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Daenyra Tergaryon
Daenyra Tergaryon
Dame-Dragon

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stars have a reason

feat. Saerelys Riahenor

Demeure du Quadrant Sud & mois 5 de l'an 1066

Daenyra observait le visage gracile de sa sœur dans le miroir, reflet d’une grâce et d’une sublime détermination. Sous ce masque fabuleux que la cadette savait percer, elle la voyait superbe et terrible à la fois, dans un maelström envoûtant et dangereux. Pourtant, elle n’ignorait rien des fragilités de celle dont elle coiffait la chevelure éclatante avec affection. L’image de ce corps vouté, recroquevillé sur lui-même et parcouru de tremblements incontrôlables était toujours imprimée sur sa rétine. Si la Sénatrice affectait une nature souveraine et de pouvoir, Daenyra savait qu’elle devait être le pilier qui consoliderait ses pas, l’épaule sur laquelle s’appuyer quand son propre courage lui ferait défaut, l’âme à consoler lorsque le doute viendrait s’insinuer en elle tel un serpent perfide. Le petit oiseau redoutait le prochain péril qui s’abattrait sur eux. A présent que leurs parents s’étaient réfugiés hors des murs de Valyria pour assurer leur sécurité, la jeune fille craignait pour la sauvegarde des siens. Le danger plainait sur les Tergaryon sous la forme insaisissable d’une ombre redoutable et déterminée. La prudence n’était plus une option…

« Tu es splendide ce soir… » admira Daenyra d’un air rêveur en contemplant son aînée qui se parait de ses derniers atours. La tendresse éclata sur le visage de la Sénatrice, écartant tout soupçon de l’inquiétude et de la peur qui terrassait son âme. Elle n’avait pas besoin de l’exprimer par des mots, par des attitudes… Daenyra lisait en elle avec autant de clarté que tous les ouvrages dans lesquels elle se plongeait avec avidité. « Sache que tu n’as rien à m’envier, chère sœur et que je ne saurais faire ombrage à ta propre beauté. » Daenyra fut autant flattée par ses paroles que par la sincérité qui vibrait depuis son âme. « Nous devrions nous hâter. » Bien que l’oiseau n’était guère encline à se mêler à l’agitation des réjouissances de Valyria, elle se donnait pour mission de ne pas quitter les côtés de sa sœur. L’empoisonnement atroce de leur père avait motivé chez Daenyra une rage et une détermination plus affermie de se montrer présente pour les siens. Nul doute que la position privilégiée d’Elaena en successeur du grand et respecté Vaegon attirait toute l’attention sur elle et des dangers insoupçonnés. Cette menace aveugle ne saurait perdurer… et la cadette ne s’offrait des repos que lorsqu’elle savait que Maekar brillerait de sa présence. Alors, seulement, elle s’écartait de ces fêtes qui aspiraient tant de ses forces et de ses ressources.

Le Quadrant Sud, lieu tout choisi de réjouissances et des exubérances de la noblesse, fut l’objet de leur destination. A peine s’approchèrent-elles des grandes portes du palais que l’oiseau fut happé par le chaos indistinct des âmes entremêlées, par la cacophonie assourdissante des émotions qui lui tenaillaient la chair et retournaient ses entrailles. Toutefois, nulle vague de faiblesse ne vint ternir l’expression impeccable de Daenyra. Mimant les attitudes d’Elaena, elle s’introduit droite et fière dans l’antre de tous les vices et de toutes les débauches. La demeure leur renvoyait le bruissement discret des conversations, la rudesse de certaines exclamations ou de quelques éclats de rire, elle les inondait de la musique qui tintait çà et là, des odeurs d’épices, de vin et de fruits. Faste. Luxe. Abondance. Décadence. Tels étaient les mots qui dépeignaient les scènes improbables de ces traditions vaniteuses et de ces nuits moites.

Daenyra conserva sa place aux côtés d’Elaena, la laissant mener la danse des conversations. L’oiseau se montrait cependant attentif à l’orchestration verbale de ces échanges afin de ne rater aucune miette de ce qui pourrait être important ou qui relevait simplement des futilités sociales. Coupe à la main, la jeune fille luttait contre un mal qui lui déchirait le crâne, lui offrant toutes les peines du monde à se concentrer correctement. Elle préférait se dérober, se dissimuler derrière l’imposant ramage de sa sœur et contempler à travers le plumage. De là, elle pouvait observer d’une intuition aiguisée les intentions des gens, écouter le chant de leurs êtres, même si tout se mêlait dans un résultat confus et parfois grotesque. « Ma chère sœur, Saerelys Riahenor est ici ce soir… » murmura Elaena à son oreille. L’intérêt de l’oiseau fut piqué au vif. Elle suivit le trajet du doigt discret de son aînée vers une jeune femme plus loin de la foule.

Leurs échanges, jusqu’ici, n’avaient été qu’épistolaires, mais Daenyra ne se décourageait pas de pouvoir rencontrer la mage en chair et en os. C’était la Dame de la maison d’Oros qui avait engagé cette correspondance, inquiétée par les changements qui semblaient frapper le caractère de son frère, Maerion. Elle craignait qu’un mal perfide ne vienne à prendre possession de son être et qu’il menace de le guider vers des sentiers hasardeux et cabossés. Une crainte qui ne pouvait être factice car la jeune Saerelys fit écho à ses sombres pressentiments. Au-delà de cet attachement à Maerion lui les liait, l’ébauche d’une amitié s’était tracée sur le papier. Un rapprochement qui poussa Daenyra à se retirer de groupe de convives auquel elle tenait compagnie pour rejoindre le centre de ses pensées.

Elle glissa telle une ombre entre les invités de la fête, invisible à leur regard et à leur attention. Discrète Daenyra. Timide Daenyra. Daenyra, la petite ombre. Elle se fondait au travers des mouvements des invités, silhouette leste et agile jusqu’à trouver le côté de Saerelys. L’annonce de sa présence se fit par un léger raclement de gorge pour obtenir toute son attention. « Pardonne-moi de t’importuner au cours de ces réjouissances, mais es-tu bien Saerelys Riahenor ? » L’oiseau broda un sourire amical sur ses lèvres afin de défier toute méfiance. « Il me semble que l’heure de notre rencontre devait enfin sonner. Je me présente à toi. Je suis Daenyra Tergaryon. »


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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Entourée d’un petit groupe de curieux, Saerelys faisait montre de ses talents, ce soir-là. Les mains posées sur ses genoux, les paumes tournées en direction du plafond, la jeune femme avait les yeux clos. Si aucun mot ne s’échappait de ses lèvres, il n’en allait pas de même avec ces volutes de fumées qui glissaient sur sa chair, ondoyant au-dessus de ses paumes, laissant muette la petite assemblée qui s’était formée autour d’elle précédemment. Il y avait là un petit groupe de personnes. Avant de fermer les yeux, la novice en avait compté cinq. Peut-être il y avait-il plus de monde à présent ?

La jeune femme ne s’attarda pas sur cette question, cependant. En temps normal, un sort si banal ne lui aurait pas causé de grandes difficultés. Hélas, il y avait un tumulte tel durant cette fête que Saerelys était obligée de se défaire du monde tangible pendant quelques instants. Faire le vide, ne penser à rien d’autre qu’à cette fumée qui s’était amassée entre ses mains, quittant les chandelles et les braseros, voire des coupelles à encens qui avaient été disposées ici et là. La novice visualisait chacun de ces éléments. Dans son esprit, elle murmurait quelques mots. D’ici quelques instants, tout cela serait terminé. La démonstration pourrait enfin commencer.

Sentant que bien assez de fumée s’était amassée dans ses paumes, la novice rouvrit les yeux, observant le résultat. Deux petites balles blanchâtres se trouvaient là, dans ses mains. Saerelys aurait pu faire d’avantage, il est vrai. Mais son art s’exprimait mieux dans la finesse et dans la discrétion, dans les petites choses que dans les grandes. Qui plus est, la jeune femme ne tenait pas à gaspiller son énergie de trop. Il ne s’agissait-là que d’une démonstration à petite échelle, ni plus, ni moins. Une démonstration qui semblait cependant déjà faire un certain effet aux personnes qui s’étaient rassemblées autour d’elle. Elles étaient toujours cinq. Un petit public pour une démonstration tout aussi petite. Tout était en ordre, semblait-il.

Alors, Saerelys lança les deux petites boules fumeuses en l’air, les changeant en deux petits oiseaux. Cette fois-ci, la jeune femme s’était inspirée de ces petits volatiles dont elle avait pu trouver la description dans les écrits de certains voyageurs. On disait que dans les jungles, de petits oiseaux au plumage émeraude, au bec des plus fins et aux ailes des plus vives, se mouvaient à une vitesse impressionnante, se nourrissant de nectar à la manière des insectes. Appelés oiseau-mouches, aussi bien de part leur petite taille, que de part leurs battements d’ailes effrénés, Saerelys leur trouvait une grâce toute particulière. Une grâce que la fumée laissait transparaître à merveille. Les deux petits oiseaux voletèrent un moment, se glissant avec vivacité entre les cinq personnes, se mêlant à leurs chevelures. Si l’un des invités tenta d’attraper l’un d’eux, l’oiseau fumeux se glissa entre ses doigts, provoquant les rires du reste du groupe.

Tout cela n’avait duré qu’une poignée de minutes. Saluant son public, Saerelys s’esquiva ensuite jusqu’au buffet le plus proche, se saisissant d’une cruche. S’assurant que son contenu n’était pas alcoolisé, la jeune femme découvrit avec satisfaction l’une de ces infusions de plantes et de miel, celles auxquelles les invités touchaient le moins, mais qui étaient tout de même laissées à la disposition des personnes qui ne pouvaient point se troubler les sangs. Remplissant sa coupe, la jeune femme resta là un moment, sirotant son contenu. Puis, la jeune femme déambula quelques instants, flânant entre les invités, saluant et conversant avec certains d’entre eux, lorsque leurs visages lui étaient familiers. La novice avait finalement trouvé pour elle une banquette couverte de tissus soyeux.

S’y installant aussi confortablement que possible, Saerelys lissa les plis de sa robe bleutée, rehaussant son étole d’un mouvement d’épaules. Demain, une nouvelle matinée d’apprentissage l’attendait. Une de plus. Raison de plus pour garder les idées claires. Nombreux étaient les novices à avoir déjà fait l’expérience de l’alcool, et du fait qu’en soigner les effets était parfois chose complexe. Syrax n’aurait cependant point son esprit ce soir. Qui plus est, nombreuses étaient ses connaissances à s’être réunies ce soir. Aussi, Saerelys ne pouvait que conserver son esprit, afin de pouvoir les saluer comme il se devait.

C’est alors qu’une petite voix, presque fluette, l’interrogea sur son identité. Relevant les yeux, le regard améthyste de la Riahenor croisa celui d’une autre jeune femme. L’espace de quelques instants, Saerelys crut remarquer comme des traits communs avec ceux d’Elaena et de Maerion. Un sourire lumineux étira ses lèvres lorsque l’inconnue se présenta à elle, confirmant ses précédentes pensées. Les Dieux avaient donc entendu et exaucé ses prières, bien que la jeune femme ne pouvait point s’attendre à ce que les choses se passent de la sorte !

« Comment une amie pourrait-elle m’importuner ? s’enquit Saerelys, sur un ton rhétorique, bien qu’amusé. Ton impression ne t’as point trompée, Daenyra. Je suis bien celle que tu semblais chercher ! »

A cet instant, Saerelys ne pouvait que se rendre compte que ces portraits, aussi bien brossés par Maerion, que par Elaena, étaient des plus réalistes. Amicalement, un doux sourire aux lèvres, la novice invita Daenyra à s’asseoir à côté d’elle. Comme les Dieux pouvaient être joueurs, de les mettre ainsi sur le chemin l’une de l’autre ! La jeune femme devait avouer qu’elle était également quelque peu étonnée par le lieu et la nature de leur rencontre. D’après ce qui avait transparu dans ces lettres qu’elles avaient longuement échangées, Daenyra n’était guère de celles qui s’amusaient réellement des fêtes et des réjouissances, parfois emplies de faussetés il est vrai. Saerelys n’oublierait pas cette rencontre aisément !

« Je t’en prie, mets-toi donc à ton aise. reprit la novice, avenante. Quelle bonne surprise de te voir ici ! Il semblerait que les Dieux mêmes aient souhaité que nous ne nous limitions plus à des feuillets pour converser. Et je les remercie pour cela. Comment te portes-tu, depuis la dernière lettre de ta main qui m’est parvenue ? »

Naturellement, le ton de Saerelys s’était fait plus bas, afin que seule Daenyra ne puisse l’entendre. Les fêtes abritaient généralement tout un nid d’oreilles indiscrètes. Par ailleurs, la jeune femme n’excluait pas le fait de quitter la demeure en elle-même, afin de profiter des jardins et de son calme. Si ce dernier serait sans doute relatif, il ne serait pas absent comme dans la bâtisse en elle-même. Cela faisait un moment maintenant que les deux jeunes femmes échangeaient lettres et courriers. Qui plus est, la novice ne pouvait que vouloir profiter de cette réelle rencontre, aussi impromptue pouvait-elle être !



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Demeure du Quadrant Sud & mois 5 de l'an 1066

Il n’était guère dans les usages de Daenyra de s’élancer au-devant d’un échange mondain. Au creux de ces fêtes qui revêtaient un faste certain et qui avaient le don de mettre à mal ses ressources, elle ne quittait guère la compagnie de sa sœur Elaena. Elle se fondait discrètement dans son ombre, attentive à tous les soupirs, aux murmures des lèvres et des âmes. Elle déployait une force incroyable qui lui réclamait souvent des exils au cours de ces réjouissances. Alors, il lui fallait s’isoler dans des jardins, trouver un lieu de répit où elle ne serait pas importunée par une présence néfaste afin de se rassembler, de faire taire les émois de son esprit et de tarir ses faiblesses. Parfois, sa volonté ne suffisait pas et elle devait à regret se résoudre à quitter les festivités pour regagner l’antre réconfortant du palais Hoskagon. Elle s’enfermait alors dans un sommeil aussi nécessaire que salvateur.

Ce soir, elle niait toutes ses habitudes pour s’élancer à la rencontre de la mystérieuse Saerelys, aime inattendue mais dont l’assistance apaisait l’âme tourmentée de Daenyra. Voilà plusieurs semaines que les deux jeunes filles entretenaient une correspondance, à l’initiative du discret oiseau, concernant Maerion Tergaryon. Il n’était guère dans les habitudes de la cadette d’agir ainsi dans le dos de sa famille, mais elle considérait que la situation requérait une certaine entorse à ses principes. Les comportements de son frère se révélaient plus sibyllins à mesure que sa formation de mage progressait. Elle craignait pour la destinée de son benjamin, sachant dans quelle voie dangereuse il s’était engagé, ne vienne à être auréolée de quelques funestes oraisons. Elle ignorait alors si les solitudes du garçon l’entraînaient vers des pentes escarpées ou bien s’il subissait l’influence néfaste d’une tierce personne. Quel que soit la réponse, Daenyra n’était pas prête à abandonner Maerion à son sort et était bien déterminée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas perdre un Tergaryon de plus dans cette famille.

Saerelys était une bonne connaissance du garçon et partageait l’inquiétude des deux sœurs. Il n’en fallut guère plus à Daenyra pour qu’elle se tourne vers elle. Leurs échanges avaient commencé à voir fleurir une certaine amitié entre elles. Si bien qu’à présent que l’heure de leur rencontre avait retenti, la Dame-Dragon éprouvait un plaisir sincère à cet échange. Les dires de sa sœur ne l’avaient pas trompé et un sourire flâna sur ses lèvres quand elle fut sûre qu’elle se trouvait bien en présence de Saerelys Riahenor. « Comme il est plaisant de pouvoir se rencontrer enfin ! »

Répondant à l’invitation muette de Saerelys, Daenyra prit place aux côtés de la jeune femme. Elle se trouva plus que troublée par l’abîme limpide des yeux de la mage dans lesquels elle fut retenue captive. Une intuition lui contait que, même si elle n’avait pas possédé ses dons de clairvoyance, elle aurait été décontenancée par la puissance de cette âme et cette aura magnétique qu’elle dégageait. La jeune fille se retrouvait comme tirée dans ses filets, sans qu’elle ne décèle le moindre péril. Pouvait-il seulement s’agir d’un charme quelconque ? Elle se sentait à la fois subjuguée et ravie. « Il semble, en effet, que les Dieux avaient quelques desseins pour nous. » ne put-elle s’empêcher de se réjouir à son tour. Les lippes de Daenyra goûtèrent à une gorgée de son breuvage aux fortes fragrances d’épices avant de poursuivre. « Je me porte bien, toutefois, je ne cache pas une certaine fatigue. Sûrement n’ignores-tu pas la récente accession de ma sœur au rôle important de Sénatrice ? Elle remplace mon Père et cela est une lourde tâche. J’œuvre pour l’épauler autant que je le peux, mais j’admets n’être guère rompue à l’art des mondanités et toutes ces réjouissances ont le don de m’étourdir. » Le fracas des âmes les unes contre les autres, la cacophonie de leurs exaltations et de leurs symphonies, l’entremêlement disgracieux de toutes ces personnalités si différentes et uniques. Tout ceci mettait les forces de Daenyra à rude épreuve. « Mais parle-moi de toi, Saerelys ! Quelles nouvelles me contes-tu ? As-tu vu mon frère récemment ? » Elle ne pouvait empêcher sa bouche de réclamer le nom de l’âme qu’elle aimait tendrement.


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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Durant presque dix années, Saerelys s’était retrouvée mise à l’écart du reste du monde. Son propre univers se composait alors du Collège, de ses multiples salles, de ses couloirs tentaculaires et de sa cour, seul réel lien avec l’extérieur que les novices des Premier et Deuxième Cercle pouvaient avoir. Et lorsqu’elle avait pu à nouveau quitter l’ombre de l’imposante bâtisse, la guerre battait encore son plein, tant et si bien qu’elle n’avait pu apercevoir le réel visage de sa si chère Valyria qu’une fois le Triomphe célébré.

Alors, de temps à autre, Saerelys se glissait à l’extérieur du Collège, s’accoutumant petit à petit à ce nouvel univers qui s’offrait à elle, faisait profiter de ses dons à ceux et celles qui le désiraient. Fort était de constater que la jeune femme avait encore quelques difficultés à se faire à tout ce tumulte, à toutes ces âmes aux auras si diverses, si colorées. Et pourtant, comme il pouvait être plaisant de redécouvrir le reste du monde, de discuter, de divaguer avec d’autres personnes. D’être, d’une certaine manière, d’avantage que la novice qu’elle était toujours dans les faits.

« Le plaisir est pleinement partagé ! assura Saerelys, se fendant d’un nouveau sourire. Comme il est bon de pouvoir mettre un visage sur les mots que nous avons échangé ! »

Saerelys se contenta de lever sa coupe lorsque Daenyra mentionna leurs Divinités, aussi bien pour rendre hommage à ces dernières qu’à la jeune femme qui se trouvait désormais assise à ses côtés. Buvant par la suite une gorgée de son contenu, la novice délaissa cependant rapidement, sa coupe, reportant toute son attention sur Daenyra. Sa correspondante semblait troublée. Avait-elle commis un impair ? Des pensées qui ne gardèrent pas une place importante dans son esprit bien longtemps. La récente accession d’Elaena au siège de son père n’avait pas pu lui échapper pour de multiples raisons. Ses prières avaient été toutes destinées à sa réussite. Du Sénat, la novice n’avait jamais eu une bonne image, les faits étaient là. Et dire qu’Elaena se trouvait désormais dans ce tumulte, dans cette fosse aux fauves…

« Qu’Arrax et Tyraxes gardent ta sœur et ton père et que Tessarion t’assure une bonne santé. commença Saerelys, sur un ton doux et compatissant. Elaena a de la chance de t’avoir à ses côtés, je n’en doute nullement. Je pense que nous savons toutes les deux à quoi ressemble le monde du Sénat et les écueils à y éviter. Mais je gage que ta soeur saura y trouver sa juste place, n’en déplaise à certains Sénateurs. »

Son père en premier lieu. Comme il était attristant de se rendre compte que même certains descendants de Riahenys ne pouvaient point imaginer une femme tenant les rênes d’un certain pouvoir. Qu’à leurs yeux, les femmes restaient dans le monde de l’enfance alors même que leur âge, si elles étaient nées hommes, leur aurait offert un statut des plus enviables. Pour toutes ces raisons, en plus de leur amitié, Saerelys ne pouvait que soutenir Elaena de tous ses vœux, de toutes ses prières. Apprendre que sa sœur la soutenait également de toute son âme était là un fait qui ne pouvait mettre que du baume au cœur de la novice. Un soutien qu’elle portait également à Maerion, comme la jeune femme avait pu s’en rendre compte au fil des feuillets qu’elles avaient échangé.

« Cela nous fera un point commun de plus. remarqua Saerelys, laissant échapper un léger rire, avant de reprendre, sur un ton plus bas. Comme tu peux l’imaginer, le faste de Valyria et des fêtes qui font battre son cœur sont bien différents de ce qu’il est possible de trouver au Collège. Il m’arrive d’y revenir avec la tête bourdonnante, alors même que je n’ai point abusé des substances que certains hôtes offrent à leurs invités. »

La jeune femme s’était toujours refusée à user de tels artifices. Son esprit était à la fois son meilleur allié et son pire ennemi. Un allié qu’il fallait entretenir, qu’il fallait fortifier en le tenant éloigné de toutes les choses nocives possibles. Un ennemi qu’elle trouvait dans ses noires pensées qui l’assaillait lorsqu’elle baissait sa garde ne serait-ce qu’un instant. Un ennemi qu’elle avait toujours réussi à repousser, parfois avec bien des difficultés cependant. Le simple fait de songer à sa présence pouvait lui offrir une porte d’entrée pour semer le trouble dans un moment pourtant si joyeux. Une attaque insidieuse, que Saerelys comptait bien éviter à tout prix ce soir-là.

« Oh, je pense n’avoir que de peu de choses à t’apprendre. avoua Saerelys, tout sourire. Au Collège, les jours se suivent et se ressemblent. Fort heureusement, les novices du Troisième Cercle peuvent briser cette routine de temps à autre. Sans quoi, notre existence serait bien plus morne que ce que les Dieux peuvent permettre à Valyria. La jeune femme laissa échapper un nouveau rire. Je ne puis que t’assurer de ma bonne santé, et des efforts qui sont les miens pour m’approcher du Quatrième Cercle. Mon esprit à tendance à s’emmêler, à ce sujet. Il y a tant de chemins pour atteindre ce but. Encore faut-il trouver le bon ! »

Ou tout du moins, celui qui lui était le plus adapté. Car il s’agissait-là de l’intérêt du Troisième Cercle. A la fois de se préparer au Quatrième, mais également au Cinquième pour ceux et celles qui inspiraient à poursuivre leurs recherches. Saerelys reporta cependant rapidement son attention sur Daenyra qui demandait désormais des nouvelles de son frère. Un fait qui n’étonna en aucun cas la jeune femme. Si Maerion et Daenyra n’étaient pas jumeaux et ne partageaient pas un lien comme celui qu’elle avait pu tisser avec Aedar, leur attachement était réel. De même que l’inquiétude que la Tergaryon pouvait éprouver au sujet de son frère.

« Maerion fait partie de ces personnes que je ne manque pas de rechercher lorsque je ne peux les voir aussi souvent que je le désirerai. avoua Saerelys, sincère. Notre dernière rencontre doit remonter à un jour, peut-être deux. Mes recherches m’ont tenu plus éloignée de mes comparses qu’à l’accoutumée. Mais il m’a semblé en forme, la dernière fois que j’ai eu le loisir de l’apercevoir et d’échanger quelques mots avec lui. »

En forme, mais toujours aussi différent. Une différence que Daenyra avait aussi remarquée, Saerelys en avait l’absolue certitude. Une différence sur laquelle la novice n’arrivait pas à mettre les mots. Maerion était fidèle à lui-même. Mais avec une touche particulière. Une touche particulière qu’il n’avait pas encore ces derniers mois. Son comportement était aussi différent, dans la sphère privée, d’après ce que la novice avait pu apprendre d’Elaena, en premier lieu, puis de Daenyra dans leurs écrits. Des faits qui n’avaient pu que renforcer l’inquiétude de Saerelys, ainsi que ses suspicions.

« As-tu eu de ses nouvelles dernièrement ? demanda finalement Saerelys. Elaena n’a pas pu me cacher ses inquiétudes, quant au fait que ses mots vous laissaient parfois un étrange sentiment. Je ne peux que me désoler de l’avoir plongée d’avantage dans le trouble en lui parlant des fréquentations de ton frère également… La jeune femme se tut quelques instants, jetant un discret regard autour d’elles. A-t-il demandé à vous voir, toi et le reste de ta famille ? »

Tous ces mots, Saerelys les avaient prononcé à voix basse, s’assurant par la même occasion que personne ne portait son attention sur elles. Cela ne regardaient qu’elles-deux, ainsi que les Tergaryon dans leur ensemble en second lieu. L’entrée d’Elaena au Sénat ne pouvait que faire jaser, voire lui, ou leur, créer des ennemis. Mieux valait éviter d’apporter du grain à moudre à ces derniers, surtout si l’état de Maerion se faisait plus préoccupant encore par la suite.




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Daenyra Tergaryon
Daenyra Tergaryon
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feat. Saerelys Riahenor

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Il n’était pas dans la nature de Daenyra de tisser de nombreux liens. Ses affections se limitaient au cercle très restreint de sa famille. Elle s’y dévouait corps et âmes pour les assurer de sa fidélité, de son soutien et de son amour. Les fêtes à Valyria étaient un tel tourment pour elle qu’elle se pliait en général à ses fonctions désirées. Elle ne quittait que très rarement les côtés d’Elaena, s’assurant que personne ne souhaitait lui nuire ou qu’elle ne se retrouvait pas entourée de mauvaises personnes. En général, il n’était pas rare que les deux jeunes filles s’isolent un instant ou qu’elles s’accordent un conciliabule après les festivités pour échanger sur ce qu’elles avaient perçu l’une et l’autre. La première exprimait son regard de Sénatrice, la seconde parlait au travers de ses intuitions.

Toutefois, l’affection qu’elle avait nouée avec Saerelys Riahenor était inédite. Il était rare que la jeune noble s’arrache à la présence de son aînée pour trouver une amie dans la foule. Leur amitié était née d’un intérêt commun : Maerion. Il était d’autant plus singulier pour la Dame-Dragon d’entretenir une correspondance qui l’éloignait de la prédiction de ses dons. Au début, Daenyra s’était retrouvée fortement prise au dépourvu face aux lettres de la mage. Il n’était guère dans ses habitudes de discuter sans avoir rencontré la personne au préalable. Ainsi, elle ne pouvait juger de sa nature véritable, des aspects de son âme et de ce qu’elle conservait de plus enfoui en elle. Elle avait été tentée de ne pas lui prêter la moindre confiance, guère rompue à l’art d’agir dans l’appui de son don. Toutefois, pour le bien de son frère et sous les conseils avisés d’Elaena, Daenyra s’était prêtée au jeu de cette correspondance qui s’était révélée plus agréable qu’elle n’aurait pu le penser. Pour la première fois, elle trouvait une certaine flatterie à ce qu’une personne se dévoile à elle sans que ses perceptions n’aient tout décelé à l’avance.

Ce soir, même les craintes les plus infimes de Daenyra étaient éclipsées par sa rencontre avec Saerelys. Son caractère sonnait aussi doux et amicale que dans ses lettres, et la noble cernait toute la sincérité de ses intentions. Le plaisir de cette rencontre était donc entièrement partagé et la cadette des Tergaryon se surprenait à profiter d’une soirée valyrienne pour ce qu’elle avait à offrir. Une coupe dans la main. Une charmante conversation. L’agitation des réjouissances autour d’elles. « Je te remercie Saerelys. Que les Dieux te préservent également, toi et les tiens. » Sa coupe se leva en même temps avant qu’elle ne boive une première lampée. Daenyra réalisait combien elle ne buvait que peu à ce genre de festivités. En général, la soirée entière pouvait s’écouler sans qu’elle n’ait fini sa première coupe. « Elaena brille par sa sagacité et sa force de caractère. Ses ambitions peuvent en effet déplaire, mais je n’imagine pas de personne plus indiquée pour reprendre le siège de mon père au Sénat. » L’admiration profonde que vouait Daenyra à sa sœur était sincère et immuable. Une adoration qui la rapprochait parfois de celle qu’elle éprouvait autrefois pour Aenar.

Daenyra confia ses quelques aversions pour les fêtes aussi fastueuses que celle-ci et se trouva une alliée dans les rangs de Saerelys. Elle-même, habituée au calme du Collège, vivait de fortes émotions au sein de ces réjouissances. Un rire fila d’entre les lèvres de la Dame-Dragon en écoutant les propos de son amie. Toutefois, l’esprit de la jeune noble vibrait d’une question qui lui brûlait la langue. Il lui fallait en apprendre davantage sur son frère. Elle se sentit presque jalouse que Saerelys puisse goûter si fréquemment à la présence de Maerion quand la cadette se languissait des missives de son benjamin. Aucune d’elles n’ignorait les inquiétudes qui les pourfendaient. « Hélas, ses nouvelles se font de plus en plus rares. Je m’échine à le tenir informé fréquemment des nouvelles de notre famille et de notre vie à Valyria, mais il semble qu’il ne soit pas étreint par la même rigueur. Ses missives se font de plus espacées qu’auparavant et je crains sincèrement que de nouvelles relations ne le tiennent éloignés de nous d’une manière ou d’une autre. » Le Collège était malheureusement un lieu difficile à approcher et dont les murs ne laissaient filtrer que peu de secrets. Il n’était guère possible pour Daenyra d’en apprendre davantage et la présence de Saerelys se trouvait être une aide inespérée. Son ton se fit plus bas, s’approchant pour créer une nouvelle intimité avec son amie. « Non, je crains qu’il n’ait rien demandé de la sorte… Pas même quand je lui ai porté la nouvelle au sujet de notre père. Il n’a pas daigné chercher à se rapprocher de nous. Je l’exhorte à la prudence mais j’ai peur qu’il n’écoute guère mes conseils. Peut-être ne sommes-nous que deux sœurs un peu trop protectrices… Le Collège des Mages est un lieu si méconnu pour nous, un antre empli de secrets et de mystères… » D’expériences et au travers de ses lectures, Daenyra n’avait que trop appris que la nature humaine avait tendance à se méfier de tout ce qu’elle ne connaissait pas, allant jusqu’à fausser parfois son jugement. Toutefois, ses inquiétudes étaient véritablement établies. « Pourrais-tu me dire quelques mots sur ses fréquentations ? Les connais-tu ou as-tu entendu parler d’eux ? Penses-tu que nos inquiétudes sont infondées ? » Daenyra ne lui réclama nulle sincérité. Si elle mentait ou qu’elle cherchait à lui dissimuler quelque chose, elle le saurait sans l’ombre d’un doute.



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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Les Dieux avaient déjà fait bien des choses, en lui permettant de serrer à nouveau Aedar dans ses bras. En lui permettant de lui parler, de danser, de chanter avec lui. De faire bien d’autres choses encore. De lui avoir permis de retrouver ses cousins partis combattre au loin, d’apaiser leurs maux lorsque cela se révélait nécessaires. En cela, les Dieux avaient exaucé toutes ses prières. La seule aide divine qui pourrait lui être apportée désormais serait celle de leur permettre à tous de retrouver une vie normale, la vie que tout Valyrien se devait de vivre, malgré les pertes subies et qui ne seraient jamais oubliées.

« Laisse donc les vipères siffler. répondit Saerelys, un sourire mutin aux lèvres. Elles sifflent, mordent et crachent pour bien des raisons mais ne peuvent atteindre un dragon. Qu’importe que les ambitions de ta sœur leur déplaisent. Leurs crachats et leur venin ne sauraient la mettre à terre. »

Une simple plante. Une jeune femme qui ne serait bonne qu’à sourire, qu’à hocher la tête, acceptant des volontés qui n’étaient pourtant pas les siennes. Voilà ce que certains voyaient en Elaena, lors du Triomphe. Saerelys avait été la témoin de ces actes, qui n’avaient pu qu’être corroborés par les confidences de son amie par la suite. Mais la fille aînée des Tergaryon d’Oros était bien davantage qu’une simple femme du Sud. Un fait dont l’intéressée avait conscience, qui plus est. Car toutes les plantes, aussi belles soient-elles, avaient des épines, voire du poison dans leur tige. Le sourire de Saerelys s’étira sensiblement à cette pensée. Un jour, Elaena prouverait à tous qu’ils avaient eu tort de la voir que comme une statue appréciable au regard. Un jour.

Un sourire qui ne put que s’étioler lorsque Daenyra lui appris que Maerion se faisait toujours aussi distant. Et pourtant, les Dieux étaient témoins du fait que la Riahenor s’était efforcée à pousser le jeune Tergaryon à écrire aux siens, évoquant cette idée de temps à autre, tentant de l’intriguer en parlant de sa dernière rencontre avec Elaena ou encore en avouant, à demi-mots, qu’il ne s’agissait pas là de la seule Tergaryon qu’elle côtoyait, bien que d’une manière plus distante pour Daenyra. Jusqu’à présent, du moins. Hélas, tout cela ne s’était soldé que par des échecs. Des échecs difficilement explicables pour Saerelys, malgré le temps qu’elle avait passé à chercher des réponses à tout cela. Qu’avait-elle bien pu manquer ?

« Je ne peux que t’enjoindre à poursuivre ainsi, dans ce cas. Et ce, malgré le fait que Maerion ne semble point vouloir te répondre à chaque fois. Saerelys se tut quelques instants, poussant un long soupir. Je ne puis savoir si toutes tes lettres sont lues, Daenyra. Et pourtant, les Dieux savent à quel point j’aimerai pouvoir rassurer ton cœur et ton âme à ce sujet. J’ai moi-même plusieurs frères et je ne pourrai que souffrir du fait de ne plus avoir de leurs nouvelles, de sentir qu’ils s’éloignent de moi, tout en ayant l’impression d’avoir les poings liés. »

Ses nouvelles relations. Les traits de Saerelys ne purent que se durcir. Le Collège des Mages n’était pas exempt de brebis galeuses, de dragons noirs qu’il valait mieux éviter. Maerion aurait-il fait une mauvaise rencontre, au-delà de celles qu’il avait pu faire à l’extérieur ? Il y avait bien ce petit groupe de Novices, qu’il côtoyait à une époque. Leurs liens semblaient cependant s’être distendus. La jeune femme se saisit de l’une de ses mèches, jouant quelques instants avec cette dernière, la tirant doucement, l’enroulant autour de son doigt. Maerion était un proche. Un ami. Au Collège, tout finissait par se savoir. Elle tendrait l’oreille. Elle ten-drait l’oreille et elle apprendrait tout ce qu’elle se devait d’apprendre.

« Daenyra… Que Tyraxes éclaire à nouveau l’esprit de ton frère afin qu’il prenne conscience de tes mots. répondit la jeune femme, à voix basse. Le Collège fait partie intégrante de Valyria. Nous pouvons nous y aimer, comme nous pouvons nous y détester. Les tourments que les Dieux font parfois subir aux Mortels que nous sommes restent les mêmes. Vois dans le Collège une Valyria miniature, bien que plus isolée du reste du monde. Les traits de la jeune femme s’adoucirent. Comme il est dommage que Maerion ne se rende pas compte de l’affection que vous lui portez, Elaena et toi. De la chance qui est la sienne. »

La main libre de Saerelys quitta sa chevelure, se saisissant doucement de celle de Daenyra,  la serrant délicatement dans la sienne. Si Aedar agissait ainsi, la jeune femme aurait remué ciel et terre pour avoir des réponses à ses questions. Pour le retrouver, pleinement et entièrement. Car ils ne pouvaient vivre l’un sans l’autre. Il en allait de même pour Gaelor, bien que leurs liens soient d’une nature totalement différente. Ils étaient cinq. Les membres d’une même fratrie. Les cinq doigts de la main. Une main qui ne pouvait se retrouver amputée de l’un de ses phalanges. Aussi, la novice ne pouvait qu’être touchée par la situation dans laquelle Daenyra et Elaena se trouvaient par rapport à leur frère.

« Elaena pourrait te rapporter une partie de mes propos, à ce sujet. avoua Saerelys, toujours à voix basse. Mais sans doute puis-je t’apprendre de nouvelles choses. Fut un temps, Maerion s’est entiché de quelques jeunes novices de sa génération. Ils ne me semblent plus liés, à l’heure actuelle. Mais si cela pouvait apaiser ton cœur et ton âme, je me ferai une mission de m’en assurer, d’apprendre ce qu’il pourrait avoir à apprendre à leur sujet. La jeune femme se tut. Que puis-je t’apprendre d’autre… Il y aurait bien ces deux autres membres du Collège, qui se trouvent souvent avec Jaekar. »

La jeune femme sentit son sang crépiter dans ses veines à cette simple pensée. Une once de colère mêlée à une once de peur, de crainte. Voilà ce qui animait ses veines à cet instant. Jaekar était un esprit fin. Une finesse qui ne s’appliquait pas à la Magie, cependant. Il n’y voyait qu’un instrument maniable pour quiconque le souhaiterait, sans prendre garde à ses dangers. Savoir Maerion en sa compagnie… Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Les Dieux avaient fait là un choix éclairé, en ne lui permettant pas d’avoir accès à la Magie en son nom propre.
 
« Que dirais-tu de poursuivre notre discussion dans les jardins ? proposa Saerelys, esquissant un sourire. Nous y serons plus à notre aise et nous pourrons profiter d’un peu de calme, si les Dieux nous le permettent. »

Tout en s’éloignant de possibles oreilles indiscrètes. Il n’y avait pas qu’au Collège, que les murs pouvaient avoir des oreilles. Fuir tout ce brouhaha, tout ce tumulte, serait également plus propice à la discussion. Car Daenyra ne méritait point de se ronger les sangs de la sorte. De s’inquiéter depuis sans doute plusieurs mois alors que sa peine pouvait être apaisée.




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Demeure du Quadrant Sud & mois 5 de l'an 1066

Cruel monde que celui de la politique et des bêtes qui en peuplaient les lieux. Bien qu’éloignée de cette scène éblouissante et perverse, l’expérience de son père Sénateur n’avait pas manqué de lui faire contempler tous les affres de cet univers médiocre et sans merci. Les langues se révélaient plus acérées encore qu’au crépuscule des fêtes valyriennes, les complots œuvraient dans l’implacable obscurité de quelques esprits retords et une bile noirâtre se répandait sur tout ce qu’elle pouvait atteindre. L’Oiseau délicat se serait volontiers détournée de ce monde néfaste si cela n’engageait pas un pouvoir plus grand encore. Un pouvoir que la famille Tergaryon était avide de posséder, reléguant cette lourde tâche aux deux aînées de la dynastie. Son rôle, bien que minime, ne pouvait être ignoré non plus. Sa silhouette se tissait en voile aveugle dans l’ombre d’Elaena ou de Maekar. Si sa bouche n’était point sculptée pour parler, ses silences savaient contempler, scruter, étudier. Si ses yeux reflétaient la fraîcheur de l’ingénue, ils observaient mieux que quiconque les aspérités de l’âme humaine, ses contours grotesques et ses clairs-obscurs. Si son âme était discrète, elle n’en dissimulait pas moins une flamme ardente et dangereuse.

« Que les Dieux t’entendent, Saerelys. » Et qu’Ils protègent cette sœur tant chérie et adorée. Cependant, Daenyra ne reposait que peu ses espérances dans les cieux, les jugeant indifférents, pernicieux ou simplement cruels. Las de leur immortalité, enivrés d’un pouvoir trop grand sur un royaume étendu dont chaque vie était écrasée sous le poids de cette immensité. Ses pensées impies, la Dame les conservait dans le creux de ses silences. Une rancœur imprégnée dans sa chair depuis qu’Ils avaient rappelé à eux l’être aimé, l’arrachant à ses bras tendres.

Un frère avait été perdu des années auparavant. Une plaie infâme et suintante qui broyait toujours ses chairs et gâtait le sang dans ses veines. Une souffrance muette qui s’alimentait chaque jour par l’écrasante absence d’Aenar. La simple idée de pouvoir en perdre un second était intolérable pour Daenyra. Aussi ses inquiétudes se révélaient plus accrues quand il était question de son jeune frère Maerion. Les changements s’étaient faits subtils, lents ; comme la course du temps mue progressivement le ramage des arbres. La transformation se trouvait cependant bien présente, alarmant les sens et l’esprit de l’Oiseau sensible. De son cadet, elle n’ignorait rien. De sa nature douce et ambitieuse, de ses silences réfléchis et méthodiques, du génie qui l’imprégnait tout entier. Elle connaissait ses failles et ses forces, leur amour s’étant tissé plus privilégié que les autres. Hélas, cette vérité ne résonnait plus avec autant d’authenticité à son âme depuis qu’il avait gagné le Collège des Mages. Uniquement des lettres lui parvenaient et Daenyra devait se plier à l’exercice délicat de déchiffrer ce qui n’était pas écrit et de déceler des vérités cachées entre les lignes ; sans pouvoir utiliser ce don qui lui permettait de lire si aisément dans l’âme d’autrui. Des informations, il fallait en trouver par des biais différents, et Saerelys appartenait à ces biais-là. Son amitié profonde pour Maerion lui permettait d’obtenir ce qu’elle ne recevait pas de la part de son frère, cristallisant ses craintes. « Les liens qui nous unissent à notre famille peuvent parfois être bien cruels… maîtres de nos plus grandes joies comme de nos plus profonds chagrins. » commenta la Tergaryon, la voix tapissée de mélancolie. Elle contempla d’un œil distrait le verre qui résidait entre ses doigts délicats. Cette faiblesse dans l’âme n’était guère à voir comme un découragement. Elle n’était pas prête à abandonner, l’esprit pugnace et patient.

Un sourire drapa le visage de Daenyra aux paroles tendres et sincères de Saerelys. Une âme pure et honnête. Ses sens aiguisés ne décelaient aucune part d’ombre, si peu de noirceur. Un constat tristement rare qui poussait la demoiselle à s’épancher plus que d’ordinaire à cette nouvelle amie. « Il est vrai, nous l’aimons tant… Maerion n’est pas un homme ingrat. Il saura nous retrouver quand l’heure sera venue. » L’espérait-elle de tout son être… Une inquiétude lancinante continuait à transpercer sa voix tandis qu’elle tentait de se rassurer elle-même. Se pouvait-il que l’âme de son frère puisse être corrompue jusqu’à un point irréversible ? Elle aimait à croire que non, bien que l’expérience de ses nombreuses lectures lui hurle le contraire. La magie était une discipline merveilleuse et dangereuse à la fois. Personne n’était à l’abri de ses flammes dévastatrices pour l’imprudent.

Sa main serra celle de son amie avec affection, se rassurant à la douceur de ses paroles de velours. Néanmoins, elle ne pouvait se bercer uniquement d’illusions. Daenyra préférait la vérité, si brutale et terrible pouvait-elle être. Et le mensonge, jamais longtemps ne demeure. Aussi la bouche de Saerelys lui conta-t-elle de nouveaux faits qui lui étaient inconnus. « Saerelys, sois bénie des Dieux pour l’aide et le soulagement que tu me prodigues à cette heure. Je ne pourrai espérer une amie plus fidèle et sûre pour mon frère ! » Son secours apaisait l’âme tourmenté de la Dame-Dragon et elle s’impatientait déjà d’en apprendre plus sur ces fameux camarades. Toutefois, la mention du nom de Jaekar apporta de l’amertume dans son cœur. Comment un tel personnage pouvait-il avoir croisé la route de son frère ? Ses sourcils se froncèrent de désapprobation, mais sa bouche se tut car Saerelys proposait qu’elles poursuivent leur conversation en d’autres lieux. Une initiative bien volontiers acceptée par Daenyra qui peinait à se concentrer pleinement, malmenée par des pensées qui ne lui appartenaient pas. « Je te suis. Un peu de calme nous fera le plus grand bien ! » Déjà, ses forces s’amenuisaient, mais elle n’aurait interrompu cet échange pour rien au monde. S’accrochant au bras de son amie presque pour se soutenir, elles s’éloignèrent d’un même pas vers les jardins de la demeure.

A mesure que la cacophonie des festivités s’amenuisait, l’Oiseau délicat retrouvait le contrôle de ses sens avec un plaisir savouré. « Toutes ces fêtes ont tendance à aspirer mon énergie. » s’amusa Daenyra afin d’ôter le moindre potentiel soupçon. Elle était dotée d’un don précieux, mais qu’il fallait dissimuler. « Tu as mentionné le nom de Jaekar. S’agit-il bien de l’Andal Veltheon ? » Si son identité était telle, alors la Tergaryon endurait cela avec peu d’aise. Les quelques rencontres qui avaient été les leurs résultaient en de bien tristes tableaux. De son âme, rien de ce qu’elle avait pu en lire ne lui plaisait. « En quoi pourrait-il être bien lié à ces membres du Collège ? » L’amertume sur la langue de Daenyra n’était guère difficile à déceler. Elle honnissait cet homme et trouvait fort fâcheux qu’il se trouve ainsi mêlé au destin de son frère Maerion. Devait-elle le désigner responsable de ses craintes ? A croire qu’il s’y prenait fort mal pour se faire aimer d’elle, en dépit de tous les efforts qu’il déployait à cet égard.




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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Aux mots de Daenyra, Saerelys acquiesça sans mot dire. Sa mine s’était faite plus songeuse, plus pensive, comme teintée d’une certaine inquiétude. Ainsi, toutes les familles semblaient semblables sur certains points. Des familles, la jeune femme en ayant plusieurs. Si son sang la liait aux Riahenor pour des raisons évidentes, des personnes qu’elle dont elle avait pansé les plaies, les esprits et les âmes, sur lesquels elle veillait et devait veiller, ils n’étaient point les seuls. Le Collège lui avait offert un autre foyer. Et que dire des Vaekaron, qui l’avaient toujours accueillie comme l’une des leurs ? Comme un membre à part entière de leur Dynastie, et ce, avant même que son destin ne la pousse en direction du Collège ? En comptant la communauté des Mages, sa famille ressemblait davantage à un dragon tricéphale, peut-être même une hydre tant les Tergaryon avaient pu lui offrir une aide salutaire. Peut-être était-ce aussi pour cela que la Riahenor s’inquiétait tant pour Maerion ?


« J’ai moi-même un frère plus jeune que moi, peut-être le savais-tu déjà ? Il s’appelle Gaelor. Saerelys esquissa un sourire plus doux. A bien des égards, il me rappelle Maerion comme tu  as pu me le décrire dans nos lettres. Comme j’ai pu le connaître durant ses premières années au Collège. Pour tout cela, je ne peux qu’espérer que tu dis vrai. Qu’un jour prochain, le plus tôt possible, ton frère reviendra vers toi. Vers vous. Le Collège est une grande famille, il est vrai. Mais comme moi, Maerion n’a pas qu’une famille. Je ne pense pas qu’il l’ait oublié. »


Si tel était le cas, la Riahenor ne pourrait laisser le jeune homme, son ami, dans l’ombre et les ténèbres. Le Collège n’était qu’une étape, un passage obligé pour accomplir leur destin. Au dehors, leurs noms seraient tout aussi importants, si ce n’est plus, que leurs compétences. Maerion ne pourrait pas ignorer les mots, les lettres et l’attention des siens bien longtemps. Un jeune dragon ne pouvait survivre seul. Il leur fallait des années pour grandir, pour que leurs écailles se durcissent, pour que leur souffle soit assez ardent pour tenir les autres prédateurs à distance. Plus encore lorsqu’il était dépourvu d’ailes comme pouvaient l’être les Mages. Leur monde était trop dangereux pour que leur survie, leur vie, y soit assurée en solitaire.


« Mon cœur est emplit de joie en sachant ton âme plus légère. Les traits de Saerelys avaient retrouvé de leur douceur. Je déplore ton mal-être, davantage encore que je ne pouvais le déplorer en lisant les lettres que tu écrivais à mon égard. Sois assurée du fait que je continuerai de veiller sur lui. Quelle piètre amie je ferai, si je n’agissais pas ainsi ? »


Saerelys ne pouvait qu’avoir conscience des risques inhérents à la Magie. Qu’importe la pureté de leurs sangs, à ce sujet. Personne n’était à l’abri de ces crises de mélancolie, d’apathie, quand il ne s’agissait pas de crises de colère ou de violence. Les récits ne manquaient pas, bien que la jeune femme ne pouvait que soupçonner le fait que certains soient amplifiés. Il s’agissait en effet des premières lectures qui étaient données aux novices du Premier Cercle, afin que tous et toutes aient conscience dès le commencement des risques de ce feu qui courrait dans leurs veines. Une comparaison d’autant plus complexe à effectuer car, dans les faits, jamais la jeune femme n’avait croisé de Mages ayant de tels symptômes.


Délaissant sa coupe, la laissant sur le meuble le plus proche, Saerelys soutint volontiers Daenyra jusqu’aux jardins. La nuit était belle. Belle et douce également. Une brise discrète se glissait ici et là, rendant l’atmosphère d’autant plus agréable. La novice ne doutait pas du fait que cela permettrait à l’autre jeune femme pour retrouver quelques couleurs. Afin de se prémunir de la présence de quelques oreilles indiscrètes, tout en évitant d’autres invités qui auraient pu les détourner de leur conversation, les deux jeunes femmes s’éloignèrent dans les jardins. Bientôt, chants comme musiques n’étaient plus qu’un bruit lointain, quelque peu étouffé également.


« Je ne peux que te rejoindre sur ce point ! Saerelys ne put retenir un rire. De telles fêtes sont bien éloignées du calme du Collège ou de sa bibliothèque ! Il m’a fallut un moment pour m’habituer à tout ce faste, à tout ce bruit. Laisse-toi du temps. Le temps arrange bien des choses et bien des maux. La jeune femme se tut quelques instants, posant sa main sur celle de Daenyra, qui se trouvait sur son bras. Si tu le souhaites, nous pouvons trouver un endroit où nous asseoir ? Je m’en voudrais de te fatiguer inutilement. »


Durant la guerre contre Ghis, les festivités s’étaient faites bien plus rares, pour des raisons évidentes. La novice n’avait vraiment goûté aux fêtes valyriennes qu’au moment du Triomphe. Les Dieux lui en soient témoins, elle avait répondu à chacun de ses devoirs, s’amusant même fortement. Hélas, tout cela s’était soldé par un amer contrecoup, une profonde fatigue qu’elle avait du éponger petit à petit. Aussi avait-elle appris à sélectionner les fêtes où elle se rendait, afin de garder l’esprit suffisamment clair nécessaire à la poursuite de ses études. Au maintient de son équilibre mental et physique.


« Ainsi sembles-tu déjà le connaître. remarqua Saerelys, laissant échapper un soupir attristé. J’aurai tant voulu te détromper. Hélas, c’est bien de cet homme dont il est question. »


Le cœur de Saerelys n’avait pu que se serrer, lorsqu’elle avait remarqué le trouble de l’autre jeune femme à la mention de ce nom. Les Dieux avaient doté Jaekar Veltheon d’une réelle intelligence. Une intelligence que la novice ne pouvait que reconnaître, qu’elle trouvait presque dommageable en voyant à quel esprit elle était liée. Jaekar ne voyait la Magie que comme une source d’amusement, un pouvoir sans aucune conséquence. Un fait qu’elle avait pu observer de ses propres yeux, ayant pris elle-même des risques pour affirmer ses doutes. Comme elle aurait souhaité se méprendre. Comme elle aurait voulu découvrir autre chose qu’un homme qui se défiait même de cette folie lourdement expérimentée par certains de ses confrères et certaines de ses consœurs au cours des siècles…


« … Elaena m’avait déjà fait part de certains de ses doutes, au sujet de votre petit frère. Des doutes qui ne pouvaient faire qu’écho aux miens. Une ombre passa sur le visage de la novice. Je devais me rendre compte par moi-même de quoi il en retournait. Rencontrer cet homme dont Maerion me parlait tant. Alors, j’ai cédé à l’une de ses propositions, accompagnant ton frère à l’une des soirées que Jaekar donnait. La jeune femme se tut. Je puis t’assurer que lui et moi n’étions pas les seuls représentants du Collège à être présents, ce soir-là. En tout, nous étions quatre dont le Destin avait été tourné vers la Magie, pour ce qui m’a été donné d’observer. »


Quatre, mais uniquement ce soir-là. Car Saerelys n’était jamais retournée à ces fêtes que le jeune homme donnait. Maerion lui avait proposé de l’accompagner à nouveau. La jeune femme avait cependant toujours poliment décliné ses offres, arguant qu’elle se devait de retrouver les siens ou encore de travailler sur certains de ses projets. Que le Quatrième Cercle n’attendait pas, qu’elle avait déjà trop attendu pour le rejoindre. Combien pouvaient-ils être, ces Mages, en réalité ? Comment pouvaient-ils se révéler si aveugles à la vision que leur ami avait de leurs arts ? Étaient-ils en réalité des clients de son père, qui avaient recherché le patronage d’une personne d’importance pour leurs recherches ? Un fait possible.


« Peut-être que certains d’entre eux étaient davantage des protégés de son père que de lui-même. Je ne pourrais te le dire ou te l’affirmer avec toutes les certitudes que je souhaiterai. Mais cet homme… Ce Jaekar… Sa vision de la Magie m’a fait frisonner, ce soir-là. »


Frisonner, le mot était sans doute un peu faible. Saerelys avait toujours éprouvé une grande piété envers leurs Dieux. Qu’importe leur cruauté, leurs troubles desseins. La jeune femme avait confiance en leurs décisions, dans les destins qu’ils avaient tissés pour leurs créations. Jaekar était valyrien de part son père, et il en suffisait parfois moins pour entrer au Collège, selon les volontés divines. Jaekar n’avait pas eu cette chance, malgré son esprit fin et son intérêt pour la Magie. Leurs Divinités mêmes semblaient avoir discerné ce trait inquiétant aux sujets de ces arts qu’elle pratiquait, préférant fermer cette porte au jeune homme.





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Il n’était d’émotion plus douce et plus paisible que de profiter de la compagnie chère d’une amie dont les sentiments se livraient sincères. Bien que Daenyra détienne un don qui la distinguait d’une importante partie de la société et qui lui permettait d’éprouver toutes les textures de l’âme, jusqu’à la plus troublante des vésanies, elle n’en aurait pas moins été capable de discerner toute l’authenticité dans les regards, les sourires et les mots que Saerelys prodiguait. La Dame Dragon vivait là les bienfaits d’une relation qui ne souffrait aucun ombrage et dont il était inutile de se méfier. Plus encore dès lors qu’elles partageaient un intérêt commun en la personne tant chérie de Maerion. Il était ce puiné qui attirait toutes ses tendresses et éveillait chez elle un besoin puissant de le protéger, de veiller telle une mère sur sa progéniture. Son amour pour Maekar et Elaena brillait du même éclat, impeccable et sublime dans les cieux d’Essos et par-delà ces terres ; cependant, elle n’ignorait point que sa protection immuable leur était moins nécessaire. Ils étaient taillés d’une même étoffe, puisant vigueur et flammes dans les merveilles de leurs cœurs unis. En dépit de tout ce qui pouvait les séparer, ils ne formaient qu’un seul être, qu’une seule forme à la stature grandiose et puissante. Ils ne demeuraient jamais seuls car leurs esprits s’étaient liés depuis bien longtemps déjà, comme si leur naissance aurait dû être singulière. Les deux cadets Tergaryon étaient ignorants des rayons aveuglants d’une telle union. Ce lien ne pouvait être égalé. Il ne pouvait point être concevable, affrontant les murailles infranchissables de l’intangibles. En dépit de ses capacités de perception, l’Oiseau timide n’avait pas encore reconnu tous les reliefs, toutes les aspérités et tous les contours de cette relation innommable. Ainsi rejetés sur les rivages de l’ignorance, Maerion et Daenyra devaient cultiver leurs armes autrement. Loin du foyer, elle craignait que cet asile studieux ne l’éloigne d’eux. Les quelques nouvelles qu’elle apprenait de Saerelys ne prenaient guère le tournant qu’elle espérait et attisait la moindre de ses inquiétudes.

« Quel amour que celui que nous partons aux plus jeunes que nous de notre sang. Puisses-tu dire vrai et que Maerion ne revienne un jour entièrement. » philosopha quelque peu Daenyra, offrant la réplique au sourire doux de son amie. Il suffisait que son âme effleure à peine la sienne pour éprouver toute la chaleur de cet amour indicible et tendre. Comme leurs cœurs pouvaient être semblables à cet instant, gravés du visage de leurs benjamins. Hélas, plus l’amour était grand, plus le désarroi s’intensifiait. Toutefois, Daenyra pouvait bénir les Dieux d’offrir à Maerion une amie si fidèle et bienveillance en la personne de la douce mage. Les lettres qu’elles avaient pu échanger au cours de ces derniers mois n’avaient fait que la conforter dans cette idée rassurante que son frère n’était pas seul et que quelques âmes avisées autour de lui pouvaient le guider à nouveau dans le droit chemin, s’il se montrait sourd aux doutes des siens. « Ne doute point de ton amitié, tendre Saerelys. Elle est sincère et généreuse. Je suis également heureuse de te compter parmi mes amis chers. »

Peu pouvaient se targuer de posséder les amitiés de Daenyra Tergaryon. En rien, elle n’était avare des faveurs et de l’affection qu’elle pouvait prodiguer, toutefois, la lecture aigue de toutes les âmes qui s’imposaient à elle le tenait à l’écart de la société ou de certaines relations, ne pouvant souffrir la tempête de certains tempéraments. Aussi s’était-elle drapée de solitude toutes ces années, affectionnant la compagnie des livres ou d’un clair de lune plutôt que celle du monde.

Ce fut d’ailleurs vers une destination plus esseulée qu’elles prirent leur envol. Daenyra ne pouvait qu’afficher son entrain de s’écarter du tumulte assourdissant de toutes les pensées qui se bousculaient et s’entrechoquaient au beau milieu des convives. Sentant déjà l’étourdissant l’agripper, la Dame Dragon osa accrocher son bras à celui de son amie afin d’y trouver une appuie nécessaire et de n’être accusée d’aucune faiblesse. Sans le regard vigilant de sa sœur sur elle, elle préférait se montrer prudente, bien qu’elle se sache entre de bonnes mains auprès de Saerelys. Ces dernières, désireuses d’un calme plus propice à la discussion, traversèrent l’une des somptueuses salles de réception. Le regard pâle de Daenyra parcourut les mets savoureux et fastueux qui jonchaient les tables, bien différents d’un simple fricot. Elle s’enthousiasma même d’observer sous ses yeux curieux l’exotisme de quelques pitances, notamment des fruits méconnus ou rares.

Leurs pas trouvèrent bientôt les chemins des jardins paisibles. Couvées par les attentions de quelques étoiles caudées d’or et d’argent, elles marchaient l’une à côté de l’autre tout en conversant. Daenyra ne se voila point d’être vite épuisée par les festivités coutumières de Valyria. La grande cité, forte de merveilleuses victoires et galvanisée par ces jours de paix, ne vivait plus que de fêtes et de réceptions, de célébrations et d’instants de réjouissances. Des événements auxquels les Tergaryon ne pouvaient guère se montrer absents, au détriment des réticences de la jeune femme. Néanmoins, elle était l’ombre d’Elaena, son appui et son bouclier indéfectible. Elle fit heureuse de constater que Saerelys abondait en son sens. « Il est vrai que toute cette agitation doit t’éloigner singulièrement du calme du Collège. Parfois, en parcourant les mots de Maerion, je crains même que ce soit un antre bien austère. » La voie de l’érudition requérait cependant un sérieux que Daenyra était tout à fait à-même de comprendre et d’envisager. Parfois, elle s’était surprise à envier la place de son frère, lui qui bénéficiait du savoir immense de la grande bibliothèque du Collège et de la sagesse de ceux qui la peuplaient. « Tu as raison. Trouvons un endroit où nous asseoir. » Elle ne plaignit pas son plaisir de pouvoir trouver un banc de pierre où elle prirent place.

Toutefois, si elle put jouir du repos de son corps, il n’en fut pas de même pour son esprit qui s’anima de quelques flammes à la mention du nom de Jaekar. L’âme tranquille de Daenyra s’embrasa à savoir que son frère pouvait le compter dans ses relations. « Hélas, j’ai le déplaisir de connaître cet homme également. » N’y avait-il donc aucun Tergaryon sur lequel il n’avait pas essayé de mettre la main ? Comme il lui était déplaisant d’imaginer cet homme conversant auprès de Maerion. De quelle nature pouvait bien être leur relation ? Attentive, elle écouta ce que Saerelys avait encore à lui révéler sur ce maraud. Il fut aisé de ressentir l’aversion que la mage pouvait ressentir pour cet homme et de l’inquiétude qu’elle pouvait nourrir à son égard. Dans ses mots, il semblait que l’ambition de Jaekar se dessinait autrement qu’autour de l’amitié et qu’il n’était pas sans éprouver une curiosité retorse pour les mages. Le frisson qui ébranla la Riahenor se communiqua du même coup à Daenyra qui posa délicatement sa main sur celle de son amie. Ses entrailles se nouèrent d’éprouver en écho les affres d’une véritable peur. Les craintes de la Dame Dragon ne firent que croître. « Plus les actions de cet homme sont portées à ma connaissance, plus il m’est difficile de l’aimer ou seulement de l’estimer. » Elle honnissait son nom jusque dans ses songes, maudissant le jour où son œil torve s’était posé sur elle, la plaçant au centre de tous ses désirs. Il ne souhaitait pas seulement la posséder, il la voulait pour toujours à ses côtés, réclamant un amour semblable au sien. Si ses dons n’avaient pas clamé sa sincérité, elle aurait pu croire à quelques ruses pour sa rapprocher de Maerion. « Cette relation dure depuis longtemps ? As-tu eu quelques échos de ce qu’il peut se dérouler lors de ces réceptions chez Jaekar ? » Elle ne pouvait rester sourde au malaise qui agrippait profondément l’âme de son amie. Sa voix tenta de se faire plus douce, moins vive. « Quels ont pu être ses mots pour provoquer un tel tourment dans ton âme ? » Et vers quels dangers Maerion se dirigeait-il ?





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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

La Magie était une quête bien ingrate. Saerelys s’était fait cette réflexion a bien des reprises. Comme il était tentant, de garder son nez dans ses grimoires et ses parchemins. Comme il était tentant d’abandonner ses comparses pour apprendre quelques enchantements. Pour lire un chapitre de plus. Pour lire davantage dans les flammes. Elle-même avait failli tomber dans de tels travers. Kaerys avait été là pour l’en retenir, pour la ramener à la Raison. Combien d’orages étaient nés entre elles, pour ces raisons ? Combien de crises de larmes ? La novice en avait perdu le compte. Et pourtant, Kaerys avait toute sa reconnaissance. Sa reconnaissance éternelle. Car sans elle, la Magie aurait grignoté jusqu’à sa volonté. Une chose que la novice voulait éviter à tout prix à autrui.


« Que de compliments que voilà. remarqua doucement Saerelys, profondément touchée. Sache que si tu veux me faire parvenir d’autres lettres, je les accueillerai à bras ouverts. Il en va de même si un jour ton âme s’égare jusqu’au Palais de mes ancêtres. Tu y seras toujours la bienvenue et tu y recevras tous les égards dus à ton rang et aux liens qui sont les nôtres. »


L’apparente faiblesse qu’affichait Daenyra ne pouvait que toucher la novice. Elle-même se souvenait des premières fêtes qu’elle avait vécu, après son arrivée au Troisième Cercle. Il lui avait fallu se refaire au tumulte assourdissant, étourdissant, des festivités propres à son Peuple. A ces nuits de débauche, également. Pieuse, Saerelys l’avait toujours été. Il y avait cependant une grande différence entre les baisers et les mots doux échangés au Collège, dans l’ombre d’une discrète alcôve, et ces nuits de folie propres à certains quartiers. Sans doute Daenyra n’était pas familière de tout cela. Un fait pour lequel elle ne pouvait lui en vouloir. Il lui faudrait plusieurs mois pour apprécier pleinement les charmes de Valyria.


« Austère, le mot est fort justement choisi ! remarqua Saerelys, laissant échapper un léger rire. Si tu veux mon avis, ce qui fait la beauté du Collège, ce sont les âmes qui y abondent. Ce sont elles, les touches de couleurs dans ces couloirs étriqués ou ces pièces aveugles. Naturellement, la jeune femme porta sa main libre au niveau de son cou, où une parure en forme de lunule avait remplacé son dragon d’acier valyrien. Et que dire de nos tenues ? Si cela ne se voit guère actuellement, dis-toi que le noir est mon plumage quotidien et qu’au commencement, je peinais à me mouvoir avec le tablier de cuir qui me fut attribué pour certaines pratiques plus salissantes que d’autres ! »


Pour bien des raisons, la jeune femme avait du délaisser les parures et les étoffes propres à son rang. Au Collège, tous les novices se devaient de subir le même traitement. Le sang ne venait qu’après cela, bien qu’il gardait une importance primordiale. Pour se fondre dans la masse, Saerelys avait volontairement fait disparaître ses luxueuses tenues dans ses malles, lorsqu’elle ne les avait pas renvoyées au Palais. L’humilité passait également par l’apparence. La seule exception à ce fait avait été son présent de fiançailles, qu’elle avait précieusement conservé en toutes circonstances. Plus encore alors que les combats faisaient rage, emportant son double loin d’elle.


« Je me désole que tu aies déjà croisé sa route, Daenyra. avoua Saerelys, dans un soupir. Et dire que son père me semble être un homme respectable... »


Une confidence qui n’avait été un soupir, afin que ses mots ne soient pas portés au loin. Murs et haies avaient des oreilles, Saerelys n’en avait que trop conscience. En Magie comme en société, les mots avaient un grand pouvoir. Le cœur de la jeune femme ne put que se serrer en voyant les sentiments qui animaient Daenyra, alors qu’elles échangeaient ces confidences. La faiblesse de l’autre jeune femme était manifeste. Dès lors, Saerelys ne pouvait que s’en vouloir de la mettre dans une pareille situation. Hélas, il lui semblait qu’elles ne pouvaient que poursuivre sur ce chemin. Trop de choses pouvaient en dépendre et prendre un tour regrettable.


« Je ne peux que m’excuser pour te mettre dans un pareil état, ma pauvre amie. Je crains ne pouvoir t’apprendre que des rumeurs. La jeune femme se tut quelques instants. Si cela peut apaiser tes troubles, je pourrai à nouveau me prêter à de telles rencontres. Ces fêtes semblent ressembler à celles que nous pouvons vivre la majorité du temps. Il n’est possible d’y entrer que sur invitation, pour ce que j’en sais. Et sur recommandation. Maerion joua ce rôle pour moi, comme tu le sais déjà. Je crains cependant que ma présence n’ait pu les détourner de leurs plans initiaux. Je ne peux que supposer que les Mages se prêtent à quelques expériences, dans l’espoir de trouver quelques soutiens pour leurs projets futurs. »


Ce qui s’était passé, ce qui s’était dit ce soir-là était resté gravé dans la mémoire de la jeune femme. Jaekar avait pour lui la folie des personnes qui n’étaient point nées dans la Magie. Qui n’en connaissait que les effets et non pas les coûts réels. Qui n’en connaissait pas les douleurs, la fatigue qu’elle provoquait. La brume dont elle était la mère et qui imprégnait par la suite les esprits des Mages était un autre de ses effets. Voilà ce qui l’avait effrayée, ce soir-là. De savoir que, dans l’entourage de l’un de ses amis, un serpent s’était glissé. Un serpent de bien mauvais conseil, qui plus est.


« Il y aurait bien des choses à en dire. lâcha finalement la Mage, dans un soupir. Jaekar est de ces hommes qui ne prennent pas garde aux effets de la Magie. Qui n’y voient qu’une arme très efficace, et non pas le fait que les Mages eux-mêmes se blessent sur cette lame qu’ils tiennent. Saerelys se tut. Il m’a même confié pouvoir l’utiliser, si l’envie lui en prenait. Du moins pense-t-il pouvoir le faire, si la peur du risque ne l’empêchait pas de s’enfoncer dans une telle folie. Voilà ce que je crains de lui. Qu’il tente le pire. »


Saerelys laissa sa phrase en suspens. Que cet homme tente le pire, ou qu’il fasse tenter Balerion à Maerion. Telle était la réalité de sa pensée, qu’elle n’osait formuler. Une réalité qui l’effrayait bien trop. Maerion lui semblait déjà si différent, pour des raisons qu’elle n’arrivait à saisir. Quel détail avait-elle manqué ? Quand tout avait basculé ? Était-il déjà trop tard, de part son inaction ?





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Demeure du Quadrant Sud & mois 5 de l'an 1066

Le réconfort d’une nouvelle amitié sincère emplit Daenyra d’une chaleur bienfaisante. Si son nom prestigieux la destinait à la lumière, les années l’avaient muée en créature de l’ombre. Elle ne se complaisait que dans des ténèbres discrètes, là où les regards ne se posaient pas sur elle, ou tous les brasiers des attentions se portaient sur son aînée Elaena. Dans cette quiétude aveugle, il lui était plaisant de se repaître de solitudes salvatrices et ressourçantes quand son empathie élargie la plongeait dans des affres malheureuses. Ses dons indomptés l’avaient toujours tenue écartée de la société valyrienne. Enfant trop faible, trop vulnérable. Les quelques réceptions auxquelles elle assistait nécessitaient qu’elle se reposât plusieurs jours tant l’épuisement devenait souverain. Face à la fureur des dragons qui alimentait le sang de ses aînés, Daenyra s’était dessinée en une enfant fragile et chétive, qu’il fallait éloignée des regroupements, ou ménager les émotions. Sauf que les années n’avaient pu la conserver éternellement dans ce cocon bienfaisant. Et à mesure que leur maison gagnait en prestige, Aenar, Elaena et Maekar prenaient leur place dans l’univers politique de Valyria. Vint un âge où elle n’eut plus le droit de se cacher, assistant à des festivités qui drainaient considérablement son énergie. Mais à la nécessité d’être un appui nécessaire pour sa famille, Daenyra tentait à chaque fois de vaincre ses faiblesses. Aussi n’était-il pas rare que, pour se ménager autant qu’elle le pouvait, sa présence s’efface au cours de la soirée ou qu’elle se tienne à l’écart, si ce n’était aux côtés de sa sœur Elaena. Une position particulière qui ne privilégiait guère les relations et les amitiés. Pour cette fois, enfin, Daenyra pouvait compter la Mage Saerelys parmi ses connaissances chères, non point uniquement par leur lien commun en la personne de Maerion.

« Recevoir tes lettres est toujours un plaisir, chère Saerelys. Je continuerai à t’écrire et si l’envie de découvrir le Palais Hoskagon te vient, sache que tu seras accueillie avec les mêmes égards. Tu y seras reçue en amie. » Un sourire empli de joie drapait la bouche de Daenyra. Un bonheur discret dont elle éprouvait la fraîcheur quand son âme vivait d’angoisses régulières et s’appropriait des émotions qui n’étaient pas les siennes. Ayant quitté la compagnie de quelques oreilles indiscrètes, elles trouvèrent avec plaisir la tiédeur des jardins de la demeure. Déjà, la musique se faisait plus lointaine et la cacophonie de toutes ces voix qui s’entremêlaient dans un ballet agité. Leur conversation se porta sur le Collège des Mages. Daenyra ne pouvait nier le désir qui l’avait souvent titillée de franchir les portes de ces lieux pour en connaître tous les mystères et s’abreuver de ces lectures riches. Des offrandes que pouvaient lui faire les Quatorze, elle aurait préféré être dotée de la maîtrise de la magie plutôt que de dons qui la malmenaient. Cependant, cette félicité s’était posée sur les épaules de son jeune frère, candidat fort légitime pour rejoindre le cercle des apprentis mages. Daenyra l’avait toujours admiré pour sa sagacité et son intelligence. Il ne lui était en rien étonnant qu’il soit un élève assidu et brillant au sein du Collège. Toutefois, leurs échanges mettaient en lumière des inquiétudes qui n’étaient pas perceptibles auparavant. « Comme tu touches ma curiosité, Saerelys ! Je voudrais parfois franchir ces murs pour découvrir tous les secrets que ce lieu recèle et connaître un bout de votre quotidien. Maerion me conte des histoires, mais il se montre bien avare de détails. » Sa nature calme et posée l’éloignait de nombreuses extravagances. Une raison qui avait affermi l’affection que se vouaient les deux plus jeunes Tergaryon, à l’inverse du caractère enflammé et dévastateur de leurs aînés. « Raconte-moi comment est cette vie au Collège ! Te destines-tu à une spécialité magique ? »

Leur cours de leur conversation s’ombragea à la mention du nom de Jaekar. Daenyra, à son plus grand dam, ne le connaissait que trop bien pour les assauts répétés dont il l’affligeait. Si dernièrement, elle était parvenue à le tenir à l’écart, elle craignait une nouvelle rencontre et savait que les flammes de son désir ne pourraient se tarir de sitôt. Mais si elle prenait sur soi de subir les intrusions indésirables de l’Andal, elle ne supportait pas l’idée qu’il puisse s’approcher d’un être aussi cher que l’était son benjamin. Aux dires de Saerelys, tout laissait à penser qu’il portait un intérêt malveillant à la magie et que sa curiosité dissimulait des intentions bien néfastes. Ses angoisses s’accrurent à la perspective que Maerion puisse tremper dans des pratiques obscures ou accorder un quelconque crédit à Jaekar. La jeune femme, à la nature si douce et velouté, n’aurait point manqué de s’attaquer à l’homme s’il s’était trouvé en face d’elle. « Ne t’excuse point, Saerelys. Tu ne me témoignes qu’une parole sincère, et je t’en remercie. » Sa main prit celle de la Mage dans la sienne pour la serrer avec affection. Il ne souhaitait pas qu’elle vive des tourments coupables. « Si ces rencontres semblent aussi dangereuses que tu le dis, il me déplairait que tu y sois mêlée. Il en va de ta sécurité et de ta réputation. Je ne puis réclamer une telle chose de toi. » Les Dieux lui étaient témoins qu’elle brûlait d’accepter sa proposition, mais la raison la poussait à décliner cette offre. Maerion pouvait se placer dans une mauvaise position, mais il n’était pas nécessaire qu’il entraîne les autres à sa suite. A la pensée que ces fêtes se déroulaient sur invitation ou recommandation, Daenyra eut l’idée folle de demander à son frère de l’y joindre. A moins qu’elle ne pousse l’audace jusqu’à demander à Jaekar lui-même, en espérant que ses désirs de lui plaire l’enjoignent à accéder à ses requêtes.

A ce propos, la noble chercha à en savoir plus sur les potentielles malversations ourdies dans l’esprit dérangé de l’Andal. Aux propos que lui tint Saerelys, la jeune femme manqua de trembler. « Il semble en effet qu’il y ait de grands risques à ce que cet homme en entraîne d’autres dans sa folie… » Daenyra s’accorda l’instant de la réflexion. Toutes ses angoisses s’animaient à la scène imprudente qui se jouait sous leurs yeux. « Aussi dangereux soit cet homme, je ne puis croire que Maerion prête une oreille attentive à ses dires. C’est un garçon intelligent et clairvoyant. Il ne saurait se mêler à de telles histoires ! » Pourtant, la distance qu’il entretenait de plus en plus entre la forçait à douter. Voilà trop d’années qu’ils ne s’étaient pas vus. Avait-il pu changer à ce point ? Ses prunelles voilées d’inquiétudes se dirigèrent vers son amie. « Au Collège… comment est-il ? Crois-tu que les années auraient pu le transformer ? » Son ton était moins assuré que quelques répliques auparavant. L’incertitude lui grignotait les tripes. « N’y a-t-il personne à qui vous pourriez confier l’enjeu de ces fêtes ? Une plus haute autorité magique n’a-t-elle pas le pouvoir d’intercéder dans cette affaire ? »




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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.


Des amis, Saerelys en avait un certain nombre. Hélas, les amitiés profondes qu’elle pouvait entretenir avec autrui restaient plus rares. Sans doute se comptaient-elles sur les doigts de ses deux mains. Bien des âmes ne parvenaient guère à voir au-delà de son sang, de son statut. On l’enviait, la jalousait parfois. On épiait ses moindres faits et gestes. Certains n’attendaient même qu’une chose, la voir chuter. Sans pouvoir s’en relever, de préférence. Le Collège n’était pas bien différent du monde extérieur. Les alliances s’y faisaient, s’y reproduisaient, s’y défaisaient. Il fallait obtenir de meilleurs soutiens que son voisin, de meilleurs protecteurs ou protectrices. Les choses étaient ainsi faites. Des faits auxquels Saerelys s’était habituée, au cours du temps, ne laissant entrer dans son entourage que de personnes dignes de confiance, souvent connues depuis son enfance. En cela, la présence de Daenyra était pour le moins plaisante. Rafraîchissante, même. Plus encore dans cette situation, où nulle âme ne pouvait venir troubler leurs voix.


« Il m’est déjà arrivé de parcourir la demeure des tiens, pour me montrer franche avec toi. avoua la jeune femme, tout sourire. Elaena m’y a déjà invitée plusieurs fois, afin que je puisse lui faire montre de mes dons selon mon bon vouloir. Je me plais à l’amuser, lors de ces rencontres. Je me ferais un plaisir d’agir de même avec toi, si tu te trouves dans les parages durant mes visites. »


Il semblait à la jeune femme que Daenyra avait reprit quelques couleurs, depuis qu’elles avaient pris un peu de repos. Son sourire rassurait la novice sur ce point. Du Palais Hoskagon, Saerelys connaissait déjà certains couloirs, certaines pièces. L’atrium, également, dans lequel Elaena et elles s’installaient si fréquemment, afin qu’elle puisse laisser aller sa Magie à quelques manifestations. Des moments doux, bien que trop rares au goût de la novice. Non pas qu’elle n’appréciait pas la quiétude de sa propre demeure. Le fait était qu’Elaena n’avait jamais cherché à s’immiscer dans sa pratique de la Magie, profitant uniquement de ses effets, de la beauté qu’elle mettait dans ses gestes, dans son énergie. Il n’en allait pas de même pour certains membres de sa parentèle, hélas.


« Oh, il y aurait bien des choses que je pourrai te raconter ! commenta la jeune femme, se laissant aller à un léger rire. Nous n’en aurions sans doute passez d’une nuit pour que je puisse te dire tout ce qui me vient à l’esprit. Le ton de Saerelys se fit plus bas, presque mystérieux. Mais je peux sans doute te faire quelques confidences à ce sujet. Fermes donc les yeux quelques instants, et laisse-toi porter par ma voix. Tu as sans doute pu déjà apercevoir la cour du Collège, avec ses statues de Mages prestigieux et ses nuées de novices qui profitent d’un repos bien mérité ou des rayons du soleil. C’est là un spectacle pour le moins commun. Il est possible d’entrer par plusieurs portes, qui donnent sur des couloirs plus ou moins éclairés. La porte principale mène à un hall, qui te permettrait de te rendre dans le réfectoire ou encore dans la bibliothèque. A quelques salles de classe également. Nos dortoirs se trouvent dans une autre partie du bâtiment. Nous y  dormons par groupe de trois ou quatre, toujours par sexe. Les âges sont volontairement mêlés, afin que nous puissions veiller sur les plus jeunes. »


Durant quelques instants encore, Saerelys décrivit ces couloirs qu’elle arpentait. Certaines salles de classe également. Il n’y avait là nul secret. Les mécènes du Collège avaient droit également à une telle visite, afin de leur montrer la finalité, l’utilité, de leurs dons. Et que dire de leur bibliothèque ! Daenyra y aurait trouvé un agrément certain, bien que sa beauté et son intérêt ne pouvaient surpasser celle des Vaekaron, que ma novice avait arpenté tant de fois. Son récit achevé, la Riahenor se tut quelques instants, reprenant ainsi son souffle. Une spécialisation ? Saerelys y songeait depuis qu’elle avait mené à bien sa Grande Épreuve. Le temps passait si vite qu’elle ne pouvait s’ôter cette pensée de l’esprit. Ou ne pas la trouver pressante.


« Voilà un choix qui me cause déjà bien du souci, bien que je ne sois qu’au Troisième Cercle. remarqua la jeune femme, presque penaude. Je ne sais encore à quelle pratique de la Magie me vouer. Le temps m’aidera sans doute à y voir plus clair. Du moins, je l’espère. Les arts de la guérison, des runes et de la transformation font cependant partie de mes domaines de prédilection. La novice se tut quelques instants. Il me sera douloureux de me séparer de certains d’entre eux, lorsque le moment sera venu. »


Il le faudrait, pourtant. Malgré la puissance de son sang, Saerelys se savait incapable de conserver deux spécialisations. Disposer de trois d’entre elles relevait de l’impossible. Cela ne ferait que la mettre en danger, pour bien des raisons. Un danger grand pour elle-même, mais aussi pour autrui. De nombreuses règles existaient et toutes avaient une raison. La novice ignorait certaines d’entre elles, les mettant davantage sous le coup d’obscures traditions, que de faits avérés. Et pourtant se sentait-elle obligée de les suivre, pour le bien de tous. La Magie avait un bien grand coût, chose que Jaekar ignorait. Il n’avait pas vu tout ce qu’elle avait pu voir. Point perçu tout ce qu’elle avait pu percevoir. Dès lors ne pouvait-il que se rire de l’absence des Mages dans bien des sphères ou des privations qui étaient les leurs.


« Dangereuses… répéta Saerelys, visiblement songeuse. En leur présence, je n’étais point en danger. Sans doute ne serais-je plus là pour t’en parler, dans le cas contraire. Cet homme a un grand pouvoir sur ses camarades, là est la seule chose que je peux t’affirmer avec certitude. Et à plusieurs, les Dieux savent qu’il est plus aisé de trouver du courage pour se lancer dans de folles quêtes. Du courage, de la témérité ou de la folie. Les traits de la jeune femme s’étaient faits plus inquiets. Je dois te sembler aussi peu mesurée qu’eux, en te proposant de me mêler à nouveaux à leurs jeux. Hélas, je ne peux que craindre que d’autres novices, plus jeunes, plus impressionnables, ne tombent dans ses filets. »


Le système du Collège était, à bien des égards, fortement injuste. Herya en avait fait les frais. L’un de ses plus proches amis, à cause de la seule teinte de sa chevelure, s’était vu refusé bien des patronages. Hélas, ils n’étaient pas que deux dans ce cas. Car la Magie ne se fiait que fort peu à l’importance du lignage d’une personne, dans certains cas. Dès lors, quoi de moins étonnant que certaines personnes en quête d’une aide salutaire se tournent vers des mains tendues ? Des mains qui leur semblent secourables, alors que derrière, il ne se cache parfois que les crocs et les griffes d’un lion ou d’un autre prédateur ? A mesure que Daenyra parlait, les traits de Saerelys passaient de l’inquiétude à la tristesse. Maerion était son cadet de quelques années. Elle l’avait vu grandir au Collège. S’épanouir. Changer également, sans qu’elle ne saisisse l’exacte raison de ce changement.


« Maerion est intelligent, je te l’accorde. Quatorze fois, même. Son sang lui posait parfois quelques problèmes, il est vrai. Sans doute s’en voulait-il de s’épuiser plus facilement que d’autres, au sang plus pur, sans vouloir t’offenser, toi et les tiens. Notre Magister est cependant la preuve vivante que le sang ne fait pas tout. Qu’il n’est qu’un facteur de réussite parmi tant d’autres et non pas le seul. Ton frère ne m’a semblé changé que récemment. A partir du moment où il a commencé à vous donner plus rarement de ses nouvelles, peut-être. Les années lui ont permis de grandir, c’est un fait. Mais il y a autre chose. Quoi, je ne saurai te le dire. J’ai moi-même recherché la réponse sans pour autant la découvrir. J’aurai aimé le connaître dès ses jeunes années, afin de me rendre compte comme toi, comme Elaena, de ce qui vous inquiète tant... »


Daenyra lui semblait avoir pâli. Alors, Saerelys se mordit l’intérieur d’une joue, regrettant que ses paroles aient pu avoir pareil effet. Maerion ne se rendait pas compte des conséquences de son comportement. Du mal qu’il faisait, sans s’en rendre compte, à ses sœurs. L’apprentissage de la Magie n’était point une excuse valable pour s’éloigner tant des siens. Au contraire. La famille était souvent le premier soutien, la première aide, que trouvait un novice après son entrée au Troisième Cercle. Libre à lui de se trouver d’autres protecteurs par la suite, de voler de ses propres ailes. Il ne fallait point brûler des étapes.


« Notre ‘’ ami commun ‘’ est puissant. Du moins, sa famille l’est. remarqua Saerelys, à voix basse. Le Collège n’a que peu de pouvoir, à ce sujet, je le crains. Ses membres sont puissants, c’est là un fait avéré. A plusieurs, nous pourrions soulever des montagnes ou bien les flots sans mal. Mais nous ne pouvons que peu de choses, lorsque certaines choses se doivent de se régler au Sénat ou au Conseil... »


Ou que les personnes incriminées avaient droit à leur siège au pinacle de leur Cité. Certains nobliaux mériteraient bien de passer leur Épreuve des Nerfs, eux-aussi. Ou de pousser plus loin leur service militaire. Le monde leur semblerait bien différent, avec ces cartes entre leurs mains. Saerelys retint un soupir, sentant son sang crépitait, s’échauffer dans ses veines. Il lui fallait retrouver son calme. Laisser ainsi la colère, bien que sourde, s’emparer d’elle n’était pas la chose à faire. Si ce pauvre fou l’apprenait, il ne pourrait que s’en réjouir. Une victoire que la novice ne pouvait songer à lui offrir.




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Daenyra haussa un sourcil d’intérêt mais ne s’avoua que peu surprise d’apprendre que Saerelys avait déjà franchi les portes du palais Hoskagon pour rendre visite à Elaena. Cette dernière nourrissait une certaine curiosité pour la magie et son amitié récente avec la jeune mage lui permettait d’assouvir cette faim. Rien de plus naturel qu’elle soit venue en leur demeure à quelques reprises. Et la jeune femme s’étonnait moins encore que sa route n’ait pas croisé la sienne en ces jours. Si le lieu se distinguait par sa magnificence et une vaste étendue, elle ne fréquentait que de rares pièces, son affection toute entière portée sur la bibliothèque abondant d’ouvrages qui ne réclamaient que d’être lus. Et il y avait ses propres appartements, bien sûr, dans lesquels elle passait un temps considérable à se reposer de fêtes trop éprouvantes.

« J’en serai ravie, Saerelys. Et j’attends ta prochaine visite avec beaucoup de hâte. » s’égaya Daenyra avec un plaisir sincère. Bien qu'elle sache se faire une opinion aiguisée des gens, elle était d’autant plus encouragée dans ses affections quand elle les savait partagées par son aînée. Aussi ne pouvait-elle que s’enjouer d’une telle visite. Plus encore si elle venait pour porter des nouvelles de vive voix. Jusqu’ici, leurs échanges avaient été uniquement épistolaires, mais à présent qu’elle conversait avec la jeune Riahenor, leur amitié affermie la poussait à s’enquérir de plus de sujets, de plus de questions. Elle souhaitait savoir comment se déroulait la vie au Collège des Mages ; à la fois pour son propre intérêt, mais principalement pour s’imaginer Maerion évoluer au creux de ces récits. Ce dernier se montrait bien trop avars de descriptions, et le contenu de ses missives se faisait de plus en plus superficiel.

Elle s’abreuvait donc des paroles de Saerelys et se laissa guider par sa voix de conteuse. Obéissant à ses directives, elle ferma les yeux et fut portée par son récit. Il lui sembla que c’était elle-même qui se trouvait en ces lieux, croisait mages de tout cercle, se plongeait dans des ouvrages compliqués, assistait à des cours érudits ou s’allongeait dans les dortoirs. Comme il lui aurait plu d’arpenter réellement ces couloirs et suivre des enseignements magiques. Mieux encore, de découvrir les contenus incroyables de la bibliothèque. Elle devait regorger d’ouvrages et de savoirs exceptionnels qui ne souffraient aucune comparaison avec ceux de l’amphithéâtre, du palais Hoskagon, ou celui de son enfance. De nouveau, une certaine pointe d’amertume l’effleura en jugeant que les Dieux s’étaient montrés bien injustes avec elle, l’affublant d’un don si coûteux plutôt que de la faire mage comme son benjamin. Toutefois, elle savait que si cette empathie démesurée envahissait toujours son être, elle n’aurait pu survivre à une telle vie communautaire.

« Tout ce que tu racontes là est passionnant ! Comme il me plairait d’être en ces lieux moi-même. » La voix rêveuse, elle venait de rouvrir les yeux sur une Saerelys qui reprenait doucement son souffle. A présent, elle s’intéressait à la spécialisation que choisirait la jeune Riahenor. Cette dernière hésitait encore sur les choix de son orientation, bien que la décision soit pour bientôt. Daenyra ne pouvait que comprendre ce choix épineux qui forçait à s’affranchir du reste des spécialités. « L’art de la guérison est si noble, je comprends bien ton choix, tout autant que pour ceux des runes et de la transformation. J’espère que les voix de Shrykos et Tyraxes sauront t’ouvrir le chemin qui t’est destiné. »

Leur conversation trouva un ton plus préoccupant et grave en abordant leur inquiétude pour Maerion. Ce dernier, depuis qu’il était entré au Collège des Mages, s’éloignait progressivement du reste des siens. Si au départ, Daenyra n’y avait vu que le cours naturel d’une évolution où il était grandement pris par ses études et ses ambitions, elle décelait à présent matière à angoisse. Son attitude ne détenait rien de normal et elle s’inquiétait qu’il ne vienne à trop s’écarter du chemin qui lui était tracé ou d’une voie moins dangereuse. Saerelys ne la détrompait pas sur ces points, ayant le loisir de jouir de sa compagnie quelquefois. Elle appartenait au cercle de ses amis, bien qu’elle dénote une distance similaire au cours des derniers mois. Tout ceci ne faisait qu’accroître les inquiétudes de la noble qui craignait de devoir perdre un autre frère d’une manière autrement cruel. Voilà qu’elle apprenait que Maerion troquait des amis de confiance contre l’amitié de Jaekar Veltheon, ce qui n’était en aucun cas pour l’enchanter. Pire encore, c’était bien parce qu’elle avait eu le malheur de faire sa connaissance qu’elle concevait difficilement des desseins inoffensifs dans son esprit. Saerelys vint à lui conter ces soirées étranges qui se déroulaient en sa demeure et où la magie prenait un aspect effrayant dans sa bouche. Hélas, si l’Andal n’était qu’un bâtard, il jouissait d’une puissance conférée par son père Valerion Qoherys, membre imminent du Conseil des cinq dont l’influence était sans conteste. « J’espère que Maerion ne se laissera point entraîner dans ces projets fous… Il est un jeune homme sage et intelligent, hélas, il m’est devenu si étranger ces derniers mois que je ne suis plus capable d’affirmer sans trembler qu’il ne boira pas les paroles de cet homme. Les Quatorze Seuls savent ce qu’il se passe dans sa tête dernièrement… » Rien ne qui ne soit clairement encourageant. Daenyra se mit à réfléchir au meilleur moyen de le soutenir dans cette entreprise sans qu’il ne se renferme entièrement. « Peut-être pourrai-je, dans une prochaine missive, entretenir Maerion du comportement déplaisant de Jaekar à mon égard, ou même envers Elaena ? Il ne saurait approuver entièrement un homme qui souhaite faire du tort à ses sœurs. » La mage continua de lui apporter des informations précieuses, et la Tergaryon ne put que réaliser que ses mensonges n’étaient pas récents. Ou du moins, ses omissions. Son sang mêlé lui avait fait défaut au début, mais son pugnacité avait réussi à l’élever au même niveau que les autres. Si ce n’était plus. Partagée entre fierté et inquiétude, Daenyra ne savait comment réagir. « Je l’ignorais… »

Si la jeune noble avait retrouvé un peu de ses forces, elle semblait les avoir perdues dans les affres de ses tourments muets. Les changements de Maerion semblaient récents, aussi n’était-il pas impossible d’agir à temps. A moins que ce ne soit qu’une passade et que ses angoisses soient infondées ? Elle n’aurait su le dire… L’expression crispée de Saerelys ne la réconfortait aucunement. Apparemment, il serait peu aisé de réclamer de l’aide auprès des hautes autorités du Collège. « Je comprends… Hélas, nous nous croyons puissants, mais il existe des forces insoupçonnées en d’autres lieux. Arrax nous préserve en accordant sa justice quand il le faut… Je voudrais juste être sûre que Maerion ne déplaira pas aux Dieux d’une quelconque manière. » Elle torturait ses doigts, les tordant négligemment. « Merci pour ton honnêteté Saerelys. Elle est d’un grand réconfort en dépit de ce récit troublant. Je partagerai ces informations avec Elaena, et peut-être pourrons-nous enquérir notre père de cette affaire. Si son influence est moindre depuis qu’il a cédé sa place à ma sœur, il conserve tout son esprit et sa sagacité. Il saurait éventuellement trouver une solution que nous ne voyons pas… »

Elle sentait les vagues de la colère la submerger, mais cette mer déchaînée ne lui appartenait pas. Saerelys avivait d’autres fureurs au fond d’elle, étrangère à Daenyra. La main de la Tergaryon plongea dans celle de son amie, cherchant à lui prodiguer un calme qu’elle ne ressentait guère elle-même. « Il est puissant, mais pas invincible. De plus, sûrement ignore-t-il combien il est dangereux de s’attaquer à notre propre sang. » Un léger sourire naquit sur les lèvres de la douce Daenyra. Inoffensive. Frêle. Souffreteuse. Et pourtant, elle savait qu’elle serait capable de s’engager vers des chemins tortueux et dangereux pour protéger les siens.



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Look at the star tonight, all of the stars have a reason.Daenyra Tergaryon et Saerelys Riahenor.

Demeure du Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Le Palais Hoskagon avait été une réelle bénédiction, à bien des égards. Durant la guerre, il lui avait permis de trouver calme et sérénité auprès d’une personne qui lui était chère. A présent, il lui évitait bien des regards, ceux d’une famille qui n’attendant que trop que leur prodigue enfant magique ait fait ses preuves. En tant que fille aînée, Saerelys avait toujours su où se trouvait ses obligations, ses devoirs. Grand-Mère, bien qu’elle lui ait connu quelques moments de douceur, s’était toujours montrée inflexible à ce sujet. Et que dire de Père ? Son retour à Valyria avait sonné le glas d’un apprentissage serein, à bien des égards. Il fallait des résultats à la hauteur de son sang. Des résultats que la novice ne pouvait obtenir, pour le moment. La pureté de son sang n’était point sujet à débat, dans ce domaine. Il lui fallait pratiquer, encore et encore, explorer de nouvelles voies afin de trouver la sienne et d’y briller. Une quête de longue haleine.


« Pourquoi ne pas la hâter, dans ce cas ? proposa Saerelys, tout sourire. Il y a bien des sorts que je pourrai te montrer, qui plus est. Je travaille sur certains d’entre eux depuis plusieurs mois et je ne rechigne jamais à l’idée de recevoir un avis extérieur, si le cœur t’en dit. La jeune femme se fendit d’un rire. Je ne suis pas encore aussi impressionnante que certains de nos Mages Pyromanciens les plus connus mais je suis capable de certains agréments qui sont plaisants à l’œil et à l’âme ! »


L’attitude de Daenyra était touchante. Des plus touchantes, même. Longtemps, Saerelys avait considéré le Collège comme une prison dont elle ne pouvait s’enfuir. La pauvre Mealys, qui avait pris tant soin d’elle, en était devenue l’une de ses geôlières. Il lui avait fallu plusieurs mois, toute la douceur de Mealys ainsi que la présence de Kaerys pour voir au-delà de ce que la Dynaste considérait être les barreaux d’une cage. Elle n’avait jamais été prisonnière du Collège, bien au contraire. Ce dernier avait la charge de ne pas la rendre dangereuse pour elle-même ou pour autrui à Valyria et ailleurs, par manque de connaissances magiques. Une mission qu’il avait presque accompli, dans les faits. Il brûlait désormais à la novice d’atteindre le Quatrième Cercle, afin de prouver à tous et à toutes que cette destinée était bien la sienne.


« Je suis une bien piètre dessinatrice, contrairement à ma chère Aelys. avoua la jeune femme, laissant échapper un nouveau rire. Dans le cas contraire, il m’aurait été possible de me risquer à croquer certaines des pièces afin de te les montrer. Je ne peux qu’espérer que mes mots auront été en mesure d’en créer une image dans ton esprit ! »


De part le sang prestigieux qui était le sien, Saerelys aurait pu se prêter à certaines expérimentations difficilement accessibles au comment des novices. Accéder au contrôle de deux spécialités lui avait déjà traversé l’esprit. Du moins, avant que la jeune femme ne chasse cette étrange pensée qui l’avait effleurée. Les risques étaient bien trop grands, même pour elle. Surtout pour elle. Pour les siens, son statut de novice avait été comme une nouvelle bénédiction de leurs Dieux. Un sorte de signe, que l’intéressée n’avait jamais réellement saisi. Les Mages s’étaient faits rares dans sa lignée, elle-même ne pouvait le nier. A d’autres époques, les choses avaient été bien différentes, bien que les Riahenor n’avaient jamais pu atteindre le niveau des Vaekaron à ce sujet. Peut-être était-ce cela, ce signe que ses tantes avaient vu. Une fenêtre sur un passé lointain, à nouveau accessible ?


« Que tes prières soient entendues, Daenyra. Qu’elles soient entendues et qu’une réponse me soit apportée. Je crains que le brouillard qui m’entoure à ce sujet est bien trop épais pour que je sois en mesure de trouver une réponse moi-même à mes interrogations. »

Doucement, Saerelys haussa les épaules à cet aveu. Le Quatrième Cercle lui laisserait encore du temps. Le Cinquième arriverait cependant bien vite, si elle décidait de poursuivre sur cette voie. N’était-ce pas son devoir, d’une certaine manière ? La jeune femme chassa ces pensées de son esprit, les reportant sur Maerion. Le comportement de Jaekar ne l’étonnait que peu, bien que le fait qu’il ait pu s’en prendre à Elaena et Daenyra d’une manière ou d’une autre le rendait plus répugnant encore. Si seulement elle avait en son pouvoir la faculté de le mettre hors d’état de nuire. Hélas, son lignage agissait comme un bouclier impénétrable, même pour la descendante de Riahenys qu’elle était…


« Je ne puis qu’espérer que de tels propos à votre sujet le feront réagir. Saerelys laissa échapper un soupir, serrant délicatement les mains de Daenyra dans les siennes. Je continuerai de veiller sur Maerion autant que possible. Qu’Arrax soit témoin de la parole que je te donne en cette soirée, Daenyra. Je prierai que vous trouviez une solution, ta famille et toi-même. Si mon aide venait à être nécessaire, elle vous est offerte également. La jeune femme se tut quelques instants. Je ne saurai souffrir de voir un ami sombrer dans un écueil que bien des Mages frôlent au cours de leur existence. »


Lorsqu’ils n’y tombaient pas sans même pouvoir s’en rendre compte. Aedar était en cela devenu son protecteur à l’instant même où son destin s’était à nouveau éclairer. Resserrant son emprise autour des mains de Daenyra, Saerelys esquissa un fin sourire. Non, Jaekar n’était pas invincible. Son mépris de ce don des Dieux que pouvait être la Magie allait en ce sens. Doucement, les lèvres de la jeune femme s’animèrent dans quelques paroles muettes. Guérisseuse, la jeune femme pouvait l’être dans tous les instants de son existence lorsque la situation le nécessitait. Alors, son sang crépita à nouveau, emplissant ses chairs d’une douce chaleur. Une douce chaleur qui se glissa jusqu’à ses mains, jusqu’à la pointe de ses phalanges, entrant en contact avec la chair de Daenyra de cette même manière.


« Je ne peux soigner les troubles qui sont les tiens, je le crains, ma tendre amie. Laisse-moi au moins les apaiser pour ce soir. Notre discussion nous a été bien éprouvantes. Je ne peux te laisser sans y apporter une pointe de douceur. »


Les festivités de cette nuit dureraient encore un moment. Daenyra ne pourrait y échapper bien longtemps. Si ce repos prit dans ces jardins leur avait été profitable à toutes les deux, il leur faudrait bientôt retourner dans l’étouffante atmosphère qui enveloppait ces réjouissances. Les nuits valyriennes étaient ainsi faites. Toutes deux devraient s’y accoutumer, de part le sang qui coulaient dans leurs veines. La novice avait cependant l’impression d’y avoir trouvé une nouvelle alliée, en plus de la consécration d’une nouvelle amitié.




( Gif de gif-hunts-for-you.tumblr. )
Daenyra Tergaryon
Daenyra Tergaryon
Dame-Dragon

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Look at the star tonight, all of the
stars have a reason

feat. Saerelys Riahenor

Demeure du Quadrant Sud & mois 5 de l'an 1066

La conversation avec Saerelys Riahenor était plus qu’agréable et bienvenue pour la Tergaryon si sensible aux sursauts de l’âme. Elle y cernait une rivière tranquille qui s’égayait autant qu’elle de cette première rencontre après une correspondance occasionnelle. Il était plaisant et déroutant pour la jeune femme au don si particulier d’avoir pu éprouver sa relation avec une personne sans que ses capacités n’interfèrent. Son opinion s’était construite au regard des lignes qu’elle avait pu parcourir, de la légèreté de cette plume fine sur le papier. Une connaissance qui n’avait pas eu à souffrir les émulsions parasites des remous du cœur. Cet échange réel ne faisait que lui confirmer son intuition intime que la puissante mage était une amie de confiance. La perspective de prochaines rencontres au palais des Riahenor ne fut donc que pour enchanter plus encore le doux Oiseau. Un sourire fleurit sur ses lèvres délicates. « Ce serait un honneur et un privilège immense que de te conseiller dans l’exercice si difficile de tes dons, Saerelys. La magie me fascine en tous points et je serai heureuse d’en apprendre plus à tes côtés. » Daenyra regrettait parfois qu’Arrax ne se soit pas penché par son lit afin de lui octroyer l’art de la magie. Un don qu’elle aurait volontiers partagé avec son frère Maerion plutôt que d’être affublée d’une telle malédiction. Ainsi aurait-elle pu gagner les rangs du Collège et se trouver au plus près de son benjamin pour veiller sur lui. Hélas, les Quatorze avaient eu un dessein bien différent pour elle…

Sa fascination pour le Collège des Mages n’avait alors fait que s’accroître avec les années. Et plus Maerion se montrait économe de ses témoignages et de descriptions, plus la curiosité de la Tergaryon était aiguisée. Que n’aurait-elle pas donné pour franchir les portes de cet antre si bien gardé, parcourir les pierres séculaires de ce lieu chargé de mystères et imprégné de magie, jusqu’à atteindre la foisonnante bibliothèque qui recelait tant de secrets. L’envie la tenaillait tant qu’elle se fit presque pressante pour obtenir plus d’informations de la part de Saerelys. « Tes mots me sont bien suffisant pour esquisser dans mon esprit les contours de ces lieux incroyables. Merci de me partager cela, Saerelys. » Elle poursuivit en offrant toutes ses prières pour que la mage puisse réaliser ses aspirations : se spécialiser dans l’art si délicat et exigeant de la guérison. Daenyra dessina un sourire confiant sur ses lèvres, persuadée que la force qui coulait dans les veines de la Riahenor saurait lui offrir le prestige qu’elle méritait.

Un prestige, ou du moins une sécurité, qu’elle aurait souhaité pouvoir ressentir pour son benjamin. Maerion se montrait plus secret de missive en missive. Ses fréquentations prenaient un chemin que Daenyra déplorait et qui l’inquiétaient grandement. Le nom de Jaekar fut assez pour achever d’accroître ses angoisses. Outre sa réputation, les quelques échanges qu’elle avait pu avoir avec lui avait confirmé la nature malhonnête d’un homme si prompt à se laisser guider par ses pulsions. Elle ne voyait que d’un œil méfiant l’influence de cet Andal sur son frère bien-aimé. « Mes inquiétudes restent hélas présentes, mais il m’est d’un grand réconfort de savoir que tu veilleras sur Maerion. Merci, Saerelys Riahenor, et je te fais le serment de te retourner la faveur dès lors que tu seras dans le besoin. Ma fidélité t’est entière. » Daenyra n’était point femme à donner sa parole à la légère et elle sentait une telle sincérité chez la mage qu’elle ne doutait pas que son serment soit interprété à bon escient.

Une étrange sensation envahit progressivement la jeune femme. Surprise, elle faillit retirer ses mains de l’étreinte de celles de Saerelys Riahenor avant de comprendre que tout ceci n’était qu’un ressort magique. Une douce chaleur irradia au bout de ses doigts, remontant le long de ses bras jusqu’à emplir tout son corps. L’inquiétude qui la terrassait jusqu’alors s’apaisa quelque peu et sa fatigue se fit moins ardente. La Tergaryon jeta un regard incrédule à la mage qui s’expliqua. La tendresse chassa l’étonnement et Daenyra se pencha prudemment pour déposer un baiser sur la joue de Saerelys. « Quelle douce amie tu fais là… Je te remercie, Saerelys, pour tes sortilèges qui me réconfortent autant que tes mots. » Le malaise qu’elle pouvait ressentir au cours des festivités valyriennes s’était estompée suffisamment pour qu’elle se redresse, entraînant son amie avec elle. « Laissons donc nos troubles de côté et allons profiter d’une fête si ravissante. »


Fin





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