Ab Igne Ignem Capere
Castel Maerion - An 1061, Mois 2
Les jardins du Castel Maerion résonnaient des rires de l’élite valyrienne. Les paroles des puissants se mêlaient aux lyres, aux flûtes et aux tambourins des musiciens au milieu des allées de rosiers, des cyprès et des lauriers. Installé sur les hauteurs de l’une des montagnes secondaires, la demeure des Maerion était un impressionnant entrelac de bâtiments de marbre gris et de roches travaillées avec le feu-dragon. Bien différente des deux sphynx qui gardaient la porte d’entrée, la collection de statues et de fontaines qui ornait les jardins des Maerion rappelait l’attachement des maîtres des lieux à la Foi.
Violente, crainte mais pas forcément respectée autant qu’elle aurait aimé l’être, la famille Maerion jouissait d’une position unique dans le paysage politique de Valyria. On les soupçonnait d’être en cheville avec de nombreuses activités peu recommandables sans que rien n’ait jamais été prouvé. Leurs opposants les plus dangereux et les plus féroces disparaissait souvent pour réapparaître cloués à une porte, la langue arrachée. Pourtant, les Maerion savaient écouter, arbitrer et trancher. Pour cela, ils avaient le respect du peuple et l’attention des puissants. Très pieux, ils passaient pour être de grands protecteurs des temples et des dieux. Ils entretenaient à ce titre des liens solides avec les différents sénateurs de la faction religieuse à Drīvo Perzo. La Flamme de la Vérité était ce lieu si important pour les grandes familles et où les Maerion avaient plus que gagné leur place.
En ce jour de l’année 1061, les Maerion semblaient être à une espèce d’apogée. Accoudé à la balustrade de marbre gris de la terrasse principale, Aerys regardait le spectacle de la splendeur des fêtes à la valyrienne. Père était au centre de toutes les attentions car ce jour était le sien. Après de longues tractations, Arraxios Maerion, maître des lieux, sénateur et grand homme de Valyria avait obtenu le soutien d’une majorité de ses pairs au sein de la faction religieuse et s’élançait désormais pour obtenir un vote de confiance auprès du Sénat pour rejoindre l’illustre Conseil des Cinq et devenir l’une des Lumières de Sagesse qui guidait la cité et la République. Le trait dur, l’âme forte, Arraxios Maerion n’était pas un novice : il s’agissait d’un vieux loup de la politique sénatoriale, qui en connaissait les arcanes. Plus que le protocole et les différentes procédures à respecter, le maître du Castel Maerion connaissait les personnes et les us et coutumes des sénateurs. C’était là ce qui faisait de son père, selon Aerys, un politicien brillant. Il savait qui cajoler, qui pouvait être menacé sans trop de risques, qui était sensible aux présents et petites attentions, qui ne l’était pas. Il avait une telle connaissance que son cadet le soupçonnait même d’avoir une cartographie physique des individus au Sénat pour pouvoir s’y retrouver.
Mère, quant à elle, déployait des trésors d’élégance pour combler ses hôtes. On le savait bien : pour lancer une campagne, rien ne valait une belle fête à la valyrienne. Et Vhaenyra, en sa qualité d’épouse et de maîtresse de maison, avait tout préparé pour que son frère-époux bénéficie des meilleures chances de pouvoir gagner des soutiens face aux autres candidats qui allaient fatalement s’annoncer. Afin de combler les sénateurs sensibles aux questions de protection de leur foi, elle avait fait exposer les plus belles pièces de sa collection en hommage à leurs dieux et à la foi en général. Des statues représentant les grandes scènes de l’histoire mythologique valyrienne étaient réparties à des endroits précis où les jardiniers avaient su les mettre en valeur au meilleur de leurs capacités. Lavandes, jasmins et oliviers étaient parsemés de flambeaux, lanternes et brasiers sacrés qui jetaient des ombres immenses sur la façade grise du palais des Maerion. Drapée dans des toges pourpres, Vhaenyra était entourée de puissantes femmes et d’artistes en tous genres qui constituaient une troupe joyeuse et bariolée.
Non loin de Père se tenaient ceux dont la présence illuminait la cour verdoyante dans laquelle ils se trouvaient. Le couple héritier : le fier Jaehaegaron et la magnifique Meleys. Ils arboraient des tenues assorties, d’un gris-mauve très pur et veiné d’argent. Meleys avait une coiffe complexe dans laquelle s’entortillaient plusieurs dragons d’argent aux yeux de rubis. Quant à Jaehaegaron, il avait à son flanc une superbe épée d’acier valyrien d’apparat. Sertie de joyaux tirés des mines familiales, elle lui donnait l’air d’un prince. Autour d’eux et de leur amour réciproque et évident se trouvait tout le futur gratin de Valyria et d’ailleurs. Tous les héritiers étaient là, la plupart du temps avec celui ou celle qui partagerait leur vie.
« Qu'observes-tu, encore ? Les grands ? »
Venant se glisser à ses côtés, la jeune sœur d’Aerys fit son apparition. Il ne l’avait pas entendue arriver. Daenerys était encore jeune à ses quatorze ans, mais elle partageait déjà la tendresse que son grand-frère de cinq ans son aîné avait pour elle. Il la laissa se couler à ses côtés et se blottir contre lui alors qu’ils regardaient la fête de l’étage et de la terrasse supérieure de leur demeure. Aerys passa un bras autour des épaules de celle qui serait un jour sa femme et ils restèrent un moment à observer le spectacle. La brise chaude descendait des sommets et leur apportait la douceur des Flammes. Daenerys était d’une douceur incomparable par rapport aux autres Maerion. Même Mère portait en elle une violence inhérente à leur sang. Pourtant, Dae n’était pas du tout de cette nature. Elle était une véritable anomalie dans cette famille de brutes, et pour cela Aerys n’était que plus sensible à ses charmes. Tout en embrassant son crâne, il profita des effluves de fleurs que dégageait son cuir chevelu et lui caressa une épaule.
« Ils sont sacrément doués, ensemble. Ils vont aller loin. J’ignore ce qu’on pourra faire, mais les Quatorze savent qu’ils auront la famille bien en main. »
A nouveau, ils restèrent silencieux. Ils aimaient profiter des coulisses pour observer la lumière à laquelle était destinée leurs aînés. C’était l’ordre des choses. Bientôt, Meleys porterait un petit Maerion et repousserait Aerys d’un rang de plus dans l’ordre de succession. Cela lui allait, il n’était guère intéressé par le devant de la scène. Ou plutôt, il l’était mais ne se savait pas de taille. La pression constante, la traque du moindre défaut, de la moindre faute : très peu pour lui. Sans avoir l’ambition de son aîné, Aerys ne souhaitait pas être relégué aux oubliettes de l’Histoire. Pourtant, ce n’était pas la place de Jaehaegon qu’il convoitait et envisageait, comme bon nombre de puînés, de s’engager dans l’armée pour y trouver un nouveau but et une gloire méritocratique. Chacun était à sa place et tout allait bien. Soudain, une gerbe de feu s’éleva haut dans la nuit étoilée sous les acclamations et les vivats de la foule réunie. Le mage de la maison venait de démontrer sa maîtrise de la pyrokinésie. Aerys se tourna vers sa sœur.
« Ce n’est pas pour cela que tu es venue, si ? »
Déjà gracieuse, Daenerys dévoila ses dents blanches en un sourire aussi charmeur que délicat. Elle rejeta sa tête contre l’épaule de son frère dans un mouvement affectif.
« Non. Père va bientôt parler et faire son discours. Il veut que tu veilles à ce que tout se passe bien. Nous avons une invitée particulièrement… tapageuse. »
Joignant le geste à la parole, elle lui désigna un bosquet un peu plus loin. On n’y voyait pas très clair mais on distinguait aisément une chevelure blonde hautement sophistiquée et des serviteurs qui ne cessaient de faire des aller-retours en courant.
« Mais par Balerion, que se passe-t-il donc là-bas ? »
Daenerys ricana de plus belle et sembla raffermir sa prise sur son bras.
« Naerys Arlaeron, mon cher frère, voilà ce qu’il se passe. Et c’est à toi que Père a fait appel pour s’en occuper ! » lui glissa-t-elle avec un baiser frais et fugace sur la joue avant de s’éloigner d’un pas espiègle, laissant Aerys aussi stupide qu’effaré.
Elle avait toujours le don de le surprendre et de se moquer de lui. Cela l’agaçait au moins autant que de le charmer. Il appréciait l’impertinence dont elle savait faire preuve mais cette fois, il garda le silence. Il devait s’occuper de la demoiselle Arlaeron avant qu’elle ne fasse, encore, un scandale. Aerys la connaissait des fêtes qu’ils côtoyaient ensemble à la capitale. La jeune femme était très… Arlaeron. Toujours un dragon au-dessus des autres, elle n’était finalement que très comparable à bien des dames valyriennes. Pourtant, elle avait un caractère bien moins simple à gérer que d’autres. Elle était exigeante et cela pouvait mener à des ennuis pour les Maerion. Père avait été très clair, lorsqu’il avait annoncé l’organisation de cette soirée. Il ne devait pas y avoir le moindre accroc. Aussi, soufflant, Aerys se mit en quête de trouver la belle blonde d’Aqos Dhaen pour lui demander ce qui n’allait pas. S’arrêtant devant l’une des baies vitrées du Castel, il vérifia sa tenue. Une tunique assez martiale qui portait un insigne discret de la troisième armée : le Commandement III Liberté était celui qui portait la défense de Tolos et de la frontière orientale de la Péninsule. Aussi, le fermoir unique de sa toge, situé sur son épaule droite, présentait un petit dragon en or sur un lit de grenats sombres. Il passa une main dans les tissus pour en retirer les plis. Il était prêt.
Descendant dans les jardins par le grand escalier d’ébonite, Aerys fendit rapidement la foule. Nombreux étaient ceux qui se trouvaient là pour soutenir cet homme qui avait l’ambition de s’attaquer à la fonction suprême. Réputé proche de feu le Conseiller Vaekar Tergaryon, Arraxios Maerion avait réussi le tour de force de s’entourer des deux branches rivales des Tergaryon. La branche principale était représentée par le fils de Vaekar, le jeune Maegon. Et la branche d’Oros, elle, était présente par la personne du sénateur Vaegon, membre notoire des mercantilistes. Le soutien des deux branches de la famille du défunt Conseiller lui donnait une légitimité importante ainsi que le soutien assuré d’une partie des grands mercantilistes. Aerys passa en vitesse, salua quelques puissants en les remerciant pour leur présence en cette soirée un peu spéciale. Il s’arrêta un peu plus longtemps pour discuter avec le puissant maître officieux d’Aqos Dhaen, le fier Lucerys Arlaeron, puis il fila droit vers le Bosquet de Meleys. Chargé de roses et d’iris, l’endroit exhalait des odeurs douces et sucrées que faisait ressortir la fraîcheur d’une fontaine de nacre et d’ivoire. Là, la musique semblait se mouvoir avec le bruit blanc de l’eau. Aerys aimait le bruit blanc de l’eau. De là, il retrouva la jeune femme et se campa devant elle avec un sourire insolent.
« Naerys Arlaeron, que se passe-t-il qui ne soit pas à ton goût dans ce domaine qui est le mien, par Arrax ? »
Violente, crainte mais pas forcément respectée autant qu’elle aurait aimé l’être, la famille Maerion jouissait d’une position unique dans le paysage politique de Valyria. On les soupçonnait d’être en cheville avec de nombreuses activités peu recommandables sans que rien n’ait jamais été prouvé. Leurs opposants les plus dangereux et les plus féroces disparaissait souvent pour réapparaître cloués à une porte, la langue arrachée. Pourtant, les Maerion savaient écouter, arbitrer et trancher. Pour cela, ils avaient le respect du peuple et l’attention des puissants. Très pieux, ils passaient pour être de grands protecteurs des temples et des dieux. Ils entretenaient à ce titre des liens solides avec les différents sénateurs de la faction religieuse à Drīvo Perzo. La Flamme de la Vérité était ce lieu si important pour les grandes familles et où les Maerion avaient plus que gagné leur place.
En ce jour de l’année 1061, les Maerion semblaient être à une espèce d’apogée. Accoudé à la balustrade de marbre gris de la terrasse principale, Aerys regardait le spectacle de la splendeur des fêtes à la valyrienne. Père était au centre de toutes les attentions car ce jour était le sien. Après de longues tractations, Arraxios Maerion, maître des lieux, sénateur et grand homme de Valyria avait obtenu le soutien d’une majorité de ses pairs au sein de la faction religieuse et s’élançait désormais pour obtenir un vote de confiance auprès du Sénat pour rejoindre l’illustre Conseil des Cinq et devenir l’une des Lumières de Sagesse qui guidait la cité et la République. Le trait dur, l’âme forte, Arraxios Maerion n’était pas un novice : il s’agissait d’un vieux loup de la politique sénatoriale, qui en connaissait les arcanes. Plus que le protocole et les différentes procédures à respecter, le maître du Castel Maerion connaissait les personnes et les us et coutumes des sénateurs. C’était là ce qui faisait de son père, selon Aerys, un politicien brillant. Il savait qui cajoler, qui pouvait être menacé sans trop de risques, qui était sensible aux présents et petites attentions, qui ne l’était pas. Il avait une telle connaissance que son cadet le soupçonnait même d’avoir une cartographie physique des individus au Sénat pour pouvoir s’y retrouver.
Mère, quant à elle, déployait des trésors d’élégance pour combler ses hôtes. On le savait bien : pour lancer une campagne, rien ne valait une belle fête à la valyrienne. Et Vhaenyra, en sa qualité d’épouse et de maîtresse de maison, avait tout préparé pour que son frère-époux bénéficie des meilleures chances de pouvoir gagner des soutiens face aux autres candidats qui allaient fatalement s’annoncer. Afin de combler les sénateurs sensibles aux questions de protection de leur foi, elle avait fait exposer les plus belles pièces de sa collection en hommage à leurs dieux et à la foi en général. Des statues représentant les grandes scènes de l’histoire mythologique valyrienne étaient réparties à des endroits précis où les jardiniers avaient su les mettre en valeur au meilleur de leurs capacités. Lavandes, jasmins et oliviers étaient parsemés de flambeaux, lanternes et brasiers sacrés qui jetaient des ombres immenses sur la façade grise du palais des Maerion. Drapée dans des toges pourpres, Vhaenyra était entourée de puissantes femmes et d’artistes en tous genres qui constituaient une troupe joyeuse et bariolée.
Non loin de Père se tenaient ceux dont la présence illuminait la cour verdoyante dans laquelle ils se trouvaient. Le couple héritier : le fier Jaehaegaron et la magnifique Meleys. Ils arboraient des tenues assorties, d’un gris-mauve très pur et veiné d’argent. Meleys avait une coiffe complexe dans laquelle s’entortillaient plusieurs dragons d’argent aux yeux de rubis. Quant à Jaehaegaron, il avait à son flanc une superbe épée d’acier valyrien d’apparat. Sertie de joyaux tirés des mines familiales, elle lui donnait l’air d’un prince. Autour d’eux et de leur amour réciproque et évident se trouvait tout le futur gratin de Valyria et d’ailleurs. Tous les héritiers étaient là, la plupart du temps avec celui ou celle qui partagerait leur vie.
« Qu'observes-tu, encore ? Les grands ? »
Venant se glisser à ses côtés, la jeune sœur d’Aerys fit son apparition. Il ne l’avait pas entendue arriver. Daenerys était encore jeune à ses quatorze ans, mais elle partageait déjà la tendresse que son grand-frère de cinq ans son aîné avait pour elle. Il la laissa se couler à ses côtés et se blottir contre lui alors qu’ils regardaient la fête de l’étage et de la terrasse supérieure de leur demeure. Aerys passa un bras autour des épaules de celle qui serait un jour sa femme et ils restèrent un moment à observer le spectacle. La brise chaude descendait des sommets et leur apportait la douceur des Flammes. Daenerys était d’une douceur incomparable par rapport aux autres Maerion. Même Mère portait en elle une violence inhérente à leur sang. Pourtant, Dae n’était pas du tout de cette nature. Elle était une véritable anomalie dans cette famille de brutes, et pour cela Aerys n’était que plus sensible à ses charmes. Tout en embrassant son crâne, il profita des effluves de fleurs que dégageait son cuir chevelu et lui caressa une épaule.
« Ils sont sacrément doués, ensemble. Ils vont aller loin. J’ignore ce qu’on pourra faire, mais les Quatorze savent qu’ils auront la famille bien en main. »
A nouveau, ils restèrent silencieux. Ils aimaient profiter des coulisses pour observer la lumière à laquelle était destinée leurs aînés. C’était l’ordre des choses. Bientôt, Meleys porterait un petit Maerion et repousserait Aerys d’un rang de plus dans l’ordre de succession. Cela lui allait, il n’était guère intéressé par le devant de la scène. Ou plutôt, il l’était mais ne se savait pas de taille. La pression constante, la traque du moindre défaut, de la moindre faute : très peu pour lui. Sans avoir l’ambition de son aîné, Aerys ne souhaitait pas être relégué aux oubliettes de l’Histoire. Pourtant, ce n’était pas la place de Jaehaegon qu’il convoitait et envisageait, comme bon nombre de puînés, de s’engager dans l’armée pour y trouver un nouveau but et une gloire méritocratique. Chacun était à sa place et tout allait bien. Soudain, une gerbe de feu s’éleva haut dans la nuit étoilée sous les acclamations et les vivats de la foule réunie. Le mage de la maison venait de démontrer sa maîtrise de la pyrokinésie. Aerys se tourna vers sa sœur.
« Ce n’est pas pour cela que tu es venue, si ? »
Déjà gracieuse, Daenerys dévoila ses dents blanches en un sourire aussi charmeur que délicat. Elle rejeta sa tête contre l’épaule de son frère dans un mouvement affectif.
« Non. Père va bientôt parler et faire son discours. Il veut que tu veilles à ce que tout se passe bien. Nous avons une invitée particulièrement… tapageuse. »
Joignant le geste à la parole, elle lui désigna un bosquet un peu plus loin. On n’y voyait pas très clair mais on distinguait aisément une chevelure blonde hautement sophistiquée et des serviteurs qui ne cessaient de faire des aller-retours en courant.
« Mais par Balerion, que se passe-t-il donc là-bas ? »
Daenerys ricana de plus belle et sembla raffermir sa prise sur son bras.
« Naerys Arlaeron, mon cher frère, voilà ce qu’il se passe. Et c’est à toi que Père a fait appel pour s’en occuper ! » lui glissa-t-elle avec un baiser frais et fugace sur la joue avant de s’éloigner d’un pas espiègle, laissant Aerys aussi stupide qu’effaré.
Elle avait toujours le don de le surprendre et de se moquer de lui. Cela l’agaçait au moins autant que de le charmer. Il appréciait l’impertinence dont elle savait faire preuve mais cette fois, il garda le silence. Il devait s’occuper de la demoiselle Arlaeron avant qu’elle ne fasse, encore, un scandale. Aerys la connaissait des fêtes qu’ils côtoyaient ensemble à la capitale. La jeune femme était très… Arlaeron. Toujours un dragon au-dessus des autres, elle n’était finalement que très comparable à bien des dames valyriennes. Pourtant, elle avait un caractère bien moins simple à gérer que d’autres. Elle était exigeante et cela pouvait mener à des ennuis pour les Maerion. Père avait été très clair, lorsqu’il avait annoncé l’organisation de cette soirée. Il ne devait pas y avoir le moindre accroc. Aussi, soufflant, Aerys se mit en quête de trouver la belle blonde d’Aqos Dhaen pour lui demander ce qui n’allait pas. S’arrêtant devant l’une des baies vitrées du Castel, il vérifia sa tenue. Une tunique assez martiale qui portait un insigne discret de la troisième armée : le Commandement III Liberté était celui qui portait la défense de Tolos et de la frontière orientale de la Péninsule. Aussi, le fermoir unique de sa toge, situé sur son épaule droite, présentait un petit dragon en or sur un lit de grenats sombres. Il passa une main dans les tissus pour en retirer les plis. Il était prêt.
Descendant dans les jardins par le grand escalier d’ébonite, Aerys fendit rapidement la foule. Nombreux étaient ceux qui se trouvaient là pour soutenir cet homme qui avait l’ambition de s’attaquer à la fonction suprême. Réputé proche de feu le Conseiller Vaekar Tergaryon, Arraxios Maerion avait réussi le tour de force de s’entourer des deux branches rivales des Tergaryon. La branche principale était représentée par le fils de Vaekar, le jeune Maegon. Et la branche d’Oros, elle, était présente par la personne du sénateur Vaegon, membre notoire des mercantilistes. Le soutien des deux branches de la famille du défunt Conseiller lui donnait une légitimité importante ainsi que le soutien assuré d’une partie des grands mercantilistes. Aerys passa en vitesse, salua quelques puissants en les remerciant pour leur présence en cette soirée un peu spéciale. Il s’arrêta un peu plus longtemps pour discuter avec le puissant maître officieux d’Aqos Dhaen, le fier Lucerys Arlaeron, puis il fila droit vers le Bosquet de Meleys. Chargé de roses et d’iris, l’endroit exhalait des odeurs douces et sucrées que faisait ressortir la fraîcheur d’une fontaine de nacre et d’ivoire. Là, la musique semblait se mouvoir avec le bruit blanc de l’eau. Aerys aimait le bruit blanc de l’eau. De là, il retrouva la jeune femme et se campa devant elle avec un sourire insolent.
« Naerys Arlaeron, que se passe-t-il qui ne soit pas à ton goût dans ce domaine qui est le mien, par Arrax ? »
Codage par Libella sur Graphiorum