Les Belkaerion Une famille du Sud à la pureté du sang jamais remise en question en 500 ans d'existence recensée dans les annales Valyriannes. Et si la famille a vu au sein naître davantage de magicienne que de seigneurs dragons, elle reste à cheval sur les pratiques militaires : savoir maîtrise l'art du combat, comprendre les notions derrière l'art de la guerre et de ses stratégies et surtout, être un bon seigneur dragon pour ceux qui prennent cette voie.

Plusieurs hectares sous le contrôle des Belkerions, servent à faire pousser des fruits et des légumes. Et depuis plus siècles, la famille s'enrichit en faisant commerce de ses fruits et légumes. Et si sa fortune reste humble à côté des plus grandes familles Valyrianne, elle reste au-dessus de la moyenne.  

        Il n’était pas exagéré de dire qu’Aeranys était liée à une grossesse inespérée par ses parents, Daessa et Vaerion Belkaerion. Ces derniers étaient habités par l’espoir tempéré que ce deuxième enfant, serait l’héritier mâle qui n’avait guère pu voir le jour lors de la première grossesse. Et pourtant, malgré les attentes qui se voulaient modérées, les certitudes et l'espoir quant à l'arrivée de ce petit homme, vinrent à rencontrer un mur d'angoisse qui ébranle à même les fondations de leur cœur. Des cœurs pourtant emplis de convictions. Et c'est là un couple hanté par des rêves et des projets qui, souvent, entraînent des bienheureux vers les lointaines frontières d'un idéal fantasmé. Cependant, la révélation terrible frappe à coups de massue cette chose qui nourrit leur ambition si familiale, comme si une lourde pierre s'écrase et brise la paroi miroitante et fragile d’un miroir, reflétant alors le paysage onirique d'un monde, le leur, qui se voit tomber en morceaux sous le choix des dieux qui semble s’imposer dans le cœur comme une trahison de leur part.
         C'est une deuxième fille qui voit donc le jour dans un refuge qui acclame l’arrivée de cette nouvelle vie au travers de joyeuses festivités, mais des festivités qui ont finalement aussi pour but d’occulter à travers un voile d’allégresse, la déception qui emmure le cœur en peine d’un soldat ayant rêvé de partager sa passion avec celui qui aurait dû être son héritier. Bien avant la naissance de leur fille aînée, Vaenya Belkarion, Vaerion et Daessa traversent un moment difficile où les deux ne réussissent pas à avoir d'enfant sur une longue période après leur mariage, malgré leurs efforts. C’est pourquoi la naissance de leur première fille est vue comme un miracle, quand celle de leur seconde, un événement improbable et inattendu, engendrant pourtant un vœu qui sera ignoré des dieux.


          C’est un voyage vers l’inconscient qui s’amorce dans l’esprit de la Belkaerion, alors que son regard pourpre se perd dans l’infinité céleste. Son corps fatigué lui offre malgré elle, une bien meilleure contemplation de ce paysage que certains ont la chance de pouvoir en toucher les limites à dos de dragon. Ses muscles souffrants des épreuves que son père lui fait endurer depuis quelques années, seuls les indiscernables et les insaisissables génies de l’imagination, viennent lui offrir l’échappatoire que son âme sollicite. Une toile alors se dessine sous ses yeux particuliers, formant un tableau aux formes insolites et qui pourtant arrive à évoquer tant de chose dans le cœur d’une Aeranys âgée désormais de treize petites années. Depuis son plus jeune âge, la future magicienne a un amour pour les étrangetés que ce monde et son esprit ont à offrir. Inspirée par une curiosité qui peut déplaire à une communauté plus réservée, plus à cheval sur les traditions.
          Car si la majorité du peuple de Valyria est terrifiée par l’océan et ses inconnues profondeurs, c’est une fascination nébuleuse qui séduit dans une exaltation enfiévrée le cœur d’Aeranys, désireuse d’aventure et d'histoires poétiquement terrifiantes. Elle est attirée par ce qui inquiète et impressionne, ainsi que ce qui provoque autant la crainte que l’adulation. Elle voit dans une forêt mourante, au paysage désolé, délimité par sa sinistre et sombre lisière, une histoire riche contée par son aspect qui trouve une bien étrange beauté, ne semblant apparaître qu’au regard de l'adolescente. Car après tout, elle est de ceux qui imaginent d’interdites cités au sommet de montagnes hallucinées, elles-mêmes, dissimulées à l'intérieur d'une brume d’éternité. Son esprit croit souvent percevoir dans les régions d’éden qu’elle observe, étalée sur un sol fertile, des châteaux longtemps abandonnés et qui survolent les cieux sur un lit de nuage, s’inventant d’antiques ruines divins, animées désormais par d’énigme chant, écho de vents mystérieux.              

            Qu’elle aimerait alors s’envoler, portée par d’invisibles ailes. Qu’elle aimerait gagner en liberté, loin du destin et loin des attentes. N’être rien de plus que l’héroïne solitaire de ces récits fabuleux qui arrivent même à déclencher l’émerveillement dans les cœurs les plus mornes. Elle ne voit pas ce qu’il y a de si beau à être un mage et à pratiquer la magie, comme elle ne voit pas la nécessité de préparer physiquement son corps à supporter le poids de son utilisation. La poésie et la peinture semblent être dans l’esprit d’Aeranys, quelque chose de sensiblement plus merveilleux. L’une octroyant de l’émotion à travers des mots et l’autre, devenant le médium permettant d’illustrer en couleur les landes invraisemblables de la conscience humaine. Le concret et le réel ennuient par sa monotonie, l’abstrait impose une réflexion et emporte le visiteur au regard averti. La jeune Belkaerion se voit devenir l’artiste qui souhaite conter les aventures d’un alter ego fantasmé à travers des peintures loin de représenter le réel et qui provoque une critique mitigée d’un père incapable de voir plus loin que les représentations horrifiques que sa fille crée durant son temps libre.
          Aussi, il est plus souhaitable d’étouffer ses étranges ambitions artistiques, pour mieux lui permettre de rentrer dans les rangs sociaux. Cependant, même privé des céramiques qui lui permettent de s’évader des murs qui l’obligent à suivre cette voie toute tracée, son esprit fleurit à travers une imagination indomptable. Se relevant, elle ramasse à nouveau cette épée de bois, symbole d’une réalité amère, avant de répéter les mouvements que son père lui enseigne depuis quelques années. Ces derniers sont alors moins douloureux à produire sous la fatigue, lorsque son esprit lui permet de se mettre dans la peau d’un valeureux guerrier, explorant des donjons aux structures architecturales énigmatiques, venant d'une ère insaisissable. Et dans son imagination, ce sont là des antres de la folie qui siègent dans les entrailles du monde bien avant que le premier Homme voit le jour à sa surface. Des antres qui continuent à garder dans ses profondeurs impies les spectres d’indicibles créatures ayant foulées le monde autrefois. Le rêve est ainsi une porte de sortie par la Belkaerion.


           « Novice Belkaerion ? » S’interrompt alors son professeur qui impose un silence général à travers l’amphithéâtre. Les regards sont tournés vers la jeune Belkaerion restée silencieuse après qu’une question, dans le cadre du cours, lui ait pourtant été posée. Ses yeux d’un rouge violacé fixent alors ceux, tout aussi violacé, de son professeur et c’est en affichant un air désolé qu’elle se décide à lui offrir une réponse sans cacher la vérité. « Je te demande de m’excuser, je n’ai pas écouté ta question. » Elle tente de paraître naturelle dans sa manière de s'exprimer, comme si rien ne peut en cet instant l’affecter. Mais elle est rapidement trahie par la fébrilité de sa voix qui témoigne du tourment qui l’habite en cette heure. Et la peine, siégeant en son cœur, finit par l’emmurer dans un nouveau silence, presque religieux, pourtant bien consciente qu’elle doit participer au cours. Un mutisme qui continue à gagner un moment la pièce avant que le professeur n’interroge un autre élève sur la théorie concernant la métamorphose intégrale qui est l’une des dix épreuves futures des élèves de cette classe.
          Si chacun d’eux vit dans la peur de perdre un proche avec la guerre qui a lieu et si chacun d’eux a pour devoir de poursuivre leurs études malgré tout, ils ne peuvent qu’être compréhensibles face à la douleur d’une semblable qui vient d’apprendre la mort de son père. Aeranys est, exceptionnellement, autorisée à regagner le domaine de sa famille pour les obsèques de son père, son départ est prévu dans la soirée. Elle souffre à l’idée de découvrir le corps recouvert d’un linceul noir de l’homme ayant contribué à son éducation. Et en réalité, elle n’est pas prête à y faire face.


            De retour dans son foyer, bien que le soleil déverse sur le paysage son agréable lumière d’or, le deuil asphyxie toute forme de gaieté. Il impose un silence qui n’est brisé que par le gémissement d’une épouse accablée, dont l’aspect paraît éreinté par son chagrin. C’est bien la première fois qu’Aeranys découvre sa mère ainsi, vêtu de noir comme le veulent les traditions... Elle n’a jamais une seule fois vu ses larmes, si ce n’est qu’en ce jour si pénible. La souffrance de Daessa impressionne avec une telle force qu’Aeranys ignore si elle peut à son tour se laisser aller à sa propre douleur. Elle fait alors le choix de réconforter sa sœur et sa mère, tentant de donner alors l’image de celle qui supporte au mieux cette disparition soudaine. Mais en vérité, un monde vient de s’écrouler sous ses pieds. Son père, qui n’a guère eu son héritier, a fini par traiter sa fille cadette avec le même enthousiasme que s’il avait eu un fils.
             Et même si cela n’a pas toujours été une relation sans quelque désaccord, notamment concernant les goûts artistiques de sa fille, Vaerion et Aeranys étaient extrêmement proches. Et lorsque la famille dans son ensemble gravit le volcan, il faut une force mentale surhumaine à l’adolescente pour ne pas s’effondrer à son tour en larmes devant ses proches, à chaque fois que ses yeux se posent sur le corps sans vie de son père. Et quand son cadavre est donné à la lave, elle voit alors dans son esprit l’un de ses voyages de l'âme qu’elle a autrefois peinte dans son enfance… Elle se rappelle alors des formes insolites aux couleurs chaudes qu'elle avait utilisé pour conter la fin d'une ère, illustrée par la pérégrination d’un héros solitaire et las, dernier survivant d'une guerre cataclysmique divin. Un voyageur dévoré par un paysage mourant fait de sable et de ruines cyclopéennes démesurées, le tout baigné sous la lueur d’un ciel de sang. Son père englouti à son tour par la lave rougeoyante, lui rappelle cette peinture, elle le voit alors comme ce héros partant en solitaire vers les coffins de l’inconnu. Ce fut à travers ce moment de rêverie que l’adolescente prend conscience du début de son propre voyage initiatique, comme si un flambeau invisible vient d'être transmis...

              Les larmes choisissent de dérober les voies qui mènent jusqu’à ses joues blanches, réalisant son état seulement lorsqu’elle sent la douce étreinte de sa sœur.


         Draenela fixe d’un air perplexe sa camarade de promo qui observe dans une frustration palpable, les morceaux de sculpture de bois éparpillés sur la table. « Je pense que tu ne devrais pas être tant surprise, animer un objet inanimé, n’est pas à la portée de tous, ça n’a d’ailleurs jamais été fait à cette ampleur… Abandonne. » Annonçe-t-elle alors attirant sur elle le regard courroucé de la Belkaerion qui se contente d’un silence en guise de réponse, replongeant dans les notes de ses précédentes expériences. « Je ne pense pas que ma formule soit le problème. » Chuchote-t-elle davantage à elle-même qu’à sa camarade qui, se sentant ignorée, décide de se rapprocher de la seconde statue de bois qu’Aeranys avec sculpté à la dague, au détriment de plusieurs coupures au doigt. Ce qui est normal, car malgré son amour pour l’art, la Belkaerion n’est que trop peu maître dans cet art de couper le bois dont avait la maîtrise les artistes et les artisans de ce domaine. « Perspicuité, pour offrir la clarté d’esprit. Vigueur, pour insuffler la vitalité. Et Motilité, pour octroyer le mouvement. » Ces trois runes qu’elle a mis un temps à trouver la combinaison, formes désormais un complexe engrenage qui doit en théorie animer un objet inanimé.
          Aeranys ne comprend pas où est le problème… À chaque fois qu’une de ses statues de bois s’anime, au moindre mouvement, l’objet s’effrite et tombe en morceaux. Doit-elle rajouter le poids d’une quatrième rune pour consolider les fondations. Une idée qui lui arrache une grimace, car à son niveau, elle est déjà surprenant qu’elle arrive à utiliser trois runes en même temps. Le soupir de sa camarade ayant pris l’objet dans ses mains la sort de ses pensées, cette dernière annonce alors. « Il faut peut-être voir le problème autrement… Cet objet n’est pas un corps, si ce n’est qu’en surface et en apparence. Forcément, lui donner du mouvement alors qu’elle n’a rien pour permettre ce mouvement, la pauvre chose est vouée à se briser dès lors que la vie lui est insufflée. » Constate Draenela qui, lorsque qu’elle relève son regard sur sa camarade, réalise que celle-ci est prête à lui sauter joyeusement dans les bras et l’embrasser. « Ma vision, était-elle donc si peu éclairée ? Mais voilà que tu m’offres la lumière. »

         Une charrette ne peut se mouvoir si elle est dépourvue de roue et un corps ne peut bouger sans articulations. Plutôt qu’une statue, pourquoi ne pas sculpter un automate de bois, c’est-à-dire une poupée avec des membres et des articulations dédier au mouvement ? Car évident, les statues doivent se briser comme le souligne Draenela, pour la simple raison que rien ne permet dans leur corps de bois ce mouvement en question, comme un arbre enracine dans son immobilité. C’est comme tenter de tordre un bâton qui finit par se casser lorsque trop de pression est exercée. « Et puis comment peux-tu être certaine que ta combinaison de runes fonctionne ? Tes statues tombent en morceau dès qu’elles s’animent, n'y a-t-il pas un autre problème qui pourrait expliquer cela ? » Face à cette question, la Belkaerion se replonge dans le silence, intéressé par les parchemins dédiés aux runes, ainsi que ses notes personnelles. Draenela roule des yeux avant de quitter la pièce. Certaine d’être à présent seule, Aeranys relève le regard avant de se diriger vers le drap de soie qui recouvre un objet que l’on devine être une planche de bois.
          Enlevant le drap, la planche révèle alors une peinture, il s'agit d'un homme d’une grande beauté. « Bonsoir, Père... » Et peu après ces mots, comme si le temps reprend progressivement son cours, l’image picturale se met alors à bouger, bien que seul le ciel derrière l’homme, ainsi que ses yeux se mettent en mouvement. C’est bien tout ce que peut offrir ces runes dans ce genre de contexte, un écho de mouvement, un reflet imitant la réalité sans véritablement la comprendre. La rune du mouvement offre à la peinture pourtant sèche, la capacité de suivre un flot déterminé par la mage, donnant ainsi l'illusion qu'un ciel bouge en fond. Mais la jeune mage vise plus haut et plus loin, elle espère être à l’origine d’une invention utile à son peuple. Son regard se pose alors sur la statue de bois, soupirant face au problème que lui inspire ce projet. Elle n’est pas encore assez habile de ses mains pour créer un automate même fait de bois et elle ne sait encore point si les combinaisons de runes qu’elle a inventé, fonctionnent comme l’indiquer Draenela. La peinture est différente de la sculpture. Mais peut-elle se dire mage sans expérimenter ?    
   
           Elle passe un regard par la fenêtre pour observer l’extérieur, songeant à nouveau que cette tension qui anime à présent les rues de la cité Valyrianne depuis la mort de Lucerys Arlaeron rend bien difficile sa recherche pour trouver un Mécène. Si bien que la Belkaerion trouve que pour le moment, travailler sur ses projets personnels lui semble bien plus probant et davantage plus prometteur. Sa famille faisant néanmoins partie de ceux qui se battent pour la démocratie, elle est donc, non par choix personnel, un membre de cette faction. Aeranys ne s’intéresse que peu à la politique, son intérêt étant déjà bien trop absorbé par ses études, elle n'a en réalité pas véritablement d'avis sur ce qui se passe en ce moment.

C'est bon, c'est fait. Te voici validé(e). Bravo ! Ce petit picotement que tu ressens est celui du début d'une aventure où tu rencontreras des personnages et des créatures incroyables. Te sens-tu prêt(e) à nous rejoindre ? On espère que oui car le grand moment est arrivé !

Ton personnage, Aeranys Belkaerion, va désormais rejoindre les Mages de notre belle Valyria pour devenir l'un de ses membres les plus illustres, espérons-le !