On ne peut guère prétendre que Valerion Qoherys soit un homme comme les autres. N'était-ce d'ailleurs pas cela qui l'avait hissé jusqu'aux plus hautes instances de Valyria ?

Né dans une famille de marchands richissimes, le jeune Valerion n'avait eu pour horizon que le commerce familial et un mariage adéquat permettant à sa famille de réhausser encore leur prestige. Objectif auquel il parvint finalement mais mis en péril par son caractère. En effet, depuis son plus jeune âge l'homme n'a jamais accepté de suivre les ordres de ses pairs et a choisi très tôt d'être maître de son destin. La ville de Mantarys qui l'avait vu naître fut rapidement son terrain de jeu favori. Pas un soir ne se passait sans qu'il ne soit vu au bras d'une magnifique jeune femme, et il n'était guère du genre à discriminer, de la princesse étrangère à la prostituée, il les exhibait toutes sans honte ni prétention. Voyez-vous, Valerion n'était pas un homme à femme, il n'était pas homme à courir après le prestige, oh non. Valerion était un amateur de la beauté de ce monde, de la grâce, de cet élément presque divin conféré à certains êtres bénis.

C'est la recherche de ce Beau qui le mena hors des frontières de Valyria, dans un de ces voyages initiatiques qui commençaient à être populaires auprès des jeunes hommes aisés de la péninsule. Il commença par les terres des Rhoynars, découvrit avec enthousiasme le royaume de Sarnor, tissant au fil de ses découvertes des liens commerciaux solides avec certains des marchands et seigneurs de ces terres étrangères. Toute réticence première était aisément vaincue par son éloquence et ce charme dont il usait sans peine ni vergogne.

Il découvrit finalement les Andals, ce peuple que l'on présentait souvent des âmes poétiques dans des corps de soldats. C'est ici qu'il rencontra celle qui allait bouleverser sa vie. Elyna. Une magnifique noble andale de plus de dix ans son ainée. Il était d'une beauté étrange, jeune, charmant et sûr de lui, elle était indépendante et belle, différente et exotique à ses yeux. Une femme, une vraie. Ils vécurent une histoire passionnée et dramatique, de ces histoires dont on sait qu'elles ne dureront pas mais resteront un souvenir éternel.

Quelle ne fut pas la surprise de son patriarche lorsqu'il revint avec, dans les bras, un fils, et... aucune épouse. Dramatique histoire, nous l'avions dit. Valerion avait cependant appris de nombreuses choses extrêmement utiles. C'est au cours de l'un des nombreux banquets auquel il continuait à assister avec plaisir qu'il rencontra Taenys, veuve malheureusement et chef de la famille Qoherys, bien malgré elle. Rapidement, la présence du beau et fougueux Valerion devint essentielle à Taenys, et nombreux étaient les murmures lorsque la vieille femme, de nature plutôt austère, se présentait au bras d'un homme de trente ans son cadet, issu d'une famille certes riche mais guère noble et père d'un petit garçon aux traits terriblement andalos.

Peu importait. Taenys avait près de 45 ans. Elle avait vu ses fils mourir, un à un, de maladie, de faiblesse chronique, et finalement son pauvre mari, lui aussi, l'avait quitté. Courtisée par de nombreuses familles car étant l'héritière légitime des Qoherys, elle avait décidé de s'unir à Valerion. S'il ne devait lui rester qu'un être, autant qu'il soit charmant.

Les négociations furent bien rapides. C'était une opportunité inespérée, Valerion, fils de marchand, deviendrait un Qoherys, une famille certes simple mais noble du Nord de Valyria. Il était entendu qu'il prendrait le nom de sa femme. Il ne prendrait guère la suite de son père à la tête des affaires familiales, mais il apporterait la richesse aux Qoherys. Son fils illégitime vivrait avec eux. Là était la volonté de Taenys, ou du moins celle que lui avait soufflé Valerion. Ils essaieraient d'avoir un enfant, un fils, mais si cela devait ne pas fonctionner, le jeune Jaekar serait toujours là. Lui.

Aujourd'hui personne ne saurait dire si Valerion était un être brillant et manipulateur, ou bien s'il avait bénéficié d'une chance insolente. Aucun cependant ne saurait nier sa puissance. Une puissance unique à Valyria. Ce fils de marchand, ayant grandit dans l'or mais loin de la pourpre, était devenu grâce à son épouse un chef de famille noble, un sénateur, un membre du Conseil des Cinq. Un destin que personne n'aurait osé lui promettre. Un passé que personne n'oublie cependant. Un homme ayant pris le nom de sa vieille épouse, devant son prestige à la faiblesse d'esprit d'une veuve éplorée, jouant de ses charmes comme aurait pu le faire une femme. Les critiques sont nombreuses... mais à peine murmurées.

Valerion, à 48 ans, n'est plus le jeune homme fougueux qu'il fut, il n'en reste pas moins un des hommes les plus courtisés de Valyria. Veuf, charmant, d'une beauté mûre surprenante, il n'a rien perdu de son goût de Beau. A son habitude, il fréquente les fêtes les plus prestigieuses et décadentes de la péninsule, séduisant sur son passages jeunes vierges et veuves esseulées. Ayant écarté aisément les quelques héritiers plus ou moins lointains de la famille Qoherys, il en est à présent maître, sans qu'aucune voix n'ose s'élever contre lui. C'est donc son fils, Jaekar, l'homme à la chevelure d'ébène, qui est appelé à lui succéder.

Cousu d'or et gonflé d'ambition, Valerion voit dans le chaos qui suit la mort de Lucerys Arlaeron une grande occasion de rafler un pouvoir sans limite. Il organise la création d'une faction offrant une troisième voie à l'affrontement inévitable entre les Bleus et les Rouges. C'est la naissance des Jaunes, qui défendent l'établissement d'un pouvoir autoritaire et personnifié à Valyria... autour de la personne de Valerion.

Chronologie de Valerion Qoherys depuis le Triomphe de Valyria:

Il est toujours difficile d'être le fils de son père, mais l'obstacle est bien plus grand pour Jaekar, né d'un père dont le destin provoque autant le respect et la moquerie, mais aussi d'une mère dont il ignore tant et dont les origines sont considérées comme inférieures. Jaekar était donc né batard sans nom, et fut élevé au rang d'héritier de la modeste mais noble famille Qoherys, et ce parce que son père avait séduit une femme faible et seule. Jaekar devait-il pour autant avoir honte de ses origines ? De son physique différent ? Du fait de ne pas posséder de dragon ? Comment le pourrait-il lorsqu'il disposait de tant de pouvoir et de richesse ?

Loin de se plier à la doctrine Valyrienne qui affirme que le dragon est le siège de toute la puissance Valyrienne, Jaekar a bien vite compris que si rien ne pouvait venir à bout du feu dragon, il était aisé de venir à bout des réticences humaines. Jaekar n'a pas de dragon et sa naissance est aisément moquée, mais il dispose d'atouts tout aussi puissants. Le charisme, hérité de son père, dont il use et abuse pour se faire des alliés utiles. Son intelligence, qui lui permet d'élaborer des stratégies toujours plus précises pour avancer ses pions. Son sens de la moralité plus que personnelle qui lui permet d'arriver à ses fins par tous les moyens possibles. Et enfin son affinité avec les pratiques magiques qu'il maîtrise quelque peu lui-même mais surtout dont il détecte rapidement la puissance chez d'autres.

A présent que son père est arrivé au rôle suprême de la société Valyrienne, il semble qu'il ne reste plus à Jaekar qu'à se construire une place dans ce monde. Il ne tient pas à rester le fils de son père toute sa vie. Constamment entouré de ses fidèles hommes de mains et de jeunes mages pressés de faire leurs preuves, il compte bien se faire une place au Sénat. C'est d'ailleurs une affaire pressante, car il voit récemment défiler les jeunes femmes auprès de son père et il n'est dupe de rien : le vieil homme cherche à se remarier et à produire un héritier qui serait le pur produit d'un sang Valyrien... Autrement dit un héritier acceptable par la société pour le siège de sénateur des Qoherys.

Jaekar en est sûr : son père le tient au haute estime. Mais il ne doute pas non plus de l'ambition de son père de voir son héritage entre des mains solides et non contestées... Une ambition sans doute davantage assurée par un héritier valyrien que par un héritier bâtard conçu avec une vulgaire Andalos. Jaekar tente de considérer ses opportunités, un mariage prestigieux pourrait lui assurer une position confortable, peut-être même un accès facilité au Sénat ; se débarrasser d'un sénateur faiblard pourrait être une deuxième option... Et si finalement tout doit échouer et qu'il est dans l'obligation de faire en sorte de rester le seul héritier de son père... Il ne tremblerait pas.

Au terme de son expédition désastreuse dans les tréfonds valyriens avec Aelarys Targaryen, Jaekar a eu la surprise de voir son père biologique lui administrer des reproches limités. Il jurerait même avoir décelé une lueur de fierté et de satisfaction dans les yeux de son paternel lorsqu'il lui conta les événements du Grand Effondrement.

Jaekar voit avec satisfaction les événements tourner en faveur de son père, et de ses propres intérêts. Il soutient sans réserve les Jaunes et déploie son réseau de crapules au service de ces derniers.

Chronologie de Jaekar Veltheon depuis le Triomphe de Valyria: