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Voix de l'Ombre
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Event : La Mer Déchaînée
Les proies

Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Réunis dans la même équipe par le sort, les jumeaux Bellarys saluent leurs soutiens, qui sont nombreux dans leur ville de naissance. Daemor enfourche son dragon. A ses côtés, Elaena fait de même, et elle s’élance aux côtés de son ami d’enfance. Aelys Riaehnor, séparée de sa mère, qui est dans l’équipe concurrente, ne dépareille pas et vole à son tour, dans toute la fougue de son jeune âge. Quant à Aeganon, il grimpe sur son Ancien, qui arrache des cris à une foule guère habituée à une telle vision, avant de se positionner en surplomb, pour offrir à sa monstrueuse monture la place dont elle a besoin pour voler. Et les quatre valyriens volent vers la Mer d’Eté, le sud de cette dernière, à l’opposé de l’autre équipe, suivi par quelques navires de la marine valyrienne, chargés de les épauler dans cette chasse. L’eau est d’un bleu lagon magnifique, étale. Le soleil brille. Tout est parfait, et les discussions vont bon train, que ce soit sur leurs futures stratégies, leurs chances de l’emporter, ou simplement des bavardages plus futiles entre amis ou connaissances. On se demande des nouvelles des uns et des autres, on se remémore les souvenirs communs.

Un éclair ! Puis la nuit. En quelques instants, comme c’est si souvent le cas dans la Mer d’Eté, le temps change. Le ciel se couvre de nuages noirs, menaçants, gorgés de pluie. Cette dernière se déverse avec fracas sur les concurrents, bientôt trempés jusqu’à l’os. La foudre zèbre le ciel. La mer se déchaîne. Avec horreur, les jeunes gens voient les navires qui les accompagnent lutter pour se maintenir à flot. Quelques hommes passent par-dessus bord. Aelys parvient à en récupérer un de justesse entre les griffes de sa monture, mais cette dernière est violemment poussée contre le navire par une vague traîtresse. La jeune fille est à deux doigts d’être propulsée en dehors de sa selle, et seules les attaches qui protègent ses jambes la maintiennent sur place. Daemor et Elaena se portent à son secours, tandis qu’Aeganon, impuissant, doit rester en suspension dans les airs, l’Ancien étant incapable d’une telle manœuvre de précision – du moins, il n’est pas certain qu’un faux mouvement ne déchire pas le bateau. Autour d’eux, la mer devient de plus en plus folle. Les navires, fétus de paille, sont emportés par le déluge.

Au bout d’une demi-heure cauchemardesque, ils espèrent être parvenus au bout de leur peine. Cette tempête ne peut durer éternellement. Elle sera bientôt le cadet de leurs soucis. En effet, dans sa fureur, Caraxes a réveillé un de ses enfants monstrueux. Le dieu est sans doute d’humeur à défier les valyriens, qui préfèrent par trop le feu à son élément. Il a choisi ses proies, par son oracle, et ne les lâchera plus. La sentence a été prononcée. Alea Jacta Est.

Dans un boucan assourdissant, la mer se meut, se déforme. Un tourbillon apparaît peu à peu, menaçant d’engloutir les navires, déjà mis à mal par la tempête. Ils rament aussi vite qu’ils le peuvent. Les dragons eux-mêmes, déstabilisés par les bourrasques d’une violence extrême, peinent à se maintenir en vol. Jaelyx, le dragon de Daemor, le plus fin et agile des quatre, est particulièrement mis à mal. Aeganon décroche légèrement pour abriter comme il le peut son jumeau, Astyrax faisant obstacle de ses ailes immenses. L’Ancien, s’il est peu manœuvrable, est en revanche suffisamment lourd et grand pour résister au courant. Ce n’est pas nécessairement le cas de Meghar et Salya, les compagnons d’Elaena et Aelys, respectivement, qui demeurent de jeunes dragons. Ils battent des ailes, et leurs dragonnières doivent lutter à leurs côtés, tant pour rester en selle que pour garder le contrôle sur leurs montures qui, soumises à une situation de danger, voient leurs instincts sauvages ressurgir.

Le pire est encore à venir. Le fracas est abominable, et la mer paraît s’ouvrir. De ses entrailles aquatiques surgit une silhouette atroce, démente, qui était censée n’appartenir qu’aux légendes pour enfants ou aux pires cauchemars de marins rendus fous par la dysenterie. Mais non : les mythes, après tout, on toujours un fond de vérité. Des tentacules gigantesques, d’un rose violacé, sortent de l’eau. Elles enserrent un des navires. Le bois craque. Les cris des hommes retentissent, tandis que plusieurs se jettent à la mer. D’autres sont tordus comme les planches qui se brisent. Le chaos est total. Les autres bateaux tentent désespérément d’échapper tantôt au courant, tantôt aux tentacules. L’un d’eux, vicieux, bat l’air et accroche l’une des pattes de Meghar.

Se sauver, ou sauver les marins ? Survivre, déjà, paraît un bon objectif. La chasse à la baleine géante est oubliée. Une proie bien plus massive, bien plus dangereuse est sur le chemin des quatre valyriens. Enfin proie …

Ils ne savaient pas, jusqu’à maintenant, que c’étaient eux, la proie.

Ordre de passage




Règles générales

Vous êtes répartis dans ce sujet précis, avec sa situation et ses enjeux.  [Event 3] - Les proies 3452972663

Pour cet évent dynamique et forcément un peu stressant, l'avantage sera donné à la rapidité d'exécution. La gloire est à portée de mains, le danger aussi : il est urgent d'agir   [Event 3] - Les proies 1103754796

Vous n'aurez donc que quatre jours - 96 heures - pour poster votre réponse à chaque tour. Si vous ne pensez pas avoir le temps, pas de problème ! Vous serez PNJsés par le MJ pour ce tour et vous pourrez rattraper votre coup au prochain tour  [Event 3] - Les proies 871372357

Il n'y a donc aucune pression, manquer un tour ne sera pas pénalisant  [Event 3] - Les proies 894420505

Nous vous demandons simplement de bien vouloir prévenir dès que possible vos partenaires de jeu si vous ne pensez pas pouvoir tenir le délai. Très exceptionnellement, vous pouvez demander à la Voix de l'Ombre un délai, après accord de tous vos partenaires. Ce ne sera évidemment pas possible à tous les tours, et on ne doute pas que vous comprendrez pourquoi  !  [Event 3] - Les proies 871372357

D'ici là, bon jeu ! Et que le sort vous soit favorable  [Event 3] - Les proies 2326446878




Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Event : La Mer Déchaînée
Les proies

Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Rhyos, la perle de la mer des Soupirs, frémissait de l’excitation d’un grand jour qui s’annonçait. Le ciel était dégagé, le soleil brillant transformait cette mer apaisée en un unique assemblage de petits points brillants, donnant l’illusion de renfermer d’innombrables trésors. Les courtoisies allaient de bon train, l’ambiance bonne enfant, alors que les participants de la traditionnelle chasse à la baleine s’apprêtaient à s’élancer. Elaena avait déposé sa main dans le creux de celle de son frère, @Maekar Tergaryon, apaisée par son contact, lorsqu’il avait fallu la délaisser pour devenir adversaires l’espace d’une chasse, elle avait adressé de piquantes plaisanteries à ses deux amis, @Daemor Bellarys et @Aeganon Bellarys. Ils allaient écraser cette équipe adverse ! Elle trouverait bien un moyen pour apaiser la frustration de son frère, n’avaient-ils pas passer une vie entière à se défier ? @Baelor Cellaeron, lui aussi, était de la fête. Ils étaient nombreux à remettre en question sa capacité à participer à la chasse, à le regarder ainsi entouré de guerriers et seigneurs dragons aguerris, il eut été aisé de se moquer. Elaena n’était pas de ceux-là, elle connaissait à présent avec trop de précision la détermination du Seigneur Soie. Elle n’était pas suffisamment idiote pour le sous-estimer. L’homme avait été le premier à tomber lors du Grand Effondrement, le premier à être évacué et mis en sécurité, et pourtant c’était bien à lui que l’on avait attribué le pouvoir de convoquer un Ancien. La jeune femme échangea quelques mots avec cet homme qu’elle n’appréciait pas, mais avec qui il lui faudrait composer, et qui semblait à présent être davantage allié qu’ennemi… du moins jusqu’à preuve du contraire.

Un sourire chaleureux aux lèvres, Elaena se rapprocha de la jeune @Aelys Riahenor qu’elle connaissait au travers de son amitié avec sa sœur ainée, Saerelys, qui n’était pas avec elles en ce jour.

« Aelys ! Nous voilà en bien étrange posture, toi à t’opposer à ta mère, moi à mon frère aîné… Cela ne nous rendra pas plus clémentes, n’est-ce pas ? »

Elle lui adressa un clin d’œil amusé, la compétition ne pouvait être que bonne enfant considérant l’affection que se portaient la plupart des participants, mais elle n’en serait pas moins acharnée. Bientôt il était temps, le clairon raisonnait, marquant le début de cette chasse traditionnelle et hors du commun. Au loin, on pouvait entendre les encouragements, et l’admiration de certains pour ces familles qu’ils connaissaient de nom depuis toujours. Il y avait les Riahenor, que l’on observait avec attention et admiration, n’étaient-ils pas des sangs les plus puissants de la péninsule ? Il y avait Baelor, que tous connaissaient en tant que candidat à la prochaine élection, peut-être prochaine lumière du Conseil des Cinq ? Déjà perçant les cieux, les Bellarys jouaient à domicile dans cette ville, et nul ne pouvait rester de marbre face à Astyrax, dont les ailes seules semblaient capables de dissimuler le soleil. Certains encore acclamaient le nom Arlaeron, certaines plus précisément, bouleversées par l’aura d’héroïsme et de richesse d’un Laedor au sommet de sa gloire. Et puis, bien sûr, ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement depuis Oros, friands de voir les héritiers de cette famille dont on parlait tant, le Téméraire, le héros de guerre, l’homme qui semblait avoir été appelé par les Dieux, et sa sœur, la princesse d’Oros qui était devenue une sénatrice que le petit peuple d’Oros imaginait puissante. La gloire de ces grands noms rejaillissait sur Rhyos tout entière, qui frémissait à chaque envolée de dragons, et dont le regard se tournait, comme celui d’un seul homme, en direction de ce ciel à présent habité.

« Et bien Aeganon, frère d’arme de l’un, compagnon de chasse de l’autre, il semblerait que tu ne puisses plus te passer de nous… »

Elaena se trouvait à bonne distance d’Aeganon, Meghar étant peu friand d’une proximité poussée avec l’Ancien, mais elle ne doutait pas que son ami avait pu déceler la taquinerie dans sa voix et observer son sourire narquois. Plus proche d’elle, son ami, Daemor, et son dragon qui avait, depuis toujours, noué une relation paisible avec Meghar.

« C’est bon de voler à nouveau ensemble. »

Elle adressait un sourire tendre à son ami, il lui semblait que cela faisait des siècles qu’ils n’avaient pas écumé les cieux et fait la course. C’était pourtant leur sport favori, combien de fois avaient-ils fait la route séparant Rhyos et Oros, montés sur leurs dragons, pariant sur le plus rapide. Daemor gagnait souvent, son dragon était plus fin, plus habile, qu’un Meghar jeune mais à l’envergure plus massive.

Le sourire d’Elaena se ternit quelque peu car elle pouvait sentir Meghar se tendre, sans bien comprendre l’origine de cette nervosité nouvelle. Elle le comprit bien vite car le vent ne tarda pas à se lever, tout d’abord en petite brise, presque agréable tant le soleil était puissant, mais très vite il ne fut question de soleil et le vent se transforma en prémices d’une tempête. Elaena laissa échapper un cris lorsqu’un éclair vint zébrer le ciel non loin d’eux, et alors que Meghar luttait contre un vent déchainé, la jeune femme pouvait entendre sous elle la mer se déchaîner. Avant qu’elle ne parvienne à comprendre ce qui se passait, Elaena vit qu’Aelys avait quitté leurs côtés pour se diriger vers les bateaux, changeant d’angle de vue la Tergaryon constata avec effroi que les bateaux, chargés de les suivre, étaient en prise avec une mer devenue meurtrière.

« Daemor ! »

Le visage battu par la tempête, Elaena indiquait à son ami, d’un geste de la main, les marins en contrebas. Ceux-ci tentaient tant bien que mal de rester à flots, mais déjà certains quittaient le navire, visiblement persuadés que celui-ci ne tiendrait guère plus longtemps. La situation devint plus dangereuse encore, car Aelys semblait en difficultés. L’espace d’un instant, Elaena pensa que la demoiselle Riahenor s’était sortie de son entrave, mais un soubresaut manqua de la désarçonner. Sans hésiter, et sans attendre son ami Bellarys, Elaena amorça une descente rapide en direction de la jeune femme, l’aidant à retrouver une certaine distance avec le navire qui menaçait de l’emporter avec lui. Impuissante face à la rage marine, et directement menacée par les immenses vagues qui se déchaînaient, Elaena dut retrouver une certaine altitude. Il leur fallait attendre, après tout cette tempête ne pouvait durer… n’est-ce pas ?

Pourtant, attendre ne pouvait être la bonne solution. Elaena se cramponnait de toutes ses forces, régulièrement bousculée par les vents qui menaçait de la faire basculer à chaque instant. La jeune femme s’époumonait, adressant des mots rassurants à Meghar qui devenait plus nerveux à chaque seconde. Si ce n’était pas le vent qui mettrait Elaena en danger, ce serait Meghar lui-même, dont l’agressivité redoublait à chaque nouvelle bourrasque. La bête était d’une nature fière et impulsive, capable d’une grande agressivité lorsqu’il se trouvait en difficulté. Elaena constata avec horreur que le vent lui faisait perdre de la hauteur, la rapprochant à chaque seconde un peu plus de la mer et de ses vagues mortifères. A mesure qu’elle se rapprochait, la native d’Oros pouvait entendre avec davantage de précision les cris et suppliques de ces marins comme voués à la mort. Elle entendit également le son terrible du bois craquant, funeste augure de morts certaines. Mais le craquement n’était pas celui d’un bois malmené par les eaux, non… il y avait autre chose. Et cette autre chose ne tarda pas à révéler sa face. Elaena regarda avec effroi ces immenses tentacules, émanations dans ce monde d’un monstre venu des profondeurs, un monstre que tous avaient imaginé n’être qu’une chimère… La chimère était bien réelle, bien trop réelle. A la vue des tentacules s’élevant toujours plus haut, Elaena hurla, tempêta, imposant avec force, à un Meghar fou, de retrouver plus de hauteur, d’échapper à ces tentacules qui se rapprochaient.

Mais on ne combat pas l’inéluctable, ni les éléments. Ce qui devait arriver arriva, et le cri de Meghar fendit l’air avec une telle force que l’on eut pu imaginer qu’un éclair venait à nouveau de frapper.

« Non ! »

Le cris d’Elaena, lui, ne pouvait rivaliser avec l’assourdissante mer dont les embruns la fouettaient avec violence, aveuglant ses yeux, emplissant ses narines et sa bouche d’un sel synonymes de trépas. Ce n’était pas la fin, car si Elaena devait mourir, elle refusait de la faire dans les flots. Pourtant, elle n’avait plus de maîtrise. Elle se courba entièrement, collant son corps à celui de Meghar, tentant par-là d’offrir moins de prise au vent, car Meghar, lui, ne pensait plus à sa partenaire, il ne pensait plus qu’à survivre… et cette survie passait par une série de contorsions toujours plus dangereuses pour la jeune femme qui était, certes, solidement ancrée à la selle, mais qui sentait que cette dernière ne tiendrait pas longtemps à un tel rythme.

« Daemor, Aeganon ! »

Son réflexe premier fut d’appeler à l’aide ceux qu’elle savait capable de l’aider. Mais approcher devenait dangereux, impossible même, et elle regretta d’avoir laissé libre court à sa peur. Devait-elle réellement être cette demoiselle en détresse, incapable de se défendre et dont le premier réflexe était de faire appel aux hommes l’entourant ? Non. Elle ne serait pas de ceux-là. Elle ferma les yeux un instant, respirant à pleins poumons et laissant l’air devenu sel lui brûler la gorge. Un instant de paix, un instant à elle, au cœur de la tempête. Envers et contre tout, elle apaisait son esprit pour reprendre le contrôle d’une situation à priori désespérée. Meghar avait peur, mais Elaena était terrifiée, et elle serait incapable d’affirmer son autorité sur l’animal s’il la sentait faible et apeurée. Au départ, elle ne put chasser les pensées terribles qui annonçaient sa mort, mais bientôt, le fracas de la mer et les cris de Meghar disparurent, ne restaient plus que sa respiration, le vent contre sa peau, ses cheveux fouettant ses joues. Après de longues secondes ainsi silencieuse et immobile, Elaena rouvrit les yeux, et hurla avec une telle force qu’elle s’imagina que la foule apeurée, amassée sur le port, avait pu l’entendre.

« Keligon ! » - ça suffit !

Si elle devait mourir, ce ne serait certainement pas à cause de la peur et de la panique, ni à cause d’un dragon devenu impossible à contrôler. Et Meghar sembla l’entendre, car elle senti son cœur s’apaiser imperceptiblement, et ses mouvements devinrent moins saccadés, moins paniqués. Elle devrait le dire, mais il avait compris ce que sa monteuse attendait de lui. C’était un pari risqué, cela pouvait la précipiter définitivement dans les flots, mais à ne rien faire elle s’y retrouverait tout autant. Alors, entre le risque assumé et l’attentisme, Elaena avait fait son choix.

« Dracarys. »
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Rhyos était sa ville, c'était son domaine. Ici, il était vraiment chez lui, bien plus en possession de ses moyens, qu'il ne le serait sans doute jamais à Valyria. Il n'avait rien contre la capitale, bien au contraire. Mais il avait grandis ici majoritairement, il connaissait chaque petite ruelle, chaque place, les commerçants qui pouvaient y faire leur vente, les négociants et voyageurs qui étaient venus d'ailleurs pour pouvoir faire ici leur marché. La famille Bellarys avait toute sa renommée et son prestige principalement ancrée à cet endroit et c'était réellement agréable de pouvoir bénéficier d'une position de force sur les autres personnes qui participeraient à l'événement. Car aujourd'hui, bien plus qu'ailleurs, bien plus qu'à Valyria, il avait fallu donner une somme importante d'argent pour montrer son importance au cœur de la cité, pour pouvoir montrer aux habitants que la maison était toujours belle et bien présente, et qu'elle savait mettre les moyens nécessaires pour pouvoir organiser les plus belles festivités en l'honneur de Caraxes. Pour Daemor, cela revêtait quelque chose d'autre encore, alors qu'il reconnaissait volontiers, à lui-même, qu'il n'avait pas été l'homme le plus pieux et religieux au cours des derniers mois écoulés. Il en avait beaucoup voulu aux Dieux de l'avoir abandonné, lui retirant tout simplement son enfant. Il ne cherchait pas à savoir quelle divinité particulière pouvait bien le punir ainsi, et il avait donc fait la conclusion que les Quatorze lui avaient tous tourné le dos et en réponse, il l'avait fait également. Il n'en avait parlé à personne, ce n'était pas une chose qu'on venait à énoncer à voix haute, surtout dans une société qui les valorisait tant dans chacun des aspects de la vie quotidienne. Son cœur saignait trop pour pouvoir leur accorder la moindre prière et sa rage venait à faire battre son sang avec violence au niveau de ses tempes quand il venait à y songer. Il jouait le jeu, pour le Sénat, pour les Bellarys, pour toute personne qui venait à croiser sa route, car il ne pouvait pas se permettre de se mettre à dos qui que ce soit par son manque de Foi, et il répétait tout cela jour après jour, avec un certain agacement. Après tout, il y avait toujours une bonne raison de célébrer l'une des quatorze divinités et la tradition était particulièrement tenace.

Avec les festivités en l'honneur du dieu de la mer, divinité qui était aussi changeante que le domaine qu'il venait à gérer, Daemor s'était dit que c'était peut-être le moment de rendre à nouveau hommage de façon concrète et il avait négocié avec son père pour pouvoir donner encore plus que les années précédentes pour l'organisation de ce rendez-vous. Ils avaient tous connu bien assez de peine pour ne pas rajouter une catastrophe maritime dans les semaines à venir, et bien qu'il n'était pas le seul à s'être investi dans tout cela, il y avait son orgueil venait à être gonflé en partie grâce à cela, autant celui de l'homme que celui du sénateur. Il pouvait voir la joie et l'engouement qui prenait place sur les visages du peuple de Rhyos venus en masse pour participer à l'événement. Et pour la première fois depuis longtemps, il était également plus serein que d'habitude, et cela s'expliquait tout simplement par la présence de son frère, de son jumeau, à ses côtés. Il se sentait toujours plus complet quant Aeganon se trouvait à ses côtés, surtout après les tragiques événements qui s'étaient déroulés dans la capitale quelques mois auparavant, et qui avait tout simplement cloué le valeureux guerrier dans son lit tout autant de semaines pratiquement, et le faisant longuement douter qu'il puisse facilement se remettre d'aplomb. Il n'était nullement question d'un manque de confiance et de force morale dont pouvait faire preuve son frère, mais il fallait bien avouer qu'il avait été salement amoché et vu le nombre de personnes qui s'était pressé à son chevet pour pouvoir l'aider dans sa guérison, l'inquiétude était tout autant légitime. Daemor pouvait se permettre de sourire et se laissait volontiers à rire quelques instants en compagnie de ses amis d'enfance présents également pour l'occasion, un retour en arrière qui était agréable et qui permettait à l'aîné des Bellarys de se prendre un point moins au sérieux qu'à l'accoutumée.

Les équipes furent rapidement établies, et à par Aelys Riahenor qu'il ne connaissait que très peu en elle-même, il se retrouvait à voler aujourd'hui aux côtés des deux personnes pour qui il avait le plus de considération et d'affection au monde. Ce n'est pas pour autant qu'il viendrait à exclure la jeune fille de leur équipe. Ils étaient là à quatre et c'était à quatre qu'ils allaient gagner juste pour le plaisir de la compétition et du jeu. Il fit un clin d'œil amusé à l'égard de Elaena, un sourire plein de malice aux lèvres, alors qu'il venait de s'envoler à dos de Jaelyx et qu'elle venait à le rejoindre, non loin de lui. « Comme au bon vieux temps … On devrait s'accorder quelques instants d'insouciance plus régulièrement. » Il était certain que quand on se retrouvait sur le dos d'un dragon, loin au-dessus de la terre ou des flots, on venait à se sentir tellement plus libre, loin de toutes les obligations et des préoccupations que nous imposaient la vie en société. Il se tourna ensuite vers son frère, plongeant son regard dans le sien, autant qu'il était possible de le faire alors que son dragon était d'une telle envergure qu'il prenait une place conséquente parmi les autres dragons qui composaient le petit groupe. « Ensemble » Lui dit-il avec une joie non dissimulé avant de s'élancer avec les autres cracheurs de feu, et en contrebas, les navires en direction de la Mer d'Été. Malheureusement, le temps se dégrada très rapidement, trop rapidement peut-être, comme si Caraxes ne voulait pas que l'on pénètre sur son territoire et que l'on ne vienne pas à déranger les êtres vivants qui peuplaient les fonds marins. Le tonnerre se mit à gronder, les éclairs se mirent à zébrer le ciel, et bientôt la pluie vint à se mêler au reste, venant nettement à détériorer le moral de Daemor sur l'instant. Il était soudainement bien moins enthousiaste à l'idée.

Lui qui avait espéré que cela ne serait que de courte durée, il semble que les cieux ont décidé de déverser toutes leurs colères sur eux. Dans un mouvement rapide, alors qu'il entendit la voix de Elaena l'appeler, il ne cherche pas un seul instant à comprendre ce qu'il se passe pour se mettre à la suivre aussi vite que possible et lui venir en soutien pour aider Aelys à son tour. Et se rendre compte par la même occasion que les vagues venaient s'abattre avec une violence extrême sur les navires qui ne pouvaient en aucun cas affronter des forces pareilles. Daemor essayait tant bien que mal avec Jaelyx, se rapprocher des flots pour pouvoir aider les hommes en détresse mais malheureusement, il ne venait qu'à attraper le vide et il finit par être contraint à reprendre un peu d'altitude alors que sa pauvre monture devait elle-même se débattre contre les éléments pour essayer de rester dans un vol plus ou moins sécurisé, et surtout ne pas venir à déstabiliser de trop son maître, risquant alors de le faire rejoindre les flots noirs qui semblaient égaux à une bouche gigantesque, avide de les engloutir. Si Jaelyx était fin et agile, lui permettant une certaine rapidité qui avait été essentiel face aux wyrms dans la fosse aux dragons, pour l'occasion, il se retrouvait malmené par les vents et Daemor pouvait sentir l'inquiétude monter chez son dragon et son affolement n'était au final que l'écho du sien. Il ne prononça pas un mot alors que la Mer semblait lâcher sur eux un monstre qui venait à les attaquer de toute part avec ces multiples tentacules, l'effroi venait à lui enserrer la gorge. Pour autant, il se mit à hurler alors qu'il eut presque l'impression d'assister à la scène en ralenti, voyant cette tentacule sortir des eaux sombres pour pouvoir s'accrocher à tout ce qui était dans sa trajectoire et pour le coup, sa victime fut toute trouvée en la personne d'Elaena. Il plongea donc dans sa direction, se défiant du danger réel, il fallait qu'il reste au maximum en mouvement pour que l'homme et le dragon ne soient pas également victimes du monstre marin, il se plaça donc sous la patte de Meghar prisonnier. « Dracarys ! » Hurla l'aîné des Bellarys, se mettant à tourner tout autour de la tentacule avec Jaelyx crachant le feu pour faire lâcher prise et libérer Elaena.
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Les proies
ft Elaena, Daemor, Aelys

Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Aeganon n’avait jamais aimé Rhyos. Cette ville de commerçants lui rappelait à quel point il n’y avait jamais réellement eu sa place. La demeure Bellarys, imposante et sans commune mesure avec la villa à leur nom dans la capitale, était le lieu de sa déchéance. Entre ses murs, il avait été le fils mal-aimé, celui qui n’avait pas été choisi, l’intrus dans le spectacle parfaitement régulé de Jaegor Bellarys et de sa main de fer. Cet endroit l’avait humilié plus que de raison, et il en gardait une rancune sourde. Il avait toujours préféré Valyria ses excès, plus conforme à son tempérament, plus à même de le laisser se différencier. Il avait aimé ses villes de garnison à la frontière, également, pouvant s’y faire un prénom au lieu de subir le patronyme qui le renvoyait à son statut de second choix, puis de rebut. A Rhyos, il n’était que le jumeau dont le patriarche n’avait pas voulu, ou le trublion qui, adolescent, courrait déjà toutes les gueuses de la cité, avait son adresse dans la loge des actrices locales, et prenait déjà un malin plaisir à arpenter les orgies données par les notables locaux. Bien sûr, c’était aussi pour cela qu’il avait voulu, après la victoire sur Ghis, revenir ici, pour jouir sans entrave de son nouveau statut, pour être enfin reconnu pour lui-même, et pouvoir enfin mépriser à loisir ceux qui n’avaient jamais parié sur son succès contre celui de Daemor. Ce dernier, en revanche, paraissait infiniment plus dans son élément, ce qui était logique. Rhyos était le fief familial, celui qui lui reviendrait, et d’ici à ce que leur père passe la main, ou meure plutôt, il aurait peut-être définitivement conquis la ville. Sa richesse provenait de cet endroit, et des riches caravanes qui y passaient, ainsi que de son port disposé sur cette Mer Intérieure qui en avait fait la fortune. D’ici passaient une bonne partie des marchandises qui iraient irriguer les villes du Nord de Valyria, ou qui descendraient vers le Sud. Plaque tournante, comme l’autre grande ville du centre, du commerce de la péninsule, l’endroit s’était développé, et ceux qui étaient suffisamment habiles pour en tirer profit prospéraient. Quant aux autres, ils s’exilaient, et trouvaient leur gloire ailleurs, à l’image d’Aeganon. Cela ne l’empêchait pas pourtant de faire honneur à l’invitation de son frère. Son sourire le plus mondain plaqué contre son visage, il saluait les têtes connues, s’attardant souvent sur des figures plus féminines pour glisser quelques mots et se rappeler à leur bon souvenir, ce que de légers rosissements des joues indiquait avec ironie. Finalement, il y avait quelques remémorations agréables qui vivaient encore à Rhyos. Et bien entendu, la plus douce de toute se trouvait à ses côtés, reflet fidèle de sa personne, en plus digne et plus calme. Malgré toute sa rancune, le Bellarys ne pouvait oublier que cette ville était celle qui avait vu naître la passion incandescente qui animait les jumeaux, et sa mémoire était peuplée d’escapades d’enfance et, plus tard, de virées sensuelles dans les alentours. Il se souvenait d’une crique, d’un champ, de ces vols à dos de dragon, loin, très loin d’ici, ou encore des nuits voluptueuses à l’abri des murs du palais et à l’insu de tous ses occupants. Il se souvenait du goût de Daemor entre ses lèvres, de ses soupirs entre ses bras, de son odeur au creux de ses reins. Aujourd’hui encore, tandis qu’il l’observait, drapé dans ses plus nobles atours, à voguer d’un groupe à un autre, il se sentait empli d’une fierté indicible, à l’idée que cet homme soit sien, bien que personne ne le sache. Il se gorgeait de sa vision, et pendant qu’il susurrait des plaisanteries gouailleuses à telle ou telle matrone, il ne quittait pas des yeux son frère, semblant lui destiner les mots qu’il ne pourrait jamais prononcer à son égard en public. Même en saluant ses amis Tergaryon et ses autres connaissances, alors qu’il reconnaissait le Cellaeron et se souvenait des termes de leur rencontre au Pinacle, il conservait Daemor dans son champ de vision et dans ses pensées, comme à chaque minute de son existence.

Puis il fallut s’asseoir, et assister aux débuts des célébrations. A peu près aussi impressionné que par sa première caliga, Aeganon laissa la populace s’esbaudir et pendant ce temps, il en profita pour chuchoter quelques insanités à son frère jumeau, s’escrimant à le faire rougir, ce qui eut été drôle au milieu de tout ce charivari. Bien entendu, Daemor savait rester parfaitement maître de lui, mais l’impudent soldat espérait bien que la punition, plus tard, serait à la hauteur de son insolence. Après tout, il avait été très explicite sur le fait qu’il aurait préféré rendre grâce à Meleys, et non Caraxes, et sur les festivités qu’il aurait imaginées, à la place. Les sacrifices terminés, le tirage au sort pour la chasse put se dérouler. Le suspens était généralement limité, et Aeganon savait que son père avait dû payer pour que Daemor participe … et Daemor avait dû payer pour que ce soit son cas. A moins que, décidément, les dieux aient vraiment un sens de l’humour étrange, ne put-il s’empêcher de penser alors que leurs deux noms résonnaient. Il dut se mordre les lèvres pour éviter de pouffer en voyant que les Tergaryon frère et sœur avaient aussi été appelés, mais pas dans la même équipe, et que Maekar se retrouvait à devoir roucouler non pas avec sa sœur, mais Baelor Cellaeron. Nettement moins charmant, quoique l’homme soit de compagnie agréable. Plutôt au cœur d’une orgie voluptueuse que d’une chasse en pleine mer cependant, mais enfin, il était Seigneur Dragon autant que Seigneur-Soie, quoiqu’on ait tendance à l’oublier. Outre Daemor et Elaena, la jeune Aelys Riahenor les rejoignait. L’ensemble eut pu prêter à sourire, avec ces duos familiaux séparés ou réunis, cependant, in fine, les équipes étaient relativement équilibrées à ses yeux. Il y avait des novices comme des soldats plus expérimentés, et ce que son propre groupe perdait en expérience, il le gagnait en fougue de la jeunesse et en connaissance les uns des autres. S’adressant à Aelys, Aeganon lui décrocha son sourire le plus charmant, avant de déclarer :

« Chère Aelys, tu es d’une vue et, je n’en doute pas, d’une compagnie aussi délicieuse que ta sœur aînée. Ce sera un plaisir que d’entreprendre cette chasse en ta compagnie, j’ai hâte de voir ce que je vais pouvoir rapporter dans mes filets en ta compagnie. »

C’est donc en galante compagnie, et pas uniquement parce que Aelys Riahenor était splendide, mais tout simplement parce qu’il se trouvait en compagnie de son frère-amant et de son amie-maîtresse, qu’il se positionna pour attendre qu’Astyrax ne vienne l’emporter. Ainsi, il observa les autres monter sur leurs dragons, et quand enfin, il eut suffisamment d’espace pour que l’Ancien puisse se poser, il l’appela, et la vénérable créature se présenta. Le dragon avait passé la majeure partie des derniers mois à se ressourcer près de la chaleur des volcans de Valyria, comme son maître, soignant les blessures reçues durant le Grand Effondrement. Ils n’avaient donc eu que peu l’occasion de se retrouver, cependant, Aeganon avait l’impression, probablement fausse et confuse, que vivre une telle épreuve ensemble les avait, comme durant la guerre, encore rapproché. Le dragon était toujours une masse impressionnante, et le Bellarys s’harnacha avec soin, attachant ses jambes avec précaution, avant de se caler contre la selle imposante dont il avait besoin pour se tenir sur le dragon sans que ses jambes ne finissent par brûler. La créature déploya ses ailes – plongeant momentanément une partie du port dans l’ombre avant de décoller, et, l’espace de quelques secondes, son cavalier se laissa aspirer par la sensation folle de s’arracher à la gravité. Il mena son dragon pour que ce dernier surplombe les autres, évitant de chevaucher trop proche d’eux pour laisser à Astyrax toute la place dont son envergure volumineuse avait besoin. A distance, il entendit Elaena plaisanter et répondit en haussant la voix :

« Que veux-tu, je suis un homme à Tergaryon ! »

Puis, il envoya un clin d’œil à son frère et reprit son cri :

« Ensemble ! »

Le vol, cependant, ne fut guère de tout repos. Rapidement, le temps leur joua un mauvais tour, et si Astyrax était peu gêné par les vents tourbillonnants et autres bourrasques, compte tenu de son poids et de son envergure, il n’en était pas de même pour les autres, et, hélas, cela avait les avantages de ses inconvénients, puisque manœuvrer se révélait particulièrement ardu. Ainsi, comme les autres, Aeganon aperçut, quoiqu’avec un temps de retard, comme il volait plus en hauteur, Aelys en difficulté avec son dragon face à la tempête, comme les navires qui les accompagnaient. Mais, le temps qu’il parvienne à redescendre, Elaena et Daemor étaient intervenus. Heureusement. Sauf que le temps ne se calmait aucunement, et que l’homme avait l’impression de nager aussi sûrement que s’il était en pleine mer, avec les tombereaux de pluie qui les assaillaient. A vrai dire, ne voyant plus grand-chose, il se résolut à faire confiance aux instincts de sa monture, qui, en plus d’un siècle d’existence, en avait vu d’autre, bien que la situation ne soit clairement pas à son goût, comme l’indiquait ses ébrouements pour se débarrasser de l’eau qui ruisselait sur sa gigantesque carcasse. L’Ancien était une créature de volcans, et non de mer. Et le pire était encore à venir.

Bouche-bée, Aeganon observa la mer commencer à se déformer en un tourbillon. Son instinct lui soufflait de s’enfuir au plus vite, et il sentit que celui de son vieux compagnon était du même avis. Le dragon avait reconnu un antique ennemi de sa race, et il prit de l’altitude par réflexe, malgré le danger. Ses lourdes ailes se soulevèrent et il propulsa dans un effort impressionnant son corps immense un peu plus haut. Bien lui en prit, puisque le tourbillon se creusa peu à peu, abîme noirâtre, pour laisser place à une gueule béante. Des tentacules en sortirent, et avec horreur, le Bellarys reconnut les monstres peuplant les contes valyriens ainsi que les récits alcoolisés des marins. Et pendant ce temps, la tempête redoublait encore. Fronçant les sourcils, Aeganon vit son frère en difficulté, et lia son esprit à sa créature pour lui intimer de redescendre. Astyrax parut renâcler, puis, comme s’il se rappelait que Jaelyx était issu de sa chair, se résolut à descendre pour secourir son rejeton. En vol stationnaire, il se laissa chuter, rétablissant ses ailes plusieurs mètres plus bas. Son cavaler sentit son estomac faire des bonds, mais, suffisamment habitué, réprima le haut-le-cœur qui venait. Il aida du mieux son dragon à se rapprocher, puis à étendre l’une de ses ailes pour protéger Jaelyx des bourrasques, qu’il encaissait lui-même. Le puissant corps frémit, mais tint bon.

Le cri d’Elaena lui indiqua qu’il n’était pas au bout de ses peines. Le dragon de la jeune femme avait été accroché par l’un des tentacules. Le danger était imminent, évident, et Aeganon se demanda ce qu’il pourrait dire à Maekar si jamais … Il chassa cette pensée de son esprit, déterminé à ne jamais, jamais, avoir à effectuer une telle action. Daemor n’avait pas attendu de réfléchir à un plan d’action pour agir néanmoins, et avec angoisse, son jumeau le vit décrocher pour se porter au secours de la jeune femme. Il ne savait pas si les deux dragons parviendraient à leurs fins, surtout que le feu risquait d’avoir des difficultés à prendre par un temps pareil, mais d’un autre côté, il aurait des difficultés à manœuvrer pour les rejoindre sans les mettre, et sans se mettre en difficulté. Peut-être que si Aelys elle aussi s’y mettait … Avisant la jeune femme, il tenta de couvrir le fracas ambiant en hurlant à se briser les cordes vocales :

« Aelys, va les aider ! »

Lui-même serait plus utile ailleurs. Son esprit de soldat s’était activé. Laisser le navire déjà brisé se faire engloutir permettrait peut-être d’occuper le monstre, et donc de laisser aux trois autres l’opportunité de dégager Elaena. C’était un sacrifice douloureux, mais nécessaire. Les autres, en revanche. Peu importait les dommages qu’il leur infligerait, de toute façon, si rien n’était tenté, ils iraient par le fond. Sa décision prise, il intima donc à Astyrax de s’approcher. Ce dernier renâcla, et il dut parlementer avec sa monture une bonne minute avant que cette dernière ne se décide à agir. Arquant sa tête en avant et rabattant ses ailes, la créature se prépara à la plongée en piquée, et son immense corps fut soudainement propulsé en avant, plaquant Aeganon contre son cou en raison de la pression exercée, difficilement supportable. Il avait l’impression d’être brutalement écrasé par un poids insensé. Heureusement, la torture fut de courte durée, puisqu’Astyrax se rétablit brutalement, ses griffes immenses se plantant dans un des navires, qui crissa follement sous l’impact. Le soulevant comme un fétu de paille, le dragon souleva littéralement le navire de la mer, et entreprit de le déposer sur l’une des hauteurs du tourbillon, à distance raisonnable. Et Aeganon luttait pour se maintenir en selle, essayant de ne pas penser aux marins ballotés par les vents, certains devant tout de même passer par-dessus bord et finir droit dans la gueule béante … Serrant les dents, il s’agrippa, et enfin, son calvaire prit fin. Enfin, pour le moment. Restait à savoir si leur action avait été suffisante, et si les autres s’en sortaient correctement …

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Event : La Mer Déchaînée
Les proies

Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

L’excitation vibrait dans les tripes de la Riahenor, digne descendante de la Riahenys tandis que les célébrations prenaient un terme pour ouvrir le bal des jeux. Les festivités du rêve du Caraxes s’offraient sur leur jour le plus mémorable et ostentatoire. De la magie qui éclatait en ces lieux, Aelys en captait toute la majesté et la puissance, gonflant d’un orgueil plus fort encore la fierté d’avoir une mage dans les rangs de cette famille prestigieuse. Aux côtés de sa mère, plus superbe que jamais, elle avait observé le moindre des faits et gestes de son aînée, Saerelys. Dans ce ciel d’azur, le royaume de Caraxes se reflétait limpide et terrible à la fois. Elle contemplait avec fascination et appréhension ce domaine inexploré qu’étaient les mers et les océans ; aux apparences si calmes mais qui recelaient leur propre tempête. L’impétuosité des flots ne manquait point de s’affirmer en ce jour de piété. Le Dieu était parmi eux. Il les entendait et grondait pour eux. La jeune Riahenor aimait à entendre les hurlements des cieux, cet appel qui rappelait que des puissances intangibles existaient au-dessus d’eux et que la gloire venait à toute l’attention qu’il était possible de leur capter. Aujourd’hui, la Dame entendait bien briller pour que son nom et celui de sa famille perdure, qu’il soit associé au prestige et à la légende. Et plus que tout, elle souhaitait retenir l’intérêt des Quatorze.

La répartition des équipes venait à l’opposer à sa mère. Une position qui n’était pas sans l’amuser quelque peu, elle qui n’attendait guère de telles occasions pour créer des telles rivalités. Son plaisir n’en fut que plus grand en sachant que sa fière équipée se composait de la splendide Elaena Tergaryon et des jumeaux Bellarys dont la compagnie n’était plus un secret pour elle. Les familles s’étaient toujours révélées très proches, et sa tendre amitié avec Maera amenait la Riahenor à fouler régulièrement le sol de la maison Bellarys. « Elaena, tes propos ne pourraient résonner plus puissamment en mon cœur. Le prestige ne saurait souffrir la faiblesse de quelques affections. » répliqua Aelys, un fier sourire trônant sur ses lèvres à cette réplique envoyée à l’aînée des Tergaryon. En effet, elle ne manquait nullement de hargne quand il s’agissait de compétition et elle savourait l’idée que ses compagnons de fortune frémissent de la même ambition. Sur le dos de Salya, elle triomphait déjà, les entrailles agitées de la hâte de démarrer cette épopée. A la réplique d’Elaena s’ajouta celle d’Aegagnon dont chaque mot eut pour charme de flatter son orgueil. Un léger rire tinta dans le vent iodé et agité. « Cher Aeganon, si tu mets autant d’ardeur à la prise de cette baleine qu’à celle de chaque visage qui te plaît, je gage de notre réussite flamboyante. » la tança-t-elle, d’un sourire gourmand sur ses lèvres charnues. A la valse du bon verbe, Aelys faisait encore ses premiers pas, mais elle se délectait avec plaisir de ces premières joutes et de ses neuves apparitions en société.

Hélas, l’engouement qui exaltait son être s’estompa au vol nerveux de Salya. Sa maîtresse fronça ses sourcils, soucieuse avant qu’un éclair ne brise brusquement le ciel. Aelys réprima un sursaut tandis que les ténèbres les enrobaient soudainement de nuages sombres et menaçants. Le déluge qui s’abattit sur eux mit à mal le vol des dragons les plus jeunes tandis qu’en bas, les navires souffraient de tourment bien plus violents. La tempête féroce qui se soulevait faisait batailler nombres de cette fière flotte qui s’était élancée pour cette chasse à la baleine. A cette mauvaise posture, la Dame Riahenor ne manqua pas de réagir pour sauver la vie d’un matelot précipité dans les bras mugissants des flots. Un geste impulsif qui manqua de l’envoyer elle-même par l’assaut d’une vague gigantesque. Déployant toutes ses forces pour se maintenir sur Salya, il lui fallut le concours d’Elaena et de Daemor pour ne point tomber au cœur de cette mer déchaînée. Ainsi, elle put s’éloigner des vagues traîtresses et regagner en altitude parmi les autres Seigneurs Dargons.

Captivée par l’horreur du spectacle qui se jouait ici-bas, Aelys souffrait de toute leur impuissance face à ce désastre. Le maelström qui subjuguait la mer de Rhyos ne connaissait aucun répit. Il semblait que l’éternité s’étirait sous les hurlements des malheureux que la jeune fille peinait à voir, aveuglée par les pluies torrentielles que déversaient les cieux. « Salya, tiens bon ! » Les Dragons Riahenor étaient connus pour leur carrure imposante et leur force, mais la dragonne demeurait encore jeune. Et si elle était agile, elle luttait contre les assauts terribles de cette tempête. Aelys se cramponnait tant bien que mal pour ne point perdre sa posture et chuter de selle. Les navires, quant à eux, s’égaraient et s’écrasaient sous la fureur de cette mer funeste. La fureur de Caraxes ne connaitrait-elle donc point de répit ? Et tandis qu’Aelys réclamait en son for intérieur la clémence des Quatorze, une forme atroce fendit les flots. Il crut à une sorcellerie de son imagination. Pourtant, des tentacules jaillissaient çà et là de part d’autres de cette gueule béante et immonde. Créature de l’obscure. Monstre affamé d’horreur. La noble crut bien trembler à cette vision cauchemardesque et irréelle. Un hurlement déchira la tempête, braquant toute son attention sur Elaena dont la monture se démenait pour échapper à cette manifestation effroyable et à la tentacule qui s’était emparée d’elle.

L’estomac au bord des lèvres, Aelys observa, tétanisée, la panique s’emparer de Meghar jusqu’à ce qu’il ne soit tenu en respect par Elaena. D’un geste empli de fougue, la Tergaryon se précipita à l’assaut de l’affreuse créature, luttant contre ses tentacules au renfort des flammes, bientôt assistée par Daemor. Son propre effroi se cristallisa autour de l’injonction d’Agaenon. Il lui sembla qu’elle était extirpée brutalement d’un cauchemar innommable. Recouvrant un peu de sa bravoure, elle décida d’agir à son tour. « En avant, Salya ! » Bien plus courageuse qu’elle, la dragonne n’hésita pas une seule seconde pour fendre la fureur de la tempête et d’un vol agile, parvenir jusqu’à la triste victime de ces tentacules atroces. « Dracarys ! » hurla-t-elle à plein poumons, affrontant par l’action toute la terreur qui l’engourdissait. Mais sous l’assaut conjugué des flammes, il semblait que le tentacule lâchait sa prise pour libérer sa captive. Elle se tordit follement, regagnant les flots pour calmer son agonie. « Attaquons les autres ! » s’époumona la Riahenor, éprise de la soif insensée de terrasser cette créature des ténèbres et de mettre un terme au calvaire qui affligeait le reste des pauvres survivants. Les flammes d’une intempérance semblable à celle de Riahenys se consumaient en elle.




Voix de l'Ombre
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Event : La Mer Déchaînée
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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Elaena, Aelys et Daemor sont impétueux. Malgré le danger, ils foncent tête baissée, sûrs de la force de leur dragon et de leur feu ancestral. Ne dit-on pas qu’il pourrait faire fondre n’importe quel métal, pratiquement, qui n’a pas été traité par les arts magiques valyriens ? Les débuts de leur offensive sont cependant poussifs. Entre le déluge qui s’abat sur eux et la mer déchaînée qui les éclabousse, le feu-dragon n’est guère à son avantage, et les créatures ailées crachotent plus qu’elles ne rugissent réellement. Le jeune âge des trois montures n’aide pas non plus. Pour autant, les coups de griffes et de pattes sont plus efficaces, semble-t-il, puisque le tentacule finit par lâcher prise, non sans mal, et retraiter vers la gueule béante qui s’est ouverte plusieurs dizaines de mètres en contrebas, au cœur du trou noir. On peut distinguer une rangée de crocs effilés qui encadrent une ouverture immense, et au-delà, les tréfonds de l’effroyable monstre marin. Une chute serait mortelle, probablement. Emportés par leur témérité, les trois jeunes gens s’attaquent à d’autres tentacules, menés par Aelys. Malgré les vents violents et les vagues qui les empêchent de voler comme ils le voudraient et contraignent leurs dragons à des efforts particulièrement violents, ils se portent au-delà péril, bravant les éléments et leur formidable assaillant. Ce dernier semble ployer sous l’offensive, et retraite plusieurs tentacules.

Pendant ce temps, Aeganon, monté sur Astyrax, extirpe péniblement un premier navire de la mêlée. Contrairement à ce qu’il avait prévu, il ne peut le déposer près du trou noir, compte tenu des dommages infligés et de la force des courants, aussi il doit effectuer plusieurs dizaines de mètres supplémentaires pour redonner aux flots le bateau. L’amerrisage est périlleux, compte tenu du temps, et malgré l’expérience du vieux dragon, ce dernier n’est guère habitué à de tels travaux de précision, encore moins sous des trombes d’eau, entre deux éclairs et en évitant des vagues de plusieurs lieues de haut. Il parvient, après plusieurs manœuvres, à poser son fardeau, et ce dernier s’enfonce d’un peu trop de centimètres sur les flots, laissant craindre à un naufrage. Mais finalement, l’équipage parvient à stabiliser, pour le moment, le bâtiment. A regret, Aeganon s’éloigne, conscient qu’il ne peut rien faire de plus, et que la survie des marins est liée à la volonté de Caraxes, et à leur habileté. Alors que, de ses puissantes ailes, Astyrax le porte à nouveau vers la déchirure au milieu de la Mer d’Eté, un mauvais pressentiment le gagne.

C’est que les succès des premiers temps s’effacent, pour les combattants de la fosse aquatique. Rusé et retors, le kraken, car c’en est un, les a laissé venir, disposé à laisser quelques-uns de ses tentacules être maltraités pour jauger de ses adversaires. Maintenant, il a observé ses proies, et connaît leurs faiblesses, comme leurs forces. Brusquement, par trois, ses lianes fouettent l’air et s’accrochent non pas aux dragons, mais aux cavaliers, ou du moins, tentent de les halpaguer. Elaena parvient de justesse à se mettre hors de portée. Ce n’est pas le cas des deux autres. Aelys voit sa fidèle monture bloquée temporairement au cou, et pendant qu’elle se débat, un insidieux tentacule s’enroule autour de sa taille … et presse. La douleur est atroce.

Daemor, lui, évite la première attaque, ou plutôt Jaelyx. Mais la vivacité du dragon est autant une force qu’une faiblesse, alors qu’il se débat avec des courants ascendants dévastateurs. Une bourraque d’une rare virulence le déporte trop loin. Un tentacule le cueille. Puis un autre. Ils tirent sur l’humain, violemment. Menacent le dragon, qui perd de l’altitude. Acculé, et soumis à une pression infernale, Daemor fait le choix, courageux, qui s’impose. Il coupe les sangles le retenant à sa selle avec l’épée qu’il a emportée avec lui, et, dans un même temps, retourne l’arme contre le tentacule qui l’enserre. Ce dernier se rebiffe, et lui permet de se dégager, pour une longue chute. Son jumeau revient à ce moment, et Aeganon et Elaena – Aelys est trop occupée avec son tentacule – peuvent voir le monde s’arrêter alors que Daemor est aspiré par la gravité, vers le kraken. In extremis, il parvient à s’agripper à l’un des crocs et se trouve ainsi, fétu de baille, dans la gueule du monstre … au sens littéral.


Ordre de passage




Règles générales

Vous êtes répartis dans ce sujet précis, avec sa situation et ses enjeux.  [Event 3] - Les proies 3452972663

Pour cet évent dynamique et forcément un peu stressant, l'avantage sera donné à la rapidité d'exécution. La gloire est à portée de mains, le danger aussi : il est urgent d'agir   [Event 3] - Les proies 1103754796

Vous n'aurez donc que quatre jours - 96 heures - pour poster votre réponse à chaque tour. Si vous ne pensez pas avoir le temps, pas de problème ! Vous serez PNJsés par le MJ pour ce tour et vous pourrez rattraper votre coup au prochain tour  [Event 3] - Les proies 871372357

Il n'y a donc aucune pression, manquer un tour ne sera pas pénalisant  [Event 3] - Les proies 894420505

Nous vous demandons simplement de bien vouloir prévenir dès que possible vos partenaires de jeu si vous ne pensez pas pouvoir tenir le délai. Très exceptionnellement, vous pouvez demander à la Voix de l'Ombre un délai, après accord de tous vos partenaires. Ce ne sera évidemment pas possible à tous les tours, et on ne doute pas que vous comprendrez pourquoi  !  [Event 3] - Les proies 871372357

D'ici là, bon jeu ! Et que le sort vous soit favorable  [Event 3] - Les proies 2326446878




Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Event : La Mer Déchaînée
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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9
Il est de ces histoires que l’on ne raconte que pour effrayer les jeunes enfants. Ces histoires terribles mettant en scène des monstres d’un autre monde, capables de détruire tout ce qui existe de beau, capables encore de menacer ce qui semblait pourtant éternel. Du kraken, Elaena Tergaryon n’avait entendu que peu de choses. C’était un monstre, voilà tout. Comme tous les monstres il servait d’épouvantail bien utile à tous les parents et éducateurs en mal d’autorité. Après tout, il n’existait rien de mieux qu’une histoire bien ficelée pour tenir un enfant éloigné d’une source de danger. Les histoires avaient cela d’incroyable qu’elles étaient en mesure de provoquer, chez celui qui les écoutait, le sentiment d’un danger véritablement imminent. Alors que le ciel semblait plus noir que jamais et que les flots se déchaînaient sous ses pieds, Elaena ne fut guère capable de se remémorer les histoires de son enfance, et ce monstre qui la menaçait n’était pas un épouvantail, il était bien réel.

Elle s’était imaginé que sa fin était arrivée, lorsqu’elle avait senti la force du tentacule attirer Meghar vers les flots, elle avait dû fermer les yeux un instant, faisant la paix avec elle-même pour accepter la mort qu’elle sentait approcher. Pourtant, elle s’était refusée à partir sans combattre. Ainsi, le premier Dracarys avait franchi ses lèvres, et elle ne sut trop comment mais elle parvint à regagner l’ascendant sur un dragon en prise avec son propre instinct de survie. Elle ne s’aperçut pas immédiatement que du renfort était arrivé, mais le jet de feu qui vint renforcer le sien parvint à la libérer d’une entrave mortifère. Elle jeta un rapide coup d’œil à Daemor et Aelys, émue tant par leur geste de secours que par le sentiment bouleversant d’avoir gagné quelques heures de vie. Il était facile de se sentir tout puissant, du haut de leurs montures de feu, ils étaient capables de survoler le continent tout entier et de décimer les peuples les plus récalcitrants. Cela les avait-il amenés à se croire par-delà la mort ? Peut-être. Toute en proie à la fougue de la jeunesse, Elaena n’avait appris à reconnaître l’odeur de la mort que très tard dans son existence. Le Grand Effondrement avait été sa première expérience avec celle-ci. Elle sentait encore la douleur lancinante de sa main, sa peau déchiquetée par la rudesse de la roche qui les retenait, elle et Saerelys, seul lien restant avec une vie devenue incertaine. Elles avaient survécu, sauvées par leur détermination et les pouvoirs de sa jeune amie, mais n’était-ce qu’une illusion ? N’avait-elle survécu là-bas que pour mieux perdre la vie au cœur d’une mer cruelle ?

Elaena resta quelques instants en hauteur, reprenant son souffle, se concentrant mentalement sur le lien qui l’unissait à Meghar. Elle savait que son calme infuserait dans l’esprit de la bête et il était essentiel que le dragon parvienne à conserver son calme. Légèrement en contrebas, Daemor et Aelys continuaient de mener leurs assauts contre le kraken, déterminés à se débarrasser de la menace. Pourtant, à bien écouter les histoires on en apprend beaucoup, et les grands amateurs de fiction le diraient sans ambages : il ne peut y avoir de fin heureuse. Que serait une fin heureuse hormis une distorsion de la réalité, une fin incapable d’emporter le suffrage de l’auditoire. Après tout, n’était-ce pas là toute la complexité de la vie, que de faire du malheur et de la perte des frères de la joie et de la victoire ? Ainsi, alors qu’Elaena s’était décidé à retourner dans la mélée, elle constata sans peine que le monstre était loin d’être vaincu ou maîtrisé. Bien au contraire. Que les naïfs s’en retournent de là où ils sont arrivés, le mal n’était pas si aisément combattu… Et il avait décidé d’amener le combat sur un tout autre terrain. Le kraken avait compris qu’il n’y avait que trop peu d’intérêt à s’attaquer à la bête, il fallait s’emparer de celui qui la menait. Ce fut un réflexe de survie comme il y en a peu qui permit à Elaena d’éviter le tentacule qui s’était élancé vers elle. Par un même geste instinctif, Meghar s’éloigna des flots, regagnant de la hauteur en profitant de la confusion qui régnait dans l’esprit de sa partenaire. Elaena, d’ordinaire relativement impulsive, ne parvint pas à l’en empêcher, perdue entre les éléments qui l’aveuglaient. La mer qui tempêtait et le vent qui portait ses embruns jusqu’à ses yeux, ce même vent qui la faisait tanguer, cette pluie battante qui alourdissait les corps et les faisait frissonner et puis ces éclairs, cet orage qui ressemblait à la colère divine.

Aelys.

La jeune fille n’eut pas la même chance qu’Elaena, et c’est son corps que saisit sans difficulté l’une des tentacules du monstre. La cri d’Elaena ne put résonner, dissimuler avec aisance par la nature qui leur intimait de se taire et d’écouter sa colère. Aeganon, qui avait disparu du champ de vision de la jeune femme depuis de longues minutes, fit son apparition non loin. Il fallait y retourner, car Daemor et Aelys étaient en difficulté, mais que pouvaient-ils faire au juste pour les sortir de cette mauvaise passe ? Meghar s’approcha lentement, patiemment, évaluant la situation pour ne pas être, lui aussi, neutralisé par un tentacule rageur. Tout à son étude de la situation du côté d’Aelys, Elaena ne vit par immédiatement la situation délicate dans laquelle son ami d’enfance était à présent. Ce qu’elle vit, en revanche, fut la dernière étape d’une descente aux enfers. Daemor tombait. Il tombait littéralement. Plus rien ne le retenait en selle et Jaelyx qui se débattait lui-même avec son adversaire était incapable de venir en aide à son cavalier.

Oh non.

La chute de Daemor sembla durer éternellement, comme ralentie par les battements du cœur d’Elaena qui eux s’accéléraient. Il fallait faire quelque chose. Agir. Vite. Alors pourquoi restait-elle ainsi paralysée ? Il n’était guère difficile d’en deviner les raisons, pour toute autre personne qu’Elaena elle-même, car la peur la plus pure se lisait sur ses traits. La pluie avait cela d’utile qu’elle dissimulait les larmes qui s’écoulaient des yeux améthyste de la jeune femme. Le brouhaha des éléments n’était cependant, lui, pas suffisamment puissant pour étouffer les cris et les plaintes qui se faisaient écho dans l’esprit de la jeune Tergaryon. Les souvenirs sonores de la dernière catastrophe à laquelle elle avait survécu avaient envahi son esprit, l’immobilisant et le retenant captif. Elle pouvait à nouveau entendre les pleurs de ce jeune homme dont la jambe avait été écrasée, et qu’ils n’avaient pas pu sauver. L’odeur de l’iode devenait celle du sang. Les cris de la mer, ceux d’un enfant emporté par Balerion. Les embruns se faisaient terre, comme celle qui avait envahi sa bouche et ses narines lorsque la terre s’était dérobée sous ses pieds. Ainsi dans les airs, témoin de l’horreur, Elaena Tergaryon apprenait une leçon importante : ignorer la peur était impossible, car elle reviendrait la hanter jusqu’à ce qu’elle accepte de la regarder en face. Il était impossible de surmonter sa peur, à moins de l’accepter, et de décider qu’il était inconcevable d’en être l’esclave.

Ce fut la vision de Daemor, suspendu à l’un des crocs du monstre, qui fit revenir Elaena brutalement à elle-même. Elle avait peur. Peur de finir entre ces mêmes crocs, de perdre Meghar, de perdre l’un de ses amis, elle était pétrifiée de peur et les larmes qui continuaient de s’écouler étaient autant celles de la peur face à ce monstre que celles qu’elle n’avait pas accepté de verser la dernière fois que le souffle de la mort avait caressé la peau de sa nuque. Pourtant, elle ne pouvait pas rester ainsi effrayée et immobile. Il fallait choisir : repartir au port, prétenduement pour quérir de l’aide, officieusement pour fuir une issue qu’elle redoutait, ou bien se jeter dans la gueule du monstre pour tenter de changer l’issue de ce combat. La deuxième solution pouvait la tuer, mais que lui offrait la première option ? Une vie passée à pleurer la mort d’un ami qu’elle avait abandonné ? Une existence à refouler la peur et les larmes, le vide et la honte d’avoir ainsi fui ? Elle n’était pas de ceux qui fuient.

Elle repensa à son frère, Aenar. Combien étaient-ils à les comparer tous deux ? Et sans doute avaient-ils raison, car il n’y avait eu personne, au sein de cette famille, de plus semblable à Elaena que son frère ainé. Tous deux avaient toujours été impétueux, emportés, impulsifs et fiers. Depuis sa disparition, tous avaient blâmé l’impulsivité d’Aenor, prétextant que ce caractère si imprévisible l’avait précipité vers une mort certaine. Etait-ce ce que s’apprêtait à faire Elaena ? Elle était incapable de ne pas se jeter à corps perdu dans l’action, tout comme Aenar n’avait pu rester en arrière lorsque les combats avaient redoublé. Il avait été comme Elaena était aujourd’hui, monté sur son dragon au-dessus d’un territoire ennemi menaçant de l’engloutir. Il avait eu peur. Elle le connaissait bien mieux que tous car elle l’avait toujours compris. Il avait craint la mort, contrairement à ce qu’avaient prétendus ses camarades, incapables de voir au-delà de cette carapace que son frère avait soigneusement construite. Elaena, elle, voyait à présent.

Alors, à la manière d’Aenar, qui n’avait pas reculé face au danger, elle s’élança, perdant rapidement de l’altitude pour essayer d’attraper un Daemor dont la prise menaçait de lâcher. Il ne pouvait y avoir qu’elle. Aelys était elle-même en danger, l’Ancien d’Aeganon ne lui permettait pas autant de réactivité, alors ne restait qu’Elaena pour tenter de sauver son ami. Se jeter dans la gueule du monstre les yeux grands ouverts, peut-être était-ce là sa plus grande similitude avec son frère ainé. Elle se demanda si Maekar lui pardonnerait, si sa mort viendrait achever ce que la disparition d’Aenar avait entamée. Mais il était trop tard pour réfléchir à cela. Il était trop tard pour reculer. Elaena filait vers Daemor, évitant de son mieux les tentacules devenus fous à son approche. Elle jeta un coup d'oeil en direction d'Aeganon, espérant secrètement qu'il serait en mesure de leur venir en aide si tout cela devait dégénérer. Elaena pria secrètement Caraxes de se montrer magnanime et Balérion de ne pas l'emporter en son royaume. Elaena voulait vivre. Elle voulait danser, rire et jouer. Elaena voulait épouser l'homme de son coeur et porter en son sein ses enfants. Elle voulait voir grandir ces petits êtres issus de l'amour le plus pur et le plus indomptable. Elle voulait connaître et vivre les aventures propres à une longue existence.

Mais puisque telle était la volonté de Caraxes. Valar Morghulis.


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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Il plaisait à Aelys de voir éclore au creux de ses doigts agiles des créatures merveilleuses et des chimères incroyables. Son imagination fertile puisait dans les récits qui avaient tapissé son enfance pour créer ce qui n’existait pas, ce que le monde ne portait pas en son sein quand elle était lasse de répliquer les créations des Quatorze. Ses fantaisies s’étaient multipliées dès lors que sa jeune benjamine avait été en âge de jouer en lui confectionnant des bêtes avec lesquelles s’amuser et inventer à son tour. Mais en dépit de cette imagination florissante, l’artiste n’aurait jamais pu concevoir une monstruosité aussi féroce et abominable que celle qui surgissait des mers pour causer leur perte à tous. Aucune des sculptures de sa création, aucun dessin sous son fusain, aucun songe dans les ténèbres de la nuit n’avait formé une seule des courbes terribles du kraken. Arrax et ses enfants pouvaient-ils être l’origine d’une telle monstruosité ? Était-ce de leurs pensées célestes qu’était née cette créature funeste ? Elle ne pouvait envisager que ceux qui savaient créer tant de beau puissent également être capables d’horreur.

Transie de stupeur, la Dame Riahenor contemplait l’atroce scène qui se jouait sous ses yeux. Où s’était envolé son courage ? Qu’était-il advenu de cette fougue légendaire qui la propulsait au-devant tous les dangers ? Pourquoi Aelys n’était soudain plus Aelys ? La terreur qui engourdissait ses membres fut chassée par la simple injonction d’Aeganon. Elle qui ne supportait guère d’être commandée percevait dans cet ordre son salut afin de retrouver vigueur et intrépidité. Salya se précipita gueule la première vers les tentacules traitres qui emprisonnaient la monture de son amie. Au cœur de la tempête et de l’obscurité, les flammes qui jaillirent des entrailles des dragons ne furent un réconfort qu’éphémère pour la jeune fille. Le Feu pour combattre les ténèbres. Le Feu pour affronter l’eau. Le Feu pour triompher du mal. Hélas, la fureur de la tempête affaiblissait la vigueur de leurs assauts. Le Feu-Dragon ne provoquait pas l’effet escompté, menaçant de leur faire perdre courage, tandis qu’en contrebas, la gueule immense et affreuse de la créature les narguait de ses crocs acérés. Aelys déguisa sa peur en une hargne plus intense encore, puisant tout son courage dans ce nom qu’elle portait tel un étendard et dans ce sang qui la reliait entièrement à Riahenys. Les Dragons durent alors user de leurs griffes et de leurs dents pour entamer la chair des tentacules et leur faire relâcher leur prise. Une attaque qui se révéla bien plus efficace que les flammes. Les membres visqueux du kraken se tortillèrent de douleur et le hurlement de la bête transperça leurs tympans par-dessus le chaos. Elaena et sa monture furent à nouveau libres.

Galvanisée par leur victoire, l’impétuosité d’Aelys s'éveilla plus forte. Elle enjoignait le reste de ses compagnons d’infortune à s’élancer à l’attaque des autres tentacules. Il s’agissait d’affaiblir le monstre tandis qu’Aeganon semblait mettre au point un stratagème pour les sauver, sinon épargner quelques malheureux prisonniers du maelström et à la merci de la créature. Enivrée de la même fièvre dévastatrice que sa jumelle, Salya lacérait, mordait, griffait de toutes ses forces ces membres immondes qui gesticulaient en tous sens en dépit des vents qui ne cessaient de vouloir les repousser plus loin. Meurtries par leurs assauts sauvages, les tentacules ployaient, jusqu’à ce que plusieurs battent en retraite. Un nouveau triomphe qui enfla dans la poitrine de la Riahenor, oscillant entre fierté et passion. Au cours répit qui s’offrit à eux, elle en profita pour observer la manœuvre étonnante d’Aeganon dont l’imposante monture transportait son lourd fardeau.

Hélas, un éclair vint foudroyer les mers une fois de plus, aveuglant la fougueuse jeune fille. Ses paupières se fermèrent vivement pour se rouvrir quelques secondes plus tard, happées par un spectacle terrifiant. Comme si la violence de leurs blessures n’avait pas été suffisante, les tentacules se déployèrent autour d’eux, plus fortes et féroces. « Attention ! » hurla Aelys tandis qu’elle avisait les membres qui fondaient droit sur eux. Quand Salya fut saisie à la gorge, ce fut comme si sa cavalière ressentit la même douleur. Elle se mit à hurler, essayant de tendre son corps au maximum pour atteindre le tentacule vengeur et l’attaquer de ses poings et de ses ongles. Mais elle n’eut jamais l’opportunité de venir au secours de sa dragonne. Elle sentit bientôt une sensation visqueuse autour de sa taille. Le temps lui manqua pour réagir. Le tentacule se referma sur elle, pressant fortement. Un cri atroce s’échappa de la gorge de la Dame sous le coup d’une souffrance intolérable. Il lui était autrefois arrivé de se blesser, de connaître de vives douleurs, mais rien ne fut comparable au calvaire qui fut le sien à sentir cette étreinte mortelle qui menaçait de la broyer entièrement. Ses doigts glissaient sur le tentacule dont elle tentait de rejeter la prise. Ses ongles parvenaient à peine à s’enfoncer sur sa surface spongieuse et des larmes de rage se mêlèrent au déluge. Dans un bref éclair de lucidité, Aelys interrompit son assaut virulent pour plonger sa main dans sa chevelure et en retirer une épingle épargnée par la fureur de la tempête. Les branches n’étaient guère pointues, mais suffisamment effilées. Aussi leva-t-elle son bras plus haut que le put avant d’abattre son arme de fortune sur le bras de la créature avec toute la force du désespoir. Que Arrax guide sa main.





Voix de l'Ombre
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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

Les plus sages des valyriens disent que les hommes – et les femmes – se révèlent au cœur du danger, lorsque ce qui leur est le plus cher est menacé. Elaena s’élance, dans une piquée héroïque, esquivant les attaques du kraken, au mépris de sa survie et de celle de son dragon, pour sauver un ami qui lui est cher. Son courage galvanise les cœurs des marins survivants qui, tétanisés, observe cette course folle qui ne peut s’achever que face à la gueule ouverte du Kraken. Quant à Aelys, son inventivité désespérée, tandis qu’elle fait face à Balerion et à l’ouverture de son royaume des morts, montre à quel point le génie peut naître de l’outil le plus simple, et de la force d’âme la plus profonde. Soumis à la double menace, le Kraken tranche, et rabat son tentacule vers la Tergaryon, desserrant son emprise sur la jeune dynaste, qui peut se souvenir qu’il existe un monde où elle peut respirer. Pas sans douleur, cependant : l’attaque a bel et bien endommagé ses côtes, et l’air qui rentre dans ses poumons librement est à la fois un soulagement et une souffrance.

Il y a les braves. Et il y a les fous. Aeganon aurait pu appartenir à la première catégorie. C’est le cas, en partie. N’a-t-il pas sauvé un navire entier de cette tempête et de cette bête de légende ? Il aurait pu continuer sur cette lancée. Mais au-delà de la gloire, de l’ambition, des femmes, de l’adrénaline, la seule chose qui a jamais compté dans sa vie, c’est Daemor. Et Daemor est tombé. Un rugissement rauque s’échappe de sa gorge alors qu’il voit son jumeau et unique amour fendre l’air et tomber dans la gueule du cauchemar, son sang ne fait qu’un tour. La rage et la peur l’inondent. Son esprit se fend sous la panique. A travers le lien avec l’Ancien, Aeganon partage tous les souvenirs qui l’unissent à son jumeau, ainsi que le maelstrom extrême de sentiments qui le submerge. La folie le guette. Sa passion s’est transformée en déraison. Pis, elle corrompt son dragon, qui, attiré par le défi que représente cette créature et l’odeur du sang, voit sa vision troublée par la haine incandescente et totalement irrationnelle qui s’écoule par tous les pores de la peau du Bellarys. Qui ne voit plus ni amis, ni ennemis. Seulement son jumeau en danger. Et se moque éperdument de ce qui peut arriver, à cet instant, à Elaena ou Aelys. Son esprit est comme possédé. Ne compte que son désir de vengeance, et de récupérer Daemor. Dans un mouvement qui manque éventrer le bateau à peine sauvé, Astyrax étend ses ailes et fouette l’air de sa queue immense et sertie de pics imposants. Puis il plonge, repoussant les vents comme s’ils n’étaient que de vulgaires courants d’une petite brise printanière. Il semble ne pas se soucier des tentacules, comme son cavalier, qui les équarrit à tour de bras de son épée, sans se soucier du sang qui coule bientôt de sa main blessée qui s’est rouverte, ni de son pied qu’un tentacule a étrangement retourné. Dans un fracas abominable, l’Ancien s’abat sur le Kraken, ses pattes accrochés à ses crocs les plus proéminents, maintenant la gueule ouverte, griffant, avant de déclencher le feu-dragon vers l’intérieur de la bête. Il a manqué désarçonner Elaena de sa monture, et l’impressionnant mouvement a presque dérouté Meghar de sa route. Ajouté aux vents violents, il faut tout le talent de la Tergaryon pour garder le contrôle de son dragon comme de la trajectoire de ce dernier, et se maintenir en selle. Horrifiée, elle contemple son ami comme elle l’a rarement vu, avec ce faciès déformé par la soif de sang, la vengeance qui lui macule la gorge et émet ces grognements bestiaux. Est-ce donc cela, le réel visage d’Aeganon Bellarys ? Au mépris de sa propre sécurité, il plonge pour récupérer Daemor. Ce dernier, blessé par les crocs qui claquent et cognent, perd du sang. Trop. Il ferme les yeux et perd connaissance. Lentement, il chute de son maigre appui, vers le fond de la gorge – gueule ? – du Kraken. Astyrax étend sa monstrueuse tête et fait feu de plus belle, alors que son dragonnier, complètement fou de douleur, se laisse glisser jusqu’à l’une de ses pattes et tente de sauter pour attraper son frère, d’une main moite. Ainsi suspendu, il parvient à l’attraper. Et de reprendre, enfin, ses esprits. Sauf que l’Ancien est écartelé, et que le Kraken n’a pas dit son dernier mot. Ses puissants tentacules battent l’air, sa gueule s’ouvre encore plus, comme s’il voulait aspirer le monde entier. La tempête, seule consolation, parait enfin faiblir. Plus libres de leurs mouvements, Aelys et Elaena ont enfin davantage de marge de manœuvre pour choisir leurs actions à venir. Non loin, les marins sont toujours aux prises avec le tourbillon, et le bois craque de plus en plus, alors que les mâts se sont affaissés pour la plupart. Leurs amis sont en fâcheuses posture … et Astyrax, malgré toute sa rage ancestrale, n’est ni invincible, ni immortel, comme le montrent le sang poisseux qui coulent de son corps reptilien, là où les écailles ont été arrachées.

Il semble bien que finalement, les matrones valyriennes aient raison parmi les sages : il y a les braves et les fous. Et si les hommes sont fous, il appartient aux femmes d’être braves.

Ordre de passage




Règles générales

Vous êtes répartis dans ce sujet précis, avec sa situation et ses enjeux.  [Event 3] - Les proies 3452972663

Pour cet évent dynamique et forcément un peu stressant, l'avantage sera donné à la rapidité d'exécution. La gloire est à portée de mains, le danger aussi : il est urgent d'agir   [Event 3] - Les proies 1103754796

Vous n'aurez donc que quatre jours - 96 heures - pour poster votre réponse à chaque tour. Si vous ne pensez pas avoir le temps, pas de problème ! Vous serez PNJsés par le MJ pour ce tour et vous pourrez rattraper votre coup au prochain tour  [Event 3] - Les proies 871372357

Il n'y a donc aucune pression, manquer un tour ne sera pas pénalisant  [Event 3] - Les proies 894420505

Nous vous demandons simplement de bien vouloir prévenir dès que possible vos partenaires de jeu si vous ne pensez pas pouvoir tenir le délai. Très exceptionnellement, vous pouvez demander à la Voix de l'Ombre un délai, après accord de tous vos partenaires. Ce ne sera évidemment pas possible à tous les tours, et on ne doute pas que vous comprendrez pourquoi  !  [Event 3] - Les proies 871372357

D'ici là, bon jeu ! Et que le sort vous soit favorable  [Event 3] - Les proies 2326446878




Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

La relation qui unissait Meghar et Elaena était de celles que l’on ne comprend pas immédiatement, et de celles que l’on doit construire, pas à pas, avec patience et tolérance. Le dragon, noir de jais, aux écailles rouge sang, était de ces bêtes qui n’attirent que la méfiance car il n’était pas de ces élégants animaux des airs généralement associés aux demoiselles. Meghar et Elaena étaient comme le jour et la nuit, elle frêle et petite, lui solide et imposant, elle présentant une peau et des cheveux clairs, lui devenu une masse sombre avec les années. Pourtant, lorsque l’œil s’attachait à ce qui le dépassait, il pouvait apercevoir ce qui les avait unis, petit à petit. Ils étaient faits du même feu. Ils étaient tous deux de ces feux imprévisibles et indomptables, capables du pire comme du meilleur. Ainsi, le lien invisible qui s’était noué entre eux les avait façonnés chacun à l’image de l’autre, la femme devenant dragon, le dragon devenant femme, tant et si bien qu’il semblait à la jeune femme qu’elle fut capable d’entendre les pensées de son dragon. A cet instant, alors qu’Elaena avait pris la décision de foncer tête baisser dans la gueule du danger pour venir en aide à ses amis, elle n’avait pas pris la décision seule. Meghar, lui aussi, en avait décidé ainsi. La tempête faisait rage et il semblait que les tentacules se multipliaient à mesure qu’ils se rapprochaient du monstre. Meghar n’était guère des plus rapides ou agiles, mais il résistait aux assauts tant bien que mal, entêté.

Le regard de la native d’Oros ne quittait pas ses amis, car tant Aelys que Daemor étaient en fâcheuse posture. Elle dû se rendre à l’évidence que miser sur la stratégie de la nuisance n’était peut-être pas la décision la plus intelligente qu’elle eut prise. Pourtant, celle-ci semblait fonctionner. Le kraken finit par dessérer son étreinte autour de la jeune Riahenor pour concentrer ses efforts de destructions sur Elaena et Meghar qui échappèrent de justesse à un tentacule lancé à pleine vitesse dans leur direction. Il fallut toute l’anticipation du dragon pour l’esquiver, tant et si bien qu’Elaena ne fit que se cramponner, ayant senti le danger sans l’avoir vu réellement. Alors qu’elle reprenait pieds, Elaena observa qu’Aelys s’était enfin libérée et reprenait de la hauteur pour s’éloigner de ce qui avait manqué de l’écraser. Elaena aurait préféré en fait de même, mais son regard se reporta sans attendre sur un Daemor aux portes de la mort. La jeune femme allait s’élancer, esquivant une nouvelle attaque, mais un souffle plus puissant encore que les terribles vents de la tempête vint la troubler.

Astyrax avait quitté sa réservé et l’Ancien se dirigeait à présent vers le kraken, faisant fi de tout danger pour ceux qui l’entouraient. Il n’en fallut guère plus pour dérouter Meghar qui perdit sa prise au vent l’espace d’un instant. Dans un mouvement sec et brutal l’animal perdit de l’altitude et se retrouva projeté sur le côté, non sans frustration. Elaena dut se cramponner avec la force du désespoir pour ne pas être désarçonnée et ce ne fut que son entêtement qui parvint à lui faire prendre le dessus face à un Meghar tenté de laisser libre court à ses instincts bestiaux. La jeune femme parvint à reprendre la maîtrise de son dragon, et tous deux reprirent de l’altitude à mesure qu’ils s’éloignaient d’Astyrax. Pourtant, la manœuvre n’était pas gagnée, et ce fut avec effarement qu’Elaena ne put que regarder Aeganon, devenu comme fou, se jeter lui-même dans la gueule du monstre pour sauver le sang de son sang. Elle regarda son ami se laisser glisser le long des écailles malmenées d’Astyrax, pendant bientôt à sa patte pour attraper Daemor. A le regarder ainsi, Elaena craint de devoir être témoin de la mort de ses deux amis les plus chers, car la manœuvre était bien périlleuse, mais après quelques secondes ainsi suspendu Aeganon parvint à attraper Daemor, qui avait perdu connaissance. Il n’en fallut pas plus à Elaena pour retrouver la maîtrise de son souffle. Pourtant, le pire restait à venir, car le kraken ne s’avouait pas vaincu pour autant. Ainsi se présentait le tableau chaotique de leur situation, Astyrax qui se démenait ne parvenait pas à prendre le dessus face à la bête, incapable de plus de protéger son seigneur et son jumeau car combattant pour sa propre vie. Au loin, le bateau semblait prêt à se rompre en deux, et la vie des marins encore à bord était plus que jamais menacée. En hauteur, Aelys et Elaena, quant à elles, devaient agir, vite et efficacement, mais que faire alors que tout semblait si mal engagé ?

« Aeganon ! »

Ce fut la seule chose qu’Elaena fut capable de dire. Cela n’avançait à rien, cela ne servait à rien, mais au fond la jeune femme essayait de reprendre un contact avec celui qu’elle n’avait pas reconnu alors qu’il s’était élancé vers la mort. Elle avait besoin que leur lien redevienne réel, et de puiser une certaine force dans la certitude qu’ils étaient ensemble, tous les quatre. Il fallait à présent agir, pour sauver non seulement Aeganon et Daemor, mais également les hommes innocents que la mer menaçait d’engloutir jusqu’au dernier. Astyrax était parvenu à mettre un bateau à l’abri, ainsi Aelys et Elaena pouvaient-elles essayer tout d’abord d’aider Daemor, Aeganon et Astyrax afin que ce dernier puisse aider les marins par la suite mais… en avaient-ils seulement le temps ?

« Aelys, comment te sens-tu ? »

La jeune femme semblait à bout de souffle, sa rencontre avec le kraken ne l’avait pas épargnée et pourtant, il lui fallait rester alerte car ils étaient tous en danger.

« Aeganon, si je récupère Daemor, est-ce que tu pourras remonter sur Astyrax ? Il faut qu’il s’éloigne de là, et il a besoin de toi !

- Aelys, à présent que les vents semblent plus apaisés, te sens-tu capable de faire diversion ? Ne t’approche jamais suffisamment pour être à portée de tentacule, mais si nous volons toutes deux autour de lui, sans doute sera-t-il tenté de nous attraper ?

- S’il dessert son emprise sur Astyrax, alors Aeganon il faudra que tu fasses en sorte qu’Astyrax reprenne un petit d’altitude et… que tu me fasses confiance en lâchant Daemor.  Je le rattraperai, tu sais que je le ferai. »


Il devait le savoir, car il n’y avait rien de plus exact. Même si elle devait y perdre la vie, Elaena Tergaryon rattraperait Daemor Bellarys. La jeune femme n’avait aucune idée de la validité de sa stratégie, ne savait pas si les marins pouvaient survivre en attendant que les dragons fassent leur œuvre, mais quel autre choix avaient-ils ? Aelys et elle-même ne pouvait guère sauver qui que ce soit sur ce bateau, ou bien pourraient-elles en sauver deux et ensuite quoi ? Il faudrait les prendre avec elles sur le dragon, et dès lors comment aider Aeganon et Daemor ? Cela serait impossible. Ainsi, l’ordre devait-il être celui-ci.

La jeune native d’Oros pouvait sentir son cœur battre à tout rompre, ses oreilles, rendues sourdes par la violence du vent, étaient à présent assaillie du bruit assourdissant de son cœur qui menaçait de percer sa poitrine. Elle avait peur. N’avaient-ils pas tous peur à cet instant ? Peut-être même le monstre le sentait-il. Mais il devait également sentir la détermination qui était la leur. On ne naissait pas seigneur ou dame dragon, on le devenait, et c’était ainsi que se forgeait la légende de ceux qui, guerriers ou non, avaient honoré les Dieux de leur bravoure. C’était ensuite toute l’affaire des Dieux, de décider de les récompenser, ou de les punir.

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Rhyos, an 1066, dernier jour du mois 9

La situation ne permettait guère à Aeganon Bellarys de discuter des idées d’Elaena Tergaryon. Le danger était tel que même un Ancien comme Astyrax était menacé et le kraken, invention démoniaque surgie des enfers de Caraxès, démontrait sa toute-puissance et que la nature réservait encore bien des surprises aux Valyriens. Le combat semblait désespéré et seul le climat qui continuait de se calmer pouvait apporter un peu de réconfort à tous ces héros.

Récupérant Daemor de justesse, Elaena le jeta en travers du puissant cou de Meghar. Arrivant des hauteurs du ciel, Aelys et Salya firent montre de leur héritage légendaire. Un feu d’enfer emplit l’air autour du kraken et ce dernier desserra son attention et son emprise pour cibler la Riahenor. Elena prit cette opportunité pour se dégager à son tour du risque et pour éloigner un bref instant sa monture du monstre. Enfin, Aeganon se hissa au prix d’un immense effort jusqu’à son dragon qui, comprenant ce que souhaitait le Bellarys, s’éloigna à son tour du kraken. Combinant leurs attaques, les dragons parvinrent de nouveau à reprendre l’initiative. Le kraken était immense et les dragons étaient bien trop épuisés pour espérer le vaincre. Toutefois, même le monstre tentaculaire n’était pas invincible et les navires valyriens reprenaient courage. D’autres arrivaient en renforts et la créature infernale était désormais cernée. Trois autres navires furent pulvérisés avant que les dragons et leurs maîtres ne parviennent à anticiper les mouvements agressifs du kraken et à mutiler par les flammes ses tentacules. Aelys, disposant du meilleur lien avec son dragon, parvint même à arracher cinq bons mètres de tentacules que Salya garda dans ses griffes, comme un trophée qui se tortillait encore de manière indépendante.

Au moins aussi âgé qu’Astyrax, le kraken commençait à sentir la peur gagner son organisme. La bête était suffisamment vieille pour savoir reconnaître lorsqu’un combat était parvenu dans une égalité gelée et qu’il existait un risque qu’à terme, la défaite et la mort soient présentes. L’immense monstre marin reflua donc, cherchant à retrouver son antre des profondeurs alors qu’il s’enfonçait dans l’eau. Dans un remous gigantesque, teinté de sang et d’encre, le kraken disparût sous l’eau alors que les nuages laissaient maintenant entrevoir le soleil et que le vent était tombé.

Depuis leurs dragons, Aelys, Aeganon, Daemor et Elaena purent voir la masse informe et titanesque du kraken se déplacer sous la surface de l’eau jusqu’à la perdre de vue. Le monstre n’était sans doute pas invincible mais le défaire en ce jour avait été trop compliqué. Pourtant, tous étaient de véritables héros et Valyria pourrait bientôt fêter les Quatre Harpons qui avaient fait face avec tant de courage et de piété à la créature de Caraxès.

Elaena y avait démontré ses capacités de leader et d'organisatrice hors paire, même au coeur de la bataille. Aelys ramenait un trophée des plus légendaires, et avait démontré à toute Valyria pourquoi les dynasties issues des Fondateurs occupaient une place si spéciale dans la société. Quant à Aeganon, il avait une fois de plus fait honneur à son armée en prouvant son courage et sa valeur.

Caraxès pouvait être satisfait.




Le mot de la fin

Merci à toutes et à tous pour votre participation à cet évent [Event 3] - Les proies 2043654651




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