Le Deal du moment :
Blue Lock : où acheter le Tome 22 ...
Voir le deal
12 €

avatar
Invité
Invité

Aeganon Bellarysft. Richard Madden
Pseudo/surnom : Into the Wild
Âge : 24 ans, toutes mes dents (dont une de lait …)
Pays/région : Paris
Comment as tu connu le forum ? C’est Valou qui m’a appâté, il m’a eue à coups de gifs de dragons.
Un parrain ou marraine ? /
Crédit avatar et gifs : droits réservés
Quelle est ta pâtisserie préférée ? /
Un dernier mot pour la route ?DRACARYS !
avatar
Titres : Seigneur-Dragon Bellarys, Sénateur
Âge : 27 ans
Lieu de naissance :  Résidence Bellarys, à Rhyos
Situation maritale :Célibataire, longtemps promis tacitement à sa sœur benjamine Maera, depuis la mort en couches de sa sœur cadette et épouse de son frère jumeau, il a été décidé qu’elle succéderait à leur sœur Aenerya dans la couche de l’aîné, dépossédant donc Aeganon de sa fiancée.
Statut du sang : Pur, bien que son arrière-grand-mère ait été une Rhoynar. Tâche sur le blason Bellarys, visible encore aujourd’hui dans la chevelure sombre de la plupart des membres de la lignée, que les Bellarys s’efforcent d’effacer depuis pour regagner la puissance de leur sang en favorisant les mariages incestueux pour l’héritier désigné, voire un cadet, les autres enfants servant à fortifier les alliances avec l’extérieur.
Type de personnage : Inventé
Groupe : Armée - Faction Militariste
Caractère : Brave ֍ Emporté ֍ Fine Lame ֍ Cruel ֍ Tacticien ֍ Dissimulateur ֍ Inspirant ֍ Avide ֍ Gouailleur ֍ Vulgaire

A l’origine, les Bellarys étaient une famille noble, ancienne et fortunée, du sud de Valyria, mais qui avait accumulé certaines déconvenues et affaires douteuses suite à des choix peu avisés des patriarches. En conflit avec son paternel, l’un des cadets de la famille, Maegor Bellarys, finit par claquer la porte et décida de tenter sa chance à Rhyos, dans le centre de Valyria, espérant profiter de l’essor commercial de la ville. Mal lui en pris : seul et sans appui familial, malgré son talent, il ne put que voir, impuissant, les marchés les plus juteux avec l’extérieur lui échapper. Le salut vint d’une rencontre au cours d’un banquet avec la fille d’un riche prince rhoynar de Sarnoy en visite pour affaire, qui éprouva immédiatement une vive inclination à son endroit. Bien que répugnant à courtiser en dehors du sang valyrien, Maegor se résolut à prendre l’opportunité, et convainquit le futur beau-père de ses qualités. L’affaire fut conclue. Nymeria Malaryan devint son épouse.

A partir de là, les Bellarys profitèrent de ce partenariat juteux, de leur sens des affaires et de leur ambition revancharde pour gagner du terrain. De générations en générations, ils tissèrent des liens commerciaux toujours plus à l’ouest, remontant la Rhoyne de comptoir en comptoir pour atteindre Andalos. L’extinction de la branche principale des Bellarys, lorsque le dernier héritier mourut d’une apoplexie dans un bordel de la capitale, en raison de sa constitution souffreteuse, ne redora pas leur blason mais leur permit de faire main-basse sur de nouvelles ressources.

A la tête d’un important réseau commercial essentiellement dédié au commerce d’épices de l’ouest au sud d’Essos, et à travers toute la côte ouest de Valyria, Jaegor Bellarys, petit-fils du fondateur de la branche cadette, désormais aînée par le truchement du sort, consolida fortement ses positions, arrivant à se placer comme l’un des plus influents marchands de la guide des épices, et à force d’intrigue et de largesses pécuniaires, comme un Sénateur à la Flamme, sa plus grande fierté. Pour lui, le choix de son successeur ne pouvait se faire que sur le mérite. Alors quand sa sœur-épouse lui donna des jumeaux, il résolut de les éprouver dans une compétition féroce.

Cette dernière, néanmoins, ne fut guère difficile à trancher. Daemor, le premier-né, manifesta très vite les plus grandes qualités de gestionnaire là où le deuxième jumeau, Aeganon, n’avait ni le calme, ni le talent, ni … rien de tout ce qui faisait un bon gestionnaire. C’est ainsi que Jaegor privilégia Daemor, en faisant son héritier. Dépité, Aeganon partit s’engager dans l’armée ou, contre toute attente, il se fit une place de choix, aidé par le redoutable dragon qui l’accompagnait et avait jadis appartenu à son arrière-grand-père.

Militariste convaincu dans une famille civiliste – souvent par opportunité afin d’accroître les infrastructures indispensables à leur commerce, mais parfois par réel soucis de la grandeur des villes valyriennes – Aeganon a été choisi pour siéger comme sénateur de l’armée, appuyé par le chef de la faction militariste, Lucerys Arlaeron, dont il fut l’aide de camps durant la guerre contre le Vieil Empire, là où son frère occupe le siège réservé à la famille.

Adeptes des mariages incestueux pour l’héritier désigné de la lignée afin de laver la « tâche » que fut l’entrée du sang Rhoynar dans leur famille, qui marque encore le physique de plusieurs de ses membres et souvenir de leur ancienne position comme seigneurs du sud, les Bellarys ont ainsi vu Daemor épouser la première des deux jeunes sœurs de la fratrie, Aenerya . Morte en couches récemment sans avoir pu donner un enfant viable à Daemor, ce dernier a donc été fiancé à leur seconde sœur, Maera, qui avait longtemps caressé l’espoir d’épouser Aeganon, projet qui paraissait avoir été remis au goût du jour depuis sa récente gloire acquise sur les champs de bataille. Le dernier frère, Taekar, encore très jeune, a été promis au Collège de Magie. Quant à Jaemor, le patriarche Bellarys n'en parle jamais, bien heureux que la honte que fut sa naissance ait été lavée par son destin au service de Syrax.

Famille :

➝ Maegor Bellarys  † ∞ Nymeria Malaryan (Rhoynare)†
Leurs enfants, dont :
➝ Taeganon Bellarys † ∞ Saelys Bellarys, sa sœur-épouse †
Leurs enfants, dont :
➝ Jaegor Bellarys  ∞ , Saerya Bellarys, sa sœur-épouse
Leurs enfants :
➝ Daemor Bellarys (héritier désigné) et Aeganon Bellarys, jumeaux
➝ Aenerya Bellanys, sœur-épouse de Daemor et décédée en couches
                  ➝ Leur fils Taeganon dit le Jeune, mort en très bas-âge
➝ Jaemor Bellarys, dit "Le Calciné", consacré au culte de Syrax
➝ Maera Bellarys, fiancée à son frère Daemor et son jumeau Taekar Bellarys, apprenti mage au Collège de Magie.

Nom du Dragon : Astyrax
Age :  102 ans
Couleurs : Rouge sombre, tirant sur le noir par endroit
Brève description :  Astyrax est un Ancien, ayant été le compagnon de vie pendant 85 longues années de Maegor Bellarys, jusqu’à son décès. Alors que tous pensaient qu’il retournerait à la vie sauvage, il s’est interposé durant l’Epreuve du Feu du second arrière-petit-fils de son précédent maître : Aeganon Bellarys. Il a veillé sur le petit garçon durant de nombreuses années, devenant cette présence immense et familière, cette ombre géante mais jamais écrasante qui paraissait, sans cesse, l’observer, pour vérifier qu’il avait fait le bon choix. Ce dragon est la prunelle des yeux d’Aeganon, qui a conscience que sa position est en grande partie due à la présence de son comparse à écailles … et à sa formidable force de frappe. Pour autant, ce serait là un résumé bien trop rapide du lien qui unit Aeganon et Astyrax.

Déjà, les impulsions tactiques d’Aeganon sur le champ de bataille doivent beaucoup à Astyrax, qui est de ces vieux prédateurs au sang-froid, ayant appris à ferrer leur proie, à l’observer puis à fondre sur elle pour mieux l’annihiler. Astyrax est rusé, sournois, patient, bien loin de son emporté d’humain. Mais leur lien est indestructible : le vieux dragon est le partenaire indispensable d’Aeganon, et la fureur de ce dernier réveille les ardeurs de ce roi des cieux centenaire, dans une paire qui attend le placement idéal avant de déchaîner toute sa fureur. Rien ne ravit plus Aeganon que de voler avec Astyrax, et l’inverse est probablement vrai.

Imposant, la Terreur Rouge, comme certains le surnomment, est une montagne de muscles et d’écailles à la gueule prête à déverser des torrents de feu. Cette puissance colossale, largement utilisée durant la guerre contre le Vieil Empire, a son revers : Astyrax est une cible très tentante sur un champ de bataille, et il n’a pas l’agilité de dragons plus petits, capables de manœuvres en un éclair. Cela lui a valu quelques blessures, au cours de sa longue existence, dont il porte les stigmates.

A noter que Jaelyx, le dragon de son frère Daemor, est issu d’Astyrax, renforçant un peu plus le lien entre les jumeaux.
Autres dragons de la famille : /
Que pensez-vous de l’esclavage à Valyria ? REPONSE ICI
Quel futur envisagez-vous pour votre personnage au sein de Valyria ? REPONSE ICI
Voyez-vous d’un bon œil l’influence de l’armée à Valyria ? REPONSE ICI







Anciennes questionsMémoire d'anciennes idées

L’Empire de Ghis n’a pas vu que Valyria était devenue forte, et l’a payé. Nous avons consolidé nos stratégies et en avons développé. Avec les bons outils, la bonne organisation, rien ne nous résisterait, et le peuple se réjouira de voir les richesses s’accumuler, comme il applaudit déjà le fruit de nos victoires. Cependant, une telle entreprise ne pourrait être réalisable que si des changements sont impulsés dans notre société. Nous avons bâti Valyria sur le repli et la défense. Désormais, tous nos voisins savent ce que nous valons, et la crainte que nous inspirons se changera tôt ou tard en haine, car là est le vrai cœur des hommes. Nous devrons être prêts. Et j’entends faire en sorte que ce soit le cas.


La victoire est une bonne chose, mais de nombreuses rumeurs circulent quant à la façon dont cette paix a été signée. Certains disent que les Cellaeron ont un peu trop frayé avec les Ghiscaris, d'autres disent que le Conseil a été bien lâche de ne pas traiter directement avec la Harpie. Et vous ?Je ne sais qui a culbuté Cellaeron, mais si cela a pu nous amener quelque avantage, grand bien lui fasse, et ma foi, je suis là pour montrer la vraie valeur des Valyriens dans ces arts à ceux qui en auraient douté suite à ses prestations ! Plus sérieusement, si Cellaeron a trahi, on saura enfin quel goût à le jambon rôti. Si ce n’est pas le cas, rien à dire. Comme si tous ceux qui l’accusaient avaient le derrière propre !


Le grand butin de guerre de celle remportée contre les Ghis est incontournablement l'arrivée des esclaves à Valyria. Cette nouveauté a-t-elle réveillé votre intérêt ou au contraire, vous a-t-elle dégoûtée ? Ces esclaves sont nos ennemis défaits, qui ont applaudi aux massacres des nôtres durant la trahison de Borrash. Malheur aux vaincus. Qu’en aurions-nous fait ? Les rendre aux leurs, après tout ce que nous avons subi ? Intégrer leur souillure à notre sang ? L’esclavage résout bien des soucis. Ils n’auraient pu être citoyens de notre glorieuse République. Les inférieurs sont à leur place : ils se rendent utiles et réparent leurs fautes collectives par le labeur. Du reste, ils m’ont bien servi. On ne sait à quel point un homme peut être reconnaissant face à celui qui lui cède une beauté nubile.


La vie reprend un semblant de cours dans la péninsule et avec elle, les inimités de tout temps. Et vous ? Vous semble-t-il juste que les grandes dynasties des Fondateurs soient relayées au second plan ? Les grandes familles issues du développement de la démocratie ne menacent-elles pas l'équilibre de cette dernière ? Devrait-on entendre d'avantage les voix plus timides, qui ne demandent qu'à être entendues plus franchement ? Je ne suis pas né d’une de ces grandes familles, je n’ai pas même été désigné comme héritier et pourtant, à Drivo, je compte bien entendre ma voix. Mais je ne suis pas idiot. Ces « voix timides », mieux vaut qu’elles rejoignent l’avis d’un Grand. Personnellement, j’ai choisi le mien. Cependant, que l’on ne s’y trompe pas : plus l’armée aura du pouvoir, plus les hommes comme moi pourront s’élever. Et plus le pouvoir sera aux mains de ceux suffisamment habiles pour s’en emparer, et non pas nés avec tous les atouts pour y parvenir.

avatar
Invité
Invité

Aoha vestriarzir


Alangui sur le moelleux divan, Aeganon Bellarys observait, manifestement fasciné, la danse suggestive de l’hétaire qui lui faisait face, dont les expressions sulfureuses ne rendaient presque pas justice aux élancements douloureux que pouvaient provoquer les voluptés à peine voilées de son corps dévoilé. La moue bravache, presque goguenarde, le Seigneur-Dragon passa sa main sur sa cuisse, lentement, avant de la retirer face au regard de son hôte, qui avait lui aussi le regard rivé sur la belle depuis le début du banquet. Imperceptiblement, il sentit quelques personnes se tendre, tant il était connu que les défis amusaient plus que tout cet homme qui avalait goulûment l’existence à pleines dents, la mordait même avec gloutonnerie, voire avec une envie féroce et insatiable d’en remontrer à tous, comme pour effacer tant d’années de mépris. Il prit sa coupe de vin, et la porta à ses lèvres, non sans saluer la superbe créature … puis d’ouvrir le geste vers son momentané rival, et de partir dans un rire gras pour l’interpeller sur les charmes tentateurs de ses courtisanes. Il enleva sa main inquisitrice, et alors seulement, le soulagé hôte répondit à ses exclamations, l’enjoignant à honorer les dieux selon les coutumes, pour rendre justice à ses victoires. Bientôt, le bouillant soldat accrocha l’intérêt d’une autre danseuse, et il la laissa onduler du bassin devant lui, attirant à nouveaux quelques commentaires sur ses légendaires appétits. L’homme, c’était vrai, avait la réputation d’être un séducteur patenté, ainsi qu’un adepte fervent de Meleys. A moins que ce ne soit de Syrax, tant son amour pour les libations excessives ne connaissait point d’égal. Pourquoi se serait-il privé, avait-il coutume de répéter, hilare ? Jeune, il avait pu compter sur la richesse de sa famille, et sur son joli minois. Désormais, l’intérêt avait changé : la couche d’un Seigneur-Dragon victorieux, d’un homme qui entrerait bientôt au Sénat de Valyria, cela ne se refusait pas. Ou peu. On murmurait qu’il n’aimait pas qu’on lui résiste. Qu’à Ghis, durant le pillage de Meereen, il avait pris tellement de femmes à l’ennemi qu’il avait désormais plus de bâtards qu’on aurait pu en compter. Et qu’il avait offert celles qui lui avaient déplu à Astyrax, son gigantesque dragon. On murmurait beaucoup, de toute manière, sur Aeganon Bellarys. Fils d’une famille qui avait eu une réputation douteuse, du moins sa branche principale, parfois grimés en « camelots » par certaines mauvaises langues pour leur fortune reconstruite dans le commerce des épices, son caractère ombrageux avait rapidement marqué, dans cette lignée d’animaux à sang froid, de redoutables négociants et de fins diplomates. Quelques persifleurs avaient, fut un temps, insinué qu’à force d’être à ce point dissemblable de ses siens, il ne pouvait y avoir qu’un mélange de sang plus important que ce qui était annoncé. Par sa mère tiens. Inutile de préciser que de telles paroles n’avaient jamais été prononcées face au patriarche Bellarys. L’homme n’était peut-être qu’un « boutiquier », mais tout le monde s’accordait à dire que Jaegor Bellarys n’était pas homme à laisser passer de telles insinuations. Peut-être même qu’à y regarder de plus près, on aurait pu déceler chez cet homme sévère, aux traits durs, une ressemblance discrète avec ce fils rejeté, et pourtant indubitablement de son sang. Tous deux avaient soif de reconnaissance, et à vrai dire, étaient fait du même acier valyrien. Voilà pourquoi ils n’avaient pu que s’affronter. Et qu’aucun des deux, in fine, n’avait fait rompu.

La soirée avançant, la danseuse se fit encore plus expressive dans ses mouvements, et cette fois, Aeganon tapa dans ses mains pour l’encourager, avant de demander à la cantonade qui avait donc réservé le vin pour qu’il ait tant de mal à s’abreuver, et pardi, c’est que cette diablesse lui donnait des envies qu’il convenait de noyer pour que le feu du dragon ne fasse pas trembler les murs. Les vivats suivirent, les odeurs de sueur et de nourriture se mêlant désormais à celles des fumigations faites pour maintenir une flagrance épicée et suave dans la pièce. Satisfait, il se rallongea, et tandis que sa tête inclinait vers les hanches généreuses qui glissaient, vague délicieuse, promesses merveilleuses, devant lui, le coin de son regard se perdit vers le divan où se tenait son frère jumeau, Daemor. Leurs yeux, s’accrochèrent, et une flamme sombre brilla un bref instant dans les prunelles claires des deux valyriens. Aeganon agrippa la hanche de la femme, qui se laissa faire, accentuant ses mouvements. Ses doigts caressèrent le tissu soyeux, et, taquins, s’emmêlèrent dans sa douceur, pour s’y perdre et atteindre la peau au grain moiré. De son autre main, il attrapa un nouveau grain de raisin et laissa, à dessein, le jus couler légèrement sur son menton. Saisissant l’invitation, la belle se cambra, effaçant d’un doigt lent, d’un effleurement appuyé, la goutte qui roulait, indolente, menaçant de s’écraser sur sa toge ouvragée. Et par-dessus le dos plaisamment offert, ainsi que la courbe révélatrice qui le finissait, les yeux d’Aeganon, à nouveau, cherchèrent ceux de son double, s’y aimantèrent, pendant qu’un sourire presque cruel émergea sur ses lèvres. Il sentait sa fureur, son envie, sa passion. Cela avait toujours été ainsi, entre eux. Depuis qu’ils étaient nés, l’un tenant le pied de l’autre, comme pour ne jamais se détacher, les jumeaux Bellarys avaient été inséparables, dans leurs ivresses comme dans leurs fracas. Aînés de leurs parents, ils en avaient fait la fierté, surtout quand leur Epreuve du Feu avait révélé que la souillure de leur sang, née de ce mariage contracté par besoin entre leur arrière-grand-père, Maegor, et une princesse Rhoynare qu’il avait séduite, ironie, dans un de ces mêmes banquets auxquels ils s’adonnaient maintenant, s’était tarie. Depuis deux générations, les Bellarys avaient dû endurer l’humiliation de la sentence des dieux. Les dragons s’étaient refusés à eux. Les brûlures avaient marqué le corps des leurs. Moins fortement certes, après avoir réinstaurés les mariages incestueux. Mais ils n’avaient bel et bien été, alors, que des boutiquiers, des camelots, qui avaient déchu de leur ancien rang. Quelle revanche écrasante la naissance des jumeaux avait été ! A la réflexion, peut-être qu’elle avait été annoncée par les dieux eux-mêmes quand leur arrière-grand-père avait rendu l’âme le jour même de leur naissance. Une ère était finie. Une autre, plus brillante, plus pure, naissait. Un râle inhumain avait succédé au dernier soupir de l’humain, quand le dragon de Maegor, le puissant Astyrax, avait ressenti la fin de son fidèle compagnon de vie depuis quatre-vingt-cinq ans. Son dernier œuf restait néanmoins à la famille. Ne sachant à qui l’offrir, Jaegor convint de le placer auprès du premier jumeau né, Daemor. A l’immense joie de la famille, la coquille se craquela, révélant Jaelyx, le dragonneau désormais lié à un Bellarys. Restait Aeganon, déjà perdant, et déjà désireux de surprendre son monde. A peine placé dans les flammes, le nourrisson poussa un hurlement bien vigoureux pour de si petits poumons et, à la surprise générale, un long cri lui avait répondu. Une ombre immense avait alors surplombé la cérémonie, avant qu’Astyrax revenu ne plonge une de ses griffes dans le feu, pour la poser sur le ventre du nourrisson. Bien que rendu au monde sauvage, l’Ancien avait décidé de rester lié à un Bellarys, reconnaissant cet enfant en devenir comme le successeur de son défunt monteur.

Combien de fois lui avait-on raconté cette scène ? Aeganon ne les comptait plus. Parfois, furtivement, il avait l’impression d’en saisir des bribes à travers le lien mental qui s’était tissé avec son dragon. Ce dernier paraissait presque se gausser en silence des erreurs de son humain, commenter tel un loup assoupi ses frasques, mais l’accompagner toujours dans ses prouesses. Sans lui, que serait-il devenu ? Mieux valait qu’il ne se pose pas la question, jamais. Parce qu’il n’aurait guère goûté à la réponse. Astyrax avait été son salut, et lui avait offert, il en avait pleinement conscience, une large part de ses succès. Peut-être était-ce pour cela qu’il s’efforçait avec tellement de vigueur d’exister, de piquer, de plaire également, quand il s’en donnait la peine : il avait au fond de son cœur l’indicible vague à l’âme de ceux qui ne se sentent pas à leur place. Préférant chasser de telles pensées, le valyrien préféra se concentrer sur sa tâche présente. De sa main de plus en plus téméraire, il donna une petite claque sur la croupe offerte alors que la danseuse se déhanchait sous ses yeux ravis, pendant que leur attention était en réalité tournée, carnassière et illuminée d’une joie mauvaise, vers Daemor, qui, il le sentait, commençait à bouillir sous son masque de nonchalance coutumière. Le défier de la sorte avait toujours constitué un de ses passe-temps favoris, et il y excellait. Oh bien sûr, il le paierait. Ce serait encore meilleur : il n’attendait que cela. Et du reste, combien de fois avait-il dû subir ses affronts ? Pouvait-il imaginer ce que cela avait été, que de subir le rêve de Meleys de leur sœur Aeneryra, de l’imaginer dans ses bras ? Il en avait crevé de haine. Qui avait-il besogné, ce jour-là ? Il ne s’en souvenait plus. Il se remémorait seulement de sa rage, alors que son corps exultait mécaniquement pendant qu’il exsudait la douleur par tous les pores de sa peau, de son âme. Le lendemain, ils s’étaient vengés. Et après, durant leur mariage ? Tout n’avait été que supplice, après un an passé ensemble, loin de leur famille durant leur service militaire. Non pas qu’il y avait eu, à l’époque, une grande différence dans leurs jeux de dissimulation. Pour autant, cela n’avait pas eu la même saveur douloureuse. Au moins, ils étaient loin de leur famille. Cachés toujours, mais paradoxalement libres, comme ils ne l’avaient jamais plus été depuis leurs quinze ans, quand une énième dispute à propos de l’emportement de l’un et du favoritisme affiché par leur père pour l’autre avait conduit les jumeaux à en venir aux mains, à lutter, à s’empoigner … et à ne plus savoir, avec leurs cœurs emmêlés et leurs mains entrelacées, s’ils se haïssaient, ou s’ils s’aimaient.  Aeganon aurait été incapable de dire lequel des deux avaient franchi le Rubicon. Ce dont il se souvenait en revanche, c’était de la douceur des lèvres de son frère, de ses soupirs sous ses mains, de son souffle sur sa peau, de leur passion incandescente. Jamais, dans aucun bras, depuis cette découverte mutuelle du plaisir, il n’avait connu une telle acmée. Il s’y était employé, pourtant, détestant cette possessivité qui le prenait quand il regardait Daemor, cette jalousie qui le dévorait, cette haine de lui-même qui le déchirait pour être aussi dépendant de cette vie en double qui lui renvoyait le reflet sinistre de ses propres manquements. Pourquoi lui ? Pourquoi le préféré, celui qu’il aurait dû détester, qu’il détestait, parfois, pour mieux l’adorer le lendemain ? Leur père, dès qu’ils avaient été en âge d’être arrachés à leur mère et à leurs jeux d’enfants pour apprendre à ses côtés, avait instillé entre les deux frères une compétition rude, sans merci. Il choisirait le meilleur. Il n’avait que faire des bons à rien. Il les avait montés l’un contre l’autre, partisan de l’élimination des faibles, du surpassement dans la douleur. Et il avait été servi. Les jumeaux étaient si dissemblables qu’une telle entreprise se révélât bien aisée. Trop presque : au consciencieux et doué Daemor, Aeganon n’opposait que son physique exceptionnellement robuste et sa douance évidente pour les arts physiques. Pour autant, les humiliations ne pouvaient entièrement tarir le lien entre les jumeaux. Chaque punition voyait, le soir, une ombre furtive se glisser dans la chambre de l’autre pour offrir qui une oublie, qui une sucrerie. Et la reconnaissance transparaissait, ainsi qu’autre chose, témoignage de cet attachement farouche, et des ressentiments qui peuplaient déjà leurs pensées.

Goguenard, le soldat vit son frère repousser sa propre danseuse et annoncer qu’il était temps pour lui de partir. La soirée, ou plutôt la matinée, au vu de l’heure, était très avancée. Ce serait acceptable. L’opportunité était trop facile. D’un air chagrin, Aeganon affecta l’agacement, mais se leva, clamant devoir veiller sur son frère et son vin, car Syrax avait été bien adorée, ce soir, et que demain serait chargé. On les salua, on rit de cette sortie, et ils partirent. Le silence, entre eux, ne paraissait pas lourd. Ou plutôt, il était alourdi des promesses et des non-dits de ce qui se jouerait, plus tard. L’accord était tacite. Ils avaient toujours su que celui que désignerait Jaegor comme son héritier épouserait Aeneryra. Il était impensable de la blesser en affichant une liaison qui, de toute manière, ne porterait aucun fruit, n’avait aucun avenir. Alors ils avaient tu. Et aujourd’hui encore, Aeganon ne savait lequel avait le plus souffert : Daemor, lui, ou Aeneryra qui n’avait rien vu. Même pas que son seul enfant ayant survécu plus de quelques jours avait été nommé en l’honneur de celui qui lui volait son frère-époux. Taeganon le Jeune … Comme leur grand-père, et surtout en écho à Aeganon, l’ombre au cœur de ce mariage en apparence heureux. Enfin, il l’avait toujours pensé. Que savait-il des tourments possibles de sa fratrie, quand lui-même était rongé par la haine à les voir parader devant lui, à entendre leur père assurer qu’un héritier finirait par naître, il suffisait de continuer, encore et encore. Et chaque annonce de grossesse était un coup de poignard en plein cœur, puis chaque fausse-couche, une culpabilité indicible pour avoir souhaité que le pire arrive, et être exaucé si cruellement. Etait-ce pour cela qu’il avait préféré rester dans l’armée ? En partie, bien entendu. L’autre raison était qu’il lui était impossible de cohabiter avec son père désormais. Il ne serait jamais le fils qu’il avait voulu. Il le lui avait fait comprendre, en désignant Daemor comme son héritier, en ne masquant plus, au fil des années, le dédain qu’il éprouvait pour ce garçon mal dégrossi, trop colérique, peu doué pour les chiffres, les exercices intellectuels qu’il affectionnait tant, débauché et vulgaire ? Aeaganon avait vu l’espoir se muer en dépit, et le dépit, en mépris. De toute manière, qu’est-ce qui pouvait bien le retenir, à Rhyos ? Rien. Alors, il avait rejoint, définitivement, l’armée, qui n’avait guère objecté face au renfort d’un Seigneur-Dragon. Son propre père, du reste, avait finalement trouvé là une résolution aisée au problème que représentait son second fils. L’accord satisfaisait tout le monde.

Dans la pénombre, un noble vacillant, manifestement très alcoolisé, parut le reconnaître et le salua. Aeganon répondit par une pirouette, qui fit hoqueter de rire l’homme, à moins que ce ne soit toute la vinasse ingurgitée qui soudain, rendait tremblotantes ses lippes ornées du rouge sombre d’un trop-plein de libations. Bien sûr, il n’avait rien encore d’un Maekar Tergaryon, d’un Laedor Arlaeron, de ces preux qu’on célébrerait bientôt pour les victoires de l’armée valyrienne. Mais il avait commencé à se forger un nom, et il comptait bien graver, peu à peu, chaque lettre au fronton du Sénat. Dès son arrivée dans l’armée, avant la mort et le sang, il s’était fait remarquer pour ses aptitudes. Curieusement, pour un homme aussi peu discipliné, la chose militaire avait toujours su le canaliser. Il aimait en débattre, et il appréciait encore plus l’expérimenter. Un gladius en main et il se transformait. Oh bien sûr, des scories de sa personnalité première restait : il avait toujours eu la provocation facile. Pour autant, sa concentration, cette fois, ne souffrait d’aucune interruption. Tel un prédateur, il jouait avec sa proie, et touchait sans cérémonie quand l’ouverture se présentait. Hardi, mais stratège, il avait vite été remarqué pour ses qualités au sein de la troupe, ainsi que pour sa gouaille infinie et sa bonne humeur contagieuse. Les hommes du rang l’adoptèrent bien vite. Quant à ses supérieurs, ils appréciaient surtout Astyrax, mais observèrent également que le jeune homme avait des idées certes agressives, mais qu’elles venaient toujours étayées d’une solide argumentation – et d’un plan d’action. Bon sang ne saurait mentir : si Aeganon n’avait jamais eu de goût pour les épices, c’était surtout que la matière l’ennuyait. Transposé à l’armement, au ravitaillement, à la disposition des lignes, il se faisait solide logisticien. En quatre ans, il devint polémarque au sein de la légion "Jentegon II Bēvilagon" basée à Anogaria, et était en bonne position pour briguer, dans quelques temps, la position d’exarque quand la guerre contre Ghis éclata.

Perdu dans ses souvenirs, il ne vit pas son frère poser sa main sur son bras gauche, ce qui lui tira une grimace. Malgré les années, la cicatrice demeurait visible, là où son membre avait été perforé de deux flèches, durant la Bataille de Tolos. Ayant rongé son frein à la Passe des démons, puis à Mantarys, Aeganon avait dû se contenter de disposer ses troupes et de surveiller le déroulé des combats. L’expérience d’Astyrax avait été précieuse, lui permettant de se positionner à la limite des capacités de tirs de leurs adversaires tout en bénéficiant de sa taille imposante pour observer le lointain et prévenir des différents mouvements. Sans briller, il n’avait pas démérité dans ses attributions, cependant la hargne le tenaillait alors qu’il voyait le sang valyrien maculer le sol. Des amis, des compagnons, il avait commencé à en perdre, et chaque affrontement voyait son lot de dévastation. A Tolos, enfin engagé, il n’y tint plus, déchaînant la fureur de son monstrueux lézard, quitte à s’exposer. La punition fut cruelle. Contraint à une manœuvre rendue délicate par son empâtement, Astyrax fut contrait, pour protéger ses yeux, de décaler son corps, offrant le côté de son cavalier aux traits adverses. Deux trouvèrent leur chemin, perçant les cuirs, se fichant dans la chair offerte. Le feu-dragon avait fait un carnage, mais lui-même en avait payé le prix. Le bras désormais raidi, brûlant d’amertume et de fureur renouvelée, il se jura de venger cet affront. La suite de la guerre allait lui en offrir la possibilité.

Dans ses yeux, désormais, dansaient les ombres de Borrash. Aeganon n’avait pas eu le temps de les raconter à son frère, depuis qu’ils pouvaient à nouveau s’étreindre, grâce au passage de l’armée triomphante à Rhyos. En sachant qu’il pourrait le retrouver là, Daemor était revenu dans leur ville natale, puis il l’accompagnerait jusqu’à la capitale. Aeganon en frémissait d’excitation, cherchant déjà dans l’attente de leurs étreintes à effacer les horreurs de ce siège interminable, de ces assauts sanglants face à ces murs qui ne cédaient pas. Encore convalescent à l’époque de la première bataille de Borash, il avait dû se rabattre sur l’organisation de la logistique et de la discipline. Profitant des connexions de sa famille, il était parvenu à acheminer davantage de ravitaillement et d’équipement que prévu. L’affaire attira l’attention de Lucerys Arlaeron, qui dut noter le nom dans un recoin de son esprit. Le Verrou de Borrash refusait de se faire fracturer. Deux autres batailles arrivèrent, sans plus de succès, mais avec toujours plus de morts. Aeganon piaffait, se démenant pour faire oublier sa blessure, qui cicatrisait heureusement bien, redoublait d’efforts durant l’entraînement pour retrouver la mobilité de son bras. Il y parvint, s’engageant à son tour, quoique toujours à distance, redoutant les défenses de la ville du vieil Empire. Pourtant, il demeurait convaincu que les dragons étaient la clé. Il n’était pas le seul. Tandis qu’il parlait, un soir, avec un camarade, de la stratégie à adopter, et qu’il s’échauffait, il ne vit pas passer Lucerys Arlaeron derrière eux. Pour la seconde fois, le maître d’Aquos Dhaen avait noté le nom. C’est qu’en coulisses, les tractations allaient bon train. La situation devenait périlleuse. La structure du pouvoir devait être transformée. Oh bien sûr, Aeganon ne rêvait pas. Il n’avait pas un nom suffisant pour le propulser dans les plus hautes sphères. Cela ne l’empêchait pas de se tenir prêt, et de se rendre indispensable, autant que possible. Alors que les jeunes grands, comme il se plaisait à les surnommer, accédaient aux postes de généraux, lui-même fut convoqué par Lucerys Arlaeron qui lui proposa de devenir ses yeux et ses oreilles, sa main gauche là où sa main droite frapperait Borrash : il lui offrit la position d’aide de camp. L’opportunité était trop belle pour être refusée, et c’est ainsi que l’ambitieux avait lié son destin à celui du premier capitaine-général de l’armée Valyrienne. Ayant le contact facile, renommé pour sa gouaille comme son ingéniosité pour rendre les conditions de vie plus supportables, il n’eut pas de mal à être vu comme l’interlocuteur vers qui se tourner en cas de petits tracas, ceux qui ne devaient pas arriver aux oreilles des plus émérites, mais qui rendaient de fiers services. Rapidement, il s’était complu dans cette position, suggérant également des roulements plus importants et quelques permissions pour certains, arrangeant soigneusement certains départs, voire certaines rotations, cette logistique qui barbait beaucoup mais avait le pouvoir de maintenir un homme loyal et avec un moral optimal, alors même que les jours passaient et que le sang de Valyria teintait de plus en plus la plaine, en écho à ces longues soirées où le soleil dardait ses derniers feux sur les hauts murs de la ville inébranlable.

La voix de son frère le sortit de ses pensées, l’interrogeant sur le contenu de ces dernières. L’éternel sourire narquois réapparut sur ses lèvres, alors qu’il se penchait pour murmurer à son oreille les pires grossièretés concernant le corps de son jumeau. Ce dernier le repoussa, mais il savait qu’il n’y avait pas été insensible. Daemor aimait cette attention qu’il lui prodiguait, comme il avait toujours apprécié être au centre de celle de leur père, de leur sœur aussi. L’agacement le saisissant à nouveau, il s’éloigna également. Aenerya restait un sujet douloureux. Sa mort prématurée n’avait pas été pour rien, également, dans son besoin presque maladif de se plonger dans le travail, devant Borrash. Il se souvenait encore du jour où le courrier lui était parvenu. Elle avait trépassé, victime d’une nouvelle fausse-couche à laquelle elle n’avait survécu. Comme il l’avait souhaité tant de fois. Cette culpabilité qui le rongeait, alliée à son impatience grandissante, l’avaient poussé à se surpasser, pour oublier, ou pour se prouver qu’il n’était pas qu’une charogne. Que de cette boue putride, l’on pourrait faire de l’or. Ou plutôt de l’argent, pour plaire à son bienfaiteur. La haine, de lui-même et des autres, ne l’avait jamais autant rongé. Elle trouva un exutoire durant l’ultime bataille de Borrash, qu’il put rejoindre, enfin guéri. Cette fois, Valyria engageait la pleine puissance de ses dragons, grâce à un plan pour limiter l’impact des défenses meurtrières de l’Empire de Ghis. Et à ce jeu, Astyrax était un atout redoutable. Alors que les dragons plus petits attiraient le feu ennemi et se livraient à un véritable exercice de destruction des balistes, Aeganon avait contourné la cité pour se placer en plein contrejour. L’appui sur les remparts pris, il livra ses défenseurs au feu-dragon de la terrifiante montagne d’écailles, exerçant sa vengeance. La percée obtenue, les autres purent se ruer, ainsi que les piétons. La cité était perdue pour les ghiscaris. Restait à décider de son sort. Il ne pouvait être que cruel. Malheur aux vaincus, et plus encore quand les vainqueurs ont par trop saigné. Sa blessure cicatrisée le tenaillait encore, lui rappelant de l’affront subi. Et cette victoire en terre ennemie, pour la première fois depuis le début du conflit, devait venger l’odieuse trahison qui avait eu lieu ici-même. Aucune pitié ne pouvait être admise. C’est ainsi qu’il osa prendre la parole alors qu’il assistait au conseil des guerres. Bien que ce ne soit pas sa place, il exposa ses arguments, plus lentement qu’à l’ordinaire, sans perdre de cette flamme véhémente qui le caractérisait. Maekar Tergaryon, qui avait perdu un frère devant cette ville, appuya très vite, et les grands prirent la décision. Ainsi Astyrax fêta son centenaire en brûlant une ville, ironie suprême, le dragon semant la mort dans la cité avec une joie aussi cruelle que celle de son monteur, qui l’encourageait. Au milieu des ruines, face à la désolation, Aeganon semblait être un dieu du Chaos, avec son expression farouche de pur plaisir. Impressionné par cette démonstration de puissance, certains notèrent son nom. A nouveau.

Les jumeaux étaient arrivés devant la demeure familiale. Ils passèrent l’entrée, avant de se diriger vers la chambre de Daemor, comme ils l’avaient fait des années durant. Un instant, la nostalgie étreignit Aeganon alors qu’il observait les murs, décelant quelques menues traces d’un passé lointain, et surtout perdu dans les tréfonds de son imagination. Enfants, ils avaient l’habitude d’y passer leur nuit, et les serviteurs les retrouvaient toujours profondément endormis, à se tenir la main, figure de l’innocence. Plus tard, leurs disputes avaient fait trembler les murs. Puis les bruits se taisaient et chacun soupirait de soulagement, se disant qu’ils avaient une fois de plus réussi à s’entendre. Leur relation, faite de tonnerre et de confiance, en laissait plus d’un perplexe. Et qu’auraient-ils dit, en sachant sa véritable nature ? Parfois, Aeganon pensait qu’ils avaient été maudits à la naissance, obligés d’être enchaînés l’un à l’autre par ce lien invisible qui les tenaillait sans cesse. Ils pouvaient tirer aussi fort qu’ils le voulaient dessus, tenter de le trancher. Invariablement, ils revenaient à la déraison, et abdiquaient. Comme à cet instant précis, où le passé et le présent se faisaient face, entre ces quatre murs si familiers et désormais presque inconnus, tant lui semblait loin le temps où il avait été, pour la dernière fois, à cet endroit. Les jumeaux se défièrent un instant du regard, en silence, puis, comme douze ans auparavant, s’empoignèrent avant que leurs lèvres ne s’écrasent l’une sur l’autre, et qu’ils basculent entre les draps, tels deux dragons avides prêts à s’entredévorer. Chaque geste devenait une urgence, un besoin, chaque soupir l’annonce d’une étreinte encore plus féroce, plus fusionnelle. Et à chaque déhanchement, il y avait la même obsession, celle d’effacer toutes les gorges qui avaient été, elles aussi, caressées par le souffle de Daemor, et entre les mains d’Aeganon. Il était à lui, et lui à lui, et eux ensemble, ils bâtissaient leur monde caché de plaisir coupable. Alors que le cadavre de Taeganon avait reposé, quelques jours auparavant dans la demeure, qu’Aeganon s’était recueilli, dévasté, devant le petit corps de son neveu qui n’avait pas atteint ses cinq ans, il avait étreint son père quelques heures plus tard, dévoré par ce feu incandescent dans ses entrailles après une telle séparation. C’était plus fort que lui : ni le deuil, ni la colère, ni la jalousie, ni le remord ne parvenaient à arrêter cette nécessité impérieuse qui le gouvernait, que de posséder et d’être possédé par Daemor, et d’imprimer sa marque sur sa peau, comme une maîtresse futile et envieuse. Ce qu’il était peu à peu devenu, à sa grande honte, qu’il tendait d’oublier en se repaissant de ce stupre partagé, pour oublier qu’au lendemain, il ne serait plus rien, qu’il ne serait jamais ce qu’il désirait.

Quelques heures plus tard, tandis que Daemor dormait, repu, à ses côtés, Aeganon laissa ses yeux se perdre au plafond, à admirer les fresques et mosaïques. Les couleurs dansaient devant ses prunelles, sans qu’il en discerne les formes familières, trop absorbé par ses contemplations. Comme aimantée, sa main remonta sur l’épaule de son jumeau, pour s’assurer que la peau chaude sous ses doigts était bien réelle, et non le fruit de son imagination. Que n’avait-il rêvé de tels moments, devant les murs de Meereen. Le siège de la ville n’avait pas été aussi destructeur que celui de Borrash, mais la langueur avait bien vite frappé les assaillants, tandis que les heures devenaient jours et les jours devenaient mois, et que la moiteur ambiante n’était qu’à peine brisée par les embruns marins venus de la Baie des Serfs. Maudite baie, qui avait permis à la cité de survivre grâce à de nouveaux approvisionnements, malgré les raids qui avaient été mené pour détruire les navires. Il y avait participé plusieurs fois, la puissance d’Astyrax permettant de réduire à néant les esquifs les plus petits, mais l’exposant à des ripostes terribles de la part des navires les mieux équipés. Plus d’une fois, malgré toute sa fougue, le duo n’avait dû la vie qu’à la ruse et l’expérience du vieux dragon, à son instinct aiguisé par les années et toujours vivace. Cela, cependant, les soldats ne le savaient pas. A la place, ils célébraient les prouesses presque inutiles d’une telle bête, symbole de la puissance valyrienne, et Aeganon se retrouvait en dépit de lui-même cette fois au centre de l’attention. Un instant, de pusillanimes pensées l’assaillirent alors qu’il se remémorait ces moments. Était-il donc à s’approprier les biens ou mérites des autres ? Il avait volé son mari à sa propre sœur. Le matin de leur nuit de noces, c’était lui que Daemor était parti retrouver, et ce alors qu’il devinait pourtant à sa mine satisfaite que, tout comme pour leurs fiançailles, leur étreinte l’avait satisfait. Il avait pris sa revanche, encore et encore. Et voilà qu’à la guerre, même s’il s’en était toujours douté, ses propres faits d’armes semblaient engloutis par une vérité dérangeante et amère : Astyrax était célébré. Pas lui. Du moins, pas vraiment. Alors, il avait redoublé d’efforts, se rendant parfaitement indispensable, courant toujours partout et réglant tout ce qui passait à portée de sa main ou de ses oreilles. Il se fit les yeux, les oreilles, les mains du capitaine-général, qui apprit à se reposer sur lui, quitte parfois à le laisser veiller à ses intérêts quand il devait rendre des comptes à Drivo. Dans ces occasions, Aeganon n’avait pas failli, en étonnant certains. Qui eut crû que sous l’apparence nonchalante et veule se terrait une âme de meneur et de logisticien ? Il obtint l’attention qu’il avait sans doute toujours cherché. Un changement s’opéra, lentement mais sûrement, à mesure qu’il prenait de l’assurance et que les remugles de son enfance s’affadissaient. Les épithètes peu flatteuses de son père lui revenaient, et il les chassait par chaque compliment de ses pairs, qu’ils fussent humbles soldats ou puissants légats.

Soupirant, Aeganon se leva, récupérant ses habits à la hâte. Une dernière fois, ses yeux se posèrent sur son jumeau et, dans un élan irrépressible, il le serra brutalement dans ses bras, dévorant son cou de baisers, avant de le lâcher sans douceur. Il l’avait réveillé, ultime avanie, dernière preuve de passion. Il s’en fut, fermant soigneusement la porte, avant de regagner ses propres anciens quartiers d’enfance, puis d’adolescence, juste à côté. La demeure Bellarys luisait de sa beauté et rayonnait de son silence profond et nocturne : le deuil avait frappé, après tout, en emportant tous les espoirs quand Taeganon était décédé. Lui-même avait reçu la nouvelle peu de temps après la chute de Meereen, et avait instantanément regretté de ne pouvoir défouler sa colère sur les malheureux habitants de l’Empire ghiscari. Pourtant, même si la ville n’avait pas été livrée au feu-dragon, l’homme admettait avec une lueur de gourmandise dans le regard s’y être livré à de nombreuses exactions. Terroriser la population avec Astyrax avait été si aisé, si délicieux. Voir leurs visages défigurés par la peur, sentir l’odeur putride de la frayeur la plus terrible … Était-ce donc ainsi que les dieux observaient les mortels tenter d’obtenir leurs faveurs en craignant leur courroux ? Oh, que ces jours de pillage avaient été sublimes ! La cité recelait de trésors à conquérir … et de butin d’un autre type à s’arracher. Beaucoup d’esclaves s’étaient rendus devant lui, horrifiés par sa monture. Mais il s’était décidé à les répartir entre d’autres mains que les siennes. Des bruits couraient déjà à l’époque. Il avait été remarqué. Les morts demandaient à être remplacés, et Lucerys Arlaeron cherchaient à renforcer le poids des militaristes au Sénat. Déjà, les colonnes valyriennes bruissaient de rumeurs à propos d’un potentiel renoncement de Maekar Tergaryon au siège éventuel de sa famille pour rejoindre ceux de l’armée. Mais l’Oeil d’Argent avait besoin d’agents plus entièrement dévoués, qui n’auraient pour leur famille qu’un attachement limité, voire inexistants, et à même de parler au peuple, histoire de continuer à diviser les populistes. Quant aux soldats, ils admiraient les Maekar, Laedor, ces grands … mais ils se tournaient vers plus petits pour une faveur. Et ces dernières se repayaient toujours, avait coutume de répéter Jaegor Bellarys. A cette pensée, Aeganon laissa échapper un rire rauque, presque un jappement. Qui l’eut cru, qu’il finisse par ressembler à son père ? Le nier ne servait à rien. Ils étaient les deux facettes d’une même pièce : il avait son esprit retors, sa hargne à imprimer sa marque partout où il passait, sa cruauté face aux autres … et ses redoutables capacités à flatter les instincts des autres pour mieux les exploiter. Il s’y prenait simplement différemment, et il avait fallu une guerre pour le comprendre entièrement. L’ironie le suffoqua presque, et un goût amer se déversa dans sa bouche. Alors qu’il passait le pas de sa porte, il ne put s’empêcher de penser qu’il était parti en paria, et revenait en conquérant auréolé de gloire, comme tous ceux qui avaient combattu, et survécu. Peut-être plus que d’autres, car Drivo l’attendait, lui aussi. Sa légion le soutenait, l’avait acclamé devant Meereen, bien aidé par les subtiles marques d’assentiment du capitaine-général. En même temps, que n’avait-il fait pour elle. Et que, désormais, n’avait-elle fait pour lui.

Un sourire satisfait émergea enfin sur son visage. Son père avait manqué s’étrangler, d’après Daemor, en entendant ce que le cadet préparait. Surtout parce qu’il devrait désormais le compter dans ses plans, après l’avoir si souvent renié, comme tous ceux qu’il estimait indigne de son nom, de son héritage d’intrigant et de marchand aux doigts et à la langue d’or. Il avait éliminé ses enfants un à un, et voilà que les déshérités revenaient lui prouver qu’il avait peut-être eu tort – sauf ceux déjà entré dans la tombe, comme leur sœur. Bien sûr, il avait immédiatement repris la main en annonçant les fiançailles prochaines de Daemor et Maera, sachant pertinemment que la jeune fille nourrissait une préférence pour Aeganon, renouvelée d’après les lettres familiales à l’entente de ses faits d’armes. Mais le sang était le sang, et la pureté ne pouvait passer que par l’héritier choisi par leur père. Quoique, le futur sénateur était persuadé aussi qu’il s’agissait de lui montrer qu’en dépit de sa gloire, de son rang, il demeurait toujours celui qui n’avait pas été choisi, indigne de perpétuer la pureté rétablie de leur lignée. Qu’il était à la merci de ses choix, comme tous les Bellarys. Et qu’il lui ferait payer chaque moment où il le forcerait à se déjuger. Dans un fracas sanglant, le poing d’Aeganon s’écrasa contre le mur, la douleur l’empêchant de songer davantage aux pulsions meurtrières qui le secouait. Enervé du pouvoir qu’avait encore sur lui son père, agacé par ses propres insuffisances, le jeune homme secoua sa tête et, rageusement, ressortit, traversant à nouveau la résidence Bellarys pour la quitter et aller se perdre dans la nuit, peut-être dans d’autres lits que le sien, pour tenter de se prouver qu’il s’appartenait toujours, qu’il étai Aeganon Bellarys, et rien d’autre.

Il se trompait. Il était Aeganon Bellarys, Seigneur-Dragon, dit « la Terreur Rouge », comme son dragon, en raison de son tempérament sanguin et cruel, futur Sénateur élu par l’armée pour siéger à Drivo et porter leur voix, ainsi que les intérêts défendus par les militaristes et leur premier représentant, le maître d’Aquos Dhaen. Mais il était aussi l’ombre mauvaise des Bellarys, et celle silencieuse qui rôdait aux alentours de son jumeau, présence entêtante qui rappelait avec brutalité quelle était sa place : celle d’un homme qui, à force de ne pas être le premier, s’était habitué à imprimer sa marque à la force de son poignet, et à dévorer la vie jusqu’à ce qu’elle le régurgite sur le pavé, suant et suffoquant, mais bel et bien vivant, et le cœur palpitant à s’en déchirer la poitrine, comme à chaque fois qu’il regardait son frère et crevait de jalousie.

Il était prêt à écrire son prénom en plus de son nom.
avatar
Invité
Invité

Bienvenue officiellement Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 3402963341
Bon, c'est une tradition chaque fois que je vois Richard joué sur un forum :



Au plaisir de te lire et de jouer avec toi Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 2830586797
Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Wololo te voilà Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 3686388144

Bienvenue sur Rise of Valyria, quel plaisir ça va être de te voir incarner ce personnage prometteur Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 871372357

Comme tu le sais déjà, tu sais où nous trouver si besoin Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 408511402

Bonne rédaction o/
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Ouh que c'est prometteur Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 3478876275
Je suis très impatiente de lire tout ce que tu nous réserves avec ce beau personnage !

Je l'ai déjà dit mais cette fois c'est officiel : bienvenue sur Rise of Valyria Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 656223358
avatar
Invité
Invité

Biiienvenue parmi nous sur ROV !! Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 3350919650

Ce personnage a l'air de dépoter ! Hâte de voir tout ça Aeganon Bellarys - Burn them all, while I drive myself mad with fire 3686388144
Contenu sponsorisé