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Vieux souvenirs font vieux amis.Maekar Tergaryon et Naema Vaelarys.

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.

La patience est la plus grande arme d’une Dame Dragon.


Il s’agissait-là de la seule pensée que Naema avait à l’esprit, à cet instant. Les yeux clos, le visage marmoréen, la jeune femme esquissa encore quelques mouvements. Il lui fallait échauffer ses muscles, réveiller le feu qui courrait dans ses veines. D’éveiller cette sentience qui était sienne, de l’exercer pour lier son esprit avec le reste de ce monde. Lier son âme à nouveau à celle de sa sœur d’écailles, à celle de Gaelya, malgré la distance qui pouvait les séparer. Souplement, Naema étira tout d’abord le haut de son corps, de sa nuque à ses hanches, en passant par ses épaules, puis ses cuisses, finissant par ses jambes et ses chevilles. Elle avait vécu trop longtemps chétivement pour accepter de laisser son corps lui échapper à nouveau.


Elle était prête.


Rouvrant les yeux, nouant sa chevelure liliale afin de ne point être gênée par sa présence, Naema prit une profonde inspiration. L’heure était venue, le soleil venait de se lever. Dès lors, une toute nouvelle journée s’offrait à elle. L’espace d’une poignée de secondes, la jeune femme admira avec bonheur les quelques nuées de dragons qui virevoltaient dans les cieux, lorsque son regard ne se perdait pas dans des jeux de paréidolie. Si les nuages lui semblaient nombreux, l’été battait son plein. Dès lors n’avait-elle que peu de doutes sur la beauté de ce jour. Il lui restait cependant une ou deux heures avant que le Palais Hoskagon ne retrouve la vie qui l’animait. Il lui fallait profiter de ce moment de quiétude. Bientôt, ses responsabilités se rappelleraient à son esprit.


« Qu’Aegarax guide ma main et mon regard. Que ma foi m’épargne des griffes et des crocs de ses enfants. Que leurs ailes lui portent mes mots et mes prières, lui qui enseigna mon Art à la Mortelle que je suis, à mes confrères et consœurs également. » prononça humblement la jeune femme.


A une bonne distance d’elle, dans le sable que comportait cet atrium, destiné à l’entraînement, quelques céramiques avaient été disposées par ses soins. Des céramiques brisées, ébréchées par endroits, mises à mal par les exercices quotidiens que la jeune femme s’imposait. Des vases de tailles diverses, la plus grande n’excédant par la largeur de sa paume, la plupart provenant de rebus de cuisson. D’autres lui avaient été remis déjà éprouvés par la maladresse de ses proches, de quelques serviteurs. Quelques motifs effacés par endroits avaient été gravés, imprégnés, dans ces objets d’un autre temps. Guivres et dragons y côtoyaient poissons vairons et autres créatures marines. En un autre temps, sans doute de tels récipients avaient été forts beaux, avant de se retrouver entre ses mains et celles de son oncle.


Instinctivement, Naema posa sa main gauche sur son fouet. Ce dernier se trouvait là, lové contre sa cuisse droite. Un simple fouet d’entraînement, dont sa propriété était marquée par la tête de dragon cuivrée qui en composait le pommeau. Un fouet qui la suivait depuis ses seize années révolues, alors qu’elle effectuait son service militaire. Un fait qu’elle aurait pu éviter, il est vrai. Là n’avait pas été sa volonté, et si ce fouet avait été son arme usuelle à cette période, avec les années, elle l’avait pieusement reléguée à ses étirements et entraînements, de crainte que son âge ne commence à lui faire défaut. L’idée de s’en défaire ne lui était cependant jamais venue à l’esprit. On ne mettait guère au rebus un présent de cette nature lorsqu’il provenait d’un autre Zaldrīzes Giēñatī.



Déroulant la longe de son fouet, jouant de son poignet pour s’assurer qu’il était bien échauffé, Naema observa une dernière fois ses nombreuses cibles. De combattante, la jeune femme n’avait que quelques marques. Si fouet et lame elle possédait, c’était avant tout pour imposer un certain respect aux créatures qui ne se laissaient dompter autrement. De sa place de femme, Naema n’avait que trop conscience. Un fardeau dont elle se défaisait à l’instant, alors que sa sangle claquait, serpentait, faisait chuter dans le sable ces céramiques déjà fort usées. Gaelya aimait danser. Sa jumelle le faisait par ailleurs d’une manière fort charmante. Alors, Naema l’observait, comme sous le coup d’un profond enchantement. Jamais elle n’avait osé briser un pareil moment par sa présence à ses côtés. Elle était trop pataude pour cela.


Et pourtant, Naema semblait danser, à cet instant. Les claquements et les sifflements de sa sangle lui donnaient une mesure, quoique étrange, sur laquelle se mouvoir. Elle esquivait des attaques invisibles, répondant coup pour coup à ces adversaires inexistants. Une céramique de plus. L’exercice devenait moins aisé. Elle sentait son corps se fatiguer. Mais il lui fallait continuer. Tordre son tronc pour se mettre à l’abri d’un nouveau coup, d’une nouvelle attaque. Car les dragons n’étaient pas les seuls dangers, en bas monde. Il lui fallait aussi faire avec leurs cavaliers. Ou encore les protéger s’ils se retrouvaient blessés. Ses attributions étaient nombreuses, raison pour laquelle le titre qui était le sien était porté par de multiples têtes, et ce, dans bien des familles.


« Qui vient ? » s’enquit la jeune femme, arrêtant net son geste, alors que la sangle de son arme venait de mettre à terre une autre de ses cibles.


Le fouet de la jeune femme claqua une dernière fois dans l’air avant de trouver le repos sur le sable. Ainsi disposé, il ressemblait à un serpent de jais. Un serpent que Naema dompta bien vite, l’enroulant à nouveau, le glissant dans sa ceinture. Ce ne fut qu’après cela qu’elle releva la tête, se figeant à ce moment. La mâtinée était-elle déjà si avancée, pour qu’on vienne ainsi à sa rencontre ? Un visage dont elle reconnaissait certains traits, bien que ces derniers se soient renforcés avec les années, façonnés d’une manière qu’elle n’avait pu imaginer. Un regard perçant, mauve, qu’elle connaissait pourtant bien. Une stature qui lui était inconnue, en comparaison. Et pourtant, Naema esquissa un sourire, presque penaud. Face à sa jumelle, sans doute aurait-elle rit de cette situation. Là, les choses étaient bien différentes. N’était-elle pas dans la demeure de cet homme, dans celle de sa famille ? Avait-il juste connaissance de sa présence, avant de l’apercevoir en ces lieux ?


« … Je pense m’être améliorée, depuis mon service militaire. commenta Naema, sur le ton de la conversation, bien que son sourire laissait transparaître une certaine gêne. Qu’en penses-tu, mon cousin ? »


Leurs âges étaient semblables. Entre eux deux, il n’y avait guère plus de quelques mois d’écart. Aussi, Maekar et elle avaient quitté leur demeure ensemble, afin d’effectuer leur service militaire au même moment. Leurs chemins s’étaient ensuite entrelacés, Oros restant leur foyer, avant de se séparer à nouveau par ces quatre années de guerre. Quatre années de séparation. Il semblait à Naema que cela faisait une éternité qu’ils ne s’étaient pas trouvés face-à-face. Et dire qu’ils avaient grandi ensemble. Qu’il avait été question d’unir leurs vies, en d’autres temps. Une poignée d’années transformée en poignée de poussière, à présent. Car c’était deux adultes qui se faisaient face, désormais.





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Vieux souvenirs font vieux amis.
Maekar Tergaryon & Naema Vaelarys

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.


Si cela faisait à peine deux mois que le Grand Effondrement avait eu lieu, laissant une marque au cœur même de la puissance Valyria, certains s'affairaient déjà à reconstruire les corps et les cœurs meurtris par cette tragédie, car cette nation ne pouvait qu'être grande après tout. Petit à petit la grande place était reconstruire et, citoyen après citoyen, famille après famille, chacun essayait de se reconstruire pour aller de l'avant : la famille Tergaryon ne faisait pas exception à cette règle. Chacun avait son rôle bien défini et, si le jeune Maekar n'était pas sorti de convalescence depuis très longtemps, ce n'était pas une excuse pour lambiner : aussi avait-il décidé de se remettre en forme, activement. Certes ses journées étaient très bien remplies par son rôle de Sénateur mais, que ce soit aux aurores ou avant le coucher du soleil, celui qui était connu comme le Téméraire rejoignait la sécurité du palais familial afin de s'entraîner, jusqu'à ce que son corps ne lui ordonne ne lever le pied. Connaissait-il le principe de se reposer ? Absolument pas et, de toute évidence, il s'était déjà bien trop reposé, dans ce fichu lit d’hôpital.
Le soleil était tout juste levé que déjà le jeune homme, vêtu  d'une simple tunique mettant en valeur son imposante musculature, se dirigea vers la cour lui servant d'entraînement, avec une épée d'entraînement en guise de seul outil dont il pourrait avoir besoin, aujourd'hui. D'ordinaire il était le seul à se diriger vers ce leiu, aussi tôt que cela dans la journée mais, quand les bruits de claquement de fouet parvinrent à ses oreilles, Maekar se rappela qu'il ne serait plus le seul, à présent. En effet, suite au Grand Effondrement son aimée avait décidé de se rapprocher de leurs cousins de la famille Vaelarys, pour accroître leur influence mais aussi pour s'occuper des dragons que la tragédie avait sacrément amochés. Là, face à lui, le jeune homme observa d'un regard scrutateur la jeune sœur de sa propre mère, Naema, dont le talent au maniement du fouet n'était plus à prouver. Elle était arrivée ici depuis quelques jours, accueillie comme quelqu'un de son rang le méritait et, si elle et Maekar n'avaient passés qu'un bref instant ensemble, la voir ainsi amenait un sourire en coin sur ce visage si rude.

Naema allait sans doute mettre un petit moment à s'habituer à son nouvel environnement mais, pour l'heure, elle n'avait pas l'air de s'être habituée à la vie qui régnait dans ce palais. Sinon pourquoi s'inquiéterait-elle de voir quelqu'un perturber sa session d'entraînement ? Le concerné, de sa démarche sèche habituelle, répondit sur un ton qui se voulait léger et rassurant.

« Ce n'est que moi. Il va falloir que tu t'habitues à ma présence.  »

Cela viendrait, rien ne pressait. Certes il était étonné qu'elle ait accepté de venir, si rapidement, mais cela ne rendait pas sa compagnie moins délicieuse. En effet, tout comme lui, Naema avait prouvé sa valeur en faisant ses classes d'armes en même temps que son neveu, ce qui valait le respect évident de ce dernier. Décidément, c'était étrange de considérer quelqu'un de son âge comme sa tante et non pas sa cousine, sans doute était-ce la raison pour laquelle ils s'appelaient par ce titre, afin de ne pas créer un plus grand fossé entre eux deux. Après tout, jadis ils avaient passé un certain temps ensemble, car les liens du sang étaient forts entre leurs deux familles, mais cela faisait au moins quatre années qu'il n'y avait pas eu une telle proximité physique entre les deux parents.
S'avançant jusqu'à une table aménagée pour l'occasion, sur laquelle étaient étalées quelques armes et outils, le jeune homme vint y déposer son propre outil, alors que sa cousine lui demandait son avis sur son maniement du fouet. Posant un regard sur le nombre de cibles réduites en morceau, le Tergaryon hocha la tête, en lui répondant avec une pointe de fierté :

« Ton talent au maniement du fouet est certain, cousine. Tu peux en être fière. »

Lui il était bon avec l'épée, la dague et toute autre variante, mais l'objet maniée par sa cousine demandait de la précision dont il manquait terriblement. Il était un maître épéiste, assurément, mais un guerrier devait parfois admettre sa faiblesse dans un certain domaine plutôt que de laisser sa fierté le pousser à sa perte. Laissant de ce côté ce sujet, pour le moment, adirant le doigté de sa camarade du jour, le jeune homme dégaina sa propre lame d'entraînement dans un bruit sec et clair, passant sa main sur le plat de la lame pour y détecter les éventuelles aspérités, avant de se tourner vers cette qui partageait son sang, en lui demandant :

« Comment se passe ton séjour, ici, jusqu'à présent ? J'espère que cet endroit est à ton goût.  »

Il avait beau ne pas être le plus bavard des hôtes, cela ne voulait-il pas qu'il souhaitait pas que le séjour de la Vaelarys ne soit pas le plus agréable possible. Après tout, il n'avait que de la gratitude pour sa réponse à l'appel de sa sœur et pour ce qu'elle avait sans doute laissé derrière elle.

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Vieux souvenirs font vieux amis.Maekar Tergaryon et Naema Vaelarys.

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.

S’habituer. Le mot était juste. Naema était familière de Valyria, loin s’en faut. Elle y avait déjà accompagné ses frères, s’y était rendue pour rendre visite à ses cousins également. Comment aurait-elle pu refuser ces voyages ? Au-delà du fait de se trouver avec les siens, Valyria était la Ville des Dragons. Dès lors ne pouvait-elle qu’apprécier s’y rendre, voire attendre de tels voyages avec une grande impatience. Les choses seraient bien différentes, à présent. Oros n’était qu’à quelques battements d’ailes de Valyria, et pourtant, la jeune femme ne nourrissait aucune envie de faire à nouveau un tel voyage. Il n’y avait pas qu’à cette demeure, à ses occupants, qu’elle devrait s’habituer. Et pourtant, tout lui semblait préférable à cette vie qu’elle aurait du mener, en d’autres circonstances. Aussi, la Vaelarys esquissa un fin sourire. Comme à la présence de Maekar, elle s’y ferait.


« Me réhabituer serait un terme plus juste, ne penses-tu pas ? Plusieurs années de vie commune ne s’oublient pas si facilement, si tu veux mon avis. Naema se tut quelques instants, comme perdue dans ses pensées. Nous étions si jeunes… Cela me semble remonter à une éternité. »


Une douce et insouciante éternité où seuls les jeux comptaient. Où le monde des adultes leur était inconnu et ne parvenait pas encore à les intriguer, trop intéressés par leurs chamailleries pour y prêter réellement attention. Un passé lointain, révolu. De cela, Naema avait conscience. Et pourtant, il lui arrivait encore de souhaiter goûter à nouveau au doux nectar de l’enfance. A l’époque, il n’existait aucune barrière entre Aekar et elle. Où la guerre n’avait pas encore eu lieu, tout juste était-elle un mot dont ils ne connaissaient pas le réel sens. La Dame Dragon dut cependant quitter ses douces pensées, bien que passées. Maekar avait déposé sa propre arme parmi les autres, son cliquetis brisant l’illusion dans laquelle la jeune femme se trouvait jusqu’alors.


« Venant de toi, ces mots ont une grande valeur, Maekar. avoua Naema, son sourire s’étirant sensiblement. Si la guerre n’est pas parvenue jusqu’à moi dans un sens identique au tien, il y a toujours des dragons à dompter, des dragons sauvages à guider loin de nos demeures ou de nos terres. Aussi ne pouvais-je que faire confiance à mes vieux amis, lorsque nos propres dragons manquaient. »


La jeune femme avait naturellement déposé sa main sur la garde de son arme, comme pour appuyer ses propos. Les armes ne mentaient pas et ne faisaient que rarement défaut à leurs propriétaires. Il en allait de même pour les dragons. Si ces derniers pouvaient se montrer agressifs pour bien des raisons, ils ne l’étaient jamais pour des raisons semblables à celles qui animaient le cœur des Hommes. La guerre avait rendu certaines de ces créatures nerveuses, pour bien des raisons. Tels étaient les combats que Naema avait mené, alors que Maekar et bien d’autres s’assuraient que la Harpie ne parviendrait point à entrer en leur demeure. Après tout ne pouvait-elle pas combattre davantage, en son propre nom, sur les champs de bataille. Abîmée, la Dame Dragon l’était déjà. Les projets de son père auraient pu être irrémédiablement compromis, si elle avait suivi ses désirs de combats.


« Pour le mieux, je te remercie de t’en inquiéter, mon cousin. La main de Naema quitta la garde de son fouet, alors que la jeune femme entreprenait d’étirer ses bras et ses poignets. Le vol d’Hyndrill est toujours sûr. Je lui confierai ma vie sans la moindre hésitation pour m’endormir sur son dos même en pleine tempête. La jeune femme se tut, se perdant, amusée, dans ses pensées. Les Tergaryon présents le jour de mon arrivée ont su m’accueillir comme l’une des leurs et je les en remercie. J’ai eu aussi plaisir à retrouver certains de vos Dragons, bien qu’Hyndrill a été plus heureuse encore que moi de les retrouver. Quant à cette demeure… Naema leva le regard et la paume de ses mains vers le ciel. Je serais bien ingrate pour m’en plaindre ! »


L’espace de quelques instants, le regard mauve s’était posé sur la lame que Maekar venait de dégainer. La convalescence que son cousin avait du subir ne lui était en rien un fait inconnu. Sur bien des points, tous deux se ressemblaient assez. Aussi, Naema ne pouvait que comprendre le besoin que son cousin pouvait avoir de se dépenser, de ne pas rester éloigné de trop de ses armes. Et pourtant, la Dame Dragon ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine inquiétude. Elle-même s’était blessée plusieurs fois, de part sa constitution fragile lorsqu’elle était plus jeune, puis, plus âgée, lorsqu’elle accompagnait leur oncle dans ses pérégrinations. Au-delà des cicatrices qu’elle avait pu en garder, la jeune femme n’avait que trop conscience des conséquences d’un corps affaibli poussé toujours davantage dans ses retranchements.


« Et toi, comment te portes-tu ? » s’enquit doucement Naema, sans détours.


La Dame Dragon savait que Maekar ne tarderait pas à voir là où elle voulait en venir. Que cela soit en quatre années d’absence, ou plus récemment. De ce neveu qu’elle appelait cousin, Naema n’avait, jusqu’alors, que des souvenirs du jeune homme partit au combat. Bien peu de choses en sommes, au vu du nombre d’années qui s’étaient écoulées. Alors, la Vaelarys avait besoin de savoir. De savoir ce que ce compagnon d’enfance était devenu. De le jauger à nouveau. De voir, si au fond de lui comme au fond d’elle, il restait quelque chose de leur passé commun.






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Vieux souvenirs font vieux amis.
Maekar Tergaryon & Naema Vaelarys

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.


Cela ne fut guère difficile pour le jeune Tergaryon d'apprendre à se mettre en retrait par rapport à son aîné, d'apprendre à se taire et réfléchir avant de parler car, au fond de lui, il savait que la retenue était ce qui définissait son moi véritable. Il n'était pas bavard ou expansif, il détestait parler de lui-même ou de ce qu'il avait en tête mais, malheureusement, avec le temps ses sœurs et ses parents avaient appris à lui tirer les vers du nez. Seulement voilà il y avait l'autre morceau de la famille qu'il ne connaissait qu'assez peu, les oncles et les cousins, les tantes et les cousines qui ne le connaissaient que par le prisme de l'homme qu'il fut jadis, l'homme qu'il montrait en public et non celui qu'il était réellement.
Il n'y avait qu'avec Elaena qu'il pouvait retirer le masque qu'il portait en permanence mais, en apprenant l'arrivée de Naema suite au Grand Effondrement, le Tergaryon fut persuadé qu'il aurait à revêtir ce masque plus souvent qu'il n'en avait l'habitude. Jadis ils avaient été proches, aussi proches que pourraient l'être des cousins mais, à présent, il s'agissait de se découvrir ou re-découvrir. Aussi, lorsque la demoiselle évoqua les années communes passées ensemble, évoqua cette vie qui semblait à présent si lointaine, Maekar ne put s'empêcher de commenter :

« Nous étions bien différents, à l'époque.  »

Il était aujourd'hui aussi discret et taciturne qu'il ne fut jadis, sur ce point-là le changement n'était pas très notable, mais sa posture était bien différente. Il n'était plus voûté sous le poids de l'ombre de son défunt frère. Il semblait plus affirmé, plus sûr de lui, plus...solide. Ils n'avaient pas besoin d'en parler pour avoir tous deux conscience de la cause de ce changement : la guerre, la mort.
Alors oui le Téméraire ne pouvait s'empêcher de repenser à cette époque plus insouciante où sa vie était plus simple, où il n'était que l'ombre d'un autre destiné à finir ses jours dans une position stable de second plan. Cette époque où il n'était que Maekar, second fils de la branche cadette des Tergaryons. Cette époque où il ne se reconnaissait plus, à présent mais à laquelle il aurait voulu retourner, pour ne plus être assailli par ses démons qui surgissaient la nuit et, surtout, pour revoir le sourire de son frère aîné une toute dernière fois.

Mais cela n'arriverait pas, il avait accepté depuis bien longtemps cette vérité et ne souhaitait pas y penser plus que nécessaire. Après tout, la mort n'était-elle pas partie intégrante de la vie d'un guerrier ? Il devait l'acceptait, l'absorber, s'habituer à cette douleur et aller de l'avant, au risque de laisser ce vide le consumer entièrement. Alors il écouta les paroles de la demoiselle sur son rôle, sur sa maîtrise des armes et, surtout, sur les dragons qui faisaient partie intégrante de sa vie. Hochant la tête comme pour accepter ces mots, il admit :

« Nous avons chacun notre rôle à jouer j'imagine et, en ces temps sombres, c'est sur la famille que nous nous reposons. Plus que jamais. Je suis soulagé de te savoir à nos côtés, cousine. »

Maekar était avare en compliments et il le savait, mais il devait bien admettre qu'il était rassuré de savoir sa cousine ici. Elle n'était pas fragile comme ses sœurs. Elle était une battante forgé du même métal que lui et, à ce titre, elle pourrait veiller sur sa famille avec lui : cette seule idée lui enlevait un lourd poids des épaules. En vérité, mis à part Laedor et Aeganon, il n'y avait aucun guerrier en qui le Téméraire avait aveuglément confiance mais, Naema, elle, était l'une de ces très rares exceptions.
Il aurait pu garder ce commentaire pour lui, mais à quoi bon ? Il n'avait pas revu la demoiselle depuis si longtemps qu'il lui devait de faire au moins preuve d'honnêteté. La discussion se poursuivit sur le voyage à dos de dragon sur lequel Maekar ne rebondit pas, se rappelant que la pureté partielle de son sang rendait sa connexion avec Kyraxes...difficile. Il n'y avait rien qu'il puisse faire pour changer cela, il ne pourrait jamais avoir totalement confiance en son compagnon ailé et c'était sans doute pour cela qu'il avait poli ses talents guerriers jusqu'à un niveau rarement égalé. Il cherchait à compenser, à savoir se défendre sans compter uniquement sur le feu-dragon.

« Tu es ici chez toi, Naema. Ce qui est à nous est à toi.  »

Il ne savait pas trop comment l'expliquer autrement. Elle faisait partie de la famille, alors ce n'était pas un cadeau qui lui était fait en l'accueillant dans la demeure des Tergaryons, le temps de son séjour. Sa place était ici, avec eux, aussi longtemps qu'elle le souhaiterait. Le sujet dévia ensuite sur le jeune homme, quand la demoiselle vint à s'enquérir de son état. Que pouvait-il répondre, alors qu'il ne savait pas lui-même comment il allait ? Alors qu'il ne savait même pas par quel bout prendre cette question ? Il resta donc là pendant quelques instants, son regard perdu sur la surface de sa cette lame d'entraînement, alors qu'il cherchait quels mots utiliser comme il le faisait toujours, par réflexe.

« J'en suis encore à m'habituer à mon nouveau rôle de sénateur, auquel je ne me reconnais qu'assez peu. Mais, globalement, je vais bien. »

Il allait bien...à qui comptait-il faire croire cela ? Son maintien était peut-être digne, sa stature était peut-être solide, mais Naema ne prendrait pas longtemps à voir que son regard était bien plus marqué et dur que celui du jeune homme qu'elle connut jadis.

« Je vais toujours bien... »

Oui il s'inquiétait pour sa sœur et l'avenir de sa famille, il ne savait absolument pas où il allait,  mais il était en vie et cela lui suffisait pour aller bien. Ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait réellement n'importe qu'assez peu face au seul fait de pouvoir profiter de la vie. C'était ce à quoi il s'accrochait, pour éviter de repenser au reste, pour éviter d'inviter ses démons à pénétrer son esprit.
Se tourner vers la demoiselle, faisant un geste de tête en direction d'une des lames d'entraînement posée juste à côté, il lui demanda finalement :

« Que dirais-tu de quelques passes d'armes ? »

L'exercice était la meilleure méthode qu'il connaissait, pour garder les idées claires.
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Vieux souvenirs font vieux amis.Maekar Tergaryon et Naema Vaelarys.

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.

Différents. Le terme était des plus justes. Plus jeunes et plus insouciants également. Comme Naema regrettait ces douces années, pourtant si peu lointaines d’eux. La guerre contre la Harpie n’y était alors qu’une bizarrerie, un événement difficilement envisageable. Qui aurait pu miser sur leur jeune nation pour combattre ce titan millénaire ? Les Dieux leur avaient fait là un présent de plus. De jeunes années où l’idée même d’une union avec autrui lui semblait inenvisageable, irréelle. A moins qu’elle ne le fut avec Aekar ? Il était vrai que la soigneuse avait longtemps nourri ce vœu, avant de voir ce dernier lui échapper. Si seulement elle avait été dotée d’un caractère plus flamboyant, à cette époque. Sans doute aurait-elle pu renverser cette situation, y trouver une solution qui lui aurait convenu. Qui leur aurait convenu, à son frère et à elle-même. Les faits étaient là. Ils avaient laissé leur enfance derrière eux, courbant parfois l’échine sous ces responsabilités qu’ils avaient du prendre, parfois bien malgré eux.


« Les choses changent, c’est là la volonté d’Arrax. A nous d’y trouver un nouvel équilibre et de nouvelles forces. Tous les changements ne sont pas mauvais dans leur essence. »


Naema esquissa un fin sourire. Elle avait longtemps vécu dans l’ombre, elle aussi. Gaelya était dotée d’une plus grande grâce que la sienne, d’une meilleure santé également qui rendait ses traits plus agréables que les siens. Jamais la jeune femme n’avait été jalouse de sa jumelle, cependant. Là où Gaelya brillait parmi les Hommes et aux yeux du reste du monde, elle avait toujours su trouver sa place parmi les dragons, loin du tumulte. Eux ne voyaient guère l’apparence de la personne qui se trouvait devant eux. Leur regard était plus perçant que cela, jaugeant les humains qu’ils étaient pour la force de leur lien avec eux et par celle de leurs volontés. Naema avait été une fille de plus dans une fratrie déjà trop grande, déjà dotée de deux autres femmes, bien que plus âgées. Une place dont elle s’était longtemps contentée, cette dernière lui permettant de rester assez éloignée du monde pour veiller sur ces dragons qu’elle chérissait tant.


Les choses avaient changé, cependant. A trop rester dans l’ombre, sans doute avait-elle été considérée comme aisément manipulable ? Aisément malléable ? Père avait fait là une bien belle erreur, en la voyant ainsi, s’étonnant sans doute même de son départ pour Valyria. Et pourtant, Naema était bien partie, prenant, pour la première fois, une décision radicale et les rênes de son existence en mains. Aucun homme ne pouvait enchaîner un dragon. Il s’agissait-là de la première leçon que Naema avait appris de son oncle, après que le fait que ce dernier l’ait pris sous son aile n’était plus un doute pour personne. N’était-elle pas une dragonne, elle aussi ? Cette liberté était la sienne et la sienne seule. L’apprivoiser lui prendrait sans doute du temps, mais Aegarax était à ses côtés, la soigneuse en avait la certitude.


« Je l’ai toujours été. assura la jeune femme, en hochant la tête, une étincelle déterminée dans son regard lilas. Je ne pouvais rester les bras croisés en ayant appris que vous aviez été touchés, comme bien d’autres, par un tel fléau. Nous ne portons pas le même nom, il est vrai. Mais vous êtes, tous et toutes, des dragons d’Oros comme moi. Je me devais de répondre présente et de me montrer à vos côtés et de vous apporter mon soutien afin de faire fuir les ombres qui semblent s’abattre sur nous. »


Une nouvelle demeure. Naema avait bien besoin de cela. Si le Palais d’Oros avait abrité de bien heureux souvenirs, la jeune femme ne s’y sentait plus à sa place. Il lui était devenu étouffant, étriqué, un rappel, martelé encore et toujours, qu’en ces lieux, elle ne pouvait être la maîtresse de cette vie qui était pourtant la sienne. Comme Tante Daenerys et Oncle Taemon pouvaient lui manquer, pourtant. De même que le reste de sa fratrie. On attendait un retour de sa part, la soigneuse en avait bien conscience. Un retour qu’elle avait assuré, du bout des lèvres avant de partir sans se retourner. Seule Gaelya avait compris la réelle nature de ce voyage. Leurs esprits avaient toujours été en lien, de part leur naissance jumelle. Si les larmes de sa sœur n’avaient pu que la toucher, la décision de la soigneuse était déjà prise. Elle préférait les cieux étoilés de Valyria aux peintures du Palais d’Oros. Elle préférait les dragons aux Hommes. Elle préférait même une vie d’errance à celle qui lui avait été imposée. Une vie d’épouse bien rangée, faisant mine d’apprécier un homme bien trop différent d’elle pour le bien des convenances.


« Je garderai ces mots à l’esprit, en ce cas. Ils ont d’ores et déjà une grande valeur à mes yeux. Il me tarde de revoir mes anciens protégés. Leur présence manque toujours beaucoup à Hyndrill et à nos autres dragons, lorsque vous vous rendez à Valyria avec vos Frères et Sœurs de Feu. »


L’espace de quelques instants, le regard de Naema se posa également sur cette lame que son cousin dévisageait. Maekar était différent. Les années l’avaient changé, de même que la guerre. La jeune femme avait cependant l’impression qu’il y avait encore autre chose. Sa nouvelle charge au Sénat devait sans doute jouer un rôle dans ce que percevait la soigneuse. Dans l’ensemble, il était vrai que son cousin semblait se porter pour le mieux. Plus encore après avoir vécu ce que tout un chacun nommait le Grand Effondrement. Sans doute s’en était-il mieux sorti que bien d’autres. Il était vrai que Tessarion l’avait doté d’une fort bonne santé et d’une constitution tout aussi bonne. Malgré tout cela, Naema avait l’impression qu’il y avait encore autre chose. Quelque chose sur lequel elle n’arrivait pas à mettre le doigt. Pour le moment, du moins.


« Me poser cette question à moi ? Un franc sourire étira alors les lèvres de la jeune femme. Pourrais-je t’y donner une réponse négative ? Si j’affronte plus souvent des dragons que des hommes, je ne pense pas que ma lame n’ait rouillée pour autant. »


Quoi de mieux pour évaluer un autre guerrier qu’un duel ? Un duel somme toute amical comme Naema ne pouvait en avoir qu’avec les siens. Si son père avait accepté du bout des lèvres qu’elle se dote d’armes pour suivre son oncle, et d’un maître d’armes pour acquérir les compétences nécessaires à leur usage, les combats au grand jour n’étaient pas pour elle. Les femmes combattantes restaient rares, dans leur péninsule. Dès lors, l’idée d’un combat ne pouvait que l’intriguer, l’enchanter d’une certaine manière. Aussi, Naema s’approcha de la table où se trouvait les différentes lames, soupesant certaines d’entre elles. Son glaive était trop aiguisé pour une rencontre amicale. Après quelques instants, la soigneuse semblât avoir trouvé son bonheur dans une lame plus fine que les autres, plus adaptée à sa carrure également. Prenant ses distances avec son cousin, la jeune femme secoua légèrement la tête, détendant ses vertèbres. Après avoir raffermi sa prise sur la garde de sa lame, Naema reprit finalement la parole.


« Que Vhagar veille sur nous et voit dans notre rencontre un spectacle digne de lui. »


Le combat pouvait commencer à présent. Au fond d’elle, Naema savait qu’elle n’avait que peu de chances de l’emporter. Maekar était un homme fait, un homme de terrain qui était revenu couvert de gloire des combats contre la Harpie. Un homme doté d’une carrure qu’elle ne pouvait espérer surpasser. Et pourtant, l’idée de cette rencontre l’amusait. Si sa force était plus limitée que celle de son cousin, comme Hyndrill, elle avait pour elle une souplesse et vivacité longuement travaillée, à même de fatiguer les plus impétueux dragons durant une altercation.






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Maekar Tergaryon & Naema Vaelarys

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.


Lorsque son emploi du temps le lui permettait, Maekar aimait à prendre du recul sur sa vie, à retracer le chemin qu'il avait parcouru pour arriver ici. Dés sa naissance il avait eu un plan en tête, on lui avait dit qu'il serait l'ombre d'un autre et qu'il n'aurait jamais les facilités de cet aîné, qu'il devrait se battre pour créer son propre avenir et c'est ce qu'il fit, en rejoignant les rangs de l'armée de Valyria. Maekar se rappelait du garçon discret et observateur qu'il était à l'époque, de l'insouciance dont il jouissait à l'époque mais qui était désormais totalement absente. Il avait cru pouvoir s'attendre à tout, pouvoir tout endurer et encaisser, mais la guerre avait su le pousser jusque dans ses derniers retranchements, pour le transformer en un être plus froid et brutal qu'il n'avait pensé pouvoir être. Il était inutile de se demander s'il regrettait ce changement parce qu'il ne l'avait jamais demandé, parce qu'il n'avait jamais eu le choix, mais il ne pouvait rester aveugle à ces mêmes changement, surtout face à cette femme qui avait fait partie de sa vie, jadis, lorsque celle-ci était plus paisible et douce. Les choses étaient différentes, à présent, et les deux cousins avaient été contraints de réviser leurs copies pour changer leurs plans...certains de leurs plans, en tout cas, car il existait encore une certitude à laquelle Maekar s'accrochait : Elaena serait sienne, un jour, devant les Dieux et les Hommes.

Naema avait raison. Les Valyriens n'étaient que des pions dans un jeu orchestré par les Dieux. Ils devaient jouer leurs rôles et accepter les changements qui s'imposaient à eux car, au final, le fil de leur était déjà tissé depuis bien longtemps. C'était difficile à accepter pour quelqu'un comme Maekar, pour le guerrier qu'il était, mais il ne pouvait rester aveugle à ce qu'il avait vu, au fil des années éloignées de sa terre natale. Il était illusoire de trouver une logique au chaos qui régnait dans sa vie et, même s'il n'était pas le plus dévot des hommes, il devait bien avouer qu'il y avait un certain réconfort à penser que, d'une certaine façon, ce chaos était né d'une volonté supérieur et que l'accepter lui amènerait la sérénité. Il avait encore du mal à le croire, mais il allait devoir redoubler d'effort au risque de devenir fou, à force de chercher à expliquer ce qui ne pouvait l'être.
Jadis les deux cousins avaient été proches et, si le temps avait su les séparer, leurs vies prenaient racine dans le même sol. Ils n'avaient jamais été prédestinés à être sur le devant de la scène, toujours dans l'ombre d'un ou d'une autre mais, par volonté ou par nécessité, ils avaient accepté et s'étaient adaptés à leurs situations instables. Elle avait appris à évoluer avec les dragons et à imposer son autorité, tandis que Maekar avait appris à faire de même auprès des plus vicieux des animaux : les Hommes. Quelle autre bête pouvait prendre autant de plaisir à répandre mort et souffrance ? Quelle autre bête pouvait tuer, pour autre chose que se protéger ou se nourrir ? Il était donc devenu plus féroce encore, que les bêtes qu'il était censé guider au combat.

Jusqu'à présent il s'était toujours occupé de protéger sa famille sans jamais compter sur personne, sans jamais s'autoriser à le faire en tout cas, mais l'arrivée de sa cousine faisait office de révélation pour le guerrier. Avait-il tort d'agir ainsi ? De vouloir tout contrôler pour que rien ne lui échappe, comme si cela pourrait empêcher l'histoire de se répéter ? Il avait failli avec Aenar, failli avec son père mais il ne faillirait pas avec la famille qui lui restait ! Ainsi, lorsque sa cousine lui assura son soutien et le sens aigu du devoir qu'ils partageaient, lorsqu'elle lui confirma vouloir aider les Tergaryons à traverser cette dure épreuve qui était sur eux, Maekar pencha la tête respectueusement en formulant un simple :

« Tes mots me vont droit au cœur, cousine. »

Le ton n'y était pas, mais était-ce surprenant venant de sa part ? Non, car s'il savait dire ou faire ce qui était attendu de lui, il gardait toujours ses émotions fermement enfermées derrière de hautes barrières. Oui il remerciait sa cousine d'être là mais, trop fier ou trop froid, il ne pouvait admettre à quel point il avait besoin de soutien, en ce moment. À elle comme à quiconque, sang ou pas sang. La conversation dévia ensuite pour mentionner les dragons, point sur lequel le Tergaryon ne voulut rebondir, car il savait que son lien avec Kyraxes était pareil à une lame à double-tranchant. Cette bête pouvait être son meilleur allié ou son pire ennemi, au gré de ses humeurs.
Fort heureusement, le guerrier n'eut pas à s'apesantir davantage sur le sujet, que la demoiselle répondait déjà à cette proposition d'entraînement, par la positive. Doutait-il d'elle ? Non. Il était assez expert pour reconnaître le vrai talent d'un guerrier en quelques mouvements, et il ne lui avait fallut qu'un instant pour voir en ces mouvements de fouet de quoi sa cousine pouvait être capable. Il était simplement curieux de voir ce qu'elle pourrait donner, une épée à la main, mais il se contenta de se cacher derrière un :

« Loin de moi l'idée de mettre tes talents en doute. Peut-être avais-tu simplement d'autres plans, pour aujourd'hui. »

Après tout, ne voulait-elle pas profiter de ce lieu et de ce luxe, plutôt que de s'entraîner avec le guerrier de la famille ? Il y avait tout de même de plus intéressants moyens de passer le temps. Enfin bon, elle avait acceptait et il devait donc s'en réjouir. Attrapant une lame d’entraînement qu'il soupesa un instant, il se tourna vers sa partenaire du jour, avant que les deux opposants ne foncent l'un sur l'autre. Certes Maekar était expérimenté, il connaissait son affaire et ses premières frappes en était la preuve, sèches et sans hésitation, mais ce qu'il avait en force était contrebalancé par l'agilité de sa cousine. Elle ne faisait pas l'erreur de vouloir parer ou bloquer brutalement ses coups mais, au lieu de cela, choisissait l'esquive ou la déviation pour ne pas opposer sa force à celle du Téméraire. C'était bien, elle savait prendre les bonnes décisions et, durant ce qui lui parut être une éternité, Maekar fit voleter sa lame dans les airs, parant à son tour les attaques rapides et précises de Naema jusqu'à ce que, après un énième échange, les deux opposants prennent un peu de distance.
Sentant le feu grandir en lui, la lame toujours fermement tenu dans sa main, Maekar prit une profonde inspiration et tourna son regard vers sa cousine, hochant la tête comme pour reconnaître silencieusement son talent, avant de briser le silence d'un :

« Je ne sais pas qui de Vhagar ou Tessarion devrait garder un œil sur toi. Ton style est aussi fluide qu'une danse, et pourtant terriblement efficace. Tu m'impressionnes, cousine. »

Leurs styles étaient différents, et c'était en cela que cet échange était intéressant. Riche d'enseignements pour le vétéran, en tout cas. Il avait cru pouvoir y aller doucement, pouvoir retenir ses coups tout en restant capable de donner le change mais, de toute évidence, il se trompait. Naema avait travaillé trop dur pour que son cousin lui manque de respect, de la sorte, en y allant avec le dos de la cuillère comme il l'avait fait, juste avant. Il aurait pu mettre cela sur le compte de la vie au Sénat, mentir en disant qu'il était rouillé mais il n'en était rien. Ainsi, il  ferma les yeux un instant, sentait grandir un peu plus ce brasier dans sa cage thoracique jusqu'à ce que, enfin, il n'avoue :

« Il est clair, à présent, que je peux y aller plus sérieusement, face à une telle opposante. La retenue n'est pas nécessaire, ici.  »

Lorsqu'il rouvrit ses yeux, ses prunelles étaient teintées d'une lueur plus sèche et déterminée que celle présence, jusqu'à présente. Là, devant sa cousine, se présentait enfin celui qui avait mérité ce titre de Téméraire, celui qui avait mérité d'être considéré comme un héros de guerre. Refermant sa poigne tout autour du manche de son arme d'entraînement, le Tergaryon se pencha légèrement en avant, lame tendue vers l'avant en une position d'estoc, attendant l'arrivée de sa cousine pour la seconde partie de cette danse brutale.


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Vieux souvenirs font vieux amis.Maekar Tergaryon et Naema Vaelarys.

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.

Quatre années. Il semblait pourtant à Naema qu’une éternité s’était écoulée. Une profonde langueur l’avait envahie, bien que mélancolie était sans doute un terme plus adapté encore. Adepte du stylet, du fouet et du glaive, la jeune femme s’était imaginée rejoindre les rangs de l’armée à cette occasion. Son père l’avait cependant gardé à ses côtés, son oncle lui enjoignant par la même occasion à se plonger dans d’autres grimoires. Cela avait plongé ses sens dans une profonde léthargie, son esprit se perdant dans les affres de la scolastique et de la dialectique, tantôt seule, tantôt sous la férule de son mentor et oncle. Et y regarder de plus près, la soigneuse se demandait si tout cela n’avait pas été un piège. Dame Dragon expérimentée, Naema l’était. Hélas, la guerre avait envoyé bien de ses protégés au loin, ne laissant qu’une poignée d’entre eux dans son cheptel. A la flétrissure de l’âme s’était alors ajoutée celle du corps.


L’ombre ne lui convenait plus. Naema y étouffait, s’y sentait comme étranglée. Là où un dragon aurait usé de son souffle sur les murs de sa cellule jusqu’à les rubéifier, elle avait laissé éclater sa colère. Une colère profonde, mue par toutes ces années où elle avait été oubliée, mue par cette lumière qu’on lui avait volé, par ce mariage qu’on lui avait imposé. Un dragon ne s’unissait pas avec une tortue. Naema était un dragon, dans tous les sens du terme. Un dragon qui était longtemps resté endormi, ne se souciant jusqu’alors nullement des chaînes qui étaient pourtant les siennes. Une dragonne qui se révélait aussi agile sur le sol qu’Hyndrill pouvait l’être dans les cieux. Oncle Taemon avait raison. C’était sa dragonne aux écailles de crépuscule qui lui avait donné la force de survivre, qui avait rendu son existence moins terne. Qui lui avait offert cela et bien d’autres choses, en définitive. Qui aurait pu croire, à cet instant, qu’elle était née chétive au point que, des années durant, ses jours semblaient avoir été en danger ?


Alors, Naema dansait, virevoltait. Il n’y avait guère que l’agilité pour contrer un adversaire dont la force physique était avérée. De multiples fois avérée, dans les faits. A la suite de ses mouvements mesurés, sa lame glissait, fendait l’air. Dans les faits, la soigneuse ne cherchait pas à prendre le dessus. Ses qualités martiales étaient connues. De certaines personnes, du moins. Aussi, la jeune femme savait qu’elle n’était pas capable d’un exploit tel que le fait de mettre en difficulté le Téméraire. Aussi le jaugeait-elle, profitant de sa plus fine carrure pour éviter ses coups, pour l’attaquer sous des angles qu’elle était la seule à pouvoir atteindre. Durant son service militaire, il lui était arrivé d’avoir à se défendre face à d’autres recrues. Elle avait par ailleurs été la source de quelques paris, non pas sur ses compétences, mais sur le temps que son adversaire mettrait pour la défaire. Malheureusement, ces paris c’étaient montrés bien peu lucratifs pour ceux qui jouaient ainsi. Quant à Naema, elle avait pu profiter de ces quelques Vermax acquis sur sa tête pour ses propres desseins, n’en déplaise aux mauvais parieurs.


« Je te retourne le compliment, cher cousin. lâcha Naema, alors qu’elle profitait d’une accalmie dans leur duel pour se reculer d’un pas. Bien que je n’en doutais pas, le Téméraire est un surnom qui te sied pour le mieux ! Il me faudra aller remercier Tyraxes, Vhagar et Tessarion pour cette rencontre. »


A la fin de sa tirade, Naema esquissa un sourire. Les joues rendues quelque peu rubicondes par l’effort, la jeune femme s’apprêtait à reprendre sa danse là où elle l’avait laissée. Les propos de Maekar enraillèrent cependant son élan. Ainsi, les choses sérieuses débutaient. La soigneuse aurait du s’en douter. Dès lors raffermit-elle sa poigne sur la garde de son arme, modifiant ses appuis par la même occasion. Sa lame était plus courte et plus légère que celle maniée par son cousin. Au-delà de préoccupations sommes toutes physiques, Naema n’avait pas la musculature pour manier une arme aussi lourde que celle de Maekar, il s’agissait également du type d’arme qui correspondait au mieux à son style de combat. Cet avantage risquait de devenir un inconvénient, à présent qu’elle devait rengager la lutte.


« Ainsi ai-je réussi à réveiller le dragon. plaisanta Naema. Mais soit, tu n’es pas le premier que j’affronte. Comment puis-je refuser le défi que tu me proposes ? Les Dieux ne me donneront pas tous les jours l’opportunité d’affronter le Téméraire ! »


Sa lame représentait toujours un inconvénient. Mais elle ne s’avouerait pas vaincue pour autant dès à présent. Maekar lui faisait là comme une sorte de présent. Naema en avait bien conscience. Aussi se devait-elle de faire davantage honneur à ce duel qui les opposait. Une telle rencontre était revigorante. Il n’y avait pas là d’autres termes. Alors, la soigneuse s’élança à nouveau, lame devant. Face à un dragon, il n’y avait parfois pas de meilleure solution que d’agir ainsi. Après avoir esquivé tant de coups, il fallait également savoir les rendre.






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Maekar Tergaryon & Naema Vaelarys

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.


Si Maekar avait rêvé d'autres destinations, d'autres futurs pour lui et sa famille, cela faisait bien longtemps que ces idées avaient été écrasées, pour qu'il ne reste que poussière. Il avait beau essayé de remonter dans le temps, de plonger dans sa mémoire, il ne se rappelait pas d'un temps où il avait voulu autre chose que de servir son pays et sa famille, en laissant de côté toute ambition personnelle. Certains connaissaient cet homme comme un frère, un général, le Téméraire et un sénateur, plus récemment, mais le Tergaryon restait un guerrier avant toute chose, un soldat pour qui la bataille était l'endroit où il se sentait le plus vivant, lorsque sa vie était sur le fil du rasoir. Bien entendu la pays était revenue et il avait été contrait de ranger son épée pour enfiler une toge,  pour continuer à servir sans prendre les armes et, si ce changement lui déplaisait profondément, une fois encore Maekar préférait se taire et se draper du masque de maintien et de réserve qui lui allait comme un gant. Alors oui il était fatigué de ne pas se sentir à sa place dans cette ère de paix, fatigué d'avoir l'impression d'être un outil obsolète, à présent, mais crier sa frustration à la face du monde ne changerait rien, alors il continuait de s'entraîner jour après jour, pour ne surtout pas oublier d'où il venait.
Certains disaient que la guerre les avait brisé, leur avait ôté tout ce qui les rendait humains, les privant de leur futur et de leur santé mentale. Si Maekar avait aussi perdu, il préférait se consoler en se disait que ces quatre années d'affrontements perpétuels n'avaient fait qu'aider à révéler l'homme qu'il était réellement. Un roc, un guerrier, un colosse que rien ni personne ne pourrait briser. Un homme qui ne se battait pas par goût pour le sang et les cris, mais bien un individu uniquement guidé par son sens absolu du devoir. Il ne pouvait et voulait pas oublier tout ce qu'il avait fait pendant ces quatre années, voilà pourquoi il continuait de s'entraîner jour après jour, alors qu'en journée il remplaçait son ancienne armure par sa toge de sénateur. Il s'était pour avoir le droit de rengainer son épée, certes, mais cela ne voulait pas dire qu'il laisserait la politique lui faire oublier qui il était vraiment.

Contrairement à sa cousine, l'ombre convenait parfaitement au jeune Tergaryon. Il y avait toujours trouvé le calme et la tranquillité dont il avait besoin, pour faire le ménage dans son esprit. Malheureusement, depuis la mort de son frère il n'avait plus d'ombre dans laquelle il pouvait se cacher. Il devait donc affronter la lumière, de plein fouet, sans cligner des yeux ou se plaindre, car la lumière était à présent son destin et le Tergaryon devait accepter la volonté des Dieux. Aujourd'hui il avait une partenaire d'entraînement, ce qui était un changement agréable mais, lorsque leur premier échange toucha à son terme, lorsque la demoiselle tint à le féliciter pour ses talents en mettant en avant le titre qui était le sien, Maekar haussa les épaules d'un air absent, en répondant simplement :

« Ce n'est qu'un titre, rien de plus. Je suis juste trop têtu, pour mourir. »

Il n'aimait pas ce titre, il n'aimait pas qu'on le mette au-dessus des autres simplement parce qu'il était plus têtu que la moyenne. N'était-il pas un soldat, avant tout ? N'était-il pas lame de plus, dans les rangs de cette glorieuse armée ? Alors oui, avec le temps il avait accepté ce titre et ce qu'il pouvait en tirer, mais le Téméraire n'était qu'une petite portion de l'homme qu'il était, réellement. Maekar Tergaryon, lui, ne se montrait que pleinement en présence de Elaena, et personne d'autre.
Seulement voilà, cet échange avait au moins permis au guerrier de se réveiller, si bien qu'il désira un autre échange mais, cette fois-ci, avec l'intention de ne pas y aller de main morte comme précédemment. Sa cousine, partageant le même feu que lui, tint à relever ce défi et, avant même qu'ils ne s'en rendent compte, les deux guerriers se ruèrent l'un sur l'autre, avec une évidente détermination dans le regard.
Lame contre lame, corps contre corps, une tempête de coups déferla dans cette cour à une vitesse surprenante, chaque guerrier dévoilant son expertise avec une maestria impressionnante. Seulement voilà, au fur et à mesure de cet affrontement l'esprit du jeune homme le ramena quatre années en arrière et, si au départ son regard était froid et glacial, cet échange vint réveiller en lui une colère qu'il pensait disparue et enfouie depuis longtemps. Chacun de ses coups était plus franc, plus appuyé, plus expéditif, comme s'il se pensait de nouveau à la guerre et, enfin, après un énième échange, le colosse, le fléau de Bhorash désarma son adversaire, abattant son épée en direction du coup de son opposant, comme s'il s'agissait d'un soldat du Vieil Empire.
Il ne frappait pas pour s'amuser mais pour tuer. Pour tuer ses doutes et ses démons, pour tuer celles et ceux qui s'en prendraient à sa famille mais, fort heureusement, son esprit reprit conscience de la réalité, parvenant à stopper sa lame à quelques centimètres de sa cible, ses main tremblant sous l'effort fourni pour arrêter ce coup bien trop dangereux pour un simple entraînement. Laissant tomber sa lame à terre, lourdement, Maekar se détourna de sa cousine, lui tournant le dos en s'excusant d'un :

« Pardonne mon emportement, cousine. Il semble que le feu de Vhagar brûle toujours en moi.   »

Il était en colère, constamment en colère sans connaître l'origine de ce brasier destructeur. Vers qui était dirigée cette rage ? Lui-même ? Son frère ? Son père ? Le Vieil Empire ? Les Dieux eux-mêmes ? Il n'avait jamais réussi à trouver la réponse, mais maintenant que le calme revenait, maintenant que son sang cessait de bouillir, Maekar retrouvait un peu de clarté d'esprit. Se dirigeant vers une table où une vasque d'eau avait été posée, le guerrier y plongea la tête pour clarifier sa tête, avant de demander à sa cousine :

« Que penses-tu que les Dieux ont prévu, pour nous, à l'avenir ? »


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Vieux souvenirs font vieux amis.Maekar Tergaryon et Naema Vaelarys.

Palais Hoskagon & An 1066, mois 7.

Le combat avait changé de nature.


Naema s’en rendait compte à chaque seconde qui s’écoulait, à chaque battement de cœur qui animait sa poitrine. Les chocs et les fracas s’enchaînaient à une vitesse effarante. Et la soigneuse répondait à qui mieux mieux, sans coup férir. Cette guerre, la jeune femme aurait voulu y participer. Comme elle aurait voulu modifier bien des choses dans son passé. D’homme, elle avait tout sauf le plus important aux yeux de leurs contemporains, semblait-il. Les armes seules ne mentaient pas, à ce sujet. Du sexe, elles ne se souciaient guère. Seule la finesse de la maîtrise et la force qu’il était possible d’un glisser comptaient. Alors, la Vaelarys esquissa un mouvement de recul, profitant de cette occasion pour prendre une bouffée d’air. Ses poumons criaient au supplice. Mais le combat se poursuivait. Il devait se poursuivre. Car jamais Naema ne déclarerait forfait.


Laissant échapper un rugissement, Naema bondit à nouveau. Tel un fauve, elle se glissa sous un nouveau coup, croisant à nouveau le fer avec son cousin. Les crocs serrés, le regard enflammée, la dragonne devenue lionne brûlait. Elle brûlait de ses propres sentiments, refoulés. De cette personne qu’elle avait toujours voulu être mais qu’elle ne pouvait devenir. Qu’elle pensait ne jamais pouvoir devenir. Les armes ne mentaient pas. Elles ne mentaient jamais. Elles faisaient ressortir le pire comme le meilleur de chacun. Elles pouvaient tuer, comme protéger. Les minutes s’étiraient de plus en plus, encore et toujours. Les combats ne duraient jamais bien longtemps. Le poids de l’équipement finissait toujours par avoir raison des guerriers. Dans les arènes, les affrontements ne duraient guère plus d’une trentaine de minutes. La Dame Dragon avait perdu le compte de la durée de leur duel. Tout cela n’était que quantité négligeable, alors que les coups ne cessaient de pleuvoir.


Sans doute aurait-elle du se montrer plus à l’écoute de son corps. A l’écoute de ses muscles qui brûlaient sous sa peau. A l’écoute de sa peau, qui laisseraient bientôt s’écouler davantage de sang que d’eau en guise de sueur. A ses phalanges qui blanchissaient à vue d’œil, à force de tenir fermement son glaive et d’encaisser des coups que plus d’un n’aurait pu soutenir. Sans doute Naema aurait-elle pu se montrer plus observatrice, si la rage du combat n’avait pas pris le dessus sur son esprit pourtant si vif. Car le dernier coup qui lui fut asséné, la jeune femme ne pouvait l’éviter. Comme s’il n’avait s’agit que d’un fétu de paille, son glaive fut projeté en-dehors de sa poigne, s’écrasant dans le sable de la palestre.


D’un coup d’un seul, le sang de Naema se refroidit alors, de même que son esprit. Ses prunelles lavandes s’écarquillèrent, à la fois de peur et de surprise, alors que la jeune femme voyait le prochain coup venir. Il n’y avait plus d’esquive possible. Aussi leva-t-elle l’un de ses bras, espérant vainement que les bracelets de cuir, couverts d’écailles de dragons, parviendraient à encaisser une partie du choc qu’elle allait recevoir. Un choc qui ne vint pas, contre toute attente. Car Maekar avait, de justesse, retenu ce qui aurait pu être le coup de trop. Le coup fatal, bien que la Vaelarys occulta bien volontiers ce fait. Bientôt, la lame adverse tombait à son tour sur le sol. Alors, Naema baissa son bras plié, déglutissant tout d’abord avec difficulté.


Portant sa main droite au niveau de son épaule gauche, la jeune femme se saisit du haut de son articulation, l’activant de cette manière, comme pour en chasser ses courbatures. Le regard posé sur le sable, Naema ne porta pas son attention sur son cousin. Ce dernier semblait agir d’une manière proche, si ce n’est semblable. Leurs regards s’évitèrent quelques secondes, la jeune femme se dirigeant finalement jusqu’à sa lame, la récupérant d’une main. Les sourcils de la soigneuse se froncèrent, alors qu’elle repérait une fine fissure dans le métal. Leur duel avait décidément été plus intense qu’elle ne l’avait imaginé jusqu’alors. Avec un haussement d’épaules, la jeune femme déposa la lame parmi les autres. La fissure ne semblait pas être d’une grande gravité. Il en faudrait davantage encore pour rendre la lame inutilisable.


« La frayeur est déjà oubliée, cher cousin. Naema esquissa un sourire, alors qu’elle étirait ses bras en direction du ciel, entrecroisant ses phalanges pour étirer la partie supérieure de son corps. Il en faudrait davantage pour me refroidir réellement les sangs. Cessant de s’étirer, la jeune femme se massa quelques instants la nuque. Cela faisait longtemps que je n’avais pas croisé le fer ainsi. La soigneuse se laissa aller à un rire. Je me dois de me faire discrète à ce sujet, lorsque je me trouve à Oros, pour toutes les raisons que tu peux imaginer. »


Naema n’était pas une femme du Nord. Si elle pouvait envier leur liberté, le pouvoir qu’elles pouvaient tenir entre leurs mains, la jeune femme n’en restait pas moins profondément fière de l’héritage qui courait dans ses veines. La soigneuse tenait son lien avec Hyndrill pour plus précieux que tout l’argent que les Vaelarys pouvaient posséder. Elle était une femme du Sud. Une femme du Sud qui tenait à sa patrie. Qui n’avait pas hésité un seul instant à effectuer son service militaire, là où Gaelya avait demandé à en être épargnée. Un fait pour lequel Naema n’avait jamais pu tenir rigueur à sa jumelle. Gaelya était la douceur faite femme. Le monde des armes, avec sa dureté inhérente, n’était pas pour elle. Sa jumelle avait donc été rassurée d’apprendre qu’elle resterait à Oros, l’année de leur seize ans.


« L’avenir ? Naema porta une outre qu’elle avait apporté avec elles à ses lèvres, dégustant une gorgée d’eau avant de la refermer. L’avenir… répéta-t-elle, songeuse. Je t’avoue ne guère y songer. Il m’a toujours semblé terriblement opaque, terriblement décevant également à certains égards. Le sourire de la jeune femme s’était comme terni. Je ne peux qu’espérer que les Dieux seront compatissants, à présent. Pour nous comme pour Valyria. Que le Grand Effondrement ne sera bientôt plus qu’un lointain et mauvais souvenir. Mais je suppose que tu ne parlais pas de cela, n’est-ce pas ? »


Il ne s’agissait pas tant de l’avenir mais de leurs avenirs respectifs. Un avenir qui leur avait été sans doute trop longtemps été volé, à lui comme à elle. De leurs avenirs en tant que Sénateur, héros de Valyria ou de Dame Dragon pour sa part. D’épouse, peut-être ? Une pensée bien acide pour la soigneuse. Jamais elle ne pourrait accepter une pareille chose. Se soumettre n’était plus dans ses idées. Retourner à Oros ? Qui pourrait l’y contraindre, à présent qu’elle se trouvait ici ? Bien peu de personnes. Qui plus est, Naema ne quitterait pas les lieux avant que sa mission ne soit achevée. Seul son frère aîné pourrait peut-être trouver les mots justes pour qu’elle retourne à ses côtés. Gaelya avait également ce pouvoir sur elle, sans aucun doute. Naema doutait qu’elle en fasse l’usage, cependant. Elle était la seule à avoir compris. La seule à garder le silence, à voir dans son départ autre chose que cette mission qu’elle avait présenté à leur famille.


« Ce que j’aimerai pour l’avenir… Naema leva les yeux en direction du ciel. Ce que j’aimerai pour l’avenir… La jeune femme finit par hausser les épaules. Hélas, bien des choses mon cousin. Les Dieux seuls sont cependant à même de m’offrir des réponses aux questions qui sont les miennes. Un sourire compatissant étira alors les lèvres de la soigneuse. Que dirais-tu que nous en reparlions plus tard, mon cousin ? L’heure avance, et je me dois d’aller retrouver mes petits protégés. Mais tu es bien sûr le bienvenu si tu souhaites m’accompagner. »


Une réelle douceur perçait dans la voie de la Vaelarys, alors qu’elle prononçait ces mots. Elle espérait que Maekar accepterait sa proposition. La nature de son lien avec son dragon était particulière, à bien des égards. Une chose fréquente, chez les personnes dont le sang se révélait mêlé. Dès lors, Naema ne pouvait qu’encourager un rapprochement entre ses cousins et leurs dragons. C’était là la seule manière de renforcer le Lien. Aussi quitta-t-elle la palestre, tout en fredonnant. Les cieux les attendaient.





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