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Rencontre avec l'aube  @Daenyra Tergaryon

Les environs de Valyria

Argos, mon cheval et ses  presque quatre cent cinquante kilos ont patiné sur ces dalles comme sur de l'huile. J'ai pu dégager ma jambe avant qu'elle ne soit broyée par le poids phénoménale de ma monture.  
Argos s'est relevé avec la grâce d'un danseur. Et moi, j'ai roulé sur les dalles froides. J'ai tenté de me relever. J'ai essayé d'utiliser mon bras gauche comme appui pour me relever. Une douleur fulgurante m'est montée jusqu'au cerveau, m’empêchant de hurler. Je suis resté étendu un instant. Espérant reprendre mon souffle et permettre à la douleur de s'estomper.

Argos m'a reniflé, visiblement inquiet de mon inaction. J'ai chassé son énorme museau de mon bras valide. Sa première maladresse avait faillit me tuer... Je l'avoue... je suis injuste avec cette pauvre bête. Moi et Argos n'avions jamais galopé ou simplement marché sur une route dallée...
Désormais, je devrais ferrer ma monture en conséquence...

J’ignore le temps que cela m'a pris pour m'assoir et simplement me lever. Je tremblais comme un enfant. Il était hors de question de repasser l'enceinte de la capitale dans cet état pathétique.
J'attrape la longe d'Argos. Je le fixe dans ses grands yeux noirs sereins.

Toi et moi... on va faire un détour...

J'avais situé un lac à une centaine de mètres, droit vers le sud, en traversant les bois. L'aube n'allait pas tarder à se lever et la lune encore haute éclairait les bois. J'ai marché sans hésitation. Je crains les dalles glissantes des routes et des villes, mais aucune forêt n'a jamais représentée un danger pour moi et cela, depuis ma naissance.


La situation géographique du lac était exacte. Je me suis déshabillé pour me plonger dans une eau glacée et bienfaisante. Mon bras et mon épaule viraient lentement vers une couleur rougeâtre assez écœurante. Je pouvais bouger mon bras, signe qu'il n'était pas cassé... J'avais échappé à tellement de dangers pour si peu de cicatrices. Et j'ai failli mourir écrasé par mon cheval... Cela aurait bien amusé mon père et certains de mes frères en seraient morts de rire.

Je m'amuse un instant dans cette eau pure sous le regard indifférent d'Argos, alors que l'aube se lève.




Daenyra Tergaryon
Daenyra Tergaryon
Dame-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t520-daenyra-tergaryon-th

Rencontre avec l'aube

feat. Hugor Arryn

Les environs de Valyria & mois 8 de l'an 1066

Si les humeurs pouvaient être fragrances, alors elles seraient soufre, métal et putrescence ; sang, sueur et charbon. L’Oiseau Délicat sentait là les affres de douleurs lancinantes et d’une terreur à jamais agrippée aux chairs et aux os. Elle gravitait, de ses ailes alourdies du fardeau de souffrances qui ne lui appartenaient pas, de lit en lit, de chambre en chambre dans l’immensité de cet hôpital où les corps s’amoncelaient, plaies fraîches, offertes ou dissimulées sous la protection pudique de bandages. Sa seule présence prodiguait réconfort et espoir ; le murmure de la Bonne Dame en écho sur les lèvres écorchées. Et ce qu’elle ne pouvait guérir par ses mots et son regard désolé, Daenyra le dédommageait en matériel pour les soignants, en nourriture pour les nécessiteux ou en couvertures que les quelques serviteurs qui l’accompagnaient distribuaient. Il en allait de la réputation des Tergaryon de soutenir ainsi un peuple en deuil et à l’agonie, en dépit des semaines qui s’étaient écoulées. Une fissure immense, plus profonde encore que celle qui avait transpercé Valyria, pourfendait l’âme de ses habitants. La fière dynastie ne pouvait détourner le regard de l’océan de souffrance qui se jouait à leurs pieds. Plus encore alors qu’Elaena brillait d’une popularité toute neuve auprès du peuple pour son courage et son abnégation offerte au peuple ; plus encore alors que Maekar s’immergeait dans les vapeurs d’une aura héroïque. Le drame ne pouvait empêcher l’immense échiquier de faire avancer ses pièces et d’abattre ses stratégies.

La présence de Daenyra en ces lieux n’en était pas moins le résultat de prétentions nobles. Elle ne retirait nulle gloire à avoir survécu au fléau qui s’était abattu sur eux, ni même que sa dévotion envers le peuple ne lui ait conféré le titre de Bonne Dame. L’ombre biscornue de la mort dansait encore devant ses yeux horrifiés, fauchant âmes fraîches et abîmées sans distinction aucune, avec la seule volonté de satisfaire un appétit funeste. Ce spectacle atroce se jouait dans chaque fibre de son être, la confusion de toutes ces pensées s’entrechoquant dans son esprit. Il y avait là les plaintes muettes qui ricochaient dans les contreforts de son crâne et l’assourdissaient par le hurlement de toutes ces âmes meurtries. Des souvenirs qui n’étaient pas les siens se superposaient les uns aux autres, affligeant son corps d’une fatigue surnaturelle. Mais il ne pouvait y avoir de faiblesses qui raturent son visage. Les forces des Tergaryon, vivaces et enflammées, se tissaient plus hautes qu’honneur. En dépit de l’épuisement qui enserrait ses chairs, elle composait une expression tranquille et marchait, droite et élégante. Elle observait avec une curiosité manifeste et appuyée l’œuvre des mages auprès de quelques blessés. Les paumes irradiaient de lueurs tirées des cieux, appliquées tout près des blessures les plus profondes. La jeune femme contemplait le parfait contrôle de ces dons merveilleux, non moins guidée par une infime amère jalousie de ne point avoir été touchée de la grâce divine. Le sentiment d’impuissance qui enflait au fond d’elle n’éclorait pas aussi étouffant si elle pouvait apporter une véritable force dans les rangs de sa famille. Aenar avait apporté le soleil, astre flamboyant parmi les pâles étoiles, irradiant de mille feux, de courage et de force. Elaena et Maekar, tels les deux faces d’une même lune, se distinguaient par une intelligence et une fulgurance mise au profit d’un charisme certain. Ils incarnaient en un seul être l’essence même du pouvoir qui éblouit les hommes. Maerion, effleuré par les murmures du divin, portait dans son sang les étincelles de la magie pure et d’un potentiel impressionnant. Qu’était-elle, perdue au milieu de ces imposants dragons, sinon celle qui vivait le fléau de ces dons incompris ? Elle existait au travers de ses faiblesses, devant veiller constamment à se ménager, à ne point épuiser ses ressources, vivant de nombreux repos qu’elle ne pouvait éluder. Quelle allure pour un Dragon qui rugit depuis les confins de ses draps précieux ? Daenyra maudissait ce don qui lui apportait tant de peines et les facéties cruelles des Dieux. Ne pouvaient-ils la faire naître plus forte, plus remarquable et plus enflammée ? L’Oiseau Doux n’apportait qu’un maigre tribut en visitant ces lieux d’agonie et de repos, affichant son aide au nom des Tergaryon. Méritait-elle qu’un infime honneur d’être appelée Bonne Dame à ce jour ?

Des tréfonds d’un lit, une voix gémit faiblement tandis que Daenyra effleurait sa présence, escortée d’un soigneur qui lui faisait état de la situation. Ses prunelles pâles s’abîmèrent sur la carcasse misérable d’un homme dont la rencontre avec quelques wyrms ne faisait aucun doute. Les bandages, imprégnés d’écarlate, recouvraient les parjures sur ses chairs dolentes. Bonne Dame… bredouillait la créature meurtrie. Le souffle de la jeune femme s’était échappé de ses poumons, lui faisant vivre des sévices qui n’étaient pas les siens. La main décharnée se tendit vers elle, obscurcie par des visions qui ne provenaient pas non plus de sa mémoire. Et la voix murmurait encore ce titre qu’elle n’était guère sûre de mériter. Ses doigts frémissant firent mine de se tendre vers ceux que l’appelaient désespérément. Pourtant, rien de l’empathie qui animait son corps ne parvint à lui faire prendre cette main. Elle se livra, démunie, à une peur qui lui vint du plus profond des tripes et la couardise lui fit rétracter ce geste illégitime. Elle n’en portait pas la dignité. Elle n’en portait pas l’espoir. Elle n'était rien.


***


L’écume de l’aube la cueillait dans son harmonie parfaite. Les démons de la nuit quittaient la robe des ténèbres et les fracas du jour ne balafraient pas encore son âme par ses cris assourdissants. Les sommeils étaient brefs pour la jeune femme et fortement agités par la valse de toutes ses monstruosités. Là où le repos ne s’inscrivait pas, Daenyra prenait le contre-pied d’aller le quérir ailleurs. Il lui fallait l’intimité silencieuse de la nature pour enrober ses épaules tremblantes. Escortée en dehors des murs, elle s’était affranchie de cette compagnie muette dès lors que les ailes de Myrha s’étaient déployées dans la pâleur du ciel. C’était un lien timide qui unissait la noble à son dragon. Une relation nimbée de pudeur qui les avait souvent rendu étrangers l’un à l’autre. Avec la fureur des dernières semaines, l’Oiseau avait ressenti le singulier besoin de retrouver son contact. Jusqu’alors, le sauvage reptile volait près du sol, sans s’y poser jamais vraiment et surveillait de ses fentes fines les pas infimes de sa jumelle dans l’écrin de la nature. Daenyra, destinée à la terre et à la poussière, contemplait ce sublime ballet des cieux.

Une attention toute dirigée vers Myrha qui ne l’alerta pas tout de suite sur les murmures d’une autre âme dont elle se rapprochait en s’enfonçant vers une clairière. Pour la première fois, ce ne furent pas les dons de la Valyrienne qui lui annoncèrent la présence de l’ambassadeur, mais bien ses sens. En premier, le bruit clair de l’eau qu’un être agite, puis la vision progressive d’une silhouette qui se meut. « Ambassadeur Hugor ? » Il n’était point de question, juste une surprise qui enjolivait sa voix. Ses capacités s’étaient rappelées à elle, lui permettant de s’assurer qu’elle se trouvait bien en présence de l’Andal. Elle saisissait les échos de son âme rigide. Son corps s’était vite détourné en constatant la posture qui était la sienne. La pudeur n’était pas un trait valyrien, mais il résidait dans le cœur de la Dame-Dragon, résultat d’une fidélité écrasée de souffrance pour un être sans forme, ni contour. « Te voilà bien matinal pour te trouver ainsi en ces lieux… J'espère ne pas troubler ta solitude. » Le vol de Myrha, attentive et protectrice, se recentra sur la petite clairière où il avait toute visibilité et toute liberté d’agir à la moindre action hostile. Un sourire drapa les lèvres de Daenyra à l’attention de son dragon discret et pourtant si féroce.