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Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Les morts gouvernent les vivants Alyrea & Vaelya

Tour Vaekar, An 1067, Mois 4

« J’ai supervisé la copie moi-même. » Sa large main dépose délicatement les parchemins sur le guéridon, laissant ses doigts en suspension comme si il pouvait encore hésiter à livrer les secrets de sa précieuse bibliothèque à une potentielle ennemie. Il avait travaillé des jours et des nuits entières à traduire ces runes des premiers âges. Mais, malgré sa connaissance, les subtilités secrètes du langage runique lui demeuraient voilées. Et c’est précisément parce qu’il ne savait pas exactement ce que contenait ces pages qu’il craignait que cette copie sorte de ces murs. « Sommes-nous certains de ce que nous faisons ? » Ses yeux rapaces scrutent son épouse. Ils avaient eu leurs désaccords, terribles et cinglants, mais pourtant ils étaient là, femme et époux, au cœur du monde, contre tous les autres. Elle répond par deux commissures tristes. Non, évidemment, elle n’était pas certaine de ce qu’ils faisaient… Comment aurait-elle pu l’être ? La paradisiaque Valyria était devenue terre de dangers, un champ de poudre prêt à s’embraser. Dans les cieux les dragons eux-mêmes étaient instables. Les dresseurs les plus aguerris avaient senti une différence palpable dans leurs dernières chevauchées. La guerre de la terre s’emparait dangereusement du ciel… Ce sont les couleurs de ce ciel fratricide que la jeune épouse observe, ses paumes protectrices sur un ventre arrondi.

L’annonce de la grossesse d’Alynera avait été une bénédiction pour tous les Vaekaron. Les Quatorze avaient béni si rapidement cette union, tout était pardonné ! Cette promesse d’avenir, mâle il fallait l’espérer, avait apaisé leurs tensions intrinsèques. Rapidement, pourtant, la santé de la future mère s’était détériorée. De jour en jour elle s’était affaiblie jusqu’à être réduite à une condition que personne ne lui avait encore connue. Affaiblie, acculée dans sa joie mortuaire, la future mère avait exigé que personne ne soit averti, ni l’aristocratie, ni la plèbe, ni le peuple. Elle craignait qu’on attente à la vie de cet enfant symbolique comme un dernier outrage. À la voir ainsi, le corps presque maigre alors que son ventre nourricier, lui, s’épaississait avec une gourmandise avare, Ragaenor savait que la nouvelle ne pourrait bientôt plus être dissimulée. Désormais saillant, ce ventre criait avec rage et colère que la dynastie n’était pas morte. Et alors que là était le devoir premier d’une épouse, il se prenait parfois à s’en vouloir d’avoir peut-être eu une semence trop vertueuse pour sa jeune nièce. Il lui était désolant de la voir  dans cet état. « Est-ce que cela fait mal ? » À cette question, il était difficile de savoir qui, d’Alynera ou de l’émetteur, fut le plus étonné. Un long silence s’installe, embarrassé. « Parfois. Mon corps est lasse, lourd, comme déserté… »  Sa phrase reste en suspens tandis qu’elle croise le regard de son oncle-époux. Ils n’étaient pas intimes. Si ils s’étaient rapprochés, ils n’étaient pas intimes. Ils ne riaient jamais ensemble. D’ailleurs il y avait rarement des sourires amusés. Ils demeuraient des inconnus. « Non. Non, ça ne fait pas mal. » Tout son état criait pourtant le contraire, mais elle soutint un sourire d’abnégation.

Il mit une main sur son épaule, comme pour la remercier de ne pas s’épancher sur sa condition féminine. Sa question avait été un égarement, une curiosité inquiète, mais elle trahissait l’honneur de sa masculinité. Alynera était pourtant gravement souffrante. Certaines journées, elle ne supportait même plus l’eau qu’elle régurgitait en s’étouffant. Alors, Lorgora, Vaessa, les servantes, tout après tout, devaient la nourrir par petite cuillerée. Terrassée par des nausées terrifiantes, elle demeurait confinée dans ses appartements. Ah, les desseins des Dieux étaient bien étranges ! En vérité, elle aurait aimé pouvoir lui répondre par des larmes exprimant tout son épuisement, sa peur terrible de mourir trop jeune, et chercher dans ses bras, lui rappelant tant ceux de son père, de tous ses frères décimés, un réconfort. Elle aurait aimé sentir ses mains, puissantes, érudites, la tenir fermement en lui promettant des mensonges insensés. Interdite, elle effleura rapidement cette main étrangère sur son épaule. « Valyria souffre tant, il est normal que je partage sa peine. » 



« Mon Seigneur, Ma Dame, elles sont arrivées dans la cour d’honneur. »

Ils échangent un regard. Habitués aux tragédies, rien ne semblait pourtant pouvoir vaincre celle qui allait se jouer dans les heures à venir... Sans attendre, il l’aide à se lever. Encore quelques lunes plus tôt, l’Érudit l’avait accusée d’être la destruction de leur famille : une criminelle, veuve d’un autre criminel. Il n’avait pas cru sa nièce capable d’accomplir le moindre exploit diplomatique ou politique. Du temps, tragique, où elle avait été Sénateur : il avait grandement déprécié ses choix et ses allégeances. Et si il reconnaissait que, Vaekaron, elle était plus éduquée que la plupart de ses consœurs aristocrates, il l’avait plus souvent jugé sotte, bigote et trop maniérée, du reste comme toutes les autres, pour pouvoir se prêter aux charges du vir. De toute la gente masculine valyrienne, il était peut-être le seul à ne pas se laisser charmer par celle qu’ils appelaient « princesse ». Un autre terme qu’il dépréciait fortement. Bien sûr, il n’était pas insensibleà sa beauté, le soir, ou lors des festivités quand il y avait quelque chose de satisfaisant à observer les regards envieux de ses pairs. Car, quoique leur union ait été décriée, il voyait bien que la déférence qu’on lui témoignait était désormais quelque peu différente. Il n’y était pas insensible. Récemment, elle l’avait presque rendu fier. Presque, elle demeurait une femme de gynécée. « Il n’y a pas d’autre possibilité. » Il hoche la tête, des possibilités pourtant il y en avait des millions. Désormais dans cette pièce, il n’était plus certain que de simples femmes puissent réellement changer la face de la situation actuelle. « Alynera… » « J’ai combattu Ghis, je peux bien affronter mes sœurs sous mon propre toit. » Il hoche à nouveau la tête, vaincu. L’horizon n’offrait, véritablement, aucune autre possibilité. De plus, ils en avaient parlé pendant des semaines entières : il ne servait à rien de reculer maintenant. Sa nièce avait décidément le don de bouleverser ses réflexions méthodiques ! « La pièce est grandiose. » Un rare compliment aussitôt effacé par une révérence sortante.



Seule, Alynera frissonne. Affronter. Voilà bien un verbe qu’elle n’aurait jamais cru utiliser envers les Lyseon ou les Riahenor. Tremblantes, ses mains lissent sa stola blanche pour dissimuler sous des plis habiles les nouvelles rondeurs de son corps. Il avait raison cependant, la pièce était grandiose. Les plus belles tentures de la maison, anciennes évidemment, avaient été dressées dans cette salle intime et solennelle. Toute l’histoire vernaculaire de Valyria allait tournoyer autour d’elles. Les artéfacts du rôle de leur propre existence. Les Vaekaron étaient moqués depuis des siècles pour leur dévotion à l’Histoire de leur peuple. Immuables aux autres, lointains, leurs murs recelaient les secrets du statu quo divin. Elle jète un œil sur les parchemins. Les lois étaient d’airains. Il était grand temps que Valyria résonne de sa majesté antique. Et si, dans leur fureur les hommes étaient sourds, alors deux femmes pourraient peut-être changer la face du monde. Il ne serait pas dit que les Moires seraient les seules, aujourd’hui, à tisser les fils de la destinée humaine. À sa mort, et qui sait si elle ne viendrait pas rapidement, Alynera ne rougirait pas devant Arrax !



« Vaelya ! Alyrae ! Ave ! Que les Dieux vous protègent toujours ! »



Altière, ouvrant ses bras, s’avançant vers elles, elle baise leurs joues avec chaleur. Le monde les avaient mis dans des camps opposés, cette salle en était la trêve. Alynera avait été explicite lorsqu’elle leur avait fait parvenir les missives, quelques jours plus tôt, leur demandant de se joindre à elle. 


« Je vous remercie de vos venues, j'ai conscience des sacrifices qu'elles ont demandées. »


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Les morts gouvernent les vivantsft Alynera et Vaelya

Collège des Mages, 1067, Mois 4

« Tu regrettes d’avoir accepté. »

L’œil perçant, Lornaelon observait sa compagne fixer son austère robe noire, la mine songeuse et les sourcils froncés, ce qui trahissait une activité intellectuelle intense. Le dos calé contre le mur, un plantureux oreiller l’en séparant, le mage reprenait peu à peu le cours de son existence, bien qu’il resta encore au repos la majeure partie du temps, quand il ne travaillait pas à la rééducation de son corps meurtri par la vouivre de Sothoryos. Plusieurs semaines de coma, puis d’alitement, avaient considérablement diminué sa masse musculaire, sans parler de l’ensemble de ses blessures à résorber. De tels chocs, malgré la magie, ne se résolvaient pas en quelques heures, bien au contraire. Et Alyrea veillait jalousement à son rétablissement, telle une dragonne surveillant sa nichée, lorsqu’elle ne travaillait pas à percer les secrets de la Pierre de vie. Ils s’étaient tenus à l’écart de la société valyrienne durant la convalescence du Haeron, et au vu de la situation, c’était pour le mieux. La Lyseon avait encore en tête les récits d’horreur des membres du Collège qui avaient été piégés durant les festivités ayant tourné au drame. Plus que la tragédie qui s’y était jouée, ce qui avait marqué la dynaste était la détestation à leur égard qui semblait avoir émergé chez le peuple, après les déboires du Rêve de Caraxès et l’enquête à moitié sabordée qui avait été menée. En y ajoutant sa convocation devant le Magister et les Archimages, et la femme avait rapidement compris que la position du Collège était plus friable que jamais. Comme elle l’avait toujours redoutée, les affaires du monde en dehors de leurs murs revenaient les hanter. Par intérêt, elle avait décidé de suivre la voie tracée par Pezygon, espérant demeurer encore un peu en dehors de ces querelles, qui rendaient un rapprochement avec sa famille un peu trop tangible à son goût.

« Et tu regrettes la lettre que j’ai envoyé à ma nièce pour lui faire part de mon soutien vis-à-vis de sa position. »

Cette fois, la mage secoua la tête, niant. Un dernier coup d’œil à son miroir lui permit d’ajuster une ultime fois sa tenue, puis elle se leva pour se rapprocher du lit, s’asseyant prudemment sur son rebord. Avec délicatesse, elle posa ses lèvres sur celle de son amant de toujours, savourant leur parfum de familiarité, et remerciant les Quatorze que l’homme ne lui ait pas été enlevé. Avec précaution, leur baiser s’approfondit, Lornaelon cédant bien vite à ses avances. Ils s’étreignirent avec tendresse pendant de longues minutes, avant de se séparer. Et Alyrea avoua enfin :

« Notre force a toujours été de nous tenir à l’écart des rivalités ineptes de nos familles. Quand je vois Mealys et toi devenir, malgré vous, à nouveau prisonniers des allégeances contraires des vôtres … Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour ce que cela veut dire pour nous … et pour le Collège en général. Mais je ne peux te reprocher de soutenir ta nièce, et tu le sais. »

Elle n’oubliait pas que de la bienveillance de Rhaenys Haeron dépendait peut-être leur futur. En privé, elle-même avait assuré Vaerys, son cousin, de sa pleine et entière compréhension vis-à-vis de son adhésion aux Rouges, qui correspondait aux vues de sa famille depuis de nombreuses générations. Mais elle s’était réfugiée derrière la neutralité des mages pour ne pas participer davantage, et s’en félicitait. Jamais elle ne redeviendrait un nom parmi tant d’autres. Elle était une mage, promise au sixième cercle, à la puissance presque ultime. Seul le savoir lui importait. Mais elle restait humaine. Et comme tous les humains, elle avait ses faiblesses. La curiosité en faisait indubitablement partie. Quittant à regret le chevet de son amant, Alyrea déclara :

« Je dois y aller. »

« Sois prudente. »

Un bref sourire étira les lèvres de la dynaste, et après un dernier baiser aérien, elle quitta les quartiers de Lornaelon pour se diriger vers la sortie du Collège d’un pas vif. Une fois à l’extérieur, elle ne mit guère de temps à rejoindre la Tour Vaekaron, dont elle admira un instant la hauteur. Les merveilles de savoirs qui y séjournaient avaient toujours attiré sa curiosité, et elle aurait payé une petite fortune pour pouvoir s’un installer pendant plusieurs mois et compulser l’ensemble des tomes qui y reposaient. A quelque distance du perron, elle fut rejointe par Vaelya Riahenor, qu’elle salua d’un rapide signe de tête :

« Vaelya, nous nous voyons bien peu, même si je sais par ta fille que tu te portes bien depuis le Grand Effondrement, même lorsque tu caracoles à dos de dragon dans nos eaux. »

Puis, la Vaekaron fit son apparition. Alyrea sut immédiatement qu’elle aurait du mal à en dire autant de la dame des lieux, dont le teint cireux et la maigreur contrastaient avec l’embonpoint visible sous sa vêture. Ainsi donc, le mariage du scandale avait bien vite porté ses fruits, bien qu’il semblait qu’Alynera ait subi quelques punitions de Meleys pour avoir écarté sa tante et conserver son assise – la mage était suffisamment au fait des mœurs des dynasties pour n’avoir aucun doute quant au fait que le retrait de la sœur-épouse de Ragaenor Vaekaron subitement, dégageant ainsi la voie pour une telle union, n’avait rien d’une vocation. La solidarité dans de telles familles se limitait à l’attrait du pouvoir. Elle rendit ses embrassades à l’autre dynaste, quoique avec davantage de retenue, avant de répondre :

« Que les Quatorze te bénisse en retour, Alyrea. »

Ses yeux se posèrent sur son ventre, et elle ajouta :

« Et qu’ils accordent leur bénédiction à ta lignée. »

Les salutations d’usage effectuée, elle commenta, sa voix n’exprimant aucune émotion particulière :

« La neutralité du Collège n’empêche pas d’honorer des invitations. »

Alynera Vaekaron
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Mīsio Lentor

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Les morts gouvernent les vivants Alyrea & Vaelya (PNJ)

Tour Vaekar, An 1067, Mois 4

Les deux dynastes prirent place, sans n’attendre aucun signe de la maîtresse des lieux. Elles étaient ici des égales. Les règles de politesse étaient différentes pour celles qui partageaient entre elles plus que l’architecture de la plus grande cité jamais construite, le sang des dieux. C’était précisément ce qui les réunissait, à défaut de les unir, en cet après-midi. Les retrouvailles n’avaient pas été aussi chaleureuses que la Vaekaron l’avait escompté. Le résultat de trop de sentimentalisme féminin, probablement. Après-tout, qu’avait-elle espéré ? Elle n’avait jamais été réellement proche d’Alyrea. Les deux femmes étaient, à vrai dire, des étrangères l’une pour l’autre. La distance de Vaelya lui était bien plus difficile. Évidemment, là encore, elle aurait du s'en douter. Riahenor et Vaekaron s’étaient désunis voilà de nombreuses lunes déjà. L'alliance avec les Maerion, vécue comme une trahison politique, était une tâche qui semblait indélébile. Mais enfin, leur fraternité avait vécu un millénaire et ce n’était ni la première ni la dernière fausse note dont ils devraient s'accorder !



« Je me plains à vous. Je me plains à vous comme je me plains aux Dieux. »



Assise au milieu de ses pairs, royale, sa voix est monocorde. Pour le reste du monde, Alynera aurait donné un tout autre spectacle. Un spectacle de grandiloquence et de retenue froide. Pour elles, ses sœurs étranges, sa voix est basse presque triste. Une complainte d’été qui fait deuil des morts à venir. Elle inspire. Le courage lui manque presque. Mais allons, chaque minute écoulée est bien trop dangereuse pour ne pas attaquer le problème de front.



« Pour la première fois depuis la création de Valyria, voilà plus de dix siècles, nous nous toisons depuis des camps différents. Je ne crois pas que cette situation ait de précédent… Décrire cette situation comme grave ne serait qu’euphémisme. »



Alors qu’elle prononce ces mots ce n’est pas la femme en elle qui se sent insultée, mais l’enfant dynaste. Une veine frémit sur le haut de son front tandis que le glas de son sang résonne dans le silence de la haute pièce. Il était bon pour les mortels de se déchirer. Crier et guerroyer, là était bien leur unique moyen d’oublier leur fin inéluctable. Créer un panthéon valyrien, là était leur seul moyen de rivaliser avec les Quatorze. Et, alors qu’Ils demeuraient invisibles, il incombait à leurs enfants de rappeler l’ordre cosmique du monde. Lyseon, Riahenys et Vaekar n’étaient pas comme ses étoiles qui s’approchent une fois par an de la terre. Ils étaient les constellations architectes dont le sang régissait la magie, le statu-quo, de Valyria. Céder une nouvelle fois à la dure loi des hommes était oublier leur importance primordiale.



« Il y a de cela bien longtemps, un Arlaeron a déjà semé la discorde et la panique dans notre société. Quoique d’avis divergents, nos familles avaient alors uni leur volonté. Pour quelle raison ? Elles refusaient de voir une guerre fratricide ravager, par le feu et par le sang, la Cité. Refuser  de ployer c’était prendre le trop grand risque d’affaiblir, voire de détruire, la société valyrienne. »



La révolte des Dragons-Verts, cette bannière terriblement célèbre, avait bien failli renverser Valyria. Et si les aristocrates d’aujourd’hui y voyaient la plus grande victoire, leur plus grande fierté qu’ils portaient sur eux comme on porte l’égide, ce n’est que parce que trois familles avaient concédé à leurs folles exigences. Ayant grandie avec la République, installée depuis des siècles, Alynera n’avait jamais voulu changer le cours des choses. Elle n’avait jamais porté sur le passé un regard nostalgique, rêveur de voir un jour les Triarques renaître de leurs cendres. Pourtant, les enfants des hommes qui avaient exigé imposer un ordre nouveau étaient ceux qui la piétinaient. La folie mortelle, cet hybris démesuré, était sans fin. Le sol, sous leurs pieds, se déchirait à nouveau et seuls eux demeuraient. Les demi-dieux. Les demi-mortels.



« Lorsque les hommes ont voulu abolir notre règne, nous avons courbé l’échine. Gardiens de ce monde, nous avons accepté l’évolution de notre société et nos dragons ont partagé leur céleste demeure. Au crépuscule de ce monde, nos ancêtres pensaient qu’il ne leur revenait pas d’arbitrer l’inéluctable malice des mortels. Et voilà qu’aujourd’hui ils se déchirent encore ces terres. Ces terres que nous leur avons pourtant concédé contre la promesse exsangue qu’ils veilleraient pour toujours sur sa population, ses valeurs et son histoire. Que voyons-nous ? Les plus grands noms de notre civilisation, des frères de sang et d’armes, sont désormais parés à se livrer une guerre sans merci. Autrefois leur haine était destinée au pouvoir de nos ancêtres, aujourd’hui leur guerre civile se veut d’assurer qu’une vision soit plus forte que celle de l’autre. Mais qu’un seul gagne et nul ne gagnera ! »



A cette dernière intonation, Alynera place une main maternelle sur von ventre. Les dynastes avaient accepté de jeter sur leur condition divine un voile mortel. Oui, alors que les hommes, ceux-là même auxquels ils avaient offert le secret magique du monde, s’en prenaient à leur sang légendaire, alors que leur ego ne pouvait plus supporter de ne pas être plus fort, les dynastes avaient accepté de se faire mortels. Afin de protéger Valyria, ils avaient sacrifié leur destinée... peut-être, déjà, savaient-ils qu’un jour une ombre nouvelle s’abattrait sur leur précieuse cité. Si c’était le cas, elle était là. Malheureusement, désormais, s’en prendre aux dynastes étaient trop simples, l'action n'était plus assez héroïque : ils devaient menacer de s’entretuer. A tout bien réfléchir, il n’était pas difficile de comprendre la raison pour laquelle cette grossesse lui était si pénible. Le renouveau valyrien était personnifié en son enfant à naître : que la folie des hommes gagne et, tout comme sa ville bienaimée, elle en mourrait.

«  Il nous incombe de sauvegarder les hommes de leur folie meurtrière. Nous avons un devoir à protéger Valyria de ceux qui lui veulent du mal. Un devoir plus grand que des couleurs. Mes sœurs nous devons nous allier et demeurer unis comme les gardiens de leur démesure. »


Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Les morts gouvernent les vivantsAlynera Vaekaron & Alyrea Lyseon

Valyria, Tour Vaekar - An 1067, mois 4

Que leur restait-il en commun ?

Cette question, Vaelya Riahenor, épouse du dynaste Maegon se l’était posée de nombreuses fois depuis qu’elle avait reçu cette discrète invitation de la part des Vaekaron. Comme toute communication provenant d’une autre dynastie, celle-ci avait fait l’objet d’une attention particulière de la part des Riahenor, encore davantage en ces temps troublés. Pour la première fois depuis que les chroniques gardaient la trace de l’histoire valyrienne, les trois familles descendantes des Fondateurs se trouvaient dans des camps opposés. Tout le monde avait pu constater cet état de fait et tout le monde avait pu en tirer de sombres conclusions quant à l’avenir.

Vaelya ne s’arrêtait pas aux présages, elle considérait que son nom et son sang étaient au-dessus de telles prémonitions faites par des hommes craintifs en l’avenir. Les Dynasties étaient le destin de Valyria, une brouille entre elles ne signifiait guère la fin de l’Histoire. En privé, avec les siens, elle convenait toutefois que cela faisait fouillis et qu’il convenait de régler la situation avant que l’agitation ne gagnât toute la République, des indigents aux plus grandes familles. Aujourd’hui, Maegon avait pris la tête de la faction Bleue car il avait à tout prix souhaité jouer un rôle en réaction à la prise de pouvoir par ses ennemis. Il n’avait jamais été prompt au pardon et tenait encore rigueur aux Arlaeron pour les Dragons verts, plus de 800 ans auparavant, et aux Maerion pour leur implication supposée dans le meurtre de la Triarque Daenys bien des années encore plus tôt.

Vêtue d’une toge sobre d’un noir inviolé, Vaelya avait décidé de se présenter à ses égales de sang sans dispendieux atours. Après tout, elle était en présence de cousines de destin. Elle reçut les salutations d’Alynera avec sobriété, n’échangeant que quelques mots aimables attendus. Elle désapprouvait fortement l’arrangement des Vaekaron avec les lois de Meleys mais ne pouvait, en son for intérieur, s’empêcher de le comprendre. N’aurait-elle pas fait tout pareillement pour sauver le nom des Riahenor ? Elle considérait avoir effectué son travail pour s’assurer que cela n’arrivât pas sous sa garde : toute une ribambelle d’enfants bien portants éclairait le chemin de gloire des Riahenor.

Prenant place sans attendre d’invitation, comme il seyait à une descendante des héros de jadis, Vaelya croisa ses jambes et déposa un regard attentif sur Alynera qui avait désormais l’initiative de leur petite réunion d’anciens. Elle écouta la Vaekaron leur rappeler le devoir impérieux qui s’était rappelé à leurs ancêtres plus de huit siècles plus tôt. Elle n’avait pas tort sur un point, il était véridique que les jeunes familles, plus riches, plus puissantes politiquement avaient saccagé la paix valyrienne. Lorsqu’Alynera termina son discours, Vaelya en savait un peu plus. Elle voulait reformer une alliance. Voilà qui était sage. Vaelya y souscrivait, tout comme Alyera le ferait à n’en point douter. Personne ne pouvait s’opposer à une alliance entre les Dynasties. Les modalités d’une telle alliance, en revanche, risquaient d’être incompatibles avec les exigences de chaque famille. Vaelya prit la parole sur une touche d’humour.

« Il est vrai qu’il y a une divine ironie dans le fait que le pouvoir absolu nous ait été confisqué à l’initiative d’un Arlaeron, ce nom soit maudit quatorze fois, et qu’il failla la mort de l’un d’entre eux pour nous asseoir à nouveau autour de la même table. Arrax et les siens sont décidément facétieux ! »

D’un air rêveur, elle s’engonça dans le fauteuil de son siège.

« Je suis curieuse de savoir qui a commandité le meurtre, et à quel but. Alyrea, que disent tes cousins de cette histoire ? J’ai du mal à croire que les Rouges n’aient aucune piste ni aucune enquête en cours. »

Il était vrai que les Rouges avaient pris pour prétexte le meurtre de Lucerys Arlaeron pour saisir une partie des institutions. Vaelya n’avait guère apprécié de voir les Lyseon suivre leurs amis militaristes sans consulter les autres dynasties. De la même façon, elle avait ses griefs à l’encontre des Vaekaron.

« Mais qu’as-tu à nous propose, Alynera ? Tu n’imagines pas que nous allons nous ranger derrière ton tyran en puissance ? Un être au sang si questionnable et à l’ascension si indigne… à moins que ce ne soit l’inverse ? »

Dans un relâchement tout princier, elle posa un coude sur la table et utilisa sa main pour y loger le creux de son menton, dévisageant Alynera avec curiosité.

« Comme j’ai du mal à imaginer que tu souhaites nous proposer de vous voir rejoindre la faction Bleue, je pense que tu as une idée derrière la tête. Avant d’aller plus loin dans cette discussion, j’aimerais donc que tu nous dises de quoi nous parlons et de qui cela servira les intérêts. »



Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
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Tour Vaekar, An 1067, Mois 4

« Valyria. »



À la question mutine de Vaelya, le mot était tombé tel un couperet. Et si la voix d’Alynera ne s’était pas haussée, elle s’était faite intransigeante.

« Nous parlons de servir les intérêts de Valyria. »



Elle avait patiemment écouté sa consœur, qui avait fait un point d’honneur à mettre les Lyseon et Vaekaron en porte-à-faux. Pour autant, les Riahenor n’étaient pas exempts de vices… sa bévue en était une trop grande preuve. Impériale, princesse des lieux, elle laissa ses deux bras se poser sur les rebords de son siège. 


« Tu as raison Vaelya, je ne souhaite pas proposer aux Bleus de rejoindre les Jaunes. Tout comme je ne souhaite pas proposer aux Rouges de rejoindre les Jaunes. Mais saviez-vous que, mélangé au jaune, la couleur bleue donne du vert qui, lui même mélangé au rouge, donne du jaune ? Le problème est insolvable. Et pourtant, tu l’as dit toi-même, on ne peut pas se ranger derrière un tyran en puissance… »



Son orgueil princier était blessé. Les autres dynasties ne s’étaient donc jamais demandées pourquoi les Vaekaron avaient du rejoindre la faction de Valerion Qoheris ? Comment Vaelya Riahenor, avec qui elle avait pourtant combattu, pouvait-elle réellement croire que les enfants de Vaekar laisseraient un mercantiliste s’autoproclamer dictateur de l’empire de leur Père ? Ils n’avaient pourtant pas eu le choix. Et, dans cette guerre secrète, il été préférable de montrer les dynasties désunies qu’à moitié unies. Livrés à eux-mêmes des dragons solitaires pouvaient survivre, mais lorsque l’un était laissé en-dehors du cehptel alors il était condamné.



« Heureusement si nous mélangeons toutes les couleurs, d’une même volonté, nous obtenons une nouvelle couleur… » Tout en prononçant ces mots, elle pouvait sentir s’étirer depuis son épine dorsale des ailes reptiliennes millénaires. « … la nôtre. »



Maître du silence, elle prit quelques gorgées de vin laissant ses compagnes méditer sur cette proposition. Car telle était sa proposition : unir les trois dynasties afin de déjouer l’ennemi par une possibilité qu’il n’avait pas pu prévoir. Entre ses doigts amaigris la Vaekaron fit tournoyer la coupe d’or, martelant le silence de ses pensées secrètes. Rétablir une Triarchie mènerait à une guerre certaine, il y avait cependant d'autres possibilités.

« Ce qui se joue dans les rues de notre Cité est bien plus préoccupant que la Révolte pour laquelle nos ancêtres ont du abdiquer. Dans l’antique Valyria, les hommes étaient encore motivés par une idée de bien commun… or, aujourd’hui, tout ce tapage est bien différent. Nos frères citoyens sont prêts à se déchiqueter entre eux, jusqu’au dernier, pour affirmer leur suprématie personnelle. Nous sommes les seuls, les derniers, à pouvoir les unifier. »



Les Dynastes représentaient l’identité divine de ce monde. Un monde forgé pour eux par eux. Les patriciens pouvaient bien croire ce qu’ils voulaient, sans eux ils n’étaient que des moutons égarés. Lyseon, Riahenor et Vaekaron étaient les bergers de ces ruminants rebelles. Elle but quelques gorgées supplémentaires, nectar de courage, avant de reposer la lourde coupe dans un tintement sonore. 


« À ce jour, nous ne savons pas qui a commandité l’assassinat de Lucerys. Nous pouvons cependant témoigner des conséquences directes de cet acte. Et notre préoccupation première doit aller vers le peuple en s’assurant que cela ne puisse plus se reproduire. Afin de venger l’homme, les Rouges exigent la voix martiale. Ils désirent faire démonstration aux peuples étrangers des flammes de notre courroux. Pourtant, pouvons-nous être certain que le coupable n’est pas un citoyen ou un métèque qui s’est acoquiné avec l’ennemi… jusqu’à le devenir lui-même ? Valyria ne peut livrer une guerre sans connaître le visage de son véritable ennemi. Lorsqu’il sera connu, celui-ci sera jugé et condamné par le Sénat comme il se doit. En attendant, puisqu’ils exigent une guerre nous leur proposerons une guerre sans armes, une guerre de marchands. Nos voisins connaissent déjà la mort venue d'en haut, montrons-leur, de nos crocs carnassiers, ce que signifie réellement briser l'alliance avec les Possessions. »



Peut-être parce qu’elle était une femme, moulée des contingences de son sexe, cette perspective avait été claire dès le début pour Alynera. Il fallait menacer leurs voisins des risques d’un désaccord valyrien. Les Possessions réunissaient les familles les plus riches du continent, si elles cessaient de commercer avec les marchands étrangers très vite ils ne pourraient plus nourrir leurs familles, ni payer leurs armées… Avant de le tuer, il fallait toujours faire se mordre la queue au serpent.

« Les Bleus désirent sauvegarder le Sénat et la voix démocratique, nous maintiendrons cette position. À ceci près que nous emprunterons une idée à Qoheris, puisqu’elle a réuni tant d’adeptes. Pendant une période de cinq années, renouvelable si il faut, les familles dynastes incarneront le conseil des Cinq. Cette unification sera perçue par le peuple comme une coalition des Bleus, des Rouges et des Jaunes et un message d’apaisement voulu par les Quatorze. Notre sève divine nourrira la reconstruction et la sauvegarde morale de Valyria. Jaeganon Velaryon se rangera dans nos rangs, il sera suivi des treize autres clergés. Pour s’en assurer, les événements actuels étant un outrage aux Dieux, nous leur promettrons de renforcer leur position et leur pouvoir au sein de la société. Si il le faut, les temples des cultes étrangers seront déplacés aux abords de la ville. L'ancien temple dédié à nos Pères devra être à nouveau érigé, une flamme devra constamment brûler en son seing telle la métaphore d’une Valyria inébranlable. Les sénateurs de l’ancienne faction religieuse nous rejoindrons car nous sommes les seuls, par notre sang, à pouvoir accéder à leurs idéaux. À ces fins, pendant un temps, la faction militariste devra être contenue. Les militaires ne pourront plus pénétrer armés dans l’enceinte de la ville, sans accord préalable du Sénat et la bénédiction du clergé de Vhagar. Les armes ne seront plus tolérées. Les soldats du Jentegon Aegenka seront postés à l’extérieur de la ville, et ne pénétreront dans l’enceinte civile que sur demande du Sénat. Nous renforcerons ainsi le pouvoir républicain et les activités civiques de Valyria et, par la même, nous renforcerons sa place hiérarchique dans les Possessions. Les militaires ne pourront plus exercer leur pouvoir dès lors qu’ils seront dans l'enceinte de notre capitale. En échange, afin d’apaiser leur mécontentement, tous les citoyens devront désormais réaliser leur service militaire. Avant Ghis la guerre n'était qu’un fantasme de notre esprit... Désormais, autrui ne pourra plus être payé pour prendre la place d’un autre. Si la guerre doit avoir lieu, et tôt ou tard une autre viendra, nos enfants et leurs dragons doivent être préparés. L’hécatombe que nous avons connu parmi nos rangs ne doit plus jamais avoir lieue. »



Essoufflée, Alynera fit une pause. Elle avait conscience que cette volonté, nouvelle, soulèverait de fortes protestations au sein des familles militaristes. Pourtant, à bien y réfléchir, les militaristes étaient au service du Sénat et de la République : ils devraient se plier à cette volonté de fer. Les bannières des trois dragons jaunes ne seraient plus admises dans les rues de la cité volcanique. Dans le futur, la loi martiale qu’ils avaient instaurés ne pourraient plus jamais être sans vote préalable des sénateurs et bénédiction du clergé. Bien évidemment, il faudrait penser à proposer des contreparties aux chefs de faction : Bellarys, peut-être le poste de capitaine général de l’armée, et Qoheros qui, dans cette hiérarchie des choses, perdait bien trop. 


« La partie la plus délicate réside dans l'adhésion du Collège. Il devra nous porter un soutien infaillible. »

 Son regard se posa sur Alyrea, qui, comme à son habitude, était restée aussi discrète que la neutralité du Collège, officiellement, le lui demandait.

 « Depuis trop longtemps, les Lyseon n’ont pas eu la gloire qui leur est due… Tout comme, depuis trop longtemps, nous les laissons tous piétiner notre divinité. »

Le menton haut, prêt à mener toutes les batailles politiques, remporter toutes les gloires divines, Alynera se livra toute entière à ses sœurs.

« À cet appel, que répondez-vous ? »





Voix de l'Ombre
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Les morts gouvernent les vivantsAlynera Vaekaron & Alyrea Lyseon

Valyria, Tour Vaekar - An 1067, mois 4

La présentation des ambitions d’Alynera fut accueillie différemment, et en silence, par ses deux sœurs de sang illustre. Alyrea se laissa partir en arrière dans son siège pour mieux s’y installer pour suivre les discussions. Elle ne faisait que peu de secret de son désintérêt pour cette histoire et elle n’était là que pour représenter le chef de sa famille. Aussi, elle n’eût guère besoin de mots pour faire comprendre aux deux femmes qui lui faisaient face qu’elle ne souhaitait guère participer à cette conversation.

Vaelya prit acte de cette information, notant dans sa tête qu’elle ferait bien de veiller à ce que jamais sa fille Saerelys ne soit aussi peu intéressée par le devenir de Valyria et de son peuple. Cette cité était leur car c’était leur foyer commun. Les Fondateurs y avaient invité d’autres personnes mais les murs appartenaient aux descendants de Vaekar, Lyseon et Riahenys et il en serait ainsi jusqu’à la fin du monde. Aussi, et bien que chacune des femmes autour de la table put servir des intérêts divergents, la Riahenor ressentait une certaine chaleur en son cœur alors que les dynasties revenaient autour d’une table commune. Vaelya n’avait jamais admis, ni cautionné, la façon dont Alynera avait ébranlé les principes-mêmes du mariage valyrien et remis en question l’ordre des choses. Toutefois, elle entendait la façon dont elle avait résolu son problème. Comme toute membre de dynastie, toutefois, elle avait la mémoire longue ; et n’oublierait donc pas de sitôt qu’Alynera Vaekaron, malgré tous ses grands et beaux discours, avait largement contribué à saper la stabilité chérie de leur cité.

Elle entendait toutefois le discours de la Vaekaron. Elle ne pouvait qu’être d’accord sur le fait que la situation était bien plus sérieuse que ce que laissaient entendre les chroniques de la chute de la Triarchie. Si les parcours et les ambitions de chaque dynastie les avaient menés à des camps différents et opposés, l’Histoire prévalait toujours. Elles étaient, chacune autour de la table, garante du temps long et de la stabilité de Valyria. En certains temps compliqués, le peuple se tournait vers elles. Leurs familles avaient peut-être perdu une grande partie de leur influence politique et de leur richesse, elles demeuraient à leur place dans le cœur du peuple. Vaelya souscrivait à l’ambition de ce discours et à ce qu’essayait de faire Alynera : les dynasties devaient présenter un front uni à la fin de cette journée.

Pacifier Valyria était une première étape et elle appréciait le projet proposé par Alynera. Frapper et impressionner les puissances étrangères garantirait la paix… mais à quel prix ? Les complots ne cesseraient pas, et les meurtres continueraient. Il fallait aussi se tourner vers l’intérieur, comme les Riahenor le faisaient depuis des années. Un peuple satisfait n’aurait guère d’envies ou de besoins de renverser ses dirigeants.

Les propositions d’Alynera avaient le mérité d’être radicales. Vaelya appréciait le peuple mais n’avait aucune confiance dans ce Sénat d’aristocrates arrivistes. Depuis que les Dragons Verts les avaient chassés du pouvoir, cet odieux organe avait été le théâtre de toutes les corruptions et de tous les parjures. Au lieu de faire fructifier Valyria, il avait fait fructifier les nobles et quelques marchands habiles. Qu’en était-il du maréchal-ferrant, du maître-verrier, du fermier ou du voleur à la tire ? Qu’en était-il de la blanchisseuse, de la couturière, de l’actrice ou même de la putain ? Qui défendait les intérêts de ces Valyriens-là, dont personne ne parlait autrement que dans certains discours ? Où était leur place dans la discussion qu’elles avaient entre filles des dieux ?

Le service universel n’était guère pour plaire à Vaelya, mais elle s’abstint de tout commentaire car elle savait comment le premier époux de la Vaekaron avait été rappelé par Balerion. Elle craignait pour ses enfants et pour sa propre lignée car le service universel signifiait que tous les enfants de Valyria seraient aptes à se battre, et donc susceptibles d’aller affronter la mort. Quant à la proposition de désarmer la première armée, Vaelya plissa ouvertement le nez. Elle n’était guère si radicale. Valyria avait besoin d’ordre et une telle cité devait garder un service capable de l’assurer.

« Avant toute chose, Alynera, je souhaite marquer mon accord avec ce que tu as dit plus haut. Nos voisins, proches et distants, doivent craindre le Dragon, à défaut de le respecter. Cellaeron avait un discours plaisant à ce sujet, mais ne répétez pas mes mots à Maegon. Il en ferait une apoplexie. »

Elle laissa échapper un rire cristallin, charmeur et empli d’une divinité toute dynastique. Elle prit une coupe de vin et en sirota une gorgée avant de reprendre le fil de sa pensée.

« Tes propositions sont à ton image, ma chère. Audacieuses et promptes à chambouler l’ordre établi. Peu m’importe qui a tué Lucerys, à vrai dire, car cela pendait au nez des Arlaeron depuis bien trop d’années. À vouloir égaler le soleil, même un sang-pur peut s’y brûler. J’apprécie en tout cas ton idée de mobiliser nos marchands, bien que ta stratégie nous mette, tôt ou tard, sur le sentier de la guerre. Nous pouvons cesser le commerce et prendre le contrôle des économies voisines les plus faibles, mais seulement tant qu’on nous laisse faire. Alors, pour éviter la ruine de ceux qui servent Valyria par l’or, nous devrons faire appel à ceux qui la servent par l’acier. »

Bien que Maegon ait été capitaine-général aux côtés de Lucerys, les Riahenor n’avaient jamais été de grands militaristes et ils ne goûtaient guère de la possibilité d’un conflit armé général. Vaelya devait pourtant se rendre à l’évidence qu’ils étaient entrés dans une nouvelle ère, où l’armée jouerait un rôle bien plu prégnant qu’auparavant. On ne revenait pas aisément en arrière, en politique. Le martial était entré au Sénat en grandes pompes après la guerre, il y resterait.

« Je suis curieuse de comprendre ce que tu entends par « renouvelables s’il le faut », sur cette idée de Triarchie reformée, Alynera. Que se passera-t-il si ce mandat n’est pas renouvelé ? Un retour aux Lumières de Sagesse ? La chute de la République ? Un nouveau risque de guerre civile ? »

Vaelya n’était pas née de la dernière pluie et souhaitait ardemment pousser Alynera dans ses derniers retranchements pour lui faire avouer son plan véritable, le tout devant Alyrea.

« Vois-tu, tu oublies un point important dans ton développement, ma chère. Qoherys est un ambitieux ver de terre, mais il prend une place importante. Dis-moi si je me trompe, car après tout, tu soutiens ses vues, mais il me semble que les Jaunes défendent un pouvoir autocratique centré autour d’une personne, certes. Mais il s’agit justement de Qoherys. Rien ne dit qu’ils suivront un autre avec le même enthousiasme. »

Vaelya se méfiait des Jaunes comme de la peste car elle voyait en eux toutes les dérives dont sa cité avait pu jadis souffrir.

« Je comprends et partage ta fureur envers le Jentegon Aegenka, pas ta solution. Il doit rester à Valyria une force armée pour lutter contre les coups de force. A nous de voir si le commandement actuel peut être raisonné et lui faire trouver une nouvelle loyauté. Je soutiens ton idée d’interdire aux autres Jentegon de venir en armes ici. Quant à réformer le service, ainsi soit-il. Les Dieux veillent sur nous. »

Le regard de Vaelya se fit malicieux.

« Reste à voir comment tu vas pouvoir calmer Qoherys pour une telle trahison de ses intérêts. Mais cela sera sans doute une promenade de santé face à ce que tu souhaites. Comment envisages-tu de faire rompre sa neutralité au vieux Magister ? »


Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Les morts gouvernent les vivants Alyrea & Vaelya (PNJ)

Tour Vaekar, An 1067, Mois 4



« Ce que nous souhaitons faire. Si nous nous apprêtons à tendre la bannière d’une quatrième couleur, ce sera sous une entité tricéphale ou rien. »



La voix d’Alynera avait été un murmure, un bruissement sévère. Leur aînée avait fait connaître ses positions, du reste très claires sur sa déchéance personnelle, mais elle ne l’avait pas sommée pour en écouter davantage. Ses mains se recroquevillèrent sur les pommeaux de son siège, sculptées à l'effigie du crâne du premier dragon de leur Maison. Un long instant elle demeura ainsi silencieuse, les battements de son cœur raisonnant dans ses tempes. Elle n’était pas étonnée de ne voir aucune réticence de la part des Riahenor, ni de voir un désintérêt, de parade du moins, de la part des Lyseon. Il demeurait un combat, néanmoins, pour lequel elle n’avait pas prévu de livrer bataille. 


« Je vais éclaircir un point, afin que nous sachions toutes les trois où nous en tenir. Je me suis sacrifiée afin de sauvegarder la pureté du sang des Vaekaron, afin de sauver ma famille, l’un des trois piliers de ce monde, d’une possible extinction. Ce faisant, j’ai par là même préservée Valyria. Aussi, je me fiche de ce que vous pouvez penser. Et soyez sûres que je le referai encore, encore et encore, si je le devais. »



Ses doigts s’égarèrent sur le parchemin que son oncle-époux avait déposé quelques instants auparavant. Elle pouvait sentir le feu du dragon vibrer sous les écailles de sa peau. Bien sûr, l’approbation des autres était d’une importance cruciale dans sa vie. Ni Alyrea, ni Vaelya ne seraient dupes. Mais l’heure était la guerre et la faiblesse n’avait aucune place dans cette pièce ! Au fond d’elle-même, Alynera demeurait persuadée que la parfaite épouse de Maegon aurait agit de la même manière. A dire vrai, elle aurait trouvé moyen de revenir de l’antre des morts pour s’assurer que sa fille agisse comme tel. La magie de leur sang était trop précieuse pour être matée avec celle des aristocrates. Leur puissance créatrice ne leur permettait pas de disparaître. Oui, leur trois sang, inviolés, étaient la sève de cette caldeira. Et tous les autres, seigneurs, banquiers, fornicateurs, jusqu’aux mendiants affamés s’en nourrissaient. Quant à Vaelya, si elle était tant inquiète de sauvegarder leurs mœurs, il valait mieux qu’elle tourne son regard vers Vaerys. Jusqu’où ses excès de jeune coq le conduiraient-il ? D’ailleurs, ne disait-on pas qu’il courtisait ardemment l’ambassadrice de Sarnor ? Là était quelque chose de réellement scandaleux et de réellement préoccupant.



« Tu devrais plutôt diriger tes conseils à notre sœur Nealya. » Un ultime chuchotement avant qu’Alynera revint aux questions politiques, sans mise en garde. « Je ne soutiens pas les vues de ce marchand grossier. Les miens ont pris les couleurs des Jaunes pour se ranger au côté de la volonté d’Arrax. Nous savons toutes les trois que Jaeganon Velaryon est suivi officieusement des autres sacerdoces. Une famille dynaste devait être à leur côté. Nous sommes les enfants demi-dieux, nous ne pouvons nous détourner des autels comme les autres mortels. » Il n’y avait aucun jugement dans sa voix, aucune accusation dissimulée. Elle respectait la neutralité apparente d’Alyrea et la défense de la démocratie  telle que vue par les Bleus. Aussi, pour s’assurer que ses compagnes, ne prendraient pas un coup où il y en avait aucun, elle prit soin d’ajouter sur une pointe de plaisanterie ces quelques mots. « Et, entre nous, l’hybris de Ragaenor, après les récents ébranlements familiaux, n’aurait pu tolérer d’être dans l’ombre de Maegon. En nous partageant dans chacune des factions nous avons réussi à maintenir un statu quo politique… c’était la bonne chose à faire. »



Sa voix était néanmoins sans appel. Elle avait peut-être semé le trouble ces derniers mois, voire années, mais dans la tempête qui s'était abattue sur la Tour elle avait réussi à sauvegarder toute sa famille. Elle n’accepterait plus aucune critique, aucun sous-entendu qui vienne bouleverser cette certitude. Alynera était un enfant des Dieux et, à ce titre, d’une stature incontestable. Ses doigts firent un geste discret pour signifier que le sujet était clos. Les caprices des Dieux eux aussi étaient incontestables.



« L’homme est dévoré par son ego, il est chez lui une tentation de tous les instants. Le pire réside peut-être qu’il s’est entouré de personnages à son image, au sang douteux, aux habits rutilants d’or de la peau de leurs esclaves… Qoherys demeure pourtant un homme facile à lire. Par dessus tout, le pouvoir même peut-être, sa démesure rêve d’accéder aux couches supérieures de notre société. Sa vengeance suprême sur sa Destinée serait d’épouser une femme de la noblesse, de mêler son sang impur à plus magique que lui. Nous pourrions lui donner ce qu’il désire… » Alynera s’enfonça quelque peu en son siège, une fatigue discrète sous les yeux, soulageant par la même ses reins qui la faisait tant souffrir depuis qu’un dragon grandissait en elle.  « … mais une telle union ne nous ferait que gagner du temps, tout au plus. Un jour prochain son poignard viendrait nous pourfendre le dos. J’ai bien peur que pour Qoherys seul le silence éternel achètera sa paix. Aussi je crois que c’est notre devoir, en tant que fondateurs et protecteurs de cette Cité, que de le lui offrir. » À cet instant précis, elle aurait pu jurer que l’enfant-dragon venait de bouger arguant à sa mère qu’il la soutenait. Songeuse, un sourire opaque sur les lèvres, elle caressa son ventre arrondi. « Je ne suis pas certaine, cependant, que nos époux et Vaerys, devraient être mis dans la confidence de cette condamnation. Ils doivent accéder au pouvoir sans aucune tare néfaste sur leur voie. Nous devrons nous en charger entre nous, depuis le secret de nos gynécées. De cela, cependant, je ne suis pas certaine. Qu’en pensez-vous ? »



Ragaenor était un érudit. Mais son esprit, peut-être le plus brillant du monde Valyrien pourtant, jamais ne penserait que sa nièce-épouse était commanditaire de l’assassinat d’une Lumière. Comment aurait-elle pu, de sa condition toute féminine, de son sexe méprisable, enceinte pour la première fois, ordonner la mort ? avec une appelée au Magister et la matrone Riahenor qui plus est ? Problème, cette décision leur couterait plus que leur poids en or. Elles devraient y laisser bien des bijoux et qui sait à combien cette machination de la vie s’élèverait? Sans compter qu'il faudrait, une nouvelle fois, demander l’aide du Maerion. Aerys… Elle inclina la tête tandis que sa main continuait de parcourir la surface de son ventre. Des années auparavant elle avait eu le même geste maternel pour Yraenarys, lorsqu’il venait, quoique déjà bien gros, se blottir contre son corps. Il lui donnait alors quelques coups de têtes affectueux. Secrètement, elle se demandait comment deux amours aussi différents pouvaient coexister. Jusqu’alors, elle avait toujours cru que son dragon était une part d’elle-même… pourtant elle ne l'avait pas engendré autre que dans les flammes. Pour chasser ces pensées intrusives elle but quelques gorgées supplémentaires.

« Demeure la question épineuse de s’assurer que les fanatiques de Qoherys nous suivront. Tu as raison, ma noble sœur, en soulignant que le pouvoir autocratique soutenu par les Jaunes est jusqu’alors dévolu à une figure. Du moins, c’est derrière sa fortune que ses sbires se rallient. À les côtoyer, à les observer, j’en suis arrivée à la conclusion que ce n’est pas tant l’homme qu’ils suivent mais un idéal. Il y a très certainement deux catégories de suiveurs : ceux qui sont las des rouages enrayés de cette république et souhaitent faire du pouvoir démocratique un pouvoir autocratique, à des fins d’un choix d’action plus large, plus juste et plus rapide. Et, il y les autres. Les parjures. Ces vautours qui espèrent un jour prendre la place de Valerion lorsqu'il aura réussi à instaurer une dictature. Les premiers nous pouvons les raisonner, les autres seront nos ennemis. Du reste, ils le sont déjà depuis longtemps… nous ne connaissions tout simplement pas encore leurs visages. » Désormais, Il les connaissait. Et, sans surprise aucune, elle y retrouvait le serpent qui était la cause de tous ses tourments. « Une volonté tricéphale unie représente ce que les Jaunes souhaitent. Ils veulent être rassurés par la concentration d'un pouvoir dans des mains justes et fiables. Personne autre que nous sommes à même de le faire. »



À ses mots, Alynera immobilisa sa main tout en levant doucement son regard d’acier dans celui de la belle dame Riahenor. Il y avait une question à laquelle elle n’avait pas encore répondu. A dire vrai, maintenant qu'elle la côtoyait comme une mère, lil lui semblait qu’elles étaient bien semblables. Un sourire triomphant se dessina dans ses lèvres. Il était certain, malgré leurs divergences, elles rugissaient de la même grandeur. 


« Plus tôt, Vaelya, je n’ai pas compris ton sous-entendu : aimerais-tu revoir éclore une Triarchie ? Ma proposition ne soutient rien de tel. En l’état des choses ce serait nous aliéner le peuple tout entier. Je crois cependant qu’il serait bon, et grand temps, de prendre une revanche toute républicaine sur une institution civique qui s’est voulue plus forte que le sang des dieux. À ces fins, nous devrons user de fins stratèges tout au long des cinq années qui nous seront accordées. Nous réformerons le système. Et, dans cinq ans, lorsque nous aurons épuré les ennemis de Valyria nous verrons comment le peuple nous perçoit. Tout doit désormais venir du peuple, nous ne pouvons décider seuls du retour de l’ancien monde tel qu’il a pu exister. Ce qui nous amène à parler du Collège. Il est temps que la réelle magie du monde puisse assoir son autorité. Trop de mortels, ici bas, pensent que tout leur est du car ils ont réussi à chevaucher un dragon quand d’autres n’hésitent pas à se marier avec des étrangers, quitte à offrir en pâture le sang que nous leur avons accordé. Depuis trop longtemps le Collège sait que ces déboires affaiblissent l’ordre cosmique de notre monde… C’est pourquoi le prochain Magister devra être tout dédié à notre héritage. Nous rétablirons le mécénat des Vaekaron envers le Collège puisque, comme tu le dis toi même sage Vaelya, nous ne sommes plus à une entorse des nos nobles moeurs. De qui prendra la place du violeur, c’est à vous de le décider. Jaenera est formée par mon oncle depuis son enfance… mais, bien sûr, il y a toi Alyrea. Depuis trop longtemps les Lyseon n’ont pas pas montrer leur férocité légendaire. » Alynera poussa délicatement le précieux parchemin vers la puissante Mage, l'intimant à le prendre. « Il est temps que le monde se souvienne que Valyria repose sur notre sang. Sans nous, elle n’est plus rien, ils ne sont rien. Les aristocrates feraient bien de se souvenir la déférence qu'ils nous doivent, à nous et aux autres. Nous devons rappeler que sous notre protectorat tous les Valyriens sont égaux. »



La colère souriait en sa gorge alors qu’elle avait pu témoigner que les patriciens s’étaient très vite désintéressés des bonnes œuvres pour lesquelles pourtant, d’ordinaire, ils faisaient grande gorge. Quelques semaines plus tôt, elle s’était retrouvée seule avec la jeune Taellarys à panser et écouter les mourants de l'hospice. Ce peuple qui l'avait avec bonté surnommée princesse, si aimant, si pieux, était en vérité méprisé par les membres qui avaient accéder au pouvoir. Pourtant, il fut un temps où ces nouveaux riches avaient tous été bergers, un temps où ils se déplaçaient en comptant les étoiles sur leurs doigts, un temps où leurs cheptels étaient maigres et faméliques. Si les desseins des Dieux étaient les leurs, sur terre leurs entants prendraient soin des plus démunis. Prise d’un maux de tête soudain, elle ajouta fiévreusement. 


« Nous devons réinstaller les démunis au cœur de nos préoccupations. Après-tout, c’est aussi notre faute si nous avons laisser les choses déraper aussi longtemps… nous leur devons réparation. »

Restait cependant les autres Lumières, dont le Cellarion qui n'abandonnerait sa place au Pinacle pour rien au monde.


Voix de l'Ombre
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Les morts gouvernent les vivantsAlynera Vaekaron & Alyrea Lyseon

Valyria, Tour Vaekar - An 1067, mois 4

Si elle ne s’était attendue à rien de cette journée, et encore moins de cette entrevue, Vaelya Riahenor devait bien se rendre à l’évidence : elle s’était trompée. Il ne lui était jamais venue à l’idée d’être à la pointe d’une réflexion bien dangereuse pour Valyria, et pour elle-même. La politique, elle s’en mêlait depuis des années comme ce que son rôle exigeait d’elle : en appuis des ambitions et des décisions de Maegon. Ces dernières étaient souvent justes, par ailleurs, comme l’avait démontré son quasi-retour aux affaires quelques mois auparavant. On ne pouvait en dire autant des deux autres dynasties. Les Riahenor avaient embrassé plus que quiconque le nouveau monde bâti par les Dragons Verts.

Cela leur avait donné une avance sur les deux obstinations très différentes des Vaekaron et des Lyseon. Qui s’en souciait aujourd’hui, cependant ? Cela n’avait plus aucun intérêt car même avec leurs moyens, les Riahenor perdaient du terrain. Ils pouvaient bien avoir remporté une victoire mais leur poigne sur la cité et son âme se desserrait à chaque lune. À ce rythme, il ne faudrait guère longtemps pour que les Valyriens oublient ceux que les Dieux avaient choisi, ceux qui leur avait fait le don des dragons à certains élus, et ceux qui avaient fait donc à Valyria de leur grandeur. Malgré cette inquiétude latente chez elle, Vaelya n’avait pas agi. Si elle entendait les remarques et les justifications d’Alynera, elle se rendait surtout compte que c’était elle, la Princesse, qui se bâtait pour leur âme à tous. La Riahenor explorait les possibilités en silence, alors que la Vaekaron parlait et que la Lyseon s’entêtait dans un mutisme borné. L’alliance des trois dynasties aurait forcément un impact significatif important, encore qu’il fallût réussir à faire asseoir leurs trois dirigeants autour d’une table. Elles n’étaient pas directement décisionnaires. Mais Vaelya commençait à voir le pouvoir de cette assemblée féminine. Elles pourraient chacune rendre compte aux chefs dynastiques et ceux-là pourraient décider de continuer ou non ces discussions en personne. Ainsi, personne n’était compromis si cela n’allait pas plus loin. Pour Valyria, toutefois, ces discussions devaient atteindre leur terme.

« En exposant nos divisions, nous avons tout autant garanti la balance que nous avons fait voir à nos concitoyens que Valyria est divisée jusqu’à son âme, Aynera. Je comprends ton raisonnement mais je doute qu’il englobe l’entièreté de notre situation. Celle-ci est bien plus compliquée que nous voulons bien l’admettre. J’imagine toutefois que tu as raison. Nos trois familles faisant front commun auront certainement un aspect apaisant sur cette histoire. Peut-être que les jeunes familles nous écouteront, au moins un peu. »

Vaelya soupira. Rien n’était moins sûr et il faudrait convaincre Maegon, Ragaenor et Vaerys. Si elles y parvenaient, toutefois, ce serait un premier pas dans la bonne direction. Le radicalisme d’Alynera effrayait la Riahenor qui n’était guère coutumière de parler de vie et de mort en maintenant cela dans la paume de sa main. Allait-elle vraiment décider de tuer un homme ? Vaelya chassa ses peurs. Valyria méritait tous les sacrifices pour sa protection. Sa main ne devait pas trembler alors qu’elle honorait l’héritage de Riahenys. Elle baissa toutefois la voix.

« Si vous voulez mon avis, laissez cet agaçant personnage accéder au poste suprême était l’erreur de trop. Je te suis dans cette idée, Alynera. Mais l’homme est puissant, et bien protégé. Il nous faudra quelqu’un pour mettre sur pied une telle opération. Je peux payer, soustraire joyaux et dotations, mais je n’ai aucune compétence là-dedans. Et Maegon n’a guère l’habitude de me laisser dans la confidence de ses manigances. Comment comptes-tu faire ? »

Le reste du débat fut consacré à la solution politique qu’espérait mettre en place Alynera. Elle y voyait un peu plus clair, mais cela restait bien confus pour elle. La Riahenor mettait cela sur le compte de leur inexpérience en termes politiques, d’autant que sur la jeunesse et l’impatience de la Vaekaron. Restait qu’elle n’avait pas que des idées stupides. Vaelya appréciait l’idée d’un grand chamboulement organisé.

« Je souscris à l’idée que Talaegar doit partir. Je ne suis toutefois pas très enthousiaste à l’idée de voir Jaenera Valineon lui succéder. Ce qui a fait la stabilité de notre société, c’est aussi la neutralité et la réserve des mages. Quant à toi, Alyrea, avec tout le respect que j’ai pour ton engagement et ton sang, tu es trop jeune, et pas assez reconnue. Tu ne dompteras pas les mages, du moins pas encore. Alynera, pourrais-tu organiser une rencontre avec cette Jaenera ? J’imagine qu’elle répondra plus favorablement à une Vaekaron… »

Vaelya avait entendu certaines rumeurs aussi curieuses qu’excitantes sur les Vaekaron, mais elle se fit la réflexion que ce n’était ni le lieu, ni l’endroit. Quant à Alyrea, elle ne souhaitait pas donner trop de pouvoir aux Lyseon.

« Nous allons manquer de puissance de feu, sans mauvais jeu de mots, pour mettre en place ton idée. Le capital symbolique est juste et bon, mais il n’a jamais permis à personne de gouverner sans capital politique pour le doubler. Les Lumières de Sagesse ont cette légitimité et ce pouvoir. Travaillons avec eux. Ils mettront en place un programme pour apaiser la situation et rebâtir le cœur de Valyria pour sublimer son âme, sous notre surveillance. Si nous ne les jugeons pas assez en phase avec nos intérêts, nous convoquerons le Sénat pour les démettre tous. Il serait habile que notre ver de terre disparaisse avant cela. Ainsi, nous pourrions pousser pour faire élire à sa place le futur dirigeant de nos armées, et donner des gages aux Rouges. Concédons aux Bleus la nomination de davantage de gens du commun dans l’administration de la République, et pas seulement issus des grandes familles bourgeoises et marchandes. Voilà notre grande valeur ajoutée : défendons la création d’une caste de serviteur de la République : payés, protégés, valorisés. Embauchons des clercs pour notre administration, des superviseurs pour notre économie, des baillis pour nos communautés agricoles... Le peuple nous sera reconnaissant. Quant aux Dieux, je dis que nous devrions suivre cet illuminé de Velaryon, mais pas en totalité. Gardons l’égalité entre nos dieux car c’est ainsi que les pères de nos pères ont connu Valyria ; mais repoussons les autres cultes en dehors de nos murs. Cela n’a probablement que peu d’importance pour nous, mais le peuple y est sensible. Les interdire purement serait une erreur, mais faisons comprendre à ces diseurs de bonne aventure que notre tolérance atteint ses limites. »



Alynera Vaekaron
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Mīsio Lentor

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Tour Vaekar, An 1067, Mois 4



« Si vous voulez mon avis, laissez cet agaçant personnage accéder au poste suprême était l’erreur de trop. Je te suis dans cette idée, Alynera. Mais l’homme est puissant, et bien protégé. Il nous faudra quelqu’un pour mettre sur pied une telle opération. Je peux payer, soustraire joyaux et dotations, mais je n’ai aucune compétence là-dedans. Et Maegon n’a guère l’habitude de me laisser dans la confidence de ses manigances. Comment comptes-tu faire ? »



Son pouce massa pensivement la paume de sa main, un sourire sombre sous la lèvre. Quel étrange tribunal était-ce ! Pouvait-il donc être si simple de porter préjudice à autrui, confortablement installé depuis un siège, le nectar des Dieux en bouche ? Éteindre une Lumière était une chose qui, quelques mois auparavant encore, lui aurait semblé impossible. Alors, Alynera ne connaissait rien aux manigances assassines des hommes. Cette étpoque était désormais bien révolue. Il y avait bien quelqu’un, un homme, un fils puîné. Aerys Maerion. Nul doute cependant que le nom serait une attaque mortelle à la Riahenor. 



« Je connais une main, avec elle jamais personne ne pourra remonter à nous. Mais afin d’en chasser le mauvais œil, nous ne devrions jamais prononcer son nom entre nous. Si j’ai votre confiance alors je porterai son identité secrète, quoique nous soyons toutes les trois liées par ce pacte plus grand encore que le sang que nous partageons. Il est à prévoir que le prix à payer sera des plus conséquent… Vaelya tu es la plus riche d’entre nous, Alyrea la plus pauvre. Quant à moi, j'aimerais pouvoir savoir où je me situe entre vous... Je vous aiderai comme je le peux. La dot de Vaessa ne servira plus désormais et les trésors féminin de la Tour abritent encore quelques antiques pierres. »



Les joyaux des temps de jadis, là résidait bien leur dernière richesse. Mais quelques pierres de rocaille pouvaient-elles acheter la vie d'un homme ? Et, face au tribunal des Mortels, 
pourraient-elles faire comprendre qu’elles avaient donné jusqu’à leur dernier honneur pour les sauvegarder du danger ? Il était tout à parier que les hommes seraient tels des vautours, parés à descendre en piquet pour leurs arracher la peau de leurs serres agiles et tirer les viscères de leurs becs affamés.



« Je souscris à l’idée que Talaegar doit partir. Je ne suis toutefois pas très enthousiaste à l’idée de voir Jaenera Valineon lui succéder. Ce qui a fait la stabilité de notre société, c’est aussi la neutralité et la réserve des mages. Quant à toi, Alyrea, avec tout le respect que j’ai pour ton engagement et ton sang, tu es trop jeune, et pas assez reconnue. Tu ne dompteras pas les mages, du moins pas encore. »



Du coin de l’œil, Alynera observa en silence Alyrea. Leur aînée avait probablement raison. Malgré la prestance et la haute source de sa magie, elle ne possédait pas encore les atouts nécessaires pour s’élever à la suprématie de ce rang. Sa famille était trop faible, sur le déclin… mais le Magister actuel venait après-tout d’une petite famille et, lui, était bien parvenu, fort jeune, à gravir les échelons. Pourquoi ne pourrait-elle pas y arriver, elle, une Lyseon ? Mais, puisqu’il fallait savoir perdre quelques batailles, elle ne commenta pas ses dernières pensées.



« Jaenera Valineon est pourtant la grande favorite pour succéder à Talaegar. Elle n’aura pas besoin de notre aide pour y accéder. En revanche, elle représente un pion que nous ne pouvons nous permettre de ne pas jouer. Dès le début des évènements, elle s’est rangée du côté des Jaunes pour être proche du clergé d’Arrax. Quoiqu’elle n’ait cure des ambitions du nobliau Qoherys sa famille est encore politiquement trop faible pour qu’elle puisse se permettre d’avancer sans un fervent soutien public. Je pense posséder une carte, un attout, pour qu’elle rejoigne nos rangs. Que la neutralité et la réserve du Collège soit conservée par la suite, je le concède bien évidemment. »



« Pourrais-tu organiser une rencontre avec cette Jaenera ? J’imagine qu’elle répondra plus favorablement à une Vaekaron… »



« Rien ne me serait plus simple, Jaenera vient encore étudier dans notre bibliothèque. Une entrevue sera organisée à sa prochaine visite, dans les jours à venir, tu as ma parole. »



Pour accompagner ces quatre derniers mots, elle porta ses doigts à son front. Il serait aisé d’organiser cette entrevue, les deux femmes se connaissaient suffisamment malgré leur réserve naturelle l’une pour l’autre. Et Alynera savait exactement comment la range de leurs côtés.



« Nous allons manquer de puissance de feu, sans mauvais jeu de mots, pour mettre en place ton idée. Le capital symbolique est juste et bon, mais il n’a jamais permis à personne de gouverner sans capital politique pour le doubler. Les Lumières de Sagesse ont cette légitimité et ce pouvoir. Travaillons avec eux. Ils mettront en place un programme pour apaiser la situation et rebâtir le cœur de Valyria pour sublimer son âme, sous notre surveillance. Si nous ne les jugeons pas assez en phase avec nos intérêts, nous convoquerons le Sénat pour les démettre tous. Il serait habile que notre ver de terre disparaisse avant cela. Ainsi, nous pourrions pousser pour faire élire à sa place le futur dirigeant de nos armées, et donner des gages aux Rouges. Concédons aux Bleus la nomination de davantage de gens du commun dans l’administration de la République, et pas seulement issus des grandes familles bourgeoises et marchandes. Voilà notre grande valeur ajoutée : défendons la création d’une caste de serviteur de la République : payés, protégés, valorisés. Embauchons des clercs pour notre administration, des superviseurs pour notre économie, des baillis pour nos communautés agricoles... Le peuple nous sera reconnaissant. Quant aux Dieux, je dis que nous devrions suivre cet illuminé de Velaryon, mais pas en totalité. Gardons l’égalité entre nos dieux car c’est ainsi que les pères de nos pères ont connu Valyria ; mais repoussons les autres cultes en dehors de nos murs. Cela n’a probablement que peu d’importance pour nous, mais le peuple y est sensible. Les interdire purement serait une erreur, mais faisons comprendre à ces diseurs de bonne aventure que notre tolérance atteint ses limites. »



Malgré ses quelques mois comme sénatrice, Alynera manquait cruellement d’expérience politique. Pire que de l’inexpérience, elle se battait contre une mise à l’écart constante des rouages politiques depuis sa tendre enfance. Elle avait été préparée, savamment, pour être une épouse parfaite. Et dans cette large pièce, enceinte de son premier enfant, alors qu’elle s’efforçait de déplier ses ailes dans une cage trop étroite, il était difficile de dire si elle l’était ou non. Elle bafouait très certainement la grande leçon que son oncle lui avait donnée à l’aube de leur mariage. L’honneur découle du respect de l’autorité. L’autorité des Dieux, l’autorité de l’Etat et l’autorité du chef de la famille, lui avait-il dit… il lui semblait qu’elle les bafouait toutes et qu’à la fois elle les honorait toutes. Créer une nouvelle caste ? C’était une étrange idée. Aussi dévouée qu’elle était au petit peuple, à le nourrir, à lui porter secours, jamais elle ne s’était imaginée pouvoir les voir un jour gravir les marches de Drivo Perzo en toge sénatoriale. Les femmes seraient-elles seulement admises dans cette caste étrange ? Cela ne pouvait être, ou alors il faudrait demander l'appui d'Eleane Tergaryon qui n'avait qu'une volonté celle de créer un contrepouvoir féminin.



« Soit. L’annélide aura disparu bien avant. Nous utiliserons la légitimité des Lumières afin d’imposer, en tout neutralité, nos époux comme Protecteurs de Valyria. Afin de créer cette caste de serviteurs dont tu parles, et sur laquelle Maegon semble avoir bien réfléchi, il faudrait instaurer une académie républicaine où ces futurs, fonctionnaires, dois-je les appeler ainsi Vaelya ?, seraient entraînés à leur sacerdoce. Ils ne tiennent aucune chance face au verbe de ceux qui sont entraînés depuis des millénaires à ces charges. Autrement, sans un entraînement institutionnel strict, ils ne seront jamais préparés et encore moins acceptés parmi leurs futurs « pairs » — et la protection dont ils bénéficieront ne pourra rien y faire. Observe donc avec quels adjectifs nous avons décrit le sang de Qoherys ces dernières heures, ce qui, au demeurant, est tout ce qu’il y a de plus objectif, certes, mais la conception généalogique de cet univers ne peut être abolie par nous. Et puis, il me semble difficile, et quelque peu fantasque, d’accorder de nouveaux sièges sénatoriaux au petit peuple sous prétexte que nous en tirerons quelque reconnaissance. Nous ne devrions pas réitérer les erreurs que nos Aïeuls ont fait de nombreux siècles auparavant. Cependant,  quoiqu’elles aient le don d’ébranler toutes mes certitudes, je soutiens tes idées ! Mais enfin, ne serait-il pas préférable de leur permettre de s’épanouir autrement, dans une caste réellement nouvelle, où ils pourraient avoir une carrière publique et civique selon une grille à échelons ? Si nous souhaitons réellement leur donner considération, réformons notre système afin que le peuple n’ait plus seulement la possibilité de s’émanciper via une carrière militaire. Plus que de leur offrir quelques sièges et postes, nous devrions créer un collège administratif, hautement méritocratique, ouvert à tous les citoyens masculins ayant réalisé leur service militaire. Par là même, nous pourrions également récompenser quelques familles marchandes, appauvries par les évènements, en leur offrant la charge civique de créer les uniformes et broderies de ces futurs administrateurs, élèves et salariés. Il faudra cependant des fonds pour financer ce projet et la guerre n’a que trop appauvrie les caisses de notre empire. » 



Alynera écouta avec une satisfaction non dissimulée les dernières paroles de sa consœur. Avec l’assentiment de déplacer les temples païens aux abords de la ville, elle venait de gagner une grande victoire. Velaryon lui en serait reconnaissant : Arrax avait placé ses desseins dans la bonne famille. 



« Qu’il en soit fait ainsi. Il était grand temps que les Quatorze Flammes soient seules à régner dans les murs de leur divine Cité. Théâtralement, elle versa son verre au sol, pour honorer les Dieux et la parole dynaste. Quelles sont nos échéances ? Les Jaunes n’ont, pour l’instant, décidé d’aucune offensive qui me soit connue. Comment comptes-tu en parler à ton époux, Vaelya, et toi, Alyrea, à ton cousin ? Il leur reviendra à eux de dessiner la Valeria de demain, celle du peuple, celle des trois Factions, nous ne sommes après-tout que leurs dévouées. »




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Les morts gouvernent les vivantsAlynera Vaekaron & Alyrea Lyseon

Valyria, Tour Vaekar - An 1067, mois 4

Tout se mettait en place alors que les deux femmes les plus expérimentées autour de la table se mettaient d’accord. Le plan prenait forme et la convergence de leurs positions était palpable. Bientôt, Riahenor et Vaekaron auraient une position commune. Tout du moins ces Dames les matrones. Il pourrait s’avérer plus compliqué de convaincre leurs seigneurs-dragons d’époux mais cela viendrait en temps voulu.

Jaenera serait approchée pour soutenir leur nouvelle union sacrée, si Alyrea parvenait à convaincre son cousin. Cette dernière restait silencieuse, même lorsque son sort était évoqué. Ou bien elle se fichait éperdument de son avenir ou de son nom, ou bien elle jouait la comédie. Il y avait toutefois un point compliqué sur lequel les positions Vaekaron et Riahenor achoppaient. Vaelya garda le silence face à la réponse d’Alynera, mais elle ne se résolvait pas à abandonner son idée. Les Vaekaron restaient attachés aux voies de jadis, et leur obsession pour le sang pouvait leur valoir des ennuis. Le Sénat ne disparaîtrait pas demain, et Vaelya souhaitait impérativement s’assurer la loyauté d’une nouvelle génération de Sénateurs. Elle en discuterait avec son frère-époux ; il y aurait toujours moyen de négocier cela en contournant Alynera et en parlant directement avec Ragaenor. Elle opposa un sourire de façade à la Princesse pour toute réponse.

Vaelya doutait que l’emportée Valineon ne se rangeât aisément à une position de neutralité du Collège dont elle défendait justement un poids plus important et une autonomie renforcée vis-à-vis du Sénat et des institutions de la République. Elle n’en rajouta pas, désireuse de cimenter au plus vite leur accord. Accompagnant Alynera, elle repoussa son siège et leva son verre autour de cette table qui avait vu un projet pharaonique voir le jour. S’il parvenait à terme, ces trois femmes pourraient se vanter d’avoir obliqué le cours de l’Histoire à tout jamais. Elles seraient peut-être un jour célébrées comme les trois nobles amazones qui avaient sauvé Valyria, telles Naehrys et Haera qui avaient occis le maléfique Rytorth dont la dépouille avait donné l’île aux Cèdres. Ou bien, le sort se retournerait contre elles et auquel elles venaient possiblement de signer la chute finale des dynasties, leur entrée au caveau du destin.

« Nous ne pourrons pas. »

La voix d’Alyerea avait fait vibrer l’air millénaire pour la première fois depuis un long moment. Vaelya laissa son verre retomber, son regard violet profond se déposant sur la mage. Alyrea Lyseon regardait dans le vide, son poignet était fermé et elle tremblait presque d’une rage qui menaçait de jaillir avec le fureur d’un volcan.

« Nous sommes ruinés, mes sœurs. Mais notre banqueroute ne nous appartient pas. Mon frère a bradé notre indépendance à sa créancière. Celle-ci nous fera exproprier et nous renverra aux grottes de berger si jamais nous lui désobéissons. Echya Odenys n’est pas connue pour être une tendre femme. Elle nous déteste, par sa basse extraction, par son sang boueux. »

Alyera n’était pas une politique expérimentée et on pouvait aisément lire toute la rage et la honte qui se mêlaient sur son visage. Tout cela sortait comme une éruption contenue trop longtemps. La vue de ces deux femmes au sang aussi prestigieux et ancien que le sien lui avait renvoyé à la figure le statut de sa famille, prétendument en bien meilleure posture que les Vaekaron mais en réalité déjà condamnée. Les Lyseon était la dynastie qui avait failli, qui avait tout perdu et qui pouvait désormais disparaître parce que son cousin Vaerys était incapable de superviser les finances de leur famille. Alyrea releva la tête, regardant tour à tour Vaelya et Alynera. Dans ses yeux brillait la fierté furieuse d’une descendante de Fondateur, celle qui ne se résoudrait pas au destin qu’on traçait pour son nom et pour Valyria. Toutefois, derrière cette ultime bravade se dissimulait une certaine résignation honteuse. La solution était inextricable.

« A moins de convaincre Odenys de nous soutenir, ce dont je doute, nous ne pourrons vous aider. Nous n’avons pas les moyens de nous libérer de notre lien de dépendance à cette marchande. Mes sœurs, jamais mon cousin n’en appellera à la générosité et à l’aide des autres dynasties. Je n’ai pas cette réserve car je sais que je suis en famille malgré tous nos désaccords. Comment faire que les Lyseon soutiennent ouvertement ce plan ? »

Son désespoir était palpable.


Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Les morts gouvernent les vivants Alyrea & Vaelya (PNJ)

Tour Vaekar, An 1067, Mois 4



« Nous ne pourrons pas. »



Marquant la surprise de Vaelya, sa coupe d’argent victorieuse tomba sur la table de marbre. Le choc avait été brutal. Alors que son verre porté haut promettait leur avenir radieux, les mots d’Alyrea s’étaient fait leur tombeau. La fureur déformait ses traits majestueusement sophistiqués, à croire qu’elle s’était métamorphosée en une vague de lave dévastatrice. Son poignet tremblait d’une tension trop longtemps contenue. Jamais Alynera ne l'avait vue ainsi. Sans un bruit, statuaire, elle se mit debout aux côtés de la Riahenor. Des mêmes yeux violets, avec la même intensité, elles s’érigeaient telles des rapaces prêts à fondre sur leur proie. 


« Nous sommes ruinés, mes sœurs. Mais notre banqueroute ne nous appartient pas. Mon frère a bradé notre indépendance à sa créancière. Celle-ci nous fera exproprier et nous renverra aux grottes de berger si jamais nous lui désobéissons. Echya Odenys n’est pas connue pour être une tendre femme. Elle nous déteste, par sa basse extraction, par son sang boueux. »



Au goût d’Alynera, cette confession arrivait, à n’en point douter, un peu trop tard dans cette conversation. Mais, quand bien même, elle pressentait le vif émoi en train de la submerger. La dette des Lyseon, en elle-même, n’était pas une surprise. La réfection de l’antique palais, la vaste entreprise de réhabilitation des jardins, la commande rutilante menées pour les légions : Vaerys avait dépensé sans compter pour assoir sa légitimité. Et, face à cette dilapidation, d’aucun n’était parfaitement dupe. En l’état actuel de leur société, où aucune place n’était dévolue aux anciens Triarques, il n’y avait aucune surprise quant au désarroi grandissant des dynastes à subvenir à leurs royales dépenses. Il n’était d’ailleurs que trop évidemment qu’un jour prochain, dans des décennies ou un siècle, les Riahenor même seraient obligés d’en venir à cette basse besogne qu’était l’emprunt. Comment pouvait-il en être autrement quand, par leur statut, les dynastes ne pouvaient s’enrichir ni par le commerce, comme les autres familles, ni sur l’esclavagisme, qu’ils ne toléraient pas ? Ils vivaient en autarcie, sur une fortune ancestrale — qui à ses premiers âges aurait fait pâlir de jalousie les Argentiers. Cependant, il y avait différentes manières de procéder. La petite cicatrice, dans le creux de sa main gauche, en était une preuve : demander un crédit, comme elle l’avait fait deux mois plus tôt, dans le plus grand des secrets, avait sa propre limite. Aussi tenter de comprendre comment Vaerys, cet usurpateur, car s’en était définitivement un, avait pu sciemment pousser sa famille dans les geôles d’une vulgaire marchande était de l’ordre du surnaturel ! Car Echya Odenys était un monstre, une engeance machiavélique faite femme. Quelques mois auparavant, Alynera avait pu la côtoyer lors des séances au Sénat. La plébéienne ne reculait devant rien. Elle marchait sur le sol sans aucune noblesse, le charme claquant de sa fortune n’achetant que les fats, persuadée qu’elle détenait le monde dans la paume de sa main. Son visage ingrat, trop fardé, aux sourcils trop teintés, se moquait de tout. Elle était de cette caste de ceux dont l’argent peut tout acheter jusqu’à en perdre toute considération. Aux thermes, entre les murs de marbre aux commérages lézardants, il se murmurait qu’elle aimait les femmes et que, chose plus étrange encore, sa langue était experte pour… Réprimant un haut le cœur colérique, Alynera ferma les yeux préférant chasser la pensée. Il était trop tôt pour la luxure.



Il demeurait un problème sous-adjacent, plus inquiétant peut-être encore. Créancière des Lyseon, quasi-propriétaire de leur palais et de ses antiques terres, Echya, cette vulgaire sang inapte, avait supporté Maegon Riahenor aux dernières élections. La surprise générale avait été générale, mais désormais il n’était trop certain que tout ceci était de bien mauvaise augure...



« VALYRIA N’EST-ELLE DONC REDUITE À N’ÊTRE QUE LE DERNIER BOULEVARD DE LA MANIGANCE DES MARCHANDS ? ! »



Ses deux poings frappèrent avec force sur la table, tandis que son frêle corps tout entier résonnait de cette colère stupéfiante. Le Grand Effondrement aurait pu bien avoir lieu une seconde fois, ici dans cette pièce, au Diable la contenance et la retenue féminine ! Elle ne pouvait croire que la sottise d’un homme et la vénalité d’une inapte pouvait venir contrecarrer le retour des Enfants divins au pouvoir. Elle ne pouvait croire que les Lyseon étaient pris au piège d’une toile trop grande pour eux et que, depuis des mois déjà, ils étaient en train de mourir étouffés sans qu’aucune aide ne leur soit portée ! Ces chiens galeux, bavant face aux montagnes d’or qu’ils croyaient plus hautes que les Flammes, devraient sévèrement payer pour leurs crimes. Echya Odenys, et elle n’était pas la seule, en voulant s’octroyer la vie des Lyseon était allée trop loin. Pour elle, désormais, il n’y aurait aucun retour en arrière. De son piedestal elle ne craignait pas la vengeance des Dieux, mais qu’elle prenne garde à leurs enfants, ces demi-dieux, car, à moitié mortels, ils pouvaient emprunter les pire vices des hommes ! Oui, maintenant que les fils de la Fortune étaient emmêlés… ses heures étaient comptées. 



« Pardonne-moi ñuha uēpkta*… ce… tout ceci n’est évidemment pas de ton ressort. »



« A moins de convaincre Odenys de nous soutenir, ce dont je doute, nous ne pourrons vous aider. Nous n’avons pas les moyens de nous libérer de notre lien de dépendance à cette marchande. Mes sœurs, jamais mon cousin n’en appellera à la générosité et à l’aide des autres dynasties. Je n’ai pas cette réserve car je sais que je suis en famille malgré tous nos désaccords. Comment faire que les Lyseon soutiennent ouvertement ce plan ? »



« À combien s’élève la dette de Vaerys ? »



Si sa voix s’était faite basse, il y sourdait pourtant la même colère terrible alors que, sous ses poings, ses ongles s'enfonçaient dans sa peau. 


« Trop. Sans doute plus que le reste de tout l’or des dynasties » 


Si c’était possible, le souffle aurait manqué une seconde fois à Alynera qui jeta un coup d’œil alarmé à Vaelya. Le désespoir palpable de la Mage était désormais frappé sur leurs trois visages. Cette fois, les bijoux, la rocaille, l’or, les artéfacts, n’y feraient rien. Elles ne pouvaient lui venir en aide.



« Pour l’heure, nous ne pouvons éliminer deux personnes… »



C’était un vilain sarcasme et Alynera tenta de le dissimuler sous une lèvre tremblante, riante de nerfs et de chagrin. Furieux, ses yeux s'étaient remplis de larmes qui, sans couler, faisaient irradier son regard d'un glacial brasier. 


« Tu as bien fait de nous avouer la situation des tiens. Nous allons t’aider. » Alynera n’avait pas besoin de l’assentiment de Vaelya, toutes trois étaient face à l'adversité. « De toute manière, quatrième faction ou non, nous n’avons pas le choix que de t’aider. Ce parchemin que je t’ai donné est une prophétie runique sur l’importance de notre primauté… Nous n’avons pas le choix. Votre dette doit être payée. Dans cette triste situation, seules les cassettes du clergé peuvent nous venir en aide. À l’avenir, nous ne pouvons plus nous permettre d’être les esclaves d’autres familles. » Elle pensait à son propre pacte avec Aerys Maerion, celui-ci avait été habilement négocié. Entendant la machination néfaste d'Echya, Alynera avait désormais la certitude que l’homme, malgré le passif meurtrier de sa famille, était sincère dans son grand respect pour les dynastes. « Nous demanderons au sacerdoce d’Arrax de payer votre dette de manière anonyme. En échange, nous donnerons à Jaenaron Valeryon une cure au Sénat et… nous lui arrangerons des initiations secrètes dans nos cercles respectifs. Malheureusement, il est fortement à craindre qu’Echya refuse le paiement. Cette pute a bien plus à gagner de vous avoir sous sa coupe que de cet or dont, de toute évidence, elle n’a pas besoin. Si cela devait se passer ainsi, alors vous n’aurez d’autre solution que de dévoiler publiquement, devant le Sénat, votre contrat. L’humiliation sera éprouvante, pour vous et pour nous. Cependant, nous demanderons au clergé d'Aegarax, suivi du Clergé tout entier, de vous venir en aide et de façon tout aussi publique. Ils accepteront car, et voilà bien leur chance innée, de cette manière ils pourront resserrer leur emprise sur la société délétère dans laquelle nous respirons. Pour eux, sera venu le temps de leur grande leçon sur l’apanage de la richesse plébéienne et de l’hybris mortel sur la gloire divine. Et, à ce moment là, il est à croire que Jaeneron préfèrera nous aider que de voir les autres sacerdoces saccager tous les progrès infernaux qu’il a du réaliser ces dernières années. Les Lyseon ne seront pas seuls, nous ne serons pas seuls. »



Alynera n’était pas proche de la Mage, elles étaient des étrangères l'une pour l'autre. Pourtant, elle pouvait ressentir sa détresse comme si c’était la sienne. Sous sa peau, l'enfant en elle s’agitait avec vigueur, défiant les mortels qui ne le connaissait pas encore de la force primordiale des leurs. Et, alors que ce mouvement interne la faisait pâlir à vue d’oeil, malade de son propre corps, ses poings se délièrent pour se poser avec calme sur le marbre froid.



« Il y a cependant une condition. Vaerys devra être répudié et une régence assurée en attendant la majorité du fils de Gaemon. Il n’est pas de mon envie de me mêler de vos histoires familiales, mais le devoir est un appel auquel nous devons nous soumettre. Il est venu le temps de nous montrer ferme. De plus, comme dans tous les contes dont le peuple raffole, il faut un bouc émissaire. Vaerys ne peut, et ne doit, recevoir aucune clémence. Il doit payer pour ses choix, ceux qui n'étaient pas les vôtres. Aemon, ton frère, si tu le soutiens, pourrait agir en qualité de régent… ou alors il faudra payer le prix fort du sang et faire grandir cet enfant au plus vite. »



C’était une éventualité qu’elle-même avait étudié pour son propre cousin, avant de décider de tous les surprendre, et de les effarer, en prenant son oncle en épousailles. 


« Toutes les trois, nous avons des différents et, dans un avenir proche, il est à prévoir que nous en aurons davantage encore. Vaelya, je connais tes réticences face au clergé d’Arrax mais j’ai besoin que tu approuves mes dires. J’ai besoin que, toutes les trois, nous devenions le poing d’une main. Mes sœurs, il est venu le temps de guerre, le temps de la haine envers ceux qui nous ont déchu. »




* mon aînée
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Les morts gouvernent les vivantsAlynera Vaekaron & Alyrea Lyseon

Valyria, Tour Vaekar - An 1067, mois 4

Ni Vaelya, ni Alyrea ne pipèrent mot lorsqu’Alynera entra dans sa diatribe contre le seigneur Lyseon et la grave situation dans laquelle il avait plongé un nom aussi ancien que l’Histoire elle-même. L’étendue de la dette des Lyseon était vertigineuse et la puissante Echya Odenys les tenait au creux de sa paume. Il n’était guère d’outils plus puissants à Valyria qu’une dynastie vassalisée par des chaînes d’or.

Vaelya pinça les lèvres à l’idée de voir les prêtres entrer au Sénat. Ni les représentants des dieux, ni les adeptes de la magie n’avaient jamais eu accès au Sénat et cela était pour une bonne raison, car cela réservait le pouvoir politique aux familles nobles et aux représentants du peuple. Si leur plan arrivait à terme, Valyria pratiquerait bientôt une politique différente de ce qui avait toujours été réalisé. Cependant, la matrone Riahenor soutenait fermement la répudiation de Vaerys. Elle l’aurait elle-même exigée si Alynera ne l’avait pas mis en avant de son propre chef.

De son côté, Alyerea acquiesçait, l’air grave. Elle comprenait qu’elle jouait là une partition dangereuse pour elle ainsi que pour sa famille. Il n’y avait pas d’autre issue selon elle, et quand bien même elle ne se préoccupait guère de ces jeux dynastiques, elle devait bien reconnaître que la situation était devenue critique. Vaerys ne pouvait plus la soutenir qu’en continuant à emprunter à Echya, creusant davantage encore la tombe de son indépendance. Aemon serait un régent tout à fait capable le temps de pouvoir redresser la barre et de construire une nouvelle dynamique politique et financière pour les guerriers Lyseon.

Restait qu’il fallait encore convaincre l’entièreté des temples d’unir leur vaste trésor pour entrer frontalement en politique en échange d’un siège chacun. Si les ambitions n’étaient pas au rendez-vous, le plan s’annonçait d’ores et déjà compliqué à mettre en place. Les trois femmes avaient donné leur accord à deux plans ambitieux, bien plus osés que tout ce que les dynasties avaient pu décréter ces derniers siècles. Il faudrait désormais du temps. Les choses se mirent en place avec une rapidité surprenante. Quelques temps après cette entrevue, Alyrea et Vaelya se mirent en route pour leurs demeures familiales respectives.

Rapidement, la réponse des Riahenor parvint à Tour Vaekar. Maegon souscrivait à l’idée et signala son soutien à Alynera par une missive apportée directement par son héritier Aedar. Deux des plus anciennes familles de Valyria s’étaient mises d’accord sur un plan politique commun, ce qui était déjà un événement en soi. La réponse des Lyseon tarda plus. Alyera se révéla plus investie dans cette affaire qu’elle ne l’aurait elle-même crue. Elle commença par convaincre son frère Aemon de la pertinence de sa démarche. Aemon était un homme fier et qui avait sa propre idée de comment diriger les dynasties, mais cela importait peu. Comme beaucoup, il souscrivait au fait que Vaerys ne menait pas leur famille dans une direction convenable. Ils s’escrimèrent ensuite à convaincre plusieurs personnes-clés dans leur entourage. Lorsque tous se présentèrent devant Vaerys avec leur proposition d’issue, ce dernier n’eût d’autre option que de céder. S’il était irresponsable et était incapable de gérer efficacement les finances de sa famille, il n’en restait pas moins un homme qui avait un certain sens du devoir. La chute de Vaerys Lyseon fut actée sans effusion de sang, dans un silence glaçant et sans aucune parole réconfortante. Un voile sombre était tombé sur les Lyseon, mais une lueur d’espoir brillait tout de même au-delà, rassurant les descendants du Fondateur. En cas d’échec, toutefois, il déclara qu’il aurait la tête d’Alyerea et Aemon pour l’avoir ainsi vendu.

Le reste de la nuit fut mis à profit pour prendre contact discrètement avec les temples et leurs plus hauts représentants. On exposa l’ambition des dynasties désormais alignées sur un but partagé. On n’avait rarement était aussi près de retrouver l’ambiance de la Triarchie de jadis, à la grande différence que les familles qui la composaient étaient désormais ruinées et n’agitaient plus que l’ombre du pouvoir qu’elles avaient un jour détenu.

A l’aube, on fit les comptes, on serra quelques mains, et l’Histoire put continuer à se mettre en branle.




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