Il y a de ces Valyriens et de ces Valyriennes qui ne sont pas destinés à voguer dans les cieux. De ces Valyriens et de ces Valyriennes auxquels les Dieux et les Déesses réservent un destin tout particulier, lors de leur Épreuve du Feu. Certains d’entre eux entrèrent au Collège, se perfectionnant aux arts, à la fois magnifiques et dangereux, de la Magie. D’autres devinrent novices dans les temples de Valyria, servant ceux et celles qui leur avait permis d’embrasser un destin totalement différent de ceux de leurs contemporains, lisant flammes et autres augures pour comprendre leurs volontés.

Mais ne vous y trompez pas. Si ces hommes et ces femmes ne disposent pas d’un frère ou d’une sœur d’écailles, leur importance reste des plus réelles. Et leurs pouvoirs, réels ou intangibles, le sont tout autant. De novices, à Prêtre, Grand-Prêtre, Mage ou Magister, ils sont devenus, avec le temps, des figures incontournables de Valyria. Après tout, ne faut-il pas toujours quelqu'un pour murmurer à l'oreille des puissants ? Des personnes pour leur rappeler la volonté des Dieux, ou les présents qu'ils peuvent faire à certains Mortels ?

Il n'y a rien d'extraordinaire à la chaleur de Valyria. Une chaleur sèche, étouffante, digne de ces cratères bouillonnants qui ont vu naître la plus grande civilisation de ce monde. Pourtant, la nuit où naquit Jaeganon Velaryon avait été particulièrement sèche, d'aucun prétendraient même plus tard qu'une fine couche de fumée s'était emparée de la capitale, comme si les effluves ardentes des Quatorze flammes avaient pris possession de ses rues. Fables que tout cela, d'autres criaient, mais le mythe était bien là. Jaeganon Velaryon avait vu le jour dans une modeste villa des alentours de Valyria. La famille Velaryon, originaire de Mhysa Faer, ayant délaissé leur plus confortable villa pour une demeure plus simple mais plus proche des lieux de pouvoirs. Quatrième fils de la famille, sans doute aurait-il du se consacrer à l'armée, un petit poste pour une petite famille.

Pourtant, à mesure qu'il devenait un homme, il apparaissait évident aux yeux de tous que Jaeganon ne serait pas un militaire. Il était maigre, d'aspect faiblard, mais surtout brillait dans ses yeux une lueur étrange, de ces lueurs qui laissent présager l'insubordination la plus totale aux mots des Hommes. Alors le jeune homme avait été voué aux Dieux, à la religion, son intelligence ne faisait plus de doutes et il était une aide appréciable pour redorer le blason du vieux Velaryon qui ne brillait guère par son esprit et encore moins ses mots. Jaeganon aurait pu être homme de politique, il en avait la maîtrise du verbe, mais  la religion l'en avait éloigné et de lui-même, le jeune homme s'était rapproché de mages et cet esprit clair et articulé était devenu plus sombre, plus tortueux. Le mystère restait entier, encore aujourd'hui, mais tous savent que les expérimentations auxquelles il participa de nombreuses fois avaient changé son être.

Le bon mot voulait qu'il avait trouvé Arrax, expression qu'il corrigeait volontiers, écartant les bras en croix, un sourire béat sur les lèvres et toujours cette lueur au fond des pupilles : non, c'était Arrax qui l'avait trouvé. Il ne cherchait rien que lui-même au plus profond de l'obscurité, et il avait trouvé le feu divin. Ce feu l'animait il le savait. Il avait eu La Révélation, à l'image des premières révélations qui avait fait des Valyriens ce qu'ils étaient aujourd'hui ! Il refusait à présent d'honorer un autre dieu que LE Dieu, Arrax. Il portait sa voix, entendait sa voix et était en contact direct avec la divinité même selon la croyance populaire. Les plus sceptiques évidemment criaient à la folie, mais une tel aura se dégageait de cet homme que certains n'avaient guère besoin de preuves pour accepter l'idée qu'il pouvait être dans le vrai.

Jaeganon est donc devenu, avec les années, un meneur des foules. Chacun de ses discours devenant un véritable événement auprès du peuple, il est observé de loin, d'un oeil méfiant par une grande partie de la noblesse qui goûte fort peu de ces illuminations. Il n'empêche que l'homme est affable, et qu'il est rare de trouver une célébration où il ne se trouva pas. Les prêtres seraient-ils voués à un comportement différent de ceux des hommes ? Et pourquoi donc ! Il n'y a que la vie pour honorer Arrax, et tout comme le Grand Dieu avait pris pour épouse Syrax, déesse des fêtes, de l'abondance, ou de l'extase, Jaeganon se mêlait à ces événements avec assiduité. Attiré naturellement par les charmes masculins - et ne se privant guère pour donner libre court à son désir - il n'en oublie pas moins les femmes. Il aime à appeler ces dernières les filles de Syrax, et n'était-ce pas de son devoir, au nom de son Dieu et maître, d'honorer l'épouse de ce dernier ?

Nombreux sont ceux qui ricanent en s'amusant de ce libidineux excès, s'imaginait-il à présent que son corps était l'intermédiaire d'Arrax et qu'il bénissait ces jeunes gens par un simple passage dans son lit ? Il y avait sans doute de cela. Mais l'objectif de Jaeganon n'est pas de bénir le tout Valyria - quoique - mais de s'assurer que ses ouailles restent sur le bon chemin. Le seul chemin. Celui d'Arrax. Celui-ci doit primer sur tous les autres, car Arrax est le Premier parmi les Dieux. Il sait qu'il peut influencer le peuple aisément, mais comment atteindre ces riches et nobles familles que la religion n'attire que très peu ? Il les connaissait pour les voir lors de ces fameuses célébrations, il n'y avait que trois choses : la politique, l'argent, et le sexe. Voilà tout ce qu'ils connaissaient. Il faudrait donc les rejoindre sur leur terrain de jeu favori : le Sénat. Son père l'avait longuement imaginé en homme politique et là était la volonté d'Arrax, il le sentait.

Il était temps de remettre les Dieux à leur place à Valyria : en son coeur.

Pour cela, il prend la mort de Lucerys Arlaeron pour un signe des dieux et voit en Valerion Qoherys la meilleure incarnation du projet qu'il défend. Il soutient très officiellement les Jaunes.

Chronologie de Jaeganon Velaryon depuis le Triomphe de Valyria:

Taecegor Noheneos est un vieil orateur parlant d’une voix de stentor. Il a été choisi de nombreuses années auparavant pour son timbre qui résonne parfaitement dans le vaste espace du Sénat et qui lui permet de se faire entendre correctement. Garant du calme et du bon déroulement des séances, il veille à ce que chacun puisse s’exprimer sans être gêné ou intimidé.

S’il use souvent de tournures de phrases très symboliques, sa voix et sa réputation de ne pas se priver de montrer du doigt les mauvais joueurs politiques ont de quoi calmer les ardeurs des plus chevronnés. Il s’en réfère ainsi régulièrement au peuple – plus qu’aux dieux, malgré sa piété – lors de ses interventions, rappelant à qui veut l’entendre que le Sénat doit avant tout servir les Valyriens et non pas les intérêts des grandes familles. Il est profondément adulé et respecté par les sénateurs proches du groupe populiste qui voient en lui un défenseur des droits du peuple. La vérité est que ces formules très protocolaires sont chères au polémarque qui sait qu’aucune famille n’irait se risquer à montrer un mépris ouvert à l’opinion populaire en pleine séance du Sénat.

Taecegor est né dans la cité portuaire de Rhyos, d'une mère restée au foyer à s'occuper de ses huit frères et soeurs et d'un père fonctionnaire dans l'administration locale. La première moitié de sa vie l'occupe à gravir les échelons en tant qu'administrateur de Rhyos. Lorsque l'archonte de la cité est choisi pour devenir Sénateur, il propose alors à Taecegor de l'accompagner pour travailler pour lui. Élevé dans la fascination des institutions de la République, il accepte sans hésiter.

Rapidement remarqué à la capitale, Taecegor rejoint finalement les rangs des prestigieux fonctionnaires du Sénat, contribuant ainsi à faire fonctionner une institution pour laquelle il a le plus grand respect. En parallèle, il ne se lasse pas de continuer à nouer une relation de confiance avec le Sénateur qui l'a amené à Valyria. Débattant de façon enflammée durant plusieurs soirées très politiques, Taecegor est finalement reconnu pour ses qualités d'orateur et de défenseur de l'intégrité de la République. Il est élu comme polémarque par plusieurs grandes familles qui se sont entendues sur son nom pour modérer les débats.

Ces dernières années ont été difficiles pour Taecegor qui a vu s'effriter les instituions pour lesquelles il a dédié sa vie sans pour autant jamais perdre la foi. Il s'efforce de continuer à faire de Valyria une véritable république où le pouvoir réside dans l'assemblée dont il modère les débats. Au crépuscule de sa carrière, il est un professionnel unanimement respecté et l'un des plus solides remparts contre les risques de renversement de la République.

Fidèle à son devoir de réserve, Taecegar ne prend pas parti dans le chaos qui consume Valyria à la fin de l'année 1066. Toutefois, il désapprouve fortement les initiatives des factions rouges et jaunes, considérant qu'elles menacent l'existence de la République.

Aujourd'hui, il considère qu'il est de son devoir de conseiller et guider les décideurs de Valyria pour qu'ils prennent les décisions nécessaires à la sauvegarde des institutions et il n'hésitera pas à donner son avis à ceux qui veulent bien l'entendre. Et s'il doit entrer dans l'arène contre les factieux, il le fera sans hésiter aucunement, considérant que cela fait partie de son devoir.