https://youtu.be/MCC2CNS5lRQ
Le temps semblait s’être arrêté dans cette antre volcanique où seuls subsistaient quelques êtres exceptionnels. Des créatures qui connurent les premiers âges, seules maîtresses des cieux ayant foulées Valyria, où même ces terres vierges de toutes conquêtes. Des êtres majestueux, aux cœurs recélant bon nombres de secrets, éternellement bénis par la voûte céleste. Enfants terribles des dieux dont le feu sacré pouvait se déverser plus ardemment que jamais. Les seigneur-dragons le savaient pertinemment, aucun ne pourraient briser la volonté de ces bêtes divines. En elles résidait un esprit farouchement libre, dénué de toutes contraintes, maîtresses de leur destinée. Le Tergaryon ne l’oubliait pas, il ne faisait qu’emprunter Rhaelor, lorsque celui-ci le chevauchait.
Son regard se portait sur ces silhouettes agiles, et ô combien séraphiques. Elles dansaient, un ballet aérien propre au monde d’éthéré. Une grâce naturelle qui pourrait rendre admiratif et humble le commun des mortels. Le vent soufflait accompagnant les mouvements fluides de ces créatures du firmament. Pluies d’étoiles, et sable se confondaient dans cette chorégraphie, brillants sous les rayons salvateurs du soleil de Valyria.
Rien ne changeait ici, tout demeurait.
Un battement de cil était une vie humaine chez ces êtres. Un rythme infiniment long et lent. Un règne d’éternité que les Hommes ne faisaient qu’apercevoir.
Un contraste si frappant, qu’il était parfois bien de se poser ici. Loin de cette folie qui avait secoué la Cité flamboyante.
Dans ces rugissements, il remarqua bien vite Rhaelor. De grande stature, son ombre enveloppait de part et d’autre le Général. Semblait-il que son dragon le saluait du ciel. D’un coup d’aile, la bête descendit pour rejoindre le Tergaryon. Ses mires reptiliennes sondèrent celles améthystes de l’originaire d’Oros.
-bonjour à toi, Rhaelor- un fin sourire se dessina sur ses lèvres.
Maekar n’était pas une âme très démonstrative, bien qu’avec Elaena, il en était tout autre. Se laissant parfois aller à la passion dévorante, notre seigneur dragon adorait du plus profond de son être son épouse-sœur.
Un amour sans failles, sans artifices, un amour entier où l’un se perdait en l’autre. Bon nombre de valyriens en ont été témoin le jour de leur mariage. Une Allégresse même que les quartorze auraient pu jalouser. Quelle joie immense il y eut ce jour. Désormais les souvenirs restaient immanquablement liés à la mort de son mentor. Lucerys Arlaeron. Un trouble sans nom s’enracinait en son esprit. Une affliction qui faisait écho aux derniers instants d’Aenar, de cette impuissance si injuste que le sort puisse à ce point se jouer des autres.
Cette incompréhension s’en alla bien rapidement pour ne laisser que l’amertume de la colère le jour même où lui et les Arlaeron furent unis à leur tour. Rien de tout ça ne fut une fois de plus discuté entre eux, les choses s’étaient bien trop soudainement enchaînées. La construction de la faction rouge, la division de Valyria. Tout ceci ne permit par un instant de répit, ni un quelconque moyen de trouver une paix intérieure, un deuil. Accepté ce qui ne peut être changé dans ce monde. Accepté que cette vie arrachée se fera un jour oubliée. Accepté que Valyria se construirait sans lui. Accepté la cruel vérité. Que tout être demeure, et redeviendra cendre.
Non le Tergaryon n’avait pu s’épancher, comme les descendants de Lucerys, ni même la désormais veuve du défunt. Une situation qui se compliqua lorsqu’on trouva la maîtresse de Laedor, soit disant accusée d’avoir participé à l’assassinat. Triste révélation qui secoua plus ardemment la dynastie Arlaeron, entachant quelque peu le prestige qu’on leur prêtait. Et ce fut ainsi que se décida l’originaire d’Oros.
Laedor avait besoin de soutien, cette tragédie ne l’avait pas épargné. Il fallait donc comme tout soldat au front, s’entraider. Relever l’autre en difficulté, donner l’énergie suffisante pour ne pas perdre l’infime espoir que cette bataille était impossible à mener.
Il fallait rassembler les rouges en ces temps troubles, mais surtout prêter main forte à un ami.
Et ce fut ainsi, que le duo se retrouva à la fosse draconique, bien loin des oreilles indiscrètes, et le tumulte de Valyria.
La chaleur faisait ruisseler comme d’habitude la sueur de leur front. Sa lumière salutaire emplissait leur cœur en berne. Ici ils n’étaient plus que des seigneur dragon, laissant un instant leur responsabilité de sénateur. Un endroit propice à la confidence, et à la quiétude. Maekar passait une main experte sur le cuir de la bête. Et enfin tourna la tête en direction du bruit sur sa droite.
Le dragon les observait très calmement, spectateur de leur échange presque fraternel.
Les deux dragons se connaissaient tout autant que leur propriétaire. Rhaelor leva d’ailleurs sa tête massive vers le ciel. Semblait il que la créature à la robe platine cherchait elle aussi Vaemor.