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Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

Our souls have conversations words could never describe @Elaena Tergaryon

   
An 1066 du 12ème mois,
quelques minutes après l'assassinat de Lucerys Arlaeron
Palais d'Hoskagon


https://youtu.be/G98n_5tHf4U

«The way to love anything is to realize that it might be lost.» G.K. Chersterton



Les desseins des quatorze étaient bien étrange, et mystérieux aux yeux du simple commun des mortels. Même leurs apôtres, disciples qui seuls avaient le pouvoir de leur murmurer, leur prêter une oreille attentive, n'en restaient pas moins insaisissables, figures privilégiés se tenant toujours auprès du céleste. Quiconque le jour de son mariage n'aurait eu pareil soupçons qu'un tel événement se serait déclaré, secouant comme jamais la Cité flamboyante. Non, à bien y réfléchir personne hormis ceux ayant comploté n'aurait deviner une tournure si funèbre. Et pourtant...

Le sang lui tapait aux tempes, véritable tintamarre. Son corps, machine entraînée à la guerre lui hurlait de prendre part. Il n’avait guère eu le temps de ne jeter qu’un coup d’œil derrière lui, s’assurant que sa famille, et sa dulcinée soient protégées par quelques gardes déplacés à cet effet. Le voilà endossant son rôle de guerrier un jour qui pourtant serait d'ordinaire heureux.

En proie au chaos, la foule se dispersait, marrée humaine où plus aucune loi, aucun dieu ne régnait à cet instant sur ce monde mortel. Un contraste si saisissant puisque qu’auparavant, l’ivresse et allégresse emplissaient les lieux, théâtre d’unions vivement célébrées.
L’ombre prit place, ténèbres d’abîme d’angoisse que seules les âmes égarées savaient suffocantes. Les sourires s’effacèrent soudainement pour ne laisser plus qu’apparaître la crainte, et l’effroi. Sensations glacées, sourdes qui s’insinuaient plus profondément dans ces cœurs. De leurs étreintes, elles vous enserraient pareils à des serres, vibrantes de noirceur, les lambeaux de votre existence s’étiolant. Et ce fut ainsi que moururent les hosanna, l’exultation que deux âmes partagent enfin la même destiné.
La fuite, option si humaine, si logique les poussait à les mener hors du danger, où seule la lumière perça. Mais parfois dans ces scènes infernales demeurait des âmes. Immobiles, pétrifiées, piégées par cet abîme. Funeste, cruel vision se déroulant sous leurs mires épouvantées, il leur était tout bonnement impossible de s’y détourner. Chose que parfois les jeunes recrues comme lui il y a longtemps, connurent bien malgré eux. Cette main froide les maintenant en tourmente, qu’ils devaient combattre intérieurement.

Désormais en dehors du temple, Maekar partit arme en main, prêt à mener de front une contre-attaque.
Les prunelles améthystes se posèrent sur son compagnon qu’il avait rejoint quelques instant plus tôt, Aeganon Bellarys. Le duo de seigneur dragon s’était lancé dans une vendetta sourde à toute raison, bride abattue. Chevauchant le plus rapidement vers les assaillants, la colère se lisait sur leur visage. L’image du corps inanimé de Lucerys, tournait en boucle en son être. Figure même d’un mentor, notre Tergaryon ne pouvait laisser impuni cet acte abject. Son courroux allait être impitoyable, le jeune homme voulait la tête des responsables de cette ignominie. Ô diable la raison, ô diable la retenue, quelqu’un devait payer cet affront, quelqu’un devait mourir. Et ces couards en étaient des cibles toutes choisies.

Ce fut ainsi que Maekar fila l’air de sa lame, tranchant la chaire et le sang. Le rouge, il n’y avait plus que du rouge obstruant son regard. Le liquide carmin courrait ça et là de ses traits obscurci par la fureur, se mêlant de temps à autre au sien. Plus rien en cet instant ne comptait hormis les coups portés à l’ennemi, à la vermine. Aveuglé par la rage, il n’entendit pas les cris étouffés de ses hommes, ni de ceux des assaillants.
Ainsi le dragon bicéphale se réveilla, grondant impérieusement « son feu » s’abattît plus brutalement, laissant sa nature de sanguine faire le reste. La bête se délecta d’une grimace de douleur, de viscères répandues, de corps tombant comme poupée de chiffon. Il fallait se repaître du sort de ses opposants. Un, puis deux, trois, il en perdit le compte.
Tout son être vociférait, l’affliction étant trop vivace. Et puis la frénésie se calma, le nombre d’ennemis décroissants à mesure que le combat se terminait. La vigilance avait baissé pour certains, chose pouvant être fatale pour tout militaire.
L’espace d’un court moment, un des derniers assassins se dirigea déterminé vers nul autre que le Bellarys, l’attaquant de dos. De ses yeux perçants, Maekar discerna la ruse, mais n’eut trop choix que de prendre le coup. Une hésitation et le coup aurait pu coûter bien trop cher.

Le Tergaryon de la branche cadette affirma clair et net qu’aucun autre ne tombera aujourd’hui, pas un de plus. Il n’avait qu’écouter son instinct, lui qui d’ordinaire jouait plutôt la carte de la prudence, de la stratégie le brasier le prenant tout entier. N’en demeura pas moins que la simple idée de retrouver ses frères d’armes jonchant le sol du champ de bataille l’exécrait. La lame perça plus profondément sa peau, son souffle devint court. Le général n’avait guère envie d’échapper jurons, la faiblesse était à bannir, cela faisant bien trop plaisir à l’adversaire.

La dernière chose qu’il se souvînt, fut que sa garde allait se planter de main propre dans le cœur de ce couard. Ce dernier affichait un sourire trop grand, semblant ne point souffrir. Chose que Maekar répliqua par un air de dégoût non masqué. Après quoi, des souvenirs éparses, de soins, et d’un néant si profond qu’il pensa s’y plonger éternellement.

Ses mires captèrent difficilement la lumière trop intense de l'astre s'écroulant au loin. Un grognement de mécontentement le prit à cet effet. Et puis il réalisa où il se trouvait allongé. le parfum de l'endroit lui disait quelque chose. Il comprit soudainement qu'il était en terrain connu, chez lui au Palais d’Hoskagon. Ses sens alors ne furent plus en alerte, détendant ses muscles, sa respiration revint à la normale. L’originaire d’Oros essaya en vain de bouger, ou du moins de trouver meilleure position. Cependant la douleur qui se situait au-dessus de son épaule gauche était bien trop vive, ce qui lui arracha pour conséquence un gémissement. Le générale semblait désarmé, impuissant face à cet état.

Il fallait pourtant qu’il trouve les siens, qu’il s’assure qu’aucun mal ne leur soit fait. Malgré tout dans cette situation, il faisait piètre protecteur. Un soupir s’échappa de ses lèvres pour toute réaction.

Et puis des pas pressés se rapprochèrent de la porte. Une silhouette familière et féminine entra inquiète. Encore quelque peu désorienté par son retour à la surface, il mit un temps avant de comprendre que la présence n'était nul autre que son épouse. Sa gorge peinait à sortir un quelconque son, trop éreintée. Elle sonnait plus rocailleuse que jamais.  
 
« Elaena, vēzos hen ñuha-» s'exclama celui-ci en Valyrien mais rapidement tut par la douleur.  (trad:soleil de mon-)

   
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Our souls have conversations words could never describe @Maekar Tergaryon

   
An 1066 du 12ème mois,
quelques minutes après l'assassinat de Lucerys Arlaeron
Palais d'Hoskagon


https://youtu.be/G98n_5tHf4U

«The way to love anything is to realize that it might be lost.» G.K. Chersterton



Le chaos. Le chaos le plus pur et, en quelques minutes, un bouleversement du bonheur à l'horreur. En cette nuit bénie, Elaena Tergaryon avait enfin noué son destin à celui de l'homme qui possédait son cœur, à l'instant où elle avait prononcé les mots sacrés faisant d'elle l'épouse de Maekar, elle s'était sentie invincible. Il lui avait semblé que rien au monde n'aurait pu ternir son bonheur.

Elle avait, en un sens, raison. Son bonheur n'avait pas été terni. Son bonheur avait été taché, de sang.

Le lourd silence, d'à peine quelques secondes, qui s'était installé alors que le coup avait été porté, avait laissé place aux cris en l'espace d'une fraction de seconde. Bientôt, tous les invités de cette célébration s'étaient mis à courir, effrayés à l'idée d'être la prochaine victime. Elaena n'avait eu qu'une idée en tête : se mettre en quête des membres de sa famille afin de s'assurer qu'aucun d'entre eux ne courrait le moindre de danger. Pourtant, tout se précipitait, elle ne parvenait pas à se fendre la foule comme elle l'aurait voulu. A peine avait-elle retrouvé sa cadette, Daenyra, que déjà les soldatsz de sa garde rapprochée s'étaient assemblés autour d'elle.

"Sénatrice, il faut partir, le tueur pourrait frapper à nouveau !"

Elaena se souvenait avoir tenté de se soustraire à leur surveillance, tentant d'attraper la main de Daenyra pour l'attirer à elle, et pourtant c'était bien seule qu'elle avait emmenée de force. Les consignes de ces hommes étaient claires, il fallait protéger la cheffe de famille, une partie des hommes reviendraient afin de sécuriser les autres membres de la famille. L'empoisonnement de Vaegon Tergaryon avait laissé bien des marques, on ne pouvait pas risquer un nouveau drame à la tête de la branche cadette des Tergaryon. Elaena avait tempêté, argumentant avec ses hommes alors que ceux-ci avaient du se résoudre à l'escorter physiquement pour l'empêcher de retourner à l'intérieur. Pourquoi vouloir à ce point se replonger dans la fosse aux lions ? Tout simplement parce qu'Elaena n'avait eu aucune certitude de l'état dans lequel se trouvaient son frère-époux, son frère et sa sœur. A peine avait-elle posé le pied sur le pavé qu'elle avait intimé à une partie de sa garde de retourner à l'intérieur. Elle connaissait la fragilité de la douce Daenyra lors de ces rassemblements, n'était-elle alors pas plus vulnérable que l'était la sénatrice ? Et qu'en était-il de Maekar ? L'homme avait assisté à l'assassinat d'un homme qu'il considérait comme un mentor et qui l'avait amené au plus haut avec lui, un homme qui l'avait identifié comme un homme de confiance digne de prendre la tête de la faction un jour. Comment le frère-époux d'Elaena aurait-il pu ne pas être affecté ? Et Elaena connaissait bien assez son frère pour ne pas craindre sa réaction.

La jeune femme ne put rien faire pour dissuader les soldat de l'escorter jusqu'au palais Hoskagon, elle avait accepté son sort à la condition que chacun des membres de sa famille soit également retrouvé et escorté au palais. Le palais Hoskagon n'avait rien raté de la frénésie qui s'était répandue dans les rues. Tous avaient entendu les cris, et le mot avait rapidement passé de chaumière en maison, à travers chaque recoin de Valyria : Lucerys Arlaeron avait été tué. Déjà de nombreuses rumeurs circulaient sur sa mort, sur les raisons de cette attaque, sur les auteurs présumés. Beaucoup parlaient alors des pauvres mariés, dont l'union ne pouvait qu'être entâchée, voire maudite ! Tout entier éclairé, le palais Hoskagon ne dormait plus, et Elaena du congédier de nombreux serviteurs qui semblaient errer sans but dans les couloirs, probablement à la recherche d'une conversation à écouter afin d'en savoir plus sur ce qui s'était passé. D'un pas empressé, elle finit par courir, détaillant chacune des pièces des appartements privés réservés à la branche cadette de la famille, espérant trouver Maekar, Daenyra ou Maerion. Elle trouva le dernier, qui avait lui-même était emporté par un mouvement de foule et décidé de rentrer au palais pour retrouver les siens.

Une fois dans ses appartements, Elaena laissa s'exprimer la furieuse inquiétude qui l'étouffait depuis déjà de longues minutes. Elle avait beau arpenter en long et en large les appartements, martelant de ses pas empressés le parquet, il ne lui semblait pas que le temps passait plus vite. Or, chaque longue minute qu'elle passait à attendre tordait un peu plus son estomac alors que l'idée qu'une tragédie ait pu avoir lieu finissait par tant emplir son esprit qu'il ne lui restait plus le moindre espace pour penser à autre chose. Les soldats revenaient et repartaient, à chaque rapport le même constat, Daenyra et Maekar étaient introuvables. Il se murmurait qu'une vendetta s'était spontanément organisée afin de rattraper le meurtrier et de venger la mort de Lucerys, si tel était le cas alors Elaena ne doutait pas que son frère-époux en fasse partie.

Quelques heures plus tard, Elaena eut enfin le plaisir de serrer sa cadette dans ses bras. Comme elle l'avait imaginé, Daenyra avait été plus qu'éprouvée par les événements et la jeune Tergaryon tenait à peine debout, soutenue par un Aerys Maerion que jamais Elaena ne s'était imaginée tant aimer un jour. Il avait sauvé sa sœur alors même que les soldats de leur garde n'avait pu le faire. Elle l'avait remercié, de chaudes larmes maculant son visage fatigué, avant de prendre le relai en soutenant sa sœur afin de la mener jusqu'à sa chambre. Avec la tendresse d'une mère, Elaena avait aidé Daenyra à quitter sa tenue de soirée, elle l'avait aidé à se laver avant de la mener jusqu'à son lit. Il avait fallu toute la combativité d'Elaena pour convaincre sa sœur de s'endormir sans crainte pour Maekar, il allait revenir, il était sans doute le plus à même de prendre soin de lui et de leur revenir en un seul morceau. Du moins, c'était ce qu'Elaena se répétait pour ne pas partir elle-même à la recherche de son aimé. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il reviendrait. Il n'était pas en danger, s'il l'était elle l'aurait senti. N'est-ce pas ?

La jeune femme avait toujours eu l'intime conviction qu'un lien magique s'était noué entre Maekar et elle, dès sa plus tendre enfance. Elle le connaissait, le comprenait sans qu'il n'ait à parler, et ce lien si fort qui les liait devait impliquer qu'elle ressente, au fond de ses tripes, la mort éventuelle de celui qui représentait son tout. Elle ne pouvait imaginer qu'un tel amour puisse se terminer ainsi. Il ne pouvait pas périr ce soir, pas le soir de leur mariage. Il lui reviendrait, elle lui faisait suffisamment confiance pour cela.

"Sénatrice."

Le chef de sa garde personnelle se tenait dans l'encadrement de la porte des appartements de la demoiselle. Assise, le regard perdu vers un horizon qu'elle seule pouvait percevoir, Elaena lui fit signe d'approcher.

"Le Général a été localisé, il est accompagné d'Aeganon Bellarys et…"
"… Evidemment. Où sont-ils ?"
"Je suis venu aussi vite que possible, le Général a été blessé, les hommes sont en chemin pour le ramener en lieux sûrs"

A l'annonce de l'état de Maekar, Elaena s'était instinctivement levée. Elle ne put que penser au fait qu'elle n'avait rien ressenti de la blessure de Maekar. A cet instant précis, elle ne pensait pas à la douleur de son aimé ou bien au risque qui pesait sur sa survie, mais à une théorie idiote montée de toute pièce par un cerveau inquiet.

"Menez le jusqu'à mes appartements dès son arrivée, et faites appeler un mage."

Maekar était blessé, mais il était rentré. A la vue du corps inanimé de son frère-époux, Elaena eut un haut le cœur, elle avait voulu se montrer forte et se comporter en véritable épouse capable de diriger les opérations d'une main de maître. Elle ne put cependant faire autre chose que prendre un appui bancal sur le dossier d'un fauteuil situé à proximité, cherchant par là à éviter de tomber elle-même tant la peur la tenaillait. Maekar fut déposé sur le lit de son épouse, soigné par le mage guérisseur, et en quelques heures il apparaissait clairement que le fier Général était à présent hors de danger. Il lui fallait du repos, du temps, et ses plaies finiraient par disparaître, du moins celles qui zébraient son corps. Son âme, elle, était à jamais marquée. Epuisée, tenant à peine debout, Elaena s'approcha du lit, effleurant le visage endormi de son aimé avant de déposer un baiser, à peine effleuré, sur sa joue.

"ñuha jorrāelagon…" Mon amour

***

Ce ne fut pas le soleil qui parvint à réveiller Elaena qui s'était endormie assise sur le fauteuil qui l'avait soutenue quelques heures auparavant. Elle s'était assise avec quelques parchemins, imaginant sans doute que cela suffirait à étourdir son esprit et faire se retirer les images du corps inconscient et sanglant de son aimé. Elle ne senti pas l'épuisement l'emporter et c'est, au beau milieu d'une matinée radieuse, qu'un grognement, lui, parvint à l'éveiller. Un grognement, pas n'importe lequel, un de ceux qu'elle reconnaitrait parmi mille autres. Elle se leva d'un bond, arrêtée par un instant par son corps douloureux d'être resté dans une position inconfortable si longtemps. Elle traversa la pièce sans plus d'hésitation avant de pénétrer dans la chambre et de s'arrêter sur le pas de la porte, ses yeux rencontrant enfin ceux de celui qu'elle avait cru perdre tant de fois. Elle ne dit rien, remerciant les Dieux de lui avoir accordé de le voir à nouveau éveillé.

  « Elaena, vēzos hen ñuha-» (trad:soleil de mon-)

Le voir souffrir ainsi suffit à retourner de nouveau l'estomac de la jeune mariée. La blessure avait été profonde et devait encore le faire sérieusement souffrir. Elle oscillait entre le bonheur de le retrouver, le soulagement et la sourde colère de le savoir prêt à risquer sa vie pour en venger une autre.

"Chut, ne bouge pas…"

Elle choisit de céder aux premières émotions et de laisser la colère derrière elle. Qui était-elle pour juger des actions motivée par la peine et la douleur ? Qu'aurait-elle fait d'autre si la vie qui avait été prise, la veille, avait été celle du jeune homme qui lui faisait face ? Elle aurait parcouru la terre, enduré mille morts et parié contre Balerion lui-même pour le ramener à elle, ou pour se venger. D'un pas soudain plus léger, les yeux rougis par les le manque de sommeil et les larmes qu'elle avait enfin pu laisser échapper, au cœur de la nuit, Elaena s'approcha de celui qui était son époux depuis quelques heures seulement, mais son amour depuis toujours. S'asseyant au bord du lit aux côtés du jeune homme, elle déposa sa main sur la sienne, fermant les yeux pour savourer, avec aise, la sensation de foyer retrouvé qui parcourait à présent son corps tout entier. Elle qui avait greloté toute la nuit retrouvait enfin la chaleur vitale qui lui avait fait défaut. Sans prévenir, les larmes, qui visiblement ne s'étaient pas épuisées, se mirent à couler de ses yeux à ses joues, atterrissant finalement sur leurs mains entrelacées en contrebas.

"Sais-tu comme j'ai crains pour ta vie ? Par les Dieux, j'ai eu si peur de te perdre… Si tu t'avisais de m'abandonner de la sorte, je te promets, Maekar Tergaryon, sur tout ce que j'ai de plus cher, que les Dieux m'en soient témoins, que je te poursuivrais jusqu'aux confins du royaume de Balerion pour te le faire payer. M'entends-tu ?"

A bout de souffle, la jeune femme inspira comme on respire à la fin d'une longue, trop longue, apnée, et elle ne put retenir le sanglot qui profita de cet élan pour s'échapper. Laissant échapper toute la tension qui l'avait aidée à tenir debout jusqu'à présent, Elaena se laissait aller à déposer sa tête contre la poitrine de son époux, prudemment, la déposant à peine, de peur de raviver la douleur du jeune homme. Elle resta ainsi quelques instants, se délestant de quelques sanglots qui obstruaient sa gorge, et finalement elle releva le visage, unissant ses lèvres à celles de son époux, dernier acte suffisant à lui rendre la vie qu'elle avait déposé en gage pour celle de son aimé.

"Où étais-tu ?"

C'était un murmure, prononcé les yeux fermés, front contre front les deux amants se retrouvaient après le chaos.

   
Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

Our souls have conversations words could never describe @Elaena Tergaryon

   
An 1066 du 12ème mois,
quelques minutes après l'assassinat de Lucerys Arlaeron
Palais d'Hoskagon


« Because no matter where they take me

Death I will survive

And I will never be forgotten

With you by my side »


https://youtu.be/cfHwqNGlIOk

La soudaine présence de sa moitié allégea instantanément son tourment.  
Sa voix, sa chaleur semblait presque irréelle,  il n’y a pas quelque heures ce dernier jouait sa vie au fil de son épée. Et le voilà désormais auprès de sa sœur-épouse, Maekar reprenait peu à peu pied. Même si son esprit était troublé, ses sens ne le trahissaient en aucun cas. Cette main inquiète posée sur la sienne, ses prunelles assombries par une colère sourde, oui, Elaena était bien là.  Malgré tout le Tergaryon avait oublié l’espace d’un court moment de respirer, quelque peu dérouté.  

Le général ancra longuement en lui les traits de son interlocutrice. Serait-ce de la crainte qui s’insinua profondément ?  Une peur irrationnelle que sa mémoire n’omet les moindres détails ? Toujours était-il que ce dernier avait remarqué silencieusement qu’elle portait les traces d’une nuit sans sommeil, et pleine d’effroi. Quelques sillons de larmes séchées au creux de ces joues venaient alourdir le tableau, ses yeux perdant de leur éclat si flamboyant d’ordinaire. Une vision qui ne manqua pas de l’affliger plus vivement. Son cœur se serra à cette terrible constatation. Maekar tenta tant bien que mal de garder un semblant de calme, essayant par la même d’apaiser l’angoisse grandissante de son aimée. Néanmoins il comprit bien vite que la sénatrice se sentait bien trop en nage pour ne pas lâcher ce trop plein.

Ainsi notre militaire accueillit les propos sans piper mot.
Une de ses mains encadra ce visage non sans un soulagement, comme-ci un manque s’était installé en lui. L’autre quant à elle, venait retrouver sur son torse celle de son épouse. Maekar ainsi s’appliqua à essuyer tendrement les pleures de sa moitié. Il était naturel pour lui, il en était également l’auteur. Il se devait donc d’être là. Ses mires plongèrent dans celles embuées de larmes de cette dernière. Une envie le tiraillait à ce moment précis, un besoin vital de contact, d’une peau contre une autre.


"Sais-tu comme j'ai crains pour ta vie ? Par les Dieux, j'ai eu si peur de te perdre... Si tu t'avisais de m'abandonner de la sorte, je te promets, Maekar Tergaryon, sur tout ce que j'ai de plus cher, que les Dieux m'en soient témoins, que je te poursuivrais jusqu'aux confins du royaume de Balerion pour te le faire payer. M'entends-tu?"  Elaena reprit lentement une inspiration, quelque peu tremblante il ne put s’empêcher d’arborer un sourire à ces paroles.
Ni l’un, ni l’autre ne pourrait abandonner, il l’en était purement impossible. Maekar répliqua de sa voix légèrement éteinte, sans doute dû au fait que la soif le terrassait.

« Je sais, je ne peux que te promettre que Balerion ne s’empara de ma personne, le plus tard possible. J’ai bien trop à faire ici. Nous sommes désormais uni, m’arracher à toi, sera donc une tâche des plus complexes.» Souffla-t-il comme une promesse. L’originaire d’Oros laissa Elaena libérer sa tension, il l’encercla alors de son étreinte, caressant son échine parcouru de soubresaut. Ces épaules ne tressautant plus peu après, la quiétude semblait reprendre enfin sa place. Le Tergaryon sentit enfin sa gorge se dénouée. Une certaine douceur s’emparait d’eux, alors qu’ils échangeaient un baiser chaste. Elle s’était redressée, recroisant une fois de plus son regard interrogatif pour finalement poser son front contre le sien. Un geste qui ne manqua pas de l’emporter.  Un simple geste qui pourtant devenait essentiel.  

"'Où étais-tu ?"
Il n’avait que quelques bribes de souvenirs. Que quelques flash qu’il ne voulait en aucun cas réveiller. La sérénité qui emplissait les lieux lui suffisaient pour l’instant. Il ne voulait guère briser ce semblant de contrôle, cette non-aliénation. Alors il préfèra éluder le sujet en ne donnant que le factuel. Comment la blessure a-t-elle été causée.  Maekar tenta de bouger, sans succès, une douleur bien trop vivace le lançait. Il surestimait son corps. Notre général peina à réprimer un grognement, carrant de sa mâchoire.

« Aeganon allait être pris en traite, je ne pouvais pas me résoudre à… »
« J’ai donc décidé de prendre ce coup à sa place. Je n’avais pas d’autre choix, et je n’avais pas assez de temps pour parer. » l’espace d’un instant, le jeune homme laissa son esprit reconnaître une sensation de déjà-vu. Oui, il aurait souhaité être en mesure de sauver Aenar, son aîné, comme il avait pu le faire avec Aeganon. Les dieux en ont voulu autrement hélas. Et puis soudainement, il reprit conscience.

« Daenyra ? Où-est-elle ? Et Maerion ? Mère ! » Son sang ne fit qu’un tour à cette simple demande. Ses muscles, son corps pourtant ne l’entendait pas de cette oreille. Il laissa échapper un soupir exaspéré. Il était bien trop vulnérable pour parcourir le palais. Et puis Elaena n’allait certainement pas le laisser filer.

« Elle va bien n’aie crainte, mère et père aussi. Maerion est sans doute avec le collège. » Le contact de sa main contre son épaule indiqua qu’elle comptait bien le garder alité. La fatigue était encore présente pour que ce dernier ne proteste réellement.
Le Tergaryon s’avoua ainsi vaincu sous l’œil attentif de sa sœur-épouse. Ses mires embrassaient la chambre, repérant quelques présents qu’ils avaient recueilli lors de la cérémonie. Maekar n’avait pu guère donné à son tour son cadeau à sa dulcinée. Le tumulte l’avait emporté sur l’ivresse.

« Je n’ai pas pu te donner ceci tout à l’heure. » s’expliqua le jeune homme en découvrant entre ses mains une petite boîte refermant certainement un bijou. Humectant ses lèvres, il lui offrit, tendant de sa main l’objet délicat. Spectateur silencieux, le militaire renifla amusé de l’expression totalement déconcerté de sa tendre moitié. En effet, elle resta là longuement, fixant le présent qui trônait dans sa paume de main.

« Qu’attends-tu ? » demanda le général d’un ton taquin

Elle finit par s’activer et découvrit à l’intérieur un collier, ainsi qu'un pendentif finement ouvragé.

« Serais-tu devenu muette ma chère ? » questionna ce dernier plutôt surpris, il eut pour toute réponse un regard qui en disait long.  Néanmoins sa soeur-épouse accepta son aide sans plus de cérémonie. De dos, la sénatrice se plaça.

« Approche. » D’un geste, il ouvrit le fermoir, et put enfin avoir un avis sur le présent. Celui-ci n’était pas un ordinaire pendentif en or gris, il permettait par un habile système d’enclencher une boîte à musique. Un travail d’orfèvre, et également enchanté par un mage. La mélodie que cette boîte renfermait était un clin d’œil de leur jeunesse insouciante d’Oros.
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