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Extérieurs de Valyria - Neuvième mois de l'an 1066

Elle déplia le billet d’une main fébrile.

« Je… » Ses yeux glissèrent sur le parchemin, captant çà et là les petits caractères manuscrits auxquels, hélas, elle n’entendait rien. Adhara releva son regard en direction de l’estafette, embarrassée. Elle se racla la gorge. « Je ne sais pas lire ta langue. » Un demi mensonge : toutes les langues - même la sienne ! - lui étaient étrangères, son sang ne lui ayant jamais permis d’en percer les mystères. Elle rendit le billet au soldat, qui, après quelques secondes de franche hésitation, consentit à le récupérer. « Qu’est-ce que ça dit ? » Souffla-t-elle au garçon (dont la mine, juvénile, trahissait la verdeur). Il grimaça. « Je ne suis pas censé… Je n’ai pas… Le règlement, il… » Et puis, croisant le regard noir de son interlocutrice : « D’accord, d’accord ! » Ses pupilles roulèrent le long des lignes griffonnées, à une vitesse qu’Adhara trouva déconcertante. Finalement, l’estafette lui tendit la missive. « Le Légat Valralys te salue, et espère que sa lettre te trouvera en bonne santé. Il t’invite à chevaucher en sa compagnie, demain matin. Si tu es d’accord, il t’attendra aux portes de la ville. »

Valralys… Le nom apaisa quelque peu la jeune femme, que l’irruption du légionnaire avait, de prime abord, sensiblement inquiétée. Elle referma le pli, tout en s’interrogeant sur l’invitation du Légat. C’est que l’homme lui était sympathique, mais qu’elle imaginait mal ce que le militaire - récemment auréolé de gloire - pouvait bien lui vouloir. Le souvenir de la campagne à Sothoryos, cependant, lui revint en mémoire, à l’instar de ce geste qu’il avait eu à son égard. Cette main tendue dans les ténèbres de Yéen, et pour laquelle Adhara n’avait jamais pu le remercier. « Très bien. » Sa voix s’éleva au milieu du brouhaha de l’auberge, et des marins qui, en contrebas, s’égosillaient joyeusement. « Tu peux dire au Légat que je le retrouverai aux portes de la cité, comme convenu. Transmets lui mes amitiés. » Un instant, elle se sentie l’âme d’une Sénatrice, et elle en apprécia brièvement l’illusion.

L'estafette acquiesça, avant de tourner les talons et disparaître au rez-de-chaussée de l’auberge. Adhara, quant à elle, regagna le calme de sa tanière. Les heures défilèrent, la nuit tomba. La Rhoynare veilla quelque peu, étendue sur sa paillasse, l’esprit occupé à chercher quoi faire de l’argent qu’elle parviendrait à tirer de la vente du trésor de Sothoryos. « ...pourrait m’acheter un navire. Ou une nouvelle armure. Peut-être une épée ? Je pourrais acheter une maison. Une bicoque dans un quartier tranquille. Ou retourner là-bas… Mais pourquoi faire ? Ils sont sans doute tous morts, de toute façon. Une maison. Une maison, ça pourrait être bien. » Et sur cela, elle s’endormit.

Elle s’éveilla quelques heures plus tard, aux premières lueurs de l’aube. Le soleil s’élevait doucement par delà les hautes tours de la capitale lorsque, au terme d’une brève toilette, Adhara s’habilla : une longue tunique de laine brune, son éternel plastron de cuir et son fidèle baudrier, auquel pendait son glaive. Un accoutrement pauvre, sans fioriture, dont elle appréciait la grande liberté de mouvement. Elle enfila ses sandales. Les portes de la ville, donc ?

Adhara les atteignit sans encombre, après une halte - plus longue que prévue - aux écuries de la ville, desquelles la Rhoynare était parvenue à négocier le prêt d’une monture contre quelques piécettes argentées. Le cheval, bai de robe, était à l’image de sa nouvelle (et temporaire) cavalière : banal, invisible mais à priori solide. Contrairement à elle, cependant, l’animal s’était laissé approcher sans mal et, s’il lui avait fallu quelques instants pour s'accommoder au poids de sa maîtresse, n’avait renâclé en aucune façon.

« Là-bas. » Perchée au côté de sa monture, Adhara guida l’animal par delà les portes de la cité, au travers desquelles elle avait aperçu, au milieu de la cohue matinale, la silhouette du Légat. Passant gardes et badauds, elle se porta au devant du légionnaire, qu’elle trouva à patienter une poignée de mètres plus loin, en retrait. Elle le salua d’un discret sourire. « Valralys. » Ses yeux scrutèrent la ganache du Légat, sa stature, à la recherche d’une quelconque faiblesse qui aurait pu résulter de leur rocambolesque exploration. En vain : Iason paraissait en bonne santé, frais et robuste comme il avait toujours semblé l’être depuis qu’elle l’avait rencontré un mois auparavant, sur le port d’Aquos Dhaen. Elle songea à lui faire la remarque, avant de se raviser. Ils se connaissaient si peu, la chose aurait été déplacée. « Ta lettre m’a surprise. Je ne m’attendais pas à avoir de tes nouvelles. » Elle tapota l’encolure de son bourrin. « J’espère ne pas t’avoir trop fait attendre. »

Que pouvait-il bien lui vouloir ?

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Extérieurs de Valyria - Neuvième mois de l'an 1066

Paupières closes, Iason revoit la vouivre aussi longue que tous les siecles que la créature a sut traverser. Le cri des hommes, la poussière de la ville. Le sang. Qu'ais-je raté, se demande-t-il sans cesse? Qu'ais-je manqué? Et Iason est incapable de trouver la réponse à cela. Pas seul.
Lors du voyage de retour et malgré la fatigue du mage, le Légat a discuté avec l'Augure. Un homme capable d'en tuer un autre, mais n'était-ce pas leur cas à tous? Lees mains de Iason sont rouges de sang depuis la guerre, rien n'en enlèvera jamais la couleur. Les murmures du mage trouvèrent un écho en son âme de soldat. Pistes et pensées, réflexions. Stratégie.
Affronteront-ils seulement la vouivre à nouveau? Qu'importe, le désir de Iason est de comprendre.

On le sait agité, on le sait tourmenté depuis son retour de Sothoryos. La Dame Haeron est venue  rendre visite au Légat mais le coeur de Iason ne souhaite aucun apaisement. Seulement la guerre...  Sans repos, il s'épuise à diverses tâches et tout autant de combats. La Troisième Armée bien sûr, de même que ses devoirs au Sénat là où il semble si facile de l'oublier. Des tourments pour le sang-mêlé? Ses pensées sont forgées à cela, ricane-t-on. Il est simple de rire de lui, cela est vrai...  L'homme ne peut s'entretenir avec chacun de ses compagnons de voyage cependant. Trier ses propres informations, ne pas courir après la folie, classer ce qui doit être classé...
Laedor Arlaeron, son temps viendra lui aussi. Le jeune homme est soldat, comme Iason, aussi le Légat sait que leurs regards trouveront un point commun sur les événements. Les propres hommes qu'il avait sous ses ordres n'ont pas apporté plus d'ombre ou de lumières : ils obéissaient simplement. Ils ont survécu pour cela, pensent-ils. Certains lui sont devenus d'autant plus fidèles.
Qui d'autre alors?
La réponse vient d'elle même : Adhara. Adhara Nahram, l'épée lige. Une arme sans fourreau, pourrait-on dire. La vouivre l'a attaqué, Iason se souvient de cela, et la jeune femme y a réchappé. Son trouble aussi devant le crâne géant de singe, des détails, tellement de détails...
Le Légat lui a fait parvenir un mot tout en laissant à la jeune femme une nuit entière pour se décider tout autant que de changer d'avis.
Il  attend. Bientôt Iason repartira pour Tolos mais l'homme souhaite parler à la guerrière avant.
”Nahram”, salue-t-il celle qui vient d'arriver. Elle le regarde, le détaille. Le soldat ne se vexe pas.
L'homme a mis du temps à le comprendre, mais Adhara ne lui rappelle nulle autre que lui-même. Elle est douée, elle est meurtrière, ce n'est pourtant pas en cela qu'ils se ressemblent. Tu vaux plus que tu ne le penses pourrait-il lui dire. Il se tait. Sang mêlé, sang inapte, l'histoire n'est jamais avare en cruauté.
Le cheval du Légat ouvre la marche, tendant l'encolure comme dans un geste de défi à tout ce qui les entoure. Parfois, Iason repense à la haridelle de Krazdan. Celle-ci doit être morte à présent...

”J'aurai aimé parlé de la jungle”, commence-t-il enfin. ”De la ville également.” Avec un léger mouvement de tête, il plante son regard dans celui d'Adhara. ”Le coup que tu as pris aurait pu arriver à chacun d'entre nous, je ne suis pas là pour t'en faire reproche. Tu as su être dans la jungle une partie de mes yeux et de mes oreilles, cela je ne l'oublie pas.” Une marque de confiance. Inspirer fidélité aux autres, n'est-ce pas là le rôle d'un guerrier? Une armée lui répond de plus en plus chaque jour, songe Iason. Et son dragon a répondu à son appel... ”J'aimerai ton avis sur les choses à changer si cette expédition devait être reconduite.” Iason, le Légat qui ne veut laisser aucune défaite derrière lui. ”Le singe, la vouivre, le serpent... penses-tu que tout soit géant dans ce pays?” On pourrait croire l'homme parti dans une piste de réflexion, mais bientôt ses questions se font différentes, elles s'écoulent comme autant de ruisseaux d'une montagne. ”Et la jungle...les uniformes que nous portions n'étaient pas adaptés mais quelle tenue serait efficace pour cette chaleur moite et le combat? Je n'arrive pas à y réfléchir correctement” Les chevaux les ont mené à un endroit calme, à l'abri de toutes vies, de tout regard. Iason tire sur les rênes d'une simple pression puis démonte, invitant Adhara à faire de même. ”Mais d'abord, mangeons. Il est difficile de réfléchir l'estomac vide.” L'homme pose à terre la besace qu'il a apporté. Dedans, des mets simples préparés par ses serviteurs. Assez pour deux.
Iason soupire, sa main ne tremble pas, pas plus que son corps. Son coeur en revanche. ”Mon mentor m'emmenait avec lui ainsi dès qu'il le pouvait. Avec toujours l'excuse pour manger un peu. Nourrir l'estomac tout autant que nos réflexions. Nous avons fait Tolos, le Siège. Le traumatisme de la faim nous est resté je suppose...”