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Nothing and no one can break this bond

feat. Vaelya Riahenor

Quadrant Ouest, Palais Riahenor, An 1066 Mois 7

« Comme tu es sérieux… » minauda Aelys d’un air faussement mécontent. Gaelor releva ses yeux violets de son ouvrage sur sa sœur aînée, la mine quelque peu désabusée. A croire, si elle ne le connaissait pas si bien, qu’il méprisait sa compagnie. « Je lis, Aelys. Cela demande effectivement du sérieux. » Cette réponse lapidaire déplut à la jeune fille qui ne trouva point le goût de répliquer. Elle connaissait déjà la saveur de leurs échanges si elle continuait à le tancer de la sorte et il lui arrivait de savoir dompter sa langue. Ainsi se replongea-t-elle avec application dans le croquis que son fusain traçait sur le papier vierge. Il n’était pas un jour qui s’écoule sans que la Riahenor ne ressente le besoin irrépressible de créer, de dessiner, de sculpter. Tout ce qui l’entourait alors devenait son modèle et s’inscrivait dans l’éternité de ses doigts, sous la réserve qu’elle soit satisfaite de sa création ; auquel cas sa vie passait à trépas. Cependant, rien ne lui était plus agréable que d’avoir son benjamin pour muse. Une énième ruse pour troubler ses solitudes et venir lui tenir compagnie au cœur de ses heures si studieuses. Avec les années et plus de sagesse, elle avait appris à respecter son appétence manifeste pour le savoir et sa sagacité ne faisait que l’impressionner. Aussi ne faisait-elle discrète, autant qu’une Aelys pouvait l’être. Il lui suffisait pour cela d’attraper ses feuilles et ses fuseaux pour interrompre le tumulte qui vibrait dans ses veines. Elle aimait à capturer les angles gracieux de son visage, à captiver la profondeur de son regard sérieux et intense, et tracer les quelques mèches sauvages qui lui retombaient devant les yeux. Grâce à cet exercice régulier, la transformation de son frère se faisait plus éclatante, se muant de garçon à un jeune homme. Elle pouvait le voir à sa stature et sa posture qui se modifiaient, plus affirmées, plus imposantes aussi. Les contours de son visage abandonnaient les rondeurs de l’enfance pour des traits plus taillés, plus marqués par le temps et le début de l’âge mûr. Il lui plaisait de constater cette évolution qui s’était accélérée aux premières heures de la guerre, quand il n’était plus que le seul homme de la famille toujours présent au palais. Aelys n’était pas restée aveugle à tous les changements qui s’étaient opérés progressivement chez Gaelor, modifiant également la dynamique de leur relation. Sous le vernis d’une relation tendre et fusionnelle couvait les braises timides d’une passion dévorante. Plus audacieuse que son frère, la jeune femme jouait de cette tension nouvelle qui s’était installée entre eux. Cependant, les espiègleries n’étaient plus dans son esprit actuellement.

« Il me semble que cela fait une éternité que nous ne l’avons pas vue… » Cette fois, Gaelor accorda une attention plus soutenue à sa sœur, constatant le ton chagriné et mélancolique qui était le sien. « Elle me manque tellement. » - « Malheureusement, il ne nous est pas encore permis de la voir. Nous devons nous montrer patients, Aelys et bénir Arrax qu’elle nous ait été rendue sauve. Tout comme Saerelys. » Les mots pleins de raison de son benjamin ne l’atteignirent pas complètement. Ces longues semaines de privation avaient déjà épuisé toutes ses patiences et elle n’en tenait plus de ne pouvoir visiter sa propre mère. S’arrachant à ses dessins, elle vint s’asseoir à côté de Gaelor et enroula ses bras autour du sien, se rapprochant de lui sous le ton de la confidence. « Ne pourrions-nous pas nous glisser dans ses appartements ? Si nous sommes suffisamment discrets, personne ne nous verra ! Après tout, nous sommes ses enfants, nous avons le droit de la voir. Sae a eu cette chance ! » Une pointe d’envie transperçait sa voix qui suppliait son frère de l’accompagner dans son caprice. Néanmoins, les années avaient su apporter à Gaelor assez de présence d’esprit et de caractère pour qu’il s’oppose plus opiniâtrement à sa sœur. « Ce n’est pas une bonne idée. D’autant qu’il y a une raison ces règles. Cesse de vouloir toujours les défier. » Aelys eut une expression pincée, vexée par le propos de Gaelor. Se détachant de lui, son poing frappa son épaule et arracha un cri au jeune homme, puis elle se redressa avec toute la dignité dont elle disposait. D’un pas furieux, elle quitta les appartements de son frère.


***


L’âme tumultueuse, Aelys ne parvenait à tenir en place. Depuis l’antichambre des appartements de sa mère, la Dame Dragon effectuait les cent pas depuis presque une heure. Au travers des fenêtres, elle pouvait constater la course de l’astre dans le ciel, avivant toutes ses impatiences et attisant son agacement. Ses mains malmenaient les papiers enroulés qu’elle possédait entre ses doigts. Négligemment, elle attaquait les coins de ses ongles pour apaiser sa flamme, avant qu’elle ne rappelle à l’ordre et interrompe son piteux manège. Elle avait conscience qu’elle n’avait aucun droit de se trouver en ces lieux. Toutefois, elle n’en tenait plus de cette distance imposée et l’injonction de Gaelor avait achevé de la pousser à outrepasser les règles.

De trop longues semaines l’écartaient de la dernière fois qu’elle avait pu voir Vaelya et il n’y avait là que le cri légitime d’une fille qui réclamait de voir sa mère. Ce privilège ne pouvait lui être refusé encore un instant de plus. Guettant la sortie des mages et des soigneurs, elle s’essayait à la plus grande des discrétions. Jusqu’à ce qu’elle n’entende des pas qui se rapprochent à la porte. Prestement, elle se glissa dans les imposantes teintures accrochées près des fenêtres et attendit, retenant sa respiration. Finalement, les pas s’éloignèrent jusqu’à disparaître complètement. Par mesure de précaution, elle patienta encore quelques minutes supplémentaires avant de s’extirper de sa cachette improvisée et se précipita à la porte de sa mère. Sa main agrippa la poignée sans la tourner pour autant. Une angoisse étrange lui agrippa les tripes. Non point qu’elle craignait d’être réprimandée. La chose lui était coutumière. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de songer à l’état de Vaelya lorsqu’elle la trouverait. Serait-elle diminuée ? Aelys soutiendrait-elle cette vision douloureuse ? Son flegme lui rappela tout le courage dont elle devait faire preuve et la poussa à franchir le pas de la porte. Incertaine, elle se glissa dans ces appartements familiers, des fragrances de plantes et d’onguents médicinaux flottant dans l’air. « Mère ? » appela-t-elle, emplie d’espoir. Son regard clair capta bientôt sa présence dans le lit, au cœur des draps éclatant. Aelys ne put contenir sa joie et se précipita vers le sujet alité. Elle se lança pour une étreinte mais retint son geste, de crainte de lui faire éprouver du mal. Sa main vint juste prendre la sienne et la serra fermement dans la sienne. « Oh mère, comme tu m’as manqué ! » Son regard luisait d’un bonheur sincère et toutes les inquiétudes de ces dernières semaines s’évanouissaient au contact de celle qui lui avait donné la vie. Son expression se fit plus réservée, comme une petite fille. Pour cette fois, malgré sa désobéissance, elle ne voulait être morigénée. « Je suis désolée… Je ne parvenais plus à me passer de ta présence. J'avais besoin de voir comment tu allais... » admit-elle, espérant que sa sincérité pourrait amadouer sa mère.




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As one are we in the now and beyond. Nothing and no one can break this bondVaelya et Aelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 7

Les doigts de la dynaste étaient crispés sur cette main secourable de cet homme qui l’avait sauvé de l’antre de Balerion, qui l’avait empêchée de le rejoindre. La douleur était vive aujourd’hui et les massages prodigués par les soigneurs qui accompagnaient le mage, pour soulager sa cuisse lui arrachaient des rictus de douleur. Vaelya ne pouvait que reconnaître toute la tâche qui avait incombé au mage dans les premiers temps et le chemin qui restait encore à parcourir. Les mains enduites de mixture médicinale avaient beau être minutieuses et douces à la fois pour assouplir le tissu qui cicatrisait, se faisaient trop lourde en cette journée où la douleur était vive. La matriarche serra les mâchoires, réprimant ainsi un gémissement douloureux qui était en train de poindre dans sa poitrine qui se soulevait rapidement. Le temps s’écoulait si lentement depuis de nombreuses semaines que la sensation que ces massages se révélaient être interminables ne la quittaient pas et ce sentiment de longueur s’accentuait lorsqu’elle se trouvait dans ces moments où la douleur était sa compagne d’infortune, lui tenant compagnie lorsque les effets des potions calmantes du mage s’estompaient après de longues heures de protection efficace pour Vaelya.

Le mage remercia les soigneurs, leur demandant de s’écarter alors qu’il soustrayait sa main à l’emprise de celle de la dynaste avant qu’il ne vienne s’installer à ses pieds. Devinant ce qu’il s’apprêtait à faire, Vaelya prit une grande inspiration avant de la retenir alors qu’elle sentait les mains venir saisir sa jambe avec la même douceur dont les soigneurs avaient fait preuve. Précautionneusement il la fit plier la jambe avant de la déplier et de répéter plusieurs fois le geste pour faire travailler ces muscules. Une larme perla du coin de l’œil de la Riahenor qui lutta avec difficulté pour éviter d’émettre le moindre son qui trahirait à quel point elle pouvait avoir mal en ce jour. Elle émit cependant un gémissement alors que le mage poursuivait son action avec une précaution qu’elle ne pouvait que difficilement supporter même si elle savait pertinemment que cela lui était nécessaire pour qu’elle puisse bientôt effectuer quelques pas.

Il étendit une dernière fois la jambe et la reposa avant de rabattre la fine toge de Vaelya, fine protection entre la cicatrice et la couverture qui lui permettait ne pas se refroidir. La dynaste soupira de soulagement tandis que le mage se levait pour lui donner ce qui lui permettrait d’affronter les prochaines heures qui la séparaient de nouveaux soins. Sans se faire prier elle bu la potion puis le mage et les soigneurs quittèrent la chambre de la matriarche avec pour seule occupation un des livres de leur bibliothèque privée, mentionnant les relations entre les dragons et les précédents Riahenor. Se reculant légèrement pour mieux se positionner, Vaelya commença relire cet ouvrage dans l’espoir d’y trouver des réponses mais ce ne fut que de l’ordre de quelques lignes car une voix l’interpella. Relevant vivement les yeux, la matriarche darda son regard lilas sur la jeune femme qui venait d’entrer. Aelys.

Surprise. Joie. Tels furent les premiers et uniques sentiments que Vaelya ressenti en apercevant que cette visite impromptue n’était autre que sa cadette. Sans un mot, elle posa son posa livre à côté d’elle et la regarda se précipiter vers elle pour venir la prendre dans ses bras, serait-là une étreinte bienvenue tant chacun de ses enfants lui manquaient depuis qu’elle ne se trouvait plus dans un incessant brouillard de douleur  La nuit les cauchemars restaient mais le jour n’était plus qu’accompagné par les effluves médicinaux et une douleur plus ou moins présente. Vaelya ferma les yeux, prête à recevoir cette étreinte mais Aelys retint son geste et vint simplement lui prendre la main avec une fermeté qui trahissait sans le moindre l’inquiétude et l’impatience qui avaient pu l’animer ces dernières longues semaines.

Entendre qu’elle lui avait manqué, arracha un sourire à Vaelya qui vint lui caresser la joue avec cette douceur maternelle qui était sienne. Ces yeux si expressifs confirmaient l’impression de la matriarche qui se mordilla légèrement la lèvre, elle pouvait imaginer l’inquiétude que chacun d’entre eux avait pu éprouver mais seuls les dieux en restaient les témoins silencieux. L’expression d’Aelys se fit plus réservée, sérieuse, et la dynaste fronça légèrement les sourcils. La jeune fille avait désobéi aux ordres du mage pour venir la voir mais comment lui en vouloir ? Aelys lui révéla la vérité, s’excusant, et l’ombre d’un sourire fier passa sur le visage de Vaelya.

- Je ne peux t’en vouloir, Aelys, répondit-elle en venant lui caresser à nouveau la joue avant de venir embrasser la main qui tenait la sienne. Etait-ce l’odeur du fusain qu’elle reconnaissait-là ? Les yeux de Vaelya cessèrent de regarder le visage de sa fille pour examiner la main de cette dernière. Il faut que tu prennes soin de tes mains c’est important. Que faisais-tu ?



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feat. Vaelya Riahenor

Quadrant Ouest, Palais Riahenor, An 1066 Mois 7

Deux mois plus tôt…

La main appliquée à son ouvrage, Aelys écoutait d’une oreille distraite l’entremêlement des voix de ses cousins et cousines. Dans les jardins du palais Riahenor, l’animation de toute cette jeune chair emplissait l’air d’une atmosphère légère et joyeuse. Sur l’herbe douce et moelleuse, les serviteurs avaient étendu de grands draps, disposés quelques banquettes, de riches coussins et pourvu le tout de mets appétissants et raffinés pour que cette jeune société soit satisfaite. La jeune femme appréciait ces réunions joyeuses, l’âme quelque peu déçue de ne point pouvoir jouir également de la présence de sa sœur et de son frère ici. Aedar était encore occupé à quelques affaires avec Maegon, tandis que Vaelya se plaisait en la compagnie d’une Dame de la haute noblesse de Valyria. Quant à Saerelys, son intérêt s’était porté vers la Place des Esclaves, prête à recueillir pour la famille le résultat des discours de ceux qui concouraient pour les sièges de Lumières. Un évènement qui n’avait pas intéressé Aelys, préférant profiter d’une journée auprès des siens. La tête posée sur l’épaule du tranquille Gaelor, elle croquait soigneusement les visages de l’assemblée de ses cousins qui conversaient entre eux.
D’abord un frémissement dans les entrailles de la terre.
Le silence qui s’imposa dans les jardins.
Puis des tremblements qui les secouèrent.
La main d’Aelys agrippa immédiatement celle de Gaelor, cherchant une réponse sur son visage tout aussi hagard que le sien. « Que se passe-t-il… ? » En dépit de l’inquiétude qui les meurtrissait tous, la nouvelle du Grand Effondrement ne leur parvint que trop tard. Tous leurs cousins s’en étaient allés à l’annonce de la catastrophe, réclamant de savoir ce qu’il était advenu des leurs. Quant à Aelys, il avait fallu que les bras de Gaelor et les ordres de Daela ne la retiennent pour ne pas qu’elle se précipite en dehors des murs du palais. Plus encore quand, au terme d’une attente interminable, les corps souffrants de Vaelya et Saerelys furent ramenés. « Je veux les voir ! » avait-elle éructé, cherchant à trouver une moyen d’être auprès d’elles. Mais jamais le passage ne lui fut ouvert. Sa fureur tourmentée s’était perdue dans des sanglots douloureux, étouffées contre la poitrine de son benjamin.


***


Il n’était plus possible pour Aelys d’éprouver les tourments de l’attente. C’était une patience méconnue qui l’avait habitée jusqu’alors. Durant de longues semaines, elle avait accepté les affres de l’incertitude et de l’impuissance. Il n’était guère familier d’Aelys de tenir une posture où elle devait être à l’écart et obéir de la sorte à des injonctions qui la faisaient tant souffrir. Combien de fois avait-elle failli céder au besoin irrépressible de se glisser dans les appartements de sa mère, de franchir sa porte et de s’apaiser du réconfort de sa compagnie. La jeune femme avait vécu le manque au départ de Saerelys pour le Collège des Mages. Une colère et un chagrin immense qui s’étaient renouvelés à l’annonce de la guerre contre l’Empire de Ghis, lui arrachant un frère aîné, un père et des cousins durant de nombreuses années. Ces absences ne lui étaient pas étrangères, mais jamais elle n’avait été séparée ainsi de Vaelya. Leur relation, au cours des années, avait été tempétueuse, fougueuse et volcanique, mais elle était tissée d’une matière solide et immuable. En dépit de toutes les foudres que le caractère furieux d’Aelys avait pu éteindre sur sa mère, son admiration et son amour vibraient toujours de la même rage, de la même puissance. Et aujourd’hui, c’était le cœur d’une fille réclamant sa mère qui l’avait poussée à braver les interdits.

A présent qu’elle franchissait le seuil des appartements de Vaelya, elle craignait que sa désobéissance ne lui soit reprochée une fois de plus. Néanmoins, ce fut l’émotion qui, la première, la submergea à la vision lointaine de sa mère dans les draps. Sa flamme la fit se précipiter vers le lit, prête à étreindre la Riahenor, mais son inquiétude la retint. Elle craignait de lui faire du mal en la touchant, comme si elle pouvait se briser. Bien que sa mine soit colorée, ses traits portaient les stigmates d’une intense fatigue et d’une douleur constamment éprouvée. Le cœur d’Aelys se serra à la pensée de cette tourmente quotidienne. De l’entorse qui venait d’être faite aux règles, la Dame Dragon préféra en avouer toutes les vérités. Son cœur ne put que se réjouir de savoir que sa mère ne lui tenait pas rigueur de son incartade. Au contraire, toutes ses tendresses s’affichaient dans son sourire, la caresse de ses doigts sur sa joue et les baisers sur ses mains. Des larmes d’émotion montèrent aux yeux de la fille aux cheveux d’argent, retrouvant le réconfort de l’amour d’une mère et toutes ses attentions.

Ses yeux se posèrent sur ses mains quand Vaelya la pria d’en prendre soin. Il était vrai que ces dernières subissaient beaucoup lors de l’exercice de son art. Toutefois, les soins réguliers qu’elle leur prodiguait parvenaient à en conserver toute la douceur et la grâce. Néanmoins, les dernières semaines avaient mis à mal ces fameux rituels. L’inquiétude et la frustration avaient infligé à ses doigts et ses ongles d’être constamment rongés. Elle sourit à sa mère. « Oui, j’en prendrai à nouveau grand soin à l’avenir. » Enhardie par le plaisir de sa mère à la voir, elle se rapprocha un peu plus d’elle. « Plus tôt dans la journée, je m’exerçais au dessin. Voilà un nouveau portait de Gaelor. Vois comme ses cheveux ont poussé ! » Elle déroula l’un des dessins qu’elle tenait précieusement entre ses doigts. Cette fois, elle vint s’asseoir à son côté pour lui présenter les dessins en même temps qu’elle les détaillait du bout de son doigt. « Je t’ai fait de nombreux dessins. Je sais qu’il ne t’est pas possible de nous voir ou de profiter de l’extérieur, alors je les ai amenés à toi. » Un autre dessin se superposa à celui que Vaelya tenait dans ses mains, lui exposant tour à tour les membres de la glorieuse famille des Riahenor. Puis ce furent des paysages directement capturés depuis les jardins du Palais qui tapissèrent les feuilles à dessin d’Aelys. « Regarde comme les couleurs du ciel ont changé depuis ces dernières semaines. Le temps se mue si rapidement en cette saison… » La curiosité picotait sa langue tandis que son regard s’égarait trop souvent vers la jambe dolente de sa mère. Après un certain silence, elle se hasarda à une question. « Est-ce que ta jambe guérit bien ? »



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As one are we in the now and beyond. Nothing and no one can break this bondVaelya et Aelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 7

Aelys. A mesure qu’elle avait grandi, cette enfant n’avait cessé de lui glisser entre les doigts à chaque instant et son éducation avait été des plus chaotiques. Jamais elle ne l’avait laissé paraître, gardant pour elle ce sentiment d’impuissance mêlé à l’exaspération, mais Vaelya avait songé à plusieurs reprises à confier son éducation à un membre de leur famille bien plus à même qu’elle de canaliser cette énergie qui semblait avoir été transmise à la jeune enfant par leur ancêtre Riahenys en personne. Mais jamais elle n’avait abandonné, elle avait puisé dans ses ressources, faisant preuve de patience et de fermeté afin d’éduquer au mieux celle qui était sa troisième enfant. Avec le temps la complicité s’était installée entre elles, se renforçant lorsque Saerelys avait rejoint le Collège. A présent, la matriarche savait comment parler à Aelys afin de ne pas réveiller ce dragon qui sommeillait en elle mais il y avait un détail qui ne cesserait de l’inquiéter : ces instincts qui ne pouvaient être jugulés, cette témérité qui l’avait effrayée plus d’une fois. Mais cela, une fois de plus elle devrait le garder secret, l’enfermer du mieux qu’elle le pourrait au plus profond de son être.

La présence de sa cadette ne pouvait signifier qu’une chose : elle venait une fois de plus d’aller à l’encontre de ce qu’il lui avait été dit. Les visites n’avaient point encore été autorisées par le mage qui avait tant pris soin de la matriarche et si elle avait été en pleine possession de ses capacités, Vaelya n’aurait guère hésité un seul à instant à montrer sa désapprobation. Mais le présent ne la voyait habitée par cette énergie qui avait toujours été sienne, non. Elle n’avait quitté sa chambre depuis de nombreuses et interminables semaines et si son feu s’était quelque peu rallumé, Vaelya n’avait pas la force de disputer Aelys, de voir la colère, la peine ou elle ne savait quelle autre émotion. Non, il n’y avait que cette douloureuse joie qui habitait la dynaste en cet instant alors que sa fille était auprès d’elle. Cette sensation alors que la main de la jeune femme serrait la sienne avec force, c’était tout simplement un plaisir de pouvoir la regarder. Ses yeux la couvant tant de cet amour maternel que de cette volonté d’observer le moindre de ses traits, finirent par observer cette qui serrait la sienne depuis quelques secondes à présent.

Vaelya fronça légèrement sourcil mais aucune critique ne fut formulée, seul un conseil franchit les lèvres de la matriarche alors qu’elle cessait d’observer ces traces sombres qui semblaient être du fusain. Seule une réponse de sa cadette permettrait de valider ou non cette hypothèse. Un soupir quitta la bouche de la dynaste lorsqu’Aelys lui adressa un sourire et lui promit qu’elle prendrait soin de ses mains. Il s’agissait-là d’un impératif qui valait autant pour la noble société à laquelle elles appartenaient, devant maintenant ce rang dynastique qui était le leur, que pour elle-même et cette passion pour la sculpture et le dessin. Un sourire étira les lèvres de Vaelya qui écouta attentivement les paroles de sa fille avant de se redresser à la mention de Gaelor et d’un portrait qu’Aelys avait fait de lui. Elle la laissa dérouler le dessin alors que la jeune Riahenor venait s’asseoir près d’elle afin de lui présenter ses œuvres. Un petit rire s’échappa tandis qu’elle constatait par elle-même à quel point les cheveux de son dernier garçon avaient pu pousser puis à mesure les dessins se superposaient les uns sur les autres, lui exposant une représentation relativement récente de chaque membre de leur famille, des larmes glissèrent sur les joues de Vaelya. Cela faisait si longtemps qu’elle ne les avait pas vus, qu’elle n’avait pas eu le plaisir d’entendre leur voix, une épreuve difficile pour celle qui s’était toujours attelée à ce que les liens de leur famille soient forts en toute circonstance comme si elle les renforçait autant qu’elle pouvait s’en nourrir.

- C’est d’une telle finesse Aelys, tu ne cesses de t’améliorer ! la complimenta-t-elle avant que cette dernière ne lui présente tour à tour différents paysages capturés depuis les jardins de leur palais. Essuyant ses larmes, Vaelya tourna la tête vers cette terrasse inatteignable. C’est magnifique… dit-elle avant que le silence ne s’installe. Durant plusieurs instants cette pièce qui pouvait témoigner des cauchemars de la dynaste, de ses gémissements de douleur, fut d’un calme tel que la matriarche n’entendait que le bruit de leur respiration. Une question. Ce fut ce qui brisa le silence et amena le regard de Vaelya à se poser à nouveau sur la jeune artiste. Sa jambe. Un soupir quitta ses lèvres alors qu’elle rendait les dessins avec précaution.

- Je.. J’aurais pu la perdre si Maehra n’était pas revenue vers moi à temps. Je ne serais jamais assez reconnaissante pour tous les soins prodigués par le mage et qu’il me prodigue encore. Je ne vais pas rejoindre l’antre de Balerion si c’est bien cela qui t’inquiète mais j’ai encore besoin de soin et de repos, expliqua-t-elle venant déposer un baiser sur le dos de la main d’Aelys. Dis-moi. Rhaelys… Vous vous occupez bien d’elle ? Elle a besoin de vous plus que jamais.



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feat. Vaelya Riahenor

Quadrant Ouest, Palais Riahenor, An 1066 Mois 7

De sa mère, Aelys s’était attendue à des potentielles remontrances. Cela n’aurait pas été la première, ni la dernière fois. Leur relation, à l’exemple de leur dynastie, s’inscrivait dans les flammes. Maintes fois, le caractère d’Aelys et ses nombreuses bêtises avaient avivé le brasier superbe des colères de Vaelya. Mère douce et attentive, elle n’en savait pas moins se faire respecter et escomptait que ses enfants se plient à l’autorité parentale. Une dernière notion qui les avait souvent placées en conflit l’une contre l’autre. La soif de défi n’était même pas le moteur des actions intrépides de la descendante de Rhaenys ou de ses désobéissances. Il ne plaisait guère d’être tenue sous le courroux des siens ou d’être soumise à quelques punitions. Hélas, elle ne souffrait pas d’être privée de ses libertés ou ne pas céder à ses pulsions. Ce que son cœur réclamait, il fallait immédiatement l’en nourrir. Et par plusieurs fois, cela avait causé ses nombreuses entorses aux règles. De plus, le brasier implacable de son esprit l’éloignait de la moindre conception du danger et souvent, Aelys n’avait pas réalisé l’ampleur de ses agissements. A ses yeux, toutes leurs disputes naissaient d’une trop grande rigidité quand la jeune fille se sentait parfaitement capable ou en sécurité dans le creux de ses actions.

Les années avaient su adoucir le caractère sauvage de cette enfant bien différente des autres Riahenor. Ce fut en premier le départ de Saerelys pour le Collège des Mages qui fut sa plus grande souffrance. A cela s’ajouta des obligations qui ne lui incombaient pas jusqu’alors. Il lui avait fallu gagner en maturité, autant pour amadouer la confiance de son entourage, que pour prendre soin de sa petite sœur. Ses bêtises s’étaient alors faites plus rares, tous ses efforts étant mis au service d’une meilleure image. Puis il y a eu la guerre, achevant de polir les facettes anguleuses de sa personnalité et de l’astreindre à plus de sagesse. Les premiers temps avaient été éprouvants pour la jeune fille, qui perdait alors un père et un frère. Aedar avait été un support si précieux au départ de Saerelys, qu’elle n’était plus certaine de parvenir à trouver la force de tenir bon. Ce fut à cette époque où elles ne furent plus qu’entre Dames Riahenor, à l’exception de Gaelor, qu’Aelys trouva tout son réconfort auprès de sa mère dont la relation passée avait été si tumultueuse. C’était elle, emplie de bienveillance et d’amour, qui avait guidé sa fille pour garder la tête haute, pour trouver sa voie au cœur de cette solitude imposée, pour conserver sa force, même quand l’angoisse leur frappait les tripes à chaque instant. Une admiration grandiose avait éclaté dans la poitrine d’Aelys pour cette mère qui s’affichait inébranlable en ces temps si rudes et effrayants. Aujourd’hui encore, elle se rappelait avec quel aplomb elle avait affronté chaque jour pour maintenir le prestige de la famille Riahenor et distiller de l’espoir parmi ses enfants. Depuis, Aelys possédait cette certitude entière qu’elle souhaitait dégager autant de charisme et de force que Vaelya.

Néanmoins, Aelys ne pouvait condamner un naturel qui revenait vers elle avec autant de vélocité que le vol des dragons Riahenor. Une fois de plus, elle avait enfreint les règles, mais elle comptait sur la pureté de son geste pour excuser cette incartade. Le sourire heureux et émouvant de sa mère acheva de la rassurer pleinement. Elle se précipita vers ce lit qui avait accueilli sûrement toutes ses douleurs, toutes ses larmes et ses gémissements au cours des semaines passées. Le cœur serré mais la poitrine libérée, la jeune femme prit place auprès de celle qu’elle admirait tant. Impatiente de lui révéler ses œuvres, elle montra à Vaelya les quelques dessins qu’elle avait apportés. Chacun faisait le portrait récent des différents membres de la famille dont elle avait été affranchie de la compagnie durant si longtemps. Il y avait là Daela et Maegon, dont la superbe ne se modulait guère avec le temps. Puis Saerelys et Aedar que la fatigue et la gravité marquaient quelque peu. A Gaelor, il fallait remarquer des cheveux plus longs et un visage aux angles plus sculptés à mesure qu’il devenait homme. Et enfin, Rhaelys qui ne cessait de grandir et d’embellir. Vaelya pourrait également trouver divers dessins qui capturaient les paysages de Valyria depuis le palais à divers moments de la journée. Les jeux des lumières y étaient retranscrits avec autant de fidélité qu’elle le pouvait. Pour cela, Aelys avait fait l’acquisition de nouveaux pigments colorés, rares et précieux.

« Merci, mère. Je suis heureuse qu’ils soient à ton goût. Comme cela, lorsque nous te manquerons trop, tu pourras les observer et ce sera comme si nous étions avec toi. » Face à la flatterie, Aelys cachait difficilement les joies remportées par son égo. Un sourire franc sciait son visage en deux et elle ne boudait pas toutes les fois où elle avait dû recommencer son ouvrage pour que le résultat s’approche de la perfection. Elle se sentit néanmoins transportée par la même émotion que Vaelya et sa tête se posa sur son épaule tendrement. Un silence léger s’instaura jusqu’à ce que ses yeux clairs ne se posent sur cette jambe meurtrie. La jeune femme ne put retenir sa curiosité. « Si Balerion venait à te réclamer, je t’arracherai à ses bras, mère. Il devra d’abord affronter ma fureur ! » Son timbre vibrait tandis qu’elle tentait d’éloigner cette vilaine pensée de son esprit. La perspective que sa mère ne soit plus un jour la plongeait dans une humeur agitée. Heureusement, le sujet s’orienta vers Rhaelys vers laquelle Vaelya dirigeait toutes ses inquiétudes. Aelys changea de position pour se replacer face à sa mère. Et en même temps qu’elle s’exprimait, elle sécha délicatement du bout de ses doigts les joues encore humides de sa mère. « Je ne pourrai te mentir, elle te réclame et le chagrin de l’absence se creuse chaque jour un peu plus… » La dernière Riahenor n’était encore qu’une petite fille qui requérait de nombreuses attentions. Sa mère, par-dessus tout, était un élément phare de son existence. Mais elle n’était pas oubliée pour autant. « Mais si tu la voyais, tu pourrais être grandement fière d’elle. Elle se montre si brave et bien plus patiente que je ne le serai jamais. » Une légère grimace, mi-amusée, mi-contrite, s’afficha sur son visage. Sa seule présence ici témoignait de cette différence de caractère. « Elle continue d’étudier avec applications et ses précepteurs sont très satisfaits d’elle. Quant à ses heures de liberté, nous essayons de les combler autant que nous le pouvons par notre présence. Bien entendu, Gaelor et moi sommes les plus présents car nous sommes plus souvent au palais. Mais dès que Sae ou Aedar le peuvent, ils viennent partager de ses jeux. » La fratrie des Riahenor pouvait se targuer d’être unies et aimantes. Un lègue patiemment cultivé par l’amour de leur mère au cours de ces années. Sa main vint se glisser dans celle de sa mère. « Les mages savent-ils quand nous aurons le droit de te voir à nouveau ? Il me semble que cela fait une éternité… »




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As one are we in the now and beyond. Nothing and no one can break this bondVaelya et Aelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 7

Malgré tout ce qui avait pu se passer durant ces dernières années, toutes les disputes qu’il y avait pu avoir, l’amour de Vaelya pour ses enfants ne s’était jamais tarît. Ils étaient sa chair, ils étaient son sang, et elle se devait de leur donner tous les outils qui leur seraient nécessaires aussi bien pour la grandeur de leur nom que de leur propre grandeur. Peut-être que sa présence pouvait les gêner mais être présente pour eux, pour les guider était ce qui l’importait et qu’ils puissent s’élever aussi haut que les cieux était son plus ardent désir. Le respect des ordres avait été une leçon à laquelle ils avaient presque tous été perméable. Seule Aelys, malgré une certaine maturité acquise durant les temps de guerre et qui sautait bien plus aux yeux de Vaelya en cet instant, avait éprouvé de grandes difficultés à l’écouter elle toute autre personne représentant l’autorité entre les murs du palais.

La dynaste aurait pu disputer sa cadette pour s’être introduite dans sa chambre sans la moindre autorisation mais aujourd’hui elle louait cette décision. Les dieux l’avaient mise à l’épreuve avec la naissance d’Aelys, lui attribuant un caractère si sauvage qu’il était parfois possible de la méprendre avec leur illustre ancêtre, même si les raisons différaient totalement. Mais aujourd’hui ce caractère était apprécié car Vaelya manquait cruellement de nouveaux visages et par cette pensée elle songeait bien à des visages autre que celui du mage et des soigneurs : celui des siens, des Riahenor. Elle avait pu avoir la chance de voir Saerelys quelques jours après le Grand Effondrement, cela lui avait un bien des plus salvateurs mais cela était resté exceptionnel ne se reproduisant qu’en ce jour avec la venue de sa cadette. Ah qu’elle avait hâte de pouvoir à nouveau les serrer dans ses bras, de caresser leur chevelure semblable à l’astre nocturne.

L’attention d’Aelys la touchait profondément et ce n’était qu’avec un pur amour maternel qu’elle l’observait elle avant qu’elle n’observe les dessins qu’elle lui présentait. Son talent s’était accru au fil des années et si son désir de perfection faisait sa force, comme elle pouvait le voir de ses propres yeux en cet instants, cela faisait aussi son plus grand défaut. Quittant momentanément du regard de sa mère, Vaelya posa ses yeux lilas sur son enfant avec l’ombre d’un sourire fier étirant ses lèvres. Avoir élevé une artiste faisait autant sa fierté que le parcours de Saerelys. Elle lui rendit le premier dessin pour passer au suivant. Maegon. Elle se mordilla la lèvre alors qu’elle observait ces traits qu’elle ne s’était jamais lassée d’observer, il lui hâtait de le retrouver. Le dessin des Jumeaux lui serra le cœur alors que ses yeux s’étaient posés sur leur traits graves et touchés par la fatigue. Un soupir quitta sa bouche avant qu’elle n’observe tour à tour le portrait de Gaelor qui perdait ce visage enfantin et de Rhaelys ne cessait de grandir. Sa petite dernière qu’elle souhaitait tant protéger… Avec précaution elle rendit les dessins tout en complimentant l’artiste alors que ses yeux observaient cette terrasse si terriblement inatteignable.

- Cela me touche Aelys, ajouta-t-elle tandis qu’une larme coulait sur sa joue.

La jeune fille vint poser sa tête sur son épaule et la matriarche profita de cet instant pour venir déposer un déposer sur le sommet de son crâne avant de venir lui caresser la joue. Un moment de silence s’installa avant qu’il ne soit brisé par la curiosité d’Aelys. Craignait-elle que Balerion ne vienne l’emporter ? Il était vrai que le pire était derrière Vaelya mais le dieu pouvait-il revenir sur sa décision ? Elle priait que cela ne soit pas le cas et que sa vie se trouvait bien entre ses propres mains et celle du mage accompagné de ses soigneurs. L’ardeur de la réplique de sa cadette, arracha à la dynaste un sourire franc, faisant naître une flamme en son sein. Pas un seul instant elle ne pouvait douter de ses paroles et de leur véracité tant l’émotion pouvait être entendue dans sa voix.  Vaelya lui accorda un nouveau baiser avant que son inquiétude maternelle ne se réveille et qu’elle ne demande des informations sur Rhaelys, sa dernière-née. Une larme coula sur sa joue alors que sa cadette lui révélait que sa petite sœur réclamait leur mère. Son cœur se serrait à imaginer la tristesse de cette pauvre enfant, une nouvelle larme coula.

- Je suis ravie d’entendre tout cela, j’ai toujours souhaité le meilleur pour vous et que vous compreniez l’importance que vous soyez proches les uns des autres. Nous sommes toujours plus forts unis que lorsque nous sommes désunis, dit-elle. Je l’ai déjà demandé à Saerelys mais dès que les mages vous autoriseront à venir me voir, je veux que vous veniez tous. La main d’Aelys vint ensuite se glisser dans la sienne et Vaelya la serra avec tendresse alors que sa cadette prenait à nouveau la parole. La matriarche détourna à nouveau le regard pour le poser sur cette terrasse qui ne cessait de la narguer depuis plusieurs semaines.

-  Une semaine ou deux, je ne sais plus… Aide-moi à me lever et soutiens-moi, j’ai besoin d’y aller, répondit-elle sans quitter son objectif des yeux.



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As one are we in the now and beyond.
Nothing and no one can break this bond

feat. Vaelya Riahenor

Quadrant Ouest, Palais Riahenor, An 1066 Mois 7

Aelys aimait à voir le sourire qui attendrissait le visage de sa mère. Un sourire qui lui était pleinement adressé dans toute sa douceur et tout son amour. Les Quatorze savaient combien Vaelya avait manqué à sa fille au cours de ces dernières semaines, les instants d’agonie et d’impatience à demeurer ainsi dans l’inconnu. Les mages et guérisseurs qui tenaient le chevet de l’épouse Riahenor ne manquaient pas d’informer le reste de la famille de son état de santé. Si, au fur et à mesure du temps, l’évolution s’était montrée encourageante, la fougueuse jeune fille souffrait de cette absence qui s’éternisait. Depuis le jour où un cortège affolé avait ramené sa mère et Saerelys de la place des esclaves où s’était produit le Grand Effondrement, il ne lui avait pas été permis de la voir. Il n’y avait plus eu que les bras de Gaelor pour la retenir d’enfoncer cette porte impie qui la séparait de celle que son cœur réclamait. A mesure des jours, ses inquiétudes s’étaient apaisées, notamment aux rapports rassurant de Maegon concernant sa femme. Néanmoins, le caractère sauvage de la jeune fille l’empêchait d’attendre un jour supplémentaire. Défiant les ordres et les recommandations, elle s’était infiltrée dans la chambre de Vaelya. Et si elle se fiait à cette expression tendre et douloureuse griffonnée sur le visage de sa mère, elle comprenait aisément que sa compagnie lui faisait le plus grand bien.

Soulagée par cet accueil clément, Aelys ne manquait point de mots pour envahir la chambre d’autres fragrances que des herbes et des onguents. Sa langue embaumait une fraîcheur et une vie qui semblait avoir fait défaut à la Riahenor au cours de ces dernières semaines, isolée des siens bien trop longtemps. Son émotion demeurait palpable tandis qu’elle contemplait les divers dessins et peintures confectionnées par l’artiste de cette dynastie. Sa main avait tracé toutes ces humbles œuvres avec le simple projet d’offrir à sa mère un tableau représentatif de ce qui se déroulait hors des murs de cette pièce, de lui donner un aperçu du dehors. Il y avait là les portraits de chacun des membres de cette famille fière et soudée. Tout d’abord, il y avait Maegon et Daela dont les mines austères et inquisitrices ne dépareillaient point l’une avec l’autre. Venaient ensuite les portraits de Saerelys et Aedar dont la jeunesse se voilait d’inquiétude et de fatigue. Cependant, une flamme toute Riahenor flamboyait dans ces regards qu’Aelys avait tenté de capter à la perfection. Si leurs portraits se confrontaient, il était presque possible de croire qu’ils étaient en train de se contempler mutuellement. Une application plus partiale avait été apportée au dessin de Gaelor, sa main fertile cherchant à apporter le plus de soin possible à retranscrire la finesse de ses traits, le sérieux de son regard et la sagesse de ses expressions. Seul un léger désordre capillaire rappelait qu’il n’était encore qu’un jeune garçon à l’aube de ses années d’homme. Aelys ne pouvait s’empêcher de s’attendrir elle-même en admirant son benjamin. Enfin, Rhaelys s’imposait avec l’innocence enviée de l’enfance et s’affichait comme celle qui avait le plus changé au cours de ces dernières semaines. Bien qu’elle soit protégée, tous ces événements tendaient à la forger autrement.

Avisant les larmes de sa mère, Aelys craignit d’avoir mal agis en apportant ses œuvres. Les prochaines secondes lui apprirent le contraire et elle fut émue de sentir une telle gratitude et une telle émotion dans les gestes et les mots de sa mère. Retrouvant des réflexes presque oubliés, la jeune femme se lova un peu plus contre sa mère. Sa main avait attrapé la sienne, embrassant son dos avec dévotion avant de s’enquérir de sa santé. Entendre des paroles rassurantes provenir de sa bouche la rassura bien plus que lorsque cela provenait des guérisseurs qui jouissaient du privilège de la voir tous les jours. Le rire franc de Vaelya fit éclater un éclair de joie dans la poitrine de sa fille, partageant là son amusement par un sourire. Mais l’inquiétude vint bercer à nouveau ce charmant tableau lorsque ce fut au tour de l’épouse Riahenor de s’enquérir de l’état de sa plus jeune fille. Il n’était pas simple pour une enfant d’être privée de sa mère, surtout quand cette dernière s’impliquait plus que d’autres dans l’éducation de ses enfants. Aelys ne lui dissimula rien des heures tristes de Rhaelys, mais elle expliqua combien chacun redoublait d’efforts pour prendre soin d’elle, participer à ses jeux et qu’elle ne se retrouve pas accompagnée de solitude. Cela sembla soulager Vaelya dans un sens, bien qu’une nouvelle larme fleurissait au coin de ses yeux. D’un geste soigné et gracieux, Aelys approcha sa main pour chasser l’émotion traitresse.

« N’aie crainte, mère. Nous demeurons soudés, comme tu nous l’as appris. Rien ne saurait nous séparer car nous sommes uns. » Aelys croyait fermement en ses paroles comme si elle récitait l’un des commandements d’Arrax. Ce sang qui coulait dans ses veines ne la définissait pas uniquement comme une Riahenor, mais comme la part d’un tout immense et puissant. Elle croyait en la noblesse de cette dynastie et en sa gloire immaculée provenant des tréfonds des âges. Les Riahenor ne pouvaient être qu’unis, car ils brillaient d’une même lumière. « Bien sûr, nous viendrons ! Et je t’apporterai de nouveaux dessins. Le ciel change si souvent en cette saison ! » La jeune femme trépignait déjà d’impatience à l’idée d’une telle réunion de famille.

Le regard de sa mère se perdit vers cette terrasse aguicheuse et sa requête ne tarda pas à franchir ses lèvres. Aelys ouvrit la bouche, tentant d’objecter mais les yeux de Vaelya brillaient d’une telle détermination qu’elle n’eut pas le courage d’être raisonnable –cela ne lui ressemblait guère. Aussi se redressa-t-elle, offrant tout son soutien à sa mère pour l’extirper de son lit. L’observer ainsi affaiblie pinça le cœur d’Aelys ; jamais elle ne l’avait vue si diminuée, mais elle n’en laissa rien paraître. Elle rassemblait toutes ses forces pour soutenir Vaelya dont les jambes tremblaient et, pas à pas, elles se dirigèrent vers la terrasse prodigue. Aelys les approcha de la rambarde de pierre où la malade pourrait se tenir, bien que son bras ne quitte pas le sien. La vue, splendide, s’offrait en elle dans toute sa magnificence. La jeune fille guettait la moindre de ses expressions. Toute une palette d’émotions s’échouait sur le visage de la matriarche. Aelys vint déposer un doux baiser sur la joue un peu plus creusée de sa mère, avant que sa tête ne trouve le chemin de son épaule. « Tu manques au monde, mère. Tu manques à chacun de nous. » Sa voix se faisait rêveuse, teintée d’une certaine mélancolie qui ne lui ressemblait guère. « Comme il me tarde de te voir pourfendre à nouveau le ciel au dos de Maehra. »




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As one are we in the now and beyond. Nothing and no one can break this bondVaelya et Aelys Riahenor.

Palais Riahenor, an 1066, mois 7

Avoir la possibilité de partager un instant privilégié comme celui-ci avec Aelys à ses côtés était un réel plaisir pour Vaelya qui avait grand besoin de voir ces visages qu’elle chérissait tant. Cette dernière avait bravé un interdit qui pouvait tomber à tout moment mais la matriarche en avait fait fit en l’accueil sans le moindre agacement, il était si bon de pouvoir poser ses yeux sur ce visage de jeune femme qu’était sa deuxième fille. Une attention particulière lui avait été prêtée lorsque sa fille lui présenta les portraits des membres de leur famille, habilement dessinés au fusain. Si Vaelya ne doutait guère du talent dont Tessarion avait honoré Aelys, elle constatait non sans avec une certaine émotion que l’apprentissage et le temps avaient rendus les traits encore plus précis et délectable que dans ses souvenir. Oui elle était fière de cette enfant.

Les yeux posés sur le visage d’Aelys, la matriarche pouvait ainsi apercevoir les effets que pouvait provoquer cette larme qu’elle avait senti couler le long de sa joue et elle ne tarda pas à la rassurer. Il allait de soi que les dessins lui faisaient plaisir, qu’elle était heureuse de découvrir les traits de sa mère, de son frère-époux et de ses enfants à travers les yeux de sa fille. Un point de vue qui était tout à fait intéressant tant les perceptions pouvaient différer d’un individu à un autre, quand bien même ils puissent être du même lignage. Oh qu’elle se languissait de tous les revoir, de pouvoir sentir le grain de leur peau sous doigts, de pouvoir les prendre entre ses bras. Bientôt.

L’instinct maternel malgré la fatigue ne restait guère longtemps muet et bien rapidement elle s’enquerrait de l’état de sa dernière-née. Rhaelys était un petit diamant brut qu’elle souhaitait protéger ardemment et s’assurer que ses aînés prenaient soin d’elle était son devoir de mère prisonnière de sa convalescence. Par la suite ce ne fut que lorsqu’elle fut rassurée par les paroles d’Aelys qu’elle lui rappela l’importance que revêtait le fait que chacun d’entre eux soit proche des autres. L’unité était importante autant pour leur bien-être personnel que pour affronter ce monde qui les avaient écartés bien des siècles auparavant. Malgré certaines volontés dont elle était au fait, Vaelya souhaitait trouver l’ordre dans l’unité. Elle plissa légèrement les paupières lorsqu’elle vit le geste de la main de sa fille puis elle hocha la tête lorsque cette dernière s’attela à la rassurer à nouveau avant que l’ombre d’un sourire ne passe sur son visage lorsque sa cadette lui promis qu’ils viendraient tous avec de nouveaux dessins.

Une semaine. Ou deux semaines. Tel était le laps de temps qui la séparait de la réalisation de cette promesse et qu’elle révélait à Aelys alors que son regard se perdait vers la terrasse. Offrant une vue sur les jardins du palais, Vaelya n’avait jamais songé à compter le nombre de fois où elle avait pu s’y rendre pour observer les lieux ou apercevoir Maehra voler haut dans le ciel. Ces dernières semaines son rapport avec ce lieu qu’elle avait toujours considéré comme acquis, faisant parti de ce décor qui était le sien, et la sensation de moquerie l’avait envahie. Elle était si proche et pourtant elle restait outrageusement inaccessible tant elle n’avait guère été capable de faire plus de quelques pas seule. Il était donc logique qu’après tant de semaines d’alitement cette volonté lui vienne à l’esprit. Elle l’avait alors formulé sans jamais décrocher son regard de cet objectif qu’elle comptait réaliser.

Etonnement elle n’entendit pas Aelys protester alors que la matriarche commençait doucement à se relever et se positionner pour quitter le lit. Elle senti son enfant se redresser près d’elle avant de la soutenir. Avec prudence Vaelya se leva avant que pas à pas elle ne s’avance sur ces jambes encore faibles, tremblantes mais qu’elle forçait à tenir. L’entreprise fut lente, pénible jusqu’à arracher plusieurs grimaces de douleur à la matriarche qui ne chercha pas un seul instant à abandonner, et lorsqu’elle fut suffisamment proche de la rambarde elle s’arrêta. S’appuyant d’une main sur la rambarde et ne quittant pas l’appui que lui fournissait sa jeune artiste, Vaelya observa la vue qui s’offrait à elle comme si c’était la première fois qu’elle la voyait. Son souffle se coupa quelques instants devant cette beauté naturelle qui avait manqué à son regard depuis tant de semaines, avant qu’elle ne se pince les lèvres afin de s’employer à se contenir.

- Merci Aelys, dit-elle avant que cette dernière ne vienne déposer un baiser sur sa joue. Les yeux lilas de Vaelya cessèrent leur contemplation pour se poser sur Aelys qui venait de poser sa tête sur son épaule. Aux derniers mots de sa fille, la Riahenor vint poser sa tête contre la sienne. Nous le pourfendrons toutes les deux et nous iront où te le souhaite, ma douce enfant.



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