également à cette époque que la jeune femme avait abandonné toute volonté politique, lui semblait-il.

Bien sûr, Saerelys restait la fille, la fille aînée qui plus est, de Maegon Riahenor. Bien sûr, elle restait la fiancée de son fils aîné. Bien sûr, elle ne pourrait que l’épauler le moment venu. Mais jamais en son nom propre. Car les Dieux avaient décidé qu’elle serait Mage, et non pas à même de siéger parmi ses pairs au Sénat. Les choses étaient ainsi faites et si la jeune femme avait conscience de la puissance de son sang, dans tous les sens du terme, elle ne se pensait pas à même de changer en profondeur cette société dans laquelle elle vivait. Le Sénat craignait la Magie autant qu’il pouvait la trouver utile, ce qui expliquait en partie pourquoi il n’en faisait qu’un usage parcimonieux, limité diraient certains. Et pourquoi les Mages s’étaient retrouvés cantonnés à des postes de soins, alors que leurs habilités étaient bien plus diversifiées. Ne disait-on pas que le feu qu’ils étaient capables de créer était l’une des armes les plus meurtrières qui soit après le Feu Dragon ?

« Il est vrai que nos flammes auraient pu trouver une toute autre utilité que celle de divertir les Valyriens dans leurs réjouissances. Je ne peux que t’accorder ce point et je regrette les pertes qui furent les nôtres alors qu’elles auraient pu être évitées si les miens avaient pu user de leur art autrement. La jeune femme se tut, se fendant d’un sourire réellement amusé. Pour ce qui est des amphores, je te laisse cependant le bénéfice du doute, dirons-nous. »

Sirotant le contenu de sa coupe, la jeune femme s’était bien gardée de se resservir afin de ne pas avoir à soigner ses propres troubles le lendemain matin, Saerelys fut quelque peu étonnée de voir Jaekar se pencher vers elle. Esquissant un pareil mouvement, la novice écouta attentivement les quelques mots qui lui étaient murmuré. L’aveu qui lui fut fait ne l’étonna pas en outre mesure. Il suffisait d’assister à une Épreuve du Feu pour se rendre compte que la Magie vivait en bien des Êtres. La différence entre ces derniers et les Mages étaient que les membres du Collège pouvaient la modeler bien plus aisément. Une autre preuve en cela pouvait être les forgerons qui façonnaient dans leurs ateliers de l’acier valyrien. Ou encore les Prêtres et les Prêtresses qui lisaient dans les flammes. Ces types de Magie, bien qu’enseignés au Collège, n’étaient nullement l’apanage des seuls Mages.

« En cela, tu n’es pas un cas à part. lui fit remarquer Saerelys, une douce lueur dans le regard. Peut-être étais-tu forgeron dans une autre vie ? Ou Prêtre ? La Science Magie peut en effet être maîtrisée par bien des personnes. Il suffit juste de savoir comment s’y prendre et suivre un apprentissage convenable dans ce but. Nous l’enseignons volontiers aux forgerons ou aux orfèvres, le cas échéant. L’apprentissage est long, ardu, mais accessible dans les faits. Il faut juste savoir faire preuve de patience, et accepter que le Sénat s’intéresse de plus près à soi. La jeune femme retint un rire, marquant son visage d’une moue quelque peu amusée à la place. Valyria est une terre de Magie, Jaekar. Et cela, tu le sais aussi bien que moi. Que tu y sois sensible ne m’étonne guère, pas plus que le fait que tu sembles y vouer une grande curiosité. Cependant, permets-moi de te donner un conseil. Sois prudent avec elle. Magie rime aussi bien avec Vie, qu’avec Folie. »

Se redressant, Saerelys offrit un sourire à Maerion, qui le lui rendit. Après tout, c’était grâce à lui qu’elle était ici. Si la jeune femme avait eu la désagréable impression de se jeter dans la gueule du dragon, tout métaphorique puisse-t-il être, elle devait avouer qu’elle y avait trouvé un certain amusement. Les choses de l’esprit avaient toujours attiré son intérêt, il est vrai. Retenterait-elle l’expérience pour autant ? A cet instant, la novice n’avait point de réponse à cette question. Posant finalement son regard sur Jaekar, Saerelys tendit sa coupe en sa direction, comme pour le remercier pour cette conversation, achevant de boire son contenu d’un trait par la suite.



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