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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8
Confortablement installée dans le palanquin, Rhaenys se laissait porter jusqu’à la demeure du légat de la Jentegon III Daerves, Iason Valralys. Les légendes qui courraient sur le continent de Sothoryos n’étaient guère inconnues de la jeune femme qui avait grandit dans le nord de la Péninsule, bercée aux histoires contées par les marchands ghiscaris sur les marchés valyriens. Qu’y avait-il de plus mystérieux que des terres où un peuple ne possédait que trois colonies, se trouvaient être vierges de présence humaine ? Les rumeurs sur cet endroit hostile couvert d’une jungle profonde et impénétrable étaient courantes et seules les paroles de son cousin Raemor, présent à Zamettar et Gorgal en sa qualité de négociant, permettait à la matriarche d’être assurée d’obtenir la vérité et non des récits extrapolés par l’inconnu ou la crainte.

Lorsque le dynaste Ragaenor Vaekaron avait pris publiquement position pour participer à une expédition sur ce mystérieux continent, la nouvelle avait rapidement fait le tour de la ville et les noms connus n’avaient pas tardé à se succéder formant ainsi un étonnant groupe pour un lieu des plus dangereux. Mais le nom qui avait retenu son attention était celui du militaire qui lui avait autrefois porté assistance et envers lequel elle disposait encore d’une dette qu’elle devrait solder un jour. Il avait été impossible de prédire l’issue de cette expédition qui pouvait lui être aussi bien bénéfique que négative si le légat venait à trépasser et pourtant chacun d’entre eux avait bénéficié de la faveur des dieux en rentrant à Valyria. Rhaenys avait alors patiemment attendu que le soldat revienne à Valyria, un séjour aussi bref soit-il, pour que poussée par la vive curiosité d’en apprendre plus sur ce continent par la bouche d’un réel explorateur, elle se décide à lui rendre visite en sa propre demeure.

Le convoi s’arrêta un peu trop brusquement à son goût, la forçant à devoir ouvrir cette boîte qu’elle conservait précieusement avec elle. Intact. La petite sculpture en forme de dragon, mêlant au verre de l’or et de l’orpiment pour lui donner ce mélange particulier de rouge et de jaune, était intacte. Soulagée, elle referma la boîte puis quitta l’abri ombragé salvateur que constituait le palanquin et elle alla se présenter à l’intendant accompagnée de deux gardes et de deux serviteurs qui portaient une grande jarre en terre cuite. Tête haute et arborant un léger sourire, la sénatrice salua poliment l’intendant d’un hochement de tête.

- Je suis la sénatrice Rhaenys Haeron et je souhaite m’entretenir avec le légat Valralys, je lui apporte notamment des présents pour célébrer son retour au sein de la sureté des murs valyriens, déclara-t-elle.

Si l’homme sembla hésiter quelques instants face à cette visite des plus impromptues, il ne lui fallut guère plus de quelques secondes avant qu’il ne prenne la décision de l’escorter à l’intérieur. Il s’agissait de la première fois où la jeune femme approchait et entrait dans la demeure des Valralys, elle découvrait ainsi un lieu dont l’architecture se révélait grande et élégante exposant ainsi la richesse de cette famille à l’histoire si particulière. L’intérieur, s’il était entretenu, se révélait des plus vides selon les standards de ces grandes familles aimant exposer leur richesse. La jarre de vin fut confiée aux serviteurs du Légat puis Rhaenys fut menée à travers les couloirs de la demeure jusqu’au maître des lieux.  Elle laissa l’intendant annoncer sa présence et lorsque le signal lui fut donné, boîte entre ses mains, elle avança jusqu’à Iason.

- Pardonne cette visite plus qu’impromptue mais je ne pouvais décemment pas te laisser repartir à Tolos sans venir te voir, dit-elle en lui adressant un léger sourire.


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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8
Il s'endors et s'éveille mais ne trouve aucun repos. Parfois, son coeur tangue de la même manière qu'un bâteau fendant les eaux et Iason hésite, souffre. Il pense au voyage du retour, à la longue traversée les yeux dans les flots, muet, épuisé.  Tout ce qu'il a vu... Un coeur se brise, dit on. Pas un regard.
Les yeux du Légat savent la couleur du sang, les nuances des blessures et de la mort. Les nuances de ce qu'il y a à l'intérieur d'un corps et que la guerre et les combats rend visible parfois. Lors de ce voyage, Iason a appris le vert d'émeraude et de poison, celui pareil aux alcools étranges et étrangers, les reflets du soleil sur les écailles d'un serpent, le remous glauque pareil au regard des plus exotiques maîtresses. La jungle. Il ne sait encore s'il y retournera.  Que faudrait-il pour que plus rien de leurs âmes ne s'y perde à nouveau?
Nous avions un guide, songe parfois Iason. De temps en temps lui-même s'égare assez jusqu'à rêver. Cela dure peu pourtant : au moindre souffle les yeux sombres du Légat s'ouvrent à nouveau. Domrait-il ainsi en plein coeur de Sothoryos, si mal?
Oui.
L'homme n'a rien pour l'apaiser. Ses rêves n'ont pas de sens véritables, mélangeant simplement les souvenirs du soldat.
Ce qui a été, ce qui n'exista pas.

Ils commencent ainsi : par une cavalcade. Iason est à cheval comme lorsqu'il lui a fallu parcourir la plaine au Singe Géant (ainsi appelle-t-il l'endroit). Plutôt que la triste haridelle de Krazdan, sa monture est une bête magnifique à la robe semblable aux rayons du soleil. L'encolure est trempée de sueur, iason sent l'humidité rouler jusqu'à sa propre peau à lui, l'odeur franche et animale des poils trempés, un peu celle du cuir aussi. Il devrait avoir chaud de même, sait que son équipement n'est pas adapté. Le cheval cours, s'élance. L'empreinte sera bientôt là : gigantesque, dangereuse, mais Iason ne peut freiner sa monture qui galope toujours plus vite, toujours plus en avant. La trace de pas est un gouffre gigantesque, le cheval va se rompre le cou pendant la chute, Iason le sait. Et lui avec certainement...
Il ne ferme pas les yeux, son estomac se tord. La plaine est là, sa mort aussi, le légat ne rconnait rien pourtant. Puis il s'aperçoit que ce n'est pas un cheval qu'il monte ainsi, et les ailes de Lyonne battent contre le vent. L'empreinte est minuscule à terre désormais, son dragon si haut. Iason le chevauche.
Cela n'est jamais arrivé bien sûr, le rêve du Légat prend fin ici le plus souvent. Parfois, avant même que le cheval ne soit dragon.
Lyonne était avec lui au coeur de la cité maudite, Iason ne l'a pas chevauché pour autant comme on l'aurait attendu d'un véritable Valyrien. Alors pourquoi ces rêves, est-ce un reproche? Il ne sait pas, est épuisé, sans repos aucun.
Dormir a perdu tout sens, il traîne sa mauvaise humeur dans les pièces de sa demeure quand il ne lui faut pas se rendre au Sénat ou ailleurs.
Bientôt, le Légat retournera à Tolos.

Il griffonne des idées éparses sur le vélin qu'on lui apporte. Ses pensées vont à l'uniforme, au cuir trempé de sueur qui s'alourdissait de plus en plus dans la jungle profonde. Il fallait autre chose pour avancer sans crainte, quelque chose de plus léger, mais quoi?
Le manque de sommeil rend les traits du Légat plus durs, presque cruels. On lui annonce une visite soudain, a-t-il réellement envie de quoir quelqu'un?

La femme est amenée devant lui pourtant, elle sourit. La fumée du deuil semble loin, d'un signe de tête Iason la salue.

”Tu regretteras bien vite ta visite car mon humeur n'est pas des plus fameuse. Assied-toi, je t'en prie...”

Il y a une boîte entre les mains de la femme devant lui.

”Un cadeau ou bien un échange pour une faveur ? Donne-moi ton prix, Rhaenys” la pointe d'amusement dans la voix du Légat est douce, subtile.
Lui-même prend place et s'asseoit, maître en sa demeure.

”Et que l'on nous apporte du vin” Demande-t-il aux serviteurs. La coupe qu'on lui apporte est pleine, il en hume le parfum mais ne reconnaît pas là une de ses possessions.

”Et tu as même fait venir ton propre vin. J'en conclus que tu veux soit m'empoisonner, soit me faire parler. La seconde option me semble la plus probable cependant...”


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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8


Lorsqu’elle se présenta au légat, ce dernier était assis à son bureau et griffonnait intensément sur le vélin que ses serviteurs avaient dû lui apporter un peu plus tôt. L’intendant laissa Rhaenys à l’entrée de la pièce pour venir annoncer au maître des lieux la venue de la sénatrice puis il revint bien rapidement auprès d’elle pour la mener jusqu’à Iason. Les yeux de la jeune femme se posèrent sur le visage de son hôte. Il était indéniable que le temps et les effets de la guerre avaient marqué les traits du jeune homme qui en cet instants se faisaient plus durs que dans son souvenir. Pour autant ce dernier la salua d’un hochement de tête et le sourire de Rhaenys ne s’effaça pas tandis qu’elle s’avançait vers lui, s’excusant pour cette visite si impromptue. Il était vrai qu’elle aurait pu lui faire parvenir une missive mais elle n’était pas certaine qu’il ait pu accepter si elle s’était donné cette peine.

La réponse du légat lui fit plisser légèrement les yeux avant que se remarque suivante ne lui arrache un rictus amusé. S’il n’était pas l’un des hommes les plus loquaces qu’il lui ait été donné de rencontrer, elle avait cependant apprécié cet échange qu’ils avaient eu sur sa terrasse à la Tour de l’Epée et elle appréciait cette franchise qui était la sienne. Elle verrait bien par elle-même si elle regretterait sa venue.

- Allons, rien d'exorbitant. Mon prix n’est que celui de ta compagnie, répondit-elle avec la même once d'amusement dans la voix.

Elle s’installa à l’endroit que venait de lui indiquer son hôte et posa la boîte sur ses genoux, ses doigts commencèrent à pianoter dessus avec légèreté tandis que le maître des lieux indiquait à ses serviteurs que l’on leur apporte du vin. Le léger sourire de Rhaenys se mua en un sourire satisfait alors que les serviteurs revenaient avec deux coupes pleines qu’ils leur tendirent dans une synchronisation presque parfaite.

Ses yeux pers rivés sur le légat, Rhaenys l’observa relever sa coupe vers son nez pour venir en humer le parfum. Elle fit de même, prenant une profonde inspiration, et elle se laissa envahir par ce parfum à la fois fruité et puissant si caractéristique des vignes de Volantis. Des arômes qui sauraient sans le moindre doute faire réagir le légat qui ne manqua d'ailleurs pas de spéculer sur la raison pour laquelle la Haeron avait apporté son propre vin.

- Tu me connais bien, répondit-elle simplement avant de lever son verre en direction de Iason puis d’en boire une gorgée. Mais chaque chose en son temps, voici un présent pour toi pour… célébrer ton retour !

A ses mots elle prit d’une main la boîte et l’éleva suffisamment pour que le serviteur le proche comprenne ce qu’il devait faire. Elle le laissa s’en emparer et ses yeux suivirent tout son cheminement jusqu’à ce que la boîte ne termine son voyage entre les mains du légat de la troisième armée. Prenant une seconde gorgée de vin, son regard se posa à nouveau sur Iason.

- Il ne s’agit pas d’un objet pour pourfendre je ne sais quelle créature mais cela saura ajouter une touche de nouveauté dans cette demeure qui je dois dire, est d’une élégance architecturale des plus plaisantes !



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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8



Il y a de la douleur; le vin ne suffit pas à en éloigner l'ombre. Le vin ne suffit jamais. Est-on pleutre de souffrir autant? Oui, riraient ceux enfermés dans leurs tours d'Ivoire et le coeur à sec. Mon coeur n'est pas à sec, sait Iason. Mon coeur est à nu.
La boîte est sur ses genoux, il l'ouvre. Dedans, un objet d'une finesse exquise. On le débarrasse de la boîte pour que Iason puisse mieux s'en saisir. La statuette fine semble brûlante entre ses mains, une illusion elle le sait. Quelque chose se noue, là dans la gorge du soldat, le souvenir d'une cité ancienne.

”Une vouivre”, répond l'homme. Il revoit le regard de flamme et de haine de la créature, son cri comme capable de fendre un continent entier. Illusion là encore, le rugissement de la bête avait été terrible mais pas à ce point. A ce cri de défi, une autre créature avait répondu, toute de violence et de solitude elle aussi.
Lyonne qui s'élance, Lyonne qui hurle son défi comme l'on tire l'épée lorsque l'on est homme. Iason se rappelle, Iason se souvient. Le sang de la vouivre, trop peu avait coulé. Son dragon avait fait de son mieux. As tu envie de te venger, Lyonne? Ma belle sauvage...
Il tient la statuette avec la même tendresse qu'il aurait aimé avoir avec son dragon. Quelque chose de profondément fragile et humble émane du geste du légat, comme un père berçant son enfant nouveau-né.
Avec délicatesse enfin, Iason pose l'objet sur le meuble lui servant de bureau. Sa coupe de vin est à côté également, le liquide pourpre miroite un instant dans les sombres reflets du dragon. Iason reprend son verre, boit.
Un geste de soldat.

”Nous nous connaissons tous deux en effet”, déclare-t-il à Rhaenys. Ce que cela sous entend, le Légat n'en est pas certain lui-même. ”Je suppose que l'élégance architecturale est un dernier recours pour ne pas parler du vide?” L'homme est retourné s'asseoir. Il rapproche son siège de celui de Rhaenys, sa main vient trouver celle de la jeune femme, la serre un instant puis la lâche.
On remplit leurs coupes à nouveau. Le vin délie les langues, dit-on mais Iason a-t-il seulement jamais vraiment sut parler? Le regard de l'homme garde ses secrets, sa voix a le tranchant de son arme.

”Je ne peux te raconter la jungle telle que tu as envie de l'entendre, Rhaenys Haeron. Car c'est bien pour cela que tu es venue n'est-ce pas? Une végétation si dense, si épaisse, qu'il nous semblait sans cesse évoluer dans une nuit sans fin, des serpents si gros qu'il ne fallait non point craindre leur morsure mais qu'ils vous piègent et vous étouffent. Un homme est mort comme cela, broyé par l'étreinte du reptile. Et la chaleur, moite, lourde, étouffante... elle-même comme un serpent gigantesque qui ne nous lâchait jamais. Chaque jour était un étouffement. Voilà, es-tu satisfaite à présent? Oui je suis rentré, et me voilà à ma solitude à nouveau. J'ai tâché d'agir avec honneur en ces lieux oubliés de tous. J'ai essayé, par les dieux oui j'ai essayé...”


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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8

Rhaenys ignorait totalement ce qu’il s’était passé durant l’expédition menée à Sothoryos. Avaient-ils fait une découverte majeure, confirmant ainsi toutes ces histoires contées par les marchands ghiscaris ? Était-ce au contraire des affabulations pour mieux prendre les valyriens pour des simples d’esprit ? Ou bien n’y avait-il que jungles et créatures dangereuses ? C’était cette curiosité qui l’avait menée jusqu’ici et non une inquiétude innocente. Attentive, elle regarda le visage de Iason alors que son serviteur déposait la boîte sur ses genoux. Il l’ouvrit puis en prit le contenu tandis qu’on venait le débarrasser du contenant.

Silencieuse et buvant à nouveau quelques gorgées de vin elle continua à l’observer détailler du regard la création en verre. Elle était allée chercher parmi les meilleurs artisans de la ville pour obtenir un objet d’une telle finesse et au regard du Légat il semblait que ce cadeau lui plaisait. Il tenait la statuette avec une tendresse qui se faisait publiquement rare dans ce monde. Ce geste auquel elle assistait pouvait probablement être associé aux tendres caresses destinées aux dragons avec lesquelles ses compatriotes du sud partageaient des liens forts, point qu’elle leur laissait volontiers. Mais à cet instant son esprit visualisait son propre vécu, songeait à ce moment où pour la toute première fois où Gaemor avait tenu dans ses bras leur aînée, ce mélange de force maîtrisée et de tendresse. Iason posa délicatement la statuette sur son bureau, non loin de sa coupe qu’il reprit en main pour en boire une nouvelle gorgée.

- En effet mais tu peux le prendre comme étant avant tout un compliment concernant le goût architectural des tiens, répondit-elle alors qu’il était retourné s’asseoir.

De nouveau assis, Iason agit d’une manière à laquelle la native de Tolos ne s’était pas attendue. Il avait tout d’abord fait en sorte de se rapprocher d’elle avec son siège mais le plus surprenant survint en l’espace de quelques battements de cœur lorsque la main du légat vint trouver la sienne et la serra un instant. Pourquoi ce tel élan ? Était-ce là sa manière de la remercier pour ce présent qu’elle venait de lui offrir ? Elle n’eut guère le temps de soustraire sa main ou de se raidir, de se questionner plus longtemps, ses yeux se contentant de fixer cette main sur la sienne, que ce contact se brisait déjà. Elle prit une profonde inspiration, détournant le regard pour observer le serviteur de Valralys remplir à nouveau leurs coupes. Lorsqu’il reprit la parole, son regard vint à nouveau capter celui du sénateur.

Une fois de plus elle lui prêta attention, écoutant ce récit explicite et bref, presque avare mais comment pouvait-il en être autrement ? S’ils avaient pu échanger il y a quelques années, cela s’était révélé bref et aujourd’hui encore, Iason montrait qu’il n’était pas de ces hommes grandiloquents pour impression leur auditoire. Elle fronça légèrement les sourcils aux dernières paroles, tranchantes, de son hôte. Elle avait entendu ces histoires sur cette jungle épaisse, dévorante, sur ces monstres qui s’y tapissaient mais sa curiosité ne se satisfaisait point de ce récit qui corroborait ce qui n’était jusqu’à présent que de simples histoires de marchands racontées dans le but d’impressionner.

- Je ne peux que difficilement imaginer ce que tu as vécu sur Sothoryos mais je suis certaine que tu es allé bien plus loin que tous ces marchands de Ghis dont j’ai régulièrement entendu les histoires. Je le vois dans tes yeux, il s’est passé quelque chose là-bas, tu as vu quelque chose. Je me trompe ?




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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8


”Et en quoi cela te concerne-t-il?” répond l'homme.
L'ombre dans ses yeux s'est fondues à d'autres ténèbres. Le vin ne suffit pas, déjà il se fait amer dans sa coupe. Déjà, Iason en oublie le goût...
Il regarde Rhaenys sans peur. Le Légat ne baisse pas les yeux devant autrui, dit-on parfois. Un homme orgueilleux, trop orgueilleux... On lui prête tellement de défauts, lui le sang-mêlé, lui aux sourdes colères. Sa patience est courte, son coeur a soif de tellement de choses. De trop de choses. Un homme qui ne connaît pas sa place, pourrait-on penser.
On peut penser beaucoup de choses.
Peu lui importe à Iason, d'être allé plus loin que des marchands. Le monde ne se compte pas en distance à ses yeux mais en guerres. Une guerre est-elle en cours contre la jungle de Sothoryos? Il repense à la vouivre, il repense aux créatures tapies entre les feuillages.  A la mort qui n'est pas venue.
Pas pour lui, pas pour ses soldats.
Pour d'autres.
Une ombre invoquée face à une vouivre gigantesque.

Que voit-elle, Rhaenys alors que l'homme devant elle s'enfuit en des pensées bien étranges? Il ne peut raconter, il ne peut témoigner. Parce que son rôle à lui est sang et épée. Il ne peut pas même raconter à la jeune femme le cri déchirant de Lyonne dans sa rage et sa fureur. Mon dragon s'est battu à mes côtés. Mais Rhaenys comprendrait-elle? Elle est sang-mêlée elle aussi, certes, cependant ses priorités sont autres.
Une île. Elle y a promis de l'emmener un jour.
Vraiment? Non, cette promesse Iason la lui a arraché lui-même. Il prend, il exige. Il ne veut pas être celui à qui on ne donne rien. La Solitude est là, elle gronde. Des mots qui ne naissent pas, ses pensées sont confuses, éparses. Il repose la coupe, il repose le vin. Des combats à gagner...

”J'ai vu des gens mourir et d'autres survivre. J'ai vu un dragon venir à moi, mon dragon... Mais pourquoi devrais-je raconter? Cette histoire n'est pas terminée, Rhaenys. J'y retournerai, il n'est pas dans ma nature d'abandonner une bataille quelle qu'elle soit. J'y retournerait.” Un échec, ainsi avait-on appelé la mission. Une cicatrice de plus pour Iason. Il brûle de laver cela, ce déshonneur. Le pourra-t-il?

”Me donnes-tu ta bénédiction?” demande soudain l'homme. ”Me permets-tu d'aller là où la mort m'attend sûrement, bien que cela veuille dire ne pas répondre à ton invitation?” Une île. Une promesse un jour lors d'une autre guerre. ”Je ne suis qu'un homme après tout, je sais ne pouvoir gagner toutes mes batailles...” Et son coeur est lourd, tellement lourd. Il bat et personne ne l'appelle. Est-on solitaire cependant lorsqu'une épée bat contre notre flanc? Tout autant de lui, la foule. Le Légat a trop de blessures en lui pour espérer un jour s'y mêler, le sait. Les choses sont ainsi, sans amitiés ni passion. Les gens passent, les gens meurent.
Un jour cela sera son tour aussi. Il l'a dit lui-même : il n'est qu'un homme...

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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8

En quoi cela te concerne-t-il ? Les mots se faisaient dur comme l’acier valyrien, si elle se souvenait de son franc parler, la guerre semblait avoir affuté le tranchant de ses paroles. Rhaenys se pinça les lèvres sans quitter le légat du regard. Elle pouvait se contenter des paroles de son cousin et des marchands ghiscaris mais elle ne pouvait cependant pas risquer de perdre un membre de sa famille au cours de dangereuses expéditions vouées à l’échec comme l’avait été celle du Valralys et de ses comparses. La curiosité la poussait à entendre les paroles de Iason, à s’en abreuver. Mais pour quelle raison ? Pour attiser le feu passionnel de la conquête qui brûlait déjà en elle ? Ou bien parce qu’elle appréciait simplement la compagnie d’un homme guère adepte des courbures et des paroles mielleuses ? Quittant l’ombre présente dans les yeux de Iason, les yeux pers de Rhaenys observèrent alors les traits du soldat tandis que son esprit tâchait de trouver une réponse à la question. En tant que marchande elle pouvait être concernée parce qu’il se déroulait sur Sothoryos mais pourquoi devrait-elle se soucier du ressenti du légat ? La réponse était simple : elle pouvait en faire un allié de choix et cela prendrait du temps pour gagner sa confiance.

Sans un mot, elle bu une nouvelle gorgée de vin tout en continuant à soutenir son regard. Capable de faire preuve de douceur comme il avait pu le faire en tenant entre ses mains la sculpture en verre. Franc et tranchant dans ses paroles. Deux faces d’une même pièce qui étaient aussi intrigantes que plaisantes. Rhaenys le laissa briser le silence à sa guise et lorsqu’il le fit, à nouveau elle l’écouta attentivement. Il y retournerait. Il affronterait à nouveau cet enfer vert et oppressant qu’était Sothoryos car c’était sa nature qui parlait. Il avait été entraîné pour ne pas abandonner face aux obstacles et cela s’était ancré en lui, pas seulement dans les méandres de son esprit mais bien plus profondément encore : jusque dans ses os. Même si elle haïssait cela, la Haeron reconnaissait que les échecs permettaient de puiser dans ses ressources les plus profondes pour être à même de les effacer et elle ne pouvait que comprendre le sentiment du soldat face à l’échec de sa mission par-delà la Mer d’Eté.

Un court silence s’installa avant que son hôte ne lui pose soudainement une question à la laquelle la native de Tolos ne s’attendait pas, au point qu’elle fut bien incapable d’empêcher la surprise d’étirer ses traits. Sa bénédiction ? Elle ne pu qu'à peine le questionner du regard qu’il lui donnait une explication. Il lui demandait donc sa bénédiction pour qu’il retourne sur Sothoryos et il savait qu’il pouvait ne pas revenir vivant de cette deuxième mission. Il lui signifiait quand s’y aventurant à nouveau il s’attendait à passer de vie à trépas et que de fait, elle ne pourrait le faire venir sur l’Île aux Cèdres. Ces paroles la touchèrent autant qu’elles la révoltèrent. Si elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui demande sa bénédiction, comme si cela aurait le moindre impact dans sa prise de décision, elle n’aimait cependant pas entendre une telle acceptation de la mort. Il était indéniable que pour chaque être qui naissait, un autre mourait, c’était un cycle immuable mais tout de même...

Comme il avait pu le faire quelques instants plus tôt, Rhaenys se pencha légèrement en avant, tendant le bras pour venir chercher cette main qui s’était posée sur la sienne. Avec douceur, elle la pressa, mais elle darda sur lui un regard déterminé.

- Nous mourrons tous un jour, c’est indéniable. Mais qu’est donc une vie où pour repousser cette échéance l’on se contente de rester cloîtré entre des murs ? Si tu tiens à te rendre sur l’île, à marcher entre les pyramides de brique de Ghozaï à mes côtés, considère mon invitation comme une raison de rentrer en vie de Sothoryos. Elle relâcha sa main et accorda un regard au serviteur auquel elle rendit sa coupe lorsqu’il vint vers elle. Une fois désencombrée de sa coupe, elle reporta une nouvelle fois son attention sur le légat. Je me doute que cet échec perturbe ton âme de soldat et que tu cherches d’ores et déjà des solutions pour y remédier. Puis-je t’apporter mon aide ?


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Demeure Valralys, an 1066, mois 8


Une pression sur sa main. Iason ne bouge pas, plus statue de marbre qu'homme de chair désormais. On peut le croire abattu, dérouté. Perdu. Le souffle de sa respiration s'entend à peine, son regard est ailleurs. Sothoryos. Rhaenys parle, écoute-t-il? La main est lâchée, les mains se lâchent toujours. Et puis viennent les mots fatidiques : Puis-je t'apporter mon aide?
L'honneur n'a pas modelé le corps de Rhaenys mais bien son esprit. Cela, Iason le sait. Il le sait depuis ce crépuscule à Tolos et d'autres mots échangés. La phrase qui vient d'être dite, c'est ce que l'homme attendait.
La poigne du soldat s'agite, saisit le poignet de la femme à ses côtés. Il serre. Aucun os ne se brise, Iason maîtrise sa force de la même manière que Rhaenys n'est pas sujette à la faiblesse. S'affrontent-ils? Peut-être. Cela a toujours été ainsi entre eux: Rhaenys propos et Iason exige. ”Tous les renseignements que tes marchands et connaissances peuvent avoir sur cette partie du monde et des animaux géants, donne-les moi” ordonne-t-il.
Son ton est dur, acéré. Il ne cille pas, son visage est proche de celui de la jeune femme à présent. ”De l'argent, des ressources pour des tenues plus adaptées à la jungle” rajoute-t-il encore. Il y a réfléchit.
Iason n'a désormais plus rien à voir avec le jeune homme perdu, le Légat vaincu que l'on a murmuré après le retour de l'expédition. De même que ses propres mots invitant la mort, comme ci tout cela n'avait été qu'une main tendue pour saisir l'aide de Rhaenys. La tirer à lui sans rien en laisser d'autre.
Le poignet de la jeune femme est toujours dans l'étreinte de ses doigts. Demander une simple bénédiction pour finalement s'emparer de ressources, d'argent. D'informations précieuses.  Un léger sourire ourle les lèvres du Légat. Quelque chose de féroce bat en lui, peut-être est-ce un coeur.

”Avec cela, nous marcherons à l'ombre des pyramides. Toi et moi... Je reviendrais pour cela. Pour d'autres choses encore sûrement.  Mon âme n'est pas perturbée : mon âme est enragée...” Cela est vrai, ses yeux brillent, ses yeux brûlent. Tant d'incendies... ”Si je ramène une seconde émeraude, elle sera pour toi.” Cela semble rappeler à Iason d'autres préoccupations. Un instant une douceur inquiète lui traverse le regard, sa tête se penche dans une question silencieuse qu'il met du temps à exprimer. Loin de la guerre, les mots manquent à son coeur. ”D'ailleurs, ne dit-on rien que tu me rendes visite ainsi?” Le poignet qu'il ne lâche pas. Pas tant que Rhaenys ne lui promette tout ce qu'il a demandé, tout ce qu'il a exigé.
En plus de sa  bénédiction. Cela aussi, elle se doit de le lui donner. ”Il y avait des pyramides là bas également” murmure-t-il un peu. ”Mais nous ne nous sommes pas approchés...la première ville avait ses rues tapissées d'ossements humains, quant à la seconde...” Un demi sourire contrit. ”La vouivre...” La discussion change, pas le regard féroce de l'homme. Donne, donne et promet...
Répond à toutes mes questions, accède à toutes mes demandes, toi pourtant venue pour m'en
poser.

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Demeure Valralys, an 1066, mois 8

A mesure que Iason Valralys énumérait ses requêtes, le sourire de Rhaenys s’agrandissait. Elle lui offrait son aide et il prenait sans partage, toujours franc et déterminé, elle n’en attendait pas moins. Elle lui était redevable, jamais elle n’oublierait son intervention sur le port Tolos pour empêcher que des êtres affamés n’arrachent de leurs dents la chair de ses deux plus jeunes enfants, alors elle lui offrait le moyen de solder cette dette immatérielle. Après lui avoir adressé un geste tendre, elle retira sa main de celle du Légat et lorsque ce dernier vint lui saisir le poignet d’une force maîtrisée, ses yeux observèrent quelques instants la poigne qu’il exerçait sur elle avant qu’elle ne les relève vers lui.

Appuis et or. Telles étaient les deux choses qu’elle lui devait pour cet acte de bonté si inestimable en temps de siège et de famine, un acte dont l’existence avait été aussi éphémère que la durée de la rencontre entre les Dix et l’Empire. Il voulait les renseignements qu’elle possédait des marchands, de ce qu’elle savait ainsi sur cette partie du monde que même les Ghiscaris peinaient à exploiter. Par ses mots elle venait de viser juste, de faire disparaître son désir de ressasser seul ses souvenirs de Sothoryos. Le visage du légat était désormais proche du sien, si bien que Rhaenys pouvait sentir le souffle de Iason sur sa peau. Elle ne cilla pas un seul instant qu’un sourire venait étirer les lèvres de son hôte avant qu’aux paroles du sénateur militaire elle ne vienne poser sa main sur celle qui enserrait son poignet. Une âme enragée, déterminée, voilà ce dont elle avait besoin et le feu qui brillait dans les yeux du sénateur lui confirmait ce qu'elle entendait, ce qu'elle observait. Ainsi donc il était revenu avec une émeraude et lui clamait que s'il en ramenait une seconde, elle lui serait destinée ?

- Ainsi soit-il, eut-elle le temps de répondre avant qu’un léger rire ne quitte ses lèvres lorsque la question du Valralys lui parvint. La visite qu’elle lui aura rendu en ce jour ferait s’en nul doute parler de nombreuses langues, servants comme sénateurs pourraient se questionner sur les raisons d’une telle visite en la propre demeure du légat. Mais cela ne lui importait que peu car elle frissonnait de plaisir à l'idée d'arpenter, conquérante, les rues de Ghozaï à ses côtés. Elle entreposa cette vision des plus satisfaisantes dans un coin de son esprit et lui répondit alors.

- Penses-tu que je sois femme à me préoccuper de cela ? En revanche, attirer l'attention malgré toi t'importunerait-il vraiment ? demanda-t-elle, intriguée par la raison qui l’avait poussé à lui demander si sa venue faisait d’ores et déjà parler, avant qu’elle ne se concentre sur le murmure et les révélations de Iason. Des pyramides laissées à l'abandon, rongée par la nature qui reprenait ses droits. Une ville tapissée d'ossements humains. Bien que les yeux restaient ardents, la Haeron pu voir le sourire se teinter de regret à la mention de la vouivre, une rencontre qui montrait à quel point le mystérieux continent avait pu marquer le soldat.

- Bien sûr que tu y as vu des pyramides, c’est ce qui caractérise l’architecture ghiscarie. Je ne doute d’ailleurs pas que l’Erudit Vaekaron a su donner des informations mais tu n’as qu’à peine égratigné la surface de ce que renferme ces terres. Le calme du fleuve Zamoyos est trompeur, ceux qui ont eu le malheur de tomber à l’eau ont fait connaissance avec l’appétence des créatures marines qui le peuplent et je ne te parle pas de la dangerosité des indigènes, des singes géants et des nombreuses maladies dont les inconscients explorateurs peuvent être touchés. Tu as eu la chance d'avoir bien été entouré face à la vouivre. Tandis qu’elle parlait, Rhaenys s’attelait à défaire avec douceur les doigts du légat dont le regard se faisait toujours féroce. Mais ce n'est pas tout...


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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8


Quelque chose frémit et couve en son regard, quelque chose souffre. Un incendie, une douleur dont le nom est légion. Comment peut-on avoir mal de cette manière, pourquoi? Son esprit s'embrase, ne s'apaise à rien. La solitude est là, reste. Elle griffe, elle mord, elle l'écorche à moins que ce ne soit le contraire, qu'il la porte lui-même en lambeaux comme une seconde peau?
Les sensations se confondent.
Son coeur gronde, son coeur hurle, il ne trouve aucun écho. Mal, si mal. Pourquoi? Iason n'a aucune réponse. ”Je ne te demande pas de m'expliquer ce que j'ai vu”, siffle-t-il. Sa main lâche le poignet de la femme devant lui. ”Je suis comme toi, Rhaenys, je déteste perdre mon temps alors cesse cela. Tu as mes conditions quant à l'aide que tu peux m'apporter, donne-moi donc les renseignements.”
La patience d'un soldat et la rancoeur d'un légat. Ces deux choses se battaient en Iason.

Ses yeux flamboient à nouveau, tant d'incendies à porter, tant de passions à brûler... Il se consumme encore et encore, cela n'a pas de fin. Son esprit est tel le cri d'un rapace fondant sur sa proie. Tout en lui semble un hurlement différent en vérité. Rien ne l'apaise, il ne veut pas d'apaisement.
Peut-on apprécier d'avoir un ami si prompt aux tempêtes? Le torse puissant se soulève au souffle de ses fureurs.Il veut apprendre et comprendre, mais la jeune femme ne lui dit que ce que l'homme connaît déjà.
Le bout de ses doigts brûle, son corps entier aussi. La fièvre est une ombre à son front. Des combats à mener, tant de combats à mener. Pourquoi? Il n'a aucun droit à rester en vie sinon. Il n'est qu'un sang-mêlé, un moins que rien. Quelqu'un dont on s'amuse, dont on se moque. Il ne porte aucune culture que Valyria en ses veines, mais Valyria ne veut pas de lui. Pas assez blond, pas assez...
Pas de soeur à épouser.
Frapper la nuit et frapper la vie, parfois iason a soif de cela. Ses victoires ont un goût de cendre, on ne lui en accorde aucune. On préfère d'autres visages, ou bien des sangs mêlés moins mêlés. Il gronde, il brûle, reste debout. Ces informations qu'il recherche et demande, tout ça pour effacer un echec, tout ça pour une victoire qui au fond n'aura rien à lui rapporter.
On préférera en féliciter d'autres.
Les choses sont toujours ainsi.
De la même manière qu'on ne l'a pas voulu général. Il se souvient de cela, la blessure reste puissante en lui : pas assez bon, pas assez bien.
Il faut un sang pur pour être bon, pour être bien. Ou au moins mêlé mais avec des cheveux clairs malgré tout et un beau visage aussi. Pourquoi se souvenir de cela maintenant? Des démons l'accablent, contre ceux-ci Lyonne ne peut rien pour lui. Lyonne, sa belle, sa sauvage, sa si parfaite. Le coeur de Iason se tord et se serre, le dragon le calme malgré tout. Y penser, se souvenir.

”Raconte ou laisse-moi” ordonne-t-il à Rhaenys une dernière fois. Il est sombre, trop sombre pour se faire apaiser par de simples mots d'amitié. Ce que recherche Iason est différent : la puissance, rien d'autre.
Fièvre et douleurs toujours. Tout le temps.

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Dead men tell no talesRhaenys Haeron et Iason Valralys

Demeure Valralys, an 1066, mois 8

Rhaenys venait-elle de commettre une erreur en énumérant les pièges de Sothoryos, en lui laissant croire qu’il y avait plus que ce qu’elle disait ? Aurait-elle dû se contenter de donner son or au légat et des ressources afin qu’il puisse bénéficier des tenues plus adaptées à cette jungle infernale ? Elle n’avait encore jamais vu de ses propres yeux l’épaisse végétation qui recouvrait ce continent, elle n’avait pas non plus dû affronter les sables mouvants bordant le fleuve Zamoyos ni vu les effets que pouvaient avoir ces maladies nommées Grisécaille, Brunejambe ou encore Mort Rouge. Le légat n’était pas des plus loquaces avec elle, il voulait des renseignements et elle lui en donnait, ignorant l’étendue de ce qu’il avait pu voir durant son expédition qui s’était soldée par un échec. Elle darda sur lui son regard pers et puis ainsi voir tout ce brasier qui brûlait dans les yeux du Valralys, cette force et cette rage qui appelaient à pourfendre cet ennemi qui l’avait défait. Il était un guerrier et s’il était doté d’esprit, il n’en restait pas moins qu’il avait été forgé de sorte à ne pas abandonner, de toujours continuer à avancer malgré les souffrances que pouvaient provoquer les pertes auxquelles il pouvait assister chaque jour que les dieux faisaient.

Elle soutint son regard malgré cette aura de puissance qui s’en dégageait alors qu’il répondait à ses paroles. Il avait donc vu plus que la cité jonchée de squelettes, plus que la vouivre mais une fois encore il avait été avare de détails, la laissant ainsi expliquer ce qui avait déjà été porté à sa connaissance. Il relâcha son poignet et la Haeron plissa les yeux alors qu’elle venait masser avec légèreté ce poignet qui venait d’être soumis à la force du légat. Elle prit une profonde inspiration alors qu’il continuait sur sa lancée.

Lui comme elle, n’aimaient pas perdre du temps en palabre, elle l’avait fait remarquer au Cellaeron qui s’était attelé à flatter avant qu’il n’expose la raison de sa venue. Oui elle disposait des conditions du légat quant à l’aide qu’elle pouvait lui apporter et elle le lui donnerait. Ce qu’elle venait de dire était peut-être une redite de ce qu’il avait vu mais elle ne souhaitait pas qu’il le tienne pour acquis, tous deux ignoraient totalement les effets dévastateurs des maladies locales et seuls les dieux savaient qu’elles pourraient faire au sein de la Péninsule de Valyria si par imprudence l’un des explorateurs venait à les véhiculer. A son tour Rhaenys se leva prestement, le visage dur.

- Il n’est pas aisé de faire parler un ghiscaris ou des pirates de Sothoryos, les informations existent mais les plus précieuses sont soit bien gardées soit très coûteuses… Pour ce qui est de la ville jonchée de cadavres il n’est guère possible de savoir ce qui a provoqué cela : les autochtones, une guerre civile, les créatures, une épidémie des plus violentes ou bien un ensemble de tout ceci. Nombreuses sont les hypothèses et les avis divergent mais les réponses restent silencieuses. Ne va pas non plus croire que je puisse connaître la cause qui a fait de Yéen une ville fantôme, si je le prétendais ce serait mensonge !

Elle inspira profondément puis expira alors qu’elle se rapprochait de lui.

- Ce continent est un mystère à percer mais garde bien à l’esprit que la marchande que je suis, aussi curieuse soit-elle, ne cherchera jamais à s’établir de manière pérenne sur ces terres.

Elle se détourna de lui, posant son regard dans le vide. Non, si elle devait chercher à agrandir son réseau commercial elle ne le ferait pas sur Sothoryos. Ce serait une erreur et un gouffre financier qu’elle ne pouvait se permettre. Elle avait envoyé son frère sur ce continent pour y négocier aussi bien des ressources que des hommes, pas pour qu’il lui permette de s’y établir et s’il réussissait à convaincre des pirates de travailler pour elle, il reviendrait au sein des fortifications de Tolos.

- Le sang, tel est le prix pour pénétrer dans Sothoryos, pour y construire et y vivre. Trouver des réponses au pourquoi les ghiscaris se concentrent sur des villes côtières pourrait être utile pour enrichir nos propres connaissances ou s’en servir contre eux, récupérer des richesses qui ne tomberaient ainsi pas entre les mains représenterait un avantage des plus conséquents lorsqu’ils marcheront à nouveau vers nous. C’est indéniable qu’il est possible d’y gagner quelque chose d’important… Venge-toi de ta défaite Iason et dès lors que cela sera fait... dit-elle alors qu'elle s'approchait de cette porte qui scellait cette discussion. Durant un instant elle hésita à ouvrir la porte avant de finalement se retourner vers lui. Par les dieux, promets-moi de ne plus t’aventurer en ces lieux. Tels furent les derniers mots qu'elle prononça à son encontre avant de quitter la pièce.


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