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Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Ombres parmi les ombresBalade dans la ville souterraine


La nuit était tombée depuis longtemps sur la belle Valyria, capitale de l'empire éponyme. Si la ville ne dormait jamais vraiment, elle était forcément beaucoup plus calme passé une certaine heure. Les étoiles ponctuaient un ciel noir d'encre comme autant de diamants sur un pourpoint, et seul les volcans teignaient le ciel obscur d'une discrète lueur rougeâtre au-dessus de leur cratère empli de magma en fusion.

Dans la Vallée des Taudis, un effondrement avait ouvert jadis une entrée sur les égouts de Valyria. Depuis lors, une ville parallèle s'était développée sous la grande cité qui faisait la fierté des Valyriens. Dirigée par des barons locaux du crime, elle n'était pas aussi anarchique que le gigantesque bidonville où se trouvait son entrée mais restait un lieu que toute personne sensée évitait au mieux de ses capacités. En conséquence, le passage était assez rare. C'était la seule entrée connue de la ville souterraine. Il en existait d'autres, plus secrètes, plus discrètes, plus exclusives. Elles étaient l'apanage d'une élite de la nuit, d'une société de l'ombre qui grouillait et grandissait dans l'ombre de Valyria qui s'étirait toujours plus loin sur le monde. Ce soir, toutefois, le rendez-vous était donné à l'entrée connue de tous. Un groupe d'hommes et de femmes patientait, l'air concentré et secret.

Ils étaient six, deux femmes, quatre hommes. Ils avaient été rassemblé par le mystérieux commanditaire qui avait contacté Aelarys Targaryen plus tôt dans la journée. Il y avait parmi eux deux mages, un homme et une femme, et les autres semblaient être de simples coupe-jarrets attendant leur chef. Si les mages étaient jeunes et visiblement très exaltés, les sbires semblaient bien plus habitués et expérimentés. Comment deux catégories avaient pu se retrouver à travailler ensemble, c'était là le travail d'un personnage qui savait cultiver la diversité de ses relations.

Il y avait une jeune femme aux cheveux blancs comme la neige, et aux yeux d'un violet pétillant, d'une beauté que certains auraient qualifié de commune mais dont la présence irradiait d'une douce chaleur. Enveloppée dans une épaisse toge violette et or, elle patientait en faisant apparaître de toutes petites flammèches entre ses mains. L'autre mage, un homme entre deux âges portait une tunique noire pratique discutait avec l'autre femme : elle était impressionnante avec deux dagues d'acier valyrien accrochée à sa ceinture nouée autour d'une armure de cuir teinté de noir. Les deux derniers hommes discutaient à voix basse, légèrement à l'écart. Ils sortaient visiblement du même moule. Engoncés dans des hauberts légers doublés de mailles, ils étaient solidement équipés, l'un avec une hache courte et l'autre avec une épée bâtarde droite. Leurs visages portaient les stigmates d'une vie de lutte dans la rue et détonnaient avec la qualité de leur équipement. Il était évident qu'ils s'agissaient d'homme de l'ombre, oeuvrant sans doute pour quelque puissant, et qui étaient équipés en conséquence. Leur connaissance du monde nocturne et parallèle serait précieuse dans les prochaines heures.

Ils attendaient encore ce fameux personnage ainsi que le fameux seigneur-dragon qui les accompagnerait. Si les sbires savaient où passer pour éviter les regards, ces endroits de la ville souterraine étaient sauvages et la misère qui y régnait pouvait pousser quelques désespérés à approcher d'un peu trop près. Il avait donc été décidé d'intégrer à ce plan un seigneur-dragon authentique qui, équipé des attributs de la noblesse valyrienne, saurait tenir à distance les miséreux rien que par son apparence.

Lorsqu'Aelarys apparût enfin, le groupe se tendît l'espace d'un instant. Personne n'était attendu et on ignorait encore à qui on avait à faire. Mais le plus vétéran de tous, un colosse aux yeux d'un violet quasi grisé et aux cheveux ras s'avança vers le jeune seigneur dragon avec une assurance que conférait une vie à fréquenter ces endroits. Il se campa devant le héros de Mhysa Faer, le dominant d'une bonne tête et demie. Derrière lui, le groupe se rassemblait pour observer le nouvel arrivant. En un instant, Aelarys fut jaugé par le colosse à la hachce qui lui tendit une main faisant pratiquement la taille de la tête du Targaryen.

« J’imagine que tu es celui qu’on attend, seigneur-dragon. Moi c’est Vhaegar. Et là, c’est mes compagnons d’infortune Alareon et Xynera, et les deux loustics plus loin, ce sont Maeria et Aegar. Tu t’appelles comment ? »

Le colosse ne sembla même pas écouter la réponse donnée qu’il enchaîna.

« Bon, je t’explique le topo rapidement. On attend encore le chef, puis on y va. On avance droit devant nous, on ne s’arrête pas et on ne discute pas avec les locaux. »

Il se retourna vers son petit groupe, surtout les mages, pour les préparer en conséquence. Le chef, lui, connaissait parfaitement les lieux et n’avait nul besoin de se voir répéter les informations. Le plan était clair, lorsqu’il arriverait, le groupe devrait être prêt à partir. Le ton était martial : l'homme était sans doute un ancien soldat et il était visible qu'il avait toujours l'habitude d'écouter et d'obéir aux ordres qu'on lui donnait. Il n'était certainement pas un amateur.

« Sous aucun prétexte, et j’insiste là-dessus, vous ne devez quitter le groupe et vous aventurer hors des itinéraires éclairés. Quoi que vous voyiez, quoi que vous entendiez, vous restez concentrés. Notre objectif pour ce soir est de retrouver des collègues à nous un peu plus loin dans la ville souterraine. De là, nous vous expliquerons ce qu’il y a à faire. Compris ? »
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Ombres parmi les ombres.


Les étoiles brillaient de tout leur éclat lorsque Aelarys quitta la résidence de sa famille à la faveur de la nuit. La cité de Valyria s'endormait doucement tandis que sa vie nocturne, plus discrète et mystérieuse, sortait de sa torpeur. Le jeune valyrien avait lu et relu l'étrange missive qu'il avait reçu le jour même. Un message sibyllin d'une personne se présentant comme son bienfaiteur lui donnant rendez-vous pour une énigmatique mission.
Aelarys avait été prévenu que sous sa belle apparence, Valyria était un nid de complots, d'intrigues et de jeux de pouvoir. Il savait qu'un jour il devrait y prendre part s'il voulait s'y forger une place et envisager une carrière dans les affaires publiques de l'état. Seulement, il n'était pas pressé de le faire et voyait encore les complots d'un œil suspicieux.
Le dragonnier souhaiterait avant tout monter les échelons de manière honorable grâce à ses actes de bravoure qui attirerait le regard de ces concitoyens mais aussi celui des Dieux.
En cette nuit paisible, Aelarys se rendait cependant au rendez-vous principalement dirigé par sa curiosité et son instinct. Il voulait savoir qui était ce commanditaire mais aussi découvrir peut-être de potentiels alliés pour le futur. Il pourrait aussi s'agir d'un piège. Mais Aelarys avait la fougue de la jeunesse en lui. Il ne resterait pas un dragon paralysé par la peur. Valyria n'était pas un peuple de faibles et de lâches. Non, il s'élèverait en transformant sa peur en courage et en force.

Prenant au mot les indications lui demandant d'apporter son épée, le jeune seigneur-dragon avait donc revêtu des atours militaires. Par dessus une tunique noire, son armure en acier valyrien était composée de fines plaques ressemblant à des écailles de dragon. Elle était légère et fluide pour ne pas entraver les mouvements. Le métal était sombre dans l'éclat du firmament nocturne. Son épée en acier valyrien et une longue cape noire attachée par un fermoir en bronze complétait la tenue.

Après une longue marche dans les méandres de la ville, Aelarys arriva au lieu du rendez-vous. Les belles propriétés et tours de la noblesse valyrienne avaient cédé la place à des taudis infames. Dans son imaginaire, le Targaryen avait toujours imaginé la capitale comme un joyau intact, pur et scintillant. Le retour à la réalité avait été brusque quand il avait réalisé que la pauvreté gangrénait aussi la ville. Ici également le sang pur valyrien se diluait peu à peu avec l'inapte et une frange de la population perdait son lien mystique hérité des Dieux.
La ville souterraine était encore un mystère pour le seigneur-dragon. Elle était réputée pour être dangereuse et mal fréquentée... Cette aura d'interdit qui l'entourait donnait à Aelarys encore plus envie de l'explorer.

Un groupe était déjà présent à l'entrée de la ville souterraine. Aelarys les jaugea de son regard améthyste. Ce mystérieux commanditaire avait donc rassemblé une véritable équipe... Deux d'entre eux avaient l'air d'être des mages, et les autres étaient clairement des guerriers.
Parmi les inconnus celui qui paraissait le plus vieux et le plus expérimenté s'avança vers le seigneur-dragon. Aelarys dût lever la tête tant le colosse était grand. Il faisait une tête et demi de plus et était deux fois plus large que le jeune Targaryen. Aelarys ne se démonta pas même s'il était circonspect et légèrement intimidé. Il serra du colosse dans une poignée de main virile et militaire. Le seigneur-dragon se retint de grimacer sous l'effet de la douleur qui ne manqua pas d'arriver.

« Salut à toi Vhaegar. Moi c'est Aelarys. »

Personne n'avait donné de nom de famille donc Aelarys ne le fit pas non plus. Le groupe savait déjà qu'il était un seigneur-dragon et un membre de la noblesse après tout. Et puis le nom Targaryen était encore peu connu en ville, d'où le fait que le jeune homme ne se sentit encore moins obligé de donner son nom complet.
Aelarys rejoignit le reste du groupe et salua ses membres d'un hochement de tête. Il remarqua particulièrement la jeune mage Maeria pour la beauté de sa chevelure d'argent et de ses yeux pleins de malice.
Le vétéran commença ensuite son explication. Aelarys écouta attentivement. Ainsi donc le mystérieux bienfaiteur n'était pas encore arrivé...
Les instructions étaient précises et visiblement Vhaegar avait une expérience de soldat et savait commander une petite troupe. Néanmoins Aelarys n'était pas prêt à suivre n'importe quel ordre sans savoir ce qu'ils allaient faire et à l'instigation de qui.

« Compris. Je suivrai tes consignes. Mais avant je veux savoir qui est ce chef dont tu parles, celui-là même qui m'a donné rendez-vous ici. »

Tous ces protagonistes semblaient membres d'une organisation bien implantée dans les souterrains de la ville... Aelarys était impatient d'en savoir plus.
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Ombres parmi les ombres
ft. Aelarys et le Destin



La lame jeta un éclat funèbre alors que la lumière de la lune et des flambeaux s'y accrochait. Un gémissement s'échappa des lèvres de sa victime alors que son maître la laissait glisser lentement le long de la gorge d'un geste sûr. Les années d'expériences, malgré un peau encore lisse et jeune, transpiraient dans les mouvements de la lame le long de la gorge. Une trajectoire courbée, suivant les artères et les veines.

Doucement. lâcha sévèrement Jaekar en regardant l'esclave d'un œil jovial. La bouche pincée et le front plissé par la concentration, elle acquiesça et se remit à la tâche. A nouveau le rasoir fendit l'air et vint se poser sur la peau irritée du jeune homme. Il doutait du bien fondé d'un rasage tardif mais Mazah avait des doigts de fée, aussi bien pour les soins du visage que ceux plus corporels. L'héritier s'efforça de se détendre, chose difficile lorsqu'il avait poussé son esclave à le chevaucher sur son siège pour pouvoir lui faire face et le raser de près.

Pour s'efforcer de ne pas tirer le glaive aussi vite, Jaekar tourna légèrement la tête de côté. Un autre esclave, aussi muet qu'il était efficace, tenait une chandelle près de l'oreille de Jaekar. Son geste lui valut un soupir d'exaspération de la part de l'esclave à laquelle il répondit d'une cinglante gifle sur les fessiers, qu'elle avait aussi rebondis que ses jambes étaient opulentes. Glissant une main sous sa tunique et l'autre sur sa nuque, Jaekar lui lançant son sourire le plus éclatant en admirant sa peau cuivrée et ses yeux en amande.

J'ai un rendez-vous mais j'encore du temps à accorder au bien être de mon esclave personnelle.

***

Jaekar pestait. Maudites et statisfaites soient les femmes et leurs seins dressés à son bon plaisir. Maudit soit son corps. Maudit soit les beaux yeux de Mazah. Jaekar était en retard et il pestait. Evidemment, le jeune homme avait prévu d'arriver bon dernier, pour observer d'un air fier et glorieux ses fidèles. Lorsque son père avait raconté les évènements du Sénat, Jaekar n'avait pu s'empêcher que Lucerys et ses mignons n'avaient rien à avoir avec ses sicaires. Malgré tout, il aurait voulu arrivé en avance pour observer les arrivées et les interactions de chacun. Certains des hommes se connaissaient et avaient travaillé pour lui à plus d'une reprise. D'autres étaient nouveaux dans les affaires.

Vêtu d'un linothorax noir et d'une jupe de maille de la même couleur, Jaekar portait un glaive à son ceinturon, une arme bien plus pratique pour les tunnels de Valyria. Cachant son identité, et surtout ses cheveux noirs si reconnaissables, sous une large capuche, il avançait d'un pas vif. Jaekar connaissait le Quadrant Est aussi bien que les palais les plus délicats de Valyria. Il pensa notamment à celui parfumé au clou de girofle d'une jeune héritière qu'il avait débauché non loin d'ici. Son rêve de Melleys n'en serait que plus plaisant au moins... Avec un petit sourire réservé à lui même, Jaekar secoua la tête, riant sous cape de ses pensées. Il ne fallut que quelques minutes de plus pour arriver, assez pour surprendre la conversation entre Aelarys et Vhaegar.

Aelarys ! Quelle surprise de te voir ! Comme s'il rencontrait un ami perdu de vue depuis longtemps, Jaekar avança d'un pas vif vers le jeune Targaryen et le prit dans ses bras. Il lui murmura quelques mots à l'oreille d'un ton vif : Mes amis et moi sommes heureux que tu sois venu. Nous serons te récompenser, aussi bien en or qu'en influence. Relâchant Aelarys, Jaekar recula de quelques pas et sourit à sa compagnie.

Nous discuterons plus tard de tout cela, Aelarys. Vous autres, suivez les ordres de Vhaegar. S'il est un homme prompt à nous sortir vivant de ces tauds c'est lui. Allons y.

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Voix de l'Ombre
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Ombres parmi les ombresBalade dans la ville souterraine


Dès qu’ils furent réunis, les discussions furent brèves. Jaekar était le chef incontesté de cet équipage et tous suivaient ses ordres. Pourtant, sous la grande cité, le colosse du nom de Vhaegar prenait les rennes. Il était celui qui connaissait l’endroit comme sa poche. Ils s’enfoncèrent sous la terre et rejoignirent bientôt une immense cavité qui semblait avoir été transformé en véritable ville. La roche noire et volcanique sur laquelle était bâtie Valyria avait été creusée dans ce qui ressemblait à une grotte naturelle. Des habitations étaient visibles dans la paroi et des constructions de fortunes dessinaient des ruelles maladroites chargées d’individus aussi suspects que méfiants. Le petit groupe ne s’y attarda pas, contournant la grotte sur son côté, ils passèrent rapidement devant quelques habitations troglodytes et entrèrent ensuite dans un boyau qui descendait en pente douce vers l’obscurité. Quelques torches jalonnaient le chemin à parcourir. Parvenus en bas, ils débouchèrent dans une rivière d’eau croupie qui semblait stagner. L’odeur était insoutenable. Un quai courrait le long de ce cours d’eau infâme et disparaissait dans l’obscurité au loin. Les murs étaient solides, et on devinait parfois l’imposante fondation d’un grand bâtiment de la surface. Les immenses constructions valyriennes devaient en effet reposer sur de profondes et massives fondations pour pouvoir défier les proportions et la réalité. Elles courraient si loin dans les profondeurs de la caldeira qu’on les retrouvait ici.

Sur l’eau croupie flottait une drôle d’embarcation comme on n’en avait jamais vue à Valyria, pour la simple raison qu’il n’y avait aucune navigation possible. Il s’agissait d’une embarcation large rhoynare se maniant à la perche. Son chargement comptait une vingtaine de tonnelets soigneusement arrimés par un filet tendu. Deux hommes supplémentaires, également recrutés par Vhaegar, avaient manœuvré pour amener cette embarcation sous terre puis la charger. Ils embarquèrent tous et s’installèrent là où ils pouvaient. Certains d’entre eux attrapèrent de longues perches installées sur le pont et aidèrent à pousser la lourde embarcation qui prit un peu de vitesse, longeant des quais déserts parsemés de torches.

Soudain, un cri résonna sous les voûtes de pierre.

Plus loin sur le quai, une silhouette émergea en trébuchant d’une cavité. Elle chuta lourdement au sol, à quelques mètres du navire qui longeait le quai avec lenteur. Il s’agissait d’une jeune femme à la peau sombre, sans doute originaire des Îles d’Été. Elle était vêtue de loques qui témoignaient de son grand dénuement. Derrière lui, un homme à la peau olivâtre surgit, armé d’un hachoir à viande et se laissa tomber sur elle, commençant à la rouer de coups au visage de sa main libre, éructant de colère dans un valyrien très approximatif. Il avait un fort accent mais il était impossible de dire s’il était de la Rhoyne, de Ghis ou d’ailleurs.

« Insecte toi ! Voleuse ! Mords, crache, rends-ça ! »

Alors qu’il levait son hachoir pour mettre un terme à cette vie au visage détruit par ses coups, Aelarys Targaryen prit tout le monde de vitesse en sautant sur le quai.

« Halte-là ! Lâche cette femme ! »

Dégainant sa longue épée qui émit un sifflement d’acier acéré, le jeune seigneur-dragon s’avança d’un pas tandis que l’homme le dévisageait d’un air mauvais. Hurlant des imprécations dans une langue étrangère, il se releva et enjamba la jeune femme à moitié inconsciente, qui essayait de se relever péniblement. Il se dirigeait d’un pas lent et mesuré, démontrant qu’il s’agissait d’un homme habitué à ôter la vie dans les bas-fonds. Sous son aspect misérable, il démontrait des réflexes de tueur sans pitié.

« Perzys. »

Le mot flotta dans l’air avec une voix si grave qu’on eut crût que cela venait des profondeurs de la terre elle-même. L’air vibra un bref instant, dressant les poils sur la nuque de tous les individus présents. Une vive lueur envahît les lieux et une sphère incandescente de flammes sauvages frôla Aelarys et s’écrasa sur son adversaire. Ce dernier s’embrasa en un clin d’œil et son hurlement s’éteignit aussi tôt alors que ses yeux fondaient et sa chevelure s’embrasait. Il fit un pas dans la douleur, puis un autre qu’il n’acheva pas. Il chuta lourdement à terre, sa dépouille déformée par la force de l’impact se consumant dégageait une odeur âcre de chair humaine brûlée. Un autre hurlement se fit entendre. Derrière le cadavre tombé à terre, la jeune fille s’était relevée. Sa chevelure et ses loques étaient également embrasée. Ses cris de douleur étaient transpercés par la terreur qui l’habitait. Comme privée de la vision, elle titubait en courant, cherchant à fuir ce feu qui lui collait à la peau. Elle se précipita dans un tunnel sombre où le brasier qu’elle transportait jetait une lumière rougeâtre sur les parois poussiéreuses. Ils n’eurent pas le temps de voir où elle parvenait. La lumière disparût soudainement et l’ombre reprit sa place. Les hurlements avaient cessé et on entendait, portés en échos par le tunnel plongé dans un noir complet, quelques murmures excités.

Sur le navire, la jeune mage à la beauté envoûtante avait encore pâlie davantage après avoir lancé son sort. Elle jeta un regard douloureux à Jaekar qu’elle tâcha de rassurer d’un sourire de façade. Déjà, Vhaegar attendait Aelarys sur le pont, les bras croisés devant lui. Lorsque ce dernier revint sur le navire, il le regarda droit dans les yeux. Aucune émotion ne transparaissait de son visage, mais ses yeux dardaient sur le Targaryen une lueur de colère.

« Sous aucun prétexte, j’avais dit. Tu es peut-être seigneur là-haut, mais ici-bas je décide. Refais-moi encore un coup pareil et je te tue de mes mains. »

Puis, comme si l’orage était passé, il revint à son attitude précédente et reprit la perche pour pousser le navire. Au bout d’un moment, il s’adressa à Jaekar d’une voix basse, de façon à n’être entendu que de lui.

« Tu m’avais dit que ton équipe saurait se tenir, j’espère que tu tiendras tes autres promesses. Sinon, je saurais trouver une oreille attentive à ce que je sais. »

Merci à Aelarys et Jaekar pour leur concours sur la réaction de leurs personnages
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Ombres parmi les ombres.


« Content de te voir Jaekar ! » Aelarys accepta l'accolade, surpris de voir ici quelqu'un qu'il connaissait.
« Que de mystères tu mets autour de toute cette opération... » Connaître l'identité de ce mystérieux messager enlevait un poids au seigneur-dragon, mais d'un autre côté il demeurait encore sceptique quant à la nature de cette mission... Il ne savait pas encore à quoi s'attendre.

Le jeune homme emboita le pas au reste du groupe et entra avec eux dans les souterrains. Le pire à supporter était l'odeur. Elle était infecte. Néanmoins il regardait avec un certain intérêt la roche qui les entourait et les fondations des tours de la ville.
Parfois, cette roche noire volcanique, très solide pour soutenir tout ce poids, lui rappelait la pierre qui avait servi à la construction du vieux château des Targaryen : Fosse-Dragon. Aelarys se demanda même si ses ancêtres ne s'étaient pas servi de cette même roche de la caldeira de Valyria pour édifier leur forteresse. Ou bien s'étaient-ils fournis dans un autre volcan de la péninsule... Pensif, il se promis de regarder un jour les archives de sa famille à ce sujet.
Les habitations, si on pouvait les considérer comme telles, étaient sans conteste les plus misérables de tout Valyria. Aelarys essaya de ne pas trop y penser.

Ses yeux améthystes s'étonnèrent de surprise en voyant la large embarcation qu'ils allaient emprunter sur cette rivière putride. Jamais il ne se serait douté que les égouts de Valyria étaient des voies navigables... Mais juste après son embarquement, des cris attirèrent son attention...

La suite se fit par pur instinct. Les instructions de Vhaegar un instant oubliées. D'un saut agile il était retourné sur le quai et tira son épée en acier valyrien pour faire face à cette vermine qui attaquait une femme sans défense. Aelarys grimaça de concentration en réalisant que son opposant venait dans sa direction. Le type avait l'assurance d'un assassin expert au combat de rue, bien loin de ses techniques au noble combat à l'épée.  
Aelarys sentit ensuite la chaleur des flammes qui passèrent à proximité de sa tête pour frapper l'assaillant. Le seigneur-dragon regarda l'homme se consumer sous ses yeux. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait un homme brûler. Il ressentait de l'effroi face à ce supplice, mais aussi une plus sombre et inavouable forme de fascination en voyant les chairs se consumer et en entendant ces hurlements de pure terreur et d'horreur. Pour les Valyriens, le feu était pouvoir. Pour les autres, il était la douleur atroce et la mort. Il ne tournerait pas les yeux devant la puissance flamboyante émanant des Dieux.
Aelarys resta cependant tétanisé quand il vit la jeune femme prendre feu elle aussi. Le sortilège était si puissant et implacable qu'il avait aussi frappé celle qu'il voulait sauver. Il se retourna vers le groupe, sous le choc pendant quelques secondes. Son élan altruiste était réduit en cendres. Aelarys retourna donc penaud vers l'embarcation alors que dans son dos les derniers cris de la jeune femme emplissaient la grotte pour s'éteindre ensuite à jamais.

Comme il s'y attendait, l'accueil à son encontre fut hostile et glacial. Le jeune seigneur commença par soutenir le regard du colosse Vhaegar en signe de défi. Malheureusement il dût vite ravaler sa volonté d'argumenter avec le vétéran. Le fait que le titan en fasse de lui ne montre absolument aucune expression ou émotion en le menaçant était plus effrayant que s'il s'était mis à lui crier dessus. Aelarys dut finalement s'avouer vaincu en détournant les yeux du regard sombre de son interlocuteur. Nul doute... Vhaegar était dangereux et n'aurait aucun scrupule à le tuer.
Le Targaryen alla ensuite prendre une place un peu à l'écart sur le navire. Son orgueil de jeune seigneur avait été blessé dans cet incident. Il s'en voulait un peu d'avoir mis en danger la mission et visiblement lancer ce sort avait puisé dans l'énergie de la belle mage de la troupe. Cruelle ironie qu'une volonté de faire une bonne action se soit retournée contre son instigateur...
Aelarys commençait à réaliser la réaliser la cruauté de la survie ici en ces lieux, et cette leçon était aussi tranchante qu'un poignard. Cet événement était aussi instructif sur le groupe qu'il avait rejoint cette nuit là...
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Ombres parmi les ombres
ft. Aelarys et le Destin



Si Jaekar avait quelque doute sur le dernier venu, il n'en laissa rien paraître. Seul un sourire énigmatique flottait sur ses lèvres alors que ses yeux brûlaient de l'éclat joyeux de l'aventure. Un seul regard avisé permettait de comprendre que le jeune homme était aussi excité que ses compagnons à l'idée de s'enfoncer dans les ténèbres de la Ville Souterraine. Contrairement aux mages et au Targaryen, Jaekar n'était pas à son coup d'essai avec Vhaegar et ses funèbres hommes de main. Les intérêts de ceux qu'il servait allaient au-delà d'une simple aventure. Jaekar pouvait presque se rappeler du goût de la mer quatre ans plus tôt, au détour des côtes de l'île de Cèdre. Repoussant ses souvenirs, il ne prêta pourtant pas attention à l'épaisse roche volcanique qui les reculait.

A l'image des mercenaires de Vhaegar, ses yeux s'étrécissaient pour percer l'obscurité. La moindre niche et anfractuosité pouvait cacher une embuscade. Les pauvres ne voulaient généralement pas se battre mais les armes qu'ils possédaient ainsi que leurs armures valaient leur pesant d'or. Plus tôt dans la journée, Jaekar avait passé près d'une heure à inspecteur la moindre couture de son armure. Il savait que les soldats et Aelarys en avaient fait de même. Un guerrier ne repose jamais que sur la qualité de son équipement, aussi temporaire fût son service. Jaekar ne se sentit réellement soulagé que lorsqu'il grimpa le dernier sur la grande barque rhoynar. Désormais la moindre attaque devrait être organisée. A moins d'une descente de l'armée, ou d'une garde privée d'un adversaire, Jaekar ne voyait pas les quelques rares organisations des niveaux souterrains s'attaquaient à leur équipage.

Lorsque l'accident survint, Jaekar ne jeta pas plus d'un regard à la femme. Les cris laissaient entendre une histoire triste mais quotidienne des niveaux inférieurs. La bougresse avait essayé de voler l'étalage d'un boucher - probablement de la viande de chiens, chats voir rats selon les arrivages des niveaux les plus bas - et l'homme comptait se payer sur elle. Un viol en cas de malchance. Un coup de hachoir avec de la chance et pour la libérer cet enfer. Le jeune homme hocha doucement la tête en voyant la main armée du boucher se lever. Ballerion était plus doux avec cette femme que la vie ne l'avait été.

Ce fut sans compter sur Aelarys et son âme chevaleresque. Aussi faussement preux que les Andal, dont Jaekar portait pourtant le sang, il se porta au secours de la demoiselle en détresse. Aussitôt, les hommes s'affairèrent et attrapèrent leurs armes. Aucun ne quitta le navire, craignant une ruse ou une attaque opportuniste. Un souffle incandescent traversa l'air, faisant frissonner de chaleur Jaekar. Il se retourna brusquement et regarda, inquiet, sa jeune amie. Sa beauté frêle lui fit comprendre l'énergie qu'elle avait dépensé pour sauver leur dernière recrue. Secouant la tête, Jaekar resta silencieux alors que Vhaegar sermonnait avec son ardeur coutumière le jeune seigneur. Ainsi qu'il l'avait promis, le colosse avait le commandement. Jusqu'à un certain point.

Ah Vhaegar. Tu sais toujours rire toi. laissa échapper Jaekar. Se rapprochant de son ami, il lui passa joyeusement un bras autour des épaules et tourna légèrement le dos au reste de l'équipage. N'oublies jamais qui nous servons et ce que je représente pour eux. souffla Jaekar, la voix rauque et la mine sombre. Cet accident ne se reproduira pas. N'oublies pas que la plupart approchent mon âge. Le feu coule dans leur veine et ils sont prompts à agir avec la fougue de la jeunesse. D'un geste, Jaekar fit jaillir une dague entre ses doigts et en appuya la pointe entre deux côtes de l'homme. Pour le reste de l'équipe, ils ressemblaient à deux amis partageant quelques secrets. Pour Vhaegar, la menace était claire. Tu es bon et loyal, Vhaegar. Nous te payons cher. Cela me briserait le cœur de te trouver un remplaçant. Tu vas donc écouter mes ordres et accepter mon équipe comme elle est. Coupant court à la conversation, Jaekar éclata de rire, comme si Vhaegar lui avait raconté une blague et lui tapa dans le dos. Le temps qu'il se retourne vers ses compagnons, sa dague avait disparu dans la manche de la tunique passée sous son plastron.

Faisant signe à Aelarys d'approcher, Jaekar envoya un violent crochet du droit au jeune homme. Si il n'avait pas frappé assez fort le soldat pour l'envoyer au sol, sa tête claqua sur le côté et une tâche rouge apparaissait déjà sur sa joue lorsqu'il le regarda à nouveau. Posant une main sur l'épaule d'Aelarys, Jaekar le fixa droit dans les yeux.

Cette bonne femme était morte avant même que tu ne poses un pied sur le sol, Aelarys. dit sombrement Jaekar, le regard peiné de bousculer son dernier protégé. Tu entres dans un monde nouveau, mon ami. Je pense que tu as le cran pour surmonter la lie de l'humanité. Tiens toi prêt car tu vas la rencontrer. Tu ne pourras pas agir comme un valeureux guerrier d'Arrax. Dans ce monde souterrain, tu n'es rien qu'un gamin avec une belle épée et une armure qui vaut de l'or. Jaekar éleva la voix pour être entendu de tous : Une mission nous attends et nous allons avoir besoin de toutes vos capacités. Ne perdez pas votre énergie pour des broutilles ou pour se sauver les uns les autres. Jaekar fixa longuement les deux jeunes mages sévèrement avec de revenir vers Aelarys : Si des ennuis se présentent, nous nous protégerons. Si l'un tombe c'est qu'il n'était pas digne. Maintenant, allons y et en silence. Tout les bandits de ces tunnels doivent être au courant du passage d'un ou plusieurs Mages maintenant alors soyez sur vos gardes.

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Ombres parmi les ombresBalade dans la ville souterraine


Le silence était revenu sur la barge après la mise au point violente qu’avait eu à subir Aelarys pour ses agissements. Au milieu des effluves qui soulevaient le cœur des plus fragiles, et surtout des moins habitués, l’étrange équipage naviguait lentement dans un dédale de canaux relativement récents mais déjà encrassés et bouchés. Si les Valyriens étaient de grands constructeurs, ils n’étaient guère d’excellents ingénieurs hydrauliques et le manque de sophistication des égouts de la capitale en était une preuve criante. Le fait qu’une société de marginaux et de proscrits s’y était installée n’aidait en rien. Des déchets qui n’auraient jamais dû se trouver dans des égouts flottaient entre deux eaux, ou constituer de véritables barrages flottants qu’il fallait parfois briser à coup de lance. Parfois – souvent – un cadavre en état de décomposition plus ou moins avancé se joignait au magma d’immondices qu’il leur fallait traverser. Pour un peuple comme les Valyriens, pour lequel l’eau était l’élément du Malin, les égouts de Valyria avaient tout d’un enfer sur terre.

Le reste du voyage se déroula relativement sans incident notoire. Un bref regain de tension se fit sentir lorsqu’un groupe d’individus hirsutes d’origines multiples entreprît de pendre haut et court un jeune garçon au-dessus du canal. Craignant une altercation ou un nouveau geste héroïque d’Aelarys, les mages et les sbires se tendirent, prêts à tout mais rien n’éclata. Le navire passa aux côtés du groupe se préparant à l’exécution. Les cris désespérés du garçon, qui ne devait pas avoir plus de huit ans, s’amplifièrent dans les aigus alors que le navire le dépassait et ne s’arrêtait pas. Une fois qu’ils eurent dépassé la scène, les hurlements se muèrent en sanglots résignés, qui résonnèrent encore longtemps sous les voûtes des égouts et encore plus dans le cœur de l’équipage avant de s’éteindre définitivement.

Au bout d’un long moment, le courant commença à s’accélérer et Vhaegar donna quelques ordres, bientôt le navire s’immobilisa le long d’un quai défoncé, dont les pierres descellées semblaient prêtes à choir dans l’eau verdâtre un mètre plus bas. Alors que l’on amarrait le navire à un épieu planté dans le lit des égouts d’un côté et à un anneau engoncé dans le mur de l’autre, le colosse jeta un regard entendu à Jaekar. Ils avaient atteint leur première étape.

« Désormais, on mache. Et on porte, sauf Jaekar et Aelarys qui seront là pour surveiller notre avancée. J’insiste encore plus sur mes consignes de tout à l’heure, vu qu’elles n’ont pas été clairement comprises. En aucun cas vous ne devez vous éloigner du groupe et quitter le balisage lumineux. Sinon, personne ne retrouvera jamais votre carcasse, soyez-en sûrs car là où nous allons, la chair est une denrée immensément rare. Vos armures ne vaudront jamais autant ci-dessous que l’une de vos cuisses musclées. »

Ce faisant, le groupe commença à se répartir les tonnelets, tous dotés d’une lanière de cuir qui permettait de le porter comme un sac. Les deux mages, les quatre sbires – dont Vhaegar – et les deux marins qui avaient manœuvré la barge avant leur arrivée s’occupèrent du chargement. Certains portaient plus que d’autre et ceux-ci ne portaient pas de torches. Bientôt la vingtaine de tonnelets fut répartie entre cette étrange compagnie et ils purent se mettre en marche. Jaekar et Aelarys suivaient Xynera qui ouvraient la marche, brandissant tous une torche. Derrière le groupe se répartissait de façon à être correctement illuminé et protégé. Bientôt, ils trouvèrent un escalier qui semblait là depuis des siècles, ils descendaient en tournoyant sur un axe assez serré, promettant de s’enfoncer encore plus bas dans les enfers valyriens.

La descente semblait infinie et dura bien deux milliers de marches, descendant de plusieurs centaines de mètres. A cette distance souterraine, la chaleur augmentait d’un cran notoire, alors que le magma qui coulait sous Valyria se rapprochait dangereusement. A la grande surprise de plusieurs membres du groupe, ils débouchèrent sur un canal très semblable à celui qu’ils avaient utilisé pour parvenir jusqu’à l’escalier. Pourtant, alors que certains levaient la tête pour vérifier où ils étaient, la voûte de pierre d’avant cédait le pas à une haute cavité de roche noire et solide. D’ailleurs, le canal était vide, il n’y avait plus que de la poussière et de gros morceaux de roche sombre qui avaient roulé dans le creux du lit de pierres. Un peu plus loin, un effondrement indiquait pourquoi, probablement, ces égouts n’étaient plus utilisés. Se sentant guide touristique, et bien que le tourisme n’eût pas encore été inventé, Vhaegar leur conta l’histoire des lieux. Comment ces connaissances lui étaient parvenues et si elles étaient vraies étaient là une autre affaire.

« Ce sont les premiers égouts de la ville. Les anciens les avaient creusés suffisamment profonds pour que les effluves ne remontent pas et puissent se déverser directement dans un puit de magma. Malheureusement, les éruptions et les tremblements de terre des anciens temps ont fait s’effondrer une partie du réseau qui était, de toute manière trop profond pour être aisé à maintenir. Il a fini par être abandonné et ils ont construit celui que nous avons vu et utilisé. L’itinéraire que nous avons pris pour rejoindre l’escalier derrière vous était jadis la galerie qui permettait de descendre ici. Elle a servi de base pour le tracé des nouveaux égouts. »

Se remettant en marche, Vhaegar longea un temps le lit asséché des anciens égouts où quelques vieux squelettes achevaient de se transformer en poussière et d’autres, plus récents, luisaient d’une lueur maligne dans la lumière projetée par les torches. Au bout d’un court instant, ils obliquèrent dans une ouverture dans la paroi rocheuse. Le boyau s’enfonçait en serpentant au gré des résistances qu’avaient jadis rencontrées ses créateurs. Des odeurs de souffre et de chaleur bien connues des Valyriens venaient à leur rencontre alors que de minuscules flammèches virevoltaient dans l’air saturé. Bientôt, le sol lui-même se fit plus chaud. Alors qu’ils s’apprêtaient à sortir du boyau, une lueur rougeâtre se fit de plus en plus présente, écrasante de chaleur. Certains eurent une pensée émue pour les non Valyriens qui passaient par-là, si tant était qu’il n’y en ait jamais eu. Ils débouchèrent dans une vaste salle illuminée par le magma qui tombait en cascade depuis une ouverture qui devait bien être située à une trentaine de mètres plus haut. Contrairement à l’eau, il n’y avait nulle éclaboussure. Le débit régulier donnait une espèce de fluidité lente et magnifique à la lave en fusion qui s’écoulait ensuite dans une espèce de grand lac qui alimentait lui-même une rivière rouge qui s’enfonçait plus loin sous la terre.

Pourtant, ils ne s’y attardèrent pas. Vhaegar continuait de les mener d’un pas relativement rapide et inquiet. Il jetait des coups d’œil saccadés d’un côté et de l’autre, comme s’il s’attendait à se faire tomber dessus en permanence. Un rire débridé et inquiétant se fit entendre sur les parois rocheuses illuminées par la lave. Certains finirent par pointer du doigt les hauteurs de la paroi rocheuse. Elle était parfois percée de petites grottes d’où émergeaient des têtes à peine visibles. Des silhouettes décharnées se balançaient d’un rocher à l’autre, au mépris du danger évident que représentait une chute de cette hauteur, encore plus si elle finissait dans du magma. Vhaegar leur intima l’ordre de ne pas traîner et d’avancer plus vite. Ils dépassèrent bientôt un squelette étendu là depuis des décennies au moins. Le rocher qui lui avait écrasé le crâne était encore là, remplaçant la tête dont on distinguait encore quelques éclats osseux çà et là. Le plus inquiétant restait sans doute les traces de dents qui abîmaient absolument chaque os du squelette dépecé sur place. Un « splob » faisant jaillir un peu de lave confirma les craintes que certains pouvaient émettre en leur for intérieur et le groupe hâta le pas pour quitter cet endroit de malheur. Ils retrouvèrent l’abri bienvenu d’un boyau similaire à celui qu’ils avaient utilisé pour y arriver et Vhaegar poussa un soupir de soulagement.

« N’ayez crainte, nous serons sains et saufs ici. Les habitants des profondeurs sont trop frêles pour nous combattre. Ils n’attaquent que depuis les hauteurs, ou lorsque l’obscurité se fait et qu’ils ont la possibilité de frapper par surprise. Ils n’oseront pas frapper un groupe aussi armé et bien portant, surtout dans un endroit si refermé. »

Le tunnel dans lequel ils étaient remontait en pente douce et on pouvait sentir la chaleur s’éloigner quelque peu. Ils arrivèrent bientôt à une fourche. Entre les deux, un autel sanglant et inquiétant vouait une offrande à une divinité inconnue. Vhaegar se retourna vers son groupe.

« A gauche, vous déboucherez sur la fosse draconique du Quadrant Ouest. De là, il existe un passage unique qui vous permet de remonter longuement mais sûrement. Faites simplement attention aux dragons qui s’y reposent. Il arrive que des Anciens descendent jusqu’au passage pour profiter de la chaleur plus importante… et gober ceux qui passent par là. Nous, nous allons à droite mais il n’est pas exclu que nous ressortions par-là, donc souvenez-vous bien de l’itinéraire. »

Ayant laissé un bref moment à tous pour se rappeler de l’endroit particulier, Vhaegar reprit la route vers la droite. La pente continuait de monter légèrement et, de nouveau ce fut une longue marche. Au-delà de la surface, le jour devait déjà s’être levé depuis quelques heures. Alors qu’ils arpentaient les tréfonds du monde des vivants, Valyria vivait sa vie quotidienne. Les marchands ouvraient leurs étales, les puissants émergeaient lentement de leurs nuits torrides et les esclaves faisaient déjà chauffer les fours. Pourtant, dans cet univers où évoluait le groupe, il n’y avait ni jour, ni nuit : seules des ténèbres perpétuelles que chassaient la lave et quelques torches tremblantes. Ils finirent par déboucher dans une salle immense, plus vaste encore que tout ce qui avait pu être contemplé par chacun des personnes présentes n’étant jamais venu ici.

Devant le groupe s’étalait une grotte aux proportions immenses, emplie d’une structure fascinante. Haute d’au moins trois cents mètres, la structure ressemblait à un aqueduc, occupant tout l’espace de ses immenses piliers et arches de pierre grise qui s’enfonçaient profondément dans le sol. Immense et stupéfiante, la structure semblait soupeser un immense plafond de pierres immenses. Si elle avaient été visibles de si loin, on aurait dit des pavés comme il en existait des millions à Valyria, mais en y regardant avec plus d’attention, on aurait deviné que ces pierres avaient des proportions conséquentes. Chacune devait peser plusieurs tonnes et reposait sur un savant enchevêtrement de voûtes et de piliers, de croisillons et de tabliers. On aurait dit qu’ils étaient sous un immense pont construit pour porter toute un village. Que pouvait-il y avoir en son sommet, si haut que l’obscurité le faisait disparaître ? Un immense pilier qui ressemblait à s’y méprendre à la tour au sommet de laquelle siégeait le Conseil des Cinq semblait être le point central de cette fabuleuse construction. En s’approchant, on put bientôt remarquer qu’à la différence de la tour du Sénat, celle-ci, enchevêtrée par d’immenses piliers plus fins et des arches répartissant le poids entre toutes ces structures de pierre fondue par le feu-dragon, n’avait pas une surface lisse. Un large escalier en faisait le tour sur des centaines et des centaines de marches, remontant toujours plus haut. Les porteurs déposèrent précautionneusement leur fardeau et Vhaegar toisa le groupe.

« Bien, nous y voilà. Maintenant, nous allons nous occuper du reste. Vu votre équipement, je propose qu’Aelarys, Jaekar et Alareon restent là à surveiller la base. Je n’ai aucune envie qu’un rigolo nous prenne à revers. Nous autre, nous allons stocker la farine et nous serons vite revenus. Ne laissez pas le feu s’éteindre ! »

Sans en dire davantage, il plongea sa torche dans une grande bassine de cuivre qui devait contenir encore un peu d’huile. Le contenu s’embrasa en crachant une fumée âcre et se stabilisa, dégageant une chaleur agréable dans cet endroit bien sombre. Quoi qu’aient pu penser les deux compères, il serait bientôt trop tard pour faire machine arrière, quoi que cela puisse signifier.

Merci à Aelarys et Jaekar pour leur concours sur la réaction de leurs personnages
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Ombres parmi les ombres.


Si Aelarys s'attendait à se faire aussi rappeler à l'ordre par Jaekar concernant sa tentative de sauvetage, il ne vit pas arriver le crochet du droit qui fit basculer sa tête sur le côté sans pour autant le faire tomber à terre. Aelarys ne réagit pas sur le coup, choqué que le brun ose lever la main sur lui. A Valyria, s'en prendre physiquement à un seigneur-dragon était une offense grave qui exposait l'agresseur à de funestes conséquences. A la guerre, Aelarys avait bien vu que des soldats de rang inférieur et issus du peuple grinçaient parfois des dents car forcés d'obéir aux ordres de l'adolescent seigneur-dragon qu'il était.
Et si Jaekar était loin d'être un simple homme du peuple en tant que fils naturel d'un membre du Conseil des Cinq, en ces lieux les statuts sociaux de la surface ne semblaient plus valoir grand-chose de toute manière.

Si Hyeraxes était là, les choses se passeraient bien différemment... Pensa Aelarys en massant sa mâchoire endolorie et en crachant quelques gouttes de sang sur le plancher de l'embarcation. Malheureusement, la présence intimidante du dragon n'était pas là pour imposer le respect. Le jeune homme était d'ailleurs conscient qu'il devait absolument s'endurcir par lui-même et ne pas toujours compter sur Hyeraxes. Il se devait avant tout d'être un Seigneur avant d'être un dragon. Le regard noir et les lèvres devenues vermeil à cause du sang, Aelarys écouta Jaekar lui faire sa leçon à la dure. Même s'il voyait que Jaekar ne l'avait pas frappé par pure malveillance, pendant un instant il voulut se rebiffer et contredire le Veltheon.
Néanmoins, d'un rapide coup d'œil il vit que tous les membres du groupe avaient regardé la scène sans rien dire mais avec une lueur d'acquiescement sans le regard. Les autres membres de l'équipe attendaient certainement que même lui subisse une punition s'il désobéissait aux ordres. Se pouvait-il que le geste de Jaekar soir dicté par une stratégie tordue pour maintenir la cohésion de la troupe ? Possible...
Blessé une nouvelle fois dans son orgueil, il décida de laisser passer l'affront pour cette fois dans l'espoir de retrouver une place à part entière dans le groupe.

Le reste de cette croisière dans les égouts fut répugnante et macabre. Habitué aux odeurs de sang et de chairs qui brulent, Aelarys restait tout de même fortement dégouté par la puanteur des immondices tout autour d'eux. C'était de loin la pire odeur qu'il ait pu sentir de sa vie.
Le jeune homme dût aussi prendre sur lui de ne pas réagir face à la pendaison du jeune garçon. Le spectacle était affreux et les cris pire encore. Cette fois, le seigneur-dragon était réaliste. Même s'il désobéissait une nouvelle fois aux ordres, il ne pourrait jamais nager dans l'égout pour venir en aide au garçon à temps. Et même si son armure en acier valyrien était légère, elle était tout de même un fort handicap pour nager dans une rivière de merde.  Aelarys détestait être impuissant devant cette atrocité mais il resta à sa place, le visage crispé et les larmes aux yeux. Il serra si fort la garde de son épée que les jointures de sa main en devinrent blanches.

Aelarys accueillit la fin de leur trajet nautique avec soulagement. Le seigneur-dragon était tout à fait à l'aise avec la mission de surveillance que lui confia Vhaegar, cela lui permettait d'assouvir sa curiosité en observant les alentours. Si la traversée des égouts avait glacé le sang du Targaryen, la descente vers les profondeurs lui redonna de l'énergie et de la motivation. Il n'était nullement dérangé par la chaleur qui ne cessait de monter. Ce qui était une véritable fournaise pour un non-valyrien était pour lui son élément naturel. Aelarys écoutait les récits de Vhaegar avec beaucoup d'intérêt tout en essayant de ne pas faire trop attention aux squelettes qui jalonnaient la route, signe menaçant que ce n'était pas là un simple trajet touristique.
De plus, malgré sa dangerosité, la vue de ce lac de lave sous leurs yeux était un spectacle magnifique.

Aelarys vit Jaekar au plus mal dans cette fournaise. La présence de sang Andal dans ses veines l'empêchait d'être pleinement résistant à la chaleur...

« Alors que se passe t'il mon ami ? Tu n'as pas trop chaud ? »

En rigolant, le Targaryen lui mis un grand coup dans les omoplates, pas assez fort pour lui faire très mal mais assez pour lui faire perdre son souffle un instant.
Aelarys trouvait le spectacle d'un Jaekar tout rouge et en nage dans son linothorax particulièrement savoureux à regarder, surtout après le coup de poing qu'il lui avait envoyé.

La mine malicieuse, il se rapprocha ensuite de son compère pour ne pas se faire entendre du vétéran.
« Il va falloir travailler ta résistance à la chaleur... J'espère que tu as mis de l'eau dans ta gourde et pas de l'alcool ! Au pire tu pourras demander à Vhaegar d'étancher ta soif avec son gros chibre qu'en dis-tu ?»

L'hilarité du seigneur-dragon ne dura pas quand il vit les étranges silhouettes décharnées que Vhaegar appela les habitants des profondeurs. La présence d'os à moitié rongés sur le sol n'était également pas du tout rassurant... Aelarys retourna à sa mission de guet pour surveiller que la troupe ne se fasse pas attaquer. Il réalisait que certainement très peu de valyriens se doutaient que des créatures cannibales vaguement humaines infestaient les tunnels sous leurs pieds. Ces horreurs avaient la peau sur les os, presque plus de cheveux et leur peau était d'un blanc laiteux car n'ayant jamais vu la lumière du soleil.

Après une très longue marche, le groupe laissèrent la coulée de lave derrière eux pour remonter un peu. La chaleur se fit moins prenante. Arrivés au détour d'une fourche, Vhaegar continua son explication. Ainsi donc un des chemins menait fosse draconique du Quadrant Ouest... Aelarys y serait plus en terrain connu. Mais venir des profondeurs signifiait un fort risque de se retrouver nez à nez avec un ancien ou un dragon particulièrement belliqueux.
Mais l'intérêt d'Aelarys fut vite attiré par l'inquiétant autel.. Il s'en approcha. La pierre noire était par endroits recouverte de couches de sang successives qui devaient être là depuis des années voire des siècles. Par endroit l'hémoglobine devenait même poussière. Des symboles grossiers avaient été gravés à même la pierre avec un silex ou un autre outil rudimentaire.
Aelarys fronça les sourcils et essaya de comprendre ces étranges inscriptions. Il n'y avait aucun indice clair sur la divinité vénérée ici.

« On dirait une langue primitive... Ou du très vieux valyrien... Et ici serait-ce des runes ?
Impossible je n'arrive pas à déchiffrer... »
murmura-t-il, frustré de ne pas pouvoir percer le mystère.

Fasciné par les questions de religion et très pieux, Aelarys n'avait cependant pas les connaissances d'un prêtre ou d'un érudit. Les inscriptions sur cet autel demeuraient donc une énigme. Intrigué, il tâtonna de la main une tache plus rouge que les autres. Il y avait ici du sang coagulé et gluant, pas encore tout à fait sec. Il y avait donc encore une activité de culte ici... Le sang qu'il venait de toucher n'était là que depuis quelques jours tout au plus. Cela n'était pas rassurant...

De sa voix autoritaire, Vhaegar annonça leur départ. Dans la précipitation, Aelarys ne voulut pas abandonner cette découverte sans en conserver une trace pour rechercher plus tard la signification de ces symboles.
Le jeune homme n'avait rien pour écrire sauf... Sa main avec du sang coagulé dessus...
Aelarys recopia en grimaçant des symboles de l'autel sur la peau de ses bras grâce au sang gluant sur ses doigts. Il alla ensuite rejoindre les autres qui partaient.

La suite du voyage fut parcourue par d'autres découvertes impressionnantes comme l'immense aqueduc et les titanesques fondations de tours de la surface. Le seigneur-dragon se dit que les bâtiments actuels avaient dû être construits sur les fondations de bâtiments antérieurs qui eux-mêmes plongeaient leur racine jusqu'au tréfonds de la terre. Valyria était sans conteste aussi profonde et enterrée qu'elle était haute et élancée vers le ciel.

Aelarys accueillit la pause avec un léger soulagement après cette longue marche. Le petit feu allumé par Vhaegar dans une bassine de cuivre donna une chaleur rassurante dans cette caverne lugubre et sombre.
Le seigneur-dragon ne put cependant pas cacher sa surprise lorsque Vhaegar parla de farine...

« Je t'ai bien entendu Vhaegar ? De la farine ? C'est donc cela qu'il y a dans les tonneaux ? Il n'existe donc à Valyria pas de chemin plus simple pour faire rentrer en ville de la farine de contrebande ? Car j'imagine que c'est de ça qu'il s'agit... »

L'émotion ressentie en voyant ces morts affreuses et les créatures dégoutantes des profondeurs ressortirent d'un coup et fit un peu monter sa voix dans les aigus.
« Nous avons affronté les égouts et les âmes damnées qui habitent ces lieux pour de la farine ?? »

Avec agacement mais aussi pour faire forte impression auprès du groupe, Aelarys se dirigea vers la cuve en cuivre et mit sa main couverte du vieux sang de l'autel au-dessus. Il ne fallut pas longtemps pour que les flammes commencent à lécher et caresser les doigts et la paume du jeune seigneur sans lui causer aucune brulure. Le sang qui souillait la peau de sa main ne mit pas longtemps à se dissoudre et à disparaître dans le feu en crépitant.
Il reprit sa tirade en direction de Jaekar cette fois. Le violet dans les yeux d'Aelarys prirent une teinte flamboyante en se reflétant dans les flammes.

« Jaekar... La farine est-elle donc devenue un bien si luxueux pour que tu réunisses et finance une équipe complète de combattants et de mages pour faire entrer un chargement en ville ?
Avant d'entrer dans la ville souterraine tu m'avais affirmé que tu m'en dirais plus. Si nous sommes amenés à faire le guet ici je crois que le moment est venu. Je veux connaître le véritable but de notre présence ici. »

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Ombres parmi les ombres
ft. Aelarys et le Destin



Si le reste de leur aventure nautique se passa en silence, cela aurait été insulté les Dieux que de le qualifier de facile. Les regards étaient sombres et vifs alors que les grognements d'efforts brisaient l'étau monastique dans lequel ils s'étaient enfermés sans le vouloir. Lorsque les cris enfantins lui parvinrent, Jaekar se tendit. Il savait à quelle genre de scène s'attendre et, s'il n'allait plus au secours du plus faible comme autrefois, son cœur saignait devant de telles horreurs. Avec un soupir, il serra les mâchoires et la poignée de son glaive. Sans prêter gare aux jointures de ses doigts, devenues aussi blanches qu'un os, il garda le regard braqué droit devant lui. La simple vue du supplice de l'enfant aurait pu briser sa volonté, ce à quoi il se refusait.  

Meleys, ma belle ingénue, j'espère que tu me réserves ton lit si je dois y passer cette nuit. souffla Jaekar en une prière incongrue alors que leur navire accostait enfin. Connaissant la route, il savait que le pire restait à venir, en particulier pour lui. Ne prêtant plus attention aux propos de Vhaegar, le bâtard de Valerion se morigéna plus tôt alors que la chaleur montait par vagues successives. Les épaisses couches de lin de son armure était son pire ennemi alors que la puissance du sang de Gaelithox s'imposait à ses racines Andal. Jaekar savait qu'il survivrait mais passerait un mauvais moment à se tenir aussi près du magma. Affectant d'ignorer ses cheveux plaqués sur le crâne et sa peau aussi rouge que celle d'une pucelle échauffée, il jeta un simple regard noir à Aelarys lorsque celui-ci se vengea. Souriant, Jaekar haussa les épaules car, à l'instar de la dague cachée dans sa manche, il gardait toujours une insulte sous la langue.

Mon charme ne plaît guère à Gaeithox. Que je partage mes nuits avec rivale ne doit pas lui plaire. laissa t'il échapper avec un regard aussi suave que complice. Pourquoi ne demanderais-tu pas à tes lointains cousins ? Ne dit-on pas que les Targaryen viennent du plus profonde de la boue de votre château ? continua Jaekar en montrant du doigt les grotesques créatures simiesques qui observaient leur passage. C'était bas de comparer Aelarys à ces simulacres humains mais ne résistaient-ils pas aussi bien à la chaleur que le jeune seigneur ?  

Le reste du chemin se fit en silence pour Jaekar. Il connaissait le chemin qui remontait droit vers les fosses draconiques. A vrai dire, il avait rampé plus d'une fois à l'abri d'un rocher pour échapper au regard torve d'un Ancien venu s'y reposer. Jetant à peine un regard désintéressé à l'autel, il fut surpris de voir Aelarys l'étudier de près. Jaekar savait le jeune homme croyant, mais pas à a ce point là. Notant cette anecdote dans un coin de son esprit, il pressa le groupe en toussotant légèrement. Il était celui qui avait souffert de la chaleur et non pas eux. S'il ne voulait pas de pause, personne en aurait. De la même façon, les fondations  n'émouvaient plus par leur taille Jaekar. Il n'y voyait qu'une dizaine de points d'embuscade possibles, ou encore un trou assez gros pour y loger un dragon. Leur troupe aurait été bien en peine de résister à une telle créature même en comptant deux mages parmi eux.

Le seul moment de détente que s'autorisa Jaekar fut lors de leur prise de garde. Sortant une petite bourse de sa ceinture, il enfonça ses doigts dans le grossier tissu pour en tirer une grosse bille. Composé de mastic, de myrrhe et de quelques épices, le mélange résultait en une pâte à mâcher très gouteuse et qui permettait de tromper aussi bien l'ennui que la faim. Le fils de Valerion l'importait à grands frais de Ghis et de Qarth, où la rumeur disait que certains mages la mélangeaient à des plantes mystiques pour augmenter leurs pouvoirs. Jaekar ne connaissait pas la vérité mais il avait assez vu d'esclaves à l'œil hagard pour savoir qu'ils remplaçaient les coûteux ingrédients par des plantes soporifiques pour oublier leur condition. Glissant la boule entre ses mâchoires, ce fut d'une voix à la fois grave et insouciante que Jaekar répondit à Aelarys.

Oui de la farine mon cher ami Targaryen. Comment crois-tu que les pauvres âmes qui vivront ici vont elles se nourrir ? A moins d'apprendre à chasser les créatures damnées que nous avons croisées. Se tournant vers le jeune homme, Jaekar embrassa la salle d'un geste du bras. Nous n'avons redécouvert ces fondations que depuis peu de temps et les temples souhaitent comprendre la signification des étranges autels ou encore de cette tour. Le Conseil, ou plutôt mon père, m'a chargé de cette tâche. Je dois préparer cette tour et y entreposer de quoi faire survivre ceux qui sacrifieront probablement leur raison à explorer les lieux pour mieux les comprendre. Evidemment, le secret et la discrétion sont de mises. C'est avant tout une affaire civile et nous ne voulons pas voir l'armée, ou les intérêts des Marchands, s'y mêler. Jaekar échangea un long regard entendu avec Vhaegar. Comprends-tu cela ?

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Voix de l'Ombre
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Ombres parmi les ombresBalade dans la ville souterraine


L’immense pilier qui s’élevait dans l’obscurité semblait présent depuis des siècles et des siècles, et les deux gardes qu’étaient Jaekar et Aelarys semblaient bien petits en contrebas, barrant l’accès à l’escalier en discutant passionnément. Sous la voûte, la moindre parole résonnait haut et loin. Alors que la voix d’Aelarys montait dans les aigus et qu’il haussait le ton, relâchant la pression qu’il avait accumulée, les vagues sonores disparaissaient dans l’obscurité.

Tandis que les deux hommes discutaient paisiblement, le reste du groupe avait entrepris la longue ascension. Chacun savait où aller, et aux paliers où la tour était percée d’entrée, ils y stockaient de nombreux paniers comme ceux qui avaient été ramenés. Sur toute la hauteur de la tour, c’étaient des dizaines de paniers qui étaient stockés. Certains avaient été éventrés par le peuple des profondeurs dont on ignorait encore s’ils étaient Valyriens ou non. Les habitants de la ville inférieure les appelaient les Profonds sans que l’on sache s’ils étaient autre chose que des personnes ayant choisi de vivre pratiquement comme des sauvages sous le berceau de la plus brillante civilisation du monde. Ces habitants des abysses avaient éventré quelques paniers par curiosité, mais ne les avaient pas pillés pour autant. Ils tenaient plus de la légende, y compris pour ceux de la ville souterraine. Rares étaient ceux qui savaient de quoi retournaient véritablement le sous-sol de Valyria. Du fait de la nature volcanique du terrain, les éboulements et l’envahissement de tunnels par la lave étaient fréquents. La carte changeait en permanence. Bien malin était celui qui pourrait dire combien de temps le trajet qu’avaient emprunté les compères serait encore viable.

Pourtant, il faisait faim dans les abysses valyriennes. Et le son propagé des membres de l’expédition était parvenu jusqu’aux galeries les plus sombres et les plus dissimulées de la région. Bientôt, des formes commencèrent à se mouvoir dans l’obscurité, et des mouvements fugaces pouvaient être aperçus dans les ombres encerclant les deux gardes qui étaient comme protégés par la douce lueur du feu qui les entourait d’un halo doré. Des cris étouffés perçaient la noirceur, comme des interjections. Alaeron, qui était le plus rompu à cet endroit parmi le trio, fut le premier à sentir une présence. Il jeta un œil à Jaekar.

« On a de la compagnie. »

Le fils de Valerion Qoherys avait également remarqué. Il s’adressa aux deux hommes d’un ton où transpiraient à la fois la prudence et l’assurance. L’homme n’était pas un débutant.

« J’ai vu. Tenez-vous prêts et protégez les flancs des autres. En position. »

Lorsque les trois hommes dégainèrent leurs épées, le sifflement de l’acier trouva un écho particulier dans l’obscurité. Un sifflement reprit par des dizaines de voix se fit soudainement entendre. Des bribes de mots de la langue Valyrienne étaient à peine compréhensibles dans ce fatras d’onomatopées : traîtres, envahisseurs, sorciers, tueurs, sacrilèges. La meute qui semblait entourer les trois hommes n’approchait guère du halo lumineux, comme si la lumière les repoussait. C’était sans doute le cas, après tant de temps – mais combien vraiment ? – passé dans les abysses.

Aelarys Targaryen eût alors un geste fort. Il s’empara de la torche et la ralluma en la plongeant dans la bassine de cuivre. La flamme jaillit de nouveau, vivace, et le seigneur-dragon la projeta en l’air, le plus loin possible. Elle décrivît une large courbe dans la hauteur, illuminant soudainement la noirceur totale.

Le spectacle était terrifiant. Une cinquantaine d’âmes torturées semblait faire face et grouiller comme des animaux, tournant autour de cette viande fraîche. Il y en avait même qui grouillaient sur les arches reliant la tour à la paroi rocheuse : les silhouettes décharnées se découpaient parfaitement sur la pierre blanche. S’ils n’avaient plus vraiment l’usage d’une parole claire, leurs visages fut un bref instant parfaitement visible. Les traits étaient tirés, dégénérés par l’obscurité mais gardaient des traces de la finesse toute valyrienne. Les cheveux n’étaient plus souvent que des lambeaux sur les côtés du crâne et les yeux semblaient blancs, vus d’aussi loin. La lumière au-dessus de cette foule eut un effet stupéfiant. Elle hurla de douleur comme un seul homme et se dispersa en partie, alors que la torche retombait sur un individu malchanceux dont les fripes s’embrasèrent aussi tôt. Il dégagea lui-même une vive lumière qui repoussa un peu plus loin la foule dont on put alors apercevoir les armes rudimentaires : des massues de bois et de pierre volcanique, quelques arcs et des flèches de fortune, des épieux taillés en pointes et quelques épées qui semblaient plus que rouillées. A peine l’embrasé chuta au sol et les flammes qui le dévoraient s’éteignaient déjà que, juste avant que la lumière ne disparaisse, ils purent voir la masse se jeter sur lui. Il y eut une succession de bruits répugnants. L’odeur du sang avait aiguisé les appétits.

Quelques flèches maladroitement décochées frappèrent mollement à côté des cibles, l’une d’entre elle se brisant à l’impact avec la bassine de cuivre qui chancela. Et soudainement, la masse chargea. Ils furent une dizaine de braves à charger malgré la lumière qui les aveuglait. Ils vinrent s’embrocher sur les lames affûtées que leurs loques ne pouvaient pas arrêter. Leurs corps blanchâtres s’ouvrirent comme du beurre pour laisser échapper un sang chaud et rouge comme une flamme. Alors que la première vague avait été proprement massacrée et que la deuxième se préparait visiblement à charger, un corps percuta violement le sol, répandant ses intérieurs dans une macabre explosion de chairs. Le temps se suspendît un instant alors que tous les yeux – violets comme blancs – se tournèrent vers la haute tour. A plusieurs endroits, on pouvait voir de petites flammes danser : les torches du groupe, tout le long de la hauteur. On entendait des cris, des interjections et parfois des hurlements. Une boule de feu déchira l’obscurité et on vit des corps projetés dans le vide mais la noirceur les enveloppa avant qu’on vît leur chute. Le corps mutilé qui venait de percuter le sol était un des natifs des profondeurs. Cela eut pour effet de calmer la meute qui sembla se concerter. Soudainement, un javelot jaillit de l’ombre et frappa la roche près de la bassine de cuivre. Puis un autre la frôla, la faisant vaciller. Plus haut, les combats semblaient féroces.

Le trio n’avait plus le choix, il allait falloir choisir : remonter aider leur groupe ou sécuriser la source de lumière qui les protégeait d’une attaque en règle ?


Merci à Aelarys et Jaekar pour leur concours sur la réaction de leurs personnages
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Ombres parmi les ombres.


Aelarys réalisa l'importance de leur mission lorsque Jaekar lui dit enfin la vérité sur leur présence ici. La préparation d'un avant-poste équipé en vivres dans cette partie des souterrains semblait logique pour les explorations futures. Le jeune homme était intrigué d'apprendre le renouveau d'intérêt du Conseil pour les anciennes fondations de la ville. Il y avait certainement de grandes choses à découvrir ici sur les mystères et les origines de Valyria. Néanmoins la zone demeurait extrêmement dangereuse même pour des personnes entrainées au combat...
Aelarys répondit à ces explications d'un hochement de tête entendu, reprenant peu à peu le contrôle de ses émotions. Assis sur un rocher, le seigneur-dragon profita de ce moment de calme qui ne dura malheureusement pas. Des sons étranges de respirations et de grattements sur le sol se firent entendre. Des cris menaçants dans la pénombre alertèrent les trois hommes qui dégainèrent immédiatement leurs épées. Aelarys se rendait compte que malgré sa chaleur et sa lumière rassurante, le feu qu'ils avaient allumé n'éclairait que la zone autour d'eux. Les créatures qui les menaçaient prenaient soin de rester dans l'ombre. N'écoutant que son instinct, le jeune combattant lança au loin la torche que Vhaegar avait utilisé pour allumer le feu dans la bassine de cuivre.
Le spectacle de la salle grouillante de créatures décharnées et cannibales lui fit presque regretter ce geste. Mais désormais ils savaient ce qu'ils devaient affronter.
Aelarys sentit la panique monter en lui et immédiatement un flot d'adrénaline se déversa dans ses veines. Combattif et valeureux, le Targaryen n'avait cependant jamais été confronté à ce type de monstruosités, des damnés qui avaient perdu leur humanité après certainement des générations passées dans les profondeurs.

Comme le reste de ses compagnons, le seigneur-dragon remarqua que la lumière faisait fuir ces cannibales habitués à l'obscurité totale. Rester près du feu fut ainsi la bonne tactique pour affronter la première vague sans grande difficulté. L'épée en acier valyrien du jeune homme se teinta vite d'une couleur rouge sombre...
Des hurlements et l'explosion causée par un sortilège se firent entendre dans la tour. Le reste du groupe semblait lui aussi pris d'assaut. D'horribles craquements dans l'obscurité laissaient présager qu'une pluie de corps avait été propulsée dans le vide à cause du sort de feu. Il n'y avait aucun gâchis de viande et aussitôt les morts étaient dévorés par leurs congénères dans une frénésie monstrueuse.

En quête d'instructions, le seigneur-dragon se rapprocha de Jaekar et évalua très rapidement avec lui la situation. Dans l'excitation sanglante du combat, le visage éclaboussé d'hémoglobine qui n'était pas la sienne, Aelarys aurait du mal à se souvenir ce qu'il a vraiment dit au Veltheon. Mais pour lui, une chose lui semblait certaine, et il donna son avis en criant pour couvrir les bruits bestiaux des cannibales :

« On doit monter en haut pour aider les autres ! »

Le jeune nobliau savait qu'abandonner leur source de chaleur et de lumière était un risque énorme. La montée des escaliers promettait d'être longue et éprouvante. Et il avait malheureusement jeté leur unique torche hors de portée.
Un autre torche... Qu'est-ce qui pourrait faire une torche de substitution... Le léger poids dans son dos fit scintiller la lumière d'une idée dans son esprit. D'un grand geste, Aelarys retira sa longue cape noire.

« Couvrez-moi un petit moment ! »

Aelarys se baissa un instant pour enrouler bien fermement la longue étoffe de tissu noire autour de la lame de son épée. En grognant d'impatience, il tenta de vraiment de serrer au maximum et de faire un nœud au niveau de la garde pour que cela tienne le plus longtemps possible.
Le temps manquait aux trois hommes, ils devaient prendre une décision sur la suite des événements. Aelarys compta sur l'expérience de Jaekar pour qu'il comprenne ce qu'il voulait faire... Une flèche puis un javelot vinrent frapper la bassine en cuivre qui chancela.
Non... Pour le seigneur-dragon, ils ne pourraient pas empêcher indéfiniment les ennemis de renverser la bassine et son précieux contenu. Ils perdraient leur précieuse source de lumière et peut-être même les autres membres du groupe qui luttaient pour leur survie en haut de la tour.

Avant de faire son geste téméraire, Aelarys chercha l'assentiment dans le regard de Jaekar. Pour lui faire comprendre ce qu'il voulait faire, il s'approcha lentement du large réceptacle en cuivre et posa ses mains sur le métal brulant...
Les muscles du seigneur-dragon se tendirent sous l'effort. Lentement, il souleva le chaudron enflammé qui commença à pencher dangereusement. Avec le plus de force qu'il put mettre, Aelarys lança la lourde bassine métallique dans un grand mouvement rotatif en direction des monstres.

Il y eut un court instant de grâce où le temps sembla se figer et le silence se faire dans la caverne. L'engin enflammé était en mouvement dans les airs, débutant sa chute inexorable. L'huile flamboyante qui en sortit se refléta dans les yeux blancs des créatures.
En un glas tonitruant, le chaudron de cuivre tomba sur le sol en pierre noire de la grotte avec un grand son de cloche qui tinta dans toute la salle et au-delà. La vague d'huile semblable à de la lave fut projetée sur les premières lignes ennemies qui prirent feu instantanément. Un cri suraigu s'éleva. De douleur pour ceux qui se voyaient littéralement en train de brûler vifs mêlé à ceux d'excitation des autres à l'affut du festin. Certaines créatures étaient si affamées qu'elles ne pouvaient pas attendre, prenant parfois feu elles-aussi en voulant détacher un morceau de viande sur le corps d'un congénère en train de brûler. Le feu se propagea ainsi de cette façon à certaines lignes qui n'avaient pas été impactées par la vague initiale. Une infâme odeur de viande calcinée se dégagea et une fumée de cendres humaines monta vers le sommet de l'immense salle.  

Aelarys n'eut pas le temps d'admirer ce bûcher mortuaire digne des grands sacrifices valyriens. Ils devaient monter en vitesse pour aider les autres. Cette distraction ne retiendrait pas la foule d'ennemis bien longtemps.
Le Targaryen ramassa son épée improvisée en torche et n'eut qu'à la tendre vers le mur de flammes pour l'allumer. Les autres l'attendaient déjà pour gravir les marches ensemble.

Le jeune combattant s'élança dans l'escalier à leur suite. Il montait les marches en courant, le plus rapidement qu'il pouvait. Très vite, il se mit à l'avant du trio pour illuminer le passage en tenant son épée enflammée à deux mains au dessus de lui. Aelarys avait l'impression d'être un porte-étendard faisant flotter au vent sa bannière rouge et noire.
La volée de marches semblait infinie et bientôt les muscles des jambes du jeune homme commencèrent à brûler sous l'effort intense. Les cheveux d'argent et d'or du valyrien étaient désormais plaqués sur son crâne et dégoulinants de sueur. Il serra les dents de douleur. Mais c'était dans des situations pareilles qu'il devait prouver sa valeur. Aelarys était déterminé à faire honneur à sa famille, à son sang.
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Ombres parmi les ombres
ft. Aelarys et le Destin



Jaekar hocha la tête en direction d'Aelarys. Il appréciait la discrétion du jeune Targaryen. Pour un homme, qui au zénith encore n'avait pas de place dans ses plans, il ne cherchait pas à imposer sa présence ou à découvrir le fond de l'histoire. C'était évidemment pour cette raison que Jaekar l'avait choisi. Voir qu'il avait eu raison de le faire n'était qu'un plaisir. Il espérait simplement ne pas mettre à l'épreuve les capacités martiales de son compagnon. Malheureusement, la Mère Destinée n'était pas d'humeur à partager sa fortune avec son fils préféré. Le regard de Jaekar évitait les flammes pour ne pas être ébloui par leur éclat, comme tout bon soldat. Malgré tout, ses yeux ne perçaient pas l'obscurité tenace.

Il les sentit avant de percevoir leur mouvement. Cette présence angoissante, les tentacules de l'inconnu et de la peur qui s'enroulaient doucement autour de leur cœur. Le danger étreignait leur âme en peine alors même que leurs poils se hérissaient autant par le froid de la caverne que l'excitation du combat. Jaekar perçut le coup d'œil du troisième larron et donna rapidement ses ordres. S'avançant d'un pas, pour éviter de gêner la gauche d'Aelarys, il se tint prêt. L'espace d'un instant, il regretta de ne pas avoir manger une orange avant le combat. Le sucre de son jus aurait séché et éviter sa main d'être glissante. Jaekar ne douta pas une seconde lorsque la torche éclaira les infâmes créatures du sous sol valyrien que sa poignée serait bien assez poisseuse de sang.

Naejot ērinnon ! Morghon ! Morghon ! Syt ñuha ābrar !

Les cris de guerre de Jaekar ne firent rien à la masse informe qui se jetait sur lui et ses compagnons. Son glaive se leva, trancha chair et tendons, décapita nettement un de ces pantins. Une flèche de fortune frôla sa tempe et plusieurs dents rebondirent sur sa joue lorsqu'il enfonça son arme dans la bouche d'un ennemi. Aussi vite qu'il avait commencé, l'assaut reflua. Un coup d'oeil suffit à rassurer Jaekar sur la santé de ses compagnons. Seul le nombre saurait vaincre les fiers fils de Valyria. Lorsque le premier javelot se figea dans le sol, Jaekar sentit son sang se glacer en comprenant le plan des créatures. Les enfants oubliés d'Arrax n'avait pas encore perdu tout sens de la stratégie.

Si le chaudron s'effondre, nous sommes morts !

Jaekar hocha sèchement la tête en direction d'Aelarys lorsque celui-ci ordonna vivement de rejoindre les autres. Comprenant ce que le jeune homme allait faire, le soldat hurla en direction de leurs ennemis et agita son épée. Les créatures rugirent en retour tout en reculant. Jaekar fit de même lorsque les flammes surgirent à sa droite. Détournant les yeux pour ne pas être aveuglé par l'explosion qui allait suivre, il trébucha lorsque le souffle de l'huile incandescente le percuta. Retrouvant son équilibre, Jaekar s'arrêta quelques instants, laissant passer le premier garde puis Aelarys. Le chemin leur permettrait de tenir à un contre trois aisément, le temps de rejoindre les autres et tenir une position. A condition que leur porteur de torche improvisé ne tombe pas, victime d'une flèche perdue ou encore d'un javelot.

Aelarys, pour rien au monde ne laisse tomber ton épée. Tu es notre Lumière de Sagesse pour cette nuit ! L'idée, c'est de rejoindre les autres et tenir jusqu'à ces fils de Ghiscari se lassent ou qu'on ait tué assez des leurs pour qu'ils festoient jusqu'à l'aube.

Jaekar se retourna en entendant les hurlements et grognements dans son dos. Les créatures avaient réussi à percer le mur de flammes causé par le renversement de l'huile. L'heure viendrait bientôt où il leur faudrait combattre à nouveau.

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Voix de l'Ombre
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Ombres parmi les ombresBalade dans la ville souterraine


Dès l’instant où l’huile enflammée se répandit par terre, une violente lumière s’en dégagea et des flammes immenses s’élevèrent dans l’obscurité. Le peuple des profondeurs se dispersa dans une cacophonie de cris de douleur et de peur. Ils furent plusieurs, hommes et femmes, à ne pas être assez rapide et à se faire surprendre par le liquide embrasé qui coulait avec une vitesse surprenante vers eux. Ils s’effondrèrent dans des hurlements et dans une odeur de chairs calcinées. La violence de l’incendie offrit un répit suffisant aux trois hommes pour qu’ils débutent leur ascension sereinement. Ils ne furent rattrapés qu’après un répit bien mérité.

La situation avait pris un tour bien sombre pour l’équipage des profondeurs valyriennes. Tandis que le trio du bas remontait péniblement les marches dans une longue et périlleuse attention, les combats semblaient continuer bien plus haut, sans qu’aucune certitude ne puisse être possible sur ce qui les attendait mise à part celle qui était que leurs compagnons se battaient toujours. La masse grouillante qui les traquait les rattrapa alors qu’ils étaient à une bonne soixantaine de mètres de hauteur. Peu habillés, athlétiques et légers, les habitants des profondeurs de Valyria grimpaient à une vitesse surprenante alors que les trois hommes devaient maintenir leur rang serré et surveiller leurs arrières en permanence. Malgré la montée difficile, ils parvenaient à garder un rythme. Aelarys tenait haut son flambeau improvisé tandis que Jaekar et Alaeron repoussaient les quelques braves qui essayaient de les attraper. Il fallut une flèche décochée d’un arc parallèle pour stopper leur progression un temps. Aelaeron chuta à terre, le trait fiché dans sa cuisse. Durant un instant de flottement, tous se regardèrent l’air indécis.

« Montez ! Je vais les retenir, par les dieux ! »

L’homme semblait décidé à ne pas mettre en danger ses compagnons mais le seigneur-dragon et le fils de la Lumière firent autrement. Jaekar attrapa le puissant guerrier et lui fit passer un bras autour de ses épaules, et ils commencèrent une ascension difficilement lente vers les hauteurs, tandis qu’Aelarys faisait au mieux pour les couvrir alors que la flamme vacillait parfois dangereusement. On pouvait entendre les cris de certains de leurs compagnons, un peu plus haut. La plateforme suivante serait celle où ils trouveraient enfin des renforts bienvenus.

Lorsqu’ils y parvinrent, la jeune mage Maeria tenait en respect, seule, quelques créatures qui sautaient, hystériques autour d’elle. A ses pieds gisait l’un des hommes à l’identité inconnue qui les avaient rejoints avec l’embarcation dans les égouts. Il avait la gorge pulvérisée et ne bougeait plus, laissant une mare de sang poisseux s’étaler sur l’étroite plateforme de pierre taillée. La jeune mage montra un soulagement manifeste lorsqu’Aelarys se fraya un passage dans ses ennemis et qu’ils furent réunis. D’une pâleur inquiétante, elle s’efforça de puiser dans ses réserves pour raviver la flamme sur l’épée du Targaryen. Elle chancela un moment, alors que du sang coulait de l’une de ses narines. Elle s’essuya d’un revers de la main, considéra un bref instant le liquide vermeil sur sa peau et l’essuya sans autre forme de procès sur ses robes pleines de poussières. Elle jeta un regard intense aux trois hommes.

« Nous devons desc-

Un flash lumineux d’une violence extrême éclaira la caverne comme en plein jour. La mage se demanda un temps si le soleil n’était pas apparu par une ouverture dans la caverne. Ce n’était pas le cas.

L’instant suivant, un bruit assourdissant retentît alors que l’air se réchauffait brusquement et que le changement de pression suivant une onde de choc violente leur bouchait les oreilles. Tous furent jetés au sol, la plupart se retrouvant dans le sang collant de leurs victimes et de leur compagnon. Une dizaine de créatures furent projetées dans l’abîme.

Puis, enfin, ce furent les vibrations de la structure tout entière.

Au-dessus de leurs têtes, une gerbe de flammes d’une rougeur intense achevait de consumer l’air autour du pilier. D’imposants morceaux de pierre blanche se désolidarisèrent de l’ouvrage et chutèrent, broyant au passage les fines arches qui reliaient la tour à la paroi de pierre noire. Une pluie de gravas de petite taille frappa la plateforme et le groupe dû s’abriter comme il pût.

Le calme revint.


    Et soudain, une nouvelle explosion, encore plus puissante eu lieu.

      Puis une autre, plus bas.

        Puis encore une autre, une cinquantaine de mètres au-dessus de leur tête.

          Puis tout devint noir.





Lorsqu’Aelarys reprit conscience, il était seul dans ce qui ressemblait à une poche d’air sous un éboulement monstrueux. Certains rocs dépassaient la taille d’une maison et semblaient suspendus dans l’air entre plusieurs autres éboulis. On pouvait reconnaître la paroi noire un peu plus loin. Des pans entiers détruits de l’ouvrage de pierre blanche gisaient entre les gravats immenses, des morceaux entiers, brisés, comme détachés par une main géante. L’air était saturé de poussière mais non loin du corps endolori du jeune seigneur-dragon gisait son épée, comme miraculeusement préservée et qui continuait de briller dans la nuit de flammes mystiques insufflées par Maera. Son épaule le lançait et il avait probablement quelques cotes fêlées mais il parvenait encore à se déplacer avec difficulté. Du peuple des profondeurs, il n’y avait plus aucune nouvelle. Il était totalement seul et aucun bruit ne filtrait. Il ne restait plus qu’à savoir par où s’enfuir, entre un chemin qui se dirigeait vers la sortie possible de la cavité dans laquelle avait eu lieu l’éboulement. Il n'eût pas vraiment l'occasion de choisir. Une forme émergea du tunnel, marchant précautionneusement. Si elle ressemblait dans sa démarche aux créatures qui avaient attaqué plus tôt, il s'agissait là d'un jeune homme à la peau sombre, probablement originaire des Îles d'Été. Il avançait les mains en évidence, ses yeux brillants dans l'obscurité. Il s'arrêta à une distance suffisante et il parla d'une voix très rauque, avec un fort accent .... ghiscari.

« Tu as sauvé ma soeur. Viens. Les monstres vont venir. Tu dois remonter chez toi, vite. »

Sans attendre de réponse de sa part, il reparti vers l'ouverture dans la paroi. Alors qu'ils parcouraient des galeries étroites et à la roche chaude, un nouvel éboulement quelque part fit trembler le sol. Cela semblait affreusement loin. Bientôt le boyau remonta pratiquement à la verticale, et l'ascension en fut compliquée, surtout avec une blessure'. Finalement, ils parvinrent à arriver devant un mur partiellement effondré. L'homme mystérieux se retourna vers Aelarys.

« Par là, tu retrouveras les tiens. Fais vite. Tu es un homme bon, je crois, dragon. Mais tu es un homme inconscient. »

Il disparût. Aelarys put se glisser au travers du mur effondré pour retrouver les égouts supérieurs de Valyria... effondrés. Quelques dizaines de mètres plus loin, la rue s'était effondrée dans la galerie et il put sortir pour retourner à l'air libre et se trouver au milieu du chaos.

* * * * *

Jaekar fut réveillé par Maera qui lui administrait des claques pour le réveiller. Lorsqu’il émergea, il put constater qu’ils étaient dans la grotte immense où ils se trouvaient auparavant. Mais tout avait changé. Il était allongé à côté d’un tronçon renversé de l’immense tour, et le plafond de la grotte avait cédé pour faire se déverser des centaines de tonnes de pierre. Aussi loin que pouvait porter son regard dans cette obscurité quasi-totale et chargée d’une poussière envahissante, il était difficile de savoir ce qu’il s’était passé. Il n’y avait visiblement aucune issue vers le bas mais le déversement de roches avait créé une espèce d’immense pente escarpée menant vers le sommet de la grotte et encore au-delà. Lorsqu’il essaya de se lever, son poignet non armé lui fit souffrir le martyr et il comprit qu’il était probablement brisé. Il aurait besoin de quelques soins auprès des mages s’ils s’en sortaient. A ses côtés, Aelaron était toujours conscient mais visiblement mal en point. La flèche s’était cassée et s’il ne saignait plus grâce à un bandage de fortune, la suite du traitement s’annonçait déjà compliquée. Pour ces trois âmes perdues, il n’y avait plus qu’un choix possible. Essayer d’explorer la grotte pour trouver une issue par le bas, ou se préparer à l’ascension longue mais pas forcément périlleuse.

En explorant la grotte, ils trouvèrent une issue qui semblait être une ancienne galerie de mine. Quelques outils rouillés y trainaient encore, vagues souvenirs de tentatives d'exploitation des lieux, probablement avant que la cité ne recouvre tout. A leur surprise, ils finirent par, eux aussi, déboucher dans les égouts, mais ailleurs qu'Aelarys qui demeurait hors de vue. Un cri guttural résonna derrière eux : une créature arrivait. Maera se retourna vers Jaekar, l'air épuisé mais déterminé.

« Je m'en occupe. Tu n'es pas en état. Va ! Je te rejoindrai ! »

Sans attendre, elle le poussa en avant et repartit rapidement sur leurs pas, pour laisser libre cours à sa colère. Jaekar n'avait plus qu'à explorer cette partie de la ville souterraine pour vite trouver une issue.


Merci à Aelarys et Jaekar pour leur concours sur la réaction de leurs personnages

RP terminé

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