Daenerys Maerion est la petite dernière des Maerion, prestigieuse et puissante famille du Sud de Valyria. La demoiselle est née en pleine nuit le troisième jour du deuxième mois de l’an 1047 à Castel Maerion demeure ancestral des Maerion. Dernière-née, elle fut rapidement choyée et sur protéger par sa mère Vhaenyra Maerion Dame-Dragon et sœur épouse d’Arraxios. Petite princesse couvée et adorée par sa mère, Daenerys n’était pourtant pas celle qui devait se trouver dans la lumière. Non, celle qui aurait ce rôle, celle qui allait briller était son aînée Meleys la première fille des Maerion. La coutume et la tradition l’exigeant, Meleys fut rapidement fiancée à son cadet Jaehaegaron, quant à la benjamine, elle était destinée à Aerys, son autre frère. Une situation qui ne froissa jamais la demoiselle bien au contraire. Née avec bien trop d’écart avec les eux aînés de la fratrie, elle se rapprocha naturellement de ce frère de cinq ans son aîné Un frère qui en plus d’être proche d’elle ne semblait pas aussi brute que le reste des hommes de sa famille.

Très jeune la petite Daenerys fut confrontée à ce que le nom Maerion voulait dire et ce qu’il inspirait à ceux qui les fréquentaient. Combien de fois elle surprit des conversations qu’elle ne devait pas entendre ? Combien de fois elle fut éloignée par la main douce de sa sœur pour que l’enfant qu’elle était ne sache rien et oublie d’abord les rumeurs que l’on racontait sur les Maerion. Et puis sa mère, sa mère, cette femme parfaite, cette Dame-Dragon si élégante et pourtant si tournée vers la religion faisant sans cesse des offrandes. Daenreys Maerion ne peut oublier tout cela, elle est née dans une maison dont la violence n’a d’égale que la pureté de leur sang. Jamais mêlé, c’était la fierté des siens et ce fut bientôt la sienne aussi. Elle grandit dans ce cercle familial si particulier et y trouva une place de choix. Curieuse et coquette, elle imita bien vite sa mère dans sa façon d’être et de réagir. Déjà petite, elle pouvait faire sensation lorsqu’elle apparaissait lors des mondanités. Oh bien sûr elle n’égalait ni sa sœur ni sa mère mais elle était prometteuse si ce n’était lorsque son esprit revêche, trouvant ce jeu de la bonne société commençait à l’ennuyer profondément. Alors elle s’éclipsait et préférait retrouver sa dragonne, qui lui ressemblait tant. Le miroir de son âme, voilà ce qu’était Synthara, la dragonne aux écailles bleu-ciel et aux yeux mordorés. Une dragonne qui naquit en même temps qu’elle puisque la famille, suivant les précieuse tradition jeta aux flammes et l’enfant et l’œuf. Daenerys survécu à l’épreuve du feu et l’œuf bleu aux reflets d’or éclot quelques jours après la cérémonie. Ainsi le lien entre enfant et dragon était né. Mais la connexion ne fut pas facile à établir. Synthara était trop à l’image de l’esprit de sa propriétaire, rebelle et sauvage. Ce que Daenerys après des années à suivre les enseignements qu’on lui donnait parvenait à mettre en cage son instinct, Synthara le révélait aux grands jours. Si Daenerys parvenait à faire bonne figure et glisser sur ses lèvres un sourire aimable face aux étrangers de sa maison, la dragonne en brûla plus d’un ce qui obligea la Dame-dragon et sa sœur aînée à gérer les conséquences de tels actes.

Mais ce que la dragonne montra à tous le plus tôt, ce fut l’attachement que la jeune Daenerys avait pour son frère Aerys. Un attachement qui allait au-delà du simple lien du sang. Introvertie, douce, plus calme mais aussi bien moins violente que le reste de la maison, ce qui n’était pas si difficile lorsque l’on connaissait les frasques et meurtre attribués aux Maerion, elle trouva rapidement en Aerys un être reposant et protecteur, sans jugement aussi. Il fallait dire que leur aîné ne s’intéressait guère à elle allant jusqu’à ne même point dissimuler son mécontentement lorsque Meleys avait la gentillesse de les inclure dans les activités qu’elle faisait avec celui qui allait devenir son Fère-époux. Une indifférence qui à dire vrai ne dérangeait pas la benjamine de la maison. A défaut d’avoir l’attention de l’héritier elle avait celle de sa mère, bien sûr, de Meleys, toujours un peu malgré la différence d’âge et surtout celle de son frère Aerys qui lui rendit bien vite les sentiments qu’elle avait à son égard. Amoureuse, Daenerys l’était et cela se voyait. Cela se voyait dans le sourire qu’elle arborait toujours en compagnie de son aîné, dans cette petite mélodie qu’elle fredonnait alors qu’une servante la lavait et dans cette habitude qu’avait Synthara de croiser régulièrement le vol du dragon d’Aerys. Alors forcément la décision de la marier à Aerys pour préserver le sang des Maerion combla de bonheur l’adolescente et la jeune femme en devenir.

La chute en fut d’autant plus douloureuse lorsque Meleys mourrut accidentellement, jetée à bas par son propre dragon quelques jours seulement après la déclaration de guerre contre la Harpie. La guerre, cela faisait un petit moment qu’elle était sur toute les lèvres, dans toutes les conversations, partout. Et si jusque-là Daenerys la regardait fondre sur son monde avec des yeux incrédules, elle fut bien vite ramenée à la réalité. Morte sans avoir donné d’enfant à l’héritier, le rôle de sœur-épouse de Jaehaegaron étendit ses bras jusqu’à enserrer les frêles épaules de la dernière fille des Maerion. Un honneur, ne cessait de lui répéter sa mère, une tragédie, un couteau planté en plein cœur pour la jeune femme qui sentait encore ses doigts fins serrer à s’en faire mal la main de son frère Aerys lorsque leur père avait annoncé la nouvelle. Trop docile, sans doute pour la dernière fois, la benjamine de la famille ne put qu’hocher de la tête en guise de réponse et d’acceptation de la nouvelle situation. Mais dans son cœur déjà les chaines se brisaient petit à petit. Et elle ne put refreiner un geste malheureux qui lui fit écraser un vase de terre cuite au sol en hurlant sa rage. Colère, il y avait beaucoup de colère dans son regard si froid, si assassin. Elle les détestait, son père pour l’obliger à épouser Jaehaegaron, Jaehaegaron pour lui trouver désormais un semblant d’intérêt, Meleys pour être morte et lui avoir laissé un rôle dont elle n’avait que faire, ceux qui avaient déclaré la guerre, pour lui arracher le seul être qu’elle n’eut jamais tant aimé et qui n’allait peut-être même pas revenir. Après la colère, ce fut la tristesse qui envahit son âme et étrangement elle sembla comprendre pourquoi sa mère faisait tant d’offrande aux Dieux. Parce qu’il fallait bien cela pour se relever et sécher les larmes de l’enfance. Elle fit des offrandes à Meleys, la déesse de l’Amour et de la Fertilité, quelle ironie que sa sœur eut porté ce prénom.

La Dame-Dragon Vhaenyra Maerion ne put que constater la tristesse et puis la désillusion de sa famille à l’égard des siens. Oui, Daenerys était désabusée, désabusée par tout ceux qui l’entourait et elle en voulait un peu, aussi, à Aerys pour ne pas s’être opposé à la décision paternelle. Pourtant, lorsque la victoire de Valyria parvint jusqu’à elle, lorsqu’elle apprit que son frère n’était pas mort pour la gloire de Valyria, égoïstement, elle en eut le cœur plus léger. Elle était impatiente de revoir ce frère tant aimé et qu’importe si l’on clamait plutôt le nom de l’héritier Maerion plutôt que celui de Aerys pour son courage et ses capacités militaire. Daenerys n’en aimait qu’un et ce n’était pas Jaehegaron, n’en déplaise à leur père.