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Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Savoir commence comme SacrificeRhaenys Haeron

Tour Vaekar, bibliothèque - An 1067, fin du mois 4

L’anneau de la pomme de senteur tire doucement sur la deuxième phalange de son majeur alors qu’elle inspire la pâte médicinale. Gingembre. Depuis que les premiers maux sont survenus, le petit objet ciselé, une grenade, symbole de fertilité et d’initiation divine, est devenu son plus fidèle compagnon. Du matin au coucher, il ne quitte plus sa main droite. Le bijou d’or, offert pour son Rêve de Meleys, des années auparavant, s’ouvrait en huit quartiers. À l’intérieur, on pouvait y découvrir une glissière amovible derrière laquelle, dissimulées, des logettes contenaient les parfums liés aux différents âges d’une épouse. Alynera Vaekaron était dans celui de l’enfantement. Et cet enfant, au sang puissant, ne venait pas sans pénibilité. 


« Il a dansé la majeure partie de la nuit avec l’héritière du Pinacle. »



Alynera inspira un peu plus longuement, lasse des longues exaspérations de sa jeune cousine. Depuis la soirée intimiste qu’ils avaient organisé pour annoncer le retour de Maelor, Vaessa n’avait sur les lèvres que le nom de cette vulgaire Valaena Cellaron. C’était bien la première fois qu’elle, d’ordinaire si mesurée, si parfaitement éduquée, montrait un trouble aussi licencieux que plébéien. 


« Tu ne réponds rien ? »



« Parce que peu m’en chaut ! Il est bon que mon frère puisse retrouver ses connaissances d’antan… et goûter à un semblant de vie normale. »



« Je ne prétends pas au contraire, mais pourquoi ne me porte-t-il pas plus d’attention ? »



Pour toute réponse, tel un couperet, la Dame de la Tour claqua entre ses doigts menus le quartier de son senteur. Trop faible pour engager une querelle, elle lui signifiait ainsi que le sujet était clos. Et son regard, sans équivoque, ne souffrirait d’aucune contestation supplémentaire : une fille bien née ne s’abaissait pas aux émois du cœur. Pour cela, ce que certains appelaient « amour », elle avait eu sa pupille. Cette dernière, quoique désormais mariée, lui avait donné bien plus de fil à retordre qu’un fil de trame mal noué. Et puis, quelle sottise ! Fille de Vaekar jalouse d’une Cellaron, là était toucher les tréfonds de la caldeira ! Si l’aînée de Ragaenor n’avait jamais été officiellement promise à son cousin, il en allait de l’ordre naturel des choses. L’adolescente n’aurait du ressentir qu’un bonheur infini : avec la disparition de Taelor, trois ans auparavant, tout avenir de vie maritale avait été brisé. En cela, le retour de Maelor était un espoir nouveau, inespéré, insensé. Une renaissance. En d’autres, trop nombreux, son retour était synonyme de funestes dissensions. D’un geste, chassant l’anxiété, elle massa le haut de son ventre alors qu’une servante venait les trouver dans la galerie. 



« Ñuha riña, Dame Haeron est arrivée. Elle a été installée dans l’aile Est de la bibliothèque, comme l’avait préconisé le Misio Tembyr. »



Masquant sa surprise, l’épouse hocha la tête. Avec tout ce qu’il y avait à faire ces dernières semaines et le peu de répit que cette grossesse lui accordait, elle avait oublié la venue de la sénatrice mercantiliste. À la mention de la descendante de la légendaire Haera, Daegor lâcha son calame. Ses yeux émerveillés implorèrent silencieusement sa cousine, il n’avait encore jamais été présenté à la célèbre patriarche de la Maison.  

« Fort bien, mais tu reviendras aussitôt terminer tes exercices. Elle fit signe à la nourrice de l’enfant de les suivre. Vaessa, je t'en prie, concentre-toi, la chaine de ta lisse est fort mal montée. »



Après un dernier regard sur le jardin, en apparence, paisible, Alynera quitta les lieux. En ces temps troublés, la Tour recevait peu de lecteurs. Les inimitiés, aux couleurs hautes et officielles, ne permettaient plus d’être reçu dans n’importe quelle demeure. Aussi, malgré son rôle neutre, la bibliothèque avait souffert d'une perte de lectorat. Recevoir la sénatrice quelques jours avant la prise de pouvoir espérée des anciens Triarques sur le Sénat, alors que la Tour était secrètement devenue un avant-poste de négociations, n’était pas de la meilleure temporalité. Cependant, sa demande avait semblé pressante et ils y avaient répondu. 


Devant les grandes portes, aussi divines que sacrées, elle observa le dernier fils des Vaekaron. Quelques mois auparavant, elle avait hésité à recourir à l’aide du Magister pour le faire grandir, grâce à leur sang-magie, afin de l’épouser. Daegor n’était pourtant encore qu’un enfant. Ses joues gonflées, de nourrisson, n’avaient pas disparues. Et, malgré toute la ténacité qu’il mettait pour se vieillir, il possédait encore les mimiques de l’enfance glorieuse. À la pensée que l’enfant qu’elle portait aurait pu être celui de son cousin, elle frissonna. Un œil mauvais s'était immiscé dans leur demeure ancestrale. Heureusement, pourtant, il lui semblait que ce fils à naître n’aurait pu être que celui de l’Érudit. De manière étrange, il n’était jamais aussi calme que lorsqu’il était dans les rayonnages de la bibliothèque ou proche de l’aura de son père. Les Dieux, décidément, avaient réellement favorisé Ragaenor. 


« Dame Haeron est venue ici pour étudier, ce n’est pas le moment pour lui poser des questions importunes. »



Sous le regard amusé de sa cousine, Daegor mordit sa petite lèvre, en hochant la tête avec un regard déterminé. Il tira sur sa tunique de brocart et secoua sa crinière bouclée, déjà épris de la belle de l’Épée. 



« Bien. Alors, entrons en scène ! »



Elle avait dit ça dans un souffle enfantin, théâtral, grandiose, tandis que les larges portes s’ouvraient avec élégance sur les deux Vaekaron. À Drivō, Rhaenys et Alynera n’avaient jamais été alliées. Outre leurs factions opposées, elles représentaient des identités trop dissemblables. Rhaenys était une femme moulée dans les valeurs du Nord, probablement l’exemple leur diamant brut. Alors que, à son inverse, Alynera était le paroxysme des valeurs du Sud… échouées, par fatale erreur, sur une cure sénatoriale. Lorsque Eleana Targeryon lui avait proposé de se rallier à une coalition féminine pour peser de tout leur poids, de tout leur sexe faible, face aux sénateurs, Alynera avait refusé. Les femmes du Nord n’avaient alors pas compris son choix, celui de refuser volontairement une aide pour assoir son autorité politique. Elle n’aurait pu faire plus de tord à sa famille. De là où elle venait, une femme au Sénat était un parjure, une abomination. Mais, malgré ce choix, alors qu’elle s’avançait à sa rencontre, il lui était difficile de ne pas se demander ce que la sénatrice pouvait penser d’elle. La Vaekaron avait abandonné sa cure pour cet oncle, qui n’aurait pas hésité à la trainer devant un jugement public, et, comme si cela ne suffisait pas à l'affaire, s’était mariée à lui. Elle avait répudier  sa première épouse, qui, pourtant, lui avait donné deux parfaits enfants. Et, à présent, elle allait la rencontrer à nouveau, le ventre affermi de toutes ces décisions la retranchant, intentionnellement, dans son gynécée. De matriarche à matrone d'aucuns auraient dit qu’elle faisait les choses à l’envers... Cette perspective devait sembler bien misérabiliste pour cette femme au tempérament réputé comme affirmé. Afin de se donner contenance, elle mit sa main gauche sur l’épaule de Daegor, visiblement plus que heureux de pouvoir, enfin, mettre un visage à l’une de ses héroïne préférée. 



« Sénatrice. En guise de salut, elle inclina légèrement un front affable. Je te présente Sieur Daegor, le fils de mon oncle défunt. »



De la même main, déjà maternelle, elle le poussa légèrement vers leur invitée. Après un déférence courtoise, il se présenta et parla pendant quelques minutes laissant sa passion toute vaekarienne s’exposer. La fierté de pouvoir rencontrer Rhaenys était inscrite sur tout son visage. Il donna un discret regard à Alynera, espérant demeurer parmi elles un peu plus longtemps, mais celui-ci ne trouva aucune réponse. 


« Que ta bonté l’excuse, depuis qu’il a connaissance de ta venue il ne parlait que de te rencontrer. Je dois avouer que cette annonce m’a autant surprise, quoique les raisons en soient différentes... »

Ses yeux, reptiliens, passèrent rapidement sur les différents ouvrages et parchemins réunis sur la table de consultation. Visiblement, Ragaenor lui avait fait préparer quelques lectures, basiques, sur le dressage. Cette brève vision lui redonna quelque peu contenance sur ses insécurités. Certes, elle n’était peut-être pas une sénatrice, une figure politique brillante mais son sang ne l'aurait jamais mise dans une position aussi disgracieuse. Un sourire, soudainement, inexplicablement, chaleureux éclata sur ses lèvres.

« Mon époux ne pouvait te recevoir aujourd’hui mais, au moindre besoin, fais signe à ce serviteur. Il t'aidera. Bienvenue à Tour Vaekar. »  

Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

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Savoir commence par sacrificeAlynera Vaekaron

Tour Vaekar, bibliothèque, Valyria & fin du mois 4
Depuis Sothoryos le regard de Rhaenys ne se portait plus uniquement sur la ligne d’horizon mais désormais on ne peut plus vers le ciel et son bleu, ses nuages parfois laiteux, parfois cotonneux, et il venait ainsi chercher cette forme particulière qu’était Matavon lorsqu’il volait haut. Dragon au caractère particulier auprès duquel elle pouvait encore peiner à se faire obéir, il avait été d’une aide non négligeable au cours de l’expédition lorsqu’il avait fallut combattre ces crocodiles sur le fleuve Zamoyos mais aussi lorsqu’il avait fallu fuir la cité de Yéen prise par les ghiscaris. Si elle avait jusqu’à présent laissé la puissance du sang et les dragons aux valyriens peuplant la partie du Sud de la péninsule, elle avait été comme mise devant le fait accompli : sang pur ou non, si l’on possédait un dragon et que l’on en avait besoin, il était nécessaire de se donner les moyens de voir sa volonté être accomplie par la créature. Il ne s’était pas passé une semaine sans que la matriarche n’amène Matavon en dehors des murs de la ville pour travailler avec lui, afin de renforcer leur lien, mais malgré ce qu’elle avait mis en place elle savait que son savoir et l’aide de dresseurs ne lui seraient suffisants.

Une missive avait été écrite puis transmise à la Tour Vaekar. Les évènements actuels marquaient parfois de grands fossés entre les familles, de fait bien que l’accès à la bibliothèque des Vaekaron ne se trouvait pas être interdit à qui que ce soit, Rhaenys avait préféré soumettre sa demande en bonne et due forme. Il était réputé pour avoir amassé non seulement une quantité astronomique de livres et grimoires mais aussi pour la puissance de leur dragonniers. Alors avec tout ce savoir en matière de dressage, il devait forcément exister des techniques qu’elle pourrait appliquer à Matavon et qu’il -du moins elle l’espérait- intègrerait rapidement et avec le moins d’agacement possible. Elle fut accueillie poliment puis amenée au travers d’un dédale de couloirs jusqu’à ce lieu empli d’antiques savoirs et elle fut amenée jusqu’à un bureau auquel on lui apporta une sélection de livres sur le sujet pour lequel elle s’était présentée en ce jour. Se plongeant rapidement dans sa découverte de ces ouvrages, la jeune femme ne prêta alors pas attention à ce qu’il pouvait se passer autours d’elle, bien que le silence ambiant mît en exergue les bruits les plus fins.

Elle devait bien avoir lu quatre ou cinq pages lorsqu’à son côté elle senti une présence vers laquelle la jeune femme tourna son attention, décrochant rapidement son regard des mots d’encres couchés sur le papier. Avisant tout d’abord un jeune garçon aux boucles d’un blond argenté, ses yeux se posèrent immédiatement sur la présence qui se trouvait près de lui et posait une main maternelle sur son épaule. Alynera Vaekaron. La princesse. La Mīsio Lentor de sa dynastie. Celle qui avait refusé la proposition de coalition sénatoriale d’Elaena. Celle qui avait tant pu être en proie aux avances de soupirants et désormais mariée à son oncle. Se levant et affichant un sourire poli, Rhaenys salua les deux dynaste d’un hochement de tête respectueux avant de se redresser.

- Sénatrice Alynera, je te remercie de me faire la courtoisie de venir me saluer, répondit-elle avant que son regard ne soit attiré vers le jeune garçon qui était doucement poussé dans sa direction. Les joues encore rondes de l’enfance rappelaient à la matriarche ce qu’elle-même pouvait voir chez son fils qui ne devait pas être beaucoup plus jeune que le dynaste. Elle adressa à ce dernier un grand sourire alors qu’il se présentait à elle avec déférence et commençait à lui parler. Se mettant à sa hauteur, la jeune femme l’écouta lui exposer son savoir et sa passion, mentionnant sa retenue l’histoire de l’aïeule de Rhaenys. Lorsqu’Alynera reprit la parole, la native de Tolos l’observa du coin de l’œil un instant avant de caresser tendrement la joue du jeune garçon et de se redresser. Il n’y a rien à excuser, je dois avouer que sa passion me fait plaisir. Elle accorda un nouveau sourire au jeune dynaste puis son esprit se concentra pleinement sur la Vaekaron. Je peux comprendre ta surprise mais l’enrichissement de l’esprit ne saurait être empêché par de quelconques différences… d’intérêts. Je te remercie pour ton accueil Alynera, je ne manquerais de faire appel à ton serviteur si j’ai besoin d’aide. Elle se tourna momentanément vers les livres posés sur le bureau. Je pense que je ne tarderais pas à requérir de cette aide, j’ai grandement besoin de savoir précis sur le dressage de dragons quelque peu capricieux. Nul besoin de cacher cette difficulté, les dresseurs parlaient entre eux et les informations avaient tendance à circuler plus rapidement qu’une tempête pouvait survenir en mer.

Alynera Vaekaron
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Mīsio Lentor

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Savoir commence comme SacrificeRhaenys Haeron

Tour Vaekar, bibliothèque - An 1067, fin du mois 4

« Je te remercie pour ton accueil Alynera, je ne manquerais de faire appel à ton serviteur si j’ai besoin d’aide. Je pense que je ne tarderais pas à requérir de cette aide, j’ai grandement besoin de savoir précis sur le dressage de dragons quelque peu capricieux. »



À cet aveu, familier, la main de Daegor tira imperceptiblement la robe de sa cousine. Hypnotisée par l’aura de la sénatrice, il ne la quittait pas des yeux. Et, à vrai dire, Alynera en faisait de même. La mésentente grandissante entre la Haeron et son dragon était un fait soupçonné de tous les seigneurs. Si certains trouvaient à s’en étonner, arguant que l’œuf avait peut-être était mal choisi à la naissance, d’autres observaient la situation, inéluctable, avec une sévérité tranquille. La fille de Vaekar faisait, évidemment, partie de ce groupe éminent. Son cousin, jeune, aveuglé par le parfum légendaire de Haera, ne pouvait encore l’accepter réellement mais ce « caprice » qu’elle évoquait, sans honte, sans difficulté aucune, n’était que le résultat de la dilution criminelle de son sang. Les Haeron, comme tant d’autres, en cela ils n’étaient pas pires, avaient bafoué l’initiation sacrée que les Triarques leur avaient offert. Il n’y avait rien qui puisse être fait à cette mécréance. Ineffablement leur magie s’appauvrirait de plus en plus, jusqu’à faire d’eux des hommes quelconques dont la seule richesse leur permettrait de garder leur rang. Oui, elle ne trouverait rien pour l’aider dans ces quelques ouvrages et antique parchemins. Ce qu’elle appelait « caprice » était bien plus grave, bien plus pérenne. Une dégénérescence. 


Dans sa main droite, contrariée, elle serra délicatement sa pomme de senteur. Au lendemain de la guerre, elle aussi avait rencontré des problèmes avec Yraenarys. Son dragon n’avait pu supporter la soudaine solitude imposée par les départs, en quelques mois, de six de ses frères. Rendus à leur liberté primaire,  à leur état sauvage, une part de lui avait tenté de rompre le lien charnel qui les unissait. Elle avait du combattre, avec acharnement, cet instinct. Un jour, à la Première Flamme, il l’avait blessé. C’est Aerys Maerion, et Mythrax, qui l’avaient alors secourue. Son cousin avait peut-être raison d’alerter, de sa petite main, son insensibilité. Après-tout, peut-être était-il de son devoir de venir en aide à la sénatrice. Dans des temps plus anciens, son aïeul aurait veillé sur son troupeau, du plus faible au plus virulent.



« Un dragon n’est jamais capricieux. Il y a toujours une explication. »



Le visage de l’enfant s’illumina, levant un regard émerveillé sur la Mīsio Lentor. Elle était probablement la dresseuse la plus émérite de leur famille, si n’est l’une des plus brillantes de leur peuple. Discrète, elle réservait son savoir, ses recherches, pour quelques rares avertis. La seule personne étrangère aux leurs qui avait pu bénéficier de son professorat était Aelarys Tergaryen, un rejeton d’une famille cliente en qui elle avait perçu un don inexplicable. Sa main vint trouver la sienne comme pour toucher un peu de cette force inhérente aux Vaekaron et qui serait un jour sienne. Entendant ces mots, le serviteur et la nourrice n’eurent besoin d’aucun geste pour s’effacer.



« Comment peux-tu espérer trouver un savoir précis quand tu ne sais pas quoi chercher ? »



Il n’y avait aucun jugement dans sa voix. Lâchant la main de l’enfant, elle déroula un parchemin, jetant un regard rapide sur la sénatrice. Elle n’avait pas besoin d’apprendre des techniques de dressage, ses exploits personnels prouvaient à eux-seuls qu’elle maîtrisait les méthodes rudimentaires. Si son dragon se refusait à elle, la problème était héréditaire. Or, lorsque la généalogie d’une famille faisait défaut… Elle déposa doucement le rouleau sur la table, le rangeant en silence aux côtés des autres, avant de lui faire signe de s'assoir.

« Rhaenys, quels sont les problèmes auxquels es-tu confrontée ? » 

Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

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Savoir commence par sacrificeAlynera Vaekaron

Tour Vaekar, bibliothèque, Valyria & fin du mois 4
Dans ce monde aussi merveilleux que terrible que pouvait être Valyria, la faiblesse était comme la plus brillante des bougies qui attirait les rapaces et dont ils venaient se repaître dès qu’une opportunité se présentait à eux, l’autre bougie la plus brillante les attirant étant l’excès de confiance. De fait évoluer dans cette société aux mœurs qui pouvaient se nuancer selon la région dans laquelle l’on se trouvait était un jeu dans lequel il fallait constamment réfléchir, perpétuellement observer pour mieux réagir et se saisir d’opportunités. Un jeu qui pouvait se montrer régulièrement épuisant et qui parfois pouvait se montrer mortel.

Entourée de ses pairs, la matriarche se montrait toujours quelque peu plus distante et pincée tandis que dans l’enceinte de Drivo ou lors d’entrevues elle laissait plus régulièrement le feu de son ancêtre Haera parler pour elle. Rares étaient cependant ceux qui voyaient ce visage tout autre qu’elle arborait auprès des siens, qui voyaient toute la dévotion et l’amour qu’elle portait pour chaque membres de sa famille. Peu importait le sang qui coulait dans leur veines, une vision qui sans le moindre doute devait tendre les muscles des dynastes et leur sang aussi pur qu’un ciel sans nuages. Mais la pureté du sang ferait plus que probablement son apparition dans leur conversation tant cela entrait dans les variables concernant la force d’un lien entre un dragon et son monteur et l’entente qui en découlait. La vision de l’enfant qui accompagnait Alynera, détendait quelque peu Rhaenys ou du moins amenait son esprit à choisir minutieusement ses mots comme elle pouvait le faire lorsqu’Aevar était non loin d’elle. Si la présence du jeune garçon n’était que motivée par son enthousiasme à l’idée de la rencontrer, la native de Tolos voyait là un bon moyen de l’utiliser pour empêcher l’invitée qu’elle était de s’emporter lorsque leur conversation deviendrait épineuse. Ce dont elle ne doutait pas instant.

Malgré les différences idéologiques auxquelles elles s’étaient affiliées, Alynera se montrait comme une hôtesse tout à fait charmante et comme les conventions l’exigeaient, lui rappelant que si elle en avait besoin elle pouvait requérir l’aide du serviteur qui lui était désigné. Un point pour lequel la Haeron la remercia avant qu'elle ne fasse preuve de franchise en mettant au jour les difficultés qu’elle pouvait éprouver avec son dragon à probablement l’un des meilleurs dragonniers actuels de la péninsule. Silencieuse, les mains croisées dans son dos, Rhaenys attendit alors la réaction d’Alynera qui dans un premier temps resta de marbre : nul doute qu’en cet instant elle jugeait le sang-mêlé de la valyrienne du nord. Quand la dynaste réagit enfin, elle prit une profonde inspiration puis expulsa doucement l’air de ses poumons. Conservant le silence la jeune femme répondit simplement d’un hochement de tête poli. Nombreuses pouvaient être les explications quant au caractère que pouvait afficher Matavon et au comportement qu’il pouvait adopter. Il y avait le caractère de Rhaenys elle-même et son manque de considération des années durant de l’importance d’entretenir un lien avec son dragon, préférant laisser cela pour les secoués du sud qui n’avait que la pureté du sang à la bouche. Il y avait son manque d’assurance dans le dressage qui ne pouvait qu’avoir déteint sur leur lien. Et il y avait aussi cette profonde colère qu’elle avait éprouvé en voyant le dragon de sa mère agoniser devant elle, à l’extérieur de Tolos, ayant émis la pensée fugace que peu importait la puissance du lien le dragon avait abandonné sa mère au moment où elle en avait le plus besoin. De fait cet évènement n’avait pu qu’impacter ce lien qu’aujourd’hui elle tentait d’améliorer par le dressage.

Le serviteur et la nourrice présents finirent par rapidement s’éclipser avant de laisser toute latitude à la dynaste de poursuivre la conversation, sans des oreilles indiscrètes qui ne manqueraient pas de partager ce qu’elles avaient entendu dans les cuisines de la Tour Vaekar.

- C’est pour cette raison que je suis venue ici, sinon je serais allée voir un dresseur pour qui l’or suffirait pour m’acheter ses services.

Elle adressa un nouveau sourire au garçonnet avant que le sérieux ne s’empare à nouveau de ses traits alors qu’Alynera déroulait un parchemin avant de l’enrouler à nouveau et de venir le poser auprès des autres documents. Quand elle fut invitée à se rasseoir, Rhaenys s’exécuta.

- S’approcher de Matavon demande une attention de tous les instants et je suis parfois amenée à intervenir lorsque les soigneurs se trouvent dans l’incapacité de s’en approcher. Nul besoin en revanche de mentionner les blessures ou les frayeurs qui avaient pu être provoquées et qu’elle avait dû dédommager avant qu’elle ne se décide à travailler leur lien en prévision de leur départ pour Sothoryos. Et parfois si je ne suis pas précise dans mes ordres, il se laisse disons porter par l’instinct. Je ne compte plus les vols où avant de toucher à nouveau terre, il descend en piqué… Il y a toutefois eu une amélioration suite à la préparation pour mon départ sur Sothoryos, poursuivit-elle avant de prononcer ses derniers mots en coulant un regard au jeune Daegor. Nul doute que la mention de ces mystérieuses terres saurait attiser sa curiosité… et lui donner un peu répit.

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Savoir commence comme SacrificeRhaenys Haeron

Tour Vaekar, bibliothèque - An 1067, fin du mois 4

La belle marchande pouvait bien offrir ses yeux maternels à l’enfant, adoucir l’interrogatoire soupçonneux, panser des blessures connues d’elle-même, dissimuler la faute du sang, mais ses mots, dans leur liant, résonnaient dans la chair des livres tels des imprécations. Derrière elle, lorgnant dans son ombre, le spectre terrible de la gueule de Matavon surgissait presque fier de cette mélodie dissonante se jouant entre lui et sa maîtresse. Pourtant, quand bien même Rhaenys défiait son regard au jugement du sien, de ce cette dissonance inévitable, tout n’était pas perdu. Son oncle-époux lui avait parlé de la Haeron lors de leur expédition à Sothoryos : un courage qui ne cédait pas, là où celui des dynastes ne se soumettait jamais. Cette volonté, insurmontable s’il en était, allait pouvoir être mise à l’épreuve. Qu’importe ce qu’avait pu réserver l’expédition à Sothoryos, ce qui se jouerait dans les sous-sols de la Tour, si elle le voulait, serait bien plus redoutable. Car, il semblait évident que cette amélioration, dont elle parlait sans hésiter, n’était pas un bon présage. Les créatures célestes étaient animées par un dessein inhérent à leur être. Un dessein imprescriptible pétris de chaos, de sang et de fureur. Les brumes voilées du vieux continent d’Essos respiraient cet air glorieux, le dragon s’en était peut-être trouvé contenté, apaisé, quelques temps. Mais, enfin, peut-être fallait-il la croire…



« À quelle amélioration fais-tu donc référence ? »



En Valyria, trois grandes familles - dynasties si le lecteur aime à parjurer - se partageaient l’art du dressage des dragons. Ces parfaites comptaient parmi leurs rangs les dresseurs les plus émérites de l’histoire valyrienne. Les Vaelgaris, magnifiques, à l’orthodoxie éponyme, étaient des danseurs du feu. Leur pratique, sadique et féroce, effrayait la grande majorité des citoyens. Les Lyseon, eux, aux techniques controversées et cruelles avaient préféré soumettre leurs frères-gardiens à leur martialité ancestrale. Quant aux Vaekaron, reclus dans leur Tour légendaire, oubliés dans leur étude inlassable des grimoires, c’étaient davantage intéressés à la connaissance qui entourait la naissance de toutes les choses : la magie. Les non-initiés, pauvres païens, tristes fous, ne se doutaient pas que la grande partie de la fortune de Vaekar avait servi à financer des recherches secrètes. Les gouttes de leur sang, inviolé, abreuvait la roche millénaire. Ils avaient toujours eu à demeure de puissants Mages, de leurs rangs ou parmi les plus émérites, qui, quotidiennement, participaient à faire avancer la Science-Magie. Ils étaient des voiles dans les roches souterraines, discrètement oubliées du commun des mortels. 


L’âme emmêlée, ne sachant pas si il fallait délaisser la Haeron à ces rouleaux inutiles ou lui tendre une main, insensée, Alynera scrute le visage de sa proie. À sa droite, son neveu conserve un silence difficile. Pourquoi sa tante, en publique, devait-elle se montrer  toujours sérieuse : n’aurait-elle pu demander, à la place de cette question sèche, à quelles aventures elle avait été confrontée ? Ragaenor, son oncle, avait participé à la même expédition, mais, taciturne, il n’avait, à l’époque de son retour, pas partagé ses péripéties essosies. Il faut dire qu’à cette époque, peu lointaine, la Tour était partagée entre des clans distincts : la terre grondait sous leurs pieds menaçant de s’ouvrir, béante et affamée. Mais, tout cela, était bien loin puisque les nemesis s’étaient épousés - s’aliénant par la même une bonne partie de la société si bien que le statu-quo des clans avait changé du tout au tout !  Pourquoi ne pas faire de la puissante marchande une alliée ? Pourquoi fallait-il ponctuer cet échange de silence implacables ? La dureté, la froideur, des siens ne convenait pas bien à son jeune âge. Et si les siens attendaient qu’ils s’y conforment tout cela lui était parfois bien pénible. 


« Rhaenys, je pourrais t’apporter mon aide d’une manière que tu ne soupçonnes pas… »



Le susurre, presque inaudible, semblait émaner des tréfonds de son être. Si la maîtresse des lieux conservait un visage impassible, il y avait dans ses pupilles une lueur nouvelle. Inexorable. Un goût brusque pour faire la peau au chaos, une appétence du sang, un attrait pour les frontières du danger. Les améthystes de ses yeux se confondent à celles d’Yraenarys, jaunes, reptiliennes, hypnotisantes. Elle laissa sa voix en suspens, rapprochant d’une griffe immense, le jeune Daegor de sa croupe. Le charme de la matriarche n’opérerait pas sur lui. Il appartenait aux rêves insensés, excessifs, de ce fief. La fantasmagorie attachée au nom d’Haera n’aurait pas raison de lui. Cet instant en suspens conférait à ces mots une promesse de pacte, à l’instar de ceux des contes racontés aux petites filles du continent. Un grand savoir, en échange d’une perte incommensurable sans aucune garantie de réussite. Une promesse dans laquelle l’héroïne se retrouverait seule face à son choix. La Dame-Dragon arguait avoir eu la jugeote de ne pas payer inutilement un dresseur, mais de venir chercher réponse dans les feuilles des siècles passés. Hélas, elle ne trouverait rien ! L’encre ne lui apprendrait rien. Tout comme au commencement, c’est par elle, par lui, que tout devait s’unir. 


« Ce sont peut-être les fils de la fortune qui t’ont menés jusque dans les hauteurs de cette bibliothèque… Si tel est ton désir, je pourrais t’apprendre à trouver, pour celle qui n’avait jamais trouvé le nœud existentiel elle insista d’une langue pointue sur ce mot, ton lien avec Matavon. Cet apprentissage, hautement initiatique, viendra, bien entendu, avec un prix bien plus conséquent que l’or que l’un de ces ‘‘dresseurs’’ t’aurait réclamé. »



Elle ne souriait pas, laissant ses pupilles jaunes s’embraser un peu plus. Sous sa peau, fine, gorgée de soleil, elle pouvait sentir les écailles doucereuses de son dragon frissonner d’anticipation. Si dans les Cieux les lois étaient différentes que sur terre la hiérarchie prévalait. Les capacités de Matavon s’amenuisaient au contact de la Haeron, troublant  ainsi l’ordre cosmique des fils de la Deuxième Flamme. Dans le silence de son esprit, Alynera s’adonna à un calcul rapide de l’alignement astral sans avancer le prix à payer, après-tout marchander était le gagne-pain des marchands pas ceux des Seigneurs.



« Si toutefois tu étais prête à le payer, nous pourrions commencer dans trois jours. »

Rhaenys Haeron
Rhaenys Haeron
Sénatrice

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Savoir commence par sacrificeAlynera Vaekaron

Tour Vaekar, bibliothèque, Valyria & fin du mois 4
Bien qu’elle ne soit pas sénatrice et malgré cette apparence de jeune femme ayant fait tourné bien des têtes, Alynera était une femme redoutable qui derrière son regard inquisiteur cachait une intelligence. Cet esprit influençait assurément les mots qu’elle choisissait, précis et tranchants, et elle s’adressait à une Haeron qui l’écoutait silencieusement avec la présence de cet enfant qui devait un peu trop l’adoucir face à ce qui lui était dit. Une présence innocente qui s’avérait finalement être une présence relativement stratégique et qui favorisait un échange maîtrisé dans les termes employés. Rhaenys prit une profonde inspiration. Voulait-elle devenir débitrice des Vaekaron pour l’obtention de savoirs qui lui permettrait de mieux maîtriser son dragon ? Ou préférait-elle se contenter des livres et d’un travail plus léger en comparaison de ce qu’elle pouvait obtenir ? Parfois la femme du Nord qu’elle était se demandait pourquoi sa mère avait tant voulu qu’elle reçoive un œuf de dragon et non son frère, erreur de jeune mère ou bien pour d’obscures raisons cela avait servit pour la mettre à l’épreuve ?

- Il m’écoute plus et exécute mes demandes. Sans sa présence avec celle des autres dragons, nous n’aurions pas dépassé le fleuve sans des pertes plus importantes.

Si explorer une partie de l’immense cité de Yéen avait été source de curiosité pour Rhaenys, cette dernière ne pouvait aucunement oublier que cette mission avait été source de péril et de conséquences politiques. La présence et l’obéissance de Matavon avait été d’une très grande importance face à l’attaque de ces immense crocodiles sur le Zamoyos mais aussi lorsqu’il avait fallu fuir la cité face à la présence de troupes de l’Empire. Et si la Haeron avait toujours considéré que l’utilisation active des dragons étaient pour tous ces secoués du Sud, elle ne pouvait nier l’importance de Matavon à Sothoryos et elle ne pouvait se permettre d’arrêter le travail initié avec lui. Se contenter des livres et ne rien devoir aux Vaekaron ? Ou s’assurer d’une certaine qualité -selon leur volonté- et devoir payer un prix bien plus élevé que ce qui pouvait être attendu avec d’autres ? La native de Tolos posa un instant les yeux sur les rouleaux posés sur la table près de laquelle elle se tenait avant de braquer à nouveau son regard sur la dynaste lorsque cette dernière prit de nouveau la parole. Apporter une aide de manière insoupçonnée…

Rhaenys plissa légèrement les yeux et releva légèrement le menton, attendant que son hôtesse libère ce venin de la dette dont la marchande était la proie. Il existait de nombreux éléments inestimables, pour la matriarche le savoir en faisait partie, mais dans ce monde tout devenait un sujet de négociation d’une dette dans une taverne pouvant être effacée par le travail à l’établissement d’une colonie. Du simple parchemin venu de Yi-Ti au dromon flambant neuf. Quel était donc ce prix bien plus conséquent que l’or que mentionnait la Vaekaron ? Que pouvait-elle bien vouloir obtenir pour transmettre un savoir qu’elle pouvait tout à fait transmettre en partie ? Rhaenys prit une profonde inspiration avant de s’avancer d’un pas.

- Je reconnais bien là l’esprit et les mots d’une dynaste qui a beaucoup à gagner dans un tel accord. Qu’est-ce que je possède -ou pourrais obtenir- qui pourrait grandement bénéficier à la dynastie Vaekaron ? Alynera, quel est donc ce prix que tu souhaites avancer afin d’obtenir une dette de ma part ?

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Savoir commence comme SacrificeRhaenys Haeron

Tour Vaekar, bibliothèque - An 1067, fin du mois 4

Une dette. Rhaenys Haeron était rouée au commerce et son sang mêlé ne s’était pas laissé duper. Car c’est bel et bien ce qu’exigeait la Dynaste : une dette, plus qu’un paiement. La Misio Lentor aurait pu demander de l’or, mais les Vaekaron ne s’adonnaient point au commerce — et marchandaient encore moins leur savoir. Avait-elle, cependant, autant à gagner que son interlocutrice semblait le penser ? Après-tout, elle allait lui offrir une maîtrise totale sur son dragon, une respectabilité, donc, de quoi assoir davantage son pouvoir. Que pouvait lui offrir la Haeron face à ça ? Alynera esquissa un rapide sourire, mystérieux, avant d’hausser doucement ses frêles épaules. 



« Que pourrions-nous souhaiter, Daegor ? »



Surpris, les grands yeux de l’enfant s’écarquillèrent. Il sembla réfléchir un long moment, d’une jambe sur l’autre, avant de se hisser jusqu’à l’oreille de sa cousine. Derrière une petite main, il chuchota quelques paroles inaudibles. À l’entendre, confidente amusée, le sourire d’Alynera se transforma. Bien entendu, ce petit jeu n’était pas des plus élégant. Il y avait de nombreuses minutes déjà, dès l’instant où elle avait décidé de lui venir en aide, qu’elle avait décidé de la rétribution. Mais, en ces temps troubles, elle avait envie de faire comprendre, davantage encore, à Rhaenys du privilège qui lui était accordé. Peu de Valyriens pouvaient se targuer d’avoir pénétré, au-delà de la bibliothèque, dans les arcanes antiques de la Tour Vaekar. 



« Dame Rhaenys, devrai-je un jour en avoir besoin, j’aimerais que tu te souviennes de la main qui t'a été tendue. Si tu es en accord avec cette promesse alors présente-toi au petit matin du troisième jour, dès le couvre-feu levé. »


La sénatrice se trompait cependant, ce n’était pas une dette mais un serment. Chaque jour, la guerre civile narguait l’Aurore. Les amis d’aujourd’hui pouvaient être les ennemis de demain. Bleus, Rouges et Jaunes se déchiraient oubliant la racine tricéphale même dont était composée Valyria. Elle passa une main lourde sur son ventre, il était de son devoir de veiller à ce que tous les Dynastes survivent. Et pour soutenir l’idée qu’elle nourrissait, il lui faudrait de nombreux appuis à défaut d’alliés véritables. Lorsqu’elle sonnerait le rappel de son allégeance, il serait toujours temps d’adjuger de son statut. 



« Demain, tu iras présenter tes offrandes à Aegarax. Il te faudra observer un jeûne strict : la veille et le jour de ta venue, nourris-toi strictement de graines de grenade. »



Marmoréenne, elle la salua pour prendre congés. Alynera n’avait pas besoin de poursuivre davantage la discussion, Rhaenys prendrait bien la décision qu’elle voulait. Et si son sang pur n’avait pas été trop maté, si il lui prévalait quelque peu de force, alors la grandeur de Valyria répondrait. Avancée sur le seuil de l’immense porte, dans l’aura de la lumière, elle s’arrêta.



« Ah ! J’oubliai. Viens seule, sans Matavon. Si amélioration, réelle, il y a eu avant ton départ à Sothoryos nous le découvrirons… sans lui. Prends du repos, le chemin qui t’attend sera difficile et éprouvant. »



Dans le couloir, aux côtés de sa cousine, Daegor observa un silence pieux. Se pouvait-il que la descendante de Haera soit amenée à visiter plus souvent l’austère Tour ? Il garda contre son cœur ce qu’il avait chuchoté à sa cousine, l’amitié. De son jeune âge il ne savait pas encore que ceux qui partagent le sang des Dieux n’ont jamais d’amis. Il l’apprendrait. Lorsqu’ils prirent le chemin des cavités rougeoyantes de la caldeira, loin des jardins où l’attendait ses leçons d’arithmétique, un sourire immense se dessina sur ses lèvres. Aller voir les magiciens était toujours passionnant, mais ce qui le réjouissait était la sensation que dans l’air sourdait un nouvel enseignement...

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