Le Pinacle faisait partie de ces architectures typique de la région, liant la richesse des Cellaeron au terrain atypique offert par les montagnes et venant ainsi constituer un ensemble qui était à la fois impossible à ne pas remarquer et fort peu possible à oublier aisément. Si jusqu’à présent les nuages avaient été nombreux ils avaient jusqu’à présent épargné la matriarche d’une averse comme il était possible d’en subir en cette région : si le temps était changeant en mer, il l’était tout autant en région montagneuse. Resserrant ses doigts gantés autours des rênes, elle les fit claquer pour signifier à Matavon qu’il était temps de traverser la couverture nuageuse et il ne fallut guère plus de quelques battement avant que la pluie ne s’abatte sur eux, les précipitations tombant avec plus d’importance à mesure que leur altitude diminuait. Apporte une tenue qui ne craint pas l’eau. Si l’intention de Baelor n’avait pas été de lui épargner quelques désagréments physiques liés au temps lorsqu’il avait rédigé ces mots, il était cependant possible d'y trouver un écho étonnant et quelque peu amusant. Rhaenys roula des yeux avant de fixer son regard sur la demeure de la Lumière de Sagesse.
- Jikagon ilagon Matavon, dit-elle avant que l’angle de descente ne s’accentue et que sa monture la mène jusque dans cette grande cour extérieure dédiée à des telles arrivées.
Arrivée dix jours après la réception de la missive de Baelor, la matriarche des Haeron y était attendue par les gens du Cellaeron et ce dernier dont elle vit le visage lorsque ses pieds foulèrent le sol taillé à la perfection. Laissant son dragon au bons soins des soigneurs des Cellaeron et aux esclaves le soin de décharger ses affaires, la jeune femme alla à la rencontre de Baelor et de ceux qui l’accompagnait. Leur adressant chacun un sourire poli, elle ôta sa capuche qui jusqu’à présent avait protégé ses cheveux des conséquences du vent et de la pluie puis se fut au tour de ses gants qui avaient protégé ses mains du froid mordant aussi haut dans le ciel. Car pour parvenir jusqu’au Pinacle il fallait atteindre une certaine hauteur dans les montagnes et chaque être résistait plus ou moins bien aux effets que pouvaient provoquer l’altitude.
- Baelor, quel accueil tu me fais. Me voilà flattée ! dit-elle avant de saluer comme il se devait le maître des lieux. Il était connu pour son amour du faste en toutes circonstances et à nouveau il montrait qu’il savait y mettre les formes pour flatter l’orgueil autant que pour plaire à ceux auxquels il devait s’adresser. Tu m’avais prévenue d’apporter une tenue ne craignant pas l’eau, je n’aurais pas cru que tu aies acquis quelques habiletés de divination depuis que tu as rejoint la Tour des Cinq, reprit-elle sur un ton emprunt d’humour en se tournant légèrement pour scruter le ciel gris d’où la pluie continuait de tomber.