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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Il fallait qu’elle la voit.

Telle était la seule pensée que Saerelys avait à l’esprit, alors que le Mage en charge de sa santé l’auscultait avec minutie. La première semaine après son réveil, l’homme passait une fois par jour. Ses visites s’étaient espacées depuis peu. Sans doute son état s’était-il amélioré. La jeune femme l’espérait. Assise dans sa couche, la novice l’observait alors qu’il appliquait un baume sur son bras gauche, se mordant l’intérieur d’une joue. La Riahenor connaissait l’homme. Le savoir à ses côtés l’avait même rassurée, à son réveil. Il était celui qui l’avait prise sous son aile, d’une certaine manière, au sujet de l’art de la guérison. Grand-Mère lui avait expliqué qu’il s’était présenté de lui-même, qu’il avait proposé ses services à la Dynastie, prenant à la fois soin de la mère et de la fille, toutes deux éprouvées et blessées par l’Effondrement.

« … Alors ? laissa finalement échapper la jeune femme, n’y tenant plus, craignant de découvrir un caprice de plus de son corps lésé.
- Les contusions de tes côtes ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir. Je laisse encore deux jours à ton corps avant de lui donner de l’aide à ce sujet, si le besoin s’en fait sentir. Le Mage se tut quelques instants, commença à bander son bras. Quant à tes bras, tu ne devrais bientôt plus y ressentir de la douleur. Plies les doigts, veux-tu ? »

Hochant la tête, la jeune femme s’exécuta, serrant la main du Mage dans la sienne. L’homme esquissa un sourire, déposant le bras de sa patiente sur la couverture qui lui couvrait tout le bas du corps. Finalement, l’homme trempa ses mains dans le récipient d’eau tout proche afin d’en ôter l’excédent de baume. Alors qu’il essuyait ses mains sur un morceau d’étoffe laissé à sa disposition, l’homme fronça les sourcils, découvrant juste à côté, un plateau encore chargé de quelques victuailles, certaines n’étant qu’à peine entamées.

« Novice, ne manges-tu donc pas ce qui t’es apporté ? s’enquit l’homme, la tête toujours tournée en direction du plateau.
- … Mon estomac me fait encore défaut. avoua l’intéressée sans détour, penaude.
- Il faudra que cela change, novice. Ton corps ne se remettra que mieux si tu lui offres davantage d’énergie. L’homme se tut à nouveau, se massant légèrement les tempes durant quelques secondes. Voilà ce que je te propose. Laisse-moi te faire apporter de la nourriture quand tu seras installée. La portion sera de petite taille. Il te faudra la manger dans l’heure.
- Installée ? répéta Saerelys, les sourcils froncés.
- Il m’a été rapporté que tu souhaitais voir dame ta Mère. répondit doucement le Mage. Je n’aies plus de raison de m’y opposer. Son état est stable bien qu’il lui… »

L’homme fut coupé dans son élan, Saerelys l’enlaçant précipitamment. Que les Dieux soient loués ! Quatorze fois loués ! Cela faisait des jours qu’elle attendait pareille nouvelle. Sa Mère. Elle l’avait cru morte, alors qu’elle retrouvait les vivants, alors qu’elle et Elaena sortaient de cet enfer. Dame Riahenor s’était interposée entre les wyrms et les dragons, sauvant les plus jeunes d’entre eux. Dame Riahenor s’était faite dévorée par un wyrm. Tels avaient été les mots qui lui étaient parvenus avant que son épuisement n’ait raison d’elle. Dès son réveil, la jeune femme l’avait réclamée. Elle avait réclamé sa tendresse. Elle avait réclamé sa présence rassurante, maternelle. De toutes ses maigres forces. On l’avait recouchée, Grand-Mère venant à sa rencontre. Mère vivait. Mère vivait, affaiblie. Mais Mère vivait. On s’échinait à la rétablir, à s’assurer que Balerion ne viendrait pas la saisir dans ses serres.

Les nouvelles s’étaient faites rares, après son premier réveil. Quelques mots à peine. Jamais le Mage n’en avait dit plus. Sans doute craignait-il que l’état de son autre patiente ne soit pas stable ? Par fidélité, par respect envers son élève avait-il préféré ne point lui mentir, plutôt se taire ? Aedar, tout fraternel était-il avec elle, n’avait pu lui en dire plus. Car il n’en savait pas plus qu’elle. Mère était stable. Voilà tout ce que la jeune femme avait besoin d’entendre. Qu’importe que son dos lui semble encore chaud. Qu’importe ses côtes ou ses bras douloureux. Qu’importe tout cela. Mère était stable. Mère vivrait.

« Dame Riahenor est stable, novice. reprit le Mage, repoussant doucement sa patiente. Il lui faut cependant encore du repos. De beaucoup de repos. Tout comme toi. Tu devras restée couchée, comme elle. Elle ne devra être dérangée sous aucun prétexte. J’ai fait venir deux serviteurs, avec une civière. Ils te porteront jusqu’à elle. Tu y resteras pour le moment. Je reviendrai l’ausculter à la fin de la journée. Là, tu repartiras avec moi. Ce sont là mes conditions. »

Vivement, Saerelys hocha la tête, au point que cette dernière lui tourna quelques instants par la suite. Ce n’était pas encore cette semaine qu’elle repartirait à la conquête du Collège. Il s’agissait là d’un accord, d’une alliance, d’un marché convenable. Le Mage fit entrer le brancard, l’aidant à s’y installer aussi confortablement. Saerelys ne garda avec qu’elle qu’une longue pièce d’étoffe, qui lui ferait office de couverture durant ce cours trajet. Il s’agissait-là de l’une des capes d’Aedar. Souvent apeurée dans l’ombre, de leur danse, la jeune femme ne trouvait l’apaisement que dans les bras de son Soleil. Le seul à pouvoir éclairer ses nuits en toutes circonstances. Aussi avait-elle fini par conserver ce vêtement, en son absence, bien que les ombres n’étaient jamais reparues. Un acte digne d’une simple idylle, d’un simple béguin. Et pourtant comme la jeune femme pouvait en avoir besoin…

Le voyage ne dura que quelques instants. Bientôt, la jeune femme se retrouva dans une pièce doucement ombragée. Une pièce dont l’atmosphère était envahie de ces effluves, de ces fantômes, de plantes médicinales et de baumes. Des odeurs que Saerelys ne connaissait que trop bien. Des odeurs davantage liées à la vie qu’à la mort, dans une telle situation. Que les Mages ne s’évertuaient pas à soigner une personne déjà mourante. Tout juste pouvaient-ils apaiser ses souffrances. Un ballet d’odeurs qui ne pouvaient que rassurer la novice, habituée à leur usage, à leur signification. Les deux serviteurs s’arrêtèrent au niveau du lit partagé en temps normal par ses parents. Alors, la jeune femme retint son souffle.

Mère se trouvait là. Somnolente. La respiration douce, mais présente. Vivante. Elle était vivante. Comme pour s’en assurer, Saerelys s’appuya sur ses coudes, se redressant. Une grimace déforma ses traits, la faute à ses côtes et son dos encore douloureux. Le Mage la força à se recoucher dans la civière, faisant signe aux serviteurs de rapprocher la civière du lit de son autre patiente. Ceci fait, il guida son élève hors de la civière, l’installant comme il se devait sur la couche de sa mère, l’aidant à s’asseoir, le dos contre plusieurs coussins afin de limiter les douleurs ressenties par sa plus jeune patiente.

Instinctivement, la novice s’enveloppa dans la cape de son frère. D’un léger signe de la main, le Mage la salua, avant de quitter la pièce en compagnie des deux serviteurs et de la civière. Prudente, Saerelys regarda tout autour d’elle, se recroquevillant légèrement sur elle-même, craignant de voir les ombres s’animaient. Une minute passa. Puis une autre. Rien ne se produisait. Alors, la jeune femme s’autorisa à reprendre son souffle, à laisser échapper un soupir. Son regard améthyste se posa alors sur sa mère. A nouveau, l’air lui manqua quelques instants. Une boule s’était comme formée dans sa gorge en un battement de cœur à peine. Ses yeux semblaient lui brûler, la faute à des larmes qu’elle retenait à grand peine. Elle était bien là. Bien vivante.

« … Mè… Mère ? » tenta doucement Saerelys, bredouillante.

Délicatement, la jeune femme avait déposé sa main sur l’épaule de sa mère, la secouant avec la plus infinie des douceurs. Ne pas déranger sa patiente. Saerelys se souvenait parfaitement des termes du contrat qu’elle avait noué avec le Mage. Mais elle devait s’assurer que ses yeux ne la trompaient pas. Que les visions d’horreur qui avaient été les siennes, de voir sa mère dévorée sous ses propres yeux dans ses pires cauchemars, n’étaient qu’oniriques. Que le signe de son esprit encore affaibli. Il fallait qu’elle s’en assure.

« Mère… C’est… C’est… C’est moi… Saerelys… Es… Es-tu là ? »

Réponds, je t’en supplie. Réponds. Telles étaient les pensées de la jeune femme. Les larmes étaient désormais bien présentes. Saerelys ne pouvait pas les contenir. Ses entrailles étaient comme nouées. Son cœur, pris en étau. Était-elle dans l’un de ses cauchemars sans même s’en rendre compte ? A cette pensée, ses larmes se firent plus nombreuses. De sa main libre, Saerelys resserra la cape de son jumeau autour d’elle, humant son odeur, allant jusqu’à essuyer ses joues humides à l’aide de l’étoffe. Il ne fallait pas qu’elle la laisse seule. Sa Mère n’en avait pas le droit. Ni maintenant. Ni jamais.




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2

La peur. La dévastation. La douleur. Vaelya se rapprochait de Maehra avec une prudence aussi bien induite par son esprit que par cette jambe qui pouvait à tout moment lui faire défaut. Sa vision était trouble, les larmes coulaient sur ses joues tant la douleur était insupportable et les rugissements poussés par sa dragonne continuaient à lui vriller les oreilles avec force, rendant ainsi pénible toute réflexion. Il lui semblait que plus aucune flèche ne s’abattait autours d’elle, agrandissant de ce fait ses chances de survie, mais si elle ne gagnait pas rapidement le dos de sa compagne d’écailles elle serait perdue. Elle tenta une nouvelle fois de lui signaler sa présence, de la faire venir à elle mais ce fut vain car ce fut avec horreur qu’elle la vit s’éloigner en quête d’un nouvel adversaire. Elle senti son cœur se serrer en même temps que sa détermination à quitter les lieux s’amenuisait, épuisée elle cessa de se traîner vers sa dragonne et se laissa gésir sur le flanc.

Perdue. Elle avait tout tenté pour sortir Maehra de cette dévastatrice folie protectrice, pour sauver les dragonneaux, si elle avait échoué pour cette première partie elle espérait que le Bellarys avait quant à lui réussit cette mission qu’ils s’étaient arrogés. Elle accorda un regard à cette jambe attaquée par le wyrm. Face à cette vision de chair sanguinolente, cette plaie béante qui laissait entrevoir son contenu, Vaelya senti son estomac se retourner et elle senti la bile remonter le long de sa gorge pour venir envahir sa bouche de son goût acide et âpre. Le cœur battant, fatiguant considérablement à mesure que le feu qui brûlait en elle s’estompait, elle détourna les yeux et se mit à chercher désespérément sa dragonne du regard. Elle ignora combien de temps s’écoula mais Maehra finit par revenir à elle, ployant ses puissants membres non loin de la dynaste. Cette dernière puisa dans ses dernières forces pour se relever et grimper sur le dos de la dragonne, une manœuvre fort éprouvante pour Vaelya qui dû user de ses deux jambes pour se hisser.

Le salut. Enfin la matriarche des Riahenor se trouvait sur le dos de l’enfant d’Aegarax, enfin elles purent s’élever dans les airs pour quitter cette fournaise de purgatoire pour rejoindre ceux qui seraient à même de lui porter secours. Fatigue. Vaelya se sentait perdre de plus en plus de force et elle commençait à perdre sa prise tandis que sa vision continuait à se brouiller. Un soubresaut et elle se sentit glisser peu à peu jusqu’à ce que tout prise soit définitivement perdue. Elle tomba. La chute lui sembla interminable alors que voyait le poitrail de Maehra s’étrécir dans son champ de vision mais dans le même temps elle heurta si rapidement le sol sablonneux. Mère. Elle ne sut réellement si cette pensée lui appartenait. Saerelys, songea-t-elle alors que pour toute dernière vision elle vit les gueules des wyrms se jeter sur elle.


L’air fut aspiré brusquement dans les poumons de Vaelya alors que cette dernière s’éveillait dans un sursaut qui lui arracha une larme de douleur. Ses paupières s’ouvrirent tout aussi abruptement pour découvrir un environnement ombragé à la fois si familier et si froid. Des évènements survenus à Fosse-Dragon, seul le souvenir de ce qu’elle avait fait était gravé dans son esprit et pour ce qui était survenu après qu’elle eut quitté le sol jonché de cadavres en tout genre, il n’y avait qu’un épais brouillard qui l’empêchait de se remémorer quoi que ce soit de plus. Elle ignorait combien de temps s’était écoulé mais à chaque fois qu’elle se laissait tomber dans les bras de l’inconscience, aidée par les potions calmantes données par les mages, elle n’était hantée que par la douleur et les mâchoires acérées de ces viles créatures souterraines. Jamais elle n’atteignait l’endroit sûr occupé par les rescapés. Jamais. L’antique force de son ancêtre Riahenys avait su prendre possession d’elle, les dieux semblaient l’avoir empêchée de connaître le trépas mais perdue dans les limbes de l’inconscience jamais elle ne retrouvait les murs du palais.

Peu à peu Vaelya reprenait conscience de son environnement. Elle était étendue sur son lit, dans ses appartements, en sécurité mais il y avait ce poids, aussi léger et puissant soit-il, sur son épaule. Elle se figea, son cœur manquant un battement. Rêvait-elle encore ? Une larme perla sur sa joue. La peur s’empara vivement d’elle alors que sa respiration s’accélérait. Était-elle finalement dans l’antre de Balerion et soumise à une obscure épreuve menée par la déité ? Elle se risqua à tourner la tête sur le côté, craignant voir une nouvelle fois cette face immonde avide de chair et soudain sa respiration se coupa. Saerelys. Sa chère enfant. Ce n’était pas un monstre qui lui était envoyé pour la mettre à l’épreuve mais il s’agissait bien de son aînée qui se trouvait près d’elle. L’horreur prit le relais de la peur. Etaient-elles toutes deux sur les terres du dieu de la Mort ou étaient-elles bien vivantes ? Lentement leva un bras pour venir prendre cette main posée sur son épaule, pour s'assurer que tout cela soit bien réel.

- Saerelys ? demanda-t-elle d’une voix éraillée avant que les sanglots ne l’emportent.



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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Mère semblait fiévreuse, agitée dans un sommeil factice. Doucement, Saerelys tendit son autre main dans sa direction, voulant la poser sur son front. La jeune femme n’en eut pas le temps, cependant. Car sa mère sortit d’un coup d’un seul de sa torpeur. Surprise, la novice écarta son autre main, gardant la première bien ancrée sur l’épaule de la matriarche. Une seconde s’écoula. Puis une nouvelle. Nul ne parla. L’envie ne manquait pourtant pas à la plus jeune des Riahenor. Les mots existaient mais étaient comme bloqués dans sa gorge, pris dans un étau qu’elle ne parvenait pas à défaire. Plusieurs fois, Saerelys voulut ouvrir la bouche, pour finalement s’abstenir. Sans doute laisserait-elle de nouvelles larmes lui échapper, si elle prononçait le moindre mot à cet instant.

Alors, Vaelya tendit son bras en direction de sa main. Cette même main qui serrait toujours son épaule. Mère était vivante. Affaiblie, mais vivante. Et pourtant, Saerelys eut toutes les peines du monde à lâcher son épaule. Et si tout cela n’était qu’un songe ? Et si ce seul point d’ancrage lui permettait de rester ici ? Mais Mère ne devait pas bouger de trop. Le Mage avait été des plus clairs, à ce sujet. L’une de ces créatures des bas-fonds l’avait saisie par la jambe, essayant de l’entraîner jusqu’à sa tanière, disait-on. Une jambe qui avait été sauvée de justesse mais qui prendrait encore du temps pour retrouver pleinement son amplitude de mouvements. Alors, la jeune femme se laissa glisser sur le matelas, ignorant la douleur qui inondait son dos. Sa main quitta finalement l’épaule de sa mère, rejoignant sa main tendue.

« Je… Je… Je suis… Je suis là, Mère… chuchota la jeune femme, retenant difficilement ses larmes. Ne ple… Ne pleure pas… S’il te plaît… Je… Je vais bien… Juste quelques contusions. Saerelys se tut, épongeant ses quelques larmes à l’aide de l’étoffe qui la couvrait toujours. Ne… Ne bouge pas. Tu dois te reposer. »

Délicatement, Saerelys se saisit de la couverture qui recouvrait sa mère de sa main libre, la remontant légèrement afin de la replacer correctement. Une personne blessée, malade ou affaiblie perdait plus facilement en chaleur et en vigueur qu’une personne bien portante. En médecine, tout n’était question que d’équilibre. Une trop forte fièvre pouvait tuer, au même titre qu’un froid trop intense. Serrant son autre main autour de celle de sa mère, la jeune femme se força à sourire. Sa joie était réelle. La douleur l’était tout autant, l’empêchant de sourire de bon cœur comme elle souhaitait pourtant si ardemment le faire. La novice attendait ce moment depuis son réveil. Depuis que Grand-Mère lui avait assuré que Mère vivrait, que ce qu’elle avait entendu avant de défaillir n’était qu’un mensonge, une réalité déformée par des personnes à l’esprit échauffé.

« J’ai la permission de rester avec toi, Mère. reprit finalement Saerelys, ravalant ses sanglots. Il y a une semaine, je ne pouvais pas encore me lever. Mais maintenant, rien ne m’empêche de venir à ton chevet. Comme ses yeux pouvaient lui brûler, la faute à ces larmes qu’elle peinait encore à retenir. J’ai… J’ai entendu dire que… Que… De nouvelles larmes s’écoulaient sur ses joues sans qu’elle ne puisse les retenir. Nous… Nous sommes tombées. La Magie… Elaena… A proposé l’idée… Je pense que… Je pense que nous… Nous sommes vivantes grâce à elle… Mais… Mais j’étais épuisée, Mère. Si épuisée que je me suis effondrée… Tout le monde te pensait morte, Mère. Tout le monde. Moi… Moi aussi… »

Les mots s’emmêlaient dans ses pensées, la faute au chagrin, à cette atmosphère assommante de plantes médicines qui imprégnait l’air. Alors, Saerelys préféra se taire, posant délicatement sa tête contre l’épaule de sa mère. Comme elle aurait voulu venir chercher refuge dans le creux de ses bras. Mais il ne fallait pas que sa mère bouge, sous peine de rouvrir des plaies difficilement reformées ou de léser des muscles déjà distendus. Sa fille ne pouvait qu’imaginer la douleur que tout cela représentait. Si seulement elle était plus forte. Peut-être aurait-elle pu apaiser ses maux. Mais toute Magie semblait l’avoir quittée. Même les auras ne lui parvenaient plus que de manière atténuée. Une faiblesse écœurante. Tel était le sang de Riahenys à cet instant. Epuisé, mais vivant. Alors, Saerelys laissa échapper un léger soupir, mêlant contentement et dépit. Vivantes. Elles l’étaient toutes les deux.

Blessées, brisées, mais vivantes.




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2

Le réveil. Si durant son rêve ou plutôt ce cauchemar qui se répétait inlassablement avec la même terrible issue Vaelya n’éprouvait que des sentiments ou cette sensation que son cœur cessait de battre lorsqu’elle tombait du dos de son dragon, quand elle était en pleine possession de ses capacité psychiques la douleur prenait le pas. Les potions faisaient leur œuvre efficacement mais lorsque leurs effets s’estompaient la douleur redevenait insupportable, lancinante des heures durant. La dynaste sentait son sang pulser dans ses veines qui avaient été mises à l’épreuve par la terrible force de la mâchoire du wyrm. Cette jambe qui était la sienne lui semblait par moment n’être qu’un membre qui ne lui appartenait pas, peut-être était-ce la fièvre qui amenait son esprit à conjecturer ainsi mais c’était une sensation dont elle n’arrivait pas à se détacher.

La peur. Ce fut ce qui assaillit Vaelya lorsqu’elle eut l’esprit suffisamment clair pour comprendre que quelque chose serrait son épaule. Paniquer ne servirait probablement à rien d’autre qu’à la blesser et saper de ce fait l’œuvre des mages qui avaient semble-t-il réussit de justesse à sauver sa jambe. Si un wyrm avait réussi à s’introduire au sein du palais pour venir la chercher, il ne tarderait à appeler ses frères et sœurs pour se repaître des Riahenor. Ce serait ainsi la fin des descendants de la grande Riahenys, un évènement dont le vainqueur entre la joie et les pleurs était à la fois certain comme indéterminable. Lorsqu’elle reprit une inspiration, elle tenta de conserver un semblant de calme mais elle pouvait sentir à quel point sa poitrine se soulevait rapidement. Elle leva un bras pour venir saisir ce qui la tenait et lorsqu’elle senti qu’il s’agissait d’une douce main qui revenait rejoindre la main qu’elle tendait, le nom qu’elle prononça fut poussé par l’instinct avant que des sanglots ne viennent s’emparer d’elle.

Saerelys. Par les Quatorze, elle était bien en vie et la matriarche n’était point en la demeure de Balerion. Les yeux embués de larmes, Vaelya tourna la tête sur le côté pour s’assurer que tout était bien réel. Son regard se posa alors sur un visage aussi connu que chéri de tout son cœur, pâle et fatigué, son aînée était bien à ses côtés. Cette dernière chuchota, tâchant de s’exprimer du mieux qu’elle pouvait avec ces larmes qui l’assaillaient. Ne pleure pas, ma fille. Qu’est-ce qu’elle n’aimait pas voir la peine assaillir ses enfants, une visons qu’elle s’attelait toujours à faire disparaître. Des contusions ? Vaelya écarquilla légèrement les yeux avant que son enfant ne lui dise de ne pas bouger, de reposer. Elle détourna la tête alors que Saerelys venait remonter la couverture pour la replacer correctement, un soupir douloureux quitta sa bouche alors qu’un frisson parcourait son échine.

- Merci, eut-elle le temps de murmurer avant que Saerelys ne reprenne la parole. Lorsqu’elle aborda non seulement le fait qu’elle venait d’obtenir la permission de rester à ses côtés mais aussi la durée qui venait de s’écouler, Vaelya tourna immédiatement la tête vers son enfant. Une semaine. Cela avait paru si longtemps malgré les périodes où elle dormait… Délicatement, doucement, alors qu’elle voyait son aînée continuer à être en proie aux larmes, la Riahenor vint porter sa main jusqu’à sa joue. Mais la suite des paroles qui lui parvinrent… le cœur de la matriarche se serra en même temps que ses doigts se serraient autours de la main de Saerelys. Ainsi donc elle n’avait pas été épargnée par les événements, que s’était-il passé dans le reste de la ville ? Elle écouta ce que son enfant lui expliquait. Une pensée fut adressée aux dieux pour les remercier d’avoir mis la jeune Tergaryon sur le chemin de sa fille puis une seconde concerna cette maîtrise magique dont Saerelys faisait preuve.

- Vous vous êtes complétées pour survivre… Je… Morte. On l’avait pensé morte. A juste titre probablement tant elle avait été guidée par la détermination et qui avait pu s’apparenter à de l’inconscience. Elle se revit jeter les pierres sur les wyrms qui encerclaient les dragonneaux, pour en attirer ne serait-ce qu’un. Saerelys vint poser sa tête contre l’épaule de Vaelya qui lui donna un baiser avant de relâcher sa main pour tenter maladroitement de venir lui caresser le front. Je ne suis pas morte. Aussi bien doute persistant qu’une affirmation pour les rassurer. Que s’est-il passé ? Mon lien avec Maehra, je n’ai jamais ressenti ça et elle ne m’écoutait pas…




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Parmi les quelques larmes qui coulaient sur ses joues, Saerelys esquissa un sourire. Si elle était encore bien en peine pour garder ses idées claires dans certains cas, elle restait celle qui avait le plus d’amplitude de mouvements, dans les faits. Aussi était-ce de son devoir de veiller sur sa mère, bien que cette dernière ne fût pas l’une de ses patientes. Veiller sur sa mère. Instinctivement, la novice jeta un regard en direction du reste de la pièce. Elles n’étaient pas là. Du moins, c’était bien là le ressenti que Saerelys éprouvait. A moins que ces ombres ne soient tapies dans un coin de la pièce, latentes ? A son grand désarroi, la jeune femme ne pouvait que se rendre compte de la faiblesse de ses connaissances, à ce sujet. Faire danser sa propre ombre n’avait pas été un problème, durant sa Grande Epreuve. Savoir qu’une autre personne était capable d’en invoquer plusieurs, de les envoyer la quérir jusque dans sa propre demeure… Saerelys réprima un frisson. Si seulement les Riahenor comportaient davantage de Mages. Seule, que pouvait-elle faire pour protéger les siens des passions et de la convoitise de cet Être dont elle ne connaissait même pas le nom ? Faible. Tel était le terme qui la caractérisait. Faible et sans défense. Des faits envers lesquels la descendante de Riahenys ne nourrissant qu’exécration.

« Complétées, sans doute est-ce le terme juste. murmura la jeune femme. Je lui dois bien plus qu’une main secourable, je pense. »

Doucement, Saerelys hocha la tête. Si Elaena ne l’avait pas rattrapée, ce jour-là, sans doute ne serait-elle plus de ce monde pour relater ces événements dont elle avait été la témoin. Et quant bien même aurait-elle trouvé une quelconque prise pour s’accorder quelques instants de répit, la novice n’aurait jamais trouvé la force d’user à nouveau sa Magie. Car, parmi toutes ces contusions qui lui barraient, lui bleuissaient les bras, certaines n’étaient pas dues à un choc extérieur. En cela, la jeune femme nourrissait comme une certitude. Cette poutre, qu’elle avait soulevé avec son comparse par la seule force de leurs énergies conjointes avait aussi reposé sur ses bras d’une certaine manière. En résultèrent des veines éclatées, des muscles quelque peu distendus. Si Elaena ne l’avait pas convaincue, ces douleurs et la faiblesse qui lui faisait déjà tourner la tête à cet instant auraient eu raison d’elle.

« Que les Dieux soient quatorze fois loués pour t’avoir permis de rester parmi nous, Mère. Déjà, de nouvelles larmes lui montaient aux yeux. Des larmes que Saerelys effaça vite, d’un mouvement de main. Le Mage m’a confié que tu pourrais remarcher, une fois que ta blessure aura bien cicatrisé. La jeune femme se tut. Peut-être même pourras-tu danser, un jour prochain ? La novice secoua doucement la tête. Pardonne-moi, je m’emporte. Chaque chose en son temps. Pour le moment, il nous faut soigner cette vilaine morsure. Tu peux avoir confiance dans le Mage qui est venu nous proposer ses services. J’officie souvent avec lui. C’est un homme bon et doué. »

Saerelys ferma les yeux quelques instants, alors que sa mère lui offrait un baiser. Quelques secondes d’harmonie au milieu de ce trouble, de cette douleur, dans cette atmosphère chargée en odeurs de plantes médicinales. Comme la tentation était grande, d’aider par elle-même au prompt rétablissement de sa mère. Hélas, du feu qui animait ses veines à chaque jour qui passait, il ne restait là qu’une flammèche. Une flammèche chancelante, qui demandait davantage de bois pour survivre, qu’elle n’offrait de chaleur. Saerelys déglutit, rouvrant les yeux, ravalant ce goût de fiel qui lui avait envahi la bouche et la gorge. Il lui faudrait remettre les siens entre d’autres mains, priant pour que les Dieux, dans leur grande mansuétude, leur accordent quelques instants de calme et de répit.

« Je ne peux que te rapporter les propos de d’autres personnes. avoua Saerelys, dont les traits s’étaient faits plus graves. Nul ne saurait dire la raison de l’effondrement de la place où je me trouvai, avec bien d’autres pauvres âmes… Mealys m’a confié que certains Mages s’intéressaient au phénomène, afin de mieux en saisir les causes et d’éviter qu’il ne puisse se reproduire. Hélas, pour le moment, personne ne semble savoir si les wyrms sont à l’origine de tout cela ou si l’effondrement les auraient sorties de leur torpeur, les menant à s’attaquer à nous et à nos dragons… »

Saerelys devait avouer qu’elle n’avait guère eut le temps de s’interroger sur les nouvelles que sa mentor avait pu lui porter de l’extérieur. Son esprit se laissait languir, encore alourdi par quelques remèdes, par son sommeil agité également. En d’autres circonstances, la novice n’aurait guère eu le temps de se laisser embéguiner. On disait qu’il s’agissait-là d’un fléau des Dieux, d’une punition pour leur hybris. Les plus extrêmes pensaient également que l’idolâtrie de certains envers d’autres déités étaient à l’origine de ce malheur. Saerelys prit délicatement la main que sa mère tendait dans sa direction dans la sienne. La jeune femme ne savait pas encore quoi penser de tout cela. Le sous-sol de Valyria était en grande partie creux, c’était là un fait. Il était déjà arrivé de voir quelques demeures se retrouver absorbées par le sol, la faute à ce vide. Mais ce phénomène avait été d’une toute autre ampleur… Si seulement sa tête n’était pas aussi lourde… Sans doute aurait-elle pu y réfléchir davantage.

« La panique autour de Fosse-Dragon m’a été décrite par certains de mes camarades… La jeune femme sentit un frisson la parcourir. Maehra se porte pour le mieux, je peux cependant te l’assurer. Si je n’ai pas pu m’en rendre compte par moi-même, Aelys a veillé sur elle et à ce qu’elle se remette de ses émotions et de ses blessures, avec certains de nos cousins. La voix de la jeune femme s’était faite plus songeuse. Elle leur a parfois semblé léthargique, il est vrai. Je suppose qu’elle ressentait ton mal, d’une certaine manière. »

Cela faisait bien des années que Saerelys avait perdu son dragon. Son frère, à moins qu’il n’ait s’agit d’une sœur, d’âme était peut-être encore en vie, à l’heure actuelle. De retour à l’état sauvage, sans aucun souvenir d’elle, peut-être. Malgré cela, la novice restait une Riahenor. Le sang des premiers Seigneurs Dragons et des premières Dames Dragon coulait dans ses veines. Aussi n’avait-elle pas pu oublier tous ces enseignements, toutes ces traditions, tous ces secrets qui étaient les leurs. Les dragons se liaient à leur Dynastie, comme dans bien d’autres familles, par le feu. Un lien puissant, qui ne semblait qu’à peine s’atténuer avec la distance. La clef de cette panique se trouvait-elle à cet endroit ?

« Nos dragons sont nos doubles, nos frères et nos sœurs de feu et d’écailles… reprit finalement Saerelys. Penses-tu qu’il serait possible que notre propre peur leur soit parvenue ? La novice se tut, dégageant délicatement le front de sa mère d’une mèche rebelle. Si tel est le cas, le mieux serait que tu retrouves au plus vite Maehra. Quand tu seras rétablie, nous trouverons un moyen de t’amener jusqu’à elle. »

Maehra était inquiète, fébrile. Les Riahenor qui prenaient soin d’elle n’avait pas manqué de le remarquer, de lui en faire part en venant lui rendre visite. Serait-ce ces plantes, présentes dans les décoctions que buvait sa mère, qui troublaient indirectement ses humeurs ? A moins que cela ne soit dû à la Magie que le Mage avait usé afin de sauver la jambe de la matriarche ? La bibliothèque des Riahenor, ou celle du Collège, lui apporteraient peut-être des réponses, à ce sujet.




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2

Être hantée de la sorte par toutes ces images d’horreur était sans fin et tout cela était si épuisant. Vaelya ignorait totalement si son esprit finirait par être en paix, permettant ainsi au repos de pouvoir venir l’enlacer avec une douceur maternelle qu’une partie d’elle souhaitait ardemment. Mère… Elle ignorait totalement à quel point Daela pouvait être affectée par la situation dans laquelle son enfant se trouvait. A quel point était-elle inquiète ? L’avait-elle cru morte, emportée par cette affreuse morsure causée par le wyrm ? Combien de fois était-elle venue la voir alors qu’elle était inconsciente, ou du moins tenté de la voir ? Un simple geste de tendresse de sa mère satisferait tant la Riahenor. Mais le temps n’était pas au rêve, il fallait se centrer sur l’instant présent car à ses côtés se tenait sa propre chair qui avait aussi échappé à une mort certaine.

Elaena Tergaryon. Le nom flotta momentanément dans son esprit, dès qu’elle le pourrait elle ferait parvenir une missive à la jeune femme pour la remercier. Elle ne doutait pas des capacités de Saerelys, loin de là, mais l’issue aurait pu lui être fatale si elle n’avait pas eu une amie auprès d’elle pour l’épauler. Elles s’étaient complétées afin de se tirer de ce mauvais pas et c’était pour le mieux.  

- La courage de Riahenys m’a portée tout le long de cette épreuve…

Répondit-elle tout d’abord dans un murmure avant de serrer les mâchoires. Marcher. Danser. Deux activités qui semblaient bien éloignées en cet instant alors que la morsure n’avait pas encore cicatrisé. Elle ferma les yeux quelques instants alors qu’elle cessait de caresser du bout des doigts le front de Saerelys pour venir simplement poser sa joue contre sa tête puis elle prit une profonde inspiration. Elle pouvait vouer une confiance aveugle au mage qui était venu proposer ses services ? Ainsi soit-il.

- Je prie les Quatorze une réponse soit trouvée dans les plus brefs délais, ces créatures ne peuvent revenir.

Il fallait effectivement trouver la raison pour laquelle ces monstres étaient sortis des entrailles de la terre afin d’éviter à tout prix que cela se reproduise dans les jours prochains. Ils s’en étaient tous sortis, plus ou moins, la première fois mais la seconde ne serait pas des plus heureuses, elle en était certaine. La question de son lien avec sa sœur d’écailles lui était tout aussi importante tant elle avait pu être frappée jusque dans ses os par ces puissants sentiments que la dragonne avait éprouvé à ce moment-là dans Fosse-Dragon.

Vaelya tendit le bras pour venir saisir la main de Saerelys et cette dernière l’aida en venant saisir délicatement sa main que la mère serra doucement. Un contact presque salvateur face au souvenir de son cauchemar qui restait encore vivace dans son esprit épuisé. Elle écouta attentivement la réponse de la jeune femme et un soupir de soulagement s’échappa de sa bouche lorsqu’elle entendit cette si bonne nouvelle concernant Maehra et savoir qu’Aelys avait veillé sur elle pendant sa convalescence lui fit chaud au cœur.

- Je l’ignore, si tu ne trouves rien dans notre bibliothèque ou au Collège, les Vaekaron sont probablement les plus à même de nous fournir des réponses. J’ai été submergée par sa rage, sa douleur, son farouche instinct maternel qui lui dictait de protéger coûte que coûte les petits. J’ignore totalement si nous pouvions mutuellement ressentir nos émotions mais ce qui est certain c’est que je n’ai pu communiquer avec elle par notre lien. Un soupir douloureux s’échappa cette fois de la bouche de Vaelya alors que son esprit repensait encore à cette intense douleur qui lui avait aussi bien brouillé l’esprit que la vision, toutes ces émotions qui l’avaient frappée avec une force sans commune mesure. Pourquoi ? Elle espérait qu’il existait une réponse à cette question et que rien n’avait été brisé entre elle et Maehra. Rhaelys…tes frères et tes sœurs, sais-tu comment ils se portent ? Et Mère ?... Je n’ose imaginer les pensées de ton père… dit-elle, enchaînant les questions avec rapidité animée par l’inquiétude avant que sa voix ne se brise de tristesse. Maegon.



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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Aux mots de sa mère, Saerelys ne put qu’acquiescer, silencieuse. Ce caprice du destin avait failli leur coûter la vie, à elles-deux. A Elaena. A Maehra. Et à bien d’autres personnes encore. Qu’étaient devenues ces deux jeunes femmes qu’elles avaient sauvé de cette gueule béante ? Avaient-elles trouvé un peu de repos, de réconfort, de tendresse dans les bras des leurs ? Allaient-elles bien ? La jeune femme ne pouvait que l’espérer. Il lui semblait que sa mémoire était parsemée de petites déchirures, ici et là. Elle se souvenait de s’être retrouvée pendue dans le vide, retenue par la seule force d’Elaena. Elle se souvenait de ces deux jeunes femmes, et de ce Mage qui l’avait aidée à retenir cette poutre le temps de les sauver. Le reste était cependant bien plus trouble, brumeux. Partir à la conquête de ses propres souvenirs, telle était le résultat de cette cruelle alliance de sentiments.

« Le danger est loin d’être écarté, il est vrai. murmura Saerelys. Au moins s’est-il apaisé en partie. Les wyrms ne semblent plus faire parler d’eux, du moins, pour ce qui est des nouvelles qui sont parvenues jusqu’à mes oreilles. Que les Quatorze aient pitié de nous et nous épargnent le retour d’un tel fléau. »

Aedar, Aelys et Gaelor lui portaient souvent des nouvelles de l’extérieur, quand ce n’était pas Mealys qui se chargeait d’une telle besogne. Kaerys, dont la novice ne pouvait que reconnaître la fidélité, était venue à sa rencontre, voulant s’assurer de ses yeux qu’elle n’avait pas succombé. Quelques attaques avaient eu lieu, selon leurs dires. Discrètes, rapides. Des individus isolés, sans doute. Mages comme soldats travaillaient à la résolution de ce problème, Saerelys n’avait que peu de doutes à ce sujet. Ces wyrms étaient des animaux, ni plus, ni moins. Tant que le sol ne se serait pas apaisé totalement, qu’ils n’y verraient plus aucun danger, des incidents continuerait de se produire. A moins qu’une peur plus grande de la surface ne les pousse à fuir à nouveau.

« Vous étiez toutes les deux blessées. tempéra Saerelys sur un ton doux. Blessées et craignant pour la survie de vos petits. Vous n’étiez pas vous-mêmes, Maehra et toi. Peut-être est-ce là une partie de la solution à ce problème que tu évoques ? De ton lien avec Maehra, personne ne peut douter et personne ne doutera. Tu es sa Sœur, Mère. Personne ne pourra t’ôter cela. »


Durant ses jeunes années, Saerelys avait ressenti de lien fraternel qui l’avait uni à ce dragon qui ne se trouvait plus à ses côtés. Un lien puissant, transcendant, plus fort que toutes les idylles de ce monde. Un lien d’une toute autre nature que celui qu’elle pouvait partager avec Aedar, qui pourtant était son double. Aussi ne pouvait-elle qu’être sensible à la détresse maternelle qui se montrait à son regard. Malgré leurs blessures, malgré leurs apparentes faiblesses, jamais la novice ne doutât de la force de cette femme qui l’enlaçait. Car bien peu de nobles dames auraient agi de pareille manière, en sachant que des wyrms rôdaient.

« Mère, Mère, apaise donc ton esprit. Il faut que tu te ménages. Un fin sourire étira les lèvres de la jeune femme. Rhaelys se porte pour le mieux. Le plus dur semble d’être de la maintenir éloignée de nous le temps que nous nous remettions de tout cela. Aedar, Aelys et Gaelor veillent sur elle et l’occupent. Je te prie de croire qu’elle te réclame souvent. Nous sommes tous soulagés de te savoir éveillée et de retour à nos côtés. Je ne doute pas du fait que tu recevras davantage de visites, à présent que tu peux nous entendre. »

La fréquence des visites était réglementée, afin qu’elles puissent prendre tout le repos nécessaire. Aedar ne s’était jamais réellement plié à cette règle, cependant. Depuis leurs premières années, leurs premiers béguins, il s’était toujours montré présent lorsqu’elle s’était retrouvée mal-en-point. L’inverse était tout aussi vraie. Quant à Aelys, elle venait le plus souvent accompagnée de Rhaelys, cette dernière ayant pour ordre de se tenir tranquille, la troisième représentante de leur fratrie prétextant le fait de l’emmener voir leurs dragons par la suite si elle restait sage. Gaelor venait le plus souvent seul, parfois alors que le jour était tombé. S’il ne restait jamais longtemps dans ces cas, sa présence n’en restait pas moins bénéfique. La novice ne doutait pas que sa fratrie agirait de même avec leur Mère à l’instant même où le Mage leur ferait part de son accord. Peut-être même n’était-ce qu’une question de jours, à présent.

« Grand-Mère… Saerelys laissa sa phrase en suspend quelques instants. Quand je suis revenue à moi pour la première fois, c’est elle qui est venue me voir… Elle était inquiète pour toi. Très inquiète. Je l’ai entendu dans sa voix. Elle a veillé sur nous pendant que le Mage te sortait de ton sommeil. Tes affaires furent bien gardées en ton absence. Nos cousins t’ont même fait parvenir quelques lettres et quelques présents pour s’assurer de ton bon rétablissement »

Grand-Mère et Père étaient les deux personnes en qui Saerelys avait toujours eu le plus de mal à lire, malgré ses efforts répétés. Le cas échéant, ils semblaient pouvoir dresser une muraille impénétrable entre eux et le monde extérieur. Une muraille qui s’était quelque peu effritée semblait-il, alors que femme, fille ou petite-fille s’étaient retrouvés aux portes de la demeure de Balerion. Si le mur avait été rebattis en très peu de temps, jamais la novice ne pourrait oublier pareil fait. Cette catastrophe avait ébranlé bien des choses.

« Père est souvent venu à ta rencontre. Il n’aurait pas pu te laisser seule dans une telle situation. La jeune femme poussa un soupir. Je ne peux savoir quelles furent ses pensées en apprenant ce qu’il t’était, ce qu’il nous était arrivé. Mais je suis certaine qu’il sera rassuré d’apprendre que tes jours comme les miens ne sont plus en danger. Que bientôt, tout cela ne sera plus qu’un mauvais et lointain souvenir. »

Père avait toujours été comme une statue d’ivoire animée d’un cœur de lave. Bien que froid de façade dans bien des cas, il n’en restait pas moins un dragon. Un dragon épris de sa compagne, ce qui n’avait jamais échappé à leur fille. Bouillonnait-il de colère en sachant que des wyrms s’en était pris à sa chair et à son sang ? Une hypothèse probable mais impossible à confirmer avec certitude.




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2

Le danger était loin d’être écarté. L’information se répercuta de part en part dans l’esprit de Vaelya tandis que Saerelys continuait ses explications. Les wyrms avaient toujours existé, ennemis des dragons ils étaient des créatures dangereuses et elle en avait fait les frais comme bon nombre de valyriens le jour du Grand Effondrement. Depuis des semaines ils n’avaient montré le moindre signe de vie. Un frisson lui parcouru l’échine, se diffusant dans tout son corps et allant jusqu’à lui arracher un rictus de douleur. Elle adressa une vive prière silencieuse à l’attention des dieux. Il fallait que les dieux aient pitié de leurs enfants et qu’ils les protègent d’une nouvelle attaque, ce Jour-là était la preuve que non seulement ils n’avaient pas été préparés à une telle invasion mais que si rien n’était fait leur sort ne serait pas bien différent que trois mois auparavant. Elle jeta un coup d’œil à Saerelys, resserrant légèrement sa prise, avant de faire part de ses doutes concernant Maehra.

Cela avait été si douloureux. Elle se rappelait parfaitement la manière dont elle avait été saisie par ce puissant florilège d’émotions qui l’avait assaillie et s’était insinué si profondément dans son être, son esprit. Toutes ces questions qui se bousculaient la laissaient enveloppée dans une dense vapeur de laquelle elle avait la sensation qu’elle ne pourrait s’en fuster. Peut-être que la réponse était simple, que la présence d’ennemis si anciens ait perturbé un lien si fort était la cause ? Ou alors une autre réponse se cachait parmi tous ces faits. Il y avait une raison car pendant un instant la douleur l’avait traversée, elle s’était vue rugir, griffer, gémir, peut-être n’avait-ce été qu’un moyen plus ou moins conscient de la dragonne de prévenir sa monteuse ou peut-être leur avait-il été si puissant que la valyrienne était devenue Maehra. Des réponses qui, à son grand dam, échappaient à Vaelya Riahenor qui lui faudrait encore prendre des forces avant de se lancer dans cette quête qui pourrait lui prendre du temps. Elle devrait tout d’abord se perdre à nouveau dans les écrits du palais avant d’approcher ceux dont la relation avec leur âme sœur d’écailles était sans pareille, les Vaekaron.

- C’est une hypothèse à ne pas écarter… il me faudra réaliser des recherches.

La fatigue liée aux cauchemars incessants auxquels la matriarche était en proie, jouait sur son esprit. Elle était à même de se concentrer sur ce lourd sujet qu’était le Grand Effondrement avant de subitement s’inquiéter pour les siens. Devant cette femme déterminée qu’elle avait été dans Fosse-Dragon, il y avait surtout cet amour maternel qu’elle portait pour ses enfants, cette passion qui la liait à son frère-époux et son amour pour sa propre-mère. Comment allaient-ils ? Quelles avaient été leurs réactions en la voyant être portée jusqu’ici en un piteux état ? Elle espérait que cette vision avait été épargnée à sa douce Rhaelys qui n’avait point encore l’âge d’être confrontée à tant dureté. Si seulement elle avait la force de quitter ce lit pour rejoindre ses chers enfants, la force d’enlacer cette mère dont la présence lui manquait.

Elle ne pouvait empêcher son esprit de s’inquiéter mais les mots qu’eut Saerelys eurent le don d’apporter ce repos dont il nécessitait tant. Une nouvelle larme perla. Non pas de douleur ou de tristesse mais de cette pointe de fierté qui venait de se faire un chemin parmi le marasme de sentiments si sombres. L’union faisait la force et que ses enfants prennent autant soin de la plus jeune de leur fratrie ne pouvait que rendre fière cette mère qui avait tant donné pour leur inculquer la meilleure des éducations.

- Merci de vous occuper d’elle. Rhaelys a besoin de vous, répondit-elle avant d’écouter silencieusement ce que Saerelys avait à lui répondre concernant Daela.

Leur relation n’avait pas toujours été des plus apaisées tant sa mère avait pu se montrer trop dure, trop froide envers elle mais Vaelya n’avait pour autant pas été incapable de l’aimer. Elles étaient simplement différentes dans leur manière d’exprimer leurs sentiments. Elle reconnaissait qu’elle n’aurait pas été la femme accomplie qu’elle était sans cette éducation dispensée par Daela et son soutien lorsque les rennes de leur famille lui avaient été confiées les avaient rapprochées. Elle savait qu’en tout temps elle trouverait chez sa mère un soutien de taille.

- Il serait temps que le mage la laisse me voir… L’une comme l’autre en avait besoin et elle ne pouvait qu’à peine imaginer l’inquiétude que sa mère pouvait éprouver. Les yeux de Vaelya, momentanément perdu dans le vague, se fixèrent à nouveau sur Saerelys lorsque cette dernière aborda son père.

Maegon. Son frère. Son époux. Son âme-sœur. Dans le domaine public et du cadre familial il n’était pas l’homme le plus démonstratif concernant ses sentiments mais Vaelya savait, elle connaissait et dans l’intimité il s’ouvrait sans peine. Qu’avait-elle pu manquer lorsqu’il était venu la voir alors qu’elle était inconsciente ? Était-ce la tristesse, la colère ou mélange explosif des deux qui l’avait assailli ? Combien de fois s’était-il discrètement adressé à elle alors qu’elle ne l’entendait pas, ne lui répondait pas ? Il lui manquait tant et elle ne doutait pas des sentiments qui l’habiteraient lorsqu’il saurait qu’elle était hors de danger.

- Il me tarde de pouvoir lui parler… Vous me manquez tous et je ne remercierai jamais assez les dieux qu’ils t’aient ainsi guidée, je suis si fière de toi et de ce que tu as accompli.


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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Les Riahenor avaient du sang de dragon. Un sang puissant, au pouvoir séculaire. Il suffisait qu'un Riahenor se lie à un oeuf de dragon pour que ce dernier donne naissance à une créature plus puissante que la normale. Ils avaient cet instinct qui leur permettait de dompter de telles créatures. Un instinct plus ou moins puissants selon les descendants de Riahenys. A bien des égards, sa mère semblait posséder une intuition plus puissante que son père. Tout comme Aelys en avait une plus grande qu'elle-même ou que les autres membres de leur fratrie.

« Je te ferais porter tous les livres, tous les parchemins et tous les grimoires que tu voudras, Mère. assura Saerelys. Dès que je pourrais me lever sans avoir l'impression d'être en pleine mer. »

La jeune femme avait esquissé un sourire, après cette maigre tentative d'humour. Hélas, il  ne s'agissait-là que de la vérité la plus grise, la plus dure. La plus morne. Car pour le moment, il était encore impossible pour Saerelys de tenir plus de quelques instants sur ses jambes avant de sentir le sol s'effondrer sous pieds ou d'avoir l'impression que les murs fondaient sous son regard. Aedar avait déjà émis l'idée de l'emmener dans l'un des atriums de leur demeure, afin qu'elle puisse prendre un peu l'air, retrouver quelques couleurs. Magré que l'idée lui ait semblé séduisante, la novice avait du refuser. Même soutenue, ses vestiges la rattrapaient toujours.

« Je n'ai que peu de mérite, à ce sujet. remarqua doucement Saerelys, un sourire quelque peu peiné aux lèvres. Je pourrai transmettre tes sentiments et tes remerciements à Aedar, Aelys et Gaelor. Si le Mage nous donne de tes nouvelles, elles sont toujours trop rares, à nos yeux. »

A bien des égards, leur mère était l'âme de leur foyer. Celle par qui tous les rameaux de leur arbre tenaient encore ensemble, en bon ordre. Comment pourrait-elle passer après elle ? Garder sous son contrôle et aimer en même temps cette Hydre qui composait leur famille ? La novice ne voulait point de cela. Cette place ne l'intéressait pas. Pas après tout ce qu'il s'était produit. Pas alors qu'elle avait failli perdre cette femme qui comptait tant pour elle. Une matriarche qui semblait perdue dans ses pensées, en proie à une inquiétude certaine.

« Je suis certaine que Grand-Mère n'attend que cela. » murmura Saerelys, sincère dans ses propos.

Daela Riahenor n'était pas femme à faire montre de ses sentiments. Il n'y avait guère que dans les salons qu'elle animait, ou à l'abri des regards, qu'elle se laissait aller à quelques marques d'affection. Comme ce peigne d'argent qu'elle lui avait offert, dans sa jeunesse, et que Saerelys gardait précieusement. Ou le fait que leur doyenne portait un grand intérêt aux productions artistiques de son autre petite-fille. La novice avait vu son aura vaciller. Elle l'avait senti, dans sa torpeur mêlant fatigue physique, magique et des remèdes trop lourds pour son esprit. Sa grand-mère avait été inquiète. Très inquiète. Son intuition, aussi brisée soit-elle, ne pouvait pas la tromper à ce point.

« Il nous tarde de te revoir parmi nous, Mère. Nous voulons te revoir à notre table. Nous voulons te revoir dans les cieux. Nous voulons te revoir dans ton bureau. Rhaelys veut te revoir la border, la nuit. La jeune femme se tut, laissant finalement échapper un léger rire. Galreon aussi désespère de te revoir, je pense. Notre maisonnée n'est plus la même, quand tu n'es pas là. »

Les Dieux s'étaient montrés miséricordieux. Saerelys ne pouvait pas le nier. Balerion n'aurait pas leurs âmes en ce jour. La jeune femme perdit cependant son sourire. Tyraxes l'avait guidée, en la personne d'Elaena. Etait-ce également son dessein de la confronter à ces ombres ? De la voir céder à leur appel, par peur pour les siens ? Etait-ce cela, sa puissance ? Une puissance qui s'était étiolée en quelques jours, qu'elle ne retrouvait que petit à petit ? La fierté que ressentait sa mère à son égard ne lui semblait point mérité, dans ce cas...

« Ce n'était que peu de choses, Mère. Je n'ai point été guidée par ma tête, mais par ma peur. Ma Magie ne fut pas aussi raisonnée qu'à l'accoutumée, hélas. »

Une Magie régie par ses sentiments. Régie par sa peur. Par sa crainte. Par la Mort elle-même. C'était une force viscérale qui s'était emparée d'elle pour lui permettre un tel miracle. Une force plus animale qu'humaine. Une force qui l'attirait vers les cieux, au plus loin des ténèbres. Peut-être était-ce là un rappel de ce sang de dragon qui coulait dans ses veines ? Ce sang de dragon qu'elle oubliait parfois. Ce sang qui était pourtant un lien avec cette ancêtre qu'elle révérait parmi toutes.




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2
Vaelya Riahenor était dotée d’un esprit ouvert et l’éducation dispensée par son honorable mère, elle avait pu acquérir de nombreuses connaissances dans différents domaines. S’il y avait bien un domaine en particulier sur lequel ses connaissances pouvaient être surpassées il s’agissait des dragons. Si les Vaekarons étaient des dresseurs de dragons hors-pairs, possédant des techniques parfaitement maîtrisées et parfois inédites, ils possédaient un important savoir dans leur Tour et la dynaste espérait qu’elle pourrait y trouver une réponse à ses questions si la bibliothèque de sa famille ne pouvait accomplir cette tâche. Etonnement cette réflexion lui arracha un soupir de soulagement, se tenir occupée afin de ne pas laisser son esprit ressasser les horreurs dont il avait été témoin était une douce pensée. O qu’elle priait les dieux pour que cette jambe guérisse afin que puisse se concentrer sur les siens et cette gestion du palais qu’elle souhaitait reprendre au plus vite même si elle savait pertinemment que toutes les âmes en ces lieux et les affaires des Riahenor, étaient entre de bonnes mains.

- Je t’en remercie, ton aide m’est précieuse.

L’amour inconditionnel et farouche que portait Vaelya pour ses enfants pouvait peut-être l’amener à manquer de discernement mais elle éprouvait une sincère fierté pour chacun d’entre eux. La rude épreuve que venait de subir Saerelys ne renforçait que plus ce sentiment que la mère éprouvait à son égard et elle remerciait de non seulement lui avoir donné cette force qui sommeillait en chacune des femmes de leur famille mais aussi pour ne pas l’avoir laissé rejoindre Balerion. Lorsque Vaelya formula des remerciements pour cette proximité entre ses enfants qui s’occupaient de leur plus jeune sœur, un léger sourire s’étira à l’écoute de la réponse de son aînée. Ces mots étaient sincères et réchauffait le cœur de la matriarche.

- Oui transmets-leur s’il te plaît et dis-leur que dès lors que le mage autorisera leur visite, je souhaite qu’ils viennent ensemble.

Oui elle se languissait de tous les revoir. Ce serait peut-être une visite éprouvante mais elle voulait revoir leur visage, entendre à nouveau leur voix et les sentir contre elle. Elle ignorait à quel point les sentiments de Maehra avaient pu l’affecter lors du Grand Effondrement mais il était certain qu’elle aurait elle aussi défendu ardemment ses enfants du danger. De la même manière que sa propre mère ne laisserait aucunement passer la moindre attaque à l’encontre de son fils et de sa fille. Mère. Un nouveau soupir quitta la gorge de Vaelya, il était temps que le mage leur permette de se voir et hochant la tête aux mots de Saerelys elle s’imagina l’impatience qui devait se mêler à l’inquiétude de Daela.

La suite des paroles serra d’émotion la gorge de Vaelya. De tous les revoir, elle n’attendait que cela. Voler lui manquait tant. Pouvoir à nouveau se trouver dans son bureau pour s’occuper aussi bien des tâches confiées par Maegon que celles qui lui tenaient à cœur. Elle se pinça légèrement les lèvres lorsque Saerelys mentionnant la volonté de Rhaelys de la voir la border à nouveau, ce petit rituel lui manquait aussi. A la mention de Galreon, Vaelya ne pu s’empêcher d’avoir un rire léger, bien que ce dernier lui arrachât bien rapidement un rictus de douleur.

- Galreon… je comprends parfaitement qu’il puisse se désespérer de mon absence !
Oui, il lui tardait de revenir et de retrouver tous ces visages familiers qu’elle appréciait et aimait. De pouvoir retrouver la compagnie de cette moitié pour qui son cœur battait. Quelques instants de silence se firent avant que Vaelya n’aborde cette aide que les dieux avaient dispensés à Saerelys durant son épreuve. La réaction de sa fille fut logique, mesurée mais Vaelya ferma les yeux quelques secondes avant de les rouvrir lorsqu’elle vint poser sa main sur la joue de la jeune femme, qu’elle commença à caresser de son pouce avec une certaine douceur.

- Tu es mesurée dans tes propos et je te reconnais cette qualité. Ce jour-là je pense que nous avons tous eu peur mais nous ne l’avons pas laissée nous submerger car la peur peut être bonne à ressentir. Ta magie a peut-être été liée à tes sentiments ce jour-là mais tu as su maîtriser ta peur pour réfléchir. Tu as bénéficié de l’aide d’Elaena mais elle a tout autant bénéficié de la tienne. Je ne suis pas certaine que tous les mages de ton âge auraient été capables d’agir comme tu l’as fait et tu te dois de le garder à l’esprit. Tu es une Riahenor, ton puissant est très puissant !




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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêves.Vaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor & An 1066, mois 6, semaine 2.

Si Saerelys ne s’était encore jamais retrouvée dans la position de malade ou de blessée, fort était de constater qu’elle avait déjà assisté à de telles scènes. Bien des personnes ne se complaisaient que peu dans le repos, aussi nécessaire ce dernier pouvait-il être. Aussi fallait-il tromper leurs esprits, tromper leur ennui pour ne pas qu’ils rouvrent leurs plaies, pour ne pas qu’ils refusent les remèdes qui leur étaient proscrits. La lecture, l’écriture ou un peu de compagnie permettaient d’éviter d’arriver à des solutions plus extrêmes. Prise dans ses lectures, sa mère prendrait également tout le repos dont elle avait encore besoin par la même occasion. Et ce, tout en gardant l’esprit aussi clair et alerte que possible.


« Selon certains Mages, il n’y a guère de problème qui ne trouverait pas sa solution dans un livre. La jeune femme esquissa un sourire. Nous pourrons nous rendre compte par nous-même de la véracité de cet adage, ainsi ? »


La demande formulée par sa mère n’étonna pas la novice. Le contraire aurait cependant était inquiétant. Saerelys ne doutait pas du fait que le reste de sa fratrie répondrait présente après une telle demande. Si tous et toutes vouaient un respect teinté de crainte et d’une certaine affection à leur père, les choses étaient bien différentes pour ce qui était de leur mère. Vaelya avait toujours été là, prenant soin d’eux, soin des leurs. Qu’importe où Aedar, Aelys, Gaelor et Rhaelys se trouvaient à l’instant où le Mage jugerait leur mère sortie d’affaire. Qu’importe qu’ils puissent se trouver à l’autre bout du monde, ils auraient été présents. Car leur mère méritait bien plus que leur respect ou la simple application d’un devoir filial.


« Alors ils viendront, je peux te l’assurer. Nous viendrons tous, moi également. La jeune femme se tut quelques instants. Autrement qu’en civière, je l’espère. Je ne suis point fort grande, mais ainsi assise, je ne le suis que davantage encore et tu conviendras que cela ne me rend pas service. »


Une pointe d’amusement perçait dans les paroles de la novice. Si Aedar avait gagné en taille et en carrure au cours des années, fort était de constater qu’il n’en avait pas été de même pour elle. Petite et fine, seule son aura lui permettait de paraître plus grande qu’elle ne l’était en réalité. Une aura dont Saerelys était encore dépourvue et qui lui manquait terriblement. Tout juste la percevait-elle légèrement, bien qu’il lui fallait pour cela la plus intense des concentrations. Une concentration qui ne pouvait que l’épuiser par la suite, hélas. Aussi, la novice ne se prêtait que peu à ce jeu. Son aura demeurait, là était l’important. Aussi frêle qu’une chandelle malmenée par le vent, mais tout en faisait preuve d’une certaine persistance.


« Quand le Mage te le permettra, peut-être pourras-tu reprendre certaines de tes habitudes depuis ta couche ? hasarda Saerelys. Certaines lettres de nos cousins n’attendent que toi et ta plume. Le Palais Riahenor n’est pas le seul à attendre ton retour. »


Pour bien des Riahenor et un certain nombre de leurs clients, Mère pouvait se révéler être une alliée de poids. Une alliée de poids dont il fallait s’inquiéter de la santé, dans de telles circonstances. Au-delà de ce fait, un bon nombre de leurs cousines vouaient une grande affection à sa mère. Tel était le contenu de ces missives, selon la novice. La preuve de cette importance que leur matriarche avait, la preuve que son sort n’importait pas qu’aux membres les plus proches de sa parentèle. Une inquiétude que Saerelys n’avait pu que partager également, jusqu’à ce jour. Comme il était bon de sentir cette chaleur maternelle à ses côtés, la douceur de ses gestes alors qu’elle caressait sa joue ou ses cheveux. Tant de choses dont elle avait eu besoin, alors qu’elle se trouvait au plus mal.


Hélas, cette douceur ne suffisait pas à lui faire occulter tout ce qu’il s’était produit. Durant ces neuf années passées au Collège, jamais Saerelys n’avait usé de sa Magie de cette manière. Sans doute était-elle davantage connue pour sa tempérance à ce sujet. Pour le fait que, malgré la puissance de son sang, elle emploierait d’autres moyens pour parvenir à ses fins avant d’user de ses capacités magiques. Jusqu’aux récents événements, les choses avaient été ainsi. Neuf années. C’était ce qu’il lui avait fallu pour en arriver à user ses dons jusqu’à la corde, au point que sa vie aurait pu s’en retrouver menacée. Comme elle se sentait vulnérable, ainsi allongée, ne pouvant se lever sans en ressentir de profondes nausées. Le Collège s’intéressait à elle, Mealys lui avait fait part de cette nouvelle. Si la novice en aurait ressenti une grande fierté, si une telle nouvelle lui était parvenue avant tout cela, il n’en allait pas de même actuellement. Tout cela n’était qu’un rappel de sa condition de Mortelle. Une Mortelle qui ne pouvait tenir entre les mains les rênes de son propre Destin, poupée de chiffon, marionnette manipulée par ses propres sentiments.


« La Magie est un présent parfois empoisonné, Mère. Sans doute le sais-tu aussi bien que moi. Ce poison coule encore dans mes veines, tant je suis faible. Je serais incapable de reproduire l’un de ces petits tours qui émerveillent tant Rhaelys, à l’heure où nous parlons. La jeune femme se tut, l’air désolé. Le Collège m’a transmis ses félicitations, par la bouche de Mealys. Mon sang, notre sang, est puissant, il est vrai. Le Magister et les Archimages n’en ont jamais eu le moindre doute également. Tout juste n’attendaient-ils qu’une preuve de cette réalité. Je n’arrive cependant point à m’en réjouir, Mère. Mon corps me souffle de l’être mais mon âme ne peut s’y résoudre... »


Elle recouvrerait ses forces. De cela, Saerelys avait la certitude. Mealys et le Mage qui avait pris soin de sa mère et d’elle ne semblaient nourrir que peu d’inquiétudes à ce sujet. Sa jeunesse lui permettait d’espérer un retour complet de ses forces dans une semaine ou deux, peut-être même moins. Sans cette Magie, Elaena et elle ne seraient peut-être plus de ce monde. Un fait dont la novice ne pouvait qu’avoir conscience. Son air n’en était pas moins maussade, marqué par la fatigue, par la crainte encore prégnante de ce qu’il s’était produit. Son amie n’avait même pas pu compter sur l’appui de son frère d’écailles, comme bien d’autres Valyriens de noble sang. Elles n’avaient survécu que de part leur courage, leur témérité diraient certains, la peur qui leur avait donné des forces nouvelles et l’aide de cette Magie que Saerelys avait tant hésité à utiliser.


« Mais cessons de parler de tout cela. Je n’aimerai pas te tourmenter les sangs davantage, Mère. Saerelys se força à nouveau à sourire. Le Mage m’en voudrait, dans le cas contraire. Il ne m’a pas formée ainsi. Peut-être pourrais-je demander à ce qu’on t’apporte ces lettres ? Ou que je pourrai t’apporter mon aide d’une autre manière une fois qu’il me sera possible de faire un pas devant l’autre sans flancher ? Tu n’auras qu’un mot à dire et je m’exécuterai. »


Daela Riahenor avait déjà pris en main la gestion de leur foyer, auparavant. Plusieurs fois, même. Si Saerelys ne gardait que peu de souvenirs de certaines de ces périodes, elle savait sa grand-mère efficace. Cependant, il resterait toujours des domaines qu’elle ne pourrait pas reprendre à son compte, n’ayant guère de temps pour de pareilles choses. Une seule personne ne pouvait guère veiller sur cette hydre qui composait leur famille. De part le rang qui était le sien, la novice ne pouvait que nourrir l’idée de se rendre utile à son tour. D’apprendre cet autre rôle qui l’attendait. Et ce, malgré cette faiblesse qui était encore la sienne.




( Gif de jorindelle. )
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Que les cauchemars trouvent un terme et se changent en rêvesVaelya Riahenor et Saerelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 6 semaine 2
Si des problèmes se posaient, les réponses devaient forcément exister et ce peu importait le temps que cela pouvait prendre pour les obtenir. En conversant sur sa dragonne, Vaelya ne se souvenait que trop de tout ce que ses sens avaient perçu le jour du Grand Effondrement et elle ne pouvait oublier la douleur qu'elle avait ressenti dans sa tête jusqu'au cœur de ses os. Toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête et qui ne trouveraient pas le repos tant qu'elle serait incapable de se lever de son lit, de rassembler tous les écrits concernant les enfants d'Aegarax et de rechercher la moindre information pouvant correspondre à son tourment. Les mages, par le biais de Saerelys, avaient raison un problème ne pouvait point trouver la moindre solution dans un livre. Quel honneur les dieux leur avait fait de leur offrir le don de l'écriture et la possibilité de les comprendre.

- Je serais prête à relever ce défi.

Répondit-elle avec assurance et ce soupçon de détermination altéré par la douleur et la fatigue. La présence de Saerelys était des plus apaisantes même si la dynaste souffrait de ne pas être en capacité de voir ses chers enfants, de s'en occuper, de tenir le palais et ses affaires comme elle en avait l'habitude depuis des années. Elle couva du regard son aînée avant de faire la demande à ce tous viennent lui rendre visite lorsque le mage l'autoriserait. C'était aussi bien important pour elle que pour eux. Sa jeune mage lui arracha un petit rire qui se transforma en rictus de douleur. Par les dieux, elle se devait de faire attention ou sa convalescence n'en serait que plus longue et pénible.

Vaelya ne répondit rien et se contenta d'écouter Saerelys et son doux timbre de voix. Reprendre ses habitudes depuis cette chambre si elle devait avouer qu'elle avait hâte de pouvoir le faire, signe que sa jambe serait dans un meilleur état, elle se demandait cependant comment son esprit se comporterait aussi seul et inoccupé. Elle se doutait parfaitement de nombre de leur cousins et partenaires pouvaient s'inquiéter de son état, les premiers de par l'affection qu'ils se portaient mutuellement et les seconds parce qu'elle représentait un allié de poids, une dynaste. Que cela puisse être par intérêt ou pure affection, nombreux étaient ceux qui attendaient des nouvelles rassurantes de Vaelya.

- Dès que possible je répondrais à chacune des missives qui m'aura été envoyée, répondit-elle alors qu'elle venait caresser avec douceur la joue de Saerelys. Cette dernière était mesurée dans ses propos concernant ses actions durant le Grand Effondrement, une qualité qui rendait fière Vaelya autant qu'elle pouvait lui serrer le coeur tant elle souhaitait ardemment que son enfant se reconnaisse à sa juste valeur. Elle serra les mâchoires tandis que les mots juste de son aînée atteignaient ses oreilles. Il était vrai que la magie était un cadeau empoisonné des dieux qui mettait à rude épreuve Saerelys et la dynaste priait pour que son enfant puisse trouver la force de continuer à grandir dans cette voie si jonchée d'épreuves.

- Que tu le veuilles ou non je ne cesserait de m'inquiéter, il s'agit-là du tourment de toutes les mères que la terre porte, dit-elle en lui pinçant gentiment la joue avant de la relâcher et de se concentrer sur ses dernières paroles. Quand tu le pourras, je te propose de me lire ces lettres et je te dicterais ma réponse. Cela te conviendrait ? eut-elle le temps de proposer avant que la porte de sa chambre ne s'ouvre sur le mage et les deux servants qui avaient amenés Saerelys.

- Dame Vaelya. Dame Saerelys. Il est temps, dit-il avant d'indiquer aux deux servants de venir s'occuper de Saerelys tandis que lui venait au chevet de Vaelya.

Cette dernière senti ses boyaux se serrer, un frisson la parcourir alors que les battements de son coeur s'accéléraient à nouveau. La peur. Elle venait à nouveau l'assaillir avec force. La visite de Saerelys avait été un doux intermède qui lui avait permis de s'évader, de penser à autre chose qu'à ce terrible jour et ses douleurs. Elle allait de nouveau être seule avec le souvenir des mâchoires acérées et du sang. Sans un mot, le visage aussi fermé qu'elle pouvait le laisser paraître, Vaelya regarda sa fille quitter la pièce puis regarda le mage préparer une nouvelle potion pour l'aider à dormir.

Seule.



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