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Ombre tu étais, ombre tu redeviendras.Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 1.

Son dos entier lui brûlait. Si dragonne elle n’avait pas été, si ce feu n’avait pas été enfermés dans ses chairs, sans doute sa peau lui serait tombée, lambeau après lambeau. Comment ses nerfs pouvaient ressentir encore la moindre douleur, après tout cela ? Alors même que ses mains étaient couvertes d’égratignures, ses bras, bleuis, contusionnés, ses jambes, molles, affaiblies. Alors même qu’elle ne parvenait pas à manger la moindre chose, affaiblie comme elle l’était. Alors qu’elle n’avait pu retenir ses râles et des pleurs, lorsqu’elle avait enfin retrouvé conscience. Des pleurs de douleur, se trouvant allongée sur le dos. Des pleurs de crainte, de peur. Car si la catastrophe avait eu lieu il y a de cela deux jours, son esprit se pensait encore auprès de la fosse, de cette gueule béante qui avait dévoré tant de Valyriens, tant de Valyriennes.

Une journée s’était écoulée depuis son réveil. Désormais étendue sur le ventre, Saerelys ne pouvait garder les yeux clos. Il lui arrivait de somnoler, de dormir quelques instants. Mais la douleur la réveillait encore et toujours, cruel caprice de sa propre enveloppe charnelle. Son propre corps lui faisait payer l’usage de sa Magie. Lui rappelait mieux que n’importe quel Archimage en ce bas monde qu’elle n’était qu’une novice. Que l’instinct et la peur l’avaient poussé à user de trop de ses dons. En résultait ce feu interne qui, au lieu de se trouver dans ses veines, s’était répandu dans ses muscles, dans ses nerfs, dans ses chairs. Il lui arrivait de pleurer de douleur, de peur, de crainte. Pleurer pour ces ombres qu’elle voyait dans ses songes, d’horribles cauchemars qui lui rappelaient ce qui s’était produit, ces âmes englouties, de manière grotesque, déformée. Profondément effrayante malgré tout. Pour le moment avait-elle encore des larmes.

Même la lumière du soleil lui était intolérable. La plus jeune des filles de Galreon avait cru l’aider, lorsqu’après son réveil, elle avait décidé d’ouvrir légèrement le rideau, afin que le Mage chargé de s’assurer de son rétablissement puisse l’ausculter. Quelle ne fut pas leur surprise à tous les deux lorsque la Riahenor leur avait hurlé, de ces forces dont ils la pensaient dépourvue, de la plonger à nouveau dans l’ombre, ne pouvant supporter une lumière si vive. Dès lors, les examens se déroulaient dans l’ombre, à la seule lueur d’une bougie ou de ces petits orbes lumineux que les Mages façonnaient avec leur propre énergie. Depuis ce cri, la jeune femme n’avait plus prononcé le moindre mot de vive voix, se contentant de murmures. Elle n’avait pas la force de faire plus. Même se nourrir requérait une énergie qu’elle ne possédait pas, qu’elle ne possédait plus.

Il lui faudra plusieurs jours pour s’en remettre, mais elle vivra. Tels avaient été les mots de son comparse, il y a de cela quelques instants, après s’être assurée qu’elle n’avait pas à nouveau sombré dans l’inconscience après son réveil le jour précédent. Sans doute pensait-il qu’elle n’avait pas la capacité de l’entendre, alors qu’il s’adressait à une autre personne, dans le couloir. Était-ce Mère ? A cette pensée, le cœur de Saerelys s’était mis à battre la plus étrange des mesures, tandis que de nombreuses larmes lui étaient montées aux yeux. Mère. Son esprit lui avait fait défaut à ce moment, alors qu’il se disait, dans l’assistance, que Vaelya Riahenor avait péri à Fossedragon, tentant de mettre à l’abri leurs frères et leurs sœurs de feu et d’écailles. Alors, la jeune femme s’était agitée, ne pouvant se redresser. Même de cela, elle n’avait pas la force. Un râle lui avait cependant échappé, son dos ayant à nouveau rencontré le matelas. Cela avait suffit à faire entrer quelqu’un.

« Grand-Mère… Mère... chuchota la jeune femme.
- Il ne faut pas que tu bouges, jeune fille. Il ne le faut pas. »

La voix de la doyenne était étonnamment douce. Emplie de tendresse. Une tendresse rarement présente dans la voix de Daela. La vénérable femme s’approcha, la saisissant délicatement par les épaules, l’aidant à se recoucher sur le ventre avant de s’asseoir juste à côté d’elle. Un instant passa. Une éternité, voilà comme Saerelys le ressentit. Sa grand-mère passa délicatement une main dans sa chevelure, dans un geste presque maternelle. Mais ce n’était pas sa mère qui était présente. Où était-elle ? Elaena s’en était-elle sortie ? Était-elle parvenue à remonter, elle aussi ? La jeune femme laissa échapper un nouveau râle. Comme sa tête pouvait lui être douloureuse. Chaque pensée un peu trop vive lui faisait l’effet d’une épingle à cheveux qui lui serait enfoncée directement dans le crâne.

Saerelys ouvrit à nouveau la bouche. Aucun mot n’en sortit, malheureusement. Honteuse, épuisée, la jeune femme ferma la bouche. Sa grand-mère cessa de lui caresser les cheveux, ses doigts frôlant l’une de ses épaules. Alors, la jeune femme sursauta, préférant se mordre l’intérieur d’une joue plutôt que de laisser échapper le moindre cri. Mère. Elle ne voulait que sa mère. Et Aedar. Où pouvait-il être ? L’avait-il sentie en danger, alors qu’elle se débattait dans le vide ? Comme elle aurait voulu l’enlacer. Sentir son odeur, entendre sa voix chaude. Il n’y avait guère que dans ses bras, dans son étreinte fraternelle, qu’elle se sentirait en sécurité. Lui seul pouvait la serrer contre lui avec suffisamment de douceur pour ne pas la blesser dans de telles conditions.

Grand-Mère parlait. Saerelys s’en rendait compte. Hélas, sa tête était lourde. Si lourde qu’elle ne parvenait pas à assimiler durablement les propos de sa grand-mère. Le regard fiévreux, la novice déglutit difficilement. Elle ne voulait pas fermer les yeux. Elle ne voulait pas s’abandonner à nouveau à ces visions d’horreur, de cette réalité qu’elle avait vécu et ne voulait plus jamais revivre. Sa grand-mère semblait l’encourager en ce sens, pourtant. Trouver un peu de repos. Un peu d’énergie pour se nourrir plus tard. Pour mieux supporter la lumière du jour. Ce jour-là, la novice n’avala que quelques gorgées d’eau, données par sa Grand-Mère. Elle n’aurait rien pu avaler de plus. Dormit-elle ce jour-là ? Jamais Saerelys n’en eut la certitude. Parfois, il lui semblait perdre conscience quelques heures. Aussi, lorsqu’elle rouvrit les yeux, l’entièreté de sa demeure était silencieuse. Sans doute devait-il faire nuit.

Comme sa tête pouvait-être lourde.

Etait-ce des ombres qu’elle voyait bouger, non loin d’elle ?

Peut-être rêvait-elle toujours ?




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Ombre tu étais, ombre tu redeviendras.Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 1.

L’atmosphère était chargée d’une odeur de sang, de sueur et de poussière. Toussotant, Saerelys tentait de trouver là un peu d’air frais. Il fallait qu’elle trouve une solution à cet épineux problème. Il le fallait. Ces deux jeunes femmes ne tiendraient pas ainsi éternellement. Comme cette poutre semblait instable. A croire qu’il ne suffirait que d’un caprice du sol pour la faire céder. Ses tempes palpitaient, sous l’effet du sang qui affluait jusqu’à son cerveau. En contrebas, des grondements lugubres se faisaient entendre. La novice ne savait dire s’il s’agissait-là du sol qui préparait déjà un nouvel assaut, ou si ces vers maléfiques s’approchaient d’eux, rampant dans la roche, la creusant afin de se repaître de la chair des personnes qui avaient succombés, de celle des vivants qui tomberaient par malheur entre leurs crocs.

Alors, Saerelys ferma les yeux. Il fallait qu’elle réfléchisse. Qu’elle occulte quelques instants tout ce bruit, tout ce tumulte. Rester seule avec ses pensées. Rester seule avec elle-même. Sentir sa Magie crépiter dans ses veines. Visualiser tous les éléments qui se trouvaient à proximité. Les lier entre eux afin de trouver une solution. Il fallait qu’elle y arrive. Le sol trembla à nouveau. Juste quelques instants. Juste une poignée de secondes. C’était là tout ce dont elle avait besoin pour les sortir de cette périlleuse situation. Ensuite, elles pourraient remonter. Toutes les trois. Fuir cet enfer sur terre. Retrouver les bras de leurs familles, une étreinte maternelle ou fraternelle. Juste un peu de tendresse pour oublier cet affreux moment. Juste…

« Paratus es ? »

Saerelys ouvrit les yeux, les écarquillant. Un murmure. Il ne s’agissait-là que d’un murmure. Un murmure dans cette langue, si toutefois il était possible de parler de langue, que la jeune femme connaissait sans pouvoir la prononcer. Instinctivement. Viscéralement. L’une de ces langues qui semblait venir de l’au-delà, que tous les Mages entendaient au moins une fois dans leur vie. Une langue qu’ils entendaient tous alors que ça les enlaçaient, les emmenaient dans leur royaume pour la première fois, à la conquête de ce savoir si effrayant. Si obscur.

« Paratus es ? »

La voix, à moins qu’elles ne soient plusieurs mêlées en une, se fit plus insistante. Alors, le sol se déroba sous les pieds de la jeune femme. Cette dernière poussa un cri, un cri affreux. Le sol se rapprochait à une vitesse folle. Jamais elle ne pourrait se transformer. Jamais elle ne pourrait prendre son envol avant d’atteindre le sol. La voix continuait sa lugubre ritournelle. Encore et toujours. Inlassablement. Obstruant ses pensées, les noircissant, les enténébrant. Les mêmes syllabes, à défaut de pouvoir les comparer à des mots réels. Toujours semblables. Glaçantes, effroyables, dansant une curieuse valse dans ses pensées. Et le sol se rapprochait.

« Nonne tu es… »

Alors, Saerelys se réveilla en sursaut, laissant échapper un profond cri. Un cri réel, cruelle alliance du feu qui dévorait son dos, de celle qui parcourait ses bras et ses côtés ainsi que de ce cauchemar. Il faisait nuit noire. Noire comme de l’encre, car même les étoiles et la lune ne parvenaient pas à baigner sa chambre de leurs lueurs. Sa vision restait chancelante. Les ombres dansaient. Elles dansaient, ici et là. Elles dansaient. Et elle, elle gisait là. La chair et le sang de Riahenys ne pouvait même pas espérer bouger le petit doigt pour les chasser, pour se protéger de cette vision. Pour se protéger de ces horreurs. Si son esprit était embrumé, toujours noirci, envahi par ces voix, son instinct avait compris. Si Magie, si faible, ne pouvait cependant point répondre à son appel.

« Nonne tu es… »

Les ombres cessèrent leur danse. Il semblait à Saerelys qu’elles disparaissaient, petit à petit, comme aspirées par les murs, s’évaporant à leur contact. Tétanisée, terrorisée, la jeune femme resta immobile de longues minutes, de longues heures, hésitant même jusqu’à respirer. Son instinct savait. Son esprit, de plus en plus clair, savait. Sa Magie, frêle chandelle, savait aussi. L’atmosphère empestait le souffre. Personne n’était venu à son cri. Personne ne viendrait. Car elle-seule savait ce qui s’était produit, en cette nuit. La quatrième qu’elle vivait depuis son réveil. Depuis l’Effondrement. Elle était si faible. Si faible. C’en était écœurant. Car quelqu’un, ou plutôt quelque chose, était venu en ces lieux.

Et elle n’avait même pas pu le repousser.

Ce soir, elle n’avait pas rêvé.

Les ombres avaient bien dansé.




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Ombre tu étais, ombre tu redeviendras.Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 1.

Les ombres allaient revenir.

Cette certitude martelait le crâne de Saerelys, l’ayant empêché de trouver le sommeil trois nuits durant. Lui vrillait l’esprit. Esprit qui retrouvait petit à petit de sa vitalité, de sa vivacité. Ces plantes qu’elle se forçait à mastiquer, malgré leur caractère inébriant, ne parvenaient plus à la faire somnoler. Sans doute en auraient-elles étaient capables, dans d’autres circonstances. Car son propre corps luttait contre ces remèdes. Il luttait de toutes ses forces contre le sommeil, bien que ce dernier finissait toujours par reparaître. Souvent était-il sans rêve, la faute à des remèdes plus puissants que Saerelys prenait parfois. Le Mage qui veillait sur elle avait mis cela sur le compte de l’accoutumance que son corps avait développé au fil du temps, inconsciemment, à force d’en faire l’usage dans d’autres circonstances. La novice avait acquiescé à ses propos.

L’aurait-il cru, si elle avait osé parler ? Même elle n’était pas certaine de ce qu’elle avait aperçu, ce soir-là. Embrumé, abruti, son esprit aurait-il pu se méprendre ? Lorsque le soleil se trouvait au plus haut des cieux, lorsque que l’un de ses fins rayons se perdait dans l’entrebâillement d’un rideau mal tiré, Saerelys se surprenait à y songer. La nuit venue, elle était pourtant alerte. Son instinct lui soufflait le contraire. Que tout ce qu’elle avait perçu, ressenti dans chacun de ses os, était la plus simple des vérités. La plus dure, la plus abrupte également. Quelqu’un avait réussi à pénétrer dans sa tanière, indirectement, sans même qu’elle ne s’en aperçoive. Sans même que ces runes, latentes, dissimulées ici et là sur des murs ou des meubles, ne puissent l’empêcher de s’approcher. De presque frôler son visage. Sans alarmer quiconque d’autre qu’elle. Sans même qu’elle ne puisse s’en défendre, malgré le sang qui était le sien.

Avait-on profité de sa faiblesse ? Saerelys serra les mâchoires, pourtant ses mains sur ses tempes. Comme réfléchir pouvait lui être douloureux, par moments. Assise dans son lit, le dos calfeutré dans de nombreux coussins, la jeune femme ne pouvait que se rendre compte de la proie facile qu’elle était devenue. Une proie facile, prise au piège dans sa propre tanière. Dans cette demeure qu’elle pensait sûre. Qui avait bien pu agir ainsi ? Tromper sa vigilance ? Un membre du Collège ? Il y avait des moyens bien plus simples d’entrer en contact avec elle, si tel était le cas. La novice déglutit. S’il ne s’agissait pas d’un collègue, d’un comparse pouvait-il s’agir… Pouvait-il s’agir d’un Valyrien qui aurait découvert la Magie par un autre moyen ? Était-ce juste de l’ordre du possible ?  

« Paratus es ? »

Ces murmures. Saerelys se figea, scrutant avec la plus profonde des appréhensions cette pièce qui lui était pourtant si familière, lorsque le soleil était roi. Dans cette obscurité, qui n’avait rien de naturelle, tout était différent. Les ténèbres étaient comme déformées, douées d’une vie qui leur était propre. La jeune femme retint un cri, lorsqu’elle vit l’une d’elle s’approcher de ses jambes, les recroquevillant malgré la douleur qu’elle ressentait toujours au niveau des côtes. Et les murmures tournoyaient et valsaient toujours, se répercutant dans chacun des angles de la pièce. N’y tenant plus, la Riahenor plaqua ses mains sur ses oreilles, fermant les yeux, retenant les larmes qui y montaient. Mais cela ne suffisait pas. Car ces voix, sans doute était-elle la seule à pouvoir les entendre, à pouvoir les percevoir, créant comme des échos dans son propre crâne.

« Assez ! Assez ! »

Un cri mental. Car jamais sa voix n’aurait eu pareille puissance, encore éprouvée par les récents événements. Et les voix cessèrent. Etaient-elles intriguées par cette résistance impromptue, imprévue ? Alors, Saerelys rouvrit les yeux. Ces formes troubles, juste devant son lit. Juste devant elle. De simples ombres, dépourvues de visages, vaguement humanoïdes lui semblait-il. Il leur manquait cependant ce qui faisait toute l’Humanité d’une réelle âme. Car ce n’était que le froid qu’elles emportaient dans leur sillage. Etaient-elles capables de réellement l’observer, malgré leur absence de prunelles ? Qui pouvait bien se dissimuler derrière elles ?

« Paratus es ?
- Qui vous envoie ? demanda la jeune femme, sans pour autant ouvrir la bouche.
- Curiostias malum.
- Que me voulez-vous ? »

Les ombres s’étaient comme tues. Un cauchemar. Tout cela ne pouvait qu’être un cauchemar. Saerelys ne pouvait les quitter du regard. Sa Magie était bien trop faible pour les faire fuir. La jeune femme ne pouvait qu’en avoir conscience. Que se passerait-il si l’être derrière cette mascarade cherchait à s’en prendre à l’un des siens ? A Rhaelys, si jeune qu’elle ne pourrait même pas s’en défendre ? A Mère, encore trop affaiblie pour lutter contre elles ? La novice ne pouvait pas les quitter des yeux. Sous aucun prétexte. Cette personne était puissante. Son instinct ne pouvait se tromper à ce sujet.

« In altera tenebris lunam, revertar. Paratus es. Secretum. »

Alors, les ombres s’évaporèrent, comme la fumée d’une chandelle qui aurait été soufflée. Saerelys resta là un temps, toujours prostrée. De discrètes larmes coulaient du coin de ses paupières, glissant sur ses joues jusqu’à la pointe de son menton. La nouvelle lune. La prochaine était dans un mois. Un mois. Un mois à vivre avec cette crainte au ventre que ces créatures ne reviennent, ne s’en prennent aux siens sans même qu’elle ne puisse réagir si elle pensait à se dérober. Le pouvait-elle juste ? Cette personne… Cette personne avait mis à bas toutes ses défenses. Toutes ces murailles qu’elle pensait infranchissables.

« Saerelys ? »

La jeune femme sursauta, tournant la tête en direction de la porte de sa chambre. Le cœur battant la chamade, la novice ne s’apaisa que lorsqu’elle reconnut les traits de son jumeau, dans l’entrebâillement de la porte. Alors, le froid quitta ses membres, laissant place à une douce chaleur. Jamais Saerelys n’avait douté de la force du lien qui la liait toujours à son jumeau. Si la guerre n’avait pas pu le briser, rien d’autre n’y parviendrait. Sans doute avait-il ressenti sa détresse, comme elle avait déjà ressenti plusieurs fois la sienne par le passé ? Encore tremblante, la novice tendit un bras en direction de son jumeau. Sa gorge était comme nouée. Jamais elle n’aurait pu prononcer le moindre mot. A moins qu’il ne s’agisse d’un murmure.

« Reste… Aedar… Reste… Je… Je ne veux pas rester seule… Pas cette nuit… » murmura sa jumelle, plaintive.

Ni celle-ci, ni aucune autre. Dans cette nuit d’encre, elle avait besoin de son Soleil. Le seul qui pouvait briller nuit et jour sans faiblir. Le seul qui pouvait la protéger d’elle-même. Oublier, se perdre dans les bras de ce seul homme qui comptait à ses yeux. Saerelys ne souhaitait que cela. Ne pas songer à la prochaine nouvelle lune. Oublier, occulter ces ombres qui l’épiaient peut-être encore, veillant sur cette promesse qu’elle avait du leur faire, bien malgré elle. Qu’il avait été de son devoir de faire, pour protéger les siens, pour se protéger elle.

Une protection bien dérisoire.

Comme les ombres devaient rire d’elle…




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