Postée contre l’encadrement de la fenêtre, Rhaenys observait silencieusement la ville qui s’étendait en contre-bas tandis que derrière elle les respirations de Maelesys et Aevar se faisaient entendre. Comme sa mère avant elle, la jeune femme mettait un point d’honneur à fournir à ses enfants une éducation digne de leur rang afin que par la suite ils puissent devenir meilleurs qu’elle, guider le plus loin possible leur famille descendant de l’héroïque Haera. Une volonté parfois mise à mal par leur âge qui faisait d’eux des enfants et non des marchands de quatre pieds et demi de hauteur. S’écartant de son poste d’observation elle vint se poster derrière les deux enfants, posant les yeux sur ces deux jeunes âmes qu’elle chérissait, avant de lire ces lignes qu’ils rédigeaient. Les leçons portaient leurs fruits et cela était pour le mieux : dans quelques années elle devrait choisir celui qui serait le plus à même de prendre la tête de leur famille et de perpétuer les lignes directrices suivies depuis parfois plusieurs générations. Alors qu’elle s’apprêtait à faire remarquer à son aînée une faute qu’elle avait écrite, elle en fut empêchée par l’entrée d’un de ses serviteurs.
- Dame Rhaenys, pardonne-moi pour cette intrusion. La Grande Prêtresse de Tyraxès te demande, puis-je la laisser venir à toi ? demanda-t-il alors que la jeune femme tournait la tête légèrement en arrière, signifiant son accord en opinant, sans prononcer le moindre mot. Elle prit une profonde inspiration alors que deux visages s’étaient levés vers elle et il ne s’écoula que quelques secondes avant son invitée ne lui soit officiellement annoncée.
- Grande Prêtresse Qohraenos, dit-elle d’un ton neutre, venant mettre une certaine distance avec cette femme qui lui était pourtant proche d’une certaine manière. Elle ne se retourna pas immédiatement, venant déposer un baiser sur la joue de chacun de ses enfants avant de les laisser se lever et quitter la pièce, la laissant ainsi seule avec celle qui était désormais son invitée. Tu sais que ta venue peut engendrer beaucoup de murmures et il est à considérer qu’ils ne seront pas des plus positifs.
Elle rassembla les morceaux de parchemin puis elle se retourna, laissant ses yeux détailler cette femme qu’elle ne connaissait que trop bien. La dernière fois qu’elles s’étaient trouvées dans cette pièce semblait remonter si loin dans la mémoire de la jeune femme, avant le Rêve de Vermax et l’assassinat du patriarche Arlaeron, avant l’expédition sur Sothoryos ou encore avant le Rêve de Caraxes et l’élection de Baelor Cellaeron au poste de Lumière de Sagesse. A cette époque-là, la Grande Prêtresse lui avait indiqué que la prudence était une grande sagesse, que la victoire n’était pas toujours celle des armes, des mots qui pouvaient probablement encore trouver un écho aujourd’hui…
- Je t’en pries, prends-place, reprit-elle en lui indiquant l’un des sièges laissés vacants avant de tirer le second et de s’asseoir. Alors qu’elle laissait la Grande Prêtresse de Tyraxes prendre place, la matriarche accorda un signe de tête à son serviteur qui s’éclipsa un instant. Dis-moi donc quelle raison te mène jusqu’à moi aujourd’hui, je suppose que cela doit t’être important, finit-elle en laissant son regard accrocher celui de son interlocutrice. Quelle était donc cette raison qui menait ainsi la prêtresse jusqu’en sa demeure de Valyria ? Rhaenys prit une profonde inspiration et laissa Maerys prendre la parole.
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