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Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Jaeneron Valineon

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

L’Astre descendant baignait la Tour Vaekar d’une lumière diffuse légèrement bleutée. Sous ces rayons éphémères, immuable aux âges millénaires, le vieux palais apparaissait inébranlable. Les rares passants lézardaient l’ombre protectrice qu’il projetait dans les ruelles du quartier de la Gloire. Leurs têtes voilées, aux couleurs sable du lin péninsulaire, contrastaient étrangement aux voilages de soie, immenses et colorés, ondulants au rythme du souffre de la caldeira. Ces voiles étaient les seuls témoins de la vie mystérieuse qui animait l’intérieur de la Tour. Plus que jamais, peut-être, elle s'était muée dans un silence vernaculaire. De ces luxuriants jardins, dissimulés derrière de hauts et larges murs, il n’émanait aucun son. Nombreux étaient les voyageurs étrangers à s’être longtemps laissés aller à une description rêvée, imaginant un sérail paradisiaque de luxure organique s’enlaçant dans l’appareillage sévère de cette construction bien austère. Primitive habitation, puisqu’il en était, le fief de Vaekar s’était érigé sur un large espace. Les nouvelles demeures, agglomérées autour de la Tour la faisait paraître, immense et altière, aussi étroite qu’elle était haute. Sa dernière terrasse était entièrement ouverte par un système ingénieux de triples croisées d’ogives dont la clef de voute était une flamme mauve constante. Destinée aux Seigneurs du Ciel, afin de l’observer les communs mortels devaient renverser dangereusement la nuque, une main sur l’arcade sourcilière, les yeux plissés. Si ils y arrivaient, alors ils pouvaient témoigner d’un phare tout aussi céleste qu’éternel, celui qui guidait le cheptel. Il était difficile d'imaginer en Valyria un endroit que le soleil caressait davantage.

A l’intérieur, pourtant, la lumière s’était tarie depuis longtemps déjà. Dans les couloirs et le large escalier monumental, réel cœur en colimaçon de l’édifice, les lampes à huile éclairaient d’un vacillement coutumier les fresques des exploits familiaux. Une main sur son ventre, qu’elle protégeait désormais comme on protège un Œuf, la maitresse des lieux observait cet amas de pigments pris dans la masse nouvellement ajouté. Monumental, il représentait les disparus de la dernière guerre. Vhagar s’y tenait au centre, tout de blanc vêtu, la jeunesse immortelle. Derrière lui venaient son père, sa mère et ses onze frères auxquels se mélangeaient, sans grande distinction, les héros mythiques de la dynastie Vaekaron. Tous, de leur magie, semblaient flotter sur un épais nuage argenté. Mais lorsqu’on regardait de plus près, on pouvait voir qu’il s’agissait en réalité des mères de la dynasties. Sylphides au corps d’argent, elles flottaient nuageuses sous leurs pieds. Leurs mains comme des milliers d’arabesques, elles offraient les palmes de lauriers et les fleurs d’ancolie pendant que quelques-unes jouaient d’une harpe divine. Et, alors que l’illusion se dissipait, un enchantement permettait d’entendre leur élégie mortuaire. Face au Dieu de la guerre se tenaient les cinq Vaekaron disparus pendant la guerre de Ghis, fauchés par la Harpie. Daelor, Maelor et Taelor, les trois frères, venaient les premiers, unis, mains dans la main. Ils tenaient le drapeau des Possessions républicain, immense et immaculé. Le dragon de Maelor, tué pendant la bataille, était à ses côtés. Sous son flanc gauche, se tenaient Vaerys et Vaegor. Au-dessus d’eux, Alynera, leur sœur éplorée, brandissait le caducée de la Victoire couronnant leurs fronts de rameaux d’olivier. Plus haut encore, dans des Cieux sombres et sans couleurs, se tenaient les membres vivants de la dynastie. Leurs yeux clos, de leurs sièges d’or, ils méditaient sur l’hommage héroïque rendu aux leurs. Les honneurs étaient aussi pour eux, ces endeuillés de feu, pour avoir accepté bénévolement la part exigée des Dieux. Ces héros étaient désormais dans le royaume de leurs pères et leur chagrin immense était pansé par l’honneur. Le roman de leur famille continuait quelques étages plus bas, où l’on pourrait bientôt voir une fresque tout aussi monumentale représentant l’union maritale de l’Érudit à sa nièce Misio Lentor dans toute la pompe marmoréenne qu’ils avaient fait leur. Cette fois-ci, c’était Arrax qui, accompagné d’Aegarax, les unissait une main dans l’autre. Le mur qui accueillerait ce programme utiliserait un procédé nouveau : celui d’insérer dans l’enduis frais des mosaïques de verre afin d'imiter les joyaux de leurs tenues. Hélas, ce dernier épisode divin n’était encore qu’à l’état de poncif. Les petits trous d’ocre formaient un dessin archaïque — comme ceux qu’on pouvait apercevoir dans d’anciens repères de bergers. La guerre secrète, le manque de moyen, avaient stoppé son exécution.



« Le jour tombe, ma Dame. »



Accompagnant sa mise en garde, la servante toussota et Alynera, brutalement, s'extirpa de son songe. Depuis combien de temps se tenait-elle ainsi devant ses frères ? Il semblait que Daelor, en mourant le dernier, avait emporté avec lui toute la lumière de son âme. Si, jeune mariée, elle ne portait plus le deuil son coeur s’était certainement assombri. Elle pouvait le sentir se durcir, s'envenimer d'amertumes masculines. Demain soir, elle orchestrerait la mort d’un homme ; ce soir, elle affronterait la Grande Inquisitrice. D'un dernier mouvement, la flamme de sa lampe caressa ses frères défunts, ces frères héroïques, dont les incompétences et la fougue bravache avaient été censurés. Ragaenor n’appréciait pas de voir ses neveux ainsi élevés sur l’autel d’une Fortune qu’ils n’avaient, selon lui, pas mérités. Il avait raillé les traits exemplaires de Daelor et de Maelor, les vices effacés de leurs visages présumés déiques. Mais Alynera, la dévote, la sotte, la simple femme, en avait fait un laraire et, désormais, comme pour toutes les autres figures légendaires familiales, brûleraient continuellement des bougies pour veiller sur leurs âmes. D'un oeil maternel, fier et inquiet, elle surveilla qu’aucune flamme n’était chavirante… Sur cet autel, seule devait demeurer l’époque glorieuse de leurs glorieux désastres. Kesā va moriot sagon va ñuha prūmia. Vous serez pour toujours dans mes penées. Puis, d’un geste décidé, elle prit les livres que portait les bras lourds de sa servante et s’avança vers la bibliothèque.


*** 


« Honorable Jaenera, l’Astre plonge dangereusement vers l’horizon. »



Sa voix était basse, un susurre, alors qu’elle s’était doucement approchée de l’endroit où la Mage travaillait assidument depuis plusieurs décennies. La Vaekaron n’était encore qu’une enfant que la Valineon était déjà studieuse sur cette large table. Dans l’ébène de la table, son oncle avait fait sculpté une femme nue recroquevillée sur la flamme de la connaissance. Un cadeau rare, d’un immense honneur. Il était bien difficile de ne pas se sentir écrasée par toute la majesté de son aura et de sa science. Loin de la chasser, Alynera extirpa d'un faux artéfact deux coupes d'argent et une petite amphore contenant de ce vin studieux réservé à l'étude de ces précieux ouvrages. Pour tout autre que l'Érudit, il était bien évidemment interdit de boire dans ce Temple du savoir mais ce que son oncle-époux n’apprendrait jamais ne pourrait pas leur nuire. 




« Puis-je ? Je n’ai jamais eu l’occasion de te remercier pour avoir veillé sur nous, à Jahla... »



Pour autant, elle ne forma pas de phrases explicites agissant comme si cette venue et ces quelques mots étaient suffisants. Du reste ils l’étaient puisque rien ne s’était passé lors de leur expédition sur les Iles d’Eté. À la demande de Ragaenor, la Mage avait simplement veillé sur elle et son enfant à venir. Alynera tira une chaise curule pour s’assoir face à elle avant de remplir leurs coupes interdites. Les Rouges pouvaient bien les soumettre à un couvre-feu, mais il existait encore bien des moyens de s'extirper de la Tour s’en être aperçu !

« Dis-moi, pourquoi la Grande Inquisitrice de Valyria s'est-elle rangée parmi les rangs de la faction Jaune ? »

Jaenera Valineon
Jaenera Valineon
Mage

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Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

Comme bien souvent, le cœur de Jaenera battait bien trop vite alors qu’elle se rapprochait de Tour Vaekar. Malgré le temps qui s’écoulait, malgré la distance qu’elle s’imposait, jamais elle n’avait pu oublier le visage de Ragaenor et jamais son cœur n’avait cessé de battre pour le dynaste. Evidemment, leur chemin s’était séparé il y a des années de cela. Mais par chance ou par malheur, le Vaekaron permettait à la mage de se rendre autant de fois qu’elle le désirait et quand bon lui semblait dans la grande bibliothèque qu’abritait en son sein Tour Vaekar. Il fallait avouer que ses murs gardaient les plus vieux et les plus précieux parchemins qu’avait pu écrire les plus grands savants. Jaenera aimait plus que tout s’y rendre, elle qui avait soif de savoir et puis comment refuser de fouler le même sol que son bien aimé ? C’était une opportunité qu’elle ne pouvait manquer. Alors ses pas se rapprochaient une nouvelle fois de la demeure tant prisée et bientôt ses mains poussèrent la lourde porte qui gardait l’entrée de Tour Vaekar.

Une servante l’accueilli en silence, et la guida dans les méandres de la demeure des descendant de Vaekar. Comme toujours, ses prunelles améthystes posèrent chaque représentation qu’elle pouvait apercevoir sur les murs du grand escalier qui s’arrêterait devant la bibliothèque. Les deux dames cessèrent leur progression lorsque la porte du trésor s’éleva devant elles. Là, la servante fit quelques pas sur le côté pour laisser la Valineon ouvrir et enfin pénétrer seule dans la grande salle. En franchissant le seuil, Jaenera poussa un long soupir de plénitude. Elle le savait, elle pourrait ici laisser son esprit divaguer à la recherche de nouveau savoir et de nouvelles découvertes sur l’esprit humain. Parce que d’autres s’étaient penchés sur la question avant elle et bien des mages avaient chercher à asseoir un peu plus leur emprise sur l’esprit des autres. L’art de la manipulation mentale pouvait s’améliorer à chaque instant et pouvait aussi se contourner parfois en apprenant à décrypter toutes les mimiques presque invisibles et tout ce que voulait dire la respiration. Cela permettait de moins souffrir de l’utilisation de la magie. Une chose que Jaenera Valineon voulait par-dessus tout. Elle avait déjà vu les ravages que pouvaient faire une trop grande utilisation de la magie, la Menaleos en était la preuve et elle était loin d’être la seule. La native de Mhysa Faer en était persuadée, si la Sorcière était si redoutable c’était aussi parce qu’elle devait utiliser un peu trop souvent sa magie, même si avec le temps, tout comme Talaegar, elle avait appris à le faire avec une plus grande parcimonie.

Perdue dans ses lectures, penchée sur un parchemin déroulé sur la grande table à laquelle elle s’était installée, elle n’avait pas fait attention au jour qui déclinait. Jaenera était comme cela, elle n’avait plus la notion du temps lorsqu’elle lisait les savoir des anciens. Mais ce soir-là ce n’était pas non plus un soir comme les autres. Si d’ordinaire quelqu’un serait venue lui dire qu’il était l’heure de se retirer et de retrouver sa propre demeure, cette fois ce ne se passerait pas comme cela. L’Archimage et Grande Inquisitrice de Valyria ne resterait pas longtemps seule, elle le savait. Bientôt d’autre pas que les siens franchirait la porte de la bibliothèque, bientôt une autre voix que celle de la servante qui l’avait accompagnée s’élèverait dans la salle. Et elle n’eut guère longtemps à attendre d’avantage. Jaenera Valineon releva la tête à l’énoncer de son prénom. « Vénérable Princesse Alynera, la nuit ne fait pas fuir ceux qui apprennent. Tu le sais bien. » répondit avec un fin sourire et relevant la tête la Valineon. L’Archimage délaissa non sans regret son parchemin alors que la maitresse des lieux sortait deux coupes en argent. A la vu du vin si apprécié de Ragaenor, Jaenera recula doucement sa chaise et alla ranger le précieux ouvrage là où elle l’avait pris. « Tu défies ton oncle-époux pour nous, Alynera Vaekaron. Mais soit certaine que cela restera entre nous. » ajouta la dame en se rapprochant de sa divine interlocutrice. « Quand je pense que tu n’étais qu’une enfant lorsque j’ai commencé à fréquenter ce lieu… » soupira la mage de Mhysa Faer. Le temps passait si rapidement. La première fois qu’elle avait vu Alynera, elle pensait encore bien trop naïvement qu’elle pourrait peut-être aller contre les traditions dynastique des Vaekaron. Maintenant, elle savait que ses espoirs avaient été vain et remerciait parfois les Quatorze de l’avoir préservé d’un tel cauchemar. Le peuple Valyrien n’avait aucunement conscience de tout ce qu’impliquait comme sacrifice le fait d’appartenir à une famille des fondateurs. Jaenera le savait, Alynera n’avait pas épousé Ragaenor par envie mais bien par choix, le choix que lui dictait la préservation du sang de Vaekar.

Après avoir replacé l’ouvrage, Jaenera reprit sa place à la table et croisa négligemment les doigts de ses mains. Son regard alla se perdre par-delà le visage de la dynaste, pensant que jamais Ragaenor n’était venu la troubler dans ses études alors même qu’il était toujours au courant de ses venues. S’interdisait-il de la voir au risque de pécher dans les bras de Meleys en dehors des orgies de Valyria. Car cela arrivait que les deux amants se retrouvent lors d’orgies organisées mais la Valineon se gardait bien de n’avoir que lui comme amant, autant pour ne pas entacher son propre nom que celui du dynaste. « Tu n’as pas à me remercier Alynera Vaekaron. Je ne pouvais faire autrement que de vous protéger. Que cela soit une demande de ton oncle-époux ou non d’ailleurs. Jamais je n’aurai permis que le sang de Vaekaron ne coule une nouvelle fois, il ne l’a que déjà bien trop versé. » fit l’archimage qui était parfaitement sincère. Oui, la Valienon, celle que l’on appelait la presque dynaste portait une haute considération au sang des familles fondatrices. Et si son regard c’était noirci face à la vue du corps inerte de Lucerys, cela n’était rien face à la fureur qui l’aurait envahie s’il s’était agi d’un membre des familles dynastes. La Valineon chassa rapidement toutes ses noires pensées alors que la Vaekaron tirait une chaise curule et prenait place en face d’elle avant de leur servir du vin. La fille du Collège des Mages attendait avec une certaine excitation et une certaine impatience que la dame reprenne enfin la parole. Chose qu’elle finit par faire, mettant un terme au supplice de la Grande Inquisitrice. La question de la Dame n’étonna guère la Valineon, beaucoup se posaient la question à dire vrai et peu avait la réponse.

« Pourquoi ne le ferait-elle pas ? » commença par répondre la plus âgée des deux femmes valyriennes. Jaenera le savait, là n’était pas une réponse, du moins cela ne pouvait satisfaire la nièce-épouse de Ragaenor. Alors elle prit une gorgée du vin et posa délicatement devant elle la coupe d’argent. « Soutenir les Jaunes satisfait mes propres intérêts, Alynera comme soutenir ce marchand satisfait les tiens pour le moment. Après tout, rejoindre les Jaunes me rapproche de ton époux. » fit l’Archimage avec un petit sourire complice offert à la dynaste. « Et toi, tu dois bien y voir ton propre intérêt sinon une femme de ta valeur ne s’abaisserait pas à un tel geste. » reprit la Valineon qui ne voulait pas abattre toute ses cartes des le premiers échanges. Parce que la Princesse était loin de se douter de toutes les motivations de la Grande Inquisitrice.

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Jaenera & Ragaenor

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

Alynera sourit, les yeux perdus vers le pied de la coupe qu’elle faisait doucement tourner sous son index et son majeur. La descendante de Vaekar pouvait bien l’avouer, dans ses pensées secrètes, la Mage l’avait toujours intimidée. Elle n’était qu’une enfant lorsque, sans crier garde, cette dernière avait surgit dans son quotidien. Depuis le scandale qui avait dissocié les Vaekaron du Collège, les magiciens n’étaient plus autorisés dans l’enceinte de la bibliothèque. Et jamais son oncle, avant elle, n’avait dérogé à cette loi devenue d’airain. Aux demandes, tenaces, intimidantes parfois, les portes du céleste royaume étaient restées closes. Alors, pourquoi une exception avait-elle été accordée à Jaenera Valineon ? Cette question toute la famille se l’était posée, même si elle s’était bien gardée de la formuler directement au jeune Mysio Tembir. Rapidement, pourtant, il avait été clair que la jeune femme possédait des compétences exceptionnelles. Mais ces compétences, aussi exceptionnelles soient elles, données à voir qu’une fois par siècle, l’aînée de la Tour n’en avait cure. Car, et ce malgré les quatorze âges qui les séparait, la jeune princesse avait immédiatement nourri une jalousie grondante envers la perturbatrice. À elle, son oncle offrait des égards et de la considération. Il l’observait, si ce n’est en égale, avec contentement. Et alors que la nièce avait beau s’acharner, travailler quatre fois plus que ses frères et son cousin, ce n’était jamais assez. Elle n’était jamais assez bonne, passable tout au plus. Combien de nuit avait-elle pourtant chassé le sommeil pour absorber les ouvrages de leurs leçons espérant voir, le lendemain, le regard satisfait du précepteur ? Vains avaient été les espoirs. Longtemps, elle en avait voulu à la déesse Meleys de l’avoir faite à son image : elle ne voulait pas de cette beauté, inatteignable pour le commun des mortels. Contre la certitude de la considération intellectuelle de l’Érudit, l’accès au savoir accumulé de ses ancêtres, elle aurait volontiers arraché ce masque de peau de ses propres ongles. Oui, elle avait été jalouse de cette attention portée à la Valineon. Jalouse des ouvrages qu’elle avait pu consulter, effleurer, sentir, toucher tout contre ses doigts, sans que jamais Alynera n’en ait, dans sa propre demeure, l’autorisation. Aujourd’hui, de cette jalousie enfantine, il ne restait rien d’autre qu’une blessure mal cautérisée. Loin de la panser, Alynera avait simplement accepté sa fatalité. Les Dieux lui avait demandé d’être une épouse et, malgré les efforts et les revers de fortune, elle ne serait toujours qu’une anodine de l’histoire face à la plus grande des Mages. Les choses étaient ainsi faites. 



« Je n’étais qu’une enfant, il est vrai. En t’observant je me demandais ce qu’il serait d’être une femme arpentant les dédales millénaires de cette bibliothèque… Pourtant, des années plus tard, je me sens toujours la même face à toi. »



La même enfant, dont la confiance en soi s’étoilait à vue d’œil dans son ombre mystérieuse. La différence qu’elle était désormais une enfant esseulée. Les Lierres n’étaient plus là, arrachés à leur tertre un par un, laissant leur sœur déracinée. L’index et le majeur, d’une même tristesse, s’arrêtèrent pour marteler quelques instants le métal précieux. Le passé devait appartenir au passé. Elle le savait, le médecin le lui avait répété de nombreuses fois. Pour autant, parfois, les frontières étaient bien minces. Cet enfant-dragon, logé dans son ventre, en était une remembrance bien amère. Après-tout, il était l’engendre de cet oncle, le fameux Érudit pour qui elle aurait pu déclencher la Discorde de la plus belle des déesse. La plus grande fierté qu’elle ne devrait jamais porter, un premier né mâle. Quelle avait été sa plus grande fierté à elle, celle dont elle était obligée d’être fière, une fierté inhérente à sa condition ? Une fierté imposée, une fierté qu’elle attendait depuis son plus jeune âge, comme une reconnaissance suprême de ses pairs? Regrettait-elle, l’Inquisitrice, de ne jamais avoir eu de descendance ? Elle ne s’était jamais mariée. Elle avait annulé ses fiançailles avec son frère pour des raisons à jamais inconnues, faisant, par la même, de son célibat un sacerdoce. Une femme comme Alynera Vaekaron ne pouvait pas, bien entendu, comprendre cette anomalie criminelle. N’était-ce pas leur rôle premier ? D’autant plus que, de ce choix, la noble famille des Valineon en était affaiblie, acculée et meurtrie. Au cours de leurs rencontres, Daenar ne parlait jamais de sa sœur. Et si Aelarys était au secret de quelques confessions masculines lui non plus n’en avait rien laissé entendre. Alynera chassa rapidement ces pensées. Il se murmurait que la magicienne pouvait lire dans les esprits sans que sa proie ne s’en aperçoive jamais. Une exception qu’il était donné de ne voir qu’une fois par siècle. Avoir une telle familière, une telle alliée, était évidemment d’une importance cruciale pour les Vaekaron.

« À l’aube de cet avenir bien incertain, cette dictature des marchands, mon âme s’apaise de savoir que cet enfant bénéficiera de ta protection. Mais ne pourrions-nous pas le protéger davantage en changeant la balance de tes intérêts ? »



Sur l’articulation appuyée de ces trois dernières syllabes, elle posa à nouveau son regard violacé dans celui de la mage. Il était évident que Jaenera avait besoin de prendre son autonomie du Magister, quelles qu’en soit les conséquences. Dans sa posture, se positionner au côté du Clergé allait de sens mais Alynera ne comprit pas le sous-entendu, mis pourtant bien en évidence, concernant Ragaenor. Bien sûr, il y avait eu des rumeurs. Récemment encore la vile Vaenyra Menaleos avait tenté de l’attaquer publiquement par l’une d’elle. Ces rumeurs étaient pourtant infondées. Ils avaient été vus, Alynera les avait vus, avec ses frères, dissimulés derrière les tapisseries du palais, se livrer à des orgies collective organisées par Lorgor. Pour autant, l’Érudit n’était pas un homme de chair. Il arborait, tout comme elle, quoique les raisons en différent, se rendre dans ces festivités. Leur hymen, qui avait été quotidien jusqu’à la nouvelle salvatrice, en était bien la preuve supplémentaire, s’il en fallait une. Si ce que les Valyriens disaient été vrai, l’Érudit possédait la plus belle des Possessions, si ce n’est du monde, dans sa couche et il n’en tenait aucune fierté. Il accomplissait son devoir, avec dextérité, avant de s’en retourner à ses lectures, dans le bureau qu’il avait fait aménager à côté, ou il s’enfonçait dans un silence profond, repus de l’exercice. 


« Pourquoi souhaites-tu te rapprocher de mon époux ? Iksan iēdrosa se Misio Lentor hen bisa*. Qu’a-t-il donc que je ne puis te donner ? » Elle possédait sa considération, sa confiance et son respect, que voulait-elle de plus ? « Mais puisque tu l’évoques… Si mon époux décidait de se diriger vers de nouveaux horizons, où tu aurais une place, essentielle, ainsi que ta famille, réunie, le suivrais-tu ? À qui est ta loyauté ? » 


La mienne est aux Dieux, à Valyria et aux miens, qui du reste ne sont qu’une et seule entité. Que réponds-tu ?



* Je suis le Mīsio Lentor de cette famille.
Ragaenor Vaekaron
Ragaenor Vaekaron
Sénateur

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Jaenera & Alynera

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

La nuit était maintenant tombée sur Valyria, loin cependant de faire taire la ville, et depuis le large bureau sur lequel il était installé, dans les hauteur de sa Tour, Ragaenor avait entendu les changements subtils que celle-ci avait subie ces dernières heures. Lorsque le soleil brillait encore, on pouvait entendre les cris des marchands hélant le passant en l’invitant à visiter leur étal, ou les rires des enfants qui rejouaient l’une des grandes batailles de la République, le tout encadré par le pas cadencé des soldats qui occupaient désormais la ville, déshonorant le principe même qu’ils affirmaient officiellement défendre. Chacun des échos de leurs patrouilles était une insulte criée au visage de la démocratie, le bruit du tonnerre avant l’opprobre et la déchéance qui s’abattrait sur Valyria, s’ils devaient prévaloir.

Lorsque l’astre du jour avait décliné, remplacé petit à petit par les milliers d’étoiles peuplant la voûte céleste, le changement de masque de la ville avait alors lieu. Les marchands rentraient chez eux, et les vices de l’humanité, toute valyrienne et pourtant supérieure qu’elle soit, sortaient à l’air libre. Les catins et les bordels ne se cantonnaient plus aux murmures, il aurait été sot de penser qu’ils dormaient à la lumière. Rufians et escrocs envahissaient les rues, à peine refroidis par la présence militaire, prêts à commettre leurs méfaits, et les nobles ouvraient les portes de leurs domaines pour organiser leurs fêtes de débauches, uniquement destinées à satisfaire leurs besoins les plus basiques, et à étaler leur position de pouvoir au reste de leurs pairs. Valyria ne dormait jamais, disait-on, mais Ragaenor savait que c’était faux. Dix minutes.

Dix minutes, la durée exacte durant laquelle, à peine quelques jours du mois, on pouvait espérer entendre le silence s’imposer dans la plus grande des cités. Quelques instants avant l’aube, avant que les acteurs du jour ne s’installent, juste après que la plupart de ceux de la nuit ait rejoint leur tanière pour y continuer leurs activités. Là, celui qui avait attendu patiemment ou qui s’était levé avant l’heure pouvait profiter d’un calme réel, trop rare pour ceux qui avaient élu domicile dans cette métropole en constant mouvement, c’était durant ces instants même que l’Erudit pouvait, réellement, faire taire le torrent de pensées qui tourbillonnait sans cesse dans son esprit, souvenirs et réflexions mêlés, fusionnés dans les pensées d’une psyché par trop hyperactive.

Ces moments, pourtant, n’étaient plus qu’un souvenir depuis les troubles qui secouaient le paysage physique et politique de la République. Les agitateurs, la soldatesque étaient légion, de même que le constant bourdonnement de mécontentement agitant tous les citoyens quel que soit leur bord. Et, telle un miroir du chaos dominant l’institution qu’il servait, l’esprit du Sénateur des Vaekaron ne cessait d’imaginer toutes les possibilités de chaque mot proféré devant le Sénat ou sur la place publique, de chaque action prise, le tout mêlé à ces livres d’histoire imprimés dans la mémoire de l’Erudit.

Aussi forte que soit la République, elle ne pouvait endurer indéfiniment un tel état, il fallait trouver une issue à cette crise, c’était une évidence même, pour autant ceux qui avaient le pouvoir de le faire se perdaient dans leurs intérêts personnels, dans ce qu’ils avaient à gagner. Ceux qui devaient être des bergers pour le peuple élu n’étaient, pour la plupart devenus que des charognards décidés à obtenir ce qu’ils pouvaient du corps mourant de l’institution même qu’ils étaient sensés servir. Fort heureusement, il en restait quelques uns, peu importe leur faction, qui avaient réellement à coeur de rétablir l’ordre et la stabilité, les méritants, ceux qui avaient encore une réelle notion de la vertu valyrienne. Ragaenor en faisait partie, son épouse également, probablement, il était encore difficile à l’Erudit d’être certain des intentions de cette créature dont la nature même, et l’état encore plus, pouvait distordre ses idées selon les désirs de ses humeurs. Les événements récents étaient encore par trop proches que pour que l’Erudit lui accorde une totale confiance, si ce n’était sur un point: Alynera, quoiqu’il arrive, avait les intérêts familiaux à coeur. Pour cette raison, il avait accepté qu’elle parle avec Jaenera de leur projet pour la République, car en cet instant, l’avenir de Valyria et celui des Vaekaron était en parfaite harmonie. Et puis, il y avait le passé.

L’Inquisitrice avait longtemps été la faiblesse du mur de rationalité bâti par l’Erudit au sein même de son esprit, cette fissure pour laquelle, le temps de plusieurs années, il s’était même laissé aller à des pulsions qu’autrement il réprimait au nom d’une morale et d’un intérêt supérieur. Aujourd’hui encore, Ragaenor doutait de ne pouvoir faire d’elle qu’une alliée, un pion dans la partie qui s’annonçait, elle valait mieux que cela. Loin des stéréotypes que l’on associait au sexe faible, la Valineon avait pris le parti de s’émanciper de ce que l’on attendait d’elle, reniant elle-même sa propre nature féminine pour se consacrer à la recherche des plus hauts savoirs, cela même avait suffi à lui attirer le respect de l’homme qui avait alors fait une exception aux règles qu’il maintenait autrement d’une main de fer. Les portes de la bibliothèque de la Tour s’étaient ouvertes à une mage après des années d’interdits pérennes, et peu de temps après, c’étaient les bras mêmes de l’Erudit qui s’étaient ouverts, non par devoir ou par convenance, mais par réelle attirance, par affection véritable. Face à ces émotions, un autre que Ragaenor se serait probablement laissé emporter à jamais dans un torrent de volupté qu’il n’aurait jamais cherché à canaliser, faisant fi des conséquences, de son devoir ou de son honneur pour gouter à jamais les fruits de cet arbre qu’il aurait consommé jusqu’à sa propre fin. Mais l’Erudit avait choisi son devoir, luttant comme il l’avait toujours fait contre sa nature profonde et tout ce qu’elle pouvait lui dicter qui contrevenait à sa propre idée de ce qui était Juste et Bon. Ainsi, il se montrait digne de sa condition humaine, ainsi, il était plus que les animaux peuplant le monde. Un Homme certes, mais néanmoins conscient de ses limites.

Pour autant, maintenant qu’il savait que les deux femmes devaient avoir commencé leurs tractations, il se prenait à remettre en cause cette décision de rester loin de celles-ci. Trop de choses pouvaient mal se passer, l’une pouvait renoncer à convaincre la seconde si elle devait prendre ombrage de l’affection de son époux pour elle, la seconde refuser leur proposition par simple défiance envers celle qui avait obtenu ce qu’elle avait longtemps désiré, et désirait peut-être encore. Et puis, il y avait cette voix, cette promesse qu’il s’était faite, plus jamais tu ne seras un simple témoin de l’Histoire s’écrivant devant tes yeux. D’un geste, l’Erudit posa la plume qui depuis plusieurs minutes semblait écrire par elle-même, avant de se lever et de se diriger d’un pas rapide vers son temple du savoir, ce lieu qu’il protégeait comme Valkarion protégeait son antre, ne laissant accès qu’à ceux qui en avaient montré le mérite. La lumière des lampes à huile pouvait se montrer vacillante, mais Ragaenor n’avait pas besoin de celle-ci, il connaissait le chemin menant à la Bibliothèque mieux que n’importe quel autre, et ouvrit les lourdes portes de celles-ci d’une main leste, se dirigeant machinalement vers la table où il était certain qu’il trouverait la Mage et son épouse.

Cette même table qu’il avait faite sculpter en l’honneur de Jaenera, en la représentant nue, cherchant l’illumination à la flamme du Savoir. Une allégorie simple, un rappel qu’elle n’avait besoin de rien d’autre que son esprit pour briller. Les traits avaient été finement modifiés, bien sûr, pour que l’on ne puisse identifier la femme sans connaître leur passé, seul l’oeil aguerri, qui le chercherait vraiment, pourrait y reconnaître la Valineon. Dans l’ombre tamisée de l’endroit, Ragaenor arriva à la hauteur de celles qu’il cherchait, un sourcil de mécontentement se relevant quand il aperçut les coupes posées là. Sans doute était-ce une décision appropriée de venir ici, si Alynera pouvait ainsi contrevenir à la plus simple des règles, alors il n’était pas difficile d’imaginer que cette conversation pouvait rapidement quitter son objectif premier. La conversation ne semblait pas tant avancée, selon les derniers mots qu’il avait entendu son épouse prononcer, il n’aurait donc pas besoin de quémander les informations déjà fournies. De sa voix grave, ne trahissant qu’à peine sa désapprobation, l’Erudit entra dans la lumière de l’endroit, établissant d’un simple fait la faute commise.

“Vous savez, toutes deux, qu’il ne vous est pas permis de boire entre ces murs.”

Pour autant, Ragaenor ne fit pas appeler un serviteur pour enlever les coupes ou l’amphore, et se contenta de prendre place au bout de la table, son regard semblant à la fois fixer tant Jaenera que son épouse.

“La question posée est intéressante, même si je ne l’aurais pas formulée ainsi. Je suis curieux d’entendre ta réponse, Jaenera.”


Jaenera Valineon
Jaenera Valineon
Mage

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Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4


Jaenera Valineon avait vu la Princesse de Valyria la rejoindre au cœur de la grande bibliothèque de Tour Vaekar. La Dynaste s’était approchée d’elle et l’avait tout d’abord remercier pour avoir veiller sur elle et son enfant à venir lors de leur voyage dans les Îles d’Eté. Sûr d’elle, l’Archimage spécialiste de la manipulation mentale avait rapidement recadré la chose, rappelant qu’elle ne l’avait pas fait tant que cela à la demande de l’Érudit. Oui, Jaenera agissait toujours dans l’intérêt de Valyria et des traditions. Bien que la sœur du Grand Amiral de Valyria avait un pouvoir certain malgré son statut de femme, malgré le fait qu’elle avait osé aller contre son mariage avec son frère, elle défendait bec et ongle les traditions et le maintient d’un sang pur au sein des puissantes familles valyriennes. Mais toutes ces considérations n’étaient pas le cœur du sujet qui agitait les lèvres des deux femmes. Non, les dames échangèrent plutôt quelques souvenirs avant d’en venir aux choses sérieuses et la dynaste affirma qu’elle se sentait toujours comme l’enfant qu’elle était lorsqu’elle avait vu pour la première fois la jeune mage qu’était alors celle qui allait devenir l’une des plus puissantes que pouvait compter le Collège depuis la génération de la Sorcière et du Magister.

Doucement, la tête de l’Archimage allant contre les paroles de la nièce-épouse de Ragaenor Vaekaron. « Tu as tort Alynera Vaekaron. Tu n’es plus cette enfant désormais. Le temps a passé et si je ne suis toujours cantonnée qu’à cette bibliothèque, tu as toi le loisir de parcourir les dédales de Tour Vaekar. Tu es la maîtresse de ces lieux là où je ne suis qu’une invitée. » De prestige, certes mais Jaenera restait et resterait une invitée. Elle avait avec le temps gagné le cœur de Ragaenor, sa confiance et quelques instants mais elle n’atteindra probablement jamais son âme. Cette dernière était bien trop dévouée à sa famille et cela, la Mage l’avait compris très vite. Elle ne pouvait rivaliser face à ce sang millénaire. Alors elle s’était retirée de bonne grâce une première fois devant le nom des Vaekaron. Elle l’avait accepté une fois mais le deuxième sacrifice avait été bien plus douloureux à avaler. Evidemment, l’Archimage et Grande Inquisitrice ne se serait jamais permise de salir le sang pur de la descendance d’un des fondateurs, mais elle aurait tant aimé avoir une autre place que celle de l’ombre. Alors elle avait maudit le jour où le frère d’Alynera était mort, laissant la Tour vaciller au cœur de Valyria. Parce qu’elle n’avait eu aucun doute sur l’avenir qui se profilait. Elle avait redouté le jour où Alynera Vaekaron, la Princesse de Valyria avait annoncé son remariage avec son oncle. Elle l’avait maudit pour cela et elle lui en voulait encore. Pourtant, lors de leur voyage, les yeux de la presque Dynaste avaient couvé sa rivale comme on protège la chair de sa chair. Ce n’était pas pour rien qu’on la surnommait la presque dynaste. Jaenera Valineon avait ce maintien et cette haute opinion de sa place et de celle de sa famille tout aussi ancienne que celle des Fondateurs qui en faisait presque l’une des leurs. A part le nom, elle avait tout de ces descendants illustres. « Tu as bien plus de chose que je n’aurai jamais et tu n’en as pas la moindre idée.. » souffla ou plutôt murmura la Grande Inquisitrice comme un aveu qu’elle se faisait à elle-même. Elle avait renoncé à presque tout pour Ragaenor, même au mariage ce qui n’avait pas manqué de créer le plus grand scandale que Valyria est connu disait-on. Avec le mariage, elle avait aussi renoncé à donner la vie et à voir naître la chair de sa chair. Si Ragaenor ne pouvait lui offrir ce trésor béni par Meleys et les siens, personne d’autre ne le ferait. Là était son plus grand sacrifice et son serment inviolé depuis des années et personne mis à part le premier concerné n’en savait rien. Son célibat acharné intriguait, Jaenera le savait et dire qu’elle en jouait parfois était un doux euphémisme. Alors lorsqu’elle apprit la nouvelle de la grossesse de la princesse, l’Archimage fut prise de sentiments contraires à son égard. Elle était tiraillée entre jalousie et désire de protection d’un nouvel être descendant de Vaekar. « Changer la balance de mes intérêts dis-tu ? Je suis curieuse de savoir ce que tu me proposerai. » commença par répondre la Grande Inquisitrice. Oui Jaenera était curieuse parce qu’elle avait hâte de voir ce que pourrait lui proposer la Princesse alors même que la Valineon avait fait son choix face à des intérêts hautement satisfaits par d’autres.

La Valineon soutint le regard de son interlocutrice et prit une gorgée de ce vint délicieux. Elle posa ensuite machinalement la coupe et un fin sourire se dessina sur ses lèvres pour accueillir la question de la Dame de Tour Vaekar. Cela était étrange mais Jaenera ne savait quoi penser de cette question et elle se refusait à user de sa magie pour obtenir les réponses à ses interrogations. Était-il réellement possible qu’Alynera Vaekaron n’ait pas conscience du lien qui unissait son oncle-époux à l’Archimage du Collège ? « Ma chère Alynera, ta naïveté n’a d’égale que la beauté que t’a offert les Quatorze. » souffla Jaenera en se levant. « Ragaenor a des atouts et pique mon esprit comme jamais tu ne pourras l’égaler. Et par les Quatorze, Meleys sait ô combien tu ferais battre n’importe quel cœur. » ajouta la dame de la famille Valineon. Puis un silence s’éleva au cœur de la bibliothèque après sa dernière question. Jaenera aurait pu répondre plus tôt mais l’arrivée impromptue de Ragaenor l’en empêcha. Les prunelles de l’Archimage et Grande Inquisitrice de Valyria auprès du Sénat et du Conseil des Cinq s’illuminèrent à la vue de la silhouette du Dynaste. Et si un fin sourire avait adouci le visage froid de la Dame, il disparut aussi rapidement qu’il n’était apparut face à la réprimande de l’Érudit. Pourtant, Jaenera  Valineon ne s’avoua pas vaincu. Laissant ses doigts caresser le dessus de la table, elle franchit les quelques enjambées qui la séparaient de son amant. Seule la présence d’Alynera empêcha les doigts de l’Archimage de venir explorer les traits fatigués du visage de l’homme qu’elle désirait depuis des années. « Tu sais très bien, ô combien l’étude demande quelques réconforts. Ce vin en est un et je l’ai demandé à ton épouse qui n’a su me dire non. » commença par répondre la Valienon qui passait à côté de Ragaenor. « Tu n’es pas sans savoir que je peux être très persuasive. » susurra-t-elle à son oreille avant de poursuivre sa marche.  « Vous voilà bien curieux tous les deux aujourd’hui ? On dirait des lavandières en quête de scandale, cela ne vous ressemble pas. » poursuivit la Valineon qui n’aimait guère que l’on puisse se questionner sur sa loyauté. « Mais puisque vous me le demandez, ma loyauté va à Valyria, en ce qu’elle a du plus beau et de plus précieux. Elle va aux Collège des Mages dans ce qu’ils ont de plus grand à offrir. Ma loyauté va à l’avenir qui redonnera sa place à ma famille. » ajouta la Valineon en parcourant la bibliothèque.

« Mais comme on est jamais aussi bien servi que par soi-même, j’ai dores et déjà placé des jalons pour y parvenir. » reprit la blonde fille de Mhysa Faer en se tournant vers le nouveau couple fort de la Tour. « Je doute que vous trouviez quelques choses à redire à cela, après tout vous avez fait les choses à votre manière pour garantir la pérennité de la famille Vaekaron. » reprit Jaenera après un court silence. « Et vous, quel avenir voyez-vous pour les Vaekaron, pour Valyria, puisque que votre loyauté est ainsi ? » questionna l’Archimage en plantant son regard dans les yeux améthystes des dynastes. « Parce que c’est bien pour parler d’avenir que vous vous trouvez tous deux devant moi, je me trompe ? » ajouta la Grande Inquisitrice qui n’avait pas besoin de manipulation mentale pour deviner les intentions des enfants de Vaekar.

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Jaeneron Valineon

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

« Ma chère Alynera, ta naïveté n’a d’égale que la beauté que t’a offert les Quatorze. Ragaenor a des atouts et pique mon esprit comme jamais tu ne pourras l’égaler. Et par les Quatorze, Meleys sait ô combien tu ferais battre n’importe quel cœur. »



Être langoureux, la Mage se dressait devant elle, de toute son imposante stature. Ses mots telle une flèche fièrement décochée, elle observait celle qui était devenue, en quelques instants, sa proie. Pourtant, le corps raide d’Alynera se refusait au double sens de ces paroles. Son oncle était au-dessus des contingences humaines. Ce qu’on appelait, dans certains poèmes, « amour » ne pouvait venir l’ébranler. Elle même n’y avait jamais cru, il n’y avait d’amour autre que celui filial et celui divin. Quand la sœur de son grand-père s’était secrètement mariée avec Talaegar, ce n’était que sous l’empire d’un sortilège lancé par l’un des plus grand mage du monde. La Tour ne souffrait d’autre version à ce discours ! Pour autant, si Jaenera et Ragaenor se fréquentaient en dehors des rencontres officielles cela signifiait qu’il y avait davantage à une volonté d’unir deux corps pour la délectation. Or, passion et raison ne pouvaient cohabiter ensemble. Et le Misio Tembyr était la raison même. Jamais il n’aurait pu laisser des sentiments étrangers infiltrer son esprit martial. Son épouse fronça les sourcils, l’air soudain bien sévère. Comment Jaenera osait-elle semer les engeances du doute sous son toit marital ? Prête à lui rétorquer une petite pique que ses capacités n’avaient pu lire en son esprit, Alynera mit ses deux mains sur la table de bois.



« Vous savez, toutes deux, qu’il ne vous est pas permis de boire entre ces murs. »



Stoppée dans son élan, elle détourna avec courroux sa tête vers son oncle-époux. Il lui avait dit qu’il ne s’en mêlerait pas. Il lui avait dit qu’il resterait là-haut et qu’elle serait à même de mener cette conversation comment elle l’entendait. En silence, elle observa la magicienne tournoyer autour de l’apparition. Une sorcellerie !



« Tu sais très bien, ô combien l’étude demande quelques réconforts. Ce vin en est un et je l’ai demandé à ton épouse qui n’a su me dire non. »



Pourquoi, par les Enfers, Jaenera mentait-elle ? La voyait-elle donc si faible jusqu’à ne pouvoir se défendre face à son propre époux ? Elle n’avait pas besoin d’être infantilisée.  L’air sévère qu’elle avait mis sur son visage glissa dans sa mâchoire faisant bruxer ses dents quelques instants. Elle ne pouvait croire que la Mage susurrait quelque chose d’inaudible à son époux, devant ses yeux. Le corps comme une liane perverse autour de l’Érudit. Une ondine sortie des eaux maléfiques ! Lorsqu’il s’approcha, elle se leva pour le saluer à mi-mots. 


« Époux. »



Déjà, seigneur des lieux, il demandait, sans détour : 



« La question posée est intéressante, même si je ne l’aurais pas formulée ainsi. Je suis curieux d’entendre ta réponse, Jaenera. »



Ainsi, il était donc déçu. La nièce courba légèrement sa tête alors qu’elle prenait place à ses côtés. Déjà, sa compagne répondait par de quelques habiles parades. Alynera ne les entendait pas, soudainement sourde à tout ce qu’il se passait autour d’elle. Elle ne supportait pas qu’il soit descendu, c’était comme l’entendre à nouveau lui crier toute la médiocrité de son esprit féminin. Quelques jours auparavant, elle avait pourtant tenu brillamment la rencontre avec Vaelya et Alyrea. Elle l’avait vécu comme une victoire, il était désormais clair que les prochaines seraient rares. La naissance de leur héritier. Un sourire cogna contre sa commissure gauche. Oui, elle ne serait jamais que l’épouse, au ventre nourricier, celle qui avait permis le siège sénatorial. Ce n’était pas une surprise, elle avait été élevée pour devenir le parangon de ses paires. Il n’y avait jamais eu d’autre avenir. Mais son sang, puissant, implacable, ne voulait se taire. Lui, dans une boule de feu grégeois, exigeait de la reconnaissance.



« Mais puisque vous me le demandez, ma loyauté va à Valyria, en ce qu’elle a du plus beau et de plus précieux. Elle va aux Collège des Mages dans ce qu’ils ont de plus grand à offrir. Ma loyauté va à l’avenir qui redonnera sa place à ma famille. Mais comme on est jamais aussi bien servi que par soi-même, j’ai dores et déjà placé des jalons pour y parvenir. »



Narquois, un sourcil chatouilla quelques instants le visage de la Misio Lentor. Elle aurait aimé ne plus rien dire, les laisser à leurs conversations — dont apparemment ils étaient  plus que familiers. Mais il leur fallait le soutien de la Mage et elle, sans leur avouer, avait besoin du leur. Tous trois ne pourraient sortir de la Bibliothèque sans une alliance. 


« Je doute que vous trouviez quelque chose à redire à cela, après tout vous avez fait les choses à votre manière pour garantir la pérennité de la famille Vaekaron. Et vous, quel avenir voyez-vous pour les Vaekaron, pour Valyria, puisque que votre loyauté est ainsi ? Parce que c’est bien pour parler d’avenir que vous vous trouvez tous deux devant moi, je me trompe ? »



« La naïveté, Jaenera, n’est certainement pas un trait de ton caractère. »



Les yeux baissés, Alynera avait mordu sans laisser la place à son oncle-époux de réagir. Ses mains, lentement, se posèrent sur son ventre arrondi. Elle le caressa songeuse, pendant quelques instants suspendus. Qu’avait-elle dit plus tôt ? Bien plus de choses qu’elle n’en aurait jamais… 



« Nous avons agi selon la volonté divine, et cet enfant est la preuve qu’Ils ont béni cet hymen. »



Dans un instant théâtral, elle planta son regard dans celui de l’archimage. Elle aurait pu continuer ainsi, sans que Ragaenor ne comprenne ce qu’il y avait réellement derrière leurs échanges mais Valyria ne pouvait attendre après ces jeux puériles. Au fond, elle aurait dû être flattée de recevoir autant d’attentions agressive d’une des femmes les plus puissantes de ce monde. Car la Valineon était certainement la femme vivante qu’elle admirait le plus sur cette terre de désolation. Les jeux de femmes, elle les réservait pour plus tard quand la tempête passée rendrait les jours trop certains et ennuyeux.



« Cet enfant ne peut pourtant naître dans le chaos qui s’est emparé de notre monde, aussi, tu as raison, nous sommes venus te trouver pour parler de cet avenir. Depuis des années, les Vaekaron, mon regretté père, mon oncle… époux, t’ont pris sous leur protection face à la dictature Collégiale qui voudrait te calomnier. »



D’un oeil, sous sa paupière, elle observa le profil de son oncle. Elle devait le laisser parler, elle pouvait sentir sa tension et son énergie toute masculine prompte à s’emparer de l’affaire.



« Honorable Jaenera, pose les jalons de la destinée des tiens à nos côtés. Les Jaunes n’ont aucun futur, leur vision de la République, une monarchie costumée, est un parjure à nos Idéaux. Nous voulons, devons, les renverser. »

Allons, qu'est-ce qu'il aurait formulé différemment cette fois-ci ? Tout ? Dans une ultime disconvenance, elle prit quelques gorgées de ce vin interdit. Plus tard, elle lui dirait que son fait et non celui de la Mage. Elle ne souffrait ce mensonge qu'elle n'avait eu le temps de déjouer, de peur de l'agacer par l'une de ces saynète qu'il abhorrait.

Ragaenor Vaekaron
Ragaenor Vaekaron
Sénateur

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Jaenera & Alynera

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

Comme à chaque fois que la mage le frôlait, Ragaenor était assailli des nombreux souvenirs de leurs étreintes, d’une vague d’émotion qu’il avait appris à ne pas laisser paraître mais bel et bien existant, et cela, Jaenera ne le savait que trop bien. Rares étaient ceux à qui l’Erudit avait expliqué la réelle nature de sa condition, la source du savoir presque inhumain qu’il avait à sa disposition, mais à elle, il n’avait jamais rien pu cacher, du moins pas longtemps. Et si la Valineon en avait parfois joué, s’en était amusée, elle ne l’avait jamais réellement fait avec malice, de cela il était convaincu, aujourd’hui peut-être moins. Que cherchait-elle à agir de la sorte alors qu’Alynera était présente? Mieux valait ne pas relever ces jeux, il ne le savait que trop bien, sans quoi le réel but de cette entrevue serait vite oublié pour d’autres sujets de conversations dont il ne sortirait que de la frustration pour certains, un ennui certain pour d’autres.

Aussi l’Erudit s’asseya-t-il, appuyant la question de son épouse plutôt que de répondre à un interdit formulé pour la forme plutôt que pour le faire respecter à tout prix, choisissant d’ignorer le souffle de la seule femme qu’il ait jamais réellement aimé plutôt que de faire voler en éclat la perspective d’une alliance alors qu’elle n’était même pas encore formulée. Aussi rationnel qu’il fut, aussi maître de ses émotions qu’il était devenu, le Vaekaron ne pouvait s’empêcher de ressentir cette gêne dans son torse, la même qu’il avait un jour pu ressentir enfant alors qu’il était mis devant un interdit qu’on lui reprochait d’avoir franchi. D’un coté de cette table se trouvait celle qu’il avait épousé par devoir, une ironie sans doute, peut-être même une punition divine pour celle que l’on avait surnommé la Princesse et qui hantait les rêves de toute une génération n’aspirant qu’à pouvoir gagner son amour, cette égérie avait dû s’unir avec l’un des seuls hommes qui n’avait d’yeux que pour une autre. Et cette autre parcourait maintenant la bibliothèque, porteuse de ce secret connus d’eux seuls. Une flamme de passion, un torrent émotionnel que le jeune frère avait fait taire au nom de son respect du devoir et du dessein divin.

Un homme plus faible que lui aurait sans doute tout quitté pour s’enfuir avec celle que les esprits passionnés auraient défini comme une âme soeur, la seule personne avec qui on pouvait espérer passer une vie sans avoir besoin d’autre chose. Une femme moins honorable qu’elle aurait sans doute cherché à le pousser dans cette direction, mais ce n’avait pas été le cas, leur amour était resté un secret mieux gardé que l’origine du monde. Dans ses rares moments de nostalgie, Ragaenor se demandait encore parfois à quel point son destin aurait été différent, sa vie plus simple s’il avait cédé à cette douce tentation, mais il se le rappelait ensuite, il n’aurait alors pas mérité de porter le nom d’homme. Alors, à l’inverse d’autres, il avait fait taire ses pulsions pour devenir ce à quoi il était destiné, et cette voie les avait mené, tous trois, à cet instant précis.

Un bras posé contre la table, l’Erudit avait écouté la réponse de Jaenera tout en scrutant la flamme de la lampe posée sur la table, son regard s’attardant parfois sur la gravure de celle-ci, mais il ne les leva pas plus vers elle, tant pour se concentrer sur les mots prononcés que pour ne pas avoir à feindre un regard neutre qui n’avait pas sa place entre eux. S’il avait voulu répondre à sa question, il n’en eut pas le temps car son épouse l’avait devancé. Que croyait-elle accomplir en répondant ainsi? Rien sans doute, pensa l’homme, convaincu qu’il était qu’une fois encore il s’agissait d’une manifestation des humeurs du bébé grandissant en son sein.

Et ce fut dans ce sens que son argumentaire se construisit. Car même s’il n’était pas encore né, Alynera agissait déjà comme une mère, préoccupée plus que tout par la survie de son enfant à naître, une chose que le Sénateur ne pourrait sans doute jamais réellement comprendre. Il avait deux filles, déjà, et s’il leur accordait son affection, celle-ci ne supplanter pas tout le reste, et il savait qu’il existait des choses plus importantes, primordiales, pour lesquelles s’il n’avait pas d’autre choix, il les aurait sans doute sacrifiées. Comme lui, elles étaient en ce monde pour servir une cause supérieure, et son rôle de Père lui incombait la responsabilité de choisir cette cause pour elles. Ce futur enfant ne serait pas différent, et avant même qu’il ne pousse son premier cri, il portrait déjà la responsabilité de la continuité dynastique sur ses épaules. Qu’importe qu’il naisse dans le chaos ambiant ou dans un ordre nouveau, finalement? Cela ne changerait rien au travail accompli, ou à celui qui devait encore être fait. L’homme passa sur le besoin de son épouse de justifier leur union au nom du divin, lui-même savait qu’il s’était avant tout agi d’une manoeuvre politique, savoir si elle avait été orchestrée par les Dieux ou non tenait plus de la notion de foi et d’opinion personnelle que de la pure vérité, et il ne doutait pas que Jaenera le savait autant qu’eux-même. Leur place était de servir les dieux, pas de modeler leur volonté selon les besoins matériels de leur situation. S’ils réprouvaient cette union, ils trouveraient un moyen de le faire savoir bien assez tôt, Ragaenor n’en doutait pas. Sinon… Ils laisseraient les hommes modeler leur destinée.

Lorsque sa nièce eut fait sa proposition, Ragaenor hôcha légèrement la tête en signe d’assentiment, précisant cette idée commune à sa manière:

“ Avant de parler d’avenir, il convient de parler de devoir.

Les Jaunes, les Bleus, les Rouges. Séparément, aucun d’entre eux n’a d’avenir, ils ont oublié où se situe leur devoir pour se laisser dévorer par leurs ambitions, ou leur besoin de voir leur position sécurisée. Qu’il s’agisse des dynastes, des prêtres, des mages ou du plus humble des citoyens, nous avons tous notre juste place dans la République, et c’est là la volonté des dieux qui nous ont choisi. Notre loyauté devrait donc, en premier lieu, leur être acquise à eux. Ensuite, vient la République, qui est le reflet de ce à quoi nous devrions tous aspirer: nous sommes les enfants des dieux, et en tant que tels nous naissons égaux, nos capacités et nos compétences seules devant nous permettre de nous élever non en écrasant les autres, mais en permettant à tous de prospérer et d’élever notre destinée commune.

Et, enfin, viennent nos ambitions personnelles, qui devraient se concentrer sur la protection et l’avancement de nos familles et de ceux qui nous sont chers. Les Dieux, la République, la Famille, c’est dans cet ordre seulement que devrait aller notre loyauté. Ainsi, nous pouvons nous élever en tant qu’hommes, mais cela signifie également qu’il nous faut taire certaines ambitions au nom du devoir, car c’est ainsi que l’on peut réellement trahir: nuire aux dieux au nom de la République, nuire à la République au nom de son clan ou… Nuire aux siens, au nom de nos besoins personnels. Cela, nous le savons tous trois, j’en suis persuadé.”


C’était là l’un des grands principes du maître de la Bibliothèque de la Tour, celui par lequel il avait du renoncer à une union officielle avec Jaenera. Ces derniers mots, d’ailleurs, il les avait prononcé en la regardant dans les yeux, ceux-ci trahissant peut-être une certaine tristesse derrière sa conviction. Posant ensuite le regard sur le ventre de son épouse, il poursuivit:

“Quelle que soit la faction, ils s’abaissent à leurs ambitions personnelles, ce faisant trahissant la conduite honorable qui devrait incomber aux hommes de pouvoir. Cela ne peut mener qu’à un avenir sombre, peut-être même à la destruction de ce que tous, nous avons bâti. C’est pourquoi nous avons décidé d’intervenir, pour préserver la vision avec laquelle notre société a été construite.

Alors, je te le demande, Jaenera, partage-tu cette vision? Si tel est le cas, alors oui, il est temps que nous discutions d’avenir, et que nous envisagions ce qu’ensemble, nous pourrons bâtir.”

En son for intérieur, l’Erudit savait parfaitement ce qu’allait répondre la seule femme qu’il ait jamais réellement aimé, pour autant il se devait de poser la question, tant pour la forme que pour s’assurer qu’au fond, rien n’avait vraiment changé chez elle.



Jaenera Valineon
Jaenera Valineon
Mage

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Wait til you're announced, We've not yet lost all of our graces Jaenera Valineon& Alynera Vaekaron
Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

Avoir les deux femmes qu’étaient Alynera Vaekaron et Jaenera Valineon sous le même toit, dans la même pièce était une chose périlleuse. Si les deux femmes se ressemblaient par leur sans aucun doute haute opinion d’elle-même, il n’y avait pas de surprise à les voir se lancer des piques sans retenu aucune. Jaenera respectait la nièce-épouse de l’homme qu’elle avait tant aimé et qu’elle aimait toujours, pourtant elle ne pouvait s’empêcher d’ourdir au fond de son cœur quelques plans odieux pour l’amener aux portes du royaume de Balerion. Autant de plan qu’elle ne mettrait jamais à exécution mais qui avait le mérite de faire travailler son imagination, imagination fort utile lorsqu’il était question de faire avouer quelques personnes fort peu recommandable. Car si l’Archimage était spécialiste de la manipulation mentale, chaque fois qu’elle pouvait se passer de sa magie était autant de fois qu’elle préservait son esprit du prix de son utilisation. Jaenea avait appris cela de ce vieux Magister qu’elle espérait bien un jour supplanter. L’homme avait su se préserver et la jeune mage qu’elle était alors avait vite compris que si elle ne voulait pas devenir folle à un âge avancé, elle devrait ménager son utilisation. Alors face à la dernière pique de la Vaekaron, la presque dynaste qui n'en attendait pas moins d’elle laissa s’échapper un petit rire sonore. « AH AH AH ! La naïveté n’a pas sa place dans les hautes sphères de Valyria, Alynera. Tu devrais le savoir. A dire vrai, c’est un trait de caractère que j’ai rapidement perdu dans ma jeunesse… Et j’en ai payé le prix fort… » lâcha d’un ton chafouin la dame de Mhysa Faer. Oh oui, Jaenera avait perdu la naïveté de sa prime jeunesse il y avait déjà quelques années, comprenant rapidement que pour obtenir se qu’elle voulait, pour tenir le rang qu’on avait choisi pour elle, la naïveté n’était qu’un frein, des cordes qui entravaient ses pas et dont elle devait se débarrasser au plus vite.

La pique de la presque dynaste trouva un écho dans celle de l’épouse de l’Érudit. La Valineon dût user de toute sa concentration pour ne point montrer à quel point elle pouvait être touché par tout cela. Voir cette femme qu’elle adorait pourtant, n’en déplaise à l’intéressée, porter le fruit d’un acte bénit par Meleys faisait bouillir le sang de la Valineon. Car pour elle était bien trop tard. Même si elle pouvait se passer de thé de lune, la perspective de porter un jour la vie n’était plus qu’une chimère, un fantasme inavouable pour celle qui affichait avec fierté son célibat et revendiquait sa liberté. « Personne n’oserait remettre en question le fait que les Quatorze ont béni votre union, ma chère Alynera. Seuls les mortels peuvent trouver à redire à ce sujet… » et peut-être elle-même si elle écoutait son cœur. Si elle écoutait son cœur, elle aurait peut-être même commis le pire et cela bien des années plus tôt. Mais la presque Dynaste n’avait rien fait, préférant se délecter un temps du malheur des Vaekaron et se réjouissant un temps que l’épouse de Raeganor rejoigne les serviteurs des dieux. Mais tout cela lui appartenait et personne ne devait jamais réussir à lire dans son esprit meurtri. Ce fut d’ailleurs pour cette unique raison que la Grande Inquisitrice avait pris le ton le plus aimable qu’il lui soit possible d’adopter en pareil circonstance. Quant aux différentes questions de la maitresse des lieux, bientôt suivit par celles de l’Erudit, la Valineon préféra prendre une posture bien plus stricte et solennelle.

La dame avait reprit sa place presque initiale après avoir frôlé de ses doigts l’Érudit et avoir murmuré quelques mots à son oreilles. Elle l’avait perçu, Ragaenor n’avait pas changé. Elle avait senti un tension dans son corps et elle n’avait pas eu besoin de recourir à la magie pour en être certaine. Posant ses mains délicatement sur la table qu’elle effleura un court instant, elle plongea son regard dans celui tout aussi améthyste de la Vaekaron. « Ma chère Alynera, tu me demandes de vous rejoindre, mais saches que je fais mes choix en fonction de ce que j’y gagne. Rien n’est gratuit Alynera. Vous êtes les descendants de Vaekar, mais je ne suis pas n’importe qui. Je ne suis pas une vulgaire mage qui aurait besoin de protection. La magie a un prix et mon aide également. » le ton était donné. Jaenera, si elle agissait dans l’intérêt de l République et de la préservation de l’ordre, le faisait aussi dans son propre intérêt. Et jusqu’à présent, ce marchand avait su susurrer à son oreille un avenir qui lui plaisait. Ce qu’elle révéla d’ailleurs sans honte au couple dynaste. « Quant aux Jaunes, ou bien Qoherys, crois-tu que je ne les suive que par pur acception de leur idéaux. Il y a des choses dont j’ai la connaissance et que vous ignorez encore et si je le suis pour le moment c’est que j’y trouve un intérêt. Parce qu’il a su me proposer un avenir qui me convienne et qui illuminera les miens. » Rien n’était laissé au hasard lorsque Jaenera Valienon prenait le temps de se pencher sur la question. Qoherys avait fait des révélations sur la mort d’Araleron et sur les dettes des Lyseon. Et pour cela, elle pouvait bien lui apporter quelque peu son soutien. D’autant plus que le prix qu’il s’apprêtait à payer était bien plus conséquent que cela.

Les traits du visage de l’Archimage se tirèrent lorsque Ragaenor finit par lui demander si elle était d’accord avec ce qu’il venait de dire ou non. La longue tirade de son amant de certains soirs avait pourtant fait brûler les feux anciens de la passion. Cette abnégation qui irradiait de l’homme ne laissait pas insensible la Valineon. Mais en revanche qu’il puisse ainsi remettre en question ce qu’il savait déjà était presque inadmissible et proprement insupportable aux yeux de l presque dynaste. « Tu me demandes à moi, si ma vision s’accorde avec la tienne, Ragaenor ? Si je place mon devoir au-dessus de mes ambitions et de mes envies personnelles ? Si je place les dieux au-dessus de tout le reste ? Tes questions seraient presque offensante si je ne te connaissais pas aussi bien mon cher ! » lâcha telles des armes Jaenera Valineon en guise de première réponse. Puis, se redressant dans sa posture, elle fixa du regard l’homme en face d’elle. Les flammes de se épreuve du feu semblaient danser dans ses yeux. La magie semblait transpirer de chaque pore de sa peau. Et sa voix vint claquer à travers la bibliothèque lorsqu’elle rouvrit la bouche. « Il y a déjà des années de cela que j’ai fait mes choix Ragaenor. J’ai fait le choix de préserver l’équilibre de notre monde, l’équilibre de cette famille et le respect de la puissance de nos sang décidé par les dieux. J’aurai pu ce jour-là choisir la tradition des miens, je ne l’ai pas fait pour suivre simplement mon cœur, parce que je savais que je ne pourrais honorer les dieux comme je le devais. J’en ai payé et j’en paye encore les conséquences au sein de ma famille. Mais cela m’a permis de me concentrer sur le chemin qu’avait tracé pour moi les Quatorze au cœur du Collège des Mages. » Le voile du passé se déchirait petit à petit et tant pis si Alynera en était la gênante témoin. Jaenera ne pouvait souffrir plus longtemps que l’on vienne remettre en question son allégeance à Valyria et aux sangs purs des Fondateurs et tout ce que ces familles représentaient. Si les siens n’avaient pas préféré la mer, leur puissance égalerait presque celle des familles Dynastes, quant à leur richesse, elle serait presque semblable et peut-être même supérieur au vu de l’état de certaines finances. « Les Quatorze ont vu en moi un avenir glorieux que certains me refusent. D’autres oublient qu’ils ne doivent leur rang qu’aux dieux qui ont tracé leur chemin. Et il est tant que cela cesse. Il est tant que tous reprennent leu place… celle voulu par les Quatoraze… Sur ce point nous sommes d’accord. » conclu finalement la Valineon d’un ton sévère. Oui, il était plus que tant que le Magister lui cède enfin la place et qu’il cesse de lui refuser ce droit qui est pourtant le sien sous prétexte de quelques désaccords sur la position du Collège des Mages dans la République.

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Jaenera Valineon

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

«  Avant de parler d’avenir, il convient de parler de devoir. »



Étouffant un sourire agressif, l’ongle de son index s’enfonça dans la première phalange de son pouce. Évidemment. Évidemment, pendant de longues minutes, l’Érudit ergota les faits. Les Dieux. Les Hommes. La République. La Famille. L’Ordre. Le Devoir. Une leçon grandiose pour l’un des lieux les plus éponymes de la Cité. Pourtant, en silence, la jeune épouse ne pouvait s’empêcher de penser qu'il exposait davantage un plaisir malice à s’écouter. Ce désintérêt grandiose qu’il montrait pour autrui révélait tout l’amour qu’il n’avait plus, trop affairé à parfaire sa propre personne. Que percevait-il dans le miroir d’airain ? En cela, bien qu’il ne le comprendrait jamais, Daelor et lui étaient semblables. Moulés dans la cuirasse de leur ego divinement mâle, jamais, si ce n’est rarement, ils avaient tord. Paternalistes, toujours, ils savaient jeter une ombre toute majestueuse sur leur épouse commune. Héritière de Vaekar, elle demeurait une simple femme. Habituée à cette rengaine, Alynera écouta d’une oreille distante la conversation. La réponse de la Mage était à l’image de celle de son mentor, longue et ennuyante. Le temps n’était pas à perdre à des bavardages. Malheureusement, son intelligence modeste ne l’empêcha pas de surprendre l’échange bruyant de leurs regards.



J’ai fait le choix de préserver l’équilibre de cette famille et le respect de la puissance de nos sang décidé par les Dieux.



Fugaces, sous des paupières baissées, ses yeux dévisagèrent le visage, décontenancé, agonisant, sévère de Jaenera. Il était évident qu’elle ne parlait plus qu’à Ragaenor, faisait fi de sa propre présence. Et, alors que les limbes d’un passé insoupçonné dansaient autour d’eux, vision mirifique de sa propre naïveté, Alynera fut reléguée à n’être qu'une étrangère sous propre toit.



J’aurai pu ce jour-là choisir la tradition des miens, je ne l’ai pas fait pour suivre simplement mon cœur.



Pétrifiée par ces révélations soudaines, elle laissa l’apex de ses dents chercher un écrin d’élastine. Puis, elle sentit l’ivoire, dans sa bouche, mordre avec avidité. Elle pouvait sentir son sang, tonitruant, se violacer d’une marque invisible.



J’en ai payé et j’en paye encore les conséquences au sein de ma famille.



À ces mots infâmes, sous-entendus cruels, une envie démente de rire s’empara de son corps immobile. Jusqu’alors, elle n’avait jamais compris cette insensibilité que son oncle possédait pour elle. Il était probablement le seul Valyrien à ne pas tomber aux pieds de la fille de Meleys, car c’est ce que ses Flammes avaient dit, Meleys faite femme. Il accomplissait son devoir avec fortune, mais il n’y avait aucun échange comme les amants peuvent avoir l’un pour l’autre. Enfin, elle allait faire la peau à son mystère. Mordant un peu plus fort, elle baissa les yeux. Une furieuse envie de quitter la pièce tambourinait dans son corps. Il irradiait en elle un fourmillement familier, un appel à la violence et au feu. La vie charnelle de son oncle ne l’avait jamais intéressée, mais il était désormais son époux. Celui qu’elle avait choisi. Et ce sacrifice que la Presque Dynaste, Ô comme ce nom sonnait juste désormais !, évoquait, elle aussi l’avait fait. L’opprobre des siens pour la pureté du sang Vaekaron. 



Aussi, la Valineon n’avait pas encore terminé sa phrase qu’elle trancha, sanglante, oubliant, pour l'heure, cette révélation venue des eaux troubles. 



« Bien, puisque nous sommes d’accord. Elle ne jeta aucun regard à son oncle-époux, si l’infamie des mots de la Mage étaient justes, alors il venait de porter haut la main sur elle. Nous nous sommes entretenus avec les Lyseon et les Riahenor. Nous avons décidé, d’un commun accord, d’unir nos voix. Une entité tricéphale. Le Grand Prêtre d’Arrax, et les autres Pontifes, soutiendront notre volonté. Celle-ci n’est pas de créer une quatrième faction, mais de représenter les trois là où nos Lumières ont échoué. Dans la situation actuelle, nos familles, Protectrices de Valyria, sont les seules à même de pacifier les âmes et nous permettre d’éviter une guerre civile. »



La pression de ses dents avait créé une incision délicate, une discrète goutte de sang s’en échappa. Bois-le semblait vouloir dire cette petite radiante alors qu’elle teintait délicatement de son rouge carmin sa lèvre inférieure. De son pouce, Alynera la chassa d’un geste avant de l’observer un instant long.



« Valyria repose sur ce sang. Si les Valyriens sont égaux, les aristocrates feraient bien de se souvenir la déférence qui nous est due. Quant au Magister, il devrait, lui aussi, cesser de soutenir le gâchis du sang-magie. Malheureusement, Talaegar ne l’a jamais compris… lui qui l’a tant répandu, pour son plaisir. »

Au contraire de ce que la Valineon tentait de lui faire croire, Alynera n’était pas une marionnette naïve et chétive. La révélation soudaine d’un passé lascif entre leurs deux corps était un poignard enfoncé dans son cœur, mais elle attendrait son jugement. Aujourd'hui, et dans les semaines à venir, seul le sort de Valyria devait prévaloir. Plus tard, peut-être, elle oserait affronter son époux sur cette infidélité du corps, de l’esprit et de la foi. Elle le récupérerait. Les âges n’avaient aucun influence dans la vie d’un Dynaste, elle était jeune, elle attendrait. Il était son époux devant les Dieux : elle aurait les honneurs dus à ce titre. 


« Ce que j’ose espérer…, elle mit alors ses mains sur la table. Cette table sculptée pour l’érudition d’une des plus grande mage du monde. Un présent d’amour ? Doucement elle, du bout des doigts, elle caressa le bois lustré. Avaient-ils mêlé leurs corps, nourrissant la sève rare de ce bois de leur semence ? Sans le comprendre, habitée d’un être de magie, elle dessina une rune de fureur. … c’est qu'un Magister différent serait à même de faire respecter cette autorité. » 

Jaenera Valineon
Jaenera Valineon
Mage

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Wait til you're announced, We've not yet lost all of our graces Jaenera Valineon& Alynera Vaekaron

Tour Vaekar, Bibliothèque, soirée de l'an 1067 mois 4

La réaction d’Alynera Vaekaron était prévisible et Jaenera ne s’en émut pas plus que cela. A dire vrai la Grande Inquisitrice de Valyria venait de lâcher une véritable bombe dans Tour Vaekar en faisant comprendre à la maitresse des lieux son lien avec son oncle-époux. Alors si Jaenera laissa la Vaekaron parler et parler encore, elle laissa son regard parcourir la bibliothèque une nouvelle fois. Puis vint le temps où elle dut répondre à la dragonne. Jetant un dernier regard à Ragaenor, elle lui offrit un petit sourire avant de sa rapprocher d’Alyenera. Elle lui saisit une main, faisant fi de l’aversion que cette dernière avait pour le contact physique, une confidence qu’elle avait obtenue après avoir discuté longuement avec Ragaenor et qui ne faisait que confirmer ce qu’on lui avait bien souvent raconté à son sujet. « Ma chère Alynera, que dirais-tu de poursuivre cette conversation dans les jardins de Tour Vaekar ? Ainsi nous laisserons notre cher Ragaenor à ses livres. » la question de la Valineon n’attendait pas réellement de réponse. Elle avait rapidement remarquer que la jeune femme aurait largement préféré mener seule cette entrevue. Alors, sans attendre la moindre réponse, la fille de Mhysa Faer embarqua avec elle la nièce-épouse de l’Érudit.

Traversant les différents couloirs et lâchant son emprise sur Alynera, Jaenera brisa le silence qui régnait de nouveau entre les deux dames. « Je ne doute pas que tu rapporteras notre conversation à Raeganor, Alynera. Visiblement, tu souhaitais mener cette discussion, ainsi cela sera chose faite. » Sa voix était calme. Jaenera Valineon voulait en venir au fait et cela, Alyenra le ferait si elle se sentait écouter et perçu à sa juste place, celle de la fille de la branche principale des Vaekaron. Jaenera ne pouvait oublier que la dame avait un temps siégé à Drivo, et à dire vrai elle trouvait cela parfaitement admirable bien que peut-être déplacé pour une descendante de famille Dyanste. Les Quatorze avaient lourdement frapper les descendants de Vaekar pendant la guerre contre Ghis et Alyenra avait su tenir bon. Arrivant enfin aux portes des jardins, l’Archimage de la Manipulation mentale les ouvrit et laissa son hôte entrer la première. Marchant à ses côtés, Jaenera ne laissa pas la dame reprendre la première la conversation. Elle attendait sûrement des réponses à ses remarques faites un peu plus tôt dans la bibliothèque de son époux et Jaenera était naturellement prête à lui en apporter. « Ainsi donc les familles dynastes ont décidés de se réunir comme au temps de la Triarchie. Voilà une nouvelle que j’accueille avec une grande joie. J’entends tes paroles de vouloir placer les familles des fondateurs au-dessus des autres factions de Drivo. En tant que Grande Inquisitrice j’en prends note. » Commença par reprendre Jaenera, marquant par là sa légère surprise face à une telle annonce. Il faut dire que si les familles dynastes avaient su au temps de la Triarchie s’unir, ce n’était clairement pas la concorde qui semblait régner entre eux au début de cette lute secrète interne à Valyria. « Si les Pontifes vous soutiennent, ils ne le feront pas sans contrepartie, mais je suppose que vous y avez songé, n’est-ce pas ? » poursuivit la Dame des Valienon et sœur de Daenar, Grand amiral de Valyria.

Puis marquant un bref silence, Jaenera reprit sur le même ton calme et neutre qu’elle avait adopté depuis le début de ce nouvel échange. « Le peuple a tendance à oublier ce qui fait sa puissance. Les familles dynastes devraient être en tout temps respectées pour leur sang mille fois bénis par Arrax et ses enfants… » Oui, c’était un fait indéniable que l’on ne pouvait remettre en cause. Mais pour remettre l’ordre au cœur de Valyria, Alynera semblait miser sur le Collège, mais la position de Talaegar sur la politique était bien connue de tous et n’était clairement pas orienté en ce sens. Mais là encore, la Dame semblait avoir quelque chose derrière la tête au vu de ses marques précédentes. Et à dire vrai, Jaenera avait également sa propre vision de l’avenir du Collège. Restait à l’Archimage de savoir si leurs visions pouvaient s’accorder ou non. « Concernant le Collège et à Talaegar, il n’a jamais su tirer profit de la puissance de ses Mages pour faire la grandeur de Valyria. » commença par répondre la Valineon. « Le Magister refuse toute implication du Collège dans la vie de Valyria, à se demander à quoi nos mages servent. Sa neutralité mènera à la perte du Collège. » poursuivit rapidement l’invité d’Alynera et amante de Ragaenor. Une nouvelle réponse qui fut suivi par un long silence destiner à observer la réaction de la Vaekaron. Est-ce que Alynera la laisserait poursuivre ou bien réagirait-elle presque aussi tôt ces derniers mots prononcés ? Cela était intéressant à analyser. Et une fois que  la Dame jugea que le temps de l’observation était terminé, sa voix brisa une nouvelle fois le silence. « Un autre Magister dis-tu… Tu n’es pas sans savoir que seul le Magister peut désigner son successeur. »  Sa voix et son attitude témoignait d’une assurance qu’elle n’avait pas forcément alors qu’elle essayait de sonder si les dynastes pouvaient ou non la soutenir dans sa future action. Évidemment, il n’était pas question qu’elle utilise sa magie. Non, observer l’attitude de la dynaste était bien plus efficace et l’offusquerait bien moins. « A l’heure actuelle, le nom le plus murmuré est celui de la Mage Alyrea Lyseon. » Jaenera énumérait des faits, rien que de faits. Choix volontaire de laisser Alynera en venir à sa propre demande. Parce que Jaenera n’était pas née de la dernière pluie et se doutait bien que si Alynera avait voulu cette entrevue c’était pour une raison. Mais si l’Archimage avait besoin de leur soutien, visiblement, c’était encore plus le cas des familles des fondateurs.  « Évidemment, il fut un temps où les couloirs susurrait le mien, mais le vieux Talaegar préfère la vision plus conservatrice d’Alyrea. » Une remarque qui ne faisait que mettre en lumière la réalité et la complexité de la succession de Talaegar qui se poserait de toute façon le jour où Balerion le rappellerait. Jaenera avait été pendant longtemps l’Archimage pressenti pour lui succéder. Et puis le vieil homme avait semblé lui préférée la fille de la famille Dynaste Lyseon, sans nul doute à cause de sa vision plus conservatrice et plus à l’image de sa position actuelle.

Faisant mine de réfléchir, Jaenera ajouta finalement avec un petit ton faussement hésitant. « Mais si Alyrea refusait cette proposition, je suppose que je serai la première sur la liste. Mais connaissant Talaegar, il ne donnera le nom de son successeur que sur son lit de mort. Le Magister a une santé remarquable pour son âge, sans une petite intervention extérieure… le temps aura si longtemps passé que les familles dynastes ne seront plus que des légendes oubliées.. » les dés en étaient jeté et Jaenera serait bien vite fixé sur son possible alliance avec les dynastes et bien plus encore avec les Vaekaron.

Alynera Vaekaron
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Jaenera Valineon

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Les mains posées sur son ventre anobli, l’oreille tendue aux traitres paroles, Alynera marchait délicatement aux côté de la Mage. Dire qu’elle avait peu apprécié sa prise de directive aurait été une gageure… Néanmoins, elle affichait le même front amical qu’au début de leur entrevue. Deux heures auparavant, elle levait encore des yeux admirateurs et déférents vers la Grande Inquisitrice. Mais, désormais, toute admiration s’était envolée. La magicienne, sournoisement, avait répandu son venin en la demeure de Vaekar. Et, semblant forte de cette petite, scélérate, victoire, voilà qu’elle évoluait au milieu des jardins telle la véritable maîtresse des lieux. Si la future mère avait envie de pouvoir rugir toute sa colère, et d’enfoncer des griffes somptueuses dans les orbites de sa compagne, elle scella ses émotions derrière un silence pincé. Lorsque son aînée se tue enfin, les litanies épuisées, elle demeura sans parler au milieu des fleurs du long été caressant du bout des doigts la vacuité de leurs pétales. 



« Cela fait bien des années que tu ne t’intéresses plus à ce que Talaegar peut penser… Elle ne bougea pas, continuant sa minutie observation loin du regard inquisiteur. Nul doute qu’Alyrea est promise à un destin exceptionnel, après tout le sang-magie chante plus fort en elle qu’en vous tous. »



Ses yeux restèrent stoïques quoique ses pupilles s’embrasèrent de quelques ardeurs. Elle n’appréciait pas que cette Mage, toute puissante et terrible qu’elle était, se donne l’apanage d’un rôle de femme de gynécée qui ne lui convenait guère. Du reste, pourquoi souhaiter inverser les rôles lorsqu’on était l’une des femmes les plus puissantes de Valyria ?

« Il ne peut y avoir de ‘‘petite intervention’’ extérieure. Nous autres, laïques, ne pouvons nous mêler des affaires du Collège sans risquer le désordre tout entier de la République. Si tu penses réellement que la neutralité du Collège le mènera à sa perte et que personne n’est là pour l'en préserver du danger, pourquoi ne pas t'approprier le Magister ? Il doit te rester quelques soutiens au sein des épais murs, débrouille-toi pour que, à tes côtés, ils renversent Talaegar. » 


D’un geste précieux elle relâcha la fleur pour en observer une autre, apparaissant détachée de ces stratagèmes secrets et dangereux.



« Si la victoire devait être tienne, nomme des Archimages dont les familles seront… disons… en accord avec tes objectifs politiques. Si telle est ta vraie volonté, je m’assurerai qu’Alyrea te soutienne et ne soit point une rivale. » 



Il s’agissait d’un pieux mensonge puisque tout était déjà scellé. La Lyseon n’avait pu faire autrement que de s’incliner car, en échange, Alynera permettait que la dette des siens soit rachetée par les Temples.

« En l’échange de l’aide d’Alyrea, de la mienne pour intercéder en ta faveur, et de notre soutien collectif, je ne demanderai qu’une juste rétribution : un poste d’Archimage pour ma sœur détrônée, l’assurance du soutien aux Vaekaron des neuf familles de ton choix et... celle de ta famille. »



Ce n’était pas tout à fait ce qu’elle avait convenu avec Ragaenor, mais puisque Jaenera semblait vouloir la confronter sur un terrain dans lequel il n’avait pas sa place… autant abattre ses propres cartes. 


« Si tu arrives à t’emparer du Magister, ce que ne je doute pas, tu auras besoin d’Aenar… d’autant plus si tu souhaites entériner la sacro-neutralité du Collège. Tu ne pourras bousculer le cours des choses qu’avec une majorité à Drivo assurée : les familles des Archimages, ta famille, les Fondateurs… et ceux déjà ralliés derrière les Fondateurs. Je t’assure leurs voix, si tu m’assures celui de neuf familles et de la tienne. L’Armée a désormais conquis notre Cité et ne voudra plus en concéder la moindre parcelle, encore moins au Collège. Nous avons besoin de nous allier pour les combattre sur leur propre champ. » 


Alynera aurait pu évoquer le renouveau de l’alliance entre le Collège et la bibliothèque de la Tour, mais elle omit habilement cette possibilité. Elle offrait déjà beaucoup à Jaenera, la légitimité. Plus tard, si cette dernière réussissait, ils seraient toujours temps d’entamer une nouvelle discussion.



« Et ainsi, je crois que nous nous sommes tout dit. 

Renverse Talaegar, emprisonne-le, tue-le, peu me chaux. Cette vermine au sang tari est un poison pour Valyria. Dis-lui que ce n’est qu’une simple rétribution, une vie pour une autre. Maintenant je te prie de m’excuser, la semence bénie de mon oncle-époux est si puissante qu’elle me rend lasse… »

Sur la pointe des pieds, elle déposa un lointain baiser sur sa joue scellant ainsi leur potentiel accord. Une partie d’elle craignait encore la Grande Inquisitrice, unique magicienne membre du Septième cercle et bientôt la plus grande Mage de ce monde, mais Jaenera avait commis un impair et maintenant elle lui apparaissait également comme une femme meurtrie. Elle lui avait livré sa faille et Alynera se promit, humant son parfum entêtant, qu’un jour elle l’utiliserait. Pour l’heure, cependant, elles étaient alliées et d’une unité indivisible. 



« Ah, et Jaenera ? le principe des légendes est qu'elles ne meurent jamais… »



À toi d’en devenir une, murmura son esprit à la Valineon. En s'éloignant, elle fut certaine qu'elle avait put lire cette dernière pensée.

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