Our worth is not given, it must be made. Les Velaryon… Un nom destiné à rester dans l’ombre des plus grands: toujours indépendant, jamais puissant. Un adage des plus vulgaires mais qui trouve une certaine part de vérité. Véritables patriciens de la bourgeoisie et noblesse de Mhysa Faer, les Velaryon est de ces familles riches, bien implémentée dans certains domaines, mécènes des arts mais que tout le monde oublie. Traditionnellement associés à l’arrière-ban du Sénat, et au patronage des marchads, ils ne sont guère impliqués dans la politique de Valyria, malgré quelques membres bien placés de l’administration de Mhysa Faer.

Les Velaryon peuvent se targuer de n’être les clients d’aucune famille dominante de la Péninsule, gérant leurs affaires adroitement mais avec humilité. Un champ de vision qui tend pourtant à s’agrandir avec l’arrivée d’une nouvelle génération, plus audacieuse et malgré l’absence de femmes dans leur généalogie la plus récent. Si la pureté de leur sang risque d’être en danger, de larges perspectives d’union matrimoniales s’ouvrent désormais aux Velaryon, au nom désormais connus grâce à leurs deux plus jeunes fils : Jagaenon et Jacaerys, respective grand prêtre d’Arrax et Légat de la Vème Armée….

Première Entrée

D’une main tremblante, je saisis l’épée des poètes

Alors que mes doigts se noircissent au fil de ma plume, je me rends compte de l’amertume qui parfois m’anime en repensant à mes jeunes années. Naître parmi la noble famille des Velaryon est un honneur que les Quatorze m’ont fait et je suis fier de porter ce nom. Malgré tout, être le cinquième fils de la dynastie était la punition infligée par ces mêmes dieux que je loue.
Mes parents ne firent jamais de différence entre mes frères, du moins non consciemment. A l’image de chaque nouveau-né, les prêtres me soumirent à l’Epreuve de Feu. Je pris ainsi la place de mon frère Jaeganon où l’on me prédit la gloire immortelle de l’armée et de la guerre. Ainsi je fus le seul gratifié d’un des rares œufs de dragons encore possédés par la famille et naquit mon bras-feu, mon âme-sœur devant l’Eternité. Mysarix fut cet ami fidèle et indicible qui marque une vie…

Deuxième Entrée

Voilà de trop longs mois que je n’ai eu le temps d’écrire entre ses pages. Ce manuscrit me dégoûte alors qu’il m’attire et excite mes souvenirs. Je me sens soulagé d’avoir pu laisser le vélin absorber ma verve et ma rancœur adolescente. Je n’en ai jamais voulu à mes parents, ni à mes frères pour m’avoir forgés à l’image qu’il souhaitait. C’était également mon vœu le plus cher. J’aurai simplement aimé avoir le choix. Mon éducation a été soignée, aussi bien pour me préparer à l’armée qu’appartenir à la noblesse à laquelle j’appartenais. À l’âge de quinze ans, je fus envoyé déjà de par le monde pour visiter les comptoirs commerciaux de mon peuple. De Sarnor à Andalos, où je découvris leur art si particulier de la forge et de la monte à l’étrier, j’ai pu apprécier durant quatre longues années les terres à l’ouest de Valyria et apprendre de nouvelles cultures et langues. Malgré la supériorité que les Quatorze nous ont offerte, nous avons encore tant à apprendre des autres peuples, pour mieux les dominer un jour…

Troisième Entrée

Je crois qu’il est temps pour moi d’aborder ma réelle vie. Je suis rentré dans l’armée selon les souhaits des Dieux et de mes parents. J’avais alors vingt ans et le plus âgé de la classe que j’intégrai. Si je n’échappai aux brimades des dortoirs et aux sévères châtiments, je ne pouvais au moins m’en défendre. La plupart des hommes et femmes avec qui je fus formé étaient destinés à devenir des marins, des marchands ou artisans après leur service militaire. J’étais pour ainsi dire le seul seigneur dragon parmi eux.

Malgré cette différence, je me sentais bien parmi la troupe. Évidemment, je me comportai en chef naturel parmi eux et je ne déméritai pour m’élever au-dessus de la piétaille. Je déteste me vanter et pourtant j’étais l’un des meilleurs dragonniers de la Cinquième armée et je ne déméritai pas. Il me fallut moins de cinq ans pour devenir polémarque des Premiers, ces hommes en charge de jaillir en premier des navires lors des assauts amphibies. Nos forces étaient de frapper fort, vite et surtout avec intelligence au risque de voir toute une campagne échouer en quelques instants.

Il est difficile de me remémorer clairement ces moments. Je me rappelle avoir été pleinement heureux, sans remettre en question ma place à l’époque. Certes, il me manquait l’amour d’une femme aimante et la reconnaissance des miens, mais je m’en passai tant je me donnais à ma place au sein de l’armée. Je rêvais, tel un de ces chevaliers Andalos, d’être l’homme lige d’un dynaste ou d’une Lumière de la Sagesse et le servir loyalement.

Je crois que je suis un peu amer en y repensant. Je n’étais pas naïf, simplement aveugle.

Quatrième Entrée

Lorsque la guerre a frappé, nous partîmes presque aussitôt pour le front. Avec un certain goût amer dans la bouche, Mhysa Faer, son emplacement et les spécialités de la Vème, ne semblaient pas concernés par l’escarmouche. Pourtant, je me souviens de mon impatience d’alors. Chaque nuit, je m’envolais sur Mysarix. Le regard perdu au loin, ma main posée négligemment sur le pommeau de mon épée, j’attendais l’appel. Lorsqu’il vint, je crus avoir raté la guerre. Nous devions alors nous jeter corps et âme pour briser le siège de Tolos.

La Vème ne joua qu’un rôle mineur dans cette bataille. Sur mon idée, nous prîmes de flanc – épaulés par la flotte – le camp ghiscari. Malgré cet exploit de coordination et son succès, je peux témoigner que nous fûmes une bien pauvre enclume tant le marteau de l’armée de Mantarys frappa fort.

Pourtant le deuil faillit marquer mon âme au fer blanc ce jour-là. Mû par une envie bien sotte de briller, je fus le seul membre de la Vème à chevaucher son dragon pour mener l’assaut. Mysarix et son noble cavalier brillèrent de mille feux lors du combat dans les camps ghiscaris. Tant et si bien qu’ils étaient les cibles parfaites. Balistes et arcs se tournèrent aussitôt vers mon fidèle ami. Un lourd carreau déchira sa belle voilure et une flèche ricocha si proche de son œil que je jurai avoir vu du liquide conjonctif en jaillir. Mysarix dût se poser en catastrophe, m’arrachant presque de son dos par la même occasion et nous nous défendîmes bec et ongles.
Je congédiai alors mon ami. Quatre ans plus tard, il souffre encore de cette exclusion de ma vie. Ne saurait-il comprendre qu’il est plus un frère que mon propre sang et que je ne voulais que protéger ce lien unique ? Il serait mort ce jour-là, mon esprit s’en serait retrouvé déchiré à jamais…

Cinquième Entrée

De trop nombreux jours séparent la dernière entrée de celle-ci. Mais je crois bien que l’introspection que me confère cet exercice touche mon moral bien plus que je ne le crois. Pourtant, les nombreuses batailles de Bhorash ne furent pas celles qui marquèrent le plus mon âme. Les Premiers étaient formés pour les assauts périlleux, sur des terrains difficiles. Par douze fois, nous montâmes au front au cours des différentes phases du siège. Nous étions glorieux avec nos armures légères et nos doigts tatoués. Je porte aujourd’hui encore la trace des douze flammes sur mes doigts et mes poignets, insigne aussi rare que ses survivants. Les cicatrices de mon corps furent bien plus douloureuses que celles qui vinrent lorsqu’on me sépara de mes hommes avant même la fin du siège.

Les Quatorze savent que j’aurai souhaité voir la fin de Bhorash et passer les Ghiscaris, ces chiens, par moi-même. Pourtant il n'en fut rien. Pourquoi la main du Destin s’abattit sur moi ; je n’en saurai probablement jamais rien. Il fallait un représentant de l’armée, quelqu’un à l’esprit agile et cultivé et propre à s’adapter à un environnement particulier. Le choix se porta sur moi pour être l’otage, ou l’attaché militaire selon les versions de mon peuple auprès des terribles Dothrakis.

Je vécus six mois parmi ces sauvages. Du moins les considérai je comme tel. Si vous ne lisez jamais ces mots, n’allez pas croire que je les vois comme un peuple à part entière. Malgré tout une certaine noblesse rude et primaire transparaît derrière leurs mœurs douteuses. Je m’attachai à leur amour des chevaux, leurs techniques de guerre et leur capacité d’adaptation autant que je haïssais leur violence crasse lors des raids. C’était sans compter sur les Ghiscaris.
Les Dieux me bénissent encore d’avoir survécu à cette bataille. Certains à Valyria racontent que ce ne fut qu’une escarmouche, mais je peux témoigner de la plus grande des victoires Ghiscari de cette guerre. L’écho de vingt mille cavaliers rugissant sur les plaines du pays résonne encore à mes oreilles lors des nuits les plus agitées. Mon cheval tomba sous ma chevauchée, je perdis mon épée et fus frappé d’un sabot en plein casque, m’assommant pour de bon. Lorsque je me réveillai, ce fut pour errer dans un bain de sang, seul survivant apparent du massacre de cinq mille guerriers.

Je me rappelle à peine comment j’ai pu rejoindre les rares troupes encore de la région de la horde Dothrakis. Des bandes pillardes, séparées du gros de la troupe pour le fourrage, n’avaient du leur survie qu’à cette habitude. Pourchassé, épuisé, je guidai ces hommes à travers les hauts plateaux qu’ils n’aimaient guère durant huit jours sans se reposer. Il fallut trois semaines à mes jambes pour se remettre de cette folle chevauchée, et j’en porte encore les traces sur mes cuisses. Désormais, ce fidèle destrier – aussi honni soit il par Mysarix serait à mes côtés… jusqu’à aujourd’hui.

Sixième Entrée

Je crois bien ma main tremblait lors de ma dernière aventure dans ce journal. Mes idéaux sont morts sur les plaines ghiscaris. Il me peine de le dire, car au fond de moi je porte toujours cette élégance et cette honnêteté. À partir de cet instant, tout semblait amer dans ma vie. Je jouais, buvais, perdais pour mieux rejouer au siège de Meeren auquel j’avais été imposé pendant près de trois mois. Devenu exarque, je n’étais plus en charge des Premiers, mais bel et bien de la cavalerie de par mes exploits dothrakis. Si l’on peut appeler cela des exploits que de survivre…
La belle affaire valut que les Ghiscaris furent de presque aussi bons rôdeurs que de cavaliers lourds. Les stradiotes menaient la vie dure à nos arrières et nous empêchaient de correctement ravager le pays. Combien de fois nos troupes furent repoussées par des hordes de paysans menés par ces hussards ? Le plus infâme des leurs était Zhashazakid le Balafré. Mon Légat me chargea de le traquer, le retrouver et mettre fin à ses jours.

Curieusement, Zhashazakid fut trahi par les siens. Du moins le croyais-je. Portant en moi un espoir, j’écoutais calmement les chefs de village ghiscari prêts à nous livrer le pillard en échange de quelques semaines de répit dans nos propres pillages. Mon Légat voulut participer à la capture lui-même et en petit comité. En d’autres termes, son adjoint, lui-même et moi. Nous pénétrâmes dans le village où le chef Zhashazakid nous attendait. C’était un petit homme sec et misérable, autour de grands troubles pourtant. Nous exigeâmes qu’il se rende pour être pendu. En échange de quoi, nous eûmes la surprise de voir apparaître autour de nous des arcs et autant de cavaliers.

Je n’ai plus aucune honte à le dire. Je dois ma survie à la stupidité du Légat. A la première apparition de la trahison ghiscari, je fouettais déjà ma monture et galopai vers la liberté. Il reste de marbre, et touché par de nombreux traits, parmi de ralentir suffisamment les ennemis pour me mettre hors de portée de leurs arcs. L’adjoint et moi chevauchâmes en parallèle, séparés par un bois sans le savoir et croyant l’autre mort. Je me souviens avoir jeté mille regards par-dessus mon épaule pour voir vingt ou trente cavaliers ghiscaris à mes trousses. Je jetai mon casque au visage du plus proche, le faisant chuter et ralentissant encore un peu plus la troupe de Zhashazakid.

Trente kilomètres. Il nous fallut trente kilomètres pour nous rejoindre par la grâce des Dieux. Nos glaives en main, nous étions prêts à en découdre de notre vie. Une patrouille de la IIIeme armée nous sauva par miracle. Et ce fut la tête de Zhashazakid plantée sur une pique que nous revînmes au campement…

Septième Entrée

Maudit soit le Mage qui m’a conseillé de confier mes pensées dans des écrits pour les relire ! Cette biographie est aussi suintante qu’un porc cuit aux pommes de vanité. Je n’aime pas le faire… Pourtant, je me rends compte aujourd’hui que j’ai mérité ma place de Légat. Elle me fut offerte pour les nombreux services donnés à ma patrie. Un grand honneur qui me laissa un goût de cendre dans la bouche. Alors que la guerre s’achevait, je restai éloigné de mon pays pour organiser le retour de ma nouvelle armée manquant ainsi les festivités puis les évènements. Pourtant j’étais souvent présent à Valyria, souvent trop occupé à écumer les tavernes avec mes compagnons d’armes ou de beuveries. Je ne me sentais pas digne d’être plus qu’un Légat…

Huitième Entrée

Alors que débute cette nouvelle année et que les nouvelles viennent de Valyria, je ne peux que me demander. Qui suis-je ? Jacaerys Velaryon, ce grand soldat, élevé part son mérite au rang de Légat. Mais savent-ils réellement ma vie ? J’ai grandi dans l’ombre de mes frères, même les plus insignifiants morveux. Eloigné, j’ai vu le monde, combattu ce même monde et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps au cœur des plaines ghiscaris.

Je crois qu’il est temps. Temps de prendre en main ma destinée, la façonner selon mon souhait. Certains à Valyria veulent une nouvelle guerre pour venger l’affront de la mort de leur chef, d’autres défendent les institutions d’une République usée tandis que les derniers réclament le pouvoir pour eux.

J’en dis que si tu lis mes paroles, pauvre âme égarée, tu dois avoir une bien piètre opinion de moi. Et tu as raison. Aussi brûles donc ce manuscrit.

N’oublie pas une chose : le monde se paie. Une armée aussi.

C'est bon, c'est fait. Te voici validé(e). Bravo ! Ce petit picotement que tu ressens est celui du début d'une aventure où tu rencontreras des personnages et des créatures incroyables. Te sens-tu prêt(e) à nous rejoindre ? On espère que oui car le grand moment est arrivé !

Ton personnage, Jacaerys Velaryon, va désormais rejoindre l'Armée de notre belle Valyria pour devenir l'un de ses membres les plus illustres, espérons-le !