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Invité
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Runes of Powerft Aemond Qohraenos

Collège des Mages, 1067, mois 4

Au milieu du tohu-bohu de Valyria, le Collège apparaissait à bien des égards comme un havre de paix. Bien sûr, cela n’était qu’une illusion imparfaite : en coulisses, les débats faisaient rage entre mages de haut rang quant à leur implication dans les événements de leur patrie, s’il devait y en avoir une, et les trois factions qui s’étaient dessinées après l’assassinat de Lucerys Arlaeron avaient déjà commencé à prospecter dans les rangs des mages, soit au travers des familles qui leur étaient liés, soit via des inclinations particulières. Et ceux qui, comme Alyrea, préféraient maintenir une neutralité précaire, au moins de façade compte tenu des liens familiaux, qu’ils soient voulus au nom, marchaient sur une ligne étroite. Pour le moment, elle s’y tenait, observant les manœuvres des uns et des autres, cherchant à deviner les lignes de faille pour, éventuellement, en tirer profit, sans mettre sa lignée en péril mais sans lui offrir le soutien qu’elle aurait pu trouver en elle, se retranchant derrière la politique du Magister, à qui elle devait une fière chandelle de ce point de vue. Néanmoins, l’immense majorité des mages des cercles supérieurs maintenaient leurs éclats derrière des portes closes, et peu auraient eu l’audace d’aller à l’encontre des ordres directs de Perzygon et d’importuner les plus jeunes. Plusieurs fois, Alyrea s’était fait la remarque que la volonté farouche du vieux magister de s’accrocher à cette antique ligne de conduite trouvait peut-être dans les événements récents son explication la plus limpide : il aurait été tellement facile d’influencer les jeunes esprits sous leur garde, par des paroles bien placées, un patronnage loin d’être innocent … Sans parler des dégâts potentiels si certaines familles se mettaient à rappeler les leurs encore en formation, en période de crise comme celle-ci. Au moins, entre les murs du Collège, ils étaient libres de continuer leurs études sans être troublés par l’extérieur, ou du moins, aussi peu que possible. Et bon an mal an, des noms qu’il devenait impossible à associer dans la cité se retrouvaient encore pour collaborer à l’avancée des connaissances et savoirs du Collège. Cela aussi avait son importance, ne pouvait-elle s’empêcher de penser, considérant avec crainte les divisions, et donc les retards sur des recherches cruciales, que de telles querelles de chapelles auraient pu entraîner.

Ce jour-là, elle offrait un cours avancée d’Incantation Runique à de jeunes mages du Troisième Cercle. Comme souvent, elle valorisait l’imagination, critère indispensable dans sa discipline, mettant à disposition plusieurs canevas runiques et réactifs divers, avec une seule consigne large : faire s’écrouler le mur de trois briques que chacun avait devant eux sans ébrécher la tasse posée au-dessus. L’objectif était bien entendu d’enseigner le dosage des forces en présence, ainsi que la subtilité nécessaire pour progresser dans sa discipline. Alyrea avait toujours considéré, avec toute la mauvaise foi du mage ayant choisi sa voie, que l’Incantation Runique était de loin le champ de la sorcellerie valyrienne offrant le plus de possibilité, au point de lorgner sans difficulté dans les autres disciplines, pourvu que son utilisateur se révèle inventif, rigoureux, et précis. Chaque rune tracée, chaque inflexion de pinceau, chaque choix de réactif, chaque variation de ces derniers pouvait changer entièrement l’issue d’un sort. A cet égard, elle pensait sincèrement que l’on pouvait parler d’art. Ses méthodes n’étaient pas aussi tapageuses que d’autres, exigeaient plus de préparation que bien des disciplines magiques, mais elles ouvraient un champ des possibles infini, pour qui savait s’en servir. Parmi les jeunes gens sous sa férule se trouvait Aemond Qorahenos, et elle observa de loin les résultats qu’il produisait.

Au bout d’un moment, elle passa en revue les différentes solutions proposées, corrigeant immédiatement celles n’ayant aucune chance, et regardant les démonstrations – plus ou moins heureuses – avec un œil critique, sévère mais juste, offrant des explications sur ce qui n’avait pas marché, ou des conseils pour améliorer encore la formule découverte. Enfin, elle arriva au dernier de la salle, Aemond. Observant son établi, elle déclara d’une voix parfaitement neutre :

« Qohraenos … Voyons voir ce que tu as à me proposer. Décris-moi ta solution, et pourquoi tu l’as choisie. A vue d’œil, elle peut marcher et je te laisserai l’essayer, mais j’aimerai entendre tes arguments vis-à-vis de ce que tu as pris comme rune et comme composant. »



Aemond Qohraenos
Aemond Qohraenos
Mage

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1340-aemond-qohraenos-a-
Runes of Powerft. Alyrea Lyseon

Collège des Mages, 1067, mois 4

Malgré la politique officielle du Magister, le Collège bouillonnait d’une intensité qui se faisait discrète dans les rues de Valyria. Mais les mages, que ce soit des apprentis des premiers cercles ou des archimages, ont bien conscience de ce qui gronde entre les murs du Collège et en dehors. La mort de Lucerys Arlaeron a rebattu les cartes dans Valyria, et tous cherchaient à se trouver une nouvelle place dans cette capitale en ébullition. Aemond, lui, se faisait discret et se concentrait sur ses études, comme à son habitude. Ces deux tâches n’étaient pas si compliquées que ça, lui qui a l’habitude de se fondre dans la masse. Il gardait ses opinions et inquiétudes pour lui, non pas parce qu’il tient à une réputation de neutralité, mais surtout parce qu’il veut se donner le temps de réfléchir, et d’observer avant tout. Observer ce que sa famille dit, observer les actions de l’armée, observer de quelle manière le Sénat et le Collège tournent.

Il était plus déterminé que jamais d’entrer dans le Quatrième Cercle, même s’il n’était pas sûr d’où cette détermination venait. Était-ce la sensation de stagner dans ses capacités depuis qu’il est parvenu au Troisième Cercle, de voir le monde changer alors que lui reste le même ? Ou peut-être plutôt de son envie de se sentir comme une part intégrale de ce monde-là ? Il n’en reste qu’il s’était démené à améliorer ses capacités, surtout en sang-magie. La science-magie demandait moins de travail dans son ensemble, puisque là où la sang-magie lui demandait de dépasser son statut de sang qui lui procurait ce malaise incessant, la science-magie reposait sur un bachotage auquel il s’était accoutumé au fil des années. Il se montrait donc plus à l’aise dans cette dernière.

Paradoxalement, parmi les disciplines de la science-magie, l’incantation runique était celle qui correspondait le moins à cette distinction-là. Pourtant, elle symbolisait aussi toute la création qui était la quintessence de la science-magie. Tous les professeurs qu’il a pu rencontrer au sujet de ce domaine n’évoquaient que cette inventivité qui était essentielle pour maîtriser sa polyvalence. En contrepartie, la rigueur se devait des plus indispensables pour ne pas se perdre dans toutes ses possibilités. C’était cet équilibre qu’il fallait maîtriser à tout pris, comme lui avait souvent conseillé Alyrea Lyseon, du mage du Cinquième Cercle qui l’avait beaucoup aidé durant ses études pour passer au Troisième Cercle.

Ce jour-là, l’exercice demandé par la dynaste incarnait tout à fait cet équilibre entre précision et créativité. Pour la majorité des élèves partageant son Cercle, l’évidence était d’utiliser deux runes différentes pour les deux éléments dont il était l’objet : une pour maintenir la stabilité de la tasse qu’il ne fallait pas casser, et l’autre pour faire craquer le mur de brique sur lequel la tasse se tenait. La première, dans l’esprit du sang-mêlé, relevait soit d’une rune de lévitation ou d’imperméabilité, mais qu’il fallait maintenir le plus longtemps possible, pour ne pas que les débris du mur de brique l’atteigne. La seconde, en revanche, se révélait plus ardue dans son choix. Plusieurs options étaient possibles, mais qu’une poignée de ces options ne serait valable dans cette situation-là. Il a dû dessiner et redessiner la rune de destruction qu’il voulait utiliser sur ses parchemins de brouillon, car une erreur pourrait rendre tous ses efforts caduques.

Il fut interrogé par la dynaste alors qu’il réfléchissait encore au tracé qui correspondrait le mieux pour conserver l’imperméabilité de la tasse. Il s’était en effet concentré sur cette dernière, qui lui semblait être la clé de ce problème. “Alors, ce à quoi j’ai pensé… Ce serait de se focaliser d’abord sur la tasse, expliqua-t-il. J’ai dessiné une rune d’imperméabilité et une rune de lévitation côte-à-côte. J’ai fait en sorte qu’elles soient de la même taille, pour éviter le plus de dégâts sur la tasse en elle-même. Puis, la rune de destruction que j’ai dessinée vise plutôt le centre du mur, même si en me relisant, j’aurais plutôt visé le bas… Mais vu que l’idée de l’exercice était de ne pas ébrécher la tasse, je me suis dit qu’il fallait faire en sorte d’épargner celle-ci le plus possible.”

Il ne fit pas sa démonstration immédiatement, attendant l’approbation de sa professeure. En relisant sa formule, il demeurait encore incertain de sa logique, mais il avait en même temps du mal à déchiffrer le regard de la dynaste et des élèves qui l’entouraient. En observant au loin les fragments de tasse qui reposaient sur le sol, il ne pouvait qu’espérer que sa solution soit la bonne.