Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

avatar
Invité
Invité


Fifty shades of shiv blowFire is the test of gold; adversity, of strong men


An 1066, mois 4.


La vapeur laissait la peau de Maegon en souffrance, rougie et abrasée par le soin des serviteurs qui l'avaient accompagnés dans les thermes. Le Sénateur se détendait seul dans la pièce la plus chaude du bâtiment. Sa vue était assombri par l'épaisse vapeur brûlante qui s'échappait à grandes bouffées du sol. Si les Ghiscaris étaient réputés pour leurs bains chauds et leurs pièces dédiées à la transpiration saine du corps, les valyriens jouaient dans la catégorie au-dessus. Leur résistance à la chaleur presque surnaturelle leur permettait de tenir de longues heures sans sourciller alors même que leur peau prenait une teinte caractéristique.

Le sang particulièrement pur de Maegon l'empêchait notamment d'emmener avec lui ses serviteurs - jamais il n'aurait toléré la présence d'un esclave jusque dans son intimité. Par ailleurs, il avait ordonné à ce qu'on augmente la chaleur de la pièce jusqu'à un niveau presque insoutenable même pour lui. Le Valyrien se sentait nauséeux et la profonde haine qui enserraient chaque jour son cœur le rendait presque malade. La purification de son corps s'imposait, le laissant seul avec ses pensées. Les quelques marchands et sénateurs qui étaient déjà installés à son arrivée avaient rapidement fui la pièce. Certains simplement pour éviter le terrible dynaste des Riahenor et son air sombre, d'autres parce qu'ils ne supportaient plus la chaleur.

Cette solitude allait parfaitement à Maegon. Lorsqu'une silhouette passa l'entrée de la pièce surchauffée, son sang ne fit qu'un tour. Ses lèvres se relevèrent sur ses dents blanches et ses longues mains, pareilles à des araignées fantomatiques, se resserrèrent sur ses genoux. Qui osait troubler le repos du plus illustre des dragons ?! Se redressant à moitié, Maegon rejeta sa longue chevelure argentée en arrière, la plaquant sur son crâne. Sa colère s'adoucit en reconnaissant l'homme. Il avait passé bien trop d'heures en sa compagnie, observant d'un regard haineux son dos ou son profil, pour l'ignorer. Il savait que la réciproque était vraie. Se repoussant en arrière, Maegon s'installa plus confortablement, le dos droit et la nuque raide.

Lucerys, toi qui entre ici abandonne tout espoir. Je ne sais pas si ton coeur survivra à une telle chaleur. Valyria ne voudrait pas pleurer la défaite d'un de ces plus éminents généraux si tôt après notre victoire. Assieds-toi ami.
avatar
Invité
Invité

Fifty shades of shiv blowFire is the test of gold ; adversity, of strong men

Quatrième mois de l'an 1066 - Bains publics

La cire s’étala sur l’enveloppe, apposant dans son sillage le pourpre de ses pigments. « Cela suffira pour aujourd’hui. » Penché au-dessus du billet, Lucerys observa le liquide rouler lentement sur le papier, tandis que, debout, tout près de lui, le grand intendant lui tendait solennellement le sceau pour achever son affaire. « Je peux mander un coursier dans la journée, si cela te sied, Sénateur. » Arlaeron acquiesça d’un discret hochement de tête et, d’une main ferme, apposa les armoiries de sa famille contre la petite nappe de cire. « Le plus vite sera le mieux. » Oeil d’Argent se redressa. Son dos, constata-t-il amèrement, semblait n’avoir guère goûté à cette énième session administrative. Fort heureusement pour lui, la suite de sa journée s’annonçait autrement plus reposante - en tous cas pour ses vieux muscles. « J’ai l’intention de me rendre aux thermes. Tu sais à quoi t’en tenir. » L’intendant acquiesça d’un bref mouvement du chef.  

Le soleil noyait déjà Valyria sous une mer ardente lorsque Lucerys quitta ses appartements de fonction. Encadré d’une poignée de ses plus fidèles Jurés d’Argent - dont il ne se séparait pour ainsi dire jamais quand il lui fallait quitter la sérénité de son domaine -, Arlaeron se fraya méthodiquement un chemin au travers du vulgaire, saluant çà et là quelques badauds, jusqu’à atteindre les bains antiques de la capitale. On l’y accueillit avec les sirupeux égards habituels. « Un plaisir de te revoir, Sénateur. » Chantonna de sa voix douce l’eunuque à qui les riches propriétaires des thermes avaient confié la réception des hôtes de prestige. « Un plaisir, oui. Toujours un plaisir. » Alors, Lucerys se laissa guider jusqu’à l’apodyterium, s’y dévêtit posément, avant de se mouvoir à sa convenance au sein du célèbre établissement.

D’abord séduit par la perspective de se prélasser au cœur des bassins d’eau tiède, l’agitation qui y régnait poussa finalement le patriarche à prendre le chemin des bains les plus chauds des thermes. Oeil d’Argent y rejoignit donc les étuves et, après un bref examen des différentes alcôves, jeta son dévolu sur celle qui lui sembla la moins peuplée. Et c’est avec une certaine assurance, celle de ceux qui se pensent seul maître des lieux, que Lucerys pénétra dans la pièce.

« Lucerys, toi qui entre ici abandonne tout espoir. » Tonna soudainement, sans crier gare, une voix désespérément familière. Le Sénateur se figea. S’attendant d’abord à trouver son instigateur sur ses talons, Arlaeron finit toutefois par découvrir que la source de ses tourments se trouvait en réalité à quelques pas de sa position, installée sur l’un des bancs de l’étuve. La vapeur qui s’en dégageait le rendait presque invisible. « Je ne sais pas si ton cœur survivra à une telle chaleur. Valyria ne voudrait pas pleurer la défaite d'un de ces plus éminents généraux si tôt après notre victoire. Assieds-toi ami. »

Un rictus amusé étira les traits durs de la ganache de Lucerys. « Riahenor. » Soupira sa conscience, tandis qu’il toisait le dynaste de toute sa hauteur. Arlaeron salua son désagréable interlocuteur d’un regard perçant, avant de consentir à s’asseoir. « Et dire que je m’étonnais de trouver la pièce déserte. Cela fait sens, maintenant. » Glissa-t-il à son rival, tout en choisissant le banc à l’exacte opposée de son collègue. Il s’assura toutefois de rester dans son plus parfait alignement. « Tu mésestimes la vigueur de mon sang, Sénateur. Tu devrais te montrer plus prudent. Tes ancêtres ont commis la même erreur, jadis. »

Lucerys appuya son dos contre le mur de pierres de l’alcôve, son œil toujours fixé dans ceux de Maegon. Ses muscles commençaient doucement à se décrisper, mais pas autant qu’il l’espérait. La faute, sans aucun doute, à un certain dynaste...

« J'espérais bien recroiser ta route. » Sa voix, grave, ricocha contre les cloisons. « Tu as fait sensation, pendant la dernière séance. Quelle pitié que tes aboiements n'aient pas réussi à convaincre nos estimés collègues. »

avatar
Invité
Invité


Fifty shades of shiv blowFire is the test of gold; adversity, of strong men


An 1066, mois 4.

Un rictus déchira le visage de Maegon lorsque les attaques de Lucerys tombèrent. Le vieux général baissait peut être les épaules sous le poids des ans mais il restait un attaquant. Le dynaste aurait presque été déçu de voir un innommable adversaire le fuir. Maegon appréciait la solitude que sa réputation lui permettait d'obtenir. Contrairement à un certain général des bureaux, il n'avait pas le temps pour la horde de flatteurs occupés à astiquer son égo. Les Riahenor connaissaient leur place, au firmament.

Un rire cristallin s'échappa de la gorge de Maegon lorsque Lucerys porta l'attention sur la vigueur de son sang. Il ne pouvait pas nier que les Arlaeron avaient un sang pur. Leur lignée remontaient presque aussi loin que les premiers temps de la République. Malgré tout, les dynastes restaient leurs supérieurs, les Riahenor encore au dessus. Aucune autre maison pouvait se vanter de ne pas avoir sombrer dans la folie des mariages avec d'autres familles, au point de manquer d'héritiers. Ou pire encore: de confier à leur héritage à un cousin.

Serait-ce une menace que j'entends à travers tes lèvres desséchées par les ans, Général ? Ton sang est peut être pur mais les tiens ont sombré dans l'ignominie. Lorsque les miens se dressent, droits et fiers malgré la trahison, il n'a fallu qu'une seule perte pour t'arracher un œil. Dans la pénombre des thermes, Maegon écarta avec ses doigts ses paupières. Son œil ainsi exorbité n'était guère plus qu'une tâche blanche tremblotante pour Lucerys. Le message restait clair. Quel dommage que l'avenir de la maison repose uniquement dans les mains d'une douce voix. laissa échapper le dynaste avec un sourire torve.

Sans surprise, Lucerys vint à aborder le sujet de la séance du Sénat. A nouveau, Maegon laissa sa joie funeste éclater dans un rire sombre. Lorsque les derniers échos disparurent dans les brumes du sauna, il se pencha en avant, les coudes posées sur les genoux. Lucerys pouvait se gausser autant qu'il le souhaitait mais Maegon avait fait bien plus qu'aboyer au cours de sa prestation au Drīvo Perzo. En parlant de canidés, le dynaste avait un avis clairement tranchée sur qui posséder une meute de chiennes enflammées et prompte à suivre leur maître. Bien obligé de reprendre les mots d'une certaine Sénatrice, Maegon trouvait pourtant le terme de sicaires bien trop gratifiants.

Ne sois pas sot. Tu sais aussi bien que le dernier de tes parvenus que ta misérable motion ne pouvait qu'être acceptée. Je n'ai fais guère plus que rappeler que le joug des militaristes n'est pas la seule alternative à la vénalité des marchands. Maegon se rassit le dos au mur brûlant et ferma les yeux quelques secondes. Le prix
à payer par ces arrivistes doit faire du mal à l'armée, n'est-ce pas Sénateur ? Peut être me remercieras-tu plus tard. Lorsque viendra le temps des élections et que tu ne souffriras guère plus que d'une humiliante défaite en lieu et place d'une coup de dague.
Si les Riahenor n'avaient su résister à la vindicte oligarchique, Lucerys ne tiendrait pas une seconde.

Contenu sponsorisé