Au Bord de l'Histoire
Meereen - An 1065, Mois 5
Tout avait pris fin au petit matin, avec le grincement sonore des cylindres de métal qui soutenaient les lourdes portes de la cite de Meereen. Les sentinelles du campement principal des Valyriens en avaient signalé l’ouverture et le branle-bas de combat avait été sonné en catastrophe. Le commandement des troupes de Valyria avait cru à une ultime sortie, un baroud d’honneur des restes des légions enfermées dans la cité depuis plusieurs mois. En lieu et place d’une charge vaillante mais suicidaire, les enfants d’Arrax avaient eu la surprise de voir s’approcher un petit groupe de notables ghiscari, drapés dans leurs toges bariolées et aux traits décharnés tant la faim avait fait son office durant les dernières semaines. Les dragons avaient été les premiers à sentir un mouvement, certains avaient eu un grondement sourd de contentement avant même que les portes ne se furent ouvertes. Les envoyés de Ghis avaient été reçu sous la tente de commandement et avaient disparu durant des heures avec tous les notables de l’armée valyrienne.
Et puis, la nouvelle avait traversé le camp avec plus de rapidité que le vent d’ouest : la ville capitulait. Les portes s’ouvriraient bientôt tout le long des remparts martyrisés par les engins de siège et par les différents assauts qui avaient pu avoir lieu au cours des derniers mois. Meereen la Belle, Meereen la Forte, Meereen la Prospère, n’était plus. Les pyramides coiffées de harpies qui avaient si longtemps narguées les armées de Valyria étaient leurs. La victoire était complète. Le sort réservé à la cité ne serait pas aussi dur que celui infligé à Bhorash. A la place de la raser, il fut décider de piller la grande ville marchande durant deux semaines, pour honorer les dieux et pour marquer au fer rouge le Vieil Empire.
La guerre, malgré tout, continuait encore. Dans l’esprit de nombreux Valyriens, elle était pourtant déjà gagnée et la chute de Meereen avait dû ébranler la Harpie jusqu’aux plus hauts niveaux de sa structure sociale. Pourtant, il n’y avait eu nul échange, pas de requête diplomatique, pas de demander de cesser les hostilités, même temporairement. Malgré le pillage en règle qui se faisait méthodiquement, quartier par quartier, rue par rue et maison par maison, les Valyriens restaient sur leurs gardes. Des renforts pouvaient déjà être en route depuis les provinces septentrionales de l’Empire ou même depuis Yunkaï ou Astapor. La flotte valyrienne s’était redéployée pour protéger le port de la ville martyrisée et les dragons étaient nombreux dans le ciel, surveillant les abords de la plus belle prise de guerre de l’Histoire récente de Valyria.
Aerys Maerion était de ceux-là. Depuis la chute de la cité, il passait le plus clair de son temps avec Mythrax. Ils volaient toujours plus loin et suffisamment haut pour ressentir le manque d’air dû à l’altitude ; là où ils avaient la meilleure vue possible. A cette hauteur, rien ne les menaçait et seul le calme le plus absolu régnait. Aucune montagne, aucune cité ne pouvait dissimuler ce qu’elle cachait et chaque jour, ils allaient plus loin. En quelques heures, on pouvait atteindre Yunkaï, en une demi-journée, on pouvait apercevoir Astapor. Ghis la Grande était plus loin au Sud encore, à un jour entier de vol mais ce n’était pas ce qu’Aerys souhaitait observer. Avec ce petit dragon nerveux qui était le sien, ils surveillaient les routes, le littoral, les cité et les champs à l’affût de renforts ghiscaris qui pourraient menacer la prise de Meereen.
Retournant au terme d’une longue journée de patrouille entre les cités de la Baie des Serfs et le pays Lazharéen, Aerys se fit déposer par son dragon sur l’une des nombreuses terrasses de la grande pyramide de Meereen où le commandement valyrien dans son ensemble s’était installé pour superviser le pillage et attendre de décider de la marche à suivre. Tant que le Sénat n’aurait pas ordonné la paix, les officiers généraux continueraient d’élaborer des plans qui devaient, à terme, les mener jusqu’à la Grande Pyramide impériale de Ghis. Dans la tanière de la Harpie, ils pourfendraient le monstre et son empire gargouillant s’effondrerait avec. Pour l’instant, toutefois, c’était un rêve bien utopique. Les cités fortifiées se succédaient sur la route vers la capitale du Vieil Empire et la logistique de l’armée valyrienne était déjà étirée plus que de raison. En réalité, et les Ghiscaris devaient l’ignorer sinon personne ne serait capable de prédire l’issue du conflit, le peuple-dragon était incapable d’aller plus loin.
La pyramide où les officiers valyriens s’était installé était un édifice au faste insensé qui écrasait de sa masse fantastique toute la cité et y jetait une ombre austère. A l’intérieur, tout n’était que marbre, métaux précieux et tissus soyeux. Les merveilles de l’Orient semblaient s’entasser à chaque pièce que le jeune éclaireur traversait. Et dire que les Valyriens s’estimaient riches… ! Que dire des merveilles d’orfèvrerie, des épices odorantes et des tissus toujours plus fins que les nobles du Pays de Ghis semblaient posséder en nombre ? Aerys n’était pas d’une famille pauvre, mais même lui était stupéfait par les trésors qu’ils allaient rapporter à Valyria. Montant quatre à quatre les dernières marches, il parvint devant une porte ouverte gardée de deux conscrits portant les insignes de la troisième armée. Il leur fit un signe et pénétra dans la salle. Il s’agissait d’une espèce de salon dans lequel on avait installé le quartier opérationnel du Téméraire : Maekar Tergaryon, général de la République valyrienne.
L’homme était à peu près tout ce qu’un soldat pouvait espérer croiser dans sa vie. Il était brillant, courageux et avait un sens tactique assez précis. Il était, disait-on, infiniment riche car sa famille contrôlait Oros depuis plusieurs années et gagnait des fortunes dans les taxes récoltées sur les marchands transitant vers leur cité pour rejoindre Valyria. Il portait en lui une espèce de mélancolie sombre qu’Aerys n’avait jamais réussi à vraiment identifier mais qui semblait dépasser la perte de son frère, à Bhorash. Toujours était-il que le général avait demandé à Aerys de lui faire son rapport sitôt rentré et que celui-ci s’exécutait désormais.
« Général. »
Le ton était déférent, mais sans trop en faire. Aerys avait beau respecter le grade de Maekar, ils étaient tous deux des seconds fils de puissants seigneurs-dragons. Après tout, Arraxios Maerion avait été élu au Conseil des Cinq, devenant l’une des Lumières de Sagesse de Valyria. Son accession à la fonction suprême avait eu lieu quelques mois avant la guerre, et elle avait été permise parce que les deux branches des Tergaryon s’étaient entendue sur ce candidat qui servirait leurs intérêts. Le capitaine-général Lucerys Arlaeron avait également été au nombre de ses soutiens, et il ne semblait donc pas étonnant de le retrouver à son poste désormais. Aussi, Aerys Maerion n’était nullement impressionné par le prestige familial des Tergaryon quand bien même il aurait aimé bénéficier des prouesses martiales de Maekar. C’était ainsi que les dieux l’avaient voulu : le général, et l’éclaireur ; chacun à sa place.
« Les Ghiscaris ont rassemblé une armée à Yunkaï et d’autres éléments sont en marche depuis Astapor et Gohleen. Elles ne semblent pas décidées à marcher plus avant. Je pense qu’ils sont en train de fortifier Yunkaï pour nous y bloquer encore plus longtemps qu’ici. »
Et puis, la nouvelle avait traversé le camp avec plus de rapidité que le vent d’ouest : la ville capitulait. Les portes s’ouvriraient bientôt tout le long des remparts martyrisés par les engins de siège et par les différents assauts qui avaient pu avoir lieu au cours des derniers mois. Meereen la Belle, Meereen la Forte, Meereen la Prospère, n’était plus. Les pyramides coiffées de harpies qui avaient si longtemps narguées les armées de Valyria étaient leurs. La victoire était complète. Le sort réservé à la cité ne serait pas aussi dur que celui infligé à Bhorash. A la place de la raser, il fut décider de piller la grande ville marchande durant deux semaines, pour honorer les dieux et pour marquer au fer rouge le Vieil Empire.
La guerre, malgré tout, continuait encore. Dans l’esprit de nombreux Valyriens, elle était pourtant déjà gagnée et la chute de Meereen avait dû ébranler la Harpie jusqu’aux plus hauts niveaux de sa structure sociale. Pourtant, il n’y avait eu nul échange, pas de requête diplomatique, pas de demander de cesser les hostilités, même temporairement. Malgré le pillage en règle qui se faisait méthodiquement, quartier par quartier, rue par rue et maison par maison, les Valyriens restaient sur leurs gardes. Des renforts pouvaient déjà être en route depuis les provinces septentrionales de l’Empire ou même depuis Yunkaï ou Astapor. La flotte valyrienne s’était redéployée pour protéger le port de la ville martyrisée et les dragons étaient nombreux dans le ciel, surveillant les abords de la plus belle prise de guerre de l’Histoire récente de Valyria.
Aerys Maerion était de ceux-là. Depuis la chute de la cité, il passait le plus clair de son temps avec Mythrax. Ils volaient toujours plus loin et suffisamment haut pour ressentir le manque d’air dû à l’altitude ; là où ils avaient la meilleure vue possible. A cette hauteur, rien ne les menaçait et seul le calme le plus absolu régnait. Aucune montagne, aucune cité ne pouvait dissimuler ce qu’elle cachait et chaque jour, ils allaient plus loin. En quelques heures, on pouvait atteindre Yunkaï, en une demi-journée, on pouvait apercevoir Astapor. Ghis la Grande était plus loin au Sud encore, à un jour entier de vol mais ce n’était pas ce qu’Aerys souhaitait observer. Avec ce petit dragon nerveux qui était le sien, ils surveillaient les routes, le littoral, les cité et les champs à l’affût de renforts ghiscaris qui pourraient menacer la prise de Meereen.
Retournant au terme d’une longue journée de patrouille entre les cités de la Baie des Serfs et le pays Lazharéen, Aerys se fit déposer par son dragon sur l’une des nombreuses terrasses de la grande pyramide de Meereen où le commandement valyrien dans son ensemble s’était installé pour superviser le pillage et attendre de décider de la marche à suivre. Tant que le Sénat n’aurait pas ordonné la paix, les officiers généraux continueraient d’élaborer des plans qui devaient, à terme, les mener jusqu’à la Grande Pyramide impériale de Ghis. Dans la tanière de la Harpie, ils pourfendraient le monstre et son empire gargouillant s’effondrerait avec. Pour l’instant, toutefois, c’était un rêve bien utopique. Les cités fortifiées se succédaient sur la route vers la capitale du Vieil Empire et la logistique de l’armée valyrienne était déjà étirée plus que de raison. En réalité, et les Ghiscaris devaient l’ignorer sinon personne ne serait capable de prédire l’issue du conflit, le peuple-dragon était incapable d’aller plus loin.
La pyramide où les officiers valyriens s’était installé était un édifice au faste insensé qui écrasait de sa masse fantastique toute la cité et y jetait une ombre austère. A l’intérieur, tout n’était que marbre, métaux précieux et tissus soyeux. Les merveilles de l’Orient semblaient s’entasser à chaque pièce que le jeune éclaireur traversait. Et dire que les Valyriens s’estimaient riches… ! Que dire des merveilles d’orfèvrerie, des épices odorantes et des tissus toujours plus fins que les nobles du Pays de Ghis semblaient posséder en nombre ? Aerys n’était pas d’une famille pauvre, mais même lui était stupéfait par les trésors qu’ils allaient rapporter à Valyria. Montant quatre à quatre les dernières marches, il parvint devant une porte ouverte gardée de deux conscrits portant les insignes de la troisième armée. Il leur fit un signe et pénétra dans la salle. Il s’agissait d’une espèce de salon dans lequel on avait installé le quartier opérationnel du Téméraire : Maekar Tergaryon, général de la République valyrienne.
L’homme était à peu près tout ce qu’un soldat pouvait espérer croiser dans sa vie. Il était brillant, courageux et avait un sens tactique assez précis. Il était, disait-on, infiniment riche car sa famille contrôlait Oros depuis plusieurs années et gagnait des fortunes dans les taxes récoltées sur les marchands transitant vers leur cité pour rejoindre Valyria. Il portait en lui une espèce de mélancolie sombre qu’Aerys n’avait jamais réussi à vraiment identifier mais qui semblait dépasser la perte de son frère, à Bhorash. Toujours était-il que le général avait demandé à Aerys de lui faire son rapport sitôt rentré et que celui-ci s’exécutait désormais.
« Général. »
Le ton était déférent, mais sans trop en faire. Aerys avait beau respecter le grade de Maekar, ils étaient tous deux des seconds fils de puissants seigneurs-dragons. Après tout, Arraxios Maerion avait été élu au Conseil des Cinq, devenant l’une des Lumières de Sagesse de Valyria. Son accession à la fonction suprême avait eu lieu quelques mois avant la guerre, et elle avait été permise parce que les deux branches des Tergaryon s’étaient entendue sur ce candidat qui servirait leurs intérêts. Le capitaine-général Lucerys Arlaeron avait également été au nombre de ses soutiens, et il ne semblait donc pas étonnant de le retrouver à son poste désormais. Aussi, Aerys Maerion n’était nullement impressionné par le prestige familial des Tergaryon quand bien même il aurait aimé bénéficier des prouesses martiales de Maekar. C’était ainsi que les dieux l’avaient voulu : le général, et l’éclaireur ; chacun à sa place.
« Les Ghiscaris ont rassemblé une armée à Yunkaï et d’autres éléments sont en marche depuis Astapor et Gohleen. Elles ne semblent pas décidées à marcher plus avant. Je pense qu’ils sont en train de fortifier Yunkaï pour nous y bloquer encore plus longtemps qu’ici. »
Codage par Libella sur Graphiorum