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ft. Elaena Tergaryon



Jaekar s'ennuyait ferme. Son regard avait beau se porter sur les nombreuses activités proposées par le bal, il ne trouvait aucun plaisir parmi les plaisirs. Son verre restait désespérément vide alors même qu'il avait bu sec le vin. Sa bouche était aussi sèche qu'une prêtresse de la Mort et son regard ne se portait pas autour de lui. Même les délicates jambes ciselées et bronzées des esclaves de Ghis n'allumaient pas cette lueur et son appétit pour la beauté humaine qui l'animait parfois. Le fil de ses pensées l'entraînaient loin de cette humeur votive et joyeuse qui le caractérisait.

Les accès de mélancolie de Jaekar se comptaient sur le doigt de la main mais lorsqu'ils survenaient presque rien ne pouvait le distraire. Avec un soupir de résignation, le demi-Andal s'étira tel un chat et remit en place sa lourde toge. Avec un soupir, une pensée émue lui vint à l'idée de porter des braies en lin ainsi qu'une chemise doublée d'un pourpoint de cuir. Jaekar appréciait cette tenue, tout sauf valyrienne mais il savait également ce qu'elle signifiait. Si ce n'était pas pour monter un cheval, de tels vêtements s'associaient aux affaires les plus sombres de son père. L'image d'un visage contusionné, la sourcil arcade déchirée, du favori d'un opposant à Valerion se superposa à celles de la soirée. Un frisson parcourut Jaekar, soudainement nauséeux. Conscient qu'il ne prendrait aucun plaisir à la compagnie des siens, le jeune homme en conclut qu'il lui fallait partir.

Drapé dans sa toge, Jaekar posa sa coupe sur le rebord d'une fenêtre et traversa l'atrium sans prêter attention autour de lui. Un courant d'air frais tomba sur lui alors qu'il se tenait au bord du bassin au centre de la pièce et il s'arrêta. Fermant les yeux, il appréciait le changement de température après la chaleur étouffante des convives. Le plaisir n'était pas qu'une question de frivolités, de douceur d'un soir. C'était également cette connexion à la nature. Nulle beauté n'était plus touchante que la simple touche divine dans ce monde qu'ils ont crées à cette image. Sentant une présence non loin de lui, Jaekar rouvrit les yeux et resta coi l'espace d'une seconde. Une jeune femme d'une beauté indescriptible lui faisait face. Perdue elle aussi dans ses pensées, elle ne remarqua pas directement l'héritier de Valerion qui se nourrit de sa vue. Etrangement ému par la beauté fragile et la pâleur de sa peau, Jaekar ressentit son ennui s'évaporer comme neige au soleil et s'éclaircit la gorge.

J’ose te supplier de ne pas me juger avec sévérité la démarche à laquelle la nécessité me force à recourir. Je n'ai pas vu une telle douceur et beauté depuis ma naissance. Jaekar s'avança brusquement vers la jeune femme et, faisant fi de ces grands yeux écarquillés, posa sa main sur les siennes. Me dirais-tu ton nom, belle colombe, que nous nous retrouvions un jour ? J'aimerai te connaître et... Jaekar n'eut pas le temps de finir ses mots que déjà les beaux yeux de sa muse d'un soir s'étrécissaient. Une moue de colère traversa son visage et elle retira vivement ses mains. En l'espace d'un instant, elle s'éloignait déjà dans la nuit, laissant derrière elle un Jaekar soupirant de désir.

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Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice



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ft. Elaena Tergaryon



« Ca suffit, je suis très bien ainsi. »

Les mains s’afféraient autour de moi comme des dizaines de petits papillons incontrôlables, replaçant un drapé, proposant un bijou, nouant une natte dans mes cheveux que je souhaitais pourtant laisser les plus naturels possibles. Ces papillons n’émanaient guère de leur volonté propre, ils obéissaient à la voix concentrée de la femme assise non loin de moi. Ma mère était prête depuis de longues minutes déjà, mais loin d’être résolue à quitter le palais pour rejoindre le bal, elle s’attardait sur le moindre détail de ma tenue. Rien ne pouvait être laissé au hasard. La rumeur s’était répandue comme une trainée de poudre : Vaegon Tergaryon avait disparu des radars lors d’une mystérieuse soirée et n’avait pu été aperçu depuis. Une fois l’état de choc passé, nous restait à agir en conséquence. Si mon père s’était montré encourageant, il aurait fallu être naïf pour ne pas comprendre que quelque chose de grave se produisait. Il avait fait le choix de s’éloigner du Sénat, me propulsant de fait à une place que je n’étais pas prête à tenir. La nouvelle venait d’être annoncée, après de longs jours à conserver un certain secret : j’étais devenue sénatrice.

Cette soirée était la première depuis l’annonce officielle, mais également la dernière avant l’ouverture de la séance extraordinaire du Sénat pour se prononcer la proposition de la faction militariste. Déjà de nombreux sénateurs avaient fait le déplacement, officiellement pour présenter leurs félicitations et s’enquérir de mon père, officieusement pour jauger celle qui avait une position plus qu’instable au Sénat. Le message auprès des mercantilistes était clair : Vaegon restait à la manœuvre, et sa main de fer ne faisait que changer de gant. Flatteur, avais-je pensé. Cependant, à mesure que les jours passaient, cette assurance de la continuité de gouvernance semblait de plus en plus inefficace quant à la conservation de la position prestigieuse de notre famille à la tête de la faction. Déjà Baelor Cellaeron s’était-il risqué à une visite, et il lui avait fallu moins de temps encore pour se positionner en successeur légitime de mon père à la tête de la faction. Echya Odenys était une autre adversaire, non des moindres. Ces deux-là étaient les plus sérieux rivaux et d’ailleurs la plupart des autres sénateurs affilés à notre faction se répartissaient entre ces trois allégeances.

Alors paraître à cette soirée, dans tout l’apparat digne de mon rang et au bras de mon cousin, Maegon, était devenu une priorité pour mon père et ma mère qui y voyaient une opportunité d’envoyer un message clair : les Tergaryon restaient une des familles les plus puissantes de Valyria, et leur influence n’était pas à sous-estimer. La présence de Maegon n’était en rien pour me plaire, il m’avait semblé plus logique d’être au bras de Maekar, et s’ils souhaitaient de la gloire pourqoi ne pas profiter de celle de mon frère ? Parce qu’il était question d’envoyer un message d’unité. Les deux branches de la familles unies étaient une force transcendant les factions et représentait une portion non négligeable du commerce Valyrien. Quant à moi ? J’étais encore très largement reléguée à mon rôle traditionnel d’ornement. Il était presque comique de voir à quel point ce nouveau rôle de sénatrice n’avait guère changé l’usage que ma famille envisageait pour moi. Cela même aurait du suffire pour rassurer ces bons sénateurs, mon père pouvait encore disposer à sa guise de moi et me réduire au rang de porte robe, de porte bijou, ou tout au plus d’objet agréable à présenter en société.

Il était rare que ma mère reste si longtemps à Valyria, elle n’avait jamais caché son aversion pour la capitale et ses jeux politiques. A vrai dire, sa présence était souvent requise à Oros, elle était l’ancrage local dont mon père avait tant besoin pour s’assurer de la domination de notre famille sur la ville. Il était cependant essentiel de présenter un front uni. Alors ce bal serait l’occasion pour Saera d’apparaître, retrouver certaines bonnes amies de la haute société Valyrienne, et exposer les joyaux de la branche d’Oros : ses filles. Si je n’avais jamais fait grande difficulté face à une fête, adepte de ces réjouissantes et toujours ravie de me perdre dans l’exaltation de la danse et des échanges mondains, cela n’avait jamais été le cas de ma sœur. Daenyra n’avait assisté qu’à très peu de fêtes depuis notre arrivée à Valyria, et si elle avait tout fait pour éviter celle-ci, elle ne put que capituler face à la détermination de notre mère.

C’était donc à trois que nous pénétrions dans la villa, richement décorée pour l’occasion. Trois femmes posant le pied dans un panier de crabes. A peine arrivée, notre mère nous avait délaissées pour s’entretenir avec de nombreux amis et fidèles de la famille. Elle avait toujours été une arme fabuleuse pour servir les intérêts politiques de mon père, elle disposait de cette distinction nonchalante de ces femmes du Centre et du Nord qui ne craignent guère de gouverner et ne s’excusaient jamais d’être là où on ne les attendait pas. Bien des hommes du Sud voyaient cette attitude d’un mauvais œil, mais ces mêmes hommes du Sud se délectaient de la présence de ces femmes si différentes des leurs. Je perdais rapidement Daenyra de vue, celle-ci ayant le réflexe de débusquer les endroits les plus retirés pour attendre une heure socialement acceptable pour se retirer, tandis que je ne m’éloignais jamais du centre des festivités, trop enthousiaste à l’idée à danser, boire et rire pour accepter d’être reléguée dans un couloir.

« Je rentre. »

Une main s’était emparée de mon bras alors que déjà la musique s’emballait et que de nombreux de corps se libéraient pour onduler au rythme des instruments à corde. Daenyra me tirait un instant hors de la foule, elle voulait rentrer, elle était épuisée et ne comptait pas supporter davantage que ce que cette soirée avait pu lui imposer. Il était habituel pour elle de chercher à fuir la foule, cette dernière ayant tendance à aspirer toute l’énergie dont elle disposait. Elle avait, de nombreuses fois, essayé de lutter contre sa nature, et nous avions pu constater qu’il n’y avait là rien d’anodin : il lui fallait alors des jours pour retrouver suffisamment de force et paraître hors de ses appartements. Les joues rougies de ce que j’identifiais comme de la colère, elle me narrait à demi-mots une rencontre malencontreuse dont elle se serait passée avec plaisir. Le jeune homme ne connaissait-il rien des bonnes manières ? Les valyriens s’étaient-ils trop vautrés dans la luxure avec leurs esclaves ghiscari pour distinguer l’heure courtoise et celle des Dieux ? L’identité de ce fameux importun n’avait rien de surprenante, il était bien connu de nos cercles pour être de ceux que rien n’arrête et je n’ignorais pas la colère de Daenyra envers lui. Combien de fois l’avait-elle blâmé pour les errances de notre frère Maerion ? Il était, aux yeux de ma sœur, une influence néfaste vouée à éloigner notre frère du chemin dessiné pour lui par les Dieux. Alors que cet homme, dangereux à ses yeux, ait l’outrecuidance de s’adresser à elle comme à une vulgaire fille de joie vouée à satisfaire ses plaisirs n’était pas au goût de Daenyra. Je souriais, amusée de la voir ainsi révoltée et soulagée de savoir que jamais, malgré sa délicatesse, elle ne se laisserait malmenée par un homme – tout dangereux puisse-t-il être à ses yeux d’ailleurs.

« Mon frère avait raison, il est évident que tu es réputé pour prendre ce que tu souhaites sans te soucier des convenances. Je te demanderai, Jaekar Veltheon, d’apprendre à distinguer l’acceptable de l’insultant et de ne pas chercher à obtenir de ma sœur ce qu’elle ne souhaite en aucun cas te céder. »

Je n’avais guère réfléchi ni ménagé mon entrée en matière. A vrai dire, je n’étais pas de nature à réfléchir avant d’agir – cela pourrait poser quelques menus problèmes à l’avenir – et la fête avait toujours été une opportunité unique à Valyria pour se débarrasser de ses entraves. Combien étaient-ils à oublier le masque de sérieux qu’ils se devaient de porter chaque jour pour laisser éclater aux yeux de tous leur vraie nature à l’heure des Dieux ? C’était là la leçon de notre peuple, tout fier qu’il soit, un homme n’en est pas moins nu lorsque vient l’heure d’honorer les Dieux. Cette heure était encore bien lointaine, évidemment, mais puisque Jaekar semblait avoir envie de prendre de l’avance en laissant derrière lui les convenances, je ne voyais aucune raison de ne pas en faire autant. Jetant un regard aux alentours, je repérais les nombreuses esclaves qui entouraient le jeune homme, toutes déjà presque dévêtues.

« Ne laisse pas ces esclaves te donner l’illusion que toute femme n’est destinée qu’à satisfaire ton plaisir. Au risque d’être cruellement déçu. »

Déjà je m’éloignais, agacée et ne souhaitant en aucune manière l’opportunité au jeune homme de répliquer. J’avais dit ce qu’il y avait à dire. C’était une chose que de se risquer à des avances osées à une heure non adéquate, c’en était une autre que d’envisager de poursuivre la jeune femme de ses attentions lorsque celle-ci ne les désirait pas. Si telle avait été l’ambition de Jaekar, j’espérais que mes quelques mots avaient suffit pour le convaincre du contraire. Je laissais derrière moi le jeune homme et la contrariété pour retourner à ce que je savais faire le mieux : être légère, joyeuse, amusante et amusée. Les heures s’égrainaient au rythme de la musique et il me semblait que rien ne pourrait jamais venir faire se tarir mon goût pour les plaisirs de la vie à Valyria. Au rythme de la musique, alors que je virevoltais, serrant une coupe de vin fraiche entre mes mains chaudes, que je laissais s’échapper des éclats de rire sincères à la suite de plaisanteries ou de bons mots d’esprit, tout semblait n’être que plaisir et inconséquence. Y avait-il plus doux que l’illusion d’une vie sans enjeu autre que celui d’être belle, jeune et désirée ? Sans doute pas, et le réveil n’en serait que plus dur. Mais le réveil était encore lointain, et la nuit ne se terminerait pas.

A bout de souffle, je quittais la pièce principale à la recherche de quelques fruits qui avaient été retirés des tables principales pour rejoindre les pièces attenantes réservées aux plaisirs de bouche. Dans ces quelques pièces, avaient été déplacés les mets délicats qui n’avaient pu être consommés, mais également les nombreuses carafes contenants les breuvages les plus enivrants de la péninsule. Je n’avais jamais envisagé qu’il puisse être dans l’intérêt des plus avides que de placer ces carafes à l’écart du cœur de la fête : ceux qui ne pouvaient s’arrêtaient étaient alors protégés des regards, ceux qui ne savaient résister seraient moins tentés, et l’équilibre du monde était maintenu.

La pièce était évidemment plus calme, même si le tumulte de la musique et des rires y pénétrait sans peine. Quelques personnes discutaient autour d’une table bien achalandée, et alors que je me dirigeais vers l’une des tables les plus proches, je ne réalisais la présence d’un visage bien connu que trop tard pour reculer.

« Tu me vois surprise de constater que tu es toujours debout et seul, Jaekar Veltheon, ta détermination semblait laisser entrevoir un tout autre épilogue. »

Malgré moi je laissais échapper un petit rire mutin, moqueur évidemment, mais non mal intentionné. La colère provoquée par le trouble que j’avais pu lire dans le regard de ma jeune sœur était partie. A vrai dire, la fête était une véritable réussite, un émerveillement pour les sens, et il eut fallu être d’un tempérament bien froid pour ne pas se laisser habiter par la joie spontanée qui régnait en ces lieux.

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ft. Elaena Tergaryon



Jaekar n'était pas homme à se laisser conter un tel refus. Sa réputation sulfureuse valait bien celle des dragons de Valyria et la fierté de son sang Andal n'avait d'égale que l'obésité de Baelor Cellaeron. Du moins, il aurait osé poursuivre la belle de ses attentions s'il n'avait pas été surpris. Ce n'était pas la réaction de la dame qui le choquait, Jaekar ne comptait plus les réactions écœurées bien vite transformées en pâmes de plaisir. Non la surprise venait de la douleur qu'il ressentit devant la fuite de la cible de ses paroles. Douleur était un grand bien mot pour le pincement au cœur qu'il ressentait. Jaekar découvrait une nouvelle sensation et il n'était pas sûr d'en apprécier le goût de cendre qu'elle lui laissait en bouche.

Si Elaena le découvrit aux milieux de corps dénudés, ce ne fut guère plus qu'une malchance. Qu'un diable valyrien eut demandé à ces esclaves de danser langoureusement devant lui révélait d'une cruelle ironie du sort. Jaekar était étonnamment bien aveugle à un tel spectacle. La beauté de la peau cuivrée de la belle Ghiscari aux yeux verts en amande n'avait plus le même éclat, non plus que le parfum posait sur la pointe hérissée d'une grande blonde d'Ibben n'excitait en rien ses sens. Son cœur soupirait alors que ses yeux voyaient une beauté fragile, un regard dans lequel se noyait et une moue de colère aussi adorable qu'effroyable.

Ce ne fut qu'après quelques secondes de contemplation que Jaekar se rendit compte qu'il ne faisait pas seulement rêver et que la face effroyable se trouvait bel et bien devant lui. Les yeux écarquillés du jeune homme firent place à la stupeur la plus grande. Une toute autre beauté que celle qui avait volé son cœur l'haranguait violemment et sa voix était celle d'une poissonnière aussi criarde que mégère. A peine remis de sa surprise, fut bien en peine de ne bredouiller que quelques mots en reconnaissant la douce et terrible Elaena Tergaryon. La douce colombe qu'il avait élu reine de son cœur n'était autre que sa sœur ! Cruelle ironie à nouveau ! L'histoire serait cocasse à conter à son frère. Maerion n'en reviendrait pas lorsque Jaekar lui expliquerait les tournants de l'affaire.

Elaena Tergaryon, jamais je ne t'insulterai, ni aucun membre de ta famille. s'exclama Jaekar en avançant de quelques pas vers sa tortionnaire. Ces femmes ne sont même pas les miennes. Tu sais le plaisir que j'ai à honorer Meleys mais je le fais dans les honneurs et le respect pour notre Déesse.

Les mots de Jaekar auraient pu tomber dans l'oreille d'un sourd. Voilà déjà que la deuxième fois il admirait le dos d'une femme. Un paysage familier mais généralement s'ajoutait à ses mains fermement accrochées à une belle croupe. Secouant la tête de dépit, Jaekar laissa ses boucles recouvrir son visage alors qu'il réajustait sa toge. La déception vint s'ajouter à la frustration de la soirée. Son choix était fait. Ainsi la soirée continua de profiter de la présence de Jaekar. Eminence lumineuse, il se fit une joie de danser aux côtés de la plus belle des fines fleurs - bien qu'aucune de ces véritables ronces n'atteignirent la cheville de Daenyra Tergayron, de boire le vin miellé du Sud ou encore de chanter de vieilles ballades militaires aux côtés des officiers et soldats de la Légion. Son cœur ne s'amusait comme l'attestait son regard froid et son sourire faussement éclatant. Jaekar voulait oublier et prouver sa place parmi les Valyrien comme toujours. Ce n'est ainsi qu'au plus noir de la nuit qu'il croisa à nouveau le visage et les moqueries d'Elaena.

Ah Elaena, je n'honore pas toutes les femmes de Valyria. Seulement les plus dignes. N'ayant jamais touché à la belle Tergaryon, Jaekar ne faisait qu'insinuer qu'elle ne valait pas son intérêt. Une insulte voilée à peine démentie par le regard faussement aviné et lubrique qui s'attarda sur les courbes de la jeune femme. Se penchant vers elle, il posa sa main sur son avant-bras et lui surassura quelques mots tel un amant. Apportes mes excuses à ta soeur et acceptes celles-ci pour toi. La beauté de Daenyra est telle que j'ai cru tombé à genoux devant elle. Je ne craindrai pas de t'insulter que j'avouerai que si je devais penser à deux femmes pour me marier et cesser d'adorer Meleys dans d'autres bras que ceux de mon épouse, cela serait pour ta soeur.

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Elaena Tergaryon
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Sénatrice



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Mon regard papillonnait les différents mets proposés aux invités et les différents vins et liqueurs mis à disposition. Je ne m’étais guère attendue à croiser Jaekar à cet endroit, sans doute m’étais-je figuré qu’il serait à la hauteur de sa réputation et aurait déjà déserté les pièces publiques pour rejoindre des alcôves plus confidentielles. Je n’avais guère eu d’opportunités d’échanger avec le jeune homme. Je savais ce qu’on disait de lui. Les paroles de Maerion étaient élogieuses, presque trop admiratives, celles de Saerelys mettaient en garde contre un individu dangereux, et le trouble dont avait témoigné le visage de Daenyra avait plutôt confirmé les dires de mon amie face à ceux de mon frère. Il était évidemment de notoriété publique que Jaekar Veltheon était de ces êtres de l’ombre appelés à s’aventurer sur des terrains glissants et retors dont on ne ressortait pas sans séquelles. On le disait travaillant dans l’ombre de son père pour asseoir son pouvoir. N’étions-nous pas tous voués à en faire de même ? N’avais-je pas, moi-même, été propulsée sur le devant de la scène afin d’agir pour mon père ? Je n’avais pas la naïveté de me penser indépendante et libre de tout choix. J’étais une marionnette dont l’utilité n’avait été révélée que très récemment. Jaekar était, lui aussi, la marionnette de son père.

« Ah Elaena, je n'honore pas toutes les femmes de Valyria. Seulement les plus dignes. »

Je me servais une nouvelle coupe et manquait d’en renverser quelques gouttes, surprise par l’assurance du jeune homme et largement hilare. Il y avait toujours eu quelque chose de comique dans ces jeunes hommes qui se pavanent et s’imaginent plus puissants qu’ils n’étaient. Ils étaient jeunes, riches et beaux, ainsi s’imaginaient-ils que les pauvres demoiselles en détresse sur lesquelles ils daignaient poser le regard seraient honorées et en pâmoison. Mauvaise pioche. Je ne me pâmais guère, et Daenyra était de ces êtres absolument insensibles aux jeux érotiques et amoureux.

« Je crains, mon cher, que ta conception de la dignité ne soit pas la mienne… ni celle du reste des pauvres erres dépourvus de ton sens aigu de l’analyse. »

Je riais à nouveau, croquant distraitement dans un fruit. La musique changeait progressivement, et je prenais quelques secondes pour reprendre mon souffle avant de rejoindre le cœur de la fête. J’y avais retrouvé quelques amis d’Oros, et mon nouveau statut de sénatrice avait pour effet d’attirer à moi de nombreuses conversations qui n’aurait, jusqu’alors, concerné que mon père. Je n’avais donc eu une seule minute pour respirer. Sans doute aurait-il été plus efficace pour retrouver mon souffle de ne pas m’engager dans une joute verbale stérile avec un homme aveuglé par son immense égo, mais l’alcool trouble tant l’esprit que la vue. Le contact physique instauré par le jeune homme eu au moins le mérite de me surprendre, je sursautais légèrement ne l’ayant pas vu s’approcher, trop occupée à balayer la salle quasiment vide du regard. Il avait approché sa bouche de mon oreille, déposant sa main sur mon bras, son souffle jouant soudain avec quelques mèches de cheveux tandis qu’il murmurait.

« Apportes mes excuses à ta soeur et acceptes celles-ci pour toi. La beauté de Daenyra est telle que j'ai cru tombé à genoux devant elle. Je ne craindrai pas de t'insulter que j'avouerai que si je devais penser à deux femmes pour me marier et cesser d'adorer Meleys dans d'autres bras que ceux de mon épouse, cela serait pour ta soeur. »

Je me reculais, à nouveau hilare. Je déposais ma main sur la sienne, l’y laissant quelques instants avant de la retirer de mon avant-bras et de la laisser retomber le long de son corps.

« Oh Jaekar, tu ne pourrais pas m’insulter, même si tu le souhaitais. Allons, je ne suis pas ton ennemie, je comprends ton désir pour Daenyra, et il n’y a guère de vice à honorer les Dieux en bonne compagnie. Seulement pour cela il faut être deux. Et crois-moi lorsque je te dis que c’est pour préserver ta fierté démesurée que je te mets en garde. Daenyra n’est pas de celles qui recherchent la proximité avec l’autre. »

Je buvais à nouveau quelques gorgées avant de croquer du bout des dents dans un biscuit moelleux que je n’identifiais pas tout d’abord, mais dont le goût léger de fleur d’oranger suffit à ravir mes sens. Je fermais les yeux un instant, laissant échapper un soupir d’aise après une seconde bouchée, plus généreuse, qui libérait enfin toute l’ampleur des saveurs de ce biscuit traditionnel du sud valyrien.

« Oh, ma foi, si tu aimes les quêtes stériles et perdre ton temps… A ta guise ! Je te souhaite bien du plaisir. »

Je levais ma coupe, plongeant mon regard dans le sien avec un air malicieux. Le simple fait de croiser Daenyra serait un véritable défi, et parvenir à l’approcher plus qu’une seconde serait plus extraordinaire encore. Je connaissais ma sœur et l’ampleur de l’impact qu’une personnalité comme Jaekar pouvait avoir sur elle. Je la connaissais d’ailleurs suffisamment pour la savoir capable de s’en débarrasser sans l’aile protectrice de sa sœur ainée. Peut-être même serait-elle l’aile protectrice qu’il me faudrait… A la suite de ces paroles je finissais le petit morceau de biscuit et prenais congé de Jaekar. Discuter du désir sexuel d’un homme pour ma petite sœur n’était guère une activité prévue sur la liste des choses qui m’enthousiasmaient durant les nombreuses et glorieuses soirées qui animaient la belle capitale. Je quittais la salle, ma coupe à la main, sans un regard pour le jeune homme mais non sans avoir adressé un dernier sourire à celui que je laissais à ses stratégies de conquête perdue d’avance.

« Sénatrice ! »

Le jeune homme qui m’accueillait lors de mon retour parmi les danseurs était un ami d’enfance. Du plus loin que je m’en souvienne, il avait toujours été présent, surtout très proche d’Aenar. Il avait été un soutien indéfectible lors de la mort de ce dernier, et alors que son père ne siégeait pas au Sénat sa main mise sur de nombreuses mines faisait de lui un homme puissant. Sans attendre je déposais ma main dans le creux de la sienne et le laissais me faire virevolter sur  moi-même, évitant par miracle de renverser du vin sur le sol en marbre ou, pire, sur ma tenue.


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Dire que je croyais que le bon sens de ton père et ton frère était une vertu familliale. s'exclama Jaekar en portant la main à son cœur, actant une blessure qui n'était pas. Pour souligner son ivresse, le jeune homme se servit une lourde coupe de cette liqueur que les Îles d'Été nommaient rhum. Ou peut être était ce un distillat d'orge ? Nul n'aurait su le dire à part quelques mages au sang royal. Peu importait, il avait grand besoin de se détendre pour supporter cette malingre enfant. Elle n'avait ni la beauté détonante de sa sœur, ni la servitude et l'amitié de Maerion. Jaekar haussa les épaules. Elaena pouvait bien se moquer de lui, il désirait sa sœur non pas comme un trophée mais pour ce qu'elle semblait être.

Daenyra mérite bien plus qu'une simple nuit à mes côtés. Elle devrait à mon bras chaque jour que les Dieux veulent si tu veux mon avis.

Jaekar se détourna d'Elaena à la seconde où celle-ci fit de même. Son regard se porta sur les quelques femmes encore présentes. Peut être devait il se détourner d'une quête stérile pour mieux apprécier les plaisirs charnelles qui se présenteraient à lui. Il savait que de nombreuses femmes s'intéresseraient à lui. Son sang Andal parlait pour lui et nombre de dames ne demandaient qu'à goûter le chevalier qui se cachait derrière ses yeux sombres et sa crinière noire. D'autres projets l'animaient. Epouser une dame telle que Daenyra serait un plaisir personnel couplé d'une audacieuse manœuvre. Cependant, Jaekar connaissait cette lointaine cousine de Velos qui ne demandait qu'à être mariée pour perpétuer la lignée Veltheon. Observant Elaena danser au milieu des convives, Jaekar dût bien s'avouer que la garce était agréable à regarder malgré sa langue acerbe. Rien qui ne pouvait être dompté.

Trempant ses lèvre dans le rhum, le jeune homme ferma les yeux pour mieux apprécier les arômes de banane et de caramel. Par quels miracles les Estiviens réussissaient à créer tel délice, Jaekar n'en savait rien mais il leur était gré de leur vendredi cet élixir. Les dieux eux-mêmes devaient se délecter chaque nuit du breuvage dans leur palais céleste. Il n'en doutait pas un seul instant alors que la nuit suivait son cours. Les heures passèrent, les danses continuèrent et peu à les convives quittèrent la pièce. Par quel miracle, Jaekar se retrouva aux côtés d'Elaena, il ne sut l'expliquer. Galant, il tendit une coupe rempli de vin frais, aromatisée aux agrumes et au miel pour étancher la soif de la blonde Tergaryon.

Comment se passe cette soirée, Elaena ? Es tu heureuse de l'émoi que tu crées dans le coeur de ces courtisans ou t'amuses tu des alliés de ton père qui cherchent à te soutirer quelques faveurs ?

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Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


La femme, oeuvre divine, surtout quand elle a le diable au corps
Depuis combien de temps dansais-je ? Une heure ou dix, je n’aurais su le dire. Quelle bénédiction d’être fille d’une République où la fête, la vie et l’amour est au cœur de tout événement crucial. Je m’imaginais avec effroi le quotidien du peuple Andal dont on disait que la piété imposait un comportement des plus froids. Ils appelaient cela de la piété, et s’astreignait à ce qu’ils considéraient comme une morale sans failles afin d’honorer des Dieux qui attendaient d’eux une maîtrise constante. N’était-ce pas finalement perdre de vue tout ce qui faisait de nous des êtres de chair et de sang que de refuser d’honorer la vie que nous avaient offert les Dieux ? Ainsi, sans doute un seigneur Andal serait-il horrifié de voir les grands dirigeants et nobles de la grande Valyria boire, danser, rire et forniquer lors d’événements mondains. Il suffisait pour s’en convaincre d’observer les traits du chevalier Arryn lorsqu’il daignait participer à une célébration. Alors oui, il me suffisait d’observer la réserve et la modestie des jeunes andales qui avaient rejoint Valyria pour chercher à honorer Syrax plus encore que j’en avais l’habitude. Il fallait vivre, vivre furieusement, avec l’urgence et l’ardeur du feu originel.

Seulement, pour vivre pleinement, il me manquait un élément essentiel. J’avais, par trois fois, tenté de convaincre Maekar de se joindre à nous, peu importait qu’il me faille être vue en compagnie de mon cousin afin d’afficher l’unité des deux branches de la famille. Mon arrivée au bras de Maegon et la fin de ma soirée lovée dans les bras de Maekar n’avaient rien d’incompatible. Malheureusement rien n’avait pu le convaincre et je m’étais résolue à passer la meilleure soirée possible. J’avais eu l’opportunité de renforcer les liens déjà noués avec quelques jeunes femmes de bonne famille qui deviendraient, peut-être, des amies. J’avais longuement conversé avec des nombreux sénateurs, principalement mercantilistes, qui deviendraient, peut-être, des soutiens. Et enfin, j’avais longuement dansé avec de nombreux jeunes hommes de bonnes familles, pour qui la danse représentait une opportunité d’étudier une éventuelle union – mon célibat et ma nouvelle condition de Sénatrice représentant un attrait certain.

Je tournais une nouvelle fois sur moi-même, et rencontrait non pas les bras d’un nouveau partenaire de danse mais une coupe de vin remplie que l’on me tendait. A bout de souffle, je me maintenais quelques instants sur la pointe des pieds, coupée dans mon élan mais agréablement surprise.

« Comment se passe cette soirée, Elaena ? Es-tu heureuse de l'émoi que tu crées dans le cœur de ces courtisans ou t’amuses-tu des alliés de ton père qui cherchent à te soutirer quelques faveurs ? »

Je me saisissais de la coupe tout en reposant mes talons sur le sol avec un soupir amusé. Jaekar Veltheon avait visiblement le chic pour apparaître lorsqu’il n’était pas attendu. J’avais de nombreuses raisons de me méfier de lui, la première n’ayant rien à voir avec son attirance soudaine pour ma jeune sœur – je n’en aurais cure si c’était ce qu’elle appelait de ses vœux -, et tout à voir avec l’influence du jeune homme sur mon frère Maerion. Je ne pouvais oublier les mises en garde de Saerelys à son sujet, et pourtant, alors que l’esprit de la fête me rendait légère et enthousiaste, je ne pensais guère à lui en faire le reproche. Du moins pour l’instant. J’avais eu mon lot de contrariétés et je ne pouvais nier qu’observer l’air réprobateur de mon cousin Maegon alors qu’il m’apercevait en compagnie de Jaekar participait grandement à mon envie de m’attarder aux côtés de ce dernier.

« Comment ne pas être heureuse de cette soirée ? »

Je portais la coupe à mes lèvres et en goutais une petite gorgée. Un délice. Fermant les yeux un instant pour me concentrer uniquement sur le sens que ce vin venait exciter, je poussais finalement un léger soupir d’aise.

« Agrumes et… miel ? Que Syrax bénisse les auteurs de ce breuvage. »  

Mes lèvres s’étiraient en un sourire doux, apaisé par les vapeurs de l’alcool et le goût sucré du miel.

« Tu parlais de me soutirer des faveurs… Est-ce là ton objectif également, Jaekar ? S’il s’agit de convaincre ma cadette de t’accorder un regard, je suis navrée de te dire que je n’ai aucune influence sur elle. Quelle chaleur… Pourquoi fait-il toujours si chaud à cette heure-ci ? Allons sur la terrasse. »

Je ne lui laissais à nouveau pas le temps de répondre, mais si j’avais douté un instant du fait que le jeune homme ait pu me suivre, ses pas firent bientôt échos aux miens sur le marbre de la terrasse. La musique était plus lointaine, et seuls quelques flambeaux et la lune venaient éclairer ce lieu, contrastant vivement avec la lumière vibrante de la salle que nous venions de quitter. J’atteignais la balustrade sculptée et y déposais mes avant-bras pour y prendre appui, la coupe suspendue dans le vide mais solidement encerclée de mes mains. La vue était sublime, la lune aussi haute que possible et la nuit noire en dehors de l’astre. Il y avait une certaine magie dans l’air, une magie propre à notre peuple. Nous restions un instant silencieux, mon regard se maintenait vers l’horizon mais je sentais la présence de Jaekar à mes côtés.

« Si j’écoutais les rumeurs et m’arrêtais à ta réputation, sans doute y réfléchirais-je à deux fois avant de m’isoler ici avec toi… »

Un sourire narquois aux lèvres, mais ayant délaissé mon ton moqueur pour une voix plus douce, je levais les yeux vers mon interlocuteur pour la première fois depuis notre arrivée sur cette terrasse.

« Le devrais-je ? »

La question aurait pu heurter, ou faire sourire, pourtant il n'y avait là aucune machination de ma part. Je ne connaissais que très peu Jaekar, en dehors de ce que l'on m'avait dit de lui. J'avais appris qu'il y avait souvent beaucoup de vérité au coeur de ces rumeurs et réputations, mais je savais également qu'il y avait parfois une réalité plus profonde et complexe qui ne demandait qu'à être connue.

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An 1066, mois 4.

Certains hommes n'avaient de cesse de se plaindre des femmes et de l'incompréhension totale de la gente féminine. Dominateurs du Sud ou traditionnalistes invertébrés du centre de Valyria, ils ne voyaient en elles qu'une matrice. Des familles approchaient même le simple élevage d'enfants plus que d'un véritable amour dynastique. Jaekar avait depuis longtemps compris que les femmes étaient l'égal des hommes, si ce n'était des créatures plus sournoises encore. On ne pouvait pas être le fils de Valerion Qoherys sans avoir compris la véritable beauté derrière les relations humaines.

Elaena honorait aussi bien son sexe et ses ancêtres dans ses manières. Douce, raffinée, ingénue, Jaekar ne doutait pas que la plupart tombait sous le charme au premier regard. Si elle partageait ces atouts avec sa sœur cadette, le jeune homme devinait l'intelligence et la malice derrière ce regard. Prenant conscience du poids politique qu'Elaena prenait depuis le retrait de son père, Jaekar comprit qu'il allait lui falloir avancer à petits pas pour ne pas froisser la belle dame. Une alliée potentielle chez les mercantilistes aussi bien pour son ambition personnelle que celle de son père.

Les agrumes sont aussi rafraîchissantes que ta compagnie, Elaena. Le miel me rappelle la chaleur de ta peau et ta chevelure.

Jaekar lança un clin d'œil éloquent à son interlocutrice. Les gens autour de lui ne devaient pas croire qu'il la courtisait, pas plus qu'il n'en tirait une quelconque faveur. Le rôle léger et presque choquant que le jeune homme endossait presque chaque jour était naturel, presque sa véritable personnalité. Il aimait les femmes, leur compagnie et la beauté par dessus tout. Il n'en restait pas moins que les traits étaient forcés, presque prévisibles. Des écarts qu'on pouvait bien pardonner à un sang inapte et souillé par la graine andale qui coulait dans ses veines.

Les danses effrénées et le vin qui nous enivre a quelque chose à voir avec cette chaleur. répondit innocemment Jaekar avec un sourire qui disait tout le contraire. Malgré tout, il suivit Elaena. La terrasse était sombre en comparaison avec la fête qu'ils quittaient et un vent frais soufflait. Poussant un soupir de soulagement, Jaekar se rendit compte qu'effectivement la chaleur l'avait incommodé. Il ne s'était pas rendu compte dans son malheur de ne pas avoir su attirer l'attention de Daenyra. Lorsque la remarque d'Elaena tomba, Jaekar hésita une seule seconde. Cherchait-elle à l'insulter en laissant entendre que les rumeurs lui prêtaient un comportement outrancier ? Si c'était le cas, Jaekar s'en moquait, bien heureux d'avoir instillé dans l'esprit de ses compatriotes le rôle qu'il voulait.

Malgré tout, il ne put s'empêcher de déglutir lorsqu'Elaena leva les yeux vers lui. Sentant la chaleur montait sur ses joues mais également dans son bas ventre, Jaekar pensa que la jeune femme était aussi séductrice que jolie. Un ensemble dangereux. Bon joueur, il se pencha légèrement en avant, les lèvres à peine à quelques centimètres au dessus de celles de son interlocutrice. Posant ses mains de part et d'autre d'Elaena pour se reposer contre le mur, il approcha son corps et regarda la jeune femme droit dans les yeux.

Si tu désires que j'occupe ta couche cette nuit, Elaena, je serai le premier à y entrer.

Aussi brusquement qu'il s'était épris de Daenyra, il recula de quelques pas et d'un geste souple, s'assit sur la rambarde de la terrasse. Croisant les jambes, il observa longuement Eleana. Ou plutôt la déshabilla-t-il du regard. Elle était aussi charmante que sa soeur, Jaekar n'en doutait pas un seul instant.

Si je devais écouter mon père, je me poserai la question suivante : est-ce bien sage de frayer avec les Tergaryon depuis la disparition de leur maître ? Elaena est-elle à la hauteur de son père ?

Posant son coude sur son genou, Jaekar vint poser son menton dans sa main et prit une posture songeuse tout en observant Elaena. Un sourire vint éclore sur ses lèvres.

A vrai dire peu m'importe ! Je suis sûr que, puissante dans les faits ou devenir, nous trouverons à nous occuper et satisfaire.


Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


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L’air frais du soir était une caresse bienvenue tant l’atmosphère à l’intérieur s’était alourdie du fait des vapeurs d’alcool et des corps lascifs. La nuit était calme, obscure mais en rien inquiétante. La terrasse qui permettait à Elaena et Jaekar d’échapper, un instant, au tumulte des mondanités, était un lieu de retraite improvisé mais finalement pratique. Elaena avait été avertie du potentiel danger que représentait Jaekar, pourtant elle ne le fuyait pas. Pourquoi ? Saerelys avait pourtant été explicite quant à la mauvaise influence que Jaekar représentait pour son frère Maerion, et la petite mise en scène du début de soirée laissait entendre qu’il avait des vues plus qu’affirmées sur Daenyra. Il en fallait pourtant bien plus pour impressionner ou faire fuir Elaena. Pourtant, alors que Jaekar s’approchait progressivement d’elle, la native d’Oros en vint à se demander quel était ce jeu auquel il s’adonnait avec tant d’aisance. Les lèvres du jeune homme menaçait d’effleurer les siennes et déjà son corps formait une barrière entourant de toutes parts celui d’Elaena. L’assurance que Jaekar démontrait participait largement de l’aura séduisante qu’il dégageait et dont il jouait sans vergogne. Il était de ces hommes presque impossibles à déstabiliser, au verbe aiguisé et à la sensualité assumée. Ce n’était pas une chose tout à fait rare à Valyria où ces traits de personnalité étaient tout particulièrement valorisés, mais bien peu d’hommes les maîtrisaient à ce point.  

« Si tu désires que j'occupe ta couche cette nuit, Elaena, je serai le premier à y entrer. »

Par défi, et pour lui montrer qu’il ne pourrait mener la danse sans que ne soit opposée de résistance, Elaena approcha un peu plus son visage de celui de Jaekar. Son regard était celui du défi et sa voix, devenue murmure, s’accompagnait d’un souffle devenu caresse sur la peau du jeune homme qu’elle croyait presque toucher.

« Je ne te savais pas si pieu, mais ne te méprends pas, il n’y a là rien que tu ne puisses occuper sans en devenir prisonnier. »

Il semblait tout à fait disposé à jouer, et s’il s’était imaginé qu’Elaena serait de ces femmes qui s’offusquent et reculent lorsqu’un homme se montre entreprenant… Il n’avait pas été suffisamment attentif. Il s’éloignait, vaincu ou songeur, elle n’en avait cure, assis à présent sur la rambarde le jeune homme prenait le temps de la regarder, et aussi amusée que têtue elle ne se dérobait pas à sa vue avant quelques secondes. Elaena ne resta pas plus longtemps sa place et retrouva, elle aussi, la rambarde, sans s’y asseoir pour autant. S’arrêtant à côté de Jaekar, le flanc appuyé contre la pierre pour continuer de regarder son interlocuteur, elle retint quelques frissons au contact de la fraicheur de la pierre sur la peau dénudée de ses côtes.

« Si je devais écouter mon père, je me poserais la question suivante : est-ce bien sage de frayer avec les Tergaryon depuis la disparition de leur maître ? Elaena est-elle à la hauteur de son père ? »
« … Mais écoutes-tu vraiment ton père, Jaekar ? N’y a-t-il pas plus de sel à t’écouter toi-même ? »

La discussion pourrait redevenir sérieuse, elle en prenait le chemin, cependant le temps était encore à la taquinerie, à la provocation, et c’était un jeu auquel Elaena s’adonnait sans restriction ni timidité.

« Que ton père soit rassuré, les Tergaryon sont entre d’excellentes mains. Oserais-je dire expertes ? »

Le regard solidement ancré dans celui de Jaekar, Elaena laissait ses lèvres s’étirer en un sourire mutin, attendant ce que le jeune homme trouverait à dire pour continuer cet échange Ô combien divertissant.

« A vrai dire peu m'importe ! Je suis sûr que, puissante dans les faits ou devenir, nous trouverons à nous occuper et satisfaire. »

La jeune femme laissa éclater un rire cristallin définitivement divertie et amusée par l’esprit de Jaekar. Elle n’oubliait pas, évidemment, les mises en garde et la réaction de Daenyra, qui ne se trompait jamais et n’avait eu guère l’air d’apprécier ce qu’elle avait vu de lui. Pourtant, malgré l’image que ses apparitions publiques semblaient renvoyer, Elaena aimait jouer avec le feu.

« Nous savons tous deux que tout le défi réside dans la capacité à s’émanciper de l’influence paternelle… Pour exister. Vivre pleinement. Je ne suis pour l’instant vouée qu’à agir pour le compte du mien. Serais-je à la hauteur lorsqu’il s’agira d’exister sans son influence… Seul l’avenir nous le dira… »

Elaena s’approcha à nouveau de Jaekar, laissant son flanc caresser la pierre à mesure qu’elle glissait pour finalement s’arrêter à quelques centimètres du jeune homme.

« Et qu’en est-il de toi, fils de Valerion… Souhaites-tu rester le fils de ton père, ou l’ambition d’un jeune homme pourrait-il le mener à réclamer une place entière dans le monde. Une place hors de l’ombre. Et Jaekar est-il à la hauteur ? »

Reprenant la question formulée par le jeune homme quelques minutes auparavant, Elaena donnait l’impression de simplement donner suite à la joute verbale dans laquelle ils s’étaient lancés à corps perdus depuis leur premier regard ce soir-là. Il n’aurait cependant pas pu être plus inexact que d’affirmer qu’il n’y avait là que la légèreté d’une discussion badine. Bien sûr son ton se faisait séducteur, bien sûr la proximité de leurs corps ajoutée à la pénombre donnait à la scène des airs de prélude sensuel. Pourtant, la question n’aurait pu être plus sérieuse. Elaena ne connaissait que trop la frustration d’être l’enfant d’un homme puissant, mais elle avait toute la légitimité de son nom. Jaekar Veltheon était fils bâtard, à moitié valyrien seulement, et il avait pour le moment dédié sa vie à la cause de son père au détriment de la sienne. Il avait bien des talents, allait-il réellement rester l’homme de main d’un père qui ne semblait pas même disposé à lui offrir la famille Veltheon ?


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An 1066, mois 4.

Une lueur lascive s'alluma dans les yeux d'Elaena lorsqu'elle le rassura sur l'expertise des mains de la nouvelle chef de file des Tergaryon. Il n'avait pas connu son illustre père, pas tout à fait enterré certes, et il rencontrait pour la première fois sa fille. Si Daenyra avait ravi son cœur, ce fut son glaive et sa langue qu'Elaena sut lui prendre. A défaut de pouvoir jouer de l'un ou de l'autre pour le plaisir, il donnait libre cours à son esprit affûté et son caractère taquin. Jaekar aimait déstabiliser et choquer mais plus encore, il adorait avoir un interlocuteur digne de de lui.

Malgré tout, le jeune homme en vint presque à regretter de voir cette comparaison tourner autour de leurs pères respectifs. Jaekar avait d'autres idées en tête qu'imaginer le regard désapprobateur accentué d'un étrange sourire satisfait de Valerion. Une ombre passa sur son beau visage alors qu'il repensait aux crimes commis au nom des Qoherys et des Veltheon. Des actes qu'il ne pouvait pas revendiquer, encore moins en tirer une certaine fierté. Malgré tout, Jaekar le faisait pour sécuriser son héritage et pour satisfaire son père. Il n'était pas heureux mais au moins, il était en paix. A moins que Valerion ne se décide enfin à prendre son courage à deux mains et le déshériter, Jaekar savait qu'il resterait fidèle à son père. Si sa mère avait su aimé et servir l'homme, son fils le ferait bien volontiers pour honorer sa mémoire.

Vivre de l'ombre d'un autre est une chose, vivre dans son ombre en est une autre. On murmure le nom de la belle Elaena dans la belle société de Valyria. Tu n'es pas la fille du Tergaryon mais bel et bien un individu.

Si l'amertume transpirait dans la voix du bâtard au sang impur, il le cachait sous un sourire à toutes épreuves. Jaekar avait depuis de nombreuses années accepté ses origines. Seule sa place au sein de la société valyrienne formait une brèche, une faiblesse dans la carapace et l'identité qu'il s'était forgé au fil du temps. Quand à la question de si il serait à la hauteur, Jaekar aurait été plus que prompt à le démontrer.

Je ne suis pas le fils de Valerion Qoherys.

La voix rauque de Jaekar s'accompagna d'un pas en avant. Son corps frôla celui d'Elaena tandis qu'une main se glissait insidieusement le long de sa hanche pour remplir le creux des reins de la jeune femme. Sa dextre caressa distraitement la joue de son interlocutrice tandis qu'il la regardait droit dans les yeux. Il avait beau avoir grandi parmi les Valyrien, l'exotisme de leurs yeux améthyste excitaient toujours ses sens. La proximité de son corps avec celui d'Elaena ne devait par ailleurs laisser aucun à ce sujet à la jeune femme.

Je ferai ma place par mes compétences, mon charme et mon talent. L'ombre me plait bien pour le moment, en particulier avec toi avec mes côtés.


Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


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« Vivre de l'ombre d'un autre est une chose, vivre dans son ombre en est une autre. On murmure le nom de la belle Elaena dans la belle société de Valyria. Tu n'es pas la fille du Tergaryon mais bel et bien un individu. »

Elaena laissa un sourire poindre sur ses lèvres, elle était un individu, elle le savait bien sûr mais le savaient-ils tous ? Cela faisait quelques jours à peine qu’elle avait été propulsée à la tête de la faction mercantiliste, au Sénat, et déjà de nombreuses voix s’élevaient pour contester sa légitimité. Pouvait-elle sincèrement les en blâmer ? Parmi ceux-ci se trouvaient Baelor Cellaeron et Echya Odenys, deux poids lourds de la faction et qui avaient, des années durant, travaillé à défendre ses intérêts. Elaena ne pouvait que comprendre la frustration de ces deux bêtes de politique qui avaient gagné leur place et qui voyaient à présent une jeune fille être placée par son père à un rôle si convoité. Ainsi, beaucoup de ceux qui la suivaient aujourd’hui le faisaient car ils avaient été assurés de la présence continue de Vaegon à la tête des affaires de la faction. Sa fille en serait le visage, mais le maître resterait Vaegon. N’était-ce pas cela, vivre dans l’ombre de son père ? Pourtant, elle le sentait, Elaena était capable de se montrer à la hauteur de la tâche. Elle se savait inexpérimentée, mais elle avait confiance en ses capacités, peut-être à tort, seul l’avenir serait capable d’apporter une réponse satisfaisante à ces questionnements.

« Je ne suis pas le fils de Valerion Qoherys. »

Elaena avait voulu répliquer, mais le corps de Jaekar se rapprochant d’elle eut pour effet immédiat de la distraire. Le jeune homme était hardi, c’était un fait. Son corps qui frôlait celui de la jeune femme était chaud, non pas du fait de son sang en partie Valyrien, autre chose entretenait la flamme intérieure du Veltheon. Il laissa glisser sa main, du bout des doigts, sur les hanches de la jeune femme qui ne se recula pas. Elle ne connaissait pas Jaekar, du moins n’avaient-ils eu que très peu d’opportunités de se parler, mais elle savait déjà qu’il était un homme de défi. Il était de ces hommes qui voyaient dans le corps d’une femme tant un objet de désir, de dévotion, qu’un trophée à remporter. Pourtant, il suffisait souvent d’un rien pour que ces hommes se laissent volontiers conquérir, devenant le trophée, le chassé et non plus le chasseur. La main qui se déposait dans le creux des reins d’Elaena était douce mais ferme, elle prenait possession de cette partie de son corps comme certaine qu’elle lui appartenait, pour un temps du moins. Son autre main, loin d’être inactive, se porta à la joue de la jeune femme, ses doigts caressant avec douceur le derme rougi par la fraîcheur du soir.

« Je ferai ma place par mes compétences, mon charme et mon talent. L'ombre me plait bien pour le moment, en particulier avec toi avec mes côtés. »

La ruse était efficace. Elle l’était d’autant plus qu’elle se portait sur un corps depuis quelques jours délaissé par un frère préoccupé par autre chose que leur proximité. Ainsi, les sens d’Elaena répondaient-ils, malgré elle, à la caresse savamment dirigée du jeune homme. Elle qui fuyait bien volontiers ces rapprochements, prenant le risque de s’exposer à l’opprobre de tous en ne s’adonnant pas aux libations rituelles de la société valyrienne, se surprenait à vouloir y céder. C’était simple : son corps le demandait, son esprit le repoussait. Il y avait ce besoin terrible d’être touchée, d’être appréciée, ce manque créé par l’absence de Maekar, mobilisé au Sénat pour une loi qui serait bientôt votée, mais il y avait aussi la terrible pression de ses responsabilités, la fatigue et la lassitude de ne plus être qu’esprit pour une femme résolument sensuelle. Si elle était honnête, il y avait également dans la balance l’avantage que représentait le fait d’avoir Jaekar Veltheon de son côté. Elle oubliait un instant les mises en garde de Saerelys, la réaction de Daenyra, et s’autorisait à être un corps avide de sensualité entre les mains d’un autre prêt à la lui offrir, mais également un esprit calculateur, pensant à ce que le jeune homme qui lui faisait face pourrait lui permettre d’accomplir.

Alors, tant pour mettre fin à ses hésitations que pour le pousser, lui aussi, dans ses retranchements, la jeune native d’Oros poussa son corps plus avant. Alors que déjà leurs deux poitrines avaient-elles commencé à s’effleurer, elles se retrouvaient collées l’une à l’autre. Elaena laissa son souffle s’échapper pour caresser la peau du cou de Jaekar, quelques centimètres au-dessus de sa bouche. D’un geste provocateur, elle déposa sa main sur celle du jeune homme pour la faire glisser, lentement, centimètre par centimètre, du creux de ses reins à son postérieur.

« Tu l’as dit pourtant, Jaekar, je suis vouée à la lumière. »

Sa voix, suave, intensifiait encore davantage la chaleur de son souffle et sa caresse sur la peau du jeune homme. Se hissant sur la pointe des pieds, prenant appui sur la poitrine de son interlocuteur, Elaena approcha sa bouche de son oreille.

« … Mais qui sait, peut-être pourrais-je avoir besoin de tes compétences. Peut-être, tous les deux, pourrions-nous user de nos talents pour trouver notre place. »

Reposant ses pieds à plat sur le sol, Elaena plongea son regard dans celui de Jaekar, retirant sa main de celle qui se trouvait à présent sur ses fesses sans qu’elle ne cherche à l’y déloger. Comptait-elle honorer les Dieux avec le jeune homme ce soir ? Sans doute pas. La bataille que menait son cœur contre ses instincts était loin d’être terminée. Mais elle avait quelque chose en tête, et qui pouvait savoir où ça la mènerait ?

« Tu n’es pas que le fils de Valerion Qoherys. Mais au même titre que je dois ma place à mon père, tu es dépendant du tien. Oh je sais que tu n’aimes pas que je te dise cela, Jaekar, mais n’est-ce pas là une vérité ? L’ombre te sied, certes, mais la lumière t’ira à merveille. Alors que feras-tu lorsque ton père aura décidé de se remarier ? Que feras-tu lorsqu’un héritier Qoherys viendra au monde ? Je peux t’aider. Je peux te donner accès à des sphères dans lesquelles ton père ne t’a encore jamais fait pénétrer. Je peux t’aider à sécuriser ton avenir par un mariage prestigieux. Et toi, tu peux m’aider à sécuriser une place que l’on cherche à me ravir. »

Elaena approcha son visage de celui de Jaekar cette fois, effleurant sa lèvre inférieure des siennes sans pour autant concrétiser ce qui représentait la promesse d’un contact charnel.

« Tu ne peux renier ton père, tout comme je ne peux renier le mien, mais nous pouvons toujours montrer à la vieille garde qu’ils ne pourront plus nous réduire au silence. Nous pouvons montrer, à tous ceux qui, aujourd’hui, dirigent la société valyrienne, qui en dictent les règles, parfois absurdes, comme celles qui voudraient qu’un sang mêlé, qu’une femme, ne peuvent se hisser au plus haut, que leur place devrait être dans l’ombre que… »

Cette fois elle plaçait ses mains sur les joues du jeune homme, forçant leurs regards à se mêler avec plus d’intensité que jamais, leurs corps à se caresser et leurs fronts à se toucher.

« … Issa vīlībāzma jaelzi, vīlībāzma pōnta'll emagon. »

Si c’est la guerre qu’ils veulent, ils l’auront.



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La femme, oeuvre divine, surtout quand elle a le diable au corpsWomen, divine masterpiece above all

An 1066, mois 4.

Jaekar ne connaissait pas Elaena. Il n'avait jamais qu'entendu parler de la fille des Tergaryon et son caractère avenant. Jusqu'à courtiser son époustouflante soeur, Jaekar n'avait jamais adressé un seul mot à un membre de la famille. L'Andal n'avait que peu d'affinité avec les soldats, bien trop heureux de dégainer leurs longues pointues pour compenser ce qui leur manquait sous la toge. L'amour et son art ne consistaient pas à porter des bracelets de force tout en s'huilant le corps comme un éphèbe, ni même pas à simplement s'agiter sur son amante. L'excitation des sens, le charme et le pouvoir des mots étaient le véritable attrait d'une relation.

Refroidi par la réaction de sa sœur, et curieux de goûter à son caractère, Jaekar craignait qu'Elaena soit aussi chaste et prude que Daenyra. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se pencha en avant pour écraser sa poitrine contre celle du jeune homme. Ce dernier sentit son souffle s'accélérer en même temps qu'il s'étonnait de l'étonnante fermeté des seins d'Elaena contre son corps. Sa toge cachait des merveilles insoupçonnées à n'en pas douter. Des merveilles qu'il eut bientôt l'occasion de toucher autant des doigts que du regard alors que sa main venait s'égarer sur le postérieur, fort rebondi d'Elaena, guidée par Virgile lui-même. Seule une légère crispation sur la courbe délicate trahit le désir de Jaekar alors qu'il écoutait sa nouvelle amie.

« … Mais qui sait, peut-être pourrais-je avoir besoin de tes compétences. Peut-être, tous les deux, pourrions-nous user de nos talents pour trouver notre place. »
Tu n'as pas idée de mes talents.

Le souffle brûlant d'Elaena près de son oreille hérissa le poil de Jaekar qui réprima un frisson tandis que sa nuque le brûlait soudainement. Il n'avait que trop conscience de la chaleur des mains d'Elaena contre son torse et de son corps si près. La conversation prenait une tournure des plus intéressantes. Il n'attendait pas un tel numéro de charme de la part de la Sénatrice. Que des femmes délaissées par leurs maris s'intéressent à son charme exotique, qu'il puisse faire tourner la tête aux jeunes cadettes soupirant d'amour, Jaekar l'acceptait comme un fait. Il savait également que l'intérêt d'Elaena puisait ses racines ailleurs.

« Tu n’es pas que le fils de Valerion Qoherys. Mais au même titre que je dois ma place à mon père, tu es dépendant du tien. Oh je sais que tu n’aimes pas que je te dise cela, Jaekar, mais n’est-ce pas là une vérité ? L’ombre te sied, certes, mais la lumière t’ira à merveille. Alors que feras-tu lorsque ton père aura décidé de se remarier ? Que feras-tu lorsqu’un héritier Qoherys viendra au monde ? Je peux t’aider. Je peux te donner accès à des sphères dans lesquelles ton père ne t’a encore jamais fait pénétrer. Je peux t’aider à sécuriser ton avenir par un mariage prestigieux. Et toi, tu peux m’aider à sécuriser une place que l’on cherche à me ravir. » Les lèvres d'Elaena frôlèrent celle de Jaekar, fantôme d'un baiser évanescent et déjà oublié. Le jeune homme ne réagit pas malgré la sécheresse de sa gorge. « Tu ne peux renier ton père, tout comme je ne peux renier le mien, mais nous pouvons toujours montrer à la vieille garde qu’ils ne pourront plus nous réduire au silence. Nous pouvons montrer, à tous ceux qui, aujourd’hui, dirigent la société valyrienne, qui en dictent les règles, parfois absurdes, comme celles qui voudraient qu’un sang mêlé, qu’une femme, ne peuvent se hisser au plus haut, que leur place devrait être dans l’ombre que… »

Ainsi frappait Elaena. La famille, le pouvoir et surtout l'ambition étaient des choses sensibles pour Jaekar. Des faiblesses qu'il maîtrisait peu mais dont il était parfaitement conscient. Il ne pouvait que féliciter la sénatrice de savoir frapper si fort et si vite. Se laissant approcher, Jaekar plongea ses yeux dans le regard étonnant de la belle. Il pouvait comprendre ce qu'elle souhaitait et, déjà, son esprit travaillait à comment lui offrir autant de plaisir que le désir de ses pensées. Son père apprécierait de voir son fils s'allier avec les Tergaryon, au détriment des Cellaeron ou encore des Odenys. Valerion cherchait à protéger son trône doré de la plus haute tour du Sénat et Jaekar était son bouclier des ombres. Mais au delà de l'intérêt des Qoherys, Jaekar pouvait gagner beaucoup pour lui.

Elaena Tergaryon. dit dans un souffle le jeune homme en affirmant sa prise sur la croupe de la belle, la forçant à se coller contre lui. Tu devrais apprendre à ne pas titiller d'une lance un sanglier comme dirait le peuple de ma mère.

A ses mots, Jaekar repoussa délicatement Elaena contre le mur et sa main libre se glissa le long des jambes de la sénatrice pour frôler cette partie sensible, cette zone d'équilibre parfaite et si sensible. L'épaisseur de sa toge ne manquerait pas de lui ôter une partie du plaisir et de la frustrer au même qu'il l'était. D'une simple caresse, mais ferme, il remonta le long de son ventre, passa tel une ombre sur ses seins pour mieux attrapa son menton. Jaekar plongea son regard droit dans celui d'Elaena et se pencha en avant, frôlant à son tour les lèvres de la sénatrice, sans jamais les honorer comme il se devait.

Tes paroles sont comme le miel du vin dont on se délecte tant. Nourris moi encore de ces doux mots en me donnant plus à réfléchir. Quel plaisir serait-ce de moucher mon père et ses amis qui nous regardent de haut. Je ne peux qu'imaginer, et me délecter, du regard d'un Baelor sous le choc ou encore du dégoût peint sur le visage d'Echya... Ah Elaena, tes pensées me promettent autant que ta beauté et ton corps. Mais ce ne sont que des mots. Qu'as tu à vraiment me proposer ? Je te suivrai... qilōni jaelagon se lyks, mazverdagon ziry syt vīlībāzma

Sur ces mots de sagesse, Jaekar ne laissa pas à Elaena le temps de répondre et l'embrasse fougueusement.

*Qui veut la paix, prépares la guerre


Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


La femme, oeuvre divine, surtout quand elle a le diable au corps
« Tu n'as pas idée de mes talents. »

Elaena avait fait un pari. Elle s’était engagée dans un jeu dangereux dont elle croyait maîtriser les règles. Là est toute la caractéristique de la jeunesse, persuadée d’avancer dans le monde avec raison alors qu’elle ne fait que courir. Il aurait été infondé de dire que Jaekar n’avait rien d’attirant, il avait tout d’un jeune homme tout à fait apte à ravir le cœur des demoiselles de la péninsule. Cependant, Elaena voyait bien au-delà du simple physique avenant de son camarade. Sous ses airs de jeune princesse, la jeune femme tentait de tisser une toile politique à même de la protéger, et Jaekar Veltheon pouvait être un élément important de celle-ci. Seulement voilà. Alors qu’elle s’était imaginée maîtriser la situation, amusée de voir Jaekar éluder ses questions et se retrancher dans une attitude tout à fait propre à ceux qui reculent, il ne lui fallut guère longtemps pour constater qu’elle avait surestimé ses capacités.

« Elaena Tergaryon. »

La jeune femme hoqueta légèrement alors que la main de Jaekar prenait plus fermement possession de ses fesses.

« Tu devrais apprendre à ne pas titiller d'une lance un sanglier comme dirait le peuple de ma mère. »

Prenant progressivement conscience de la situation qu’elle venait d’instaurer, l’esprit d’Elaena s’éclaircit progressivement, les vapeurs d’alcool le délaissant peu à peu. Elle devait décider et vite de la tournure qu’elle pouvait envisager pour la suite des événements. Avait-elle l’intention de partager les heures dévotes avec Jaekar ? Pouvait-elle s’imaginer lui céder ce soir au profit d’une ambition politique qu’elle n’était pas même certaine de maîtriser tout à fait ? Elle n’eut guère beaucoup de temps pour peser le pour et le contre, déjà elle sentait la chaleur du corps de Jaekar s’éloigner du sien, et le contact froid du mur contre la peau de son dos la fit frissonner. Elle ne sut identifier quoi de la pierre contre sa peau, ou de la main du jeune homme qui se balader sur sa jambe, lui avait coupé le souffle, mais il lui sembla soudain manquer d’air. En prise avec le frisson d’une peau caressant la sienne et l’impression de perdre tout à fait la maîtrise de la situation, la jeune femme ne quitta pas pour autant le regard du jeune homme. Sans doute jouait-il au même jeu qu’elle, et sans doute essayait-il de reprendre la main haute sur ce qui se révélait être une négociation sous des airs de langoureuse rencontre. La main de Jaekar poursuivit son chemin, lentement, effleurant toujours sans jamais posséder, avant de s’emparer du menton de la jeune femme pour posséder son regard. Ce visage qui s’approchait, ces lèvres qui effleuraient, tout ce qui l'entourait plongeait Elaena dans un état second tout à fait paralysant.

« Tes paroles sont comme le miel du vin dont on se délecte tant. Nourris-moi encore de ces doux mots en me donnant plus à réfléchir. Quel plaisir serait-ce de moucher mon père et ses amis qui nous regardent de haut. Je ne peux qu'imaginer, et me délecter, du regard d'un Baelor sous le choc ou encore du dégoût peint sur le visage d'Echya... Ah Elaena, tes pensées me promettent autant que ta beauté et ton corps. Mais ce ne sont que des mots. Qu’as-tu à vraiment me proposer ? Je te suivrai... qilōni jaelagon se lyks, mazverdagon ziry syt vīlībāzma. »

Durant un court instant, Elaena fut soulagée de voir que la conversation revenait à ses élans premiers : la politique. Elle avait donc réussi à retenir son attention et lui faire entrevoir les avantages qu’ils pouvaient avoir à travailler ensemble. Reprenant une certaine assurance, la jeune femme laissa un sourire éclore sur ses lèvres rougies par le vin. Elle parviendrait à deviser un plan, et elle parviendrait à avoir la main haute sur Baelor, Echya, et tous ceux qui ne rêvaient que de la voir échouer. La jeune femme ouvrit la bouche pour répondre à Jaekar et tenter de le convaincre définitivement des intérêts communs, elle n’eut cependant guère le temps d’exposer le moindre argument avant que les lèvres de Jaekar ne prennent possession des siennes. Elle ne l’avouerait jamais au jeune homme, mais elle fut complètement déstabilisée par ce geste qu’elle n’avait pas envisagé, ni anticipé.  

Dos au mur, Elaena repoussa cependant rapidement le jeune homme pour mettre fin à leur baiser.

« Je ne propose pas ainsi mon corps, Jaekar Veltheon, il y a des choses que seules la persistance et la confiance peuvent offrir. »

Elle lui offrit un sourire, maintenant la proximité de leur corps tout en laissant sa main sur la poitrine de l’homme pour garder ses lèvres à bonne distance des siennes.

« Ce que je te propose, c’est de travailler ensemble à créer un futur glorieux pour les gens comme toi et moi. Je ne te propose pas seulement de moucher la vieille garde, de leur prouver que nous sommes à craindre, non… Je te propose de briser l’ordre établi. De briser les règles silencieuses qu’ils ont érigés pour empêcher les hommes comme toi d’hériter pleinement de ce qui leur revient de droit, pour empêcher les femmes comme moi d’étendre leur pouvoir. »

Elle se tut un instant, laissant son regard s’ancrer solidement dans celui de Jaekar.

« Nous ne devons pas seulement les affronter au Sénat et leur montrer qu’ils ne peuvent plus agir sans se soucier de nous, voire même nous nuire… Nous devons tisser, lentement, sûrement, solidement et habilement une toile invisible à leurs yeux. Une toile qui, un jour, se refermera sur eux sans même qu’ils ne l’aient vue se rapprocher. Nous devons écouter, collecter, observer… Gagner en pouvoir en gagnant en connaissance, là est le secret de tout. Nous devons préparer, des années durant, pour frapper le moment venu. »

Ce fut au tour d’Elaena de prendre possession du menton de Jaekar, le serrant sans ménagement avec l’une de ses mains pour empêcher son regard de s’échapper.

« Mais pour cela, nous devons avoir une confiance pleine et entière en l’un et l’autre. Et nous le savons, toi comme moi, la confiance est une denrée rare à Valyria. Alors j’ai deux questions, simples et décisives : me suis-tu ? Et, si tel est le cas, comment parvenir à nous faire confiance ? »

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