et Saerelys Riahenor.
Le grand jour approchait.
Un grand jour que Saerelys redoutait de plus en plus, alors que ce dernier approchait. Ses noires pensées se faisaient alors de plus en plus insidieuses, venimeuses, prenant un malin plaisir à la tourmenter de jour comme de nuit. Seule la douce et protectrice étreinte d’Aedar arrivait à les faire fuir l’espace de quelques heures, afin qu’elle puisse trouver le sommeil. Que se passerait-il, lorsqu’elle serait loin des siens ? Ces ombres tenteraient-elles de s’en prendre à eux ? Ses runes suffiraient-elles à les tenir en respect, de même que le feu de leurs dragons et la lumière de leurs auras ? Les coudes appuyés contre la rambarde du balcon sur laquelle sa chambre donnait, Saerelys ne put retenir un soupir. Comme elle aurait souhaité trouver une autre solution… Hélas, l’honneur qui lui était fait et la tâche importante qui lui incombait désormais ne lui permettaient aucun écart. Refuser ce voyage, refuser son soutien à leurs alliés, n’était en aucun cas une chose envisageable.
De légers pas se firent alors entendre. Nullement surprise, Saerelys arqua tout de même un sourcil. Ainsi, la journée était bien plus avancée que ce qu’elle n’avait pu imaginer jusqu’alors. Se retournant délicatement, la novice posa ses prunelles améthystes sur la jeune femme qui se tenait là. Armure légère, armes, air sérieux, Ëlan était pour le moins ponctuelle. Si la Dynaste avait eu de grandes difficultés à se faire à la présence d’une garde qui lui était attitrée, quand bien l’un de ses cousins en faisait désormais partie, fort était de constater que la jeune femme qui se trouvait là ne lui avait jamais fait défaut. Aussi s’approcha-t-elle d’elle, à pas lent, son lourd tablier de cuir noir masquant la grâce de ses mouvements.
« Je te remercie d’être venue à moi aussi vite, Ëlan. La jeune femme esquissa un léger sourire, malgré la faible étincelle qui luisait dans son regard. Tu n’es pas sans savoir que le Collège requiert ma présence en d’autres lieux que Valyria prochainement. Aussi me faut-il réunir les derniers ingrédients qui pourraient venir à me manquer, afin que mon voyage se passe pour le mieux. M’accompagnerais-tu auprès de certains commerçants de ma connaissance, afin que je puisse achever mes préparatifs ? »
Ëlan était attachée à sa personne depuis le Grand Effondrement. Dès lors ne pouvait-elle que la suivre comme son ombre dès que la situation le nécessitait. Et ce, de son plein gré ou à son insu. Saerelys était en effet persuadée d’avoir entraperçu la fine silhouette de sa garde attitrée alors qu’aucune demande n’avait été formulée de sa part. L’humilité du Collège avait cependant eu de nombreux effets sur la jeune Dynaste, qui préférait s’assurer que l’autre jeune femme soit réellement dans la possibilité de lui prêter main forte, et non point l’y forcer. Après tout, l’ancienne orpheline ne répondait pas qu’à ses ordres. La novice ne pouvait qu’imaginer le fait que sa propre mère faisait ses propres recommandations à la jeune femme qui veillait sur elle désormais.
Il y avait cependant autre chose, dans cette demande que Saerelys avait formulé. Ces quelques emplettes, bien d’autres auraient pu s’en charger pour elle. Son mentor en guérison aurait pu aisément lui procurer les plantes et les remèdes dont elle aurait pu avoir besoin, c’était un fait. Il lui fallait plus que cela. Il lui fallait une aide qu’elle ne pouvait trouver sans attirer les soupçons. Ëlan était fidèle. Elle l’était comme ces autres gardes que sa famille avait élevé au fil des générations. Le Conseil avait été clair, à ce sujet. La réelle raison de leur absence ne devait pas s’ébruiter. Seules des rumeurs seraient propagées, pour expliquer ce fait. Dès lors, la jeune femme ne pouvait se tourner vers l’extérieur, pour obtenir ce qu’elle désirait. Une arme. Il lui fallait une arme. Une arme discrète, loin de ces lames en acier valyrien que sa famille pouvait posséder. Une arme qui ne laisserait point présager de sa réelle nature. Une arme qu’elle pourrait manier malgré son manque d’expérience.
« Qui plus est, je pourrais avoir besoin de ton aide et de ton expertise sur certains sujets. Il te faudra cependant me promettre de garder le silence, à ce sujet ! »
Le ton de la jeune femme s’était fait comme malicieux. Un masque qu’elle portait pourtant avec douleur et fatigue. Cette lame la protégerait elle, du moins si Tyraxes acceptait de veiller sur elle. Qui veillerait sur Rhaelys, si ces ombres reparaissaient. Que se produirait-il si ses runes n’avaient pas l’effet escompté ? Que se passerait-il en son absence, alors qu’elle était sans doute l’une des seules à connaître la réalité des choses sur ce monstre qui hantait les bas fonds de leur si belle Cité ?
( Gif de comeheremarcello. )