La vapeur laissait la peau de Maegon en souffrance, rougie et abrasée par le soin des serviteurs qui l'avaient accompagnés dans les thermes. Le Sénateur se détendait seul dans la pièce la plus chaude du bâtiment. Sa vue était assombri par l'épaisse vapeur brûlante qui s'échappait à grandes bouffées du sol. Si les Ghiscaris étaient réputés pour leurs bains chauds et leurs pièces dédiées à la transpiration saine du corps, les valyriens jouaient dans la catégorie au-dessus. Leur résistance à la chaleur presque surnaturelle leur permettait de tenir de longues heures sans sourciller alors même que leur peau prenait une teinte caractéristique.
Le sang particulièrement pur de Maegon l'empêchait notamment d'emmener avec lui ses serviteurs - jamais il n'aurait toléré la présence d'un esclave jusque dans son intimité. Par ailleurs, il avait ordonné à ce qu'on augmente la chaleur de la pièce jusqu'à un niveau presque insoutenable même pour lui. Le Valyrien se sentait nauséeux et la profonde haine qui enserraient chaque jour son cœur le rendait presque malade. La purification de son corps s'imposait, le laissant seul avec ses pensées. Les quelques marchands et sénateurs qui étaient déjà installés à son arrivée avaient rapidement fui la pièce. Certains simplement pour éviter le terrible dynaste des Riahenor et son air sombre, d'autres parce qu'ils ne supportaient plus la chaleur.
Cette solitude allait parfaitement à Maegon. Lorsqu'une silhouette passa l'entrée de la pièce surchauffée, son sang ne fit qu'un tour. Ses lèvres se relevèrent sur ses dents blanches et ses longues mains, pareilles à des araignées fantomatiques, se resserrèrent sur ses genoux. Qui osait troubler le repos du plus illustre des dragons ?! Se redressant à moitié, Maegon rejeta sa longue chevelure argentée en arrière, la plaquant sur son crâne. Sa colère s'adoucit en reconnaissant l'homme. Il avait passé bien trop d'heures en sa compagnie, observant d'un regard haineux son dos ou son profil, pour l'ignorer. Il savait que la réciproque était vraie. Se repoussant en arrière, Maegon s'installa plus confortablement, le dos droit et la nuque raide.
Lucerys, toi qui entre ici abandonne tout espoir. Je ne sais pas si ton coeur survivra à une telle chaleur. Valyria ne voudrait pas pleurer la défaite d'un de ces plus éminents généraux si tôt après notre victoire. Assieds-toi ami.