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Laedor Arlaeron
Laedor Arlaeron
Lames d'Argent

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Bureau du sénateur @Maekar Tergaryon, An 1067, mois 11

Ñuha raqiros,*
Ñuha lēkia,**

Lorsque nous combattions les armées de Ghis ensemble, nous nous sommes promis que si le pire devait arriver à l’un d’entre nous, l’autre serait là et prendrait le relais. Je ne pensais pas un jour avoir à te demander d'honorer ta promesse et sois sûr que si j’en suis là, c’est qu’il n’y avait pas d’autres options.

Je ne peux te donner les détails de la mission que je m’apprête à remplir, moi-même, je ne suis pas au courant de tous les détails et c’est certainement mieux ainsi. Au mieux, je ne serais parti qu’un moment, quelques jours tout au plus. Si nous revenons victorieux, mon ami, tu ne comprends pas les répercussions que cela pourrait avoir. Toute notre compréhension de la vie et de la mort pourrait en être changée. Tu es un des seuls qui sait à quel point la mort de ma mère, puis de mon père et maintenant de Herya m’ont affecté. J’ai tant de questions et je compte bien obtenir des réponses. Je ne pensais pas devoir aller jusque dans le royaume de Balerion pour les obtenir, mais j’ai bien peur que ce soit le prix à payer et je suis prêt.

Si, durant mon voyage, il devait m’arriver quoi que ce soit, je laisse sous ta protection ce que j’ai de plus précieux, ma femme et mes enfants.

Naerys est une femme exceptionnelle. Je sais qu’elle saura faire les choix judicieux pour notre famille et notre maison. Je lui fais entièrement confiance et je compte sur toi pour qu'elle ne manque de rien et qu’elle soit toujours en sécurité. Veille sur elle avec le même zèle que tu veillerais sur Elaena. Je n’ai pas été un excellent mari, j’en suis conscient, et je n’améliore pas mon cas. Je ne lui demande pas de comprendre, ni de me pardonner. Si je pars, amère de ne pas avoir pu lui prouver convenablement mon amour, au moins j’aurais bonne conscience en la sachant à l'abri des dangers grâce à toi.

Mes enfants sont encore si jeunes, j’ai bien peur qu’ils ne gardent que très peu de souvenirs de moi. Fait en sorte que mon fils devienne un homme fort et bon et il pourra faire plus que son père et son grand-père n’ont fait avant lui. Ma fille est bien frêle, mais j’ai confiance qu’elle saura épauler son frère et devenir une épouse dévouée. Parle-leur de leur père et de l’amour que j’avais pour eux. Qu’ils sachent que si le sort m’empêche d’être à leurs côtés et de les voir grandir, je serais toujours près d’eux malgré tout.

Tu trouveras une série de lettres à la suite de celle-ci, pour Naerys ainsi que pour les enfants lorsqu’ils seront en âge de comprendre. Je sais que je t'en demande beaucoup, mais advenant le pire, tu demeures la personne dans toute Valyria en qui j’ai plus confiance.

Maekar, mon frère, j’espère te revoir bientôt et que nous n’auront pas à parler de tout ceci, mais dans le cas contraire,

Prends bien soin de toi.
Prends bien soin d’eux.

Ton dévoué,
Laedor.

*Mon ami
**Mon frère    

Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

le poids d'une promesse @Laedor Arlaeron @Naerys Arlaeron @Vysehra Arlaeron

   
An 1067, mois 11

« Now there's no way back from the things you've done
I know it's too late to stop the setting sun
You see the shadows in the distant light
And it's never going to be alright
And you know, and you know, and you know I'm right.»


https://youtu.be/lmc21V-zBq0


Il était loin ce temps où la poussière et leur souffle se mêlait au sang de leur ennemi. Et pourtant si proche à cet instant si fatidique. D’aussi loin ses souvenirs remontaient, Maekar ne pouvait guère oublier ces moments où l’ombre de la mort, où le spectre de Balerion les toisait narquoisement.
Aucun de ces cris de haine déchirant la nuit ne l’avaient quittés. Dans les tréfonds de son âme, il ressentait le fantôme de ces flammes ardentes, ces dernières poussant quiconque à poursuivre le combat. Une présence qui sur le champ de bataille devenait si oppressante, sourde à toute raison.

Le général discernait encore dans son esprit cette cruelle étreinte, tapi attendant bien sagement son tour. Une peur qui ne lâchera quiconque étant revenu de cette tragédie. Seul remède à cette crainte grandissante, insatiable, fut l’espoir de pouvoir compter sur son prochain, sur une pauvre âme elle aussi en proie à la noirceur et à l’horreur. Voir la mort, la frôler, la goûter faisait tisser des liens.

Des liens qui permettaient à l’individu de ne pas sombrer dans l’aliénation, dans l’abîme de la folie humaine. Quand la prière n’était plus un refuge, quand le cauchemar prenait vie, la main de l’autre devenait un salut. Un intermède où chacun pouvait se poser, s’épauler, rendre un quotidien plus vivable. Cette rencontre fut possible entre Maekar et le jeune Arlaeron.

Tous deux venant de familles illustres, il était devenu évident que la confiance, la confidence allait s’instaurer entre les deux hommes. Quelques mots échangés, quelques badinages, quelques propos nostalgiques sur leur proche et Valyria : avaient laissé place à des promesses. Par essence loyale, l’originaire d’Oros ne donnait sa parole qu’à une poignée de personnes.

Plus enclin à la réserve, Maekar ne s’épanchait pas dans ses propos mais plutôt dans ses actes.Ce fut ainsi qu’un soir au détour d’un feu alors qu’ils partageaient un repas très peu copieux, ils se fixèrent de concert d’un air grave.

« Mon ami, je crois que je ne pourrai pas dormir ce soir. Trop de pensées se bousculent en mon esprit. »  s’exprima son acolyte d’une moue sérieuse.

« Si cela peut t’aider à te rassurer, il en est de même pour nous tous, mon frère. » répondit le militaire d’un ton serein. Le valyrien comprit ce qui pouvait à ce point ronger son partenaire. L’effroi que tous partageait, une peine qui était sur toutes les lèvres, mais si tabou.

« Oui… néanmoins je voulais te faire part de ma crainte. Je ne peux pas me l’expliquer. J’ai besoin que tu entendes. Une dernière fois. » souffla son interlocuteur d’une voix éteinte.

D’un air grave, le Tergaryon acquiesça de la tête. « Si tu me survis. Sache-le, cela a été un honneur de t’avoir à mes côtés. Aussi court fut notre rencontre. » avoua le jeune Arlaeron.

Maekar voulut protester malgré tout le laissa continuer son propos, quelque peu inquiet. Il n’était pas d’habitude aussi sombre dans ses paroles.

« Je veux que l’on se promettre une chose. » demanda Laedor
« Je veux que tu veilles sur ma famille s’il m’arrive quoique ce soit sur ce maudit champ de bataille. »  précisa celui-ci fébrile.

L’air fut désormais pesant, un silence s’installa l’espace de quelques secondes autour du duo. Seule la lune témoin de cette promesse veillait sur eux. De faible crépitement du bois brisait le moment solennel alors que les deux militaires étaient assis. Et puis le dragon bicéphale répliqua à son tour, le cœur lourd.

« Et moi, je veux que tu promettes de t’en sortir quoiqu’il arrive. Nous nous en sortirons. Les dieux peuvent m’en témoigner. »
Des sourires furent une fois de plus échangés, cela avait suffit.
« Une promesse est une promesse. »
Ainsi le voilà des années bien plus tard à honorer sa parole. Une lettre entre ses mains alors qu’il était venu tôt pour rassembler quelques papiers. Sa surprise et son incompréhension furent terrible. Le valyrien relit plusieurs fois cette écriture, ces mots sans s’en saisir réellement le sens. Comme-ci un déni s’était insinué en lui.

Taciturne, il fut tiraillé par divers sentiments qu’il ne détermina pas de suite. Ses mires ne quittèrent aucunement ce bout de papier. Ces derniers mots que lui avait donné son acolyte de toujours. Serrant des dents, le général passa une main fébrile sur son visage. Laedor était parti rejoindre l’antre de Balerion lui-même. Une dernière relecture du manuscrit finit par l’achever. Une envie irrépressible de l’arrêter le prit soudainement. Bien sûr il était trop tard concéda-t-il amer. Il fallait accepter cette évidence une fois de plus.

« Qu’as-tu fait ? » soupira le Tergaryon encore en proie à l’appréhension des événements à venir.

Toujours aussi secoué par la nouvelle. Il en oublia le temps passé dans son bureau au prise avec ces révélations. Maekar devait sans plus de cérémonie retrouver son épouse, et également filer rejoindre les Arlaeron. Ce fut avec empressement qu’il enfourcha sa monture attitrée.

Après avoir débattu avec Elaena, et ayant tout assentiment sur cette affaire, il oublia presque de respirer, ne s’octroyant aucune pause. Une fois au porte du domaine des Arlaeron. Maekar mit un point d’honneur à reprendre contenance dans tout ce foutoir. La gorge sèche, le militaire redoutait la suite. Néanmoins, il ne pouvait guère rester de marbre face à cette nouvelle plus qu’inattendue. On le fit entrer et attendre la venue de la dame de maison. Dans son esprit stratège, il se fit note d’envoyer une missive à Vyserha. Naerys ainsi que ses enfants avaient besoin de visage familier, de soutien venant de nul autre que de sa propre famille. Il pesta de même contre lui-même pour n’avoir pas accepter l’aide d’Elaena. Elle qui connaissait bien Naerys. Néanmoins, ce dernier ne pouvait faire machine arrière.

On lui permit après quelques moments d’attente d’entrer dans un salon somptueux, fidèle à la réputation des originaires d'Aquos Dhaen. Une oisiveté qui pourtant ne sembla pas combler le manque cruel qu’imposait l’absence de Laedor.

« Dame Naerys... »  ce dernier s’approcha de la jeune femme qui semblait tout autant perdue par ce départ. Son visage hurlait d’une colère non dissimulée. Elle aussi avait lu la missive qu’il avait laissé derrière lui. Maigre adieu à sa sœur. Maekar hésita à garder le silence. Fallait-il respecter son mutisme ou prendre des initiatives ? Toujours autant tiraillé, le général tenta de montrer son soutien par son mutisme. Leurs prunelles en disaient bien long sur ce qui se tramait intérieurement. Tous deux n’avaient clairement pas envisagé pareilles circonstances.

Que les dieux aient assez de miséricorde.



 

   
Naerys Arlaeron
Naerys Arlaeron
Dame-Dragon

Le poids d'une promesse
@Laedor Arlaeron & @Maekar Tergaryon

Demeure des Arlaeron en Valyria & An 1067, Mois 11

En se réveillant, elle avait eu un mauvais pressentiment. Le ventre noué douloureusement elle avait regardé la place vide dans le lit que venait de quitter Laedor pour aller au Sénat sûrement. Elle était désormais habituée au fait de se réveiller seule, la vie politique prenait énormément de place dans la maison des Arlaeron et elle le comprenait bien que parfois les moments passés le matin lui manquaient terriblement. Elle avait cru être paranoïaque, chose compréhensible quand on connaît les épreuves qu'elle a dû subir pour arriver là où elle en était aujourd'hui, mais le sentiment ne la quitta pas de la journée. Elle avait donc passer la journée auprès de ses enfants, leurs présences étaient un réconfort pour son cœur qui s'emballait de plus en plus à mesure que les heures passaient. Elle posa sa main sur la joue de son fils qui l'observait d'un air calme, ses yeux se fermant de plus en plus longtemps à mesure que le sommeil commençait à apparaître sur ses traits. Sa fille était la plus capricieuse des deux, son père dirait que c'est un trait des femmes Arlaeron ce qu'elle aurait réfuté avec un sourire. Pourtant, ce soir-là, sa fille était plus calme d'ordinaire, comme si elle savait que sa mère n'avait pas besoin d'un stress supplémentaire, comme si elle savait que Naerys avait besoin d'énergie pour les événements futurs. Naerys toucha le bois du berceau de ce petit être avant de se diriger vers le couloir, jetant un dernier regard aux héritiers Arlaeron tout en observant le soleil qui se couchait d'un coin de l'œil. Elle s'engagea dans les couloirs d'un pas décidé et après une brève hésitation entra dans le bureau de son mari.

C'est là qu'elle avait trouvé la lettre ; son nom inscrit dans l'écriture si familière de son mari au milieu d'un bureau rempli de parchemins, un bureau froid par l'absence de son propriétaire. Sa gorge se noua à mesure qu'elle approchait de la lettre. Elle ouvrit la lettre les mains tremblantes avant de lire quelques mots, son estomac se retournant au bout de quelques lignes. Naerys ne put en lire davantage avant de déchirer la lettre où l'encre et les larmes se mêlaient. Elle s'autorisa une minute, une minute pour pleurer et sentir la rage envahir son estomac, sentir la trahison briser son cœur sous son poids implacable. Les larmes s'accumulaient sous ses yeux alors qu'elle cherchait frénétiquement du papier et de l'encre, une fois les objets trouvés elle se mit à écrire quelques lignes pour son amie ; Daenerys Maerion. Elle lui expliquerait tout en détails plus tard, mais le plus urgent était de partir, partir de cette maison qui ne représentait apparemment rien pour son propriétaire, partir loin de ces murs qui semblaient se refermer autour d'elle. Elle tendit la lettre à un des esclaves tout en ordonnant aux domestiques de préparer les enfants. En voyant l'état de leur maîtresse, ils ne pipèrent mots s'empressant d'exécuter les ordres donnés bien qu'elle pouvait voir certains de leurs regards interloqués. Naerys sécha les larmes sur ses joues tout en organisant leur départ, mettant de côté des vêtements et autres objets pour les enfants. La simple vue de leur chambre commune lui était désormais insupportable. Elle se maudit intérieurement, quelle fille elle avait été !

Elle fut interrompue dans ses préparatifs par un de ses domestiques qui lui annonçait la venue d'un visiteur. Les dieux avaient décidé de ne pas l'épargner aujourd'hui. Elle ordonna qu'on continue les préparatifs de leurs départs tout en descendant les marches rapidement. La tristesse s'était transformée en rage froide. Maekar Tergaryon l'attendait, l'un des amis les plus proches de Laedor. Sa vue lui donna envie de rire d'un rire sans joie. La colère l'empêchait de parler et elle détestait que le sénateur puisse voir à quel point Laedor avait humilié leur famille, elle détestait qu'il prenne des précautions avec elle comme si elle était une femme fragile. Naerys n'était pas fragile, elle était faite comme son père ; en argent et en acier. Sans parler, elle donna la lettre qu'elle destinait à Daenerys à une domestique à qui elle ordonna d'aller au plus vite pour le lui remettre. Ils devaient être partis ce soir. Ses prunelles retournèrent sur celle du sénateur et finalement, elle esquissa un sourire qui n'atteignit pas ses yeux.

« Je vois que mon mari a tout prévu de cette humiliation n'est-ce pas ? » LElle attendit un instant avant de rajouter « Sénateur Tergaryon, étais-tu au courant ? Est-ce qu'il t'avais dit qu'il allait risquer sa famille, notre réputation, sa vie ? »


Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

le poids d'une promesse @Laedor Arlaeron @Naerys Arlaeron @Vysehra Arlaeron

   
An 1067, mois 11, Demeure des Arlaeron

« The devil’s dancing toe to toe
When the reaper comes, I’ll be ready to go.»



https://youtu.be/PP2G3dm_fsc


Le sourire sans joie de cette dernière ne le rendit pas indifférent. Dame Naerys essaya de garder bonne figure non sans mal. Une chose que Maekar trouva terrible.

« Je vois que mon mari a tout prévu de cette humiliation n'est-ce pas ? » D’un ton impérieux, son interlocutrice semblait très peu encline à la diplomatie. Son regard se fit plus perçant, le foudroyant. La Arlaeron cherchait désespérément à comprendre cette situation plus qu’irréaliste. D'une démarche pleine d'assurance elle termina de descendre les derniers escaliers qui les séparaient. Une lueur dansait dans ses prunelles meurtries, signe que cette dernière ne comptait pas en rester là. Laedor n’avait clairement pas eu le courage de faire face à sa sœur-épouse.  

L’originaire d’Oros tenta de dissiper les doutes, et accusations qui l’assaillaient. Comment allait-il prouver de sa bonne foi ?

« Je ne peux guère comprendre ce qui peut te traverser. Mais sache Dame Naerys, que tout cela m’a été dissimulé jusqu’à aujourd’hui. »
De sa voix, notre général essaya de convaincre de son incrédulité face à ce constat, cette froide réalité. Le cœur battant, Maekar écouta attentivement les propos de la jeune femme.

« Sénateur Tergaryon, étais-tu au courant ? Est-ce qu'il t'avais dit qu'il allait risquer sa famille, notre réputation, sa vie ? » la jeune mère tremblait légèrement à ses mots même si sa voix ne montrait aucun trémolo. Était-ce de la peur ? De la colère ? Le choc ? Ou bien encore la douleur d’une trahison qui animait cette créature ? Tant de choses devaient se bousculer en elle. Tant de choses devaient l’affliger à ne pas en douter.
Le militaire laissa échapper un aveu qui ne fit que le tourmenter un peu plus.

« Je n’en avais aucune idée. J’en suis tout autant boulversé. Je ne puis croire que Laedor part sans se retourner. » Ses mains froissaient douloureusement la lettre de ce matin. Une tension naquit plus profondément dans ses entrailles. Déglutissant, le général peinait une fois de plus à reprendre pied.

« Je viens tout juste de l’apprendre. Il m’a laissé un mot. Je suis donc venu.» déclara l’homme alors qu’il ne quitta pas Naerys du regard.

L’ambiance devint au fur et à mesure du temps plus lourde, plus pesante. Plus personne ne pipa mot jusqu’à ce que Maekar donna la raison de son empressement. Ce dernier s’approcha doucement de son interlocutrice, arrivant à sa hauteur. Un coup d’œil furtif et le Tergaryon sut très rapidement que la Arlaeron comptait partir sous peu. Bon nombre de domestique s'affairait à rassembler, grouillant ça et là dans la demeure familiale.  

« Je sais que tu ne voudras pas de mon aide. Elaena m’a averti à ton sujet, néanmoins je ne peux te laisser seule endurer cette position. Je te demande donc de reprendre reconsidération de ma requête. Partageons ce fardeau, ou du moins accepte mon appui. » Naerys sous le coup de l’émotion se sentait prise au piège certainement. Toute jeune mère, elle ne s’attendait pas à être du jour au lendemain laissé dans cette immense villa, seule.

« Nous avons tous les deux perdu quelque chose ce matin. Quelque chose d’irremplaçable. Il est donc naturel que nous partageons cette peine à deux. »
Maekar tenta tant bien que mal de se montrer comme un allié. Le drôle de duo se trouvait autant mis à nu, et vulnérable à cet instant crucial. Le tempérament de feu de l’épouse Arlaeron allait peut-être s’apaiser. Une chose était sûre, l’originaire d’Oros n’allait décemment pas resté les bras ballants.

Un soupir passa la barrière de ses lèvres. Il semblait déjà fatigué par cette perte de repère. Entre la mort de Lucerys et à présent le départ de son ami, Maekar avait la vive impression de ne vivre qu’un cauchemar éveillé.

« Laisse-moi au moins envoyer une missive à Vyserha. Elle saura certainement trouver les mots que je n’ai guère. » En effet, une présence féminine pouvait clairement aider dans ce processus de… d’attente ? De deuil ? Par les dieux ! Aucun ne savait ce qui le sort réservait à Laedor. Et aucun ne souhaiterait pareille fin.

Une sensation désagréable passa le long de son échine. Que les quatorze aient pitié de son âme dans sa quête. Soudainement un cri de bambin brisa le silence de plomb. Une nourrice avait laissé sans surveillance le pauvre enfant, lui aussi avait senti ce changement. Un autre retentit presque répondant à l’autre dans sa détresse.

Mû par un instinct protecteur, notre Tergaryon trouva le visage mouillé de la seule fille du foyer. La demoiselle bougeait comme un beau diable dans son berceau, non loin d'eux dans une pièce voisine. Ses heures à s’occuper de Elaena étant petite, avait donné quelques réflexes. La pauvre petiote ne chouina plus une fois dans les bras du militaire. Un drôle de contraste alors que ce dernier demeurait en armure.

« Cela me rappelle tant de bons souvenirs… » se surprit-il à demi-mot à dire malgré lui.




 

   
Naerys Arlaeron
Naerys Arlaeron
Dame-Dragon

Le poids d'une promesse
@Laedor Arlaeron & @Maekar Tergaryon

Demeure des Arlaeron en Valyria & An 1067, Mois 11

Naerys ne savait pas quoi ressentir. Tout était contradictoire et jamais de sa vie, elle n'avait eu à ce point envie de disparaître. Face à Maekar et à son regard qui exprimait une pointe de pitié, elle avait envie de s'arracher les cheveux et de tout simplement ne pas exister, car il n'y avait rien qu'elle n'exécrait plus que la pitié. L'humiliation était pourtant le sentiment qui lui donnait un sentiment de cendres dans la bouche. Un sentiment qui lui était douloureusement familier quand cela concernait Laedor. Combien de fois lui briserait-il le coeur ? Combien de fois lui ferait-il la sentir ainsi ? Seuls les Dieux le savaient et ils appréciaient la mettre à l'épreuve plus que quiconque. Cependant, ce n'était plus seulement ses sentiments et son affection que le patriarche remettait en jeu, c'était toute sa famille en particulier ses enfants dont il ne se sentait pas assez responsable pour ne pas se lancer dans une aventure périlleuse. Elle passa une main sur son front, ne pouvant cacher le tumulte qui régnait dans son être. Elle s'étonnait d'être entière, car tout son être avait tremblé si fort face à la lettre qu'elle avait lue qu'elle avait cru qu'elle allait se briser comme le verre. Laedor avait juré devant les dieux qu'il protégerait sa famille et qu'il la protégerait elle de tous les dangers et voilà qu'il l'abandonnait comme il l'avait fait avant leur mariage en n'ayant aucune considération pour celle qu'il laissait diriger le bateau au bord du naufrage. Comme leur père devait avoir honte de ses descendants, comme il devait le maudire de là où il était. L'empire qu'il avait construit chavirait sous les caprices du petit garçon qu'il avait élevé.

Si elle avait été un homme, elle n'aurait pas à souffrir des actions de son mari, si elle avait été un homme elle aurait été plus responsable et plus brave que Laedor ne l'a jamais été. S'il s'était trouvé devant elle ce matin, elle l'aurait étranglé de ses propres mains, mais il avait fuit comme un lâche, préférant garder ses petits secrets jalousement en ne pensant qu'à lui encore et encore comme il l'avait toujours fait. Depuis l'enfance, Naerys avait vu la faiblesse de son caractère et avait cru qu'elle le compléterait assez pour qu'il surpasse ses défauts, mais aujourd'hui, il lui faisait honte et pour la première fois de sa vie, elle rêva d'être mariée à un autre homme que lui. Elle rêva d'être avec un mari qui considérait assez sa famille pour ne pas aller au-devant du danger pour une raison inexplicable, qui ne mettait pas la réputation et le pouvoir de leur famille en péril pour un caprice. Naerys avait toujours tout fait pour être parfaite auprès de lui et représenter l'idéal que sa famille prônait ; elle n'avait pris aucun amant pour être sûre de porter ses enfants, elle avait mis au monde des jumeaux dans une grossesse qui lui avait été des plus difficiles en n'émettant aucune plainte, elle l'avait soutenu dans ses démarches politiques silencieusement comme toute femme du Sud et c'est ainsi qu'il la remerciait ? La colère lui noua la gorge douloureusement. Cette époque était révolue, une fois de retour, car si les dieux avaient un peu de pitié pour elle, il serait de retour, les règles changeraient au sein de leur famille. Si Laedor ne voulait pas être le chef qu'il était destiné à être alors elle prendrait sa place avec plus de grâce qu'il n'en avait jamais eu. Surtout, elle serait la digne héritière de son père qui l'accueillerait dans le royaume de Balérion avec un sourire rempli de fierté plutôt qu'un regard rempli de déception. Elle léguerait à ses enfants un empire plus colossal encore que celui dont elle avait hérité.

« Je ne prendrais aucun fardeau, sénateur Tergaryon car je ne porte aucune responsabilité dans les fautes de mon mari. » Elle leva le menton, fière Arlaeron jusqu'au bout des ongles « Bien entendu, je vais mandater Vysehra afin que l'on puisse gérer les dommages collatéraux des actions inconsidérées de Laedor sur notre famille. »

Elle fit un geste à un domestique qui était présent depuis le début dans la salle pour qu'il effectue cette tâche et il s'empressa d'y aller pour exécuter les ordres de sa maîtresse. La maisonnée bourdonnait d'activités pour préparer le départ de cette maison qui ne lui apportait que tristesse et colère à la fois. Elle était représentative de l'échec de Laedor et elle voulait que lorsqu'il revienne cela se présente à lui comme cela se présentait à elle en cet instant. Ses pensées furent interrompues par les cris de sa fille. Instinctivement, elle se dirigea vers elle laissant Maekar la saisir délicatement entre ses bras. Les yeux de sa fille étaient remplis d'étoile en observant le soldat qui la tenait dans ses bras, ses mains potelées essayaient vainement de toucher le visage du sénateur qui avait soudain un air moins féroce avec un enfant dans ses bras. Naerys esquissa un sourire, ses nerfs se calmant enfin à la vue de sa fille. Elle essayait chaque jour d'être une bonne mère pour ses enfants, c'était nouveau pour elle qui avait très peu connu la sienne. Elle se demandait souvent ce qu'avait dû ressentir sa mère en la voyant, avait-elle été fière comme elle l'était constamment de ses enfants pour le moindre accomplissement ? Ou avait-elle été exigeante envers sa progéniture ? Les questions demeuraient sans réponse, car la Mort lui avait empêché de les découvrir, mais elle aimait imaginer que sa mère ressentait la même chose qu'elle en observant ses enfants. Elle se surprenait parfois à chercher les traits d'un de ses parents dans ceux de sa progéniture.

« Elle est magnifique n'est-ce pas ? Quand elle est née, les médecins pensaient qu'elle allait mourir. Je l'ai veillé chaque nuit en essayant de trouver du réconfort dans le mouvement de sa petite poitrine. Elle était si petite comparée à son frère. » Le souvenir lui apporta un sourire nostalgique sur ses lèvres, ses doigts effleurèrent le front de sa petite fille « Laedor reviendra, Maekar, je ne crains pas pour sa vie. Tu retrouvera ton ami et moi, j'aurais perdu mon mari.»

Sa voix ne tremblait pas face à ce constat, car même si Laedor franchissait la porte en cet instant, elle savait qu'elle l'avait perdu pour toujours ou du moins cet amour naïf qu'elle lui portait était désormais révolu. La blessure était trop intense, trop dure à supporter pour que cela ne change pas à tout jamais leur relation.


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