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Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Le soleil était sur le point de terminer cette course menée chaque jour par Meraxes, inondant Valyria de sa lumière chaude aussi vive que le feu. Ce spectacle créait de nombreuses nuances d'orange qui plus elles s’éloignaient de l'astre diurne, plus elles s'assombrissaient pour se mêler à l’indigo si caractéristique d'un ciel nocturne. Les rues s'étaient peu à peu vidées de ses marchands et de ses clients pour laisser place à une tout autre ambiance, bien plus légère où les éclats de rires supplantaient le bourdonnement des voix s’haranguant mutuellement. Avec l'aurore, le crépuscule était le tableau qu'il aimait admirer le plus. Pour cela il montait toujours sur les toits pour flatter ses yeux de cette vue inoubliable, nourrir son âme de cette beauté naturelle, et laisser cette lumière si particulière venir caresser les traits de son visage.

Il fallait se préparer à la hâte et les gestes de Garaevon se faisaient rapides, presque maladroits alors qu'il essayait de nouer le fin lacet de cette fine chemise de lin blanc. D'agacement il tapant du pied. Comment ces doigts étaient-ils capables de faire preuve de dextérité des heures durant près d'une fournaise mais se retrouvaient dans l'impossibilité de de nouer un simple lacet ? Une voix retentie derrière lui et il sursauta, pris au dépourvu par cette arrivée. Le cœur battant il se retourna d'un bond et découvrit qu'il ne s'agissait pas de son maître venu pour le disputer de son retard mais son épouse. Il soupira de soulagement alors qu'elle s'avançait vers lui pour venir l'aider. Tyraxes était bien avisée de lui envoyer Hesella pour qu'il puisse gagner en sérénité. Cette dernière lui tendit la tunique sans manche d'un orange qui tirait vers l'ocre, la remerciant d'un sourire il prit la pièce de tissus et la mise avec une facilité qui contrastait avec son ennui précédent.

-Tu es beau comme un cœur. Hâte-toi et ne le fais pas attendre plus longtemps, lui dit-elle enfin avant de venir déposer un baiser sur son front. Il hocha la tête et la serra quelques instants dans ses bras avant de quitter la pièce et de descendre rejoindre son maître à l’entrée de la demeure. Ainsi apprêtés pour la soirée qui se profilaient, ils se mirent tous deux en chemin pour rejoindre la demeure du chef de la Guilde des esclaves.

Lorsqu’ils arrivèrent sur les lieux des festivités, Garaevon fut éblouis par tout le faste qui a avait été mis en place pour ravir les yeux des invités. Plantes et décorations offraient une vue des plus agréables tandis qu’un doux parfum floral se mêlait à celui d’épices mais aussi à l’odeur caractéristique …du feu ? Était-ce les précédents effluves qui venaient à le tromper de la sorte ? Les yeux du jeune volantin survolaient les lieux mais ne voyaient que fortunés invités profitant des lieux, esclaves les servant à foison et d’autre servant de spectacle alors que leur corps bougeait au rythme de la musique qui se jouait dans un coin de la grande pièce. Il alla s’installer sur une banquette encore libre et commença à servir lorsque le maître des lieux les invita tous à prendre part aux festivités.

Les mets étaient tout simplement des plus exquis, les épices de certains d’entre eux venaient réchauffer sa langue ou encore venaient chatouiller sa gorge. Entre chaque bouchée de plat différent il buvait de cette eau infusée de menthe qu’une esclave venait le servir, il venait goûter aussi ce vin qui lui semblait venir de Volantis et il se laissait un peu plus aller aux influences de Syrax tandis que Tessarion le divertissait. Les corps qui se mouvaient devant lui réveillaient cette flamme qui sommeillait en lui et qui aimait admirer la beauté sous toutes ses formes, aussi étrangères soient-elles. Mais voilà qu’après une durée indéterminée de bouchées et de gorgées, les danses se stoppaient pour laisser place à un spectacle bien plus ardent à admirer en une telle soirée comme celle-ci.

La lumière provenant des torches s’amenuisât alors qu’arrivait une femme dans une tenue d’apparat. Mage à n’en point douter, c’était qu’il commençait à en connaître à certain nombre, même s’il pouvait les compter sur les doigts d’une main. Le silence commença à envahir la salle, les musiciens engagés jouant un grand rôle avant qu’ils ne reprennent leurs gestes sur un rythme bien différent, plus envoûtant. Intrigué, Garaevon posa des yeux brillants sur la jeune femme qui officiait à quelques pas à peine de lui. Gracieuse, ses gestes étaient précis et dansaient comme les flammes qu’elle créait, jouant avec elles avec une dextérité sans pareille. Il avait l’impression d’avoir déjà vu un tel spectacle se jouer devant lui, dans un tout autre contexte que celui-ci en revanche, mais les vapeurs du vin l’empêchaient décemment de reconnaître cette femme qui ne s’était guère dévoilée aux yeux des invités.

Il avait beau n’être qu’un sang-mêlé, peu certain de sa résistance s’il se brûlait, le feu était autant une passion que le cœur même du travail qu’il effectuait chaque jour que les dieux faisaient. Sans le feu, le verre ne peux être travaillé. Cette phrase prononcé par une voix féminine tirée de ses souvenirs, flotta tout le long du spectacle qui leur était offert, à lui et aux autres. L’inconnue continua à jouer avec les flammes jusqu’à ce que sa démonstration touche à son terme et qu’un tonnerre d’applaudissements et de vivats ne la congratulent, l’apprenti-verrier allant même jusqu’à se lever péniblement pour applaudir. La mage méritait une audience de pieds et non couchée, trop enivrée pour tenir debout. Il la regarda saluer le public avant de s’éloigner tandis que les torches regagnaient en vivacité et que les danseurs reprenaient leur place. Garaevon la suivit du regard et lorsqu’il constata que la compagnie de l’inconnue s’éloignait momentanément d’elle, il profita de cette occasion pour se rapprocher d’elle. Il pensait savoir qui elle était.

- Par Gaelithox, la plus belle étoile de Draconys se trouve à Valyria en cette douce soirée, dit-il en s’approchant de la jeune femme et ce ne fut que lorsqu’il put enfin voir son visage qu’il fut certain de son identité. Rhaenyra. Tu m’as manqué comme le soleil manque à la fleur au cœur de la nuit la plus sombre… Rhaenyra.



Rhaenyra Celtigar
Rhaenyra Celtigar
Mage

Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Le feu. Il ne pouvait y avoir que le feu. Le monde était entièrement constitué de feu, n’était-il pas ? Aux yeux de Rhaenyra, le feu était l’élément vital de tout ce qui prenait vie, pas seulement à Valyria mais dans le monde entier. Le feu était la puissance, il était le souffle de vie. Elle voyait briller, au creux des pupilles de ceux qui l’admiraient, les lueurs de ce feu qu’elle faisait naître au creux de ses paumes. Elle ne comprenait que trop bien l’admiration de ses spectateurs pour le feu, elle la partageait, et il lui semblait qu’elle grandissait à mesure que ce feu la consumait. Lorsqu’elle jouait ainsi, elle se sentait entièrement habitée, possédée, par cet élément primaire de nature violente et indomptable. Elle devenait le feu. Elle se sentait, elle aussi, redevenue primaire, violente, imprévisible et impossible à soumettre. C’était un sentiment étrange, car il lui semblait que sa personnalité tout entière s’effaçait face au feu. Celle qu’elle était, celle que sa famille avait façonné, le visage public qu’elle donnait à voir, tout cela s’effaçait et ne restait plus que la bête qu’elle sentait en elle et qui se nourrissait de feu. Il lui avait fallu de longues années pour accepter ce fait. Longtemps, elle n’osa guère pousser sa magie, sentant à chaque entraînement la bête menacer de briser ses chaînes et remonter à la surface.

Longtemps, donc, Rhaenyra avait inconsciemment bridé sa puissance. La jeune femme avait même réussi à se persuader qu’elle n’existait pas, et c’était ainsi qu’elle avait mis son don pour les mots au service de cette puissance désespérément absente. Pourtant, il avait suffi d’une rencontre pour changer cela. Jaeganon Velaryon était entré dans sa vie, et patiemment, tendrement, il avait conduit Rhaenyra sur le chemin de la connaissance de soi. Avec lui à ses côtés, elle avait observé la bête, elle avait appris à la comprendre et avait finalement accepté de laisser le feu et la bête la consumer. Là était la volonté d’Arrax. C’était Arrax qui avait guidé Jaeganon jusqu’à Rhaenyra, parce que la puissance du feu ne pouvait être contenue ni ignorée plus longtemps. Alors Rhaenyra avait embrassé la bête, et avait appris à la contrôler, allant toujours plus loin sans jamais s’approcher de ce précipice qu’elle entrevoyait clairement. Il y avait un point de bascule, elle le savait, un point précis où elle ne pourrait plus contrôler la bête, celle-ci la consumerait entièrement.

Ce soir-là, nul besoin de cotoyer ce précipice. La soirée était douce, et le public conquis, il suffisait de quelques tours de passe-passe et Rhaenyra pourrait délaisser la scène pour se mêler à une foule de riches marchands. La prestation était rémunérée à la hauteur de la célébrité de Rhaenyra, mais elle connaissait ce public et il savait se montrer bien généreux. Combien de bijoux et objets de valeur avait-elle reçu pour le seul effort d’avoir tenu conversation avec un marchand avide de s’afficher à ses côtés à la suite d’une représentation ? Le feu avait cela de terrible qu’il ne pouvait laisser personne indifférent, et Rhaenyra était suffisamment intelligente pour faire émerger ses traits et sa grâce au travers des flammes. Ces représentations, dès lors, n’était qu’une simple formalité, elle n’en ressortait ni épuisée ni défiée, car il suffisait de bien peu pour impressionner les foules. L’acte final, par exemple : Rhaenyra fit naître deux petites boules de feu du creux de sa paume et la laissant s’élever quelques instants pour qu’elles arrivent au niveau de son visage. D’un simple mouvement du doigt, elle fit se séparer chaque boule en trois, six, neuf, puis douze boules, au départ petites, puis de plus en plus grosses. Elevant légèrement les bras, elle invita les orbes à s’élever davantage, dépassant la hauteur de Rhaenyra et côtoyant les arcades de la pièce qui les surplombaient. La jeune femme ne quitta pas les sphères du regard, un sourire aux lèvres, l’air serein… Puis ses mains se crispèrent, son visage de durcit, et à mesure que son regard semblait devenir plus sombre, les sphères se rapprochèrent, fusionnèrent, une à une. La boucle de feu qui à présent surplombait le public était à présent imposante, et depuis leurs sièges les invités pouvaient en ressentir la chaleur sur leurs visages, qu’ils élevaient en direction du feu comme on regarderait le soleil.

« Jikagon » - Va

Le regard du public se recentra avec surprise sur la jeune femme dont la voix avait percé le silence. Mais il la délaissa bien vite lorsque la boule s’éleva jusqu’aux arcades du plafond et se disloqua en longs filets de feu qui semblèrent suivre les aspérités de la pierre. Bientôt, la pièce tout entière semblait en feu, celui-ci s’était répandu le long des colonnades qui descendaient du plafond, le long des voûtes du plafond les dessinant avec précision, il serpentait partout avec une docilité surprenante. Rhaenyra pouvait entendre, sans peine, les soupirs et cris de surprise, certains enjoués, d’autres terrifiés. Un sourire aux lèvres, elle se dit qu’elle pourrait sans peine continuer à garnir sur coffre à bijoux après cette soirée. Lorsqu’elle décida qu’ils en avaient assez vu, elle se contenta de refermer les bras, claquant des mains dans un fracas dont l’écho et la puissance étaient, en eux-mêmes, un indice des forces surnaturelles qui étaient en jeu. Joyeuse et amusée, elle accueillit avec plaisir les viva d’un public conquis et quitta la scène sans s’y attarder. Elle ne pouvait le nier, elle aimait les applaudissements et la gloire, mais elle ne s’en nourrissait pas et elle les voyait déjà, les nombreux riches marchands prêts à déposer leurs fortunes à ses pieds.

- Par Gaelithox, la plus belle étoile de Draconys se trouve à Valyria en cette douce soirée,

Rhaenyra, qui avait cessé d’écouter son interlocuteur depuis de longues minutes déjà, elle ne put qu’être soulagée de les voir prendre congé mais sa solitude ne fut que de très courte durée… Elle sursauta lorsqu’une voix connue fit son interruption dans son dos. La jeune femme se retourna et ne put empêcher son visage de s’illuminer à la vue du nouvel arrivant.

Tu m’as manqué comme le soleil manque à la fleur au cœur de la nuit la plus sombre… Rhaenyra.

« Oh, Garaevon ! »

La surprise était sincère, bien qu’il eût été logique qu’il se trouve ici. Elle ne fit guère de cérémonie, enlaçant avec tendresse cet ami qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps maintenant.

« Et devrais-je dire ! Tout occupé que tu étais à construire une vie honnête tu m’as délaissé… Pourtant, ne disais-tu pas que le verre le plus pur n’est rien sans le feu le plus ardant ? »

Rhaenyra lança un clin d’œil à son ami, amusée de le mettre ainsi en difficultés bien que gentillement. Combien d’heures avaient-ils passé tous deux, tentant d’apprivoiser leurs arts différents et si complémentaires pourtant. Il lui avait toujours semblé que le jeune homme était une protection contre le monde, qu’il serait à jamais cette épaule sur laquelle elle pourrait s’appuyer lorsque le monde se retournerait contre elle.

« Nous voilà réunis à Valyria ! Comment vas-tu ? »


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Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Derrière cette apparente maladresse, il était un jeune homme sensible. Il n’était pas celui qui préférait fuir les obstacles au lieu de les affronter, non. Il était cet être sensible qui aimait surtout être touché jusque dans les tréfonds de son âme. La verrerie était une passion pour lui, autant qu'un chemin à suivre par devoir. Il admirait depuis de nombreuses années cette capacité dont étaient dotés les artisans et les artistes. Cette habileté à se donner corps et âme dans leurs œuvres durement travaillées qui permettaient ainsi à quiconque venaient les observer, de ressentir cet état de sensibilité que le jeune volantin aimait lui-même ressentir. Quand certains pouvaient se complaire à ressentir le plaisir uniquement par le biais des caresses données aux avatars de Meleys, Garaevon cherchait à transposer ce plaisir ressenti en honorant la déesse de l’amour, tout simplement en admirant les statues, les fontaines, l'architecture des bâtiments que la cité de Valyria avait à lui offrir. Cela ne remplaçait pas les caresses et la passion de l’être aimé l’espace d’une nuit lors des nombreuses soirées valyriennes mais il appréciait ces multiples domaines où il était possible de ressentir toutes ces émotions.

L'art, il le voyait aussi dans les différentes techniques de combat qu'il avait pu voir ou expérimenter lui-même durant son service mais surtout il voyait l'art dans la pratique de la magie des mages, qu'elle fût de science ou de sang. En somme cela venait prendre différentes formes et il remerciait les dieux Tessarion, Tyraxes et Vermithor d'avoir ainsi donné aux valyriens cette capacité de création car en cela ils pouvaient se démarquer et former un peuple d'esthètes. De l’art il ne pouvait être dissocié le Beau car c’était cette perception qui procurait du plaisir lorsque l’on venait poser ses yeux sur un objet ou un corps. Du point de vue du jeune volantin, Meleys, en donnant aux valyriens l’amour, leur avait permis de désirer ce qu’ils voyaient et ainsi motiver la recherche de la connaissance dans tous les domaines. En cette soirée au sein de la demeure du chef de la Guilde des Esclaves, l’Agyreos s’abreuvait de toutes ces émotions et ces sensations que les danses et les mets éveillaient en lui. Mais la perfection ne fut atteinte que lorsque la mystérieuse mage se présenta aux invités pour débuter sa représentation au centre d’un public qui serait des plus réceptifs à ses tours de magie.

Oui. Cette mage était ce mélange parfait d’art et de beauté par tous les gestes qu’elle effectuait avec une grâce si appréciable. Il n’avait fallu qu’un battement de cœur pour que Garaevon soit comme hypnotisé par le spectacle qui s’offrait à lui et qui, sans nul doute, avait été payé rubis sur l’ongle. Leur hôte ne devait pas être déçu de cette mage qui savait jouer avec ces flammes. Après plusieurs minutes qui défilaient bien trop rapidement au goût de l’apprenti-verrier, la femme effectua ce qui serait son acte final. Il la regarda faire naître deux petites boules de feu dans le creux de sa main avant de les laisser s’élever jusqu’à hauteur de son visage et il ne lui suivi que d’un mouvement du doigt pour que les boules se divisent chacune en trois puis six, neuf et enfin douze sphères. Les yeux sombres du volantin l’observèrent lever légèrement les bras pour ordonner aux orbes à s’élever jusqu’à s’approcher des arcades de la pièce avant de les amener à ne s’unir qu’en un seul et même orbe. La boule de feu était si imposante qu’il aurait été aisé de croire que la mage avait dompté l’astre solaire lui-même pour l’enfermer parmi eux et cette chaleur… elle était si agréable sur le visage du jeune homme.

Un ordre fut donné et Garaevon fut tiré de cette torpeur induite tant par le vin que l’admiration qu’il vouait à la mage et sa démonstration. Cette voix, elle ne lui était pas inconnue et son esprit le ramenait bien des années en arrière auprès d’une amie qui lui était chère. Était-ce seulement possible que cela soit bien elle qui officiait devant lui ? Peut-être qu’il se trompait et que cette femme n’était pas celle avec laquelle il avait passé de nombreuses heures à pratiquer son art et à perfectionner le sien en retour, en complément. Le simulacre de soleil s’éleva haut dans les airs jusqu’à ce qu’il se disloque en long filets de feu qui glissaient sur la pierre et ses aspérités. La pièce semblait être en feu alors que ce dernier venait courir le long de chaque voûte, de chaque colonne et la scène fit réagir tous les invités avant qu’un claquement de main ne fasse tout disparaître, venant jusqu’à résonner dans la poitrine de l’apprenti-verrier. La mage avait réussi avec brio. Elle était si talentueuse.

Grisé par tout ce qu’il venait de voir, tout ce qu’il venait de ressentir, rejoignit la femme qui venait d’être à peine quittée par un interlocuteur lorsqu’il arriva à sa hauteur. Que risquait-il s’il se trompait sur son identité ? Dans le pire des cas elle pouvait considérer son erreur comme étant induite par les vapeurs de l’alcool et pouvait se soustraire à lui. S’il ne se trompait pas il retrouvait cette amie si chère à son cœur, cette femme qu’il estimait tant et qui lui était si complémentaire. Il s’adressa alors à elle avec une politesse teintée d'une douceur influencée par ses sentiments et lorsqu’elle se retourna vers lui, il pu voir son visage s’illuminer. Dieux qu’elle avait changé. Rhaenyra Celtigar. Il senti ses lèvres s’étirer en un grand sourire heureux alors qu’elle prononçait son nom. Sans plus attendre elle vint lui offrir une tendre étreinte dont il profita de tout son soûl, l’enlaçant à son tour entre ses bras. Il prit une profonde inspiration, se laissant envahir par son doux parfum et se laissant apaiser par la présence de son amie. Leur étreinte se brisa et il pu profiter de cette habilité d’oratrice qu’elle possédait depuis bien longtemps à présent. Il ouvrit la bouche, interloqué, avant de la refermer et de la foudroyer du regard quelques instants alors qu’elle lui adressait un clin d’œil.

- Délaissée ? Allons, n’exagère pas. Il semble que tu t'en sois très bien sortie sans moi, répondit-il avant de pousser un soupir de satisfaction. Je me portais très bien jusqu’à ce que je retrouve… à présent je peux dire que je vais parfaitement bien ! Père m’a envoyé à Valyria il y a de ça quelques années parfaire mon apprentissage auprès du chef de notre guilde mais toi, qu’est-ce qui t’a menée jusqu’ici ?


Rhaenyra Celtigar
Rhaenyra Celtigar
Mage

Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Lorsque Garaevon la pris dans ses bras, Rhaenyra ne put s’empêcher de déposer sa joue contre la poitrine de son ami. Cela faisait à présent de longues années qu’ils ne s’étaient pas vus, pourtant son odeur restait la même, et le contact de sa poitrine contre sa joue n’avait rien d’inconnu. Le jeune homme et Rhaenyra avaient immédiatement compris qu’ils seraient de bons amis, car leurs âmes répondaient à la même musique, celle du feu. Ainsi, alors que les yeux du jeune homme brillaient encore du feu que la jeune femme avait fait naître, le visage de cette dernière s’étira en un sourire amusé. Elle était à présent habituée à voir naître l’admiration dans les yeux de ceux qu’elle cherchait à aveugler. Ils étaient simples à tromper, car le feu était une magie de l’illusion par excellence. Les plus grandes flammes n’étaient pas celles qui demandaient le plus grand pouvoir. Il ne fallait pas être puissant pour faire s’élever de gigantesques flammes. Il fallait en revanche l’être pour les maîtriser. Il n’était cependant guère nécessaire de déployer un pouvoir démesuré pour impressionner les foules, le moindre feu ardent suffisait à les conquérir. Garaevon était pourtant différent. Il était différent car il connaissait le feu pour en être l’ami, le partenaire, et il connaissait Rhaenyra, bien plus que beaucoup d’autres ne pouvaient s’en vanter.


- Délaissée ? Allons, n’exagère pas. Il semble que tu t'en sois très bien sortie sans moi. »
« Ah ! Voilà ce qu’ils disent tous ! Mais tu as raison, je m’inquiète moins pour moi que pour toi, pauvre âme en détresse sans mon secours. »

Le sourire de Rhaenyra s’élargit un peu plus, devenant narquois, presque moqueur alors qu’elle lançait un regard faussement enjôleur au jeune homme avant de l’inviter à la suite en direction du buffet. La jeune femme n’était pas de celles qui rejettent les plaisirs des fêtes, et puisqu’elle en était régulièrement le point d’orgue elle se plaisait à en tirer profit. Elle dédaigna pour autant les délices disposés face à elle pour simplement se saisir d’une coupe vide et l’emplir d’un alcool incolore dans lequel divers fruits avaient été mis à infuser.  

« Je me portais très bien jusqu’à ce que je retrouve… à présent je peux dire que je vais parfaitement bien ! Père m’a envoyé à Valyria il y a de ça quelques années parfaire mon apprentissage auprès du chef de notre guilde mais toi, qu’est-ce qui t’a menée jusqu’ici ? »

Tout en écoutant son ami, Rhaenyra versa de la même liqueur dans une seconde coupe qu’elle dirigea ensuite vers Garaevon pour l’inviter à s’en saisir.

« Ne l’as-tu pas constaté ? »

Portant la coupe à ses lèvres, la jeune femme lança un nouveau sourire à Garaevon. Si elle était honnête, elle avait toujours ressenti une sérénité particulière aux côtés de ce jeune homme à l’âme pure. Elle se souvenait encore du plaisir qu’elle avait pris, des années durant, à le regarder façonner le verre. Elle avait observé ses échecs comme ses réussites les plus éclatantes, mais elle avait surtout observé chacun de ses mouvements et la concentration de son regard. Lorsque le jeune homme travaillait le verre, rien ne pouvait se dresser entre eux. Pourtant, elle ne s’était jamais sentie de trop. Elle avait toujours été un élément essentiel de cette complexe équation qui prenait naissance au cœur du feu et que Garaevon transformait en art.

« Si tu savais comme il est bon de laisser libre court à son pouvoir, pas seulement celui du feu mais également celui des mots. Il semblerait que j’ai une certaine influence sur les foules… C’est ainsi que Jaeganon m’a… enfin je veux dire que le Grand Prêtre m’a repérée pour la première fois. »

Il était rare que Rhaenyra ne pense pas à Jaeganon, mais ses retrouvailles avec Garaevon marquaient la première fois, depuis sa rencontre avec le Grand Prêtre, où ce dernier n’occupait pas l’intégralité de ses pensées. Le jeune maître verrier rappelait Rhaenyra à ce qu’elle avait été un jour, à sa jeunesse et son innocence, et elle aimait ce sentiment.

« Finalement, le feu nous a tous deux menés ici, à Valyria… Ce que le feu uni, rien ne peut défaire. »

La jeune femme, galvanisée par la joie qu’elle lisait dans le regard de Garaevon, tant que par la réussite de sa représentation, se montrait particulièrement entreprenante et taquine. Sans doute était-ce d’ailleurs celle qu’elle était devenue. Elle qui avait été une jeune fille au caractère bien affirmé mais sage, était devenue une femme habitée de feu, en phase avec celle qu’elle était et les désirs qui l’habitaient. Elle avait découvert, dans la totale acceptation d’elle-même, une véritable libération. Choquerait-elle à être ainsi ? Peu lui importait, car elle maîtrisait une puissance ineffable et celle-ci l’habitait. On ne s’excuse pas d’être puissant. On ne s’excuse pas de désirer et d’être désiré, d’être admiré et apprécié. Rhaenyra avait, depuis longtemps déjà, cessé de s’excuser d’être elle-même. C’était ça, plus encore que le Grand Prêtre d’Arrax, qui l’avait rendue si libre.

Ainsi, libre comme elle l’était, elle laissa sa main caresser avec tendresse la joue de Garaevon avant de hisser ses lèvres jusqu’à l’oreille de ce dernier.

« Tu veux voir quelque chose que je ne réserve qu’aux plus chanceux des valyriens ? »

Elle ne put s’empêcher de rire face au regard légèrement surpris de son ami, mais n’en perdit pas pour autant son objectif de vue. Armée de sa coupe, elle se saisit également d’une carafe pleine, ils en auraient besoin, et elle se retourna dans un tourbillon de voiles et de mèches argentées. Après avoir fait deux pas, elle tourna la tête par-dessus son épaule, jetant un regard amusé au jeune homme médusé.

« Et bien, Garaevon Agyreos, où est donc passé ta réactivité légendaire ? A moins que tu ne sois pas curieux… Ou que tu me craignes ? A ta guise… d’autres n’auront pas tes réticences. »

Sa voix était devenue presque charmeuse, elle s’amusait à piquer la curiosité du jeune homme car c’était ainsi qu’ils fonctionnaient tous deux. Le feu dévorait, il consumait tout ce qu’il approchait, et ces deux êtres, unis par lui, ne faisaient pas exception. Leur amitié avait toujours eu l’intensité étrange de ceux qui se retrouvent sans se l’expliquer et qui se comprennent sans se parler.



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Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Alors qu’il étreignait Rhaenyra l’euphorie envahissait peu à peu l’esprit de Garaevon, remplaçant ainsi l’émerveillement qui avait pu s’emparer de lui alors qu’il avait assisté avec une grande attention à la fin de la représentation qui s’était tenue. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pu la voir qu’à chaque battement de cœur, sa mémoire lui présentait un souvenir qu’il avait pu partager avec elle. Pouvoir la tenir dans ses bras, sentir sa joue contre son torse, apprécier la moindre expression qui défilait sur son visage touché par la Grâce de Meleys… il y avait quelque chose d’unique. Après tout ils avaient appris leur art respectif en œuvrant de concert et se vouaient une amitié sincère. Celle qui était à même de lui donner confiance en lui lorsqu’il devait évoluer dans ce monde empli de mondanités, loin des fours et de son verre en fusion.

Leur étreinte se brisa et alors qu’il la regardait dans les yeux, pas peu fier d’enfin la retrouver, il vit un sourire étira les lèvres de la mage. Avait-il encore cet air contemplateur au fond de ses yeux pour qu’elle s’en amuse ? Il haussa un sourcil inquisiteur avant de répondre à cette pique savamment lancée et, il devait bien l’avouer, particulièrement savoureuse. Tu m’as manqué. Il haussa les yeux au ciel, ces moqueries amicales partie de la personnalité de Rhaenyra et il appréciait ce point, il savait que ce n’était jamais méchant même s’il pouvait s’offenser. Lorsqu’elle l’invita à sa suite, il ne se fit pas prier pour la suivre jusqu’au buffet qui avait été fait dresser par le maître des lieux. Les mets présentés faisaient saliver d’envie Garaevon qui ne savait où donner la tête devant tant de produits qui leurs étaient proposés. Que pouvait-il bien prendre ? Feignant une profonde réflexion alors qu’il répondait à sa question, il l’observa du coin de l’œil et il remarqua qu’elle se saisissait d’une coupe vide qu’elle remplissait d’une breuvage incolore dont il ne savait rien de la composition. Sa bouche se tordit légèrement alors qu’elle remplissait à présent une seconde coupe, qu’elle lui tendait. Il haussa les épaules avant de s’en saisir, il avait la réponse sous les yeux mais il préférait l’entendre de sa propre bouche.

- Admirer chaque jour les flammes de Gaelithox amoindris ma vision, j’aurais probablement besoin de ton aide pour me déplacer dans cette demeure, répondit-il avant de lui adresser un clin d’œil.

Les dernières années qui s’étaient écoulées avaient vu le jeune volantin rejoindre la Capitale afin d’élargir ses connaissances sur les différentes techniques de maîtrise de la verrerie mais aussi pour apprendre auprès des meilleurs artisans. Elles l’avaient aussi vu échapper à la conscription, l’amenant ainsi à aider son peuple à sa propre mesure alors qu’il avait participé aux récoltes dans les champs ou encore en apportant son aide dans les forges. Si cela avait pu lui permettre de découvrir un monde différent du sien, de nouer des contact, il restait conscient d’avoir été épargné par Vhagar et qu’il avait à présent une dette envers Tyraxes qui lui avait permis de continuer à honorer aussi bien Tessarion que Vermithor et Gaelithox. Mais que dirait Rhaenyra à ce propos ? Elle était une femme à présent, les années avaient très bien pu les changer elle et la vision qu’elle se faisait de lui. Le sourire qu’elle lui adressa chassa ces sombres pensées et l’amena à l’écouter à nouveau avec toute son attention, un léger sourire aux lèvres.

Plus les secondes s’égrenaient, plus Garaevon avait la sensation que c’était comme si jamais ils ne s’étaient quittés, que seuls quelques jours les séparaient de leur dernière rencontre. Mais un nom en particulier interpellait le jeune homme qui fouillait dans sa mémoire afin de retrouver quand et où il avait pu en entendre parler. C’était cependant la fonction de cet homme qui ne tarda pas à aider l’esprit du volantin : Velaryon, Grand Prêtre d’Arrax. Ils n’étaient pas rares les discours du serviteur du Dieu des dieux et ils se révélaient être de véritables événements, les murmures se diffusant jusque dans l’atelier. Une vision avec laquelle l’Agyreos ne s’accordait pas, tant la possibilité de ne vénérer qu’un dieu unique lui paraissait incongrue mais si cet homme permettait à Rhaenyra d’accomplir ses propres volontés, devait-il s’inquiéter ? La suite des paroles de son amie supplanta la réflexion de Garaevon et eu le don de lui arracher un léger rire.

- Rien, pas même le temps…

Alors qu’il dardait sur elle ses yeux sombre, il remarqua la main de Rhaenyra venir jusqu’à lui et venir caresser sa joue avec douceur avant qu’elle n’approche ses lèvres de l’oreille du volantin. Surpris, ce dernier se figea tandis qu’elle murmurait des mots qui le firent frissonner. Voir ce qu’elle ne réservait qu’aux plus chanceux ? Il recula légèrement la tête pour mieux poser sur elle son regard où la surprise pouvait luire dans ses yeux avant qu’elle ne se recule pour prendre une carafe remplie d’un alcool qui au vu du jugement de Rhaenyra, semblait nécessaire. Toujours figé, il la regarda s’éloigner de deux pas avant qu’elle ne lui jette un regard par-dessus son épaule pour s’adresser à lui. Il manquait de réactivité, c’était un fait. Mais ne pas être curieux ? La craindre ? Voilà ce qui constituait un affront lui fit rosir les joues.

- Ah ça jamais, Rhaenyra Celtigar ! s’écria-t-il avant de se mettre en mouvement, venant prendre la main de la mage et se décida à la mener sur lui-même sur le chemin qu’elle avait débuté pour le mener à l’écart.



Rhaenyra Celtigar
Rhaenyra Celtigar
Mage

Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

« - Ah ça jamais, Rhaenyra Celtigar ! »

Rhaenyra avait entendu, dans son dos, la voix de Garaevon s’élever sans hésitation aucune. A l’entente de cette réaction presque instinctive, les lèvres de la jeune femme s’étirèrent en un sourire radieux. Retrouver Garaevon était une belle incursion dans un passé pas si lointain mais surtout cela offrait à la jeune femme une réalisation presque choquante de la femme qu’elle était devenue. Rhaenyra Celtigar avait toujours été une demoiselle solaire, emprunte de la lumière et de l’imprévisibilité de ce feu qui l’habitait. Pourtant, consumée par une obscurité qu’elle ne s’expliquait pas, elle avait longtemps craint ce pouvoir qui menaçait de la détruire. Ainsi, elle avait été une demoiselle bien sous tout rapport, spontanée et vive mais jamais tentée de se montrer entièrement, de se dévoiler. Là était la différence avec celle qu’elle était devenue, et elle le devait à Jaeganon. Le Grand Prêtre d’Arrax l’avait révélée à elle-même et concourrait à l’affirmation de son pouvoir par la confiance aveugle qu’il avait en elle et qu’il lui communiquait.

Le regard fier, rendant sourires et mots flatteurs à ceux qui souhaitaient lui communiquer leur admiration, Rhaenyra ne s’arrêtait pas, tendant la main en arrière de temps en temps pour saisir celle de Garaevon et le guider dans le dédale de couloirs qu’ils ne connaissaient pas plus l’un que l’autre. Elle ne savait pas où elle allait, mais qu’importait ? La demeure était grande et richement meublée, ils trouveraient bien un endroit, à l’écart de la foule, pour se redécouvrir. La demoiselle poussa une porte sans hésitation, ne craignant visiblement pas ce qu’ils pourraient trouver derrière, et ce fut une petite pièce richement décorée qui se dévoila à leurs yeux. La taille de la pièce laissait penser qu’il s’agissait là d’un espace privé, probablement fermé pour décourager les curieux, mais c’était sans compter sur ceux qui avaient assez de courage pour braver les volontés d’un hôte déjà si généreux. Rhaenyra connaissait l’inclination du maître des lieux à son égard, et plus encore la révérence qu’il avait pour Jaeganon, elle ne craignait donc guère son ire. Alors que la porte s’ouvrait, sans même un geste, Rhaenyra provoquait l’embrasement des brasero disposés aux quatre coins de la pièce pour l’éclairer. Le feu révélait à nouveau la beauté. Les murs de la petite pièce étaient peints, des scènes de la vie de tous les jours d’une femme valyrienne étaient représentées avec beaucoup de poésie et de délicatesse, laissant entendre que cette pièce était du domaine de l’épouse du propriétaire de ce palais. Au sol, de magnifiques mosaïques formaient des figures géométriques aux couleurs chatoyantes. Tout en ce lieu évoquait l’intimité et les langueurs d’une vie privilégiée. Une terrasse s’ouvrait derrière des rideaux d’un voile léger portés par le vent.

« Bien, j’espère que tu n’as rien perdu de ton esprit d’aventure, car nous n’avons probablement pas notre place en ce lieu et pourtant… il me semble parfait. »

Rhaenyra s’était retournée, dans un tourbillon de voiles et de cheveux, adressant un regard mutin à son compagnon, puis elle déposa la carafe qu’elle avait amenée avec elle et commença à emplir deux coupes disposées sur une petite desserte près de l’arche menant à la terrasse.

« Je t’ai promis de te montrer quelque chose réservé aux plus chanceux… mais d’abord il te faut me faire une offrance, Garaevon Agyreos. »

La jeune femme porta ses lèvres à la coupe qu’elle s’était réservée, n’apportant pas à Garaevon celle qu’elle lui destinait, lui laissant toute la liberté de venir s’en saisir ou de la délaisser.

« Ne te méprends pas, je ne suis pas une femme vénale, cette offrande peut être simplement le récit de ces années que nous avons vécues sans nous voir. »

Rhaenyra profita du silence de son ami pour détailler du regard les peintures et mosaïques qui les entouraient. La jeune femme s’approcha d’un des murs, laissant distraitement ses doigts en caresser la surface. Son regard et ses doigts longeaient la courbe d’une fleur rouge, parfaitement représentée par le pinceau de l’artiste. La demoiselle avait toujours été une grande amatrice des arts, bouleversée par toutes ses formes et incapable de ne pas être fascinée par la maîtrise de la beauté. Elle faisait naître le feu, elle le maîtrisait, elle jouait des mots et les mettaient en musique sans instrument, et pourtant elle considérait l’art pictural, la musique ou la danse comme des disciplines plus hautes encore que ce qu’elle était capable de faire. Il y avait de la magie à retranscrire ainsi la beauté du monde, à offrir aux yeux les plus distraits une porte vers l’infini, et elle s’en retrouvait chaque fois émue. La fresque représentait une femme, nue, dans un bain intérieur et pourtant encadré de fleurs. Un regard trop sérieux pourrait dès lors en contester le réalisme, il ne peut y avoir de fleurs ainsi plantées dans une pièce de bain. Pourtant, Rhaenyra y voyait tout le génie du peintre. Ces fleurs n’étaient celles de la nature qu’en apparence, leur symbolique allait bien au-delà. Elles étaient le symbole de la vie, de la beauté et de la grâce. On ne pourrait représenter des fleurs coupées – mortes donc – aux côtés de la femme dont la jeunesse éclairait la fresque.

Rhaenyra senti plus qu’en n’entendit les pas de Garaevon s’approcher d’elle tant elle était absorbée par la contemplation des courbes rondes et douces de tout ce qui habitait l’univers pictural de la pièce. Lorsqu’elle le senti suffisamment près d’elle, elle s’arracha à l’objet de son attention pour faire du jeune homme le nouveau centre de celle-ci.

« Avant de me faire ton offrande, observes donc la beauté de cette femme… de cette œuvre. Toi qui œuvres de tes mains et est artisan des arts, perçois-tu la poésie de cette représentation ?

… C’est la déclaration d’un amour profond. C’est magnifique. »


Rhaenyra s’était retournée pour à nouveau faire face à la fresque alors qu’elle cherchait à partager son émotion avec Garaevon. Elle avait pris la main libre du jeune homme dans la sienne sans cesser de parler et avait tracé, à nouveau, les lignes des fleurs, les courbes de la femme, et tout ce qui se présentait à leurs mains charmées par les découvertes. Sa voix était devenue moins affirmée, comme devenue murmure par le souffle qui lui faisait défaut face à temps de transcendance.

« C’est comme le feu… un tel talent est un don des Dieux. »

Les yeux devenus brillants d’une émotion difficile à contenir, Rhaenyra s’était retournée, dos au mur, son visage face à celui de Garaevon, mêlant son regard à celui du jeune homme avec un sourire lointain, admiratif et contemplateur.

« …tout comme le tien, si je me souviens bien. Mais vois comme je suis, j'exige de toi que tu parles pour finalement ne pas t'en laisser l'occasion... Alors offre moi la réponse à cette question : qui es-tu à présent, Garaevon Agyreos ? »


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Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

Jamais. Pas un seul instant Garaevon n’avait craint Rhaenyra et les capacités dont elle faisait preuve, pas même la première fois qu’il l’avait vue, et ce n’était pas en cette douce mais intense soirée qu’il commencerait à craindre son amie. Il s’était exprimé avec assurance malgré la chaleur qu’il ressentait sur ses joues dont il imaginait l’érubescence qui montrait à quel point il avait pu être touché dans son orgueil avant qu’il ne vienne lui prendre la main pour se laisser attirer vers ce lieu inconnu où elle voulait le mener. Un doux contact qu’il se permis de raffermir à mesure que leurs pas se multipliaient parmi la foule qui se pressait pour adresser nombre de compliments à son amie. Légèrement derrière elle, il ne pouvait que rarement bénéficier des expressions faciales qu’elle pouvait leur adresser, il pouvait seulement les imaginer ou en capturer certains lorsqu’elle tournait la tête. Était-ce bien de la fierté qu’il pouvait lire dans ses doux yeux lavande ? Il aurait pu rendre son don de parole à Tessarion pour avoir ne serait-ce que quelques minutes pour délinéer le visage de son amie pour en conserver les traits aussi longtemps que le parchemin serait entretenu avec le plus grand soin.

Par moment le contact entre le volantin et la mage était rompu mais cette dernière lui tendait toujours la main pour saisir la sienne et s’assurer qu’il continuait à la suivre. Il fallait bien avouer que le chef de la guilde des esclaves avait invité de nombreuses personnalités et sa demeure était bien loin d’être la plus petite existant à Valyria. Non, elle était grandement et meublée avec autant de goût que de richesse et ce fut au détour d’un couloir que Rhaenyra se permit d’ouvrir une porte avec la plus ferme des intentions malgré l’inconnu que la pièce pouvait renfermer. L’appréhension et la curiosité faisaient battre la chamade au cœur de Garaevon qui sursauta lorsqu’il entendit un bruissement non loin de lui. Détachant son regard de la jeune femme vers le couloir, il le posa sur un chat qui venait de passer en trombe, poursuivant ce qui semblait être une souris. Le jeune homme se reconcentra lorsque le crépitement si caractéristiques des flammes parvint à ses oreilles et il se mit à caresser du regard les murs peints de cette petite pièce dont le maître des lieux semblait vouloir conserver précieusement le secret. L’œuvre était délicate et une certaine poésie ressortait de cette représentation de la vie quotidienne d’une valyrienne. Était-ce l’épouse ? Il ne lui semblait pas l’avoir aper…

Garaevon arqua un sourcil. S’il avait perdu son esprit d’aventure ? Il n’avait pas hésité à la suivre sans savoir où elle les mènerait, cette notion d’interdit le grisait et il lui rendit le sourire qu’elle lui adressait. Il était si bon de la revoir et la lumière fournie par les braseros venaient se refléter dans ses yeux, donnant un éclat particulier similaire à une aurore d’automne. Silencieux, il l’observa servir les deux coupes tout en continuant à s’adresser à lui d’une voix emplie d’un mystère qu’il souhaitait dévoiler sans plus tarder. Une offrande ? Quelle serait-elle ? Elle porta la coupe à ses lèvres, venir boire une gorgée de son coupe. Garaevon déglutit avec difficulté, la bouche bien trop asséchée par toutes ces émotions. Il se rapprocha à grands pas, venant se servir de la coupe qui lui était dédiée et bu deux grandes gorgées tandis que Rhaenyra se plongeait dans la contemplation de ce raffinement dans lequel ils se trouvaient tous les deux. Peu importait l’offrande qu’elle lui demanderait, il la lui donnerait.

Lorsqu’elle reprit la parole, un petit rire s’échappa de la bouche de Garaevon qui posa une nouvelle fois son regard sur la représentation picturale qui s’offrait à lui. Oui, sans le moindre doute il percevait sans la moindre difficulté la poésie qui se dégageait de la peinture. Il n’y avait pas le moindre doute quant au fait que l’artiste avait su représenter la femme qui avait fait l’objet de son expertise tout comme il avait su retranscrire la scène avec une justesse transcendante. Le jeune volantin senti une main venir se glisser sur la sienne et il n’attendit guère longtemps avant de la presser avec tendresse sans toutefois décrocher son regard de ces fleurs coupées et des ces courbes parfaitement peintes. Oui il s’agissait-là d’un talent qui avait été accordé par les dieux et pour cela, il les remerciait.

- Je remercie chaque jours les dieux de doter certains mortels de talents pour ainsi nous gratifier de tant de Beauté, répondit-il d’un timbre similaire à celui de son amie avant que cette dernière ne se retourne vers lui, l’amenant à décrocher son regard de la peinture murale pour plonger son regard dans le sien. Qui suis-je ? Je suis un mortel touché par la Grâce de Tessarion marchand inlassablement sur le chemin tracé par Vermithor qui me mènera à ce que je désire : devenir un grand maître-verrier et ainsi montrer à tous que je peux succéder à Tarreos. Et toi ma douce amie, quel chemin as-tu emprunté ?



Rhaenyra Celtigar
Rhaenyra Celtigar
Mage

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Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9

« Je remercie chaque jours les dieux de doter certains mortels de talents pour ainsi nous gratifier de tant de Beauté… »

Rhaenyra sourit avant de se retourner, elle se souvenait bien de l’âme poète de son ami. Il n’y avait là rien d’étonnant, Garaevon était un artiste, un magicien diraient certains, capable de transformer la matière au cœur des flammes. C’était une activité poétique en soi et Rhaenyra pouvait se perdre, des heures durant, dans la contemplation de ce jeune homme qui, humblement, réalisait des miracles. A nouveau elle le contemplait, se retournant avec intérêt pour croiser à nouveau ce regard familier et rassurant. Garaevon était de ces hommes rassurants, de ceux qui ne semblent pas dissimuler une terrible obscurité derrière son sourire. Elle ne l’avouerait jamais, mais bon nombre d’hommes effrayaient Rhaenyra. Ils l’effrayaient par leur capacité à dissimuler leurs crocs dans un beau sourire… avant de vous blesser mortellement. Ils étaient nombreux à s’approcher avec des dehors mielleux, la couvrant de compliments et de doux mots, parfois même de présents précieux. Au fond, ils cherchaient tous la même chose, cela se jouait entre la chair et le pouvoir. Le pouvoir, cependant, l’emportait toujours car pour certains il était un accès illimité à la chair. A y penser, la jeune femme ne put réprimer un frisson. Ils se trompaient, elle ne mettrait son pouvoir qu’au service d’Arrax et de ses propres intérêts.

« Qui suis-je ? Je suis un mortel touché par la Grâce de Tessarion marchand inlassablement sur le chemin tracé par Vermithor qui me mènera à ce que je désire : devenir un grand maître-verrier et ainsi montrer à tous que je peux succéder à Tarreos. »

Il était bien cela. Qu’il était rare de deviser avec un être si conscient de ce qu’il est. Rhaenyra observait les hommes et les femmes, elle y passait ses journées. Ils étaient nombreux à venir l’écouter à la tribune, à s’extasier devant ces flammes dans lesquels des visages semblaient apparaître. Tous l’écoutaient avec attention, et les plus téméraires tentaient d’obtenir une audience, s’imaginant que la jeune femme pouvait apaiser tous leurs maux. Elle ne prétendait en rien détenir ce pouvoir, elle était tout au plus une comédienne, capable de quelques tours et de manière la plus puissante des armes : le verbe. Elle les voyait, donc, arborer des masques et jouant la mascarade, inconscients de leur être, volontairement ou non. L’homme qui se tenait face à la mage n’était pas de ceux-là, il avait l’humilité de ne pas se prétendre égal des Dieux. Il se présentait en homme, bénis de ces divinités par le don qu’il exerçait avec passion. Le don, pourtant, n’avait été que le début. La maitrise, l’ouvrage, tout reposait dans la détermination et l’application d’un homme face à la matière. Il y avait là quelque chose de divin, certes, mais il y avait aussi tout ce que l’humain avait de plus noble.

Quelque chose encore, dans le discours du jeune homme, laissait entendre son ambition mais également sa crainte… Celle de ne pas être à la hauteur, de ne pas parvenir à égaler ceux qu’il admirait tant. Rhaenyra sourit, voyant dans cette ambition la sienne. Elle avait appris à se défaire de cette peur de ne pas parvenir à se mesurer aux autres. Pourtant, elle existait au fond d’elle-même, petit héritage de débuts difficiles au Collège. Elle craignait que cette ambition ne la dévore, que cette obscurité, cette volonté de montrer au monde son pouvoir… ne signe sa fin. Elle s’approcha du jeune homme, prenant l’une de ses mains entre les siennes, chaudes.

« Chercher à montrer quelque chose aux autres est inutile, Gar… Les aveugles ne verront jamais la lumière, même la plus éclatante. La lumière, à vouloir trop briller pour ceux qui ne peuvent la voir, finit par s’épuiser et se tarir… Quel dommage, alors qu’il lui suffisait d’être…

… Être, simplement. »


Sans en dire davantage, elle libéra sa main pour faire naître, au creux des siennes, une petite flamme d’une couleur presque aveuglante. Hypnotisée par cette flamme, Rhaenyra resta à la contempler quelques minutes, un sourire tendre aux lèvres. Bientôt, la flamme devint plus sombre, d’une couleur chaude et rassurante, conservant un cœur si lumineux qu’il en était aveuglant. Le sourire de la jeune femme s’élargit.

« J’ai compris qu’il m’était possible de donner au feu une apparence différente de celle que nous connaissons. C’est que je suis un être de chair et d’émotions, ces dernières influencent forcément mes pouvoirs. Voilà… c’est ainsi que je te vois, moi. »

Elle n’en dit pas plus, le laissant se faire sa propre idée sur la signification de tout cela. C’est que le jeune homme avait repris la parole :

« Et toi ma douce amie, quel chemin as-tu emprunté ? »
« Ah, il me faudrait bien plus d’une soirée pour te le dépeindre… »

La jeune femme laissa échapper un rire spontané. Son chemin… il était tortueux. Elle se doutait que son ami ne cautionnerait pas tous ses choix, elle avait peur de montrer à Garavaeon cette facette d’elle-même qu’elle découvrait malgré elle. Elle aimait, comme les autres, se dissimuler derrière un masque. L’obscurité et le mal ne se voyaient pas, ainsi.

« Si tu savais comme le Collège a été difficile… On pourrait s’imaginer que domestiquer le feu est un exercice des plus nobles, mais c’est aussi l’un des plus ingrats. Ma foi, cela m’a permis de développer d’autres talents. Il s’avère, mon jeune ami, que nombre de personnes aiment m’écouter… M’écouteraient-ils sans le feu ? C’est une question à laquelle je ne répondrai pas… mon égo n’y survivrait pas… »

La jeune femme envoya un clin d’œil forcé à son ami, retenant difficilement son rire.

« … Mais j’ai trouvé ma place. Le Grand Prêtre a été le premier à voir mon potentiel, à parier sur celui-ci. Oh Gar, tu devras le rencontrer ! C’est un homme hors du commun. Certains le traitent de fou mais… comment ne pas être fou lorsque l’on côtoie le divin ? Il m’a sauvée… »


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Fire walk with meGaraevon Agyreos et Rhaenyra Celtigar

Demeure du chef de la Guilde des Esclaves, an 1066, mois 9
Bien des années après leur première rencontre, Rhaenyra disposait encore et toujours d’une place particulière dans le cœur de Garaevon. Bien évidemment il ne reniait pas les amitiés qu’il avait su forger entre temps mais cella qu’il partageait avec elle avait une saveur unique qui aimait pouvoir ressentir à nouveau. Il ne faisait pas le moindre doute que l’expérience l’avait changée mais depuis qu’elle s’était approchée d’elle à la fin de l’époustouflante représentation, il avait l’intime conviction que quelque part derrière cette apparence noble, ce port de tête altier, se cachait la jeune femme qu’il avait connu et auprès de laquelle il avait commencé son art. Ce souvenir de proximité par l’aide qu’ils s’octroyaient mutuellement devant les flammes rouge était plus savoureux que la vision de nombreuses femmes dévêtues se mouvant avec grâce sous l’influence de Syrax. Il devait probablement être fou mais cette complicité inestimable ne saurait être délaissée pour des broutilles, jamais.

Le sentiment de se laisser guider par son amie, alors qu’ils s’enfonçaient plus profondément dans la demeure pour s’aventurer dans des pièces que le propriétaire ne souhaitait probablement pas voir être envahie par des invités peu soucieux des convenances, avait quelque chose de grisant pour le jeune homme qui sentait son cœur battre à tout rompre. Ce qu’elle lui réservait ? Il l’ignorait totalement, il ne savait aucunement voir ce qu’il se cachait derrière la teinte crépusculaire du feu, mais cela lui importait peu : il lui vouait une entière confiance. La pièce dans laquelle ils s’infiltrèrent était d’une beauté fine du fait de la fresque qui avait été réalisée par un artiste de talent. Si aucune question ne lui avait été posé, il aurait pu se perdre durant de longues minutes à contempler ce qui s’offrait à son regard mais les mots accompagnés par la main de la mage qui venu s’emparer de la sienne avec une certaine douceur, à laquelle il répondit en la pressant avec tendresse.

Qui était-il à présent ? Il s’agissait-là d’une vaste question qui, si le nombre de réponses n’était pas innombrable, pouvait révélait bien des informations sur lui par les mots utilisés que par le contenu en lui-même. Il le sentait. Si elle ne devait pas chercher à le piéger, elle voulait qu’il parle avec son cœur et son âme. S’il n’était guère certain des chemins à emprunter pour atteindre l’objectif qui était le sien, il était certain de sa détermination. Chaque être avait ses propres qualités et ses propres faiblesse qui faisaient ainsi de lui un être unique. Garaevon était persuadé que les talents qui ressortaient tant dans les couches les plus basses de la société que dans les plus hautes avaient été offert par les dieux et s’il appartenait à tout un chacun de les parfaire pour en tirer le meilleur, il fallait toujours garder à l’esprit d’où cela leur venait : les dieux. Les Quatorze avaient tous leurs fonctions, avaient tous offerts différents talents et il fallait honorer chacun d’entre eux.

Un rien pouvait cependant venir mettre à bas tout ce travail réalisé depuis des années et cela, le jeune volantin se devait de le conserver à l’esprit telle une marque réalisée au fer rouge. Effectuer son travail humblement tout en chercher la grandeur était possible… sans oublier que cela passait par le respect des autres, de leur propre parcours et compétences. Lorsqu’elle se retourna vers lui, Garaevon pu remarquer du coin de l’œil le sourire qui était ses fines lèvres. Ainsi était-ce qu’elle avait attendu de lui ? Il poursuivit alors ses paroles en décrochant pleinement son regard de la fresque pour l’observer elle. Si elle manipulait les mots aussi bien que le feu, elle n’avait été une présence pouvant tendre ses muscles comme s’il pouvait être prêt à fuir, elle avait ce petit quelque chose qui était à même de l’apaiser autant que le travail du verre ou la contemplation de la nature. Il l’écouta alors, lui prêtant une oreille attentive comme il n’avait pu lui offrir ces dernières années.

Rechercher le regard des autres était une volonté de Garaevon et il ne pu cependant s’empêcher de se pincer les lèvres. Rhaenyra n’avait pas tort. Suivre un tel chemin pouvait l’entraîner dans une quête obsessionnelle d’un regard flatteur qui pouvait tout autant attirer les critiques et s’il pouvait remettre en question ses atouts pour se renouveler, il se savait bien trop obstiné et susceptible pour que cette quête soit saine. Se contenter d’exister et de prendre seulement ce qui s’offrait à lui. Il désirait être reconnu pour son travail mais il saurait méditer les paroles de son amie. Lorsque cette dernière relâcha sa main, l’apprenti verrier tressaillit avant de se figer en la voyant faire naître une flamme dans le creux de sa main. La chair et les émotions influençaient ses pouvoirs et par extension il en allait de même pour lui qui était capable de marquer les esprits lorsqu’il travaillait le verre l’esprit libre. Il hocha silencieusement la tête puis retourna sa question à Rhaenyra. Qui était-elle devenue ?

La première réponse qu’elle lui apporta, lui fit lever un sourcil. Doutait-elle qu’il soit capable de l’écouter bien plus qu’une soirée ? Le rire qui s’échappa de la gorge de son amie le détendit quelque peu sans toutefois parvenir à faire disparaître cet air intrigué qu’il pouvait lui montrer. Il voulait en savoir plus, la redécouvrir, et il fallut quelques secondes supplémentaires avant qu’elle ne se lance. Le Collège semblait être une épreuve marquante pour bon nombre de ses mages et Rhaenyra semblait ainsi ne pas avoir été épargnée par la dureté de cet enseignement. Elle avait su maîtriser le feu. Su se faire écouter de nombreuses personnes. Serait-elle écoutée sans son feu ? A cette remarque, le jeune homme sourit avant qu’un rire léger ne s’échappe à son tour de sa gorge. Il se retint de lui répondre, préférant la laisser terminer… même si cela concernait le Grand Prêtre d’Arrax pour lequel il nourrissait pure méfiance : comment écouter un message du dieu qui souhaitait faire prévaloir son culte sur les treize autres ?

- Pourtant ton égo a de quoi être flatté, moi je t’écouterai toujours, dit-il en lui adressant un sourire plus grand avant de s’asseoir sur le sol de pierre, tapant légèrement cette place non visible à son côté. Tu trouveras toujours en moi un public assidu. Dis m’en plus ma douce amie ? Pourquoi as-tu eu besoin d’être sauvée ?


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