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Sic itur ad astra.Myssaria Oyan Cellaeron et Maesella Nohgaris.

Foyer Nohgaris & An 1066, mois 8.


La saison chaude battait toujours son plein, à Valyria.

Petit à petit le spectre du Grand Effondrement avait quitté les murs de leur si belle Cité. Et pourtant, il restait encore bien des choses à faire. Si la place avait retrouvé un état proche de celui d’origine, il restait bien des frais à prendre en compte. Une tâche d’importance que la Grande Prêtresse ne pouvait confier à des subalternes. Aussi compulsait-elle, la mine appliquée, presque grave, les parchemins qui lui avaient été confié. Il fallait traiter avec tel marchand venu de Sarnor, avec tel autre provenant des terres Andales. Voir s’il n’était pas possible de revoir les coûts à la baisse, de trouver un autre terrain d’entente pour les ressources les plus rares qu’il avait fallu exporter. Maesella poussa un soupir, reposant finalement sa plume. Il lui faudrait revoir tout cela à tête reposée, ce soir. Il ne s’agissait-là que de peu choses, dans les faits. Qui plus est, avec des marchands qu’elle connaissait assez bien. Sans doute était-ce pour cela qu’elle avait été désignée pour leur répondre. Peut-être à cause du fait que cet argent qu’il avait fallu frapper provenait de ses entrailles de ses Temples, également.

Laissant l’encre sécher sur son dernier feuillet, Maesella se fit la réflexion que tout était bien calme. Rhaegel devait être au Sénat. Daenys l’avait peut-être accompagnée. A moins qu’elle ne se trouve en compagnie de sa mère, en cet instant ? Rhaedor avait pris Alyssa sous son aile pour la journée, la préparant petit à petit à embrasser ce destin qui était le sien, celui d’entrer au Collège. D’ici quatre années, Malarr entrerait dans le clergé également. Un sourire étira les lèvres de la Grande Prêtresse à ces pensées. Sa première petite-nièce et l’un de ses premiers petits-neveux allaient bientôt quitter le monde de l’enfance. Comme le temps pouvait passer vite. Il n’avait suffit que d’un battement de cœur pour que tout cela se produise. Pour que les années où elle avait connu ses premiers béguins, ses premières idylles, ne fassent désormais partie que du passé. Tout cela à cause des caprices du temps qui s’écoulait, inexorablement.

La mine de Maesella s’attrista quelque peu à cette pensée. Alors, la Grande Prêtresse porta sa main droite jusqu’à sa joue, tandis que son coude s’appuyait sur l’accoudoir de son siège. Une pièce sculptée dans du bois pâle, représentant un curieux mélange de dragons ailés et de dragons serpentiformes, tenant des perles de bois sombre dans leurs serres. Un présent offert par un marchand Yi-Tien, il y a des années de cela, en gage de sa reconnaissance pour des affaires rondement menées. L’espace de quelques instants, les doigts de la Nohgaris glissèrent, tracèrent les reliefs, la tête draconique qui finissait l’autre accoudoir. Faire un bilan de ces conquêtes, de ces alliances qu’elle avait forgé au fil des années. De son service auprès de cette Déesse à laquelle elle avait juré fidélité. De cette tendresse qu’elle éprouvait pour les siens, qu’elle soit fraternelle, ou maternelle, bien que Maesella ne fut jamais mère en son nom propre.

« Pourquoi me tourmentes-tu ainsi, Grande Vermax ? marmonna la Grande Prêtresse, se massant les tempes. Cherches-tu à te rendre compte à nouveau de ma résilience ? »

Seul le silence lui répondit. Alors, Maesella haussa légèrement les épaules. La solitude commençait sans doute à lui peser. Un terreau fertile à toutes les grises pensées. A tous les troubles. En temps normal, Rhaedor, Visenya ou d’autres membres du clergé étaient présents, pour la sortir de cette torpeur. Pour échanger quelques mots. Une idée. Pour la sortir de ses pensées. Son époux restait maître en la matière, à ce sujet. Il n’y avait guère lorsque l’envie lui prenait de l’enlacer qu’elle daignait laisser de côté ces travaux sur lesquels elle avait déjà passé bien trop de temps.

N’y tenant plus, Maesella se leva, parcourant l’atrium dans lequel elle se trouvait, étirant ainsi ses membres quelque peu endoloris, lissant d’un simple geste de la main les plis qui s’étaient formés sur sa robe brune. Le Foyer comportait plusieurs atriums. En plein été, ses occupants préféraient cependant celui-ci. Doucement ombragé par des plantes parfois venues de lointaines contrées, un bassin d’eau clair se trouvait là, reflétant les quelques rayons de soleil, ou de lune, qui pouvait se glisser entre les branchages et les feuilles. Quelques carpes oranges, blanches et noires nageaient dans le bassin, troublant parfois sa surface d’un mouvement de queue ou de nageoires. Le regard améthyste de la Grande Prêtresse se perdit quelques instants sur la surface réfléchissante. Au vu de la position du soleil, l’après-midi était déjà bien entamée.

« Elle ne devrait plus tarder. » murmura Maesella, à voix haute, pour elle-même.

Myssaria apprécierait sans doute cet endroit, plus frais, moins poussiéreux, moins étouffant que le reste de la capitale. Croisant ses mains derrière son dos, Maesella s’en retourna à la table qui avait été dressée là à son attention. Rassemblant ses documents, la Grande Prêtresse les fit disparaître dans un petit coffret, qu’elle ferma à clef avant de le déposer sur un guéridon se trouvant non loin. Sur un plateau d’argent, un jeu de plusieurs tasses de porcelaine reposait, ainsi qu’une théière, contenant déjà de l’eau bouillante. A l’aide d’une pince de bois, la Nohgaris saisit plusieurs feuilles de thé, qu’elle déposa dans la théière avant de la refermer. Un bon thé était un thé suffisamment infusé. Déposant finalement le plateau sur la table qui lui avait fait office de bureau jusqu’alors, Maesella remit en place le coussin qui couvrait sa chaise avant de faire de même avec celui de l’autre siège, qui se trouvait à l’opposé.

« Grande Prêtresse, Dame Myssaria vient d’arriver. Dois-je l’amener jusqu’ici ? »

Une jeune servante se tenait là, les mains croisées sur son ventre, humblement inclinée, dans l’encadrement de l’une des portes qui menait à l’atrium. D’un hochement de tête, accompagné d’un signe de main, Maesella l’intima à guider leur invitée, son invitée, jusqu’en ces lieux. Alors que les pas s’éloignaient, la Grande Prêtresse resta là, stoïque, non loin de sa propre chaise. Cela faisait un moment qu’elles ne s’étaient pas vues, les faits étaient là. Aussi fallait-il que cette entrevue se passe pour le mieux. Une Cellaeron ne saurait ne point se sentir chez elle également auprès des Nohgaris. Alors, Maesella passa mentalement en revue les différentes choses qu’elle avait mises en place. Son énumération mentale venait à peine de s’achever que la servante faisait à nouveau part de sa présence, annonçant par la même occasion celle de son invitée. Alors, un large sourire apparu sur les lèvres de la Grande Prêtresse. S’approchant de quelques pas, la Nohgaris porta sa main à son cœur, s’inclinant légèrement.

« Je te souhaite la bienvenue dans la demeure de mes ancêtres, Myssaria. Puisse-t-elle être à ta convenance. Maesella se redressa de toute sa hauteur, ses mains glissant jusque dans son dos. J’ai pensé qu’un peu de fraîcheur nous serait bénéfique. L’été ne semble point vouloir laisser sa place à l’automne pour le moment. »

Des années durant, Maesella avait pu se rendre compte de la diversité des climats de leur péninsule. Elle avait emprunté ces routes tantôt sablonneuses, tantôt poussiéreuses, parfois empierrées sans crainte. Car c’était ainsi que les Enfants de Vermax allaient et venaient. Le vol leur était parfois offert par des Seigneurs et Dames Dragons de passage. Mais il s’agissait-là plus d’une exception que d’une règle. Aussi, la Grande Prêtresse avait l’intime conviction que l’été durerait encore un peu. La force de l’habitude ne se trompait que rarement, à ce sujet, de même que les signes qu’il était possible de lire dans les cieux.

« Je t’en prie, ne reste donc pas debout. Maesella indiqua l’une des chaises d’un signe de la main, tout sourire. J’ai pensé qu’un peu de thé serait de bon ton. L’un de mes amis Yi-Tiens m’en a fait cadeau, lors de sa dernière visite. Il serait fort inconvenant de ma part de ne point en faire partager le reste de ma parentèle. »

Le thé ne se buvait jamais en solitaire. Il s’agissait d’un signe de réunion, de discussion, d’affection même. Les dignitaires Yi-Tiens partageaient même le thé, lors de leurs négociations. Se passerait-il de telles choses en ce jour ? Tout n’était que politique, à Valyria comme ailleurs. Grande Prêtresse ne pouvait qu’en avoir conscience. Cela n’empêcherait pas cette discussion d’être agréable, cependant. S’installant à son tour, Maesella prit délicatement la théière par la anse, laissant s’écouler un liquide verdâtre de son bec jusque dans les tasses déposées-là. Le récipient reposé à sa juste place, la Grande Prêtresse ramena l’une des tasses à elle, invitant Myssaria à faire de même selon son envie. Le goût d’une telle boisson était pour le moins particulier. Aussi enverrait-elle quérir d’autres rafraîchissements, le cas échéant.

« Comment te portes-tu, mon enfant ? s’enquit doucement Maesella, portant sa tasse à ses lèvres avant de la reposer quelques instants plus tard. Valyria est-elle à votre goût, à toi et à tes petits ? »

Les Montagnes Peintes et Valyria ne se ressemblaient que peu. Maesella s’en était rendu compte de ses propres yeux. A bien des égards, Valyria était une véritable fourmilière, grouillante d’activité matin et soir. Bruyante, tonitruante également. Sans doute ne connaissait-elle jamais le calme réel. Aussi, la Grande Prêtresse devait avouer qu’elle chérissait le calme, bien que relatif, de son Temple, juché en haut de la Douzième Flamme. Un calme assez proche de celui qu’elle avait su découvrir dans les environs de la demeure de son cousin également.




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Sic itur ad astra @Maesella Nohgaris & Myssaria Oyan

Foyer Nohgaris & An 1066, mois 8.

Myssaria était soucieuse depuis plusieurs jours, depuis qu’elle avait obtenu sa visite auprès de Maesella pour dire vrai. Grande prêtresse de Vermax, l’âge et le charisme de la dame imposaient le respect mais ce n’était pour la Princesse de Sar Mel pas un réel souci et cause de son stress. Maesella était cousine de Baelor et les Valyriens avaient un très grand sens de la famille… sinon un sens plutôt tordu de l’affaire. Au-delà du lien familial, la belle dame à la chevelure d’argent était une amie, de ces rares personnes qui savaient réchauffer le cœur de Myssaria de par leur simple présence. Alors que la Dame du Pinacle franchissait les derniers mètres la séparant des portes du foyer des Nohgaris, elle se remémorait avec tendresse l’accueil que lui avait fait Maesella à son arrivée en terres valyriennes. Elle l’avait regardée avec les yeux de celle qui avait vu plusieurs contrées, autant effrayantes que merveilleuses, et non comme ces autres Valyriennes qui se complaisaient entre quatre murs. Maesella possédait la finesse d’esprit d’une ambassadrice, l’habileté des mots d’une négociatrice et la tempérance posée d’une dirigeante. La dame Nohgaris lui rappelait sa propre mère d’une certaine manière; cette mère qu’elle ne reverrait probablement jamais vu la distance géographique qui les séparaient, et depuis les années, Myssaria devait s’avouer que certain des traits de sa mère à sa mémoire avaient pris ceux de Maesella. C’était emplie d’affection que l’épouse Cellaeron allait vers son aînée. Ce n’était donc pas la présence de ce modèle duquel s’inspirer qui rendait Myssaria nerveuse.

Peu de choses perturbaient la Rhoynare: lorsqu’on était mariée à un personnage aussi coloré que Baelor Cellaeron, il fallait apprendre à faire abstraction de beaucoup de choses sous peine d’être sans cesse accablée par les frasques de ce dernier. Myssaria avait appris à composer avec cette vie valyrienne, non sans quelques peines qu’elle ne dévoilait pas, mais le sujet de ses enfants en était un qui pouvait aisément lui causer un émoi. Ses quatre enfants, qu’elle avait senti grandir en elle, portés, aimés avant même qu’ils ne poussent leur premier cri, à qui elle avait donné le jour dans la douleur et les larmes, ses enfants étaient sa raison de vivre et de conserver la tête haute face au reste du monde. Ses enfants, dont elle se souciait de l’avenir au quotidien, qui étaient en péril face aux multiples bâtards de leur père et parce que leur sang n’était pas « pur » d’un point de vue valyrien. Myssaria en aurait long à dire sur la pureté du sang valyrien et leurs coutumes incestueuses, comparé à la pureté d’un sang royal comme le sien, mais il était sage de ne rien critiquer des mœurs de son pays d’adoption. Et c’était justement pour assurer la légitimité et la place de ses précieux enfants dans ce monde un peu fou que Myssaria se faisait du souci, et avait demandé à rencontrer Maesella.

Sitôt en la présence de ce visage avenant et familier, Myssaria sentit un poids se lever de ses épaules et son sourire se fit naturel et rayonnant envers cette dame si chère à son cœur. Les formules de politesse étaient échangées telles qu’elles se le devaient, et la Princesse y répondit avec la même courtoisie, s’inclinant à son tour.

- Ton accueil en ta demeure m’honore, Maesella, et encore une fois tu es une hôtesse parfaite. Il est vrai que la chaleur de Valyria est particulièrement accablante et tarde à laisser sa place à une température plus indulgente.

C’était la conversation typique du moment, un moyen d’introduire la discussion avec cet été qui semblait interminable aux yeux de la native de Sar Mel qui se languissait de plus en plus des grandes étendues d’eau et de la végétation généreuse et luxuriante de son pays natal.  Maesella avait sans aucun doute sélectionné cet endroit pour l’accueillir en sachant qu’il lui plairait et amènerait un peu de réconfort à travers cette chaleur accablante. Avec un sourire enchanté, Myssaria accepta l’invitation de sa gracieuse hôtesse de prendre place, résistant à l’envie de se pencher pour laisser traîner ses doigts dans l’eau fraîche du bassin et y taquiner les carpes qui y nageaient, bien insouciantes du reste du monde.

- Du thé? Il y a très longtemps que j’ai eu le plaisir de partager un breuvage aussi délicat avec quelqu’un. Je te remercie d’avoir pensé à moi!

Un des multiples cadeaux reçus lors de son mariage? Ou un cadeau que Baelor lui aurait un jour ramené à travers ses multiples actions de commerce à travers le pays? Elle n’avait plus le souvenir exact de la provenance mais elle avait le souvenir du goût, un peu amer, parfumé, aux arômes subtils qui se laissaient découvrir à chaque gorgée. Un sourire toujours aux lèvres, Myssaria observa le soin avec lequel son hôtesse versa le liquide brûlant qui dégageait déjà un arôme bien particulier… et son sourire se figea un peu aux questions qui s’ensuivirent. C’était bien entendu des questions de bon ton, mais ces questions faisaient toujours naître une certaine lourdeur dans le cœur de l’étrangère en terres valyriennes.

- Le calme et la quiétude du Pinacle me manquent je ne peux le nier, mais la vie citadine ne peut être que bénéfique pour les enfants qui découvrent de nouveaux horizons. Et que dire de Baelor qui est fait pour ce genre de vie sociale! Myssaria tentait de sourire, dissimula son amertume derrière cette fine tasse qu’elle porta à ses lèvres et l’espace d’un instant, elle ferma les yeux, rêvant aux terre Yi-Tiennes d’où provenaient ces feuilles de thé, des terres qu’elle ne verrait jamais autrement que sur des gravures. Rouvrant les yeux et déposant la tasse, elle ramena son regard foncé dans celui pâle de la Grande Prêtresse et sorti d’un repli de ses vêtements un jouet d’enfant : un petit soldat de bois peint avec beaucoup de soin, confirmant ainsi que l’objet appartenait à un noble et non un roturier. Quand il a su que je venais te rendre visite, Vaegor a fait une crise car il tenait à m’accompagner. En voyant que son caprice n’allait pas être exaucé, il m’a demandé de te remettre son jouet préféré avec la logique que tu n’auras d’autre choix que de venir le voir pour le lui remettre… alors je me fais messagère d’un enfant gâté de cinq ans.

Maesella était comme une tante adorée et chérie aux yeux des héritiers Cellaeron, et Myssaria avait au moins l’apaisement de savoir que s’il devait lui arriver quelque chose, la Dame Nohgaris veillerait de près ou de loin au bien-être de sa progéniture. Le jouet déposé sur la table à portée de la Grande Prêtresse avec le rire d’une mère qui ne pouvait que s’amuser des facéties de son dernier-né, la Princesse de Sar Mel enchaîna.

- Et toi comment vas-tu? Est-ce que les fidèles de Vermax ont été ébranlés par le Grand Effondrement?

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Sic itur ad astra.Myssaria Oyan Cellaeron et Maesella Nohgaris.

Foyer Nohgaris & An 1066, mois 8.


Maesella était une fille du Dragon. Si les Nohgaris étaient davantage connus pour leur piété que pour leurs Seigneurs et Dames Dragon, ces derniers restaient des plus fréquents. Quant à la pureté de leur sang, elle ne faisait pour ainsi dire aucun doute. Aussi, la Grande Prêtresse se plaisait dans les fournaises, dans ces étés souvent caniculaires, propres au sud de la péninsule. Pour trouver de la fraîcheur en pareille saison, sans doute fallait-il se rendre jusqu’à Gelios ou plus loin au Nord encore, sans doute. Les Montagnes Peintes étaient sans doute plus agréables pour le commun des Mortels, pour ce qui était de leur climat. La Grande Prêtresse n’en appréciait pas moins les espaces ombragés, plus adaptés au travail qu’un ciel d’un bleu rendu éclatant par la chaleur et par l’astre solaire. Plus propices également pour accueillir sa propre famille, pour s’assurer de leur bien-être.


« Il est vrai que les Dieux nous ont gratifié d’un été particulièrement chaud. En de telles circonstances, cet endroit n’en devient que plus agréable encore. A quoi bon chercher la fraîcheur dans les jardins de Valyria lorsque nous possédons déjà un lieu semblable en notre nom propre ? » remarqua Maesella, tout sourire.


Bien que Sudiers et issus de Valyria même, les Nohgaris étaient aussi bien connus pour leurs liens avec les différents clergés, que pour leur curiosité vis-à-vis du reste du monde. Un fait d’autant plus prégnant que Maesella n’était point la première Grande Prêtresse de Vermax à naître au sein de sa lignée. Les Nohgaris disposaient donc de toute une collection d’ouvrages dans des langues lointaines, parfois oubliées à l’heure actuelle, d’une panoplie d’objets particuliers, étonnants parfois, quand il ne s’agissait pas de denrées étrangères comme ce thé. Maesella plaidait cependant coupable pour une partie des objets dont il était question ici. Mieux valait ne point contrarier ces marchands venus des confins du monde, lorsqu’ils semblaient s’être pris d’affection pour vous ou qu’ils vous jugeaient utile.


« Le thé est un mets qui se partage le plus souvent en famille. commenta doucement la Grande Prêtresse. Comment ne pouvais-je pas songer à toi alors que tu venais me rendre visite ? Même par temps chaud, une telle boisson est bien agréable et fort désaltérante. Tu m’en diras des nouvelles ! »


A Yi-Ti, le thé se devait de se boire fumant, afin de conserver tous ses arômes et toutes ses qualités. Et ce, malgré le climat parfois fort humide d’une telle contrée. Une main tenant sa tasse, l’autre se trouvant juste en-dessous du petit récipient, Maesella porta le breuvage à ses lèvres, en dégustant une première gorgée. Les Yi-Tiens ne scellaient une alliance commerciale, une affaire convenue qu’avec du thé. Aussi lui arrivait-il d’en boire souvent, plus encore, d’avoir appris tous les usages entourant pareille boisson et sa préparation. Mieux valait ne point forcer un marchand à revenir sur sa décision pour un geste quelque peu maladroit.


Alors qu’elle reposait sa tasse devant elle, la Nohgaris crut discerner comme une ombre sur le visage de Myssaria. Une légère ombre, qui disparut aussi rapidement qu’elle semblait être apparue. Le cœur de Maesella ne put que se serrer légèrement. Vermax n’était pas uniquement une Déesse Voyageuse, présidant dans toutes les affaires d’ordre commercial qui régissaient leur monde car parlant dans toutes les langues possibles et imaginables. Non. Elle se penchant bien volontiers sur les couples, jeunes ou plus âgés, leur offrant bien des présents, leur promettant de nombreux bienfaits. Leur assurant amour, fortune et famille unie autour d’eux.

Des mariages, la Grande Prêtresse en avait célébré des dizaines, si ce n’était des centaines en réalité. Parfois même au sein de sa propre famille. Elle en avait vu des regards amoureux, heureux. Des regards qui emplissaient son cœur de joie. Car elle aussi, avait fait un mariage d’amour et se reconnaissait dans ces jeunes gens. La Grande Prêtresse n’était pourtant point naïve, elle avait passé l’âge pour de telles choses et ne pouvait se le permettre de part ce rang qui était le sien. Au-delà des sentiments de certains et de certaines, la Raison se devait de triompher. Qu’il s’agisse d’une alliance politique ou commerciale, bien des personnes se retrouvaient sacrifiées sur l’autel de desseins parfois bien plus grands qu’eux.


Myssaria avait fait partie de ses personnes, bien que sa force de caractère lui avait permis de prendre sa destinée à bras le corps, de s’en faire comme une armure. Il suffisait de voir les quatre beaux enfants dont elle était la mère, et l’affection qu’elle leur portait, pour s’en rendre compte. Pour lesquels elle était prête à combattre de la même manière qu’une Dragonne, le cas échéant. Une Dragonne des eaux, à la manière de ces créatures que les Yi-Tiens vénéraient dans leurs propres contrées. Si Myssaria avait navigué en eaux troubles à son arrivée dans leur péninsule, un fait des plus pardonnables, les choses étaient bien différentes à l’heure actuelle, malgré les grandes différences culturelles entre sa Cité des Eaux et leur Cité des Flammes.


« Je suis rassurée d’apprendre que le Grand Effondrement n’a pas eu raison de la combativité ou de l’esprit de mon cousin. Maesella gardait sa tasse entre ses mains, laissant ses doigts glisser sur la surface du petit récipient. J’espère que tu y trouves aussi quelques agréments pour ta propre personne. S’il est vrai que certaines fêtes sont pour le moins épuisantes aussi bien mentalement que physiquement, bien des Valyriens préfèrent les choses de l’esprit et se réjouissent de se rassembler pour de telles raisons. »


Maesella fronça les sourcils quelques instants, lorsque Myssaria sortit un objet des plis de ses vêtements. Sa mine s’éclaira cependant au moment où elle comprit de quoi il s’agissait. Alors, la Nohgaris ne put retenir un rire. Un rire clair, attendrit même. Vaegor avait un âge proche de celui de Taedor, Viserys et Malarr, ses plus jeunes petits-neveux. Tous juste avait-il une année de plus que le premier, et une année de moins que les seconds. Alors que Myssaria laissait le jouet à sa disposition, la Grande Prêtresse ne put que s’en saisir, tout sourire, l’observant quelques instants. Qu’importe que Vaegor et sa fratrie n’étaient que des membres éloignés de sa parentèle, aux yeux de la société valyrienne. A ses yeux, les choses étaient bien différentes. Elle vouait aux quatre enfants une grande affection, semblable à celle qu’elle vouait à Visenya, Alyssa, Taedor, Viserys et Malarr.  


« Si cela peut te rassurer, il arrive aux cousins et aux cousins de Vaegor de me faire tourner l’esprit ! La Grande Prêtresse ne pouvait se départir de son sourire, alors qu’elle gardait le petit soldat de bois entre ses mains. Ils savent que je ne peux leur refuser que peu de choses, lorsque je suis ici. Vaegor n’aurait pas été le seul à vouloir venir me voir. Si Rhaedor n’avait pas emmené Alyssa avec lui, je suis prête à croire qu’elle aurait demandé à te voir aussi. Elle n’a que sept ans mais se croit déjà être une grande dame. »


Une grande dame qu’elle deviendrait sans doute un jour, le moment venu. Fille du plus âgé de ses neveux, il reviendrait à Alyssa bien des responsabilités, lorsqu’elle serait adulte. Si ses parents comme leur tante s’amusaient de ses mimiques, du fait qu’elle menait déjà son frère comme leurs cousins par le bout du nez, ils n’y voyaient que des jeux innocents. Pour le moment du moins. Car Alyssa prenait ces jeux avec un grand sérieux. Un sérieux dont elle devrait toujours faire preuve d’ici quelques années, qu’elle soit au Collège ou parmi eux.


« Hélas, les Dieux aient leurs âmes, le clergé de Vermax a du faire ses adieux à quelques uns de ses membres. Bien des personnes se trouvaient sur cette place, lorsque le sol l’a englouti. Notre seul réconfort fut de pouvoir leur offrir une sépulture digne de leur rang. Maesella porta à nouveau sa tasse avant de la reposer, désormais vide. D’autres ont heureusement survécu à leurs blessures, de même que quelques étrangers de passage qui les côtoyaient. Notre seul souci à présent est d’aider à la reconstruction et à l’effacement de cette catastrophe. La Grande Prêtresse se tut quelques instants. Tout en offrant un asile salutaire aux personnes qui en ressentiraient le besoin. Bien des malheureux ont perdu leurs demeures, leurs commerces. Vermax ne pouvait rester sourde à leurs complaintes. »


Et que dire de ces marchands et ambassadeurs qui étaient venus à sa rencontre. Leur inquiétude était palpable, certains ayant des intérêts marqués au sein même de Valyria, voire y ayant fait souche. Mais il y avait autre chose derrière tout cela, Maesella n’était point dupe. La guerre contre Ghis étaient encore dans tous les esprits. Bien des empires, bien des pays jaugeaient encore la puissance de leur propre civilisation. Aussi avait-elle du peser ses mots, devant ces hommes et ces femmes. Peser ses mots pour protéger leur image mais aussi leurs liens commerciaux. Bien d’autres personnes avaient fait de même, par ailleurs. Il fallait oublier, faire oublier cette catastrophe au plus tôt.


« … C’est d’ailleurs la raison de ma présence à Valyria. Si ce foyer est le mien, ma Flamme ne m’en manque pas moins. Ma présence est cependant nécessaire en ces lieux pour le moment. La Grande Prêtresse esquissa cependant un sourire. Que Vaegor se rassure, cependant. Je veillerai sur son soldat et je me ferai une joie de lui rendre son homme une fois sa permission ici achevée. »


Maesella n’avait jamais pu avoir d’enfants en son nom propre. Les Dieux en avaient décidé ainsi et jamais elle n’avait cherché à remettre leur parole en cause. La Magie pouvait faire des miracles, il est vrai. Mais jamais la Grande Prêtresse n’avait voulu en entendre parler, n’étant que trop consciente des risques inhérents à de tels arts. Elle avait accepté ce fait, avait vécu avec cette blessure qui avait fini par cicatriser. A présent, seuls ses fidèles, les autres Enfants de Vermax et sa famille comptait. Si les Dieux n’avaient pas voulu lui offrir des enfants de son sang, elle ne pouvait que les louer de lui avoir permis de vivre en compagnie de deux familles qui lui avaient donné pas moins de cinq neveux et nièces et huit petits neveux et petites nièces pour qui elle semblait avoir un rôle à jouer.




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Sic itur ad astra @Maesella Nohgaris & Myssaria Oyan

Foyer Nohgaris & An 1066, mois 8.

Comment ne pas sentir son cœur se serrer à la fois de tendresse et d’un soupçon d’amertume face aux paroles chaleureuses de Maesella? La princesse de Sar Mel était arrivée à Valyria la mort dans l’âme mais la tête haute, prête à devoir jouer du coude pour devoir faire sa place et résignée à n’avoir aucune amie et encore moins des alliées. Si au premier regard la dame d’argent des Nohgaris pouvait intimider, la réalité laissait découvrir une grande âme, une gentillesse rare et une culture qui dépassait de bien loin les frontières de la brûlante terre des dragons. Sa famille, Myssaria lui avait dit adieu non sans chagrin, mais des personnes comme Maesella venaient mettre un réel baume sur son cœur, surtout lorsqu’elle affirmait qu’elle la comptait comme une membre de sa famille. Le sourire de la Belle de l’eau se fit un peu moins amer. Elle ne visitait dame Nohgaris que trop peu, et ces précieux moments se faisaient trop rares.

« Ta bienveillance envers moi depuis le premier moment me touche beaucoup. J’espère un jour pouvoir te retourner toutes les affections dont tu me combles. »

Maesella avait été là pour l’accueillir à son mariage, elle avait été présente lors des Épreuves du feu de chacun de ses enfants, l’avait consolée de la frayeur et calmé sa fureur face à cette coutume que Myssaria ne pouvait qualifier de barbare et horrible qu’en silence. La princesse s’était habituée à bien des coutumes valyriennes et avait appris à fermer les yeux sur d’autres, mais livrer des enfants sans défense, ses enfants aux flammes, elle en restait incapable. C’était au-dessus de ses forces, tout comme d’accepter l’un des bâtards ou pire les maîtresses de Baelor dans sa demeure ou pire encore reconnaître officiellement leurs existences. En cela, la présence de la famille Cellaeron dans la cité amenait bien des migraines à Myssaria, et rapprochait son lubrique époux des bordels dont il était tellement friand. C’était une bonne chose pour les enfants, comme elle l’affirma, mais ce n’était pas la situation rêvée pour elle, même si elle tairait comme toujours ce désagrément. Elle vivait pour son devoir, pour ses enfants, et avait appris à s’en contenter, même si elle espérait une vie plus libre et insouciante à ses petits. Des petits qu’elle élevait malgré tout en parfaits petits valyriens, bien qu’elle tentait aussi de cultiver chez eux la curiosité pour les autres contrées et une plus grande ouverture d’esprit. Peut-être les choyait-elle un peu trop, vu comment elle se retrouvait la messagère de l’un de ses fils en ce moment, avec ce petit soldat peint qu’elle avait déposé devant Maesella. Loin d’être vexée devant ce qui n’était au fond qu’un témoignage d’affection envers cette tante bien-aimée, la Grande Prêtresse de Vermax rassura au contraire la Rhoynare quant aux caprices de son dernier-né.

« Et moi qui me demandait si Vaegor ne prenait pas un peu trop sur son père, voilà qui me soulage. Même s’ils sont tous du sang de Baelor, mes enfants sont si différents de par leurs caractères et leurs manières d’aborder la vie qu’ils me donnent le tournis parfois. Il faudrait organiser une fête pour que toutes ces petites têtes Nohgaris et Cellaeron profitent des dernières années d’enfance dont ils disposent. Il y a si longtemps que je n’ai pas vu Alyssa et les autres… »

Les enfants avaient la sincérité et la spontanéité dont les adultes se débarrassaient pour éviter d’être blessés, se montrer faibles ou manipulables. Les gens appelaient ça la maturité, Myssaria appelait ça une triste perte, et elle se souvenait parfaitement du jour où elle avait compris qu’elle devait fermer son cœur et ne plus donner crédit aux rêves et aux espoirs d’une vie heureuse et sans soucis. Et les soucis ne manquaient pas en ce bas monde, comme leur conversation sur le Grand Effondrement survenu récemment l’indiquait. Attentive car sincèrement compatissante face aux pertes qu’avait dû essuyer le clergé de Vermax face à cette tragédie, les doigts de Myssaria se resserrèrent autour de sa tasse. Balor lui avait raconté sa version, d’autres bouches lui avaient dépeint des tableaux similaires, chacun selon son point de vue et comment il ou elle avait vécu cet événement. La princesse de Sar Mel avait du mal à accepter et comprendre ce genre d’incident qui fauchait des dizaines et des dizaines de vie innocentes sans raison, sans but, et dont les poussières qui retombaient après laissaient une stupéfaction glacée face à ce qui ne serait jamais plus. Et ses enfants vivaient désormais à proximité de tels malheurs, plutôt que dans la sécurité du Pinacle. Myssaria déposa sa tasse d’un geste un peu sec, joignit ses mains ensemble puis releva son regard sombre dans celui clair de Maesella. Elle devait se jeter à l’eau, dans les flammes plutôt, et confier à cette précieuse amie ce qui lui pesait tant.

« Tout ce qui se passe depuis un moment, et les rêves de grandeur de Baelor pour devenir Lumière me font craindre pour la sécurité et l’avenir de mes enfants. Malgré les années à vivre parmi les Valyriens, je resterai toujours une étrangère, la Rhoynare qu’a épousé l’héritier Cellaeron et je n’ai pas une aussi grande influence ou marge de manœuvre que j’en aurais eu dans ma contrée natale. J’aimerais avoir ton conseil si tu le veux bien; tes paroles sont sages et ton cœur aime mes enfants comme s’ils étaient les tiens. Je me fais du souci pour Bhaenya et Daerion, pour des raisons bien différentes comme tu te doutes sûrement. Accepterais-tu de prendre Bhae sous ton aile? Être pour elle la mère Valyrienne que je ne pourrai jamais être? Et Daerion… ce n’est un secret pour personne que son avenir n’est pas parmi les dragons et les flammes. Crois-tu que les enseignements de Vermax pourraient trouver écho chez lui, et lui offrir un autre avenir que celui d’être le paria de sa fratrie? »

Bhaenya était destinée à un futur lumineux et emplit d’accomplissements, mais sa peau n’avait pas la pâleur des autres demoiselles valyriennes, ses cheveux avaient les riches teintes de la terre plutôt que la lumière du soleil. Myssaria n’était personne ici, que l’épouse de, même si elle était princesse, même si une magie différente de celle des flammes courrait dans ses veines. Maesella en revanche avait le nom des Nohgaris pour venir imposer le respect même aux si traditionnelles familles du Sud. Dans un monde où tout se jouait sur le pouvoir, les influences et les alliances, la dame d’argent pouvait amener à la jeune Bhaenya des appuis et une visibilité que la Rhoynare ne pouvait offrir. Plus que ça, Myssaria savait que sa fille pourrait beaucoup apprendre de cette grande dame, et qu’elle serait en sécurité près d’elle. Quant à Daerion, ce fils mordu par les impitoyables flammes dès sa naissance, la princesse avait espoir que l’avenir de ce fils qui lui ressemblait tant serait loin de la chaleur accablante de Valyria, et que Vermax saurait le porter vers d’autres horizons et d’autres contrées.


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Sic itur ad astra.Myssaria Oyan Cellaeron et Maesella Nohgaris.

Foyer Nohgaris & An 1066, mois 8.


Les Temples de Vermax dans leur globalité pouvaient prendre les traits d’un Essos a bien plus petite échelle. Les Valyriens y côtoyaient bien volontiers Estiviens, Yi-Tiens, Rhoynar ou représentants de Sanor. Il y a de cela quatre années, y croiser des Ghiscaris n’aurait guère semblé étonnant. La Grande Prêtresse elle-même parlait la langue de cette civilisation qui s’était opposée à la sienne dans ce sanglant conflit qui restait encore dans tous les esprits. L’enfant qu’elle était au moment d’entrer dans les ordres n’avait pu qu’être intriguée par ces mirifiques cultures venues de ce qui lui semblait être le bout du monde. Les années passant, Maesella avait développé un grand respect pour ces personnes si différentes des Valyriens qu’elle avait toujours côtoyé. Accueillir Myssaria à son arrivée allait de soi. Le fait d’être reconnue pour ce fait en était une autre, et si la Nohgaris faisait toujours preuve d’une grande tempérance dans sa manière d’être, cet aveu ne put que la toucher, laissant échapper un sourire compatissant.


« Ta simple présence est déjà un présent qui m’est très précieux, Myssaria. laissa échapper Maesella, son sourire étirant toujours ses lèvres. L’affection de tes enfants également. Je ne pouvais espérer plus belle reconnaissance de votre part à tous et à toutes. »


Jamais Maesella n’avait eu la chance d’avoir des enfants de son sang. A chaque fois, Balerion s’était évertué à souffler sur ces frêles lueurs de vie, manquant d’arracher la sienne au passage. Des pertes d’une ampleur telle que la Grande Prêtresse pensait même ne plus jamais pouvoir rire, que seules les larmes seraient ses compagnes pour le restant de ses jours. Sa foi lui avait permis de se relever de ses épreuves, de même que l’amour des siens. L’amour de ces jeunes enfants, certains déjà devenus adultes, qui l’appelaient volontiers ‘’ ma Tante ‘’, quand bien même elle n’était en réalité que leur cousine ou leur grand-tante. Dès lors, vivre s’était fait moins douloureux au fil des ans, bien que pleurer pour des choses bénignes lui était encore impossible.


« J’en ferais par à Rhaegel et Alyssa, si leur cœur t’en dis. proposa Maesella, visiblement ravie par une telle idée. Viserys et Malaar se ferait un plaisir d’accueillir Vaegor dans leurs jeux, je puis te l’assurer, bien qu’il ait fort à parier que Taedor cherche à les suivre. Quand à Alyssa, elle serait bien heureuse de trouver d’autres compagnes de jeux de son âge, ou presque. Visenya devrait également pouvoir se libérer, j’y veillerai même. La Grande Prêtresse poussa un soupir contrit. Il m’arrive de les envier, je ne puis te le cacher. A leur âge, rien ne semble avoir d’importance. Seuls importent les jeux et le repos salutaire qui les suit. »


Seule Visenya avait été privée de pareille enfance. Un fait que Maesella regrettait. Si seulement son frère s’était montré moins emporté… Cette pauvre petite aurait pu entrer au Temple de Vermax plus tardivement, à ses dix années révolues. Hélas, les Dieux en avaient décidé autrement et sa plus jeune nièce avait vécu ses plus douces années dans le Temple dont elle avait la responsabilité. Une enfance sans doute plus rude que les autres, dans les prières et les privations dans certains cas. De part son rang, la Nohgaris n’avait pu lui donner quelques avantages. Au Temple de Vermax, chacun se devait de faire ses preuves, qu’il soit noble ou issu de la poussière même.


Les Enfants des Dieux, tous clergés confondus, se devaient d’avoir une grande capacité d’écoute. ‘’ Écoute et ne parle point. ‘’, ‘’ Écoute pour mieux répondre ‘’. Tels étaient des mantras que bien des jeunes gens se devaient d’assimiler, car au-delà de leurs fonctions religieuses, bien des Prêtres et Prêtresses devenaient les conseillers des puissants de ce monde. Alors, Maesella écouta. Sa main toujours resserrée sur sa tasse campaniforme, elle écoutait les craintes de la Princesse qui se trouvait devant elle. Il arrivait à la Grande Prêtresse de hocher la tête par moments, restant pourtant parfaitement silencieuse.


La Nohgaris ne connaissait que trop bien son cousin. S’ils n’avaient point grandis ensemble, l’âge adulte leur avait permis de se rapprocher. Baelor était un homme qu’elle avait appris à apprécier. Un membre de sa famille à part entière, bien qu’ils ne partageaient point le même nom. Ses ambitions lui étaient connues, ou tout du moins, s’en doutait-elle. Ses enfants en faisaient partie, à bien des égards. Point de la même manière qu’aux yeux de Myssaria, cependant. Maesella avait devant elle une mère inquiète pour le futur de sa progéniture. Une inquiétude parmi les plus belles qu’il était possible de ressentir. Après tout, quelle mère ne voudrait pas voir ses enfants danser en pleine lumière ?


La Nohgaris se souvenait fort bien de l’Epreuve du Feu du petit Daerion. Il arrivait que les flammes se montrent bien cruelles avec leurs enfants. Le pauvre petit avait été profondément mordu par ces dernières. Un enfant qui n’aurait pas du subir une telle chose, telles avaient été les pensées de la Grande Prêtresse à ce moment. Jamais Maesella n’avait douté que Myssaria se soit opposé à une telle chose, la vigueur qu’elle avait mis à tenter de briser ses chaînes d’acier valyrien parlait pour elle. Hélas, le mal avait été fait et Daerion porterait sans doute des années durant, si ce n’est durant toute son existence, des stigmates de son baptême.


« … Baelor a toujours été un homme d’ambition, de cela je ne peux que convenir. commenta finalement Maesella, sa main toujours enserrée autour de sa tasse. Comme je souhaiterai que ces personnes voient au-delà des apparences, que cela soit pour toi ou pour tes chers enfants. Au-delà de la teinte de votre peau, de celle de vos cheveux ou de vos yeux. Mes conseils sont tout à toi aussi longtemps que tu penseras en avoir besoin, Myssaria. La Voix de Vermax est aussi la mienne, je ne sais que trop bien le pouvoir que les mots peuvent avoir. Aussi ne puis-je parler à la légère. C’est encore le cas aujourd’hui. L’inquiétude que tu portes pour tes enfants ne peut que me toucher. De même que les propositions qui sont les tiennes à mon égard. »


Maesella délaissa alors sa tasse, glissant sa main au niveau de sa joue. Les Nohgaris disposaient d’un prestige certain. Les Dieux mêmes s’étaient penchés sur eux à de multiples reprises, leur ouvrant maintes et maintes fois les portes de leurs Temples. Leur permettant même de tutoyer le firmament en endossant le sacerdoce de Grands Prêtres ou de Grandes Prêtresses. Maesella n’était en aucun cas une exception, dans son lignage. Dès lors, les demandes de Myssaria n’étaient pas uniquement touchantes mais également compréhensibles. Le clergé de Vermax était accoutumé aux personnes venus du lointain. Dès lors, voir Bhaenya et Daerion à ses côtés les protégeraient de bien des moqueries, de bien des périls. N’était-ce pas là son devoir ?


« Le futur de tes enfants m’importe autant que celui d’Alyssa, Taedor, Viserys et Malarr. Ils sont du même sang, à quelques nuances près. Le clergé de Vermax se ferait un plaisir de veiller sur Daerion. Vermax ne porte que peu d’attention à l’apparence de ceux et celles qui la servent, bien au contraire. Elle se plaît à voir tous ses Enfants en sa demeure, à considérer ceux et celles qui se vouent à elle malgré leurs origines d’une pareille manière. Quant à ta fille, je n’ai pu que me rendre compte des capacités qui sont les siennes. En cela, tu peux être fière d’elle. Elle a également une bien belle apparence, d’après mes souvenirs, et la tenue d’une grande dame, bien que les années seules pourront affirmer ce fait. Je saurais faire oublier aux langues de vipère ce point, leur montrer qu’elle reste une dame de notre contrée. La Grande Prêtresse se tut quelques instants, visiblement songeuse. T’es-tu déjà confiée à mon cousin, au sujet des craintes que tu formules à mon égard ? »


Maesella se ferait un plaisir de veiller sur les enfants de sa cousine, les faits étaient là. Savoir que leurs différences pouvaient les faire souffrir ne pouvait que l’attrister. Rhaedor ne prendrait point le moindre ombrage d’une telle situation, qui plus est. Sans doute considérait-il Visenya comme la fille qu’ils n’avaient jamais pu avoir. Bhaenya et Daerion trouveraient un accueil chaleureux aussi longtemps que cela leur serait nécessaire, parmi les Nohgaris. Restait cependant une question. Une question d’importance, qui plus est. Car Baelor restait le chef de famille, parmi les Cellaeron. Dès lors ne pouvait-elle pas accueillir ses enfants sans son accord.




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