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Il était presque certain à présent que Daemor avait fuit la demeure familiale des Bellarys pour pouvoir se cacher dans les espaces que le sénat avait mis à sa disposition vu le siège qu'il y occupait. Il était bien plus supportable de rester la journée entière et parfois même la nuit à Drivo que de se risquer à rester trop souvent parmi les siens. Les dernières semaines avaient été extrêmement difficiles. Après les tragiques événements qui s'étaient déroulés dans le cœur de Valyria, il avait fallu que chacun parvienne, ou tente au moins de se reconstruire. Ce qui s'était passé avait marqué de façon violente toutes les personnes présentes, chacun devait faire face à cette constatation terrible que même au sein de la cité, aucun homme, aucune femme, aucun enfant et même aucun dragon n'était vraiment à l'abri de cette nouvelle menace souterraine qui avait surgis de nul part et qui avait presque tout détruit sur son passage. Personne ne s'y attendait bien trop encore dans la liesse des festivités du triomphe des soldats de Valyria victorieux contre Ghis. Peut-être que les Dieux avaient décidé de lui rappeler leur place et que l'orgueil qui était à présent le leur ne pouvait pas être compatible avec la mission qu'ils avaient à accomplir sur terre. L'héritier des Bellarys ne savait pas pourquoi cela s'était produit, mais les faits étaient là, les dégâts immenses, les vies humaines perdues nombreuses et même la fosse des dragons n'avait pas été épargné, il avait été là pour le voir de ses propres yeux et même si certains pouvaient venir à dire qu'ils n'étaient pas comparables de perdre une vie humaine face à celle d'un des ces grands êtres ailés, Daemor n'était clairement pas d'accord. A ses yeux, il était certain que Jaelyx était un compagnon de route plus qu'essentiel à sa survie, il était né une seconde fois suite à cette épreuve du feu qu'il avait passé peu de temps après sa naissance et son dragon était alors là à ses côtés. Ils avaient grandis ensemble, et une partie de lui se serait éteinte s'il l'avait perdu ce jour-là. Heureusement pour lui, il avait réussi à garder le contact avec l'animal, mais d'autres avaient été englouti sans plus de cérémonie. Puis, il avait quitté la fosse des dragons quand la situation avait semblé être sous contrôle et il avait découvert l'horreur de la situation.

Et il avait vu Aeganon. Il n'aurait en aucun cas pu expliquer le pourquoi du comment, mais il était convaincu de savoir si son frère allait bien ou allait mal, savoir si une catastrophe était en train de s'abattre sur lui ou non. Il était clair que le lien qui s'était créé, dès le commencement de leur existence dans le ventre de leur mère, était tout simplement indéfinissable, inébranlable, indestructible. Et il s'était raccroché à cela quand le doute devenait trop grand et manquait de le déstabiliser. Il ne pouvait pas faillir, cela lui était interdit, mais il était certain que sans son frère, il ne pourrait pas non plus arriver à continuer cette vie. Mais, il lui était revenu, fort et victorieux, à un moment où Daemor n'était pas réellement bien disposé pour des retrouvailles et d'une certaine façon, il avait même fini par fuir également son frère. La vie était profondément cruelle, alors qu'ils venaient juste de se retrouver, on avait cherché à nouveau à les séparer et pendant un temps, il avait bien cru que ces monstres avaient réussi à prendre l'amour de sa vie. Il l'avait vu revenir à la maison, son corps mutilé à de nombreux endroits, il avait vu les hommes et les femmes de connaissance, comme de magie se presser à son chevet pour pouvoir le soigner au mieux de leur capacité. Pour y parvenir, ils avaient malheureusement plongé le pauvre homme dans un profond sommeil, un sommeil essentiel pour qu'il puisse retrouver un semblant de vie à son réveil, mais pour la première fois de son existence, Daemor avait eu l'impression que ce lien si spécifique s'était brisé et que son âme était détachée de celle de son jumeau. Les semaines avaient été longues pour qu'il puisse retrouver un semblant de vie, que la douleur ne le cloue pas au lit. L'aîné des Bellarys avait passé beaucoup de temps auprès de son frère, tout en essayant de garder une présence forte au sénat. Il avait la volonté de marquer qu'il était bel et bien de retour dans ces lieux et montrer que les Bellarys n'étaient pas affaiblis au milieu des autres sénateurs, bien que les jumeaux ne défendaient pas les mêmes décisions politiques. Il se devait de faire ça pour lui.

Aeganon se portait bien mieux à présent, et cela l'arrangeait bien puisque Maera s'était lancée avec une passion folle et même angoissante dans les préparatifs d'un mariage que ni l'un ni l'autre ne souhaitait réellement célébrer. Il sentait bien que l'émotion venait presque à éteindre le cœur de sa sœur, de cette fiancée quand elle s'attelait à cette tâche et il fallait bien dire que cela rendait la peine de Daemor bien plus pesante qu'à l'accoutumé et il n'avait nullement l'envie de retomber dans ces vieux démons, qui n'étaient pas si vieux d'ailleurs et avait préféré fuir tout simplement. Au moins au Sénat, il n'était pas question d'invités, de plans de tables, de fleurs ou de vins à sélectionner pour l'événement. Il savourait donc le calme qu'il pouvait y avoir ici quand il n'était pas obligé de siéger, et après avoir travaillé de longues minutes sur les questions de son commerce d'épice, ce qui était encore aujourd'hui sa fonction première et qu'il ne devait pas mettre de côté. Mais alors que sa tête commençait à lui faire mal, que les yeux venaient à lui piquer, il avait pris quelques instants pour lui, pour se reposer, jusqu'à ce qu'on vienne à frapper à sa porte avec la force du condamné. Il fronça les sourcils et se leva prestement pour voir qui venait à sa rencontre. Un coursier à l'air totalement paniqué lui tendit une lettre d'une main tremblante, lui disant alors d'une voix saccadée que c'était fort important et que cela ne pouvait pas attendre. Et avant même d'avoir pu ajouter quelque chose, celui-ci disparut aussi vite qu'il était apparu. Pour autant, en posant son regard sur cette dernière, il remarqua bien vite que cette lettre n'était pas pour lui. « Ce n'est pas parce que les deux noms portent des lettres identiques que cela veut dire que je suis cette personne ... » Mais le coursier était loin et compris que s'il ne le faisait pas lui-même maintenant, Rhaenys Haeron, la sénatrice, n'allait sans doute jamais recevoir ce précieux document. Puisque son repos était de toute manière gâché, autant qu'il parte à sa recherche. Il parcourut un certain chemin, demandant parfois à certaines personnes s'ils avaient pu la croiser et finalement, il reconnut la belle femme aux cheveux d'ébène au détour d'un couloir. Pressant le pas, il arriva bien rapidement à sa hauteur, lui décrochant alors un sourire poli tout en lui tendant la lettre. « Je suis bien désolé de venir ainsi t'importuner sénatrice, mais je crois qu'on m'a confié quelque chose qui t'appartient par erreur. Je puis t'assurer que je n'ai pas lu un seul mot écrit … Mais je crois pouvoir dire que le coursier qui me l'a apporté semblait tenir une urgence entre ses mains. »
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Quand la vie se trompe de destinataireRhaenys Haeron et Daemor Bellarys

Drivo Perzo, an 1066, mois 8

D’une démarche déterminée, flanquée par l’un de ses serviteurs, Rhaenys avançait à grandes enjambées à travers les couloirs de Drivo Perzo. Quelques instants plus tôt elle avait prestement quitté son bureau sénatorial lorsque la rumeur d’un jeune esclave demandant la Haeron, lui était parvenue. Agacée par le retard d’une missive venait de la Tour de l’Epée, elle n’avait pas hésité un seul instant à se lever pour voir de quoi il retournait. Sa silhouette svelte se mouvait avec agilité pour éviter toute personne se trouvant sur son chemin alors même que la native de Tolos contenait son agacement pour ne pas écarter avec force tous ceux qui pouvaient la ralentir de part leur démarche lente. Lorsqu’elle atteignit enfin la Cour draconique les murmures allaient bon train pour ceux qui s’étaient arrêtés pour observer la scène qui s’offraient à eux, pour autant leur contenu ne parvenait que vaguement à ses oreilles et son esprit les associa à un simple chant sans la moindre utilité. Comme s’il s’agissait d’une ambiance sonore faisant partie d’un décor et Rhaenys ne pouvait ni ne voulait prêter d’importance aux mots prononcés, cela n’en valait pas la peine. Non. Son attention était entièrement focalisée sur cet enfant aux habits réalisés dans un tissus dont la qualité était bien éloignée voire inexistante tant ils étaient poussiéreux et semblaient avoir été mis à rude épreuve. Un soupir quitta la bouche de Rhaenys tandis que son regard quittait la vision des habits pour se poser sur le visage de ce garçon qui lui avait été confié. Seul un aveugle pouvait faire fit de ce visage si particulier, à la fois estivien et ghiscari, et seuls les Haeron reconnaissaient en la finesse de ces traits le sang valyrien qui faisait de lui un des leurs. Ce même sang qui coulait de cette lèvre entaillée. La main qui avait osé se lever contre lui n’avait guère été flasque mais elle doutait de la culpabilité des gardes et s’il s’avérait qu’elle se trompait, ils connaîtraient sa colère. Elle porta sur eux un regard dur.

- Mon bureau vous est-il si inaccessible pour que vous ne daigniez pas mener cet enfant jusqu’à moi ? dit-elle avant de lever la main pour leur couper la parole, elle n’attendait pas de réponse de leur part, leur justification ne ferait qu’accroître cet agacement qu’elle tentait de rendre silencieux. Disposez ! finit-elle par ordonner. Elle invita le garçonnet à la rejoindre et restant stoïque, elle observa les gardes s’éloigner et lorsqu’elle fut assurée qu’ils ne reviendraient pas, elle posa une main sur son épaule puis elle le fit s’asseoir sur le banc qui se trouvait non loin d’eux.

- Galaedar Qhosan. Combien de fois devrais-je te dire de rester avec ton oncle, tes cousins et votre précepteur ? Regarde l’état dans lequel tu es ! Te rends-tu compte que tous pensent de toi que tu es un esclave ? dit-elle tout d’abord d’une voix dure avant de poursuivre à voix basse. Tandis qu’elle s’exprimait, ses doigts examinaient le tissu maltraité par ce qui semblait sans le moindre doute être une bagarre entre enfants… Elle secoua la tête dans un soupir puis avec délicatesse elle vint caresser cette joue rougie par un coup de poing. Que t’ont-ils dit cette fois-ci ?
-Ils ont dit que mère et moi, nous méritions d’être dévorés par les monstres des tunnels… Tu… tu crois que c’est vrai ? Que je vais être mangé par les monstres ? répondit-il tout d’abord avec cet aperçu de force héritée de son père avant de lever vers elle des yeux apeurés.

Trois mois. Il s’agissait-là du temps qui s’était écoulé depuis ce tragique évènement qui avait vu cette tentaculaire cité construire sur une caldeira volcanique être envahie par une nuée de monstres aussi anciens qu’oubliés d’une partie des esprits ou bien simplement devenus qu’une légende liée aux dragons. Trois mois où le Cellaeron aurait dû déclamer en tout sérénité l’entièreté d’un discours devant une foule dense, déclarant ainsi cette candidature qu’il lui avait révélée dans son propre bureau à Drivo Perzo. Trois mois que Galaedar comme Maelesys et Aevar se montraient touchés de paréidolie, bien trop influencés par les dires des autres enfants ou par ce que les serviteurs pouvaient dire entre eux, et voyaient dans les ombres la forme des wyrms. Les enfants étaient un champ fertile à l’imagination et s’ils pouvaient se montrer à ce point touchés par le Grand Effondrement sans en avoir victime, Rhaenys ne pouvait qu’à peine effleurer le traumatisme vécu par ceux qui en avait réchappé et ceux qui avait empêché une catastrophe supplémentaire à la fosse draconique. La matriarche passa une main dans cette nuée capillaire qu’étaient les cheveux en bataille du jeune Qhosan.

- N’aies crainte, tu ne seras pas dévoré par les wyrms et tu sais que je ne les laisserais pas t’approcher… mais tu dois me promettre d’arrêter de te battre aussi souvent, tu es un Qhosan mais tu es surtout un Haeron tu te dois d’être exemplaire et fort. Allez rentre avec Valyx et fais-toi soigner cette lèvre, dit-elle avant de déposer un baiser sur son front et de se lever. Elle le regarda se lever à son tour avant de suivre le serviteur puis sans plus de cérémonie, Rhaenys fit le chemin inverse afin de retrouver le calme de son bureau et, elle l’espérait, la missive qu’elle attendait. Ce fut au détour d’un couloir que la surprise l’atteignit sous la forme de Daemor Bellarys qui semblait bien pressé de la trouver, songea-t-elle alors qu’il lui adressait un sourire poli tout en lui tendant une lettre.

- Par Vermax, enfin ! s’exclama-t-elle avant de prendre la lettre qu’elle examina rapidement et remarquant qu’il s’agissait bien de l’écriture de son cousin Tahaenis, elle soupira de soulagement. Je te remercie de m’avoir apporté cette lettre. Il semble que le coursier doive consulter un mage dans les plus brefs délais pour nous avoir confondus… Me permets-tu de t’offrir de quoi te désaltérer ?