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Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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Dragons de faïence
Jaehaegaron & Aerys

Drivo, le Sénat – bureau du Sénateur Maerion - An 1066, mois 12

Aerys n’était guère un habitué du Sénat. Depuis sa jeunesse et ses premiers pas dans le vaste complexe gouvernemental qui régissait la vie de tous les habitants de la Péninsule valyrienne, Aerys n’avait jamais eu de cesse de se sentir impressionné par l’austérité des lieux. Drivo était bâti pour saper tout détermination à lutter contre l’Etat. C’était le nid du pouvoir des Valyriens, le cœur battant de tout la politique de la République. Y siéger était autant un honneur qu’une responsabilité et les deux étaient écrasants. Cela faisait des siècles que les Maerion siégeaient et jouaient de leur influence pour promouvoir, défendre et surveiller leurs intérêts à Valyria. Depuis plusieurs années, c’était l’héritier du siège familial qui officiait comme Sénateur par intérim. Jaehaegaron, premier fils d’Arraxios, était l’un des cent quarante membres du Sénat valyrien depuis l’élection de son géniteur au poste de Lumière de Sagesse, quelques mois avant l’entrée en guerre de Valyria contre Ghis.

Général de l’armée valyrienne, héritier de l’une des grandes familles nobles de la capitale, sénateur : Jaehaegaron était à plus d’un titre un frère écrasant pour Aerys qui, selon lui, luttait pour rassembler les miettes que voulait bien lui laisser sa famille. Depuis le Grand Effondrement, toutefois, les choses avaient changées. Le réseau des Maerion était compromis, infesté par des traîtres à la solde d’un agent inconnu. Outil fondamental de l’influence des Maerion à la capitale et dans le pays tout entier, leur réseau souterrain était inopérant depuis plusieurs mois et chaque jour qui passait faisait décliner le prestige familial. Il était stratégique de le remettre en ordre de marche et ce chantier avait été confié à Aerys par son père. Il était devenu impossible de mener de front les opérations officielles de la famille et leur empire criminel. Arraxios avait donc décidé de scinder en deux les affaires familiales. Jaehaegaron, en tant qu’héritier, s’occuperait de toutes les fonctions et affaires publiques des Maerion. Aerys, moins connu en société, plus discret, aurait la charge de contrôler les sbires de la famille. Toutefois, cette famille devenue en partie bicéphale devait encore trouver son fonctionnement de croisière. Les deux frères ne s’appréciaient guère mais devaient œuvrer ensemble pour le bien des leurs. Aerys soupçonnait leur père d’avoir mis ce plan en branle pour rapprocher ses deux fils.

Bien décidé à enfin avoir une discussion franche au sujet de leur famille, Aerys avait décidé de surprendre son frère en allant le voir directement au Sénat. Chaque représentant qui siégeait sous la coupole de Drivo disposait d’appartements de fonction et d’un bureau à la cour draconique qui lui permettait de mener ses affaires directement sur place et de rencontrer ses homologues et certains pétitionnaires. Arrivé devant la porte du bureau de son frère, Aerys poussa la porte sans s’annoncer. Ce bureau, estimait-il, était autant sien que celui de Jaehaegaron car il était lié au siège héréditaire familial. Certains auraient pu arguer que le bureau appartenait au Sénateur et que ce n’était en aucun cas Aerys, mais il ne s’en préoccupait guère. Son rôle comme dirigeant des affaires occultes de sa famille avait donné à Aerys une grande confiance en lui et il ne souhaitait plus vivre dans l’ombre de l’héritier. Il s’installa d’office dans un fauteuil disposé en face du bureau de son frère, étendant ses jambes tout en soufflant bruyamment. Il regarda autour de lui, scrutant les détails de la pièce.

« Eh bien mon frère, tu n’es décidément pas à plaindre. Je devrais venir ici plus souvent, ce bureau est vraiment somptueux. Imagine les appartements des Lumières pour que Père ait souhaité quitter cet endroit. Enfin ! Souhaitons qu’il soit réélu, sinon cela ne signifie-t-il pas que tu vas te retrouver sans emploi ? Il reste Sénateur titulaire et toi seulement l’intérimaire, c’est bien cela ? »



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Dragons de faïence
Jaehaegaron & Aerys

Drivo, le Sénat – bureau du Sénateur Maerion - An 1066, mois 12

Il n’y avait guère que quelques mois que Jaehaegaron avait réellement pu prendre ses marques en tant que Sénateur siégeant au nom de la famille Maerion, en lieu et place de son auguste père. La Trahison de Bhorash n’avait pas juste ébranlé le monde valyrien dans ses petites habitudes, elle avait également marqué une coupure nette et impitoyable dans l’esprit et dans la vie de l’aîné Maerion. Si à présent les séances ordinaires au Sénat avaient repris leur cours dans leur ineffable tradition, le regard vif et clair de Jaehaegaron n’était plus tout à fait le même sur ces vieilles pierres à l’âme aussi vénérable qu’écrasante. La lueur d’excitation impressionnée, la braise scintillante de cette volonté à se montrer à la hauteur, avaient été remplacées par un feu plus tranché : la détermination et l’âpre conviction d’assurer sur ses épaules, des responsabilités difficiles à porter mais dont il se sentait capable d’assumer même les plus rudes revers.

Autrefois, il aurait arboré ce sourire éclatant d’une jeunesse voulant bien faire en s’attelant à la tâche en entrant dans les quartiers qui, par intérim, étaient présentement les siens. Aujourd’hui, il tenait davantage de l’austérité des lieux, les traits lisses et insondables, figés en une expression à mi-chemin entre une amère férocité, à peine contenue par son regard attentif, et un authentique sourire en coin sarcastique. Comme si rien ne saurait jamais l’atteindre, car rien ne saurait entacher la blanche colombe. L’armure était savamment construite depuis toutes ces années à apprendre, à observer, puis à prendre son envol. Pour survivre, il avait vite compris qu’il fallait savoir prendre des coups. Et les rendre au centuple le moment venu.

Même quand ces coups provenaient de son propre frère.

En soi, rien de bien étonnant, songea-t-il en reconnaissant le pas faussement conquérant de son cadet. Bien qu’à moitié absorbé par ses différentes lectures en vue de la préparation des élections pour la prochaine Lumière, Jaehaegaron avait appris à reconnaître les membres de sa famille entre mille. S’il rendait hommage à chaque nouvelle aube aux Quatorze pour que leur lumière et leur sagesse éclaire les âmes des Hommes face à l’évidence de la réélection de son père, le jeune homme n’était pas dupe pour autant et s’échinait à travailler sur les alliances des uns et des autres, et de trouver ce qui saurait faire basculer les indécis dans le bon camp. La tâche ne serait pas des plus aisées mais, loin d’en faire une fatalité, c’était là un nouveau défi qui se présentait aux Maerion. Voilà ce qui animait sa façon énergique de prendre des notes alors même que la porte de son bureau s’ouvrait presque avec fracas sur Aerys.

Sa main ne ralentit pas dans son mouvement et son visage resta obstinément concentré vers sa tâche, ignorant ostensiblement le nouveau venu, qui semblait oublier les bases de la politesse depuis quelques temps. Jaehaegaron ne laissa rien paraître de l’agacement qui lui tenaillait le corps, perceptible cependant pour le malheureux calame dans sa main, qui aurait couiné d’inconfort s’il avait eu une voix. A la place, c’était plutôt Aerys qui n’en manquait pas, de voix. Surtout pour ne rien dire. L’ainé continuait à écrire comme si le jeune homme n’était qu’un fantôme, un esprit qui s’exprimait dans le vide, dans une diatribe stérile à laquelle seul un silence pesant et particulièrement austère répondit. L’instant sembla s’éterniser dans le marbre même de cette pièce si éminente et, il était vrai, si somptueuse d’apparat. Jaehaegaron y était peu sensible à vrai dire, il n’appréciait guère le mauvais goût ostentatoire qui visait seulement à impressionner. Il avait pris soin de garder la décoration telle quelle pour s’inspirer de l’esprit de son père qui continuait à régner dans ce lieu.

Ce petit manège cessa enfin lorsqu’il posa son calame dans un geste consciencieux, puis roula avec patience le parchemin qu’il noircissait de notes. Ce ne fut qu’au terme d’un rangement minutieux que l’ainé des Maerion consentit à relever son regard glacial vers son frère. Bien des choses les séparait et, il était vrai, Jaehaegaron n’était probablement pas le fils prodigue tant espéré en ce qui concernait d’établir des relations chaleureuses avec son cadet.

« Souhaites-tu venir en tant que scribe, mon frère ? Ou préfères-tu tenir le rôle d’histrion ? Père fera ce qui lui semblera le plus juste pour les intérêts de notre famille. Mais, pour notre bien à tous, et celui de nos oreilles en particulier, je préfère ne pas envisager la défaite tout de suite. »

Car ce n’était pas une histoire d’emplois qui serait le plus à craindre si Arraxios n’était pas à nouveau la Lumière de Valyria. Cela dit, dans cette hypothèse tragique, Jaehaegaron s’en sortirait sans trop de heurts :

« Je suis loin d’être condamné à une existence oisive, Aerys. Aurais-tu oublié que je reste un général de notre belle armée ? La guerre est peut-être terminée, mais il reste néanmoins du travail pour ne pas sombrer dans de nouvelles périodes de chaos. Les lauriers de la notoriété ne me quitteront pas si vite, ne t’inquiète pas. »

Il concluait d’un sourire narquois, une moquerie qui lui fit légèrement froncer le nez avant de retrouver un sérieux imperturbable. Trêve de plaisanteries, souhaitait-il saboter son discours ou y avait-il une véritable raison à sa présence ?

« En quoi l’humble Sénateur intérimaire peut-il t’être utile ? As-tu une plainte ou une requête à faire remonter au Sénat, à propos de tes sombres activités ? »


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Jaehaegaron & Aerys

Drivo, le Sénat – bureau du Sénateur Maerion - An 1066, mois 12

Le cadet des Maerion n’avait jamais apprécié les interactions qu’il avait avec son frère aîné.

A chaque fois qu’il discutait avec lui, il finissait invariablement par se sentir stupide. Il n’était pas moins né, pas moins intelligent (selon lui), et pourtant la conclusion était toujours la même. Jaehaegaron parvenait à chaque fois à lui répondre avec subtilité et intelligence. Au fond de lui-même, Aerys ressentait le poids du manque d’éducation par rapport à l’héritier des Maerion : il avait été formé pour être au service de ce dernier. Et il pouvait déployer des trésors d’efforts pour se montrer à la hauteur, Jae’ était bien trop comme Père. Ce dernier avait sans doute œuvré avec soin en ce but et il avait parfaitement réussi.

Alors que la guerre était terminée, que la campagne pour la réélection de Père était en cours, le véritable test était maintenant prêt pour être lancé sur les deux fils. Ils avaient chacun des responsabilités à endosser et des objectifs pour servir au mieux leur famille. Il n’y avait plus personne pour arbitrer entre eux et ils allaient devoir fonctionner comme un tout : de leur coopération, la fortune des Maerion dépendait. Et celle-ci avait d’ores et déjà été bien malmenée. Bien que Père ait décidé de séparer les activités légales de l’organisation criminelle qui faisait la réputation des Maerion, Jaehaegaron restait l’héritier et Aerys gardait un sens aigu de la famille. C’était la raison pour laquelle il avait renoncé avec autant d’empressement à sa promise. Il ne tenait pas à provoquer de la dissension dans sa famille. L’intérêt du nom et du sang passait avant les siens. Il restait fidèle.

A la dernière question de son frère, il fit une moue en pinçant les lèvres tout en haussant légèrement les épaules.

« Tu dois savoir que notre réseau est sérieusement compromis. Quand bien même il s’agit de mon domaine, il est important que tu saches ce qu’il se passe. Ne serait-ce que pour que tu ne fasses pas de promesse – ou de menace – inconsidérée. »

S’étirant avec nonchalance, Aerys se gratta le sommet du crane cherchant où commencer. Il replaça l’une de ses mèches argentées derrière son oreille droite : signe qu’il réfléchissait à la meilleure façon de présenter une réalité. L’estimation de la corruption du réseau des Maerion l’avait accaparé depuis plusieurs semaines. La situation était critique dans la mesure où la plupart des agents ne pouvaient être absolument dignes de confiance. Aerys, largement soutenu et accompagné par Hordar Kihzeznis, s’était attelé par reconstruire un réseau dans le réseau en faisant venir des membres loyaux à des familles clientes extérieures à Valyria. Les quelques fidèles dont la loyauté ne pouvait être mis en doute et qui résidaient à la capitale et dans ses environs immédiats avaient également été sollicités, ainsi que les vétérans comme le vieux maître d’armes de Castel Maerion qui avait initié  Jaehaegaron et Aerys aux arts de la guerre. Malgré cela, la situation restait difficile et les capacités d’action des Maerion étaient pratiquement nulles.

« J’ignore ce que Père t’a raconté à ce sujet, donc autant reprendre du début, si tu veux bien. Lors du Grand Effondrement, Lucerys Arlaeron et moi-même avons été attaqués par des membres renégats du réseau devant lesquels je me suis pourtant identifiés. Cela ne les a pas arrêtés. Sans Œil d’Argent, je ne serais probablement plus de ce monde, à vrai dire. »

L’évocation de tels souvenirs mettait Aerys mal à l’aise, car ils appuyaient sur le moment où il avait été plus que vulnérable, blessé par l’effondrement et pratiquement cloué au sol par la dague d’un homme de son père.

« Ce que tu ignores peut-être, c’est que ces traîtres poursuivaient un homme. Le jeune Targaryen qui a prévenu le Sénat de l’assaut sur Mhysa Faer : Aelarys. Lucerys l’a tout de suite reconnu car, de ce que j’ai compris, il était son aide de camp pendant la guerre ou que sais-je. Depuis, il a disparu. J’ignore quels sont les soupçons du vieil Arlaeron mais je peux te garantir qu’il n’a pas mis la main dessus. Le type semble s’être volatilisé. J’ai envoyé Hordar rôder un peu autour de sa forteresse familiale mais il n’y a pas été aperçu. Peut-être qu’il s’y terre, ou peut-être qu’il a quitté le pays. Arlaeron pense qu’il a joué un rôle dans le Grand Effondrement… ce qui contredirait la thèse officielle d’un effondrement lié à l’activité volcanique et aux wyrms. »

Trouvant un sérieux renouvelé par la gravité de son explication et par l’intensité des souvenirs que cela mobilisait chez lui, Aerys reprit une posture plus studieuse et se pencha vers son frère.

« J’imagine qu’il est inutile de t’expliquer la somme considérable d’ennuis que nous vaudrait une fuite quant à l’implication de notre réseau, même noyauté, dans cette catastrophe. »

Se calant au fond de son siège, Aerys regarda son frère avec une froide détermination. Joignant les mains sur ses cuisses, il annonça de but en blanc ses intentions :

« J’ai besoin que tu te renseignes discrètement sur ce qui se dit des Targaryen au Sénat. J’ignore s’ils y ont un siège, s’ils sont clients de quelqu’un ici ou s’ils ont simplement des contacts. Mais plus nous en saurons sur eux, plus nous pourrons localiser cette anguille. Les Arlaeron sont également sur la piste du petit boueux, et mieux vaudrait que nous le trouvions les premiers. »



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